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Infos vaccins

lundi, février 9th, 2009

doug-ross Je dois vous dire que j’ai un peu tergiversé avant de faire ce billet. Et j’hésite encore à fermer les commentaires qui s’y rapportent, parce que j’ai l’impression qu’il est vite impossible d’avoir une discussion constructive sur le sujet. Donc je vais essayer de vous rapporter ici un certain nombre de faits portés à ma connaissance par le grand internet mondia. J’utilise des sources aussi fiables et factuelles que possible (que je cite) ; même si la plupart des infos me sont venues par Strollerderby, j’essaie ensuite de retrouver la source initiale pour limiter la perte en ligne et l’effet téléphone arabe. Enfin je le dis clairement : je pense que la vaccination de façon générale est un progrès dont les bénéfices surpassent largement les inconvénients, même si bien sûr la balance risques-bénéfices doit être étudiée au cas par cas (en particulier pour les personnes potentiellement vulnérables).

Tout d’abord je vous signale qu’Allo docteurs (France 5) a consacré une émission sur le sujet mercredi 4 février sur le sujet des vaccins et plus particulièrement de la rougeole, suite à l’actualité douloureuse récente. Je ne sais pas combien de temps elle restera en ligne ici donc si ça vous intéresse filez voir. J’ai trouvé l’émission pas trop mal faite, même s’il y avait quelques boulettes (par exemple le BCG n’est pas obligatoire en France). Il est notamment rappelé l’intérêt d’injecter jusqu’à six vaccins simultanément : il ne faut pas confondre maladie et présentation d’antigène (dont nous subissons plusieurs centaines par jour sans évidemment développer toujours des symptômes significatifs), on ne peut pas dire que ça correspond à attrapper plusieurs maladies à la fois. Il est également dit que l’allergie à l’œuf n’est une contre-indication que pour les vaccins contre la grippe et la fièvre jaune.

Ensuite on entend remettre en question l’efficacité de la vaccination, mais une étude récente du New England Journal of Medicine (dont vous trouverez le résumé ici) montre qu’au moins le Prevenar (contre les méningites à pneumocoques) fonctionne. Son introduction aux Etats-Unis a permis une chute de la prévalence de la maladie de 69% chez les moins de deux ans (qui sont les plus à risque), ainsi qu’une diminution de 35% des souches résistant aux antibiotiques.

Concernant l’intérêt d’une couverture vaccinale généralisée pour protéger les quelques cas chez qui la vaccination est inefficace et ceux qui ne peuvent la recevoir : un bébé est mort de la méningite à Haemophilus influenza b (le vaccin est généralement couplé avec diphtérie, coqueluche, tétanos et polyomélite) dans le Minnesota. Il était trop jeune pour avoir reçu l’ensemble des injections et a fait partie des cinq enfants touchés dont trois n’avaient pas été vaccinés. Malheureusement la décision de vacciner ou pas peut avoir des répercussions hors de sa famille. Et ce point n’est pas une contradiction du précédent : aucun vaccin, aucun traitement n’est fiable à 100%. Il y a et il y aura toujours des personnes vaccinées qui développeront quand même la maladie, mais elles peuvent être protégées par la vaccination des autres.

En Suisse, on observe une recrudescence de la rougeole, particulièrement dans des écoles Steiner (voir ici et ici) qui rassemblent beaucoup de familles anti-vaccination (sans compter une fâcheuse tendance à ne pas déclarer les cas, ce qui permet une propagation de l’épidémie). Il est en outre probable (vu le coût des écoles Steiner et leur philosophie générale) qu’il s’agit d’enfants vivant dans de (très) bonnes conditions, donc pas particulièrement fragiles. Je ne dirai rien sur les parents qui tentent volontairement de faire attrapper la rougeole à leurs enfants…

Une étude récente publiée dans Pediatrics (voir le résumé ici) montrent les résultats de deux groupes d’enfants ayant reçu des doses différentes de thimérosal et soumis à une batterie de tests psychomoteurs. On trouve une légère tendance à des scores inférieurs dans le groupe exposé à la plus forte dose, tendance attribuée au hasard par les auteurs. Un seul cas d’autisme a été observé et ce dans le groupe ayant reçu la plus faible dose de thimérosal. Cet article a entraîné la publication de deux lettres, chacun des auteurs déclarant comme conflit d’intérêt être père d’un enfant autiste. L’une d’elles pointe notamment les nombreuses limites de l’étude (pas de groupe témoin n’ayant pas reçu de thimérosal, doses non représentatives d’autres pays -comme les USA-, la façon dont les enfants ont été recrutés pour l’étude…) et remet en question la possibilité d’en tirer des conclusions -dans un sens comme dans l’autre. Je n’ai pas vu le texte intégral de l’étude ni ne connais les tests effectués, donc je reste dubitative.

Et le plus croustillant pour la fin : le Times révèle que le Dr Andrew Wakefield, auteur de l’étude ayant jeté la suspicion de lien entre autisme et vaccin ROR (MMR en anglais : Measles = rougeole, Mumps = oreillons et Rubella = rubéole), a falsifié les résultats à l’origine de l’étude, sans compter un magnifique conflit d’intérêt. En même temps qu’il préparait l’étude controversée publiée dans le Lancet, il était payé une coquette somme par les avocats préparant une action contre les fabricants du ROR (ce qu’il s’était apparemment gardé de signaler à l’époque). Le Lancet signale que si ces faits avaient été connus à l’époque, l’étude n’aurait pas été acceptée.

(Photo : Pour changer un peu aujourd’hui c’est Doug qui s’occupe de vous détendre pour cet article à caractère hautement anxiogène.)

Une école différente

lundi, octobre 27th, 2008

 Si on s’intéresse à l’éducation non-violente, on finit fatalement par se poser des questions sur l’endroit où on va tôt ou tard envoyer nos enfants passer leurs journées : l’école. Même si les châtiments corporels sont heureusement bannis, l’ambiance à l’Education nationale n’est pas encore à la gordonisation généralisée. Alors que je commençais à réfléchir aux alternatives, je suis tombée sur ce livre : Montessori, Freinet, Steiner… une école différente pour mon enfant ? par Marie-Laure Viaud (docteur en sciences de l’éducation). Il dresse un panorama plus ou moins exhaustif des pédagogies alternatives, avec une description détaillée de chacune aux différents niveaux (de la maternelle au lycée). Il donne aussi une liste de tous les établissements concernés en France, avec de jolies cartes. Donc en (très) gros (je fais un résumé un peu grossier, j’espère que les gens qui s’y connaissent ne m’en voudront pas trop s’ils passent par là) :

  • Montessori
Basée sur les travaux de Maria Montessori au début du XXème siècle, cette pédagogie repose sur deux grands principes. D’une part, l’enfant passe régulièrement par des périodes sensibles pendant lesquelles il pourra apprendre très facilement. D’autre part, chaque enfant progresse à son propre rythme. Les classes Montessori regroupent donc des élèves d’âge différent et mettent à leur disposition un tas de matériel sophistiqué que l’enfant peut manipuler seul. Cette pédagogie insiste beaucoup sur l’apprentissage par le toucher. L’ambiance générale en est très studieuse et calme. Une grande importance y est accordée à la façon de se tenir, au rangement et à la propreté. Par ailleurs, les enfants y ont une grande autonomie. Toutes ces écoles sont privées hors contrat et il faut compter 4000 à 6000 euros de frais de scolarité par an.
En savoir plus : http://www.montessorienfrance.com, http://www.montessori-france.asso.fr
  • Steiner
Les écoles reposant sur les travaux de Rudolf Steiner sont également appelées écoles Waldorf (car développés pour les enfants du personnel de la fabrique de cigarettes Waldorf-Astoria). Cette pédagogie accorde une grande place à la créativité et à l’expression artistique. Il y a aussi beaucoup de chants, de rondes, et surtout une pratique très régulière de l’eurythmie, qui est une sorte de danse. On y insiste beaucoup sur le rythme des saisons, avec un lien quasiment spirituel avec la nature. Il faut savoir enfin que cette pédagogie est basée sur l’anthroposophie, qui est plus ou moins considérée comme une secte, même si bien sûr cette théorie n’est pas enseignée dans les écoles, qui ne sont pas elles-mêmes des mouvements sectaires. Ce sont des écoles privées hors contrat dont le coût varie de 1500 à 3800 euros l’année.
  • Freinet
Cette pédagogie, basée sur les travaux de Célestin Freinet, est appliquée à la fois dans des écoles entières (peu nombreuses), mais aussi dans certaines classes au sein d’écoles « classiques ». Les principes en sont :
– le travail à partir des intérêts des enfants, en menant des projets pour fonder les apprentissages sur des situations « vraies »
– l’importance accordée aux activités artistiques et d’expression libre
– la pratique de la démocratie à l’école, avec un conseil de classe/d’école mis en oeuvre par les élèves
Ces classes et écoles sont généralement publiques donc gratuites. 

 

Il y a d’autres initiatives présentées, comme la Pédagogie institutionnelle, les Calendretas, la méthode Decroly, etc. J’avoue qu’à l’instar de l’auteur je trouve la pédagogie Freinet la plus séduisante (et pas que pour les sous…), tandis que les écoles Steiner m’attirent moins. Manque de pot, en région parisienne il n’y a que deux maternelles Freinet, une à Bobigny (dans le 9-3) et l’autre à Saint-Ouen-l’Aumône (au fin fond du 95), et je me vois mal déménager juste pour ça (imaginez qu’en plus on finisse affectés à une autre école, parce qu’à mon avis ça doit se bousculer au portillon). 

 

Il est bien sûr extrêmement délicat d’estimer l’efficacité de ces méthodes, d’une part car elles ne concernent finalement qu’un petit nombre d’enfants, et d’autre part car les élèves à qui on les applique ne sont pas forcément représentatifs de la population générale (notamment dans les écoles à 6000 euros par an… ou au contraire dans certains lycées Freinet qui sont destinés aux jeunes en grande difficulté). Cependant, l’auteur présente un certain nombre d’études qui montrent globalement que :
– D’une part les élèves des écoles alternatives n’ont pas de moins bons résultats que les autres (voire en ont des meilleurs), mais qu’en parallèle ils sont beaucoup plus autonomes, avec un meilleur esprit critique et/ou artistique (selon la pédagogie).
– D’autre part, lorsque ces élèves rejoignent le système traditionnel, ils peuvent avoir quelques difficultés de transition mais s’adaptent finalement sans trop de problème.

 

La quatrième de couverture promettait de tout nous dire sur « Comment appliquer le meilleur de ces pédagogies à la maison ? », que je me réjouissais de découvrir. Plutôt décevant, en fait c’est un tableau des pratiques généralement associées au maternage (allaitement long, portage…) et des principes d’éducation non violente (à peu de choses près des sites, auteurs et livres que je connaissais déjà et dont j’ai déjà parlé sur ce blog). Non que ce ne soit pas intéressant, mais je n’ai pas appris grand chose et j’attendais des idées pédagogiques beaucoup plus concrètes (idées d’activités, de jeux, etc). Pour ça je n’aurai plus qu’à me retourner vers le grand internet mondial.

 

Il y a enfin quelques pages sur l’école à la maison, mais si l’aventure vous tente ce n’est pas ce bouquin qu’il vous faut. L’auteur mentionne quelques sites qui peuvent être utiles :
http://www.lesenfantsdabord.org/
http://laia.asso.free.fr/
http://www.cise.fr/

 

En conclusion, nous avons encore le temps, puisque le poussin n’ira normalement à l’école qu’en septembre 2010. Cependant, plutôt que de nous mettre bille en tête sur telle ou telle pédagogie, je pense que nous procèderons plutôt en enquêtant sur les écoles des environs, publiques et privées, pour trouver celle qui nous conviendra le mieux (comme le fait remarquer l’auteur, au-delà de la pédagogie théorique, il y a par exemple la personnalité de l’enseignant qui joue énormément). Il y a d’ailleurs dans le livre une liste de questions à poser pour en savoir plus, tant sur les détails très pratiques (nombre d’enfants par classe, organisation du déjeuner…) que sur les grandes questions (mode de résolution des conflits entre enfants, gestion des problèmes de comportement…). Je garderai aussi les idées de Gordon Neufeld dans un coin de ma tête.