Vous l’avez sans doute remarqué, je parle régulièrement d’allaitement sur le blog. Parce que je pense que de façon générale, on n’en parle ni assez ni bien. Tant que ça ne sera pas quelque chose de normal, d’ordinaire, il faudra continuer, parce que tant qu’il y a des femmes, des enfants, des familles qui seront victimes d’idées reçues ou d’une vision extrêmement biaisée de la chose, il n’y aura pas de choix éclairé. Ceci étant posé, le but de ce billet est de proposer quelques pistes sur quel lait donner si on ne peut ou ne veut donner le sien, et en particulier en allaitement mixte.
Le contexte de l’allaitement mixte
Les influences en jeu
Il est difficile de trouver des données objectives et fiables concernant l’allaitement mixte. Les associations de soutien à l’allaitement promeuvent naturellement le lait maternel, tandis que les industriels cherchent à vendre leurs produits. Les médecins, quant à eux, peuvent manquer d’indépendance lorsqu’ils utilisent des fournitures de marques de lait infantile (par exemple, un stylo Gallia ou un agenda Guigoz). Mon premier pédiatre, recommandé par la moitié du quartier, illustre bien cette situation. Après avoir trouvé un autre pédiatre abonné à Allaiter aujourd’hui, j’ai commencé à rechercher des informations plus fiables.
La difficulté des choix
Il est particulièrement difficile de trouver des conseils sur l’allaitement mixte, de plus en plus répandu, avec un nombre croissant de femmes qui choisissent d’allaiter mais qui doivent ou souhaitent s’éloigner un peu de leur bébé. Voici donc mes réflexions et recherches pour susciter les vôtres.
Quelle alternative au lait maternel ?
Les documents de l’OMS
Je vous invite à lire deux documents de l’OMS fort intéressants :
- Principes directeurs pour l’alimentation complémentaire de l’enfant allaité au sein
- Principes directeurs pour l’alimentation des enfants âgés de 6 à 24 mois qui ne sont pas allaités au sein
Comme ils s’adressent au monde entier, tout n’est pas forcément pertinent pour nous (par exemple, le problème de contamination de biberons est moins courant), mais ils aident à prendre du recul.
Les alternatives au lait maternel
Le lait humain d’une autre mère
Je passe rapidement sur cette possibilité : en France, le lait des lactariums n’est disponible que sur ordonnance, et seuls de rares échanges informels permettent à des bébés ordinaires de bénéficier de lait donné ou vendu.
Autres vecteurs d’alimentation
Il n’y a pas que le biberon pour donner du lait : si on panache avec l’allaitement au sein, il est prudent de ne pas l’utiliser pour éviter la confusion sein-tétine. Alternatives possibles :
- Tasse à bec
- Soft cup
- Cuiller
- Seringue
- Dispositif d’Aide à l’Allaitement (DAL)
- Verre
Pour les bébés de moins de six mois
La préparation infantile pour nourrisson
Pour les bébés dont l’alimentation est 100% lactée (généralement jusqu’à six mois), les préparations infantiles pour nourrisson (ou « lait premier âge ») sont les plus appropriées en dehors du lait humain. La composition de ces produits est strictement réglementée, et les différences entre les marques sont marginales.
- Bio ou non bio : Les limites sur les résidus de pesticides sont très strictes, mais le bio reste une option pour ceux qui privilégient un mode de production plus respectueux de l’environnement.
- Conditionnements : Pour les besoins occasionnels, des petits conditionnements liquides existent mais sont rarement disponibles en pharmacie ou supermarché.
Pour les bébés de six mois à un an
Préparations de suite
Entre six mois et un an, les préparations de suite (ou « laits deuxième âge ») sont recommandées. Leur composition est définie par le Codex alimentaire, mais elles peuvent être vues comme une façon pour les industriels de contourner l’interdiction de publicité sur les laits premier âge.
- OMS : L’OMS recommande pour les bébés non allaités un apport de 200 à 400 mL/j de lait entier d’origine animale, de lait UHT, de lait évaporé reconstitué, ou de lait fermenté ou yaourt, et de lait maternel exprimé.
Laitages solides
Lorsque l’enfant s’intéresse de plus en plus aux solides, il peut se passer de lait en l’absence de sa mère (sauf si elle part plus de 24 heures). Par exemple, à la crèche, Pouss2 prenait un yaourt ou autre laitage solide au goûter plutôt qu’un biberon de préparation infantile.
Pour les bébés de plus d’un an
Le lait de croissance
Le lait de croissance, disponible surtout en France, n’est pas réglementé au niveau international. Trois cas de figure :
- Allaitement à la demande : Pas besoin de lait de croissance ; l’enfant peut consommer des laitages solides avec le reste de la famille.
- Non allaité : Le lait de croissance est controversé. Le Collège national des généralistes enseignants et des études montrent qu’il n’a pas démontré de bénéfices spécifiques.
- Allaitement partiel : Lait de croissance non indispensable, l’enfant peut se passer de lait supplémentaire ou consommer des laitages solides.
Alternatives au lait de croissance
- Lait de vache : Pouss2, après avoir arrêté de téter vers 14 mois, est passé au lait de vache (frais, bio, entier ou demi-écrémé).
- Autres laits animaux : Chèvre, brebis, mais plus difficiles à trouver et plus onéreux.
- Laits végétaux : Amandes, riz, soja ne sont pas équivalents en termes nutritionnels au lait humain.
Conclusion
Le lait de croissance n’est pas indispensable mais ne nuit pas. Les enfants qui en prennent ne subissent pas de conséquences négatives, mais la communication des industriels peut être trompeuse. Pour le passage de la purée aux morceaux, l’OMS recommande une alimentation proche de celle du reste de la famille à partir de 12 mois pour éviter des difficultés d’alimentation ultérieures.
Les catégories d’âge citées sont indicatives et doivent composer avec la variabilité de chaque cas.