Au gré de mes pérégrinations sur le net, je suis tombée sur cette petite annonce :
Bonjour,
Je prépare un reportage pour M6 et l’émission 100% Mag, « je suis peut-être une mère indigne mais je l’assume. »
Je cherche a suivre dans le cadre de ce reportage des femmes de 30 ans environ qui se sentent avant tout femme avant d’être mère.
Ces femmes ne culpabilisent pas de ne pas jouer tous les soirs avec leurs enfants, elles partagnent toutes les taches avec le père, elles sortent, elles ne sont pas coller à leurs enfants en permanence…Je voulais savoir si vous pouviez m’aider à trouver des femmes qui ont ce profil.
Je suis à votre disposition.
Cordialement
(NB : les fautes d’orthographe ne sont pas de moi)
Ah ? Une femme qui ne joue pas tous les soirs avec ses enfants, qui partage les tâches avec le père, sort et ne reste pas collée à ses enfants en permanence est une mère indigne ? C’est drôle, ce profil me ressemble étrangement ainsi qu’à la grande majorité des mères que je connais. Moi je dirais plutôt que c’est une mère équilibrée qu’une mère indigne mais bon. Nous sommes toutes la mère indigne de quelqu’un (notons cependant que ce sont surtout les mères qui sont indignes, quid des pères ?). Sans compter que ces derniers temps c’est devenu furieusement tendance d’avouer ses petits travers parentaux et de se présenter ainsi comme « indigne ». Evidemment je suis la première à rire comme une baleine en lisant certains récits, mais ne va-t-on pas un peu trop loin dans cette mode du mauvais parent, où le moindre écart à une norme supposée devient une marque d’indignité ? Soyons francs, ces parents qui revendiquent haut et fort leur supposée incompétence ne font rien qui leur vaudrait une visite de la PMI. Et les vrais parents indignes, eux, ne font heureusement rire personne.
Il me semble que le principal problème auquel le parent est confronté est de faire un compromis permanent entre les besoins de toute la famille. Selon le côté vers lequel on fait peser la balance, on sera un parent indigne ou un parent sacrificiel. La vraie question pour moi ce n’est pas ce que l’on fait ou pas, mais pourquoi on le fait. Un petit exemple : en ce moment j’allaite Pouss2 et il dort avec nous. Les uns diront que je suis une mère anti-féministe, qui se laisse mener en bateau par un petit tyran (qui n’a pas 2 mois), les autres penseront que je suis une mère trop fusionnelle et castratrice qui étouffe ce pauvre enfant et l’utilise comme prétexte pour m’éloigner de son père (je caricature à peine). Or quelle est la principale motivation pour cet arrangement nocturne ? La qualité (et la quantité) de mon sommeil. Même si je partageais les levers nocturnes avec le Coq, ça ferait déjà trop pour ma flemme. D’ailleurs comme je gère Pouss2 pour la nuit, c’est lui qui se lève quand Pouss1 fait un cauchemar, hé hé. Voilà comment une même situation peut me faire passer pour une mère indigne ou bouffée par ses gosses. Moi j’ai simplement l’impression d’avoir trouvé un bon compromis qui permet de satisfaire les besoins de tout le monde. Compromis que je n’hésiterai pas à remettre en cause dès que l’un de nous n’en sera plus satisfait (et qu’il fera moins froid la nuit). Alors qui est égoïste : la mère qui allaite parce que c’est pour elle un vrai plaisir ou celle qui donne des biberons pour que son mari se lève la nuit ? la mère qui a arrêté un travail peu valorisant dont le faible salaire suffisait juste à payer les frais de garde ou celle qui s’épanouit dans le poste de ses rêves pendant que ses enfants sont à la crèche ?
Personne ne peut décider à votre place de ce qui vous conviendra ou pas. Et je rejoins tout à fait Elisabeth Badinter quand elle dit que nous ne sommes pas un troupeau. J’ajouterai même que nos enfants et nos hommes non plus. Mais si je peux donner un conseil aux autres parents, c’est justement de surveiller la balance et de ne pas oublier leurs propres besoins (et si vous avez lu Gordon vous savez que ce n’est pas incompatible avec le respect des besoins des autres). Les enfants ont tendance à être ingrats (en particulier à l’âge éponyme) et il ne faut pas s’attendre à ce que devenus adultes ils soient éperdus de reconnaissance pour ce que vous leur avez sacrifié (cela s’applique aussi à votre employeur d’ailleurs). D’ailleurs ils trouveront toujours quelque chose à vous reprocher (y compris d’être si parfait qu’ils ne trouvent rien à vous reprocher, ce qui est extrêmement frustrant). Et pour eux, je pense que ce n’est pas d’avoir tel ou tel lait, telle ou telle couche, ou tel ou tel temps de présence parentale qui est important, mais bien d’avoir du lait, d’être propre et d’avoir des parents qui les aiment. Bien sûr, on a maintenant des données et des arguments qui nous permettent de savoir quelles sont les options les meilleures de façon générale (c’est-à-dire que statistiquement c’est mieux mais au cas par cas pour certains ça ne change pas grand chose alors que pour d’autres c’est une énorme différence), et nous ne pouvons pas les ignorer ou les réfuter juste parce qu’elles ne nous arrangent pas. J’essaie d’ailleurs sur ce blog de partager des informations et des réflexions pour avancer en ce sens, en limitant autant que possible la culpabilisation. Mais faut-il pour autant faire le grand chelem du parent parfait, si c’est au détriment de son équilibre personnel ? Je ne le pense pas. A chacun ses priorités, ses envies, ses besoins, et à chaque famille ses compromis.
Si c’est ça être un parent indigne, alors vive l’indignité !
Photo : mère indigne ou mère stupide ? (on fait de la philosophie par ici, mais oui)
Tags: Elisabeth Badinter, Gordon, mère indigne, parent
quel billet! je me suis fait cette réflexion il y a peu « c’est à la mode ou quoi d’être une mère indigne? ». Je crois que les mamans sont tellement jugées que même la plus décomplexée se sent obligée de se justifier! c’est ça qui m’énerve…. 🙁
Bonjour à toutes, étant nouvelle, je n’ai pas suivi en direct vos posts mais j’ai pris la peine de le faire ce matin et je suis contente de voir enfin un site consacré aux parents et aux enfants qui ne ressemble pas à de la Barbe à Papa! Chacun y donne son avis sans « trop » juger et je n’ai pas trouvé dans vos propos les fameux conseils très à la mode habituellement râbachés aux parents sur la « bonne » façon d’éduquer son enfant. Pour ma part, j’ai suivi mon instinct. Bien entendu pour ma 1ère grossesse j’ai lu tout E. Antier, Dolto & Co. mais avec l’expérience, j’ai fait au feeling et mes filles ne s’en portent pas plus mal. Pédiatre pour l’aînée, j’ai renoncée pour la seconde, nous avions déménagé et la seule près de chez moi reprochait à ma fille de 2 mois de faire pipi sur sa table d’auscultation et interdisait à sa soeur de 2 ans de jouer à nos côtés. Le généraliste était parfait et nous ne l’avons plus quitté. Pas de mauvaise conscience à laisser ma fille de 2 mois à mes beaux parents pendant une semaine pour aller me ressourcer avec mon homme au Portugal (il faut dire que BB2 était un robot qui ne dormait jamais, mis à part quelques sièstes flash, uniquement dans mes bras). Eh bien, cependant, je donne des tonnes d’amour à mes enfants, j’essaie de les encourager dans tout ce qu’elles entreprennent et de les tirer vers le haut à chaque occasion, pour le reste, je ne mens sens pas « mauvaise » mère parce que je n’ai pas pu les allaiter, leur faire tous les jours de purées maison etc… Tout est une question de bon sens à mon avis et j’en ai trouvé beaucoup sur ce forum.
@Chiffon, heureuse que mon blog ne ressemble pas à de la Barbe à Papa 😆 😆
Effectivement, pédiatre ou généraliste, la question c’est surtout de trouver un médecin qui nous convienne !
Il y a une partie de moi qui aimerai bien être un « mère parfaite. » Mais je ne pourrais pas le définir s’il le fallait. Le vrai souhait est d’être une mère appréciée…même par mes enfants.
Ce n’est pas un automatisme pour les enfants de remercier les parents! Mais, lors d’une sortie particulierement difficile pour moi (VTT et mes fils–je suis une vielle poule–étaient plus habile que moi) et ou j’ai eu besoin de l’encouragement mes enfants pour finir notre chemin, l’un d’eux a exclamé « Maman, tu essais toujours d’être une mère parfaite. Aujourd’hui, t’as été une mère supèrbe! »
Et j’ai conclu que quand je me concentre sur moi–mes decisions, mes comportements, mes désirs, mes besoins…–c’est véritablement les moments que je suis le plus indigne.
P.S. Les photes d’aurtograf c moi.
@Denise, quel courage pour le VTT ! Faudra pas trop compter sur moi pour ça…
Et sinon par rapport à ta remarque finale :
– être une bonne mère est un de mes buts, pas le seul ! je veux aussi m’épanouir en tant qu’individu « seul » (sans même parler de mon couple !)
– c’est aussi cet épanouissement strictement personnel qui me donne de la ressource pour être meilleure avec mes enfants
@La poule pondeuse,
Oui. Ma(et ta et a toutes) raison d’etre dans ce monde est plus que d’etre mere…c’est aussi plus large que MOI. Evidemment c’est le cas pour toi aussi, sinon tu n’auras pas ce site. 😉 Felicitations.
Excellent billet
Faire le point sur ses envies, comprendre ses choix, faire au mieux, selon ce qui nous paraît le plus approprié (l’équilibre personnel est une composante essentielle de l’équilibre familial) et surtout, se dire que ce qui nous convient aujourd’hui est susceptible d’évoluer (ça évite de se laisser emporter par des jugements catégoriques vis à vis de celles qui font « autrement »).
S’avouer « mère indigne » est une manière de déculpabiliser dans une société qui a toujours exhibé un modèle de mère parfaite. Et aujourd’hui, la barre est haute : assurer comme une bête au boulot, sans jamais rechigner vis à vis des heures supplémentaires, se consacrer avec dévotion à ses petits (mais pas trop), s’impliquer dans le parcours scolaire et extra scolaire de ses chérubins (bref, être toujours disponible pour son boss, ses enfants et son mari qu’on prendra soin d’éduquer au besoin pour ce qui est des tâches ménagères, pour ne pas passer pour une femme soumise à la dictature du machisme), entretenir sa forme en faisant du sport, sa culture en lisant, sa ligne en surveillant son alimentation, être une amante hors pairs, toujours pleine de désir et multiorgasmique de préférence ; tout ça (liste non exhaustive) avec le sourire en plus. Pour soi-disant offrir à nos enfants l’image d’une femme épanouie et libérée, mais néanmoins aimante et dévouée, qui fera d’eux des adultes équilibrés…
Le problème majeur du « modèle », c’est qu’il ne saurait jamais (quelle que soit l’époque et les normes en vigueur) convenir à toutes. S’assumer dans sa différence, c’est donc toujours être « indigne » du label bonne-maman selon les critères du moment. Vouloir à tout prix coller au modèle sans s’écouter, c’est souvent l’assurance de finir sur les rotules, à picoler ou à prendre des antidépresseurs et anxiolytiques 😉
Dire « On est toutes des mères indignes », c’est une façon de dire qu’on rejette une définition figée de ce qui ferait la dignité d’une mère ou alors, et c’est bien triste, un aveu de culpabilité qui ne veut pas dire son nom.
@Selina Kyle, à mon avis « mère indigne » est LE nouveau label pour décrire les femmes qui collent à ta définition de mère parfaite, celles qui sont mère mais pas que, qui allaite mais pas trop longtemps, qui aime passer du temps avec leurs petits, mais pas le week-end à l’heure de l’apéro… « Mère indigne », c’est l’anti-maternante, c’est la maman bobo parisienne qui en fait, a un peu honte d’être une mère parfaite.
@Selina Kyle, c’est quoi l’adresse de ton blog ?
moi je viens de me faire treter pour mere indigne par la maitresse de maternelle de mon fils vexant et humiliant.
La bêtise de cette annonce n’est que le miroir de la bêtise de l’émission pour laquelle le casting a lieu…!
@portabilité mutuelle, oui c’est assez représentatif 😉
C’est assez marrant de voir la bétise humaine comme dit @portabilité.
La bétise des émissions qui met au grand jour la débilité des intervenant… bref. sans commentaires 🙂
[…] Bon, revenons à nos moutons, tout ca pour dire qu’E-Zabel nous répète encore et toujours que son blog est là pour « déculpabiliser » les jeunes mamans. Non, ca n’est pas grave de detester ces rejetons de temps en temps. Pas grave non plus de tout larger pour aller se faire du bien rien qu’à soi. Et pas grave non plus de ne pas être une mère parfaite… voir même d’être une mère indigne – D’ailleurs qu’est ce qu’une mère indigne? nous demandait La Poule – […]
félicitations!
Le niveau actuel de la presse nationale me sidère …
Sans rire, elle a réussi l’exploit d’obtenir l’image de sérieux qu’avaient Gala ou Voici il y a une quinzaine d’années …
Mediacomweb, tu as malheureusement raison et ça ne s’est pas arrangé ces dernières années avec les réseaux sociaux et les titres p**aclic même pour les plus gros journaux !!!
Photographe mariage Poitiers
Photographe Poitiers
argent colloidal
argent colloidal
meuble de salle de bain
idées cadeau
Man, I hope that the ducklings are okay.