Avant j’avais des principes, maintenant j’ai des enfants


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Le lactarium

Par  • Le 22 avril 2010 à 18:46 • Catégorie : Allaitement, Faire un bébé

lactarium Les fidèles de ce blog le savent : j’ai un petit faible pour les séries télé, en particulier médicales, et notamment pour leurs beaux médecins. A force d’en regarder je m’imagine être moi aussi la super héroïne qui fait une trachéotomie d’urgence au restaurant avec un bic… Mais d’une part personne ne semble jamais avoir besoin d’un massage cardiaque (alors que je me suis coltiné un certain nombre de formations aux premiers secours) et puis d’autre part je ne vais pas souvent au restaurant. Sans compter qu’avec le fouillis qu’il y a dans mon sac à main, le temps que je mette la main sur ce foutu bic… Bref. Heureusement il y a d’autres moyens de jouer les super héros du quotidien. D’habitude j’essaie de donner mon sang (surtout s’ils viennent le chercher au boulot), mais ces derniers temps c’est impossible  (jusqu’au 6 mois du bébé je crois, sans compter que me pointer avec les deux poussins dans un centre de don de sang pourrait être comique). Alors en attendant je donne du lait.

En effet, les prématurés et les bébés atteints de certaines maladies ne supportent rien d’autre que le lait humain ; et comme leurs mères ne sont pas toujours en mesure de donner leur propre lait ils dépendent alors exclusivement des dons. En France, ces dons, anonymes et gratuits, sont collectés et gérés par les lactariums, qui dépendent d’institutions publiques ou d’ONG (comme la Croix rouge). Ils ont une compétence régionale, même s’ils sont assez inégalement répartis sur le territoire. Le lait est ensuite donné uniquement sur ordonnance médicale ; il est d’ailleurs intégralement pris en charge par la sécurité sociale. En effet, même si les donneuses ne sont pas rémunérées, la collecte et le traitement (analyses, pasteurisation…) du lait ont un coût ; au final le prix du lait humain est de 80 € le litre.

Qui peut donner ? Ne hurlez pas à la discrimination sexiste et à la pression culpabilisatrice sur les mères, mais aussi étonnant que ça puisse paraître il faut être une femme, avoir un enfant et l’allaiter. En outre il faut remplir certaines conditions médicales (un peu comme pour le don du sang) et posséder un congélateur où stocker le lait entre deux passages du collecteur. Et il est possible que certains endroits ne soient desservis par aucun lactarium. En pratique il faut en prime avoir un surplus de lait à donner, et selon les situations ce n’est pas le cas de tout le monde. Certaines femmes peinent déjà à satisfaire la demande de leur bébé, d’autres font des stocks en vue d’une prochaine reprise du travail… charité bien ordonnée commence par soi-même et il ne s’agit pas de priver son bébé pour nourrir ceux des autres ! Enfin il faut donner un minimum (afin de « rentabiliser » les frais de dossier etc) mais je n’ai pas réussi à savoir combien, cela dépend aussi peut-être du lactarium.

Concrètement si vous remplissez ces conditions vous pouvez alors vous adresser au lactarium le plus proche de chez vous. Dans mon cas c’est le lactarium d’Ile de France (et c’est donc leur façon de procéder que je vais décrire mais j’imagine qu’elle varie peu de l’un à l’autre). Un entretien téléphonique permet de vérifier que vous êtes éligible et un collecteur passe vous voir dans les plus brefs délais afin de vous remettre :

  • des flacons stériles pour recueillir le lait et des étiquettes
  • le matériel dont vous avez besoin pour recueillir le lait (tire-lait, coquilles…) selon votre demande
  • des pastilles de stérilisation
  • un dossier médical à remplir (à faire signer par un médecin ou une sage-femme, je l’ai apporté à ma visite des six semaines)
  • une ordonnance pour une prise de sang

En effet, une sérologie est effectuée tous les trois mois pour vérifier le statut infectieux des donneuses (VIH, hépatite B etc). Les analyses sont faites par le lactarium pour vous en éviter les frais, il faut donc confier au collecteur les tubes de sang (prélevé au maximum 48 heures à l’avance). Quant au matériel, pour ma part j’avais demandé un tire-lait électrique mais quand j’ai vu arriver le Kitet vintage simple pompage je l’ai vite rendu et je suis restée fidèle à mon petit Avent manuel qui est parfaitement adapté à la situation. Comme le lait est à destination de bébés déjà fragiles (prématurés et/ou malades), des conditions d’hygiène plus strictes s’appliquent et il est demandé de stériliser le matériel de recueil du lait (d’où les pastilles) et de se laver le sein au savon avant de tirer. Autant la première condition est à peu près facile à respecter (j’ai un grand saladier en plastique avec le bain de stérilisation dans la cuisine -pour info pas de contenant métallique car la solution est corrosive), autant je trouve la seconde plus compliquée. Du coup je tire mon lait peu après ma douche du matin sans relaver le sein (à un moment je le passais au brumisateur -celui qui me reste de l’accouchement…- mais je ne suis pas sûre que ça serve à grand chose). Si quelqu’un a un truc génial ne pas hésiter à le partager en commentaire !

Par ailleurs je trouve que je passe déjà beaucoup de temps topless dans la journée donc je tire un sein pendant que Pouss2 tète l’autre. Comme il ne tète plus beaucoup la nuit (béni soit-il), j’ai les seins bien pleins le matin. Je lui donne le sein déjà donné à la dernière tétée et comme ça l’autre, qui est plein comme une outre, coule plus ou moins tout seul (je suis une feignasse et mon tire-lait est manuel…). Ma production varie selon les jours mais cela me permet de récupérer 80 à 240 ml, ce que j’estime suffisant pour la journée. Et en m’installant bien avec le coussin d’allaitement j’arrive à garder une main libre pour téléphoner ou bouquiner. Bien sûr ce type d’arrangement ne convient pas à tout le monde ; il y a des bébés par exemple qui ne supportent pas que leur mère fasse autre chose pendant la tétée (y compris jouer du tire-lait donc). Il est aussi possible de tirer plusieurs fois dans la journée pour remplir le biberon de stockage (qui devra être congelé dans les 24 heures), mais personnellement je ne le fais que rarement, ne serait-ce qu’à cause de ces histoires de stérilisation. Le collecteur passe environ une fois par mois pour récupérer le tout et renouveler le matériel (biberons stériles, pastilles etc).

Enfin ne vous méprenez pas : ce n’est pas de l’altruisme. D’après mes propres calculs pifométriques j’ai estimé que le lait tiré pour le lactarium demande une dépense calorique pouvant être compensée par l’ingestion de trois carrés de Côte d’or aux amandes caramélisées avec une pointe de sel. Par contre je n’ai pas réussi à convaincre le lactarium de fournir le chocolat. Bref, pour reprendre une proposition de slogan pour une campagne d’appel aux dons (bizarrement non retenue) : « Mères, ne soyez pas vaches, donnez votre lait ! »

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