Plus d’une semaine que je suis rentrée, et je ne vous ai toujours pas parlé de nos vacances chez Blandine, la Poule exotique. Déjà, vous vous en doutiez sûrement, mais c’était top. Parlons maintenant de ce qui nous intéresse ici (plutôt que mes souvenirs de vacances) : des vacances lointaines avec un (ou plusieurs) Poussin(s).
D’abord l’avion. Vous croyez peut-être que se taper un vol long-courrier en classe éco c’est épuisant. Erreur. Se taper un vol long-courrier en classe éco avec deux sièges pour trois, ça c’est épuisant. En effet, jusqu’à deux ans, les enfants voyagent gratuitement (ou à coût modique : 10% du tarif) mais n’ont pas de siège. Les vols longs-courriers (gros avions type Boeing 777) offrent la possibilité d’avoir une nacelle mais pour cela il faut occuper les places prévues à cet effet (face à la cloison centrale) et donc les réserver avant l’enregistrement en appelant la compagnie aérienne. De façon générale, si l’enfant a plus d’1 an ou pèse plus de 10 kg il ne pourra pas aller dans la nacelle (vérifier les conditions exactes auprès de la compagnie aérienne). C’est un peu paradoxal : on a prévu que vous puissiez poser le mini poussin qui a toutes les chances de dormir sur vous tranquillement et rien pour vous débarrasser du bambin remuant qui ne veut plus rester sur les genoux (mais on vous dira qu’on est déjà sympa d’avoir prévu quelque chose pour quelqu’un qui ne paie pas…). Après deux ans, vous obtiendrez un siège mais à quel prix : 50% du billet en France métropolitaine, 33% entre métropole et DOM et pour le reste, ça dépendra (voir les détails sur le site du Quid). Pour un moins de deux ans vous avez le droit à 10 kg de bagages supplémentaires et une poussette (dépend peut-être des compagnies, à vérifier), ainsi que la possibilité de passer outre les très pénibles règles de sécurité sur les liquides en cabine. Si l’enfant ne marche pas encore, garder un porte-bébé léger en cabine car autant on peut souvent garder la poussette jusqu’à l’embarquement, autant on ne vous la rendra généralement pas avant les autres bagages : vous avez souvent à passer d’abord le contrôle des passeports (en même temps que les 250 passagers de l’avion) et à attendre les bagages (voir « contrôle des passeports »). De façon générale, prendre un max de trucs en cabine car il y a toujours le risque que votre valise ne vous suive pas à destination (ou prenne un peu de retard).
Une fois sur place : à vous la plage, les cocotiers, les cocktails, les balades, les visites, les petits restos… Ou pas. Si vous avez fait le choix de partir avec les enfants, il va falloir tenir compte de l’avis de tout le monde. Selon l’âge et selon la personnalité d’un enfant, ses envies et ses besoins vont être très variables. Et ce n’est pas parce que ça a coûté très cher ou que c’est classé au patrimoine mondial de l’humanité qu’il va plus apprécier quelque chose. Par exemple les vacances idéales du Poussin c’est : rester dans la piscine et rester avec les copains qui ont plein de jouets. La mer il n’a pas trop voulu, la voiture ça l’a énervé quand c’était trop long, les balades il n’a plus voulu aller dans l’Ergo donc grosse galère (alors qu’on l’a acheté il y a même pas 6 mois et peu utilisé cet hiver pensant se rattraper cet été… no comment). Le soir il était fatigué donc pas top pour aller au resto, et puis il fallait caser la sieste. Bref. Ce n’est pas que nous n’avons fait aucune de ces choses, mais nous en avons fait certainement moins. Je ne dis pas ça pour que vous me plaigniez (trop dur les vacances au soleil) ou pour vous décourager (comme dit plus haut ça va beaucoup dépendre de l’âge et de la personnalité de chaque enfant). Mais simplement pour que chacun mette bien ses priorités au clair avant les vacances : passer de bons moments en famille ? profiter au max de toutes les possibilités d’un endroit (super rando, plongée tous les jours, visites à gogo, fiesta toute la nuit…) ? se reposer autant que possible ? Réfléchissez-y bien avant de prendre les billets… Partir avec les enfants ne veut pas dire que vous ne pourrez rien faire de ce que vous voudrez, mais qu’il faut se préparer à quelques sacrifices compromis.
A l’heure où vous lisez ces lignes, la famille Pondeuse se trouve à l’endroit que vous voyez sur la photo, là. Pour 15 jours. Vous nous haïssez. C’est normal. Je ne vous en veux pas. Mais vous comprendrez que je me fasse rare par ici…
Pour rester dans l’esprit des vacances, voici quelques idées et trucs pour voyager avec un (ou plusieurs) poussin. On va surtout parler ici des moyens de transport, plus que de séjours loin de chez soi. Grosso modo, les familles occidentales ont à leur disposition trois modes de transport pour les grandes transhumances de l’été : voiture, train et avion. Voyons rapidement les avantages et inconvénients de chacun, si vous avez l’occasion de choisir :
D’abord la voiture. Les + : Aucune pression des voisins sur le niveau sonore. Plein de place pour trimballer l’indispensable fourbi. Plus la famille est nombreuse, plus c’est économique. Chacun a son siège. Effet narcoleptique sur la plupart des poussins. Pas de pression horaire. Les – : Tout le monde doit rester attaché à sa place. Les trajets sont souvent plus longs (gare aux bouchons). Mauvais pour la conscience écolo. Occasion de dispute conjugale sur la route à prendre et éventuellement sur le style de conduite.
Ensuite le train. Les + : On peut bouger comme on veut. Les tout petits peuvent avoir une place individuelle relativement spacieuse pour pas cher (environ 10€, et croyez-moi c’est un investissement qu’on ne regrette pas). C’est souvent assez rapide. Méga-super-bonne conscience écolo. Les – : Enorme pression des voisins pour que le poussin fasse 0 bruit. Il faut arriver à la bonne heure (et pas 10 minutes après). Certains poussins n’arrivent pas à y faire la sieste. L’organisation des trajets à la gare peut être problématique (est-on sûr que Mamie a un siège auto pour le poussin à l’arrivée ?). Ladite organisation peut être une forte contrainte sur les bagages (qui veut aller à la gare en métro avec lit parapluie, poussette et siège auto sous le bras, sans compter deux ou trois valises et les marmots déchaînés ?).
Enfin l’avion. Les + : Théoriquement c’est le plus rapide (mais si on rajoute les trajets à l’aéroport, l’enregistrement, la sécurité, la douane, l’embarquement etc…). Le bruit de fond des moteurs camoufle un peu les éclats sonores du poussin. Dans une certaine limite on peut se déplacer ou au moins prendre l’enfant dans ses bras. En théorie il y a plein de gentilles hôtesses pour vous aider. Les – : Avec les nouvelles règles de sécurité le sac à langer passe pour l’arsenal du parfait petit qaediste. Les enfants de – de 2 ans sont sur les genoux des parents et les autres payent bonbon, et si comme moi vous voyagez en classe éco, la place est très limitée. Ceci dit sur les longs courriers vous pouvez obtenir qu’on vous prête un couffin (ou cot en anglais), ne pas hésiter à râler un peu fort. Problème des trajets à l’aéroport, des bagages et des horaires stricts (idem que pour le train). Les variations de pression ne sont pas toujours très populaires auprès des jeunes enfants (surtout ceux sujets à otite). Niveau écolo pas top (mais pas toujours le choix selon la destination). Risque non négligeable de perdre les bagages en cours de route (et qui aura l’air malin sans sa poussette/son lit parapluie/son stock de couches ?).
Une fois votre mode de transport choisi, que prévoir ?
A manger (et à boire) : Ce n’est pas le moment de vouloir à tout prix faire mangerbouger.fr. Au contraire, prévoyez des réserves de gâteaux, bonbons et autres pour garantir la bonne humeur et acheter à vil prix un calme bien mérité. Bon attention à ne pas les rendre malades non plus ! J’ai fait deux trajets de 4 heures en train avec le poussin cet été, dès qu’il faisait mine de râler, hop un biscuit. Résultat : on ne l’a pas entendu. Notez que ça ne l’a pas empêché de vouloir se taper la cloche comme tout le monde à peine arrivé, nonobstant l’ingestion de son propre poids en galettes bretonnes en moins d’une demi-journée. Et si vous allaitez, ce n’est pas non plus le moment pour essayer d’introduire un rythme de tétée. En voiture -surtout engoncés dans le siège auto- les poussins ont un peu tendance à se déshydrater (évitons les blagues de mauvais goût) donc bien leur proposer à boire régulièrement. En avion également l’atmosphère est très sèche (et la déglutition aide à équilibrer les oreilles lors des variations de pression). N’oubliez pas la serviette pour les petits gorets…
Du change : En règle générale, les aires d’autoroute (au moins celles avec une station service), les trains et les avions proposent tous des espaces de change pour bébé à peu près propres avec un point d’eau (parfois dans les toilettes femmes, bien entendu les hommes ça ne les concerne pas, ha ha ha). Je prends toujours un lange en coton au cas où il n’y ait plus de papier à mettre sur le matelas à langer. De toute façon ça peut toujours être utile (déjà fait un change de caca sur les fauteuils d’une salle d’embarquement, tout un poème). J’utilise autant que possible des couches et lingettes lavables, mais dans le train/avion c’est tout en jetable (en voiture la lavable est tout à fait gérable). Prévoyez aussi comment VOUS irez aux toilettes : seul(e) avec les enfants, qu’allez-vous en faire ? Encore dans l’avion ou le train on peut tenter de les confier au voisin/à l’hôtesse, mais dans une station-service, bof. Sinon il faut les prendre avec soi dans les WC, quel bonheur (pour un tout petit dans le porte-bébé et hop). Sur le sujet voir ce très bon billet de Mère pas top (revieeeeens on t’aiiiiiiiiiiime !). Attention aussi à la clim dans le train/avion et aux différences de météo entre départ et arrivée.
Des distractions : à adapter bien sûr en fonction de l’âge du poussin. Mieux vaut éviter les jouets très bruyants dans les transports en commun (serait-ce le moment de faire découvrir l’i-pod à votre petit ange ?). Dans la voiture ça dépend de votre propre seuil de tolérance. Ne comptez pas forcément sur le paysage (encore un délicieux avertissement de Mère pas top). N’oublions pas qu’un sac à main regorge de jouets d’éveil insoupçonnés : porte-feuille (le poussin adoooooore faire des chèques et tout vider), clés, portable, labello, petite trousse, brosse à cheveux pliable, lunettes de soleil (et leur étui !), etc. Quant à vous, votre principale distraction sera de vous occuper du poussin, donc inutile de vous charger de livres, magazines (à moins qu’ils soient suffisamment peu intellectuels pour que vous puissiez les lire par coups de 30 secondes), lecteurs de DVD portables (sauf pour regarder Dora avec le poussin -sans le son, c’est lui qui aura le casque).
Quelques idées en vrac :
De façon plus générale, si vous le pouvez, essayez de choisir vos horaires de voyages en fonction du rythme du/des enfant(s). Par exemple, j’ai pris mes billets de train le matin car je sais que l’après-midi le poussin fait sa sieste et qu’il n’est pas trop du genre à s’endormir dans le train. En voiture, il va falloir prévoir plus de pauses. Certaines aires ont des petits jeux (style balançoires à ressorts) pour défouler un peu les poussins. Enfin même dix minutes de pause peuvent faire beaucoup sur l’humeur d’un moins d’un mètre. Attention aussi au deuxième effet kiss cool des voyages le soir : le poussin s’endort et vous roulez sans problème, mais une fois arrivé à destination le fourbe se réveille et refuse de se rendormir en terra incognita. Bien sûr tous ne font pas ça et ça dépend aussi pas mal de l’âge, c’est un peu la loterie.
Comme pour la nourriture, un trajet n’est pas le moment idéal pour apprendre la frustration à nos chères têtes blondes et faire preuve d’une autorité inflexible. Dans ces moments-là, on ne négocie pas avec nos mini-terroristes, on cède immédiatement à toutes leurs demandes pour acheter leur calme précieux… N’oubliez donc pas les tétines et doudous dont l’enfant a l’habitude, même si vous essayez d’en limiter l’usage.
Pour voyager, mieux vaut privilégier le portage à la poussette : prend moins de place, vous laisse les mains libres pour porter/tirer les valises et donner la main à l’aîné, est autorisé en cabine dans les avions, est compatible avec les marches et autres escaliers, etc etc.
Enfin je vais jeter un pavé dans la mare mais il me semble que si vous devez voyager à un horaire qui corresponde à une plage de sommeil du chérubin et si vous craignez de grosses difficultés d’endormissement, l’utilisation exceptionnelle d’un sédatif adapté (type Théralène) puisse être envisagée pour permettre à tout le monde de rester serein. Evidemment en parler au préalable avec le médecin ou le pharmacien, pas question de mettre dans le bib un cachet de Rohypnol pilé. Cela peut paraître extrême et très égoïste, mais je ne crois pas qu’il soit si profitable à l’enfant de chercher désespérément son sommeil, souvent en hurlant pendant un temps non négligeable. J’ai déjà vu le poussin faire des crises terribles de fatigue (heureusement pas fréquentes) où RIEN ne le calme ni ne l’endort (à part éventuellement un tour en poussette) : déjà à la maison c’est difficile à gérer mais dans un avion je n’imagine pas. Je précise que je n’ai jamais eu recours à cette solution mais que je garde l’option ouverte pour des situations très délicates. Par contre il va sans dire qu’au moins un des adultes ne doit pas prendre de somnifère !
Et pour vous relaxer avant/après le grand départ, le fameux sketch de Gad Elmaleh sur le Blond (avec le passage hilarant à l’aéroport) :
N’hésitez pas à partager vos trucs en commentaires !
(Image : Couverture de la Famille Fenouillard de Christophe, une des toutes premières BD que je vous recommande si vous ne connaissez pas déjà)
Nous voilà de retour après une semaine bien agréable (et bien sûr trop courte). Un grand merci à Blandine la Poule exotique qui a assuré l’intérim avec brio, et a permis à chacun de s’ouvrir à la différence. Dit comme ça on se croirait au téléthon mais vous avez pu constater qu’en fait c’était vachement mieux. Sinon je vous invite d’urgence à aller voir ici. J’espère qu’elle acceptera de contribuer encore à ce blog. D’ailleurs je la soupçonne de vouloir rester, vu qu’elle m’a traîtreusement offert le premier tome de Millenium pour les vacances, histoire de m’empêcher d’écrire. C’est malin, maintenant je dois me procurer d’urgence la suite.
Nous sommes partis avec un tas d’affaires pour le poussin alors qu’il a passé toute la semaine avec un t-shirt (pas le même) et une couche (lavable bien sûr). En même temps on ne pouvait pas exclure que la météo soit pourrie, qu’il fasse -10°C (dans le Gard fin juin), qu’il y ait un holocauste nucléaire ou encore une invasion par une puissance hostile. En tout cas après mes déboires passés avec les lavables, on peut dire que maintenant ça roule gentiment. A tel point que je réfléchis à refaire des essais la nuit : si vous avez trouvé des trucs/des matières qui font que vos poussins ne sentent pas la vespasienne le matin, ça m’intéresse. Ayant improvisé une poubelle à couches avec une cuvette, j’ai constaté avec surprise qu’en fait si on les laisse à l’air libre ça sent beaucoup moins que dans une poubelle fermée.
J’ai aussi testé les noix de lavage (avec huile essentielle d’arbre à thé) et personnellement j’ai trouvé que ça n’était peut-être pas tout à fait assez puissant pour les couches, qui ont tendance à garder une légère odeur d’urine. Et pour les tâches, relativement inefficace (il faut les traiter avant, ce que je n’ai pas fait). En plus, d’après le site de Ptits dessous, ça encrasse les couches. Alors dans le doute j’ai fait un deuxième rinçage après le premier (tout de suite c’est moins écolo). D’ailleurs, il y a une controverse qui me laisse sceptique sur leur intérêt écologique (voir ici ou encore là par exemple). Donc à moins qu’il n’y ait une analyse claire et objective sur la comparaison du cycle de vie et de l’impact écologique des différentes solutions, je reste avec la bonne vieille lessive des familles en attendant le lave-linge sans lessive.
Par contre dans un élan de lucidité nous avons laissé notre poussette-char d’assaut à Paris. J’ai finalement réussi à convaincre le Coq de retenter l’écharpe, avec le nœud le plus facile possible : le croisé simple, en mettant le poussin face au monde. Alors oui, c’est totalement pas du tout physiologique ni pour l’un ni pour l’autre, par contre pour mon dos à moi qui ne portait rien c’était super confortable. Et puis pour deux-trois petites balades, je ne pense pas que leur santé soit en péril. Autre avantage : dans ce cas le poussin est très peu couvert par l’écharpe, ce qui est plutôt agréable quand il fait chaud. Quant à l’argument du stress psychologiqueprovoqué par le surplus d’information, il n’y avait qu’à voir le large sourire affiché par le poussin pour comprendre qu’il survivrait tant bien que mal à cette douloureuse épreuve. Par contre le Coq s’est fait draguer par les mamies du coin, et je ne sais pas s’il va s’en remettre de sitôt.
Bref nous nous sommes pavanés telle une parfaite petite famille de bobos : poussin porté en écharpe avec couches lavables (lavées aux noix de lavage). Si ça continue je vais me faire une bannière (en passant discrètement sur les 1500 km aller-retour en voiture…).
Vacances pour la famille Pondeuse la semaine prochaine, mais pas pour ce blog ! Blandine, alias la poule exotique, prendra le relais, et nous parlera notamment (attention spoiler !) de différence et de handicap. En attendant, vous pouvez (re)lire sa première contribution, qui a été pendant un certain temps une des pages les plus actives de ce blog : Mon bébé arrivé en avance.