J’ai eu la chance d’assister à l’avant-première du documentaire « Entre leurs mains », qui explore l’accouchement à domicile (AAD). Ce film m’a captivée par son traitement sobre et équilibré du sujet, évitant le militantisme outrancier souvent rencontré dans ce genre de production. Il s’agit d’un film qui suit quatre sages-femmes engagées dans l’accompagnement des naissances à domicile ou en plateau technique, abordant les motivations des parents et les défis rencontrés dans cette pratique.
Accouchement à Domicile : Définition et Sécurité
L’AAD est une pratique encadrée et définie, loin des clichés sur un retour aux méthodes traditionnelles. Elle se pratique dans des pays comme l’Allemagne, la Suisse, les Pays-Bas et le Royaume-Uni, où les femmes sont sélectionnées en amont pour exclure les grossesses à risque, et un accès rapide à une maternité en cas de complication est garanti. Les sages-femmes, équipées du matériel nécessaire, sont présentes en continu pour surveiller le travail et détecter précocement les problèmes.
En 2012, la revue Cochrane a conclu qu’il n’y a pas suffisamment de données pour statuer définitivement sur la sécurité de l’AAD. Les études existantes mélangent souvent différentes situations d’accouchements à domicile, ce qui complique l’interprétation des résultats. Les précautions prises lors de l’AAD en Europe, avec des sages-femmes formées et un accès aux hôpitaux en cas de besoin, diffèrent significativement des situations d’accouchements non planifiés ou mal accompagnés.
Le Féminisme en Filigrane
Bien que le film n’aborde pas explicitement le féminisme, il montre des femmes qui se battent pour le respect de leurs choix et de leurs corps. Les sages-femmes luttent pour offrir une liberté et une autonomie de choix aux femmes, malgré l’opprobre social et les obstacles du système de santé. Les femmes qui choisissent l’AAD sont souvent perçues comme folles ou inconscientes, et les sages-femmes comme des gourous sectaires, ce qui ajoute une pression sociale considérable.
Les obstacles vont au-delà du stigmate social : les maternités refusent souvent d’inscrire les femmes avec un projet d’AAD, les transferts d’urgence sont mal gérés, et les assurances pour les sages-femmes pratiquant l’AAD sont exorbitantes, rendant cette pratique presque impossible dans les conditions actuelles de rémunération.
Clarification des Objectifs
Le film, et les défenseurs de l’accouchement physiologique en général, ne militent pas pour une interdiction de la péridurale ou pour imposer une méthode unique. Il s’agit de garantir que les femmes reçoivent des informations complètes pour faire un choix éclairé et que ce choix soit réellement accessible. Plusieurs obstacles freinent cette accessibilité :
- Résistance des professionnels de santé : Certains refusent de remettre en question des pratiques obsolètes malgré des preuves de leur inefficacité voire de leur nocivité (par exemple, le monitoring continu ou l’utilisation excessive de Syntocinon).
- Système de santé : Remplacer les sages-femmes par des machines pour faire des économies sur le dos des femmes.
- Risque médico-légal : La peur des poursuites judiciaires pousse souvent à intervenir plutôt qu’à respecter le processus physiologique de la naissance.
Le film demande une coexistence entre AAD et naissance en hôpital, avec une meilleure prise en compte de la physiologie dans les maternités. La majorité des professionnels de santé font de leur mieux avec les moyens et la formation dont ils disposent, malgré quelques exceptions notables.
Importance de la Diffusion
En tant que féministe, je crois que ce film doit être largement diffusé. Il montre que la naissance peut être un événement puissant et paisible, loin des représentations hystériques courantes. Le film a été financé par des particuliers, principalement des femmes, et sera diffusé pendant les vacances sur Public Sénat, en version courte. La sensibilisation à l’importance d’une sage-femme pour chaque femme qui accouche doit être une priorité. Il est inacceptable que des interventions comme l’épisiotomie soient réalisées sans le consentement des femmes.
Pour plus d’informations, le film sera diffusé (en version courte) sur Public Sénat pendant les vacances. Consultez les dates de diffusion pour ne pas manquer cette occasion de voir un documentaire crucial sur la naissance. Pour ceux intéressés par des avis complémentaires, voici quelques blogs de sages-femmes qui ont partagé leur opinion :