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Mes choix pour cette grossesse (2)

mardi, septembre 8th, 2009

edward-cullen-photo Après vous avoir parlé du cadre général et en particulier du déroulement de l’accouchement dans le billet précédent, voici plus de détails sur le suivi de grossesse en lui-même et ce que nous avons choisi avec la sage-femme. Il faut déjà savoir que ce n’est pas parce qu’un test ou un examen est systématiquement proposé et/ou remboursé qu’il est obligatoire. En fait il n’y a pas grand chose d’obligatoire (il semblerait que les sept consultations prénatales * soient nécessaires pour toucher les allocations familiales et obtenir le 100% de la sécu pour la fin de la grossesse mais il doit y avoir un minimum de souplesse, pour les grossesses découvertes tardivement par exemple). Mais on trouve facilement des phrases, comme ici par exemple (les fautes d’orthographe sont d’origine…), qui montrent qu’il y a encore du chemin à faire :

Si certaines [consultations prénatales] sont obligatoires pour être en règle au niveau administratif, d’autres en revanche sont purement médical et nécessaire au bon déroulement de la grossesse.

Les consultations ne sont pas nécessaires au bon déroulement de la grossesse, elles le vérifient, nuance. Cela peut paraître anecdotique mais c’est à force de présenter les choses comme cela que les femmes perdent confiance en elles.

Pour en revenir à nos moutons, je fais donc mes consultations prénatales avec ma sage-femme. Celles-ci durent quasiment une heure et c’est principalement l’occasion de parler (bon OK je me plains pendant environ 99% du temps). Il y a bien sûr aussi quelques actes médicaux : prise de la tension, écoute du coeur du bébé, analyse d’urine, mesure de la hauteur utérine, pesée (gloups). Le toucher vaginal est facultatif (seulement si signes d’alerte comme des contractions par exemple, donc pour le moment aucun), comme dans d’autres pays européens. Les analyses de sang sont faites dans un labo en ville et les échographies chez ma gynéco.

La sage-femme assure également les séances de préparation à l’accouchement, en l’occurrence pour mon cas des séances de sophrologie individuelle. Je vais suivre un cours de yoga pour femmes enceintes en parallèle (déjà fait pour la grossesse du Poussin et adoré !). Ne voulant pas que la péridurale soit ma seule option (même si je ne suis pas non plus farouchement contre voir ce billet et suivants sur la question), j’ai pensé qu’il serait utile de baliser le terrain en ayant des outils tant physiques que psychologiques pour m’aider le jour J. J’aurais bien fait la méthode Bonapace mais la sage-femme qui la proposait est en congé maternité (rhaaa ces gonzesses qui font rien que tomber enceintes tout le temps…). Pour la grossesse du Poussin j’avais suivi des cours « classiques » en maternité, très bien et très instructifs, mais ce serait un peu redondant cette fois-là.

Au niveau des tests et dépistages, j’ai choisi de faire toutes les échographies (avec une supplémentaire au début du deuxième mois pour s’assurer de la viabilité de la grossesse et du terme, cf ce billet). Par contre j’ai refusé le test des marqueurs sériques HT21, qui entraîne de nombreux faux positifs (et donc de nombreuses amniocentèses inutiles, avec risque de fausse couche accru, sans parler du stress occasionné, plus de détails dans ce billet). La clarté nucale combinée à mon âge a permis de calculer un risque intégré que j’ai trouvé largement satisfaisant. On peut d’ailleurs le calculer online ici.

En outre, la sage-femme m’a dit qu’elle n’était pas pour le dépistage systématique du diabète gestationnel en l’absence de signe d’appel, et cela me va bien. Les recommandations du CNGOF le préconisent pourtant, mais le rapport de la HAS (notez qu’il date de 2005 alors que le papier du CNGOF date de 1996) montre qu’autant le problème est réel et peut entraîner de sérieuses complications, autant le consensus scientifique sur les méthodes de diagnostic reste assez flou, générant pas mal de faux positifs et du coup de gestes inutiles et potentiellement iatrogènes. Je cite notamment une de leurs conclusions :

Les données de la littérature scientifique ne permettent pas de conclure sur les meilleures
stratégies de dépistage et de diagnostic du diabète gestationnel, ni sur leurs modalités de
réalisation. L’ampleur des controverses et des incertitudes conduit à ne pas faire de
recommandations dans l’attente d’études complémentaires.

Je suis par ailleurs immunisée contre la toxoplasmose et de rhésus positif, ce qui m’évite les prises de sang mensuelles. Par contre la maternité où j’ai accouché du Poussin ayant omis de me remettre une carte de groupe sanguin, il va falloir que je refasse une énième détermination (voir ce billet très instructif de JADDO sur le sujet). Le fait que je ne fasse pas ces tests (ou en tout cas pas systématiquement, selon l’évolution de la grossesse je pourrai être amenée à faire le test du diabète par exemple) ne veut pas dire que je les trouve inutiles mais simplement que pour mon cas et pour cette grossesse leurs risques apparaissent supérieurs aux bénéfices à mon avis (pas le risque de la prise de sang bien sûr -quoique quiconque s’est avalé l’infâme solution de glucose du test de O’Sullivan en disconviendra probablement…- mais des conséquences d’un faux positif). Encore une fois il ne s’agit pas de convaincre tout le monde de faire comme moi (j’ai la chance d’avoir une grossesse pour l’instant non pathologique et sans facteur de risque particulier) mais d’amener les lectrices à se poser des questions et à prendre en main leur grossesse. L’idée n’est pas de s’opposer par principe à tout ce que propose le praticien, avec lequel il vaut mieux établir une relation de confiance (quitte à en changer si cela s’avère impossible).

Par contre, étant atteinte d’une légère malformation cardiaque (sans gravité je vous rassure), j’ai passé une échographie supplémentaire consacrée à l’examen du coeur du bébé auprès d’un ponte du genre et je prendrai des antibiotiques au moment de l’accouchement. Tout ça pour vous dire que je ne suis en aucune façon opposée à la médicalisation de la grossesse et de l’accouchement, mais autant que possible adaptée à mon cas particulier (je vous avais prévenus dès le début du premier billet du caractère « Me, myself and I » de ce sujet…).

Il me semble que c’est à chacune de définir ses priorités pour son suivi et son accouchement (on n’est pas non plus obligée de s’exciter sur chaque geste et chaque analyse, par exemple j’aurais sans doute pu me passer du dépistage de la syphillis en début de grossesse mais bon, quitte à faire une prise de sang… tant pis pour la sécu…) et de chercher ensuite un praticien qui permette de trouver une solution acceptable en fonction des circonstances. Bien sûr le corps médical et l’organisation du système de santé portent leur part de responsabilité dans cette systématisation des tests et des examens mais après tout si vous voulez reprendre la main il est plus logique de prendre l’initiative que d’attendre sagement qu’on vous la propose.


Photo : Certes il n’est pas médecin mais on apprend qu’il a fait des études de médecine et à un moment il fait même un accouchement, alors je suis certaine que vous ne lui en tiendrez pas rigueur…

* Je précise que contrairement à ce qui est dit dans le lien, le toucher vaginal ne sert pas à examiner le rythme cardiaque du foetus (qu’on écoute à l’aide d’un doppler ou d’un stéthoscope foetal, selon le terme).

La listériose

mercredi, juillet 23rd, 2008

 On en parlait ce matin aux infos, alors j’en profite pour faire un petit point sur le sujet, d’autant plus que je constate que la plupart des femmes enceintes que je connais n’a que des idées très vagues sur le sujet.

La listériose est une infection provoquée par la bactérie Listeria monocytogenes (d’où son nom, pas très originaux ces scientifiques). La maladie est bénine chez les personnes en bonne santé (quelque chose entre pas de symptôme et une grippe) mais peut avoir des conséquences dramatiques pour une femme enceinte, ou plus exactement pour son bébé. L’infection peut en effet entraîner une fausse couche ou un accouchement prématuré, avec un bébé souvent mort-né ou gravement malade. C’est pourquoi on recommande aux femmes enceintes de consulter immédiatement en cas de fièvre supérieure à 38.5°C, puisque c’est un des symptômes de cette infection (mais de beaucoup d’autres aussi, ne voyez pas déjà le pire si le thermomètre s’affole). Une antibiothérapie est alors mise en place, mais il est difficile de trouver des chiffres sur le succès du traitement. Contrairement à la toxoplasmose ou à la rubéole (autres infections craintes par le gros bidon), on ne peut être ni immunisé ni vacciné.

Le meilleur traitement est donc la prévention, puisque la principale voie de contamination est l’alimentation.  Je vous livre telles quelles les recommandations de l’Institut de veille sanitaire (InVS) :

1- Listeria monocytogenes résiste au froid mais est sensible à la chaleur. Or parmi les aliments les plus fréquemment contaminés par L.m., certains sont consommés sans cuisson.

La consommation de ces aliments à risque en l’état doit être évitée :
   – éviter de consommer des fromages au lait cru (ainsi que le fromage vendu râpé) ;
   – éviter la consommation de poissons fumés, de coquillages crus, de surimi, de tarama, etc.
   – éviter de consommer crues des graines germées telles que les graines de soja

L.m peut également contaminer, lors de leur fabrication, des produits qui subissent une cuisson au cours de leur préparation mais sont ensuite consommés en l’état. Si la contamination de ces produits intervient après l’étape de cuisson, ces produits présentent le même risque que des produits crus
contaminés.

Il s’agit pour l’essentiel de produits de charcuterie :
   – éviter les produits de charcuterie cuite tels que les rillettes, pâtés, foie gras, produits en gelée, etc.
   – pour les produits de charcuterie type jambon, préférer les produits préemballés qui présentent moins de risque d’être contaminés.

Note de la PP : On voit donc que la congélation ne débarrasse pas de la bactérie (qui comme la plupart de ses congénères résiste sans problème à des températures de -80°C).  On voit aussi que les aliments incriminés ne posent plus de problème s’ils sont cuits : non au saumon fumé sur son blini, oui à la quiche saumon fumé-épinard, non au toast de foie gras, oui à la poularde farcie au foie gras. Et si vous avez des envies irrépressibles de jambon, saucisson et autres, prenez les aliments industriels emballés qui sont stérilisés par irradiation plutôt qu’à la coupe chez le boucher du coin. Pour info, la charcuterie Monop est de très bonne qualité (et je suis TRES difficile en jambons).

2- Listeria monocytogenes est ubiquitaire, les aliments sont contaminés par contact avec l’environnement :
   – enlever la croûte des fromages ;
   – laver soigneusement les légumes crus et les herbes aromatiques ;
   – cuire les aliments crus d’origine animale (viande, poissons, charcuterie crue telle que les lardons).

Ces mesures sont suffisantes pour éliminer les germes qui se trouvent en plus grande quantité en surface de ces aliments. Les steaks hachés, qui sont des aliments reconstitués (et pour lesquels cette notion de contamination en surface ne peut être retenue), doivent impérativement être cuits à coeur.

Note de la PP : dommage pour le steack tartare aller-retour et les sushis.

3- Afin d’éviter des contaminations croisées (d’un aliment à l’autre) :
   – conserver les aliments crus (viande, légumes, etc.) séparément des aliments cuits ou prêts à être consommés ;
   – après la manipulation d’aliments non cuits, se laver les mains et nettoyer les ustensiles de cuisine qui ont été en contact avec ces aliments.

Note de la PP : Donc on coupe les carottes pour l’entrée avant de débiter ses escalopes de poulet crues si on ne veut pas laver la planche entre les deux.

4- Les règles habituelles d’hygiène doivent également être respectées :
   – les restes alimentaires et les plats cuisinés doivent être réchauffés soigneusement avant consommation immédiate ;
   – nettoyer fréquemment et désinfecter ensuite avec de l’eau javellisée son réfrigérateur ;
   – s’assurer que la température du réfrigérateur est suffisamment basse (4°C) ;
   – respecter les dates limites de consommation.

Note de la PP : A la télé, la dame de l’InVS (qui est ma copine !) a notamment expliqué qu’une fois ouverts il fallait rapidement consommer les aliments (dans les 2-3 jours). Et -faut-il le rappeler ?- on consomme rapidement un produit décongelé et on ne le recongèle pas (sauf s’il a été cuit entre temps ; ex : vous utilisez des oignons surgelés dans votre tagine, vous pouvez quand même congeler le reste de tagine, surtout après deux heures de cuisson) !

Je précise aussi qu’à mon avis ce sont ces recommandations-là qui font autorité. La connaissance des contaminations alimentaires n’est pas vraiment le boulot des sages-femmes et gynécologues, c’est celui d’agences comme l’InVS ou l’Afssa (Agence française de sécurité sanitaire des aliments). L’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES), qui est chargé de la communication vers le grand public, propose un certain nombre de brochures très bien faites (plus que les deux autres, qui sont moins accessibles je trouve) sur tous les sujets de santé (alimentation, alcool, dépression, SIDA, etc). Si vous avez un doute sur un aliment, c’est à mon avis vers ces instituts qu’il faut se tourner. Par contre, si vous craignez qu’il ne soit trop tard, c’est bien sûr le médecin ou la sage-femme qui vous suit qu’il faut consulter.

Si vous suivez à la lettre ces recommandations, vous risquez de vous attirer l’incrédulité, voire les moqueries de votre entourage (surtout la génération précédente chez qui ce discours de prévention était totalement absent). Il faut savoir que la listériose est un problème relativement récent qui n’existe que dans les pays industrialisés. On compte quelques centaines de cas par an en France, ce qui est évidemment très peu (même s’il y a probablement des cas non recensés car passant pour une simple crève). Dans ce contexte, certaines femmes trouvent que le risque est trop faible pour se priver de toutes ces bonnes choses, d’autant que leurs mère et/ou belle-mère leur répètent à l’envi qu’elles ont bien mangé et bu tout ce qu’elles voulaient et que leurs enfants se portent comme des charmes (ce qui n’est évidemment pas un raisonnement acceptable, l’absence de preuve n’étant pas la preuve de l’absence). Il est vrai qu’on a probablement plus de « chances » de se prendre une voiture en traversant la rue que d’attrapper la listériose en craquant sur un camembert coulant ou un plateau de sushis. Mais l’exposition à cette maladie est un risque relativement facile à maîtriser (dit celle qui a failli pleurer à une soirée où il n’y avait que des poissons crus, marinés ou en rillettes -dont elle rêvait pour apaiser ses nausées- et qui n’a mangé que des blinis). Quoi qu’il en soit, c’est comme toujours au gros bidon de peser le pour et le contre avant de se jeter sur le saumon fumé (ou de passer Noël aux carottes râpées -bien rincées, attention !), mais au moins avec les recommandations à jour : pas très logique de se priver de camembert si on se gave de foie gras à côté. Un de ces quatre il faudra que je vous parle toxoplasmose aussi (mais ça m’a semblé moins urgent car celles qui sont immunisées ne sont pas concernées).

Et si vous voulez tout savoir sur Listeria et la listériose, un topo complet est disponible ici (c’est là que j’ai trouvé la jolie photo de la bête).