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mercredi, septembre 2nd, 2009

duggars Je ne sais pas si vous avez vu, mais les Duggar ont annoncé qu’ils attendaient leur dix-neuvième enfant. Michelle est enceinte de trois mois environ, et apparemment elle a mis du temps à réaliser qu’elle l’était (elle faisait Weight watchers avec son mari mais ne perdait pas de poids, et la petite dernière -huit mois- était bizarre quand elle tétait). Elle est heureuse d’avoir des nausées pour la 19ème fois (enfin un peu moins car ils ont eu deux fois des jumeaux). L’aîné des enfants, 21 ans, qui a attendu le mariage pour embrasser sa femme (et je ne vous parle pas du reste…) attend lui aussi un heureux événement, qui devrait arriver quelques mois avant son oncle ou sa tante. A ce rythme-là Duggar va bientôt devenir le nom le plus courant de l’Arkansas…

L’annonce officielle :

Pour en savoir plus sur les Duggar et leurs coreligionnaires :

Les Quiverfull

Les Quiverfull, la suite

Les Quiverfull, la suite

mardi, décembre 16th, 2008

J’ai été un peu rapide sur mon article d’hier, et je vous propose donc quelques compléments sur le sujet. D’abord la grande question : ces femmes allaitent-elles (l’allaitement étant un des meilleurs contraceptifs naturels disponibles) ? Vous trouverez ici un ensemble de citations de la Bible montrant la volonté de Dieu de voir les femmes allaiter. Notez qu’on peut peut-être établir une liste similaire indiquant le contraire, mais je n’en ai pas vue. En ce qui concerne Michelle Duggar en particulier, ce n’est pas évident mais j’ai trouvé un témoin ici qui dit l’avoir vue allaiter sa petite dernière. Et sur ce forum, on indique qu’elle sèvre ses enfants à 6 mois pour relancer la machine. Bon j’arrête là ces folles spéculations, vous n’avez qu’à aller voir leur télé réalité (et découvrir que le fils aîné attend le jour du mariage pour embrasser sa fiancée, les Mollahs iraniens n’ont qu’à bien se tenir).

Quant au mouvement Quiverfull, plus on gratte et moins on le trouve sympathique. On tombe rapidement sur un fait divers macabre : Andrea Yates a fait une sévère dépression du post-partum qui l’a conduite à tuer ses cinq enfants. La page anglaise est plus détaillée et mentionne notamment qu’une psychiatre lui avait formellement déconseillé d’avoir d’autres enfants après son 4ème, au vu de ses antécédents de dépression du post-partum, argument non recevable chez les QF. Apparemment elle pensait être une trop mauvaise mère et a trouvé que ses enfants seraient mieux avec Dieu qu’avec elle.

De façon plus générale, l’hypernatalité des QF n’a pas pour seule fonction d’accepter les dons de Dieu, mais également d’imposer les vues de ses tenants en devenant majoritaire démographiquement : les enfants du « carquois » (« quiver » en anglais) sont des flèches pour combattre au nom du Seigneur. Dans cette guerre religieuse, le général en chef est Jésus, ses lieutenants sont les pères, les mères sont de simples soldats, et les enfants des flèches. Charmant.

Quant au bonheur affiché par les Duggar, il ne serait pas partagé par tout le monde : cette blogueuse, elle-même ancienne adepte des Quiverfull (et mère de onze enfants !) nous donne quelques exemples. Je vous traduis un passage :

They don’t publicize the stories of the women I know– women who have lived in, birthed in, delapidated trailers or shacks without power or running water because their husbands wanted to live “debt-free,” women who have survived on $100 per month for food for seven or eight kids and $25 per month for clothes for those kids, for years, because that’s all their patriarch husbands would allow them.  They don’t publicize the many women who have suffered rapes, beatings, and been told by their “elders” they should pray about it, be a better wife.

Ils [les patriarches QF] ne rendent pas publiques les histoires des femmes que je connais -des femmes qui ont vécu, accouché dans des caravanes ou des taudis délabrés sans électricité ni eau courante car leurs maris voulaient vivre sans dette [une autre idéologie populaire dans ce mouvement], des femmes qui ont survécu avec 100$ par mois pour nourrir sept ou huit enfants et 25$ par mois pour les habiller, pendant des années, car c’est tout ce que leurs patriarches de maris leur permettaient. Ils ne parlent pas des nombreuses femmes qui ont subi des viols, été battues, et ont reçu comme réponse de leurs « anciens » de prier et d’être une meilleure épouse.

Et dans un autre article, elle nous explique quelles peuvent être les raisons qui poussent une femme à se tourner vers une religion fondamentaliste et sexiste (car les Quiverfull ne vivent pas au fin fond de l’Afghanistan où les femmes n’ont pas vraiment le choix). Pour elle, lorsqu’une femme désire être mère et ne bénéficie d’aucun soutien, moral ou financier, c’est le seul endroit où elle sera accueillie à bras ouverts. Elle paiera cet accueil chèrement, avec son corps, son esprit et son âme, en acceptant de se soumettre aux règles humiliantes de cette communauté, mais en échange recevra l’aide nécessaire pour élever ses enfants. Pour elle le vrai problème est là : comment faire pour que les fondamentalistes ne soient pas la seule solution pour ces femmes, et pour leur éviter de payer un tel prix ?

Pendant ce temps-là, au Vatican (ici pour le texte intégral)…

Les Quiverfull

lundi, décembre 15th, 2008

Grâce à Strollerderby, une de mes fenêtres sur nos voisins d’outre-Atlantique, je découvre les Quiverfull. Il s’agit d’un mouvement protestant totalement opposé au planning familial, sous quelque forme que ce soit (y compris les méthodes naturelles). Leur nom vient du Psaume 127:3-5 qui est donc appliqué littéralement par les Quiverfull (QF pour les intimes) :

Des fils sont un patrimoine du Seigneur, le fruit du ventre maternel est une récompense. Comme des flèches dans la main d’un vaillant guerrier, ainsi sont les fils de la jeunesse.  Heureux l’homme qui en a rempli son carquois !

Vous ne voyez pas le rapport ? En anglais, « carquois » se dit « quiver », la dernière phrase se dit donc :

Happy is the man who has his quiver full of them.

D’où le nom de « quiverfull », littéralement « carquois plein ». On ne trouve pas grand chose en français sur cette sympathique mouvance (qui condamne également la procréation médicalement assistée, qui vient contrecarrer le dessein divin), mais la page wikipedia en anglais est assez bien détaillée.  Brett Singer, le bloggeur de Strollerderby, fait remarquer assez justement que si on veut vraiment prendre le passage littéralement, on ne devrait pas avoir plus d’enfants que n’en contient un carquois standard, ce qui ne devrait pas en faire beaucoup plus d’un (j’ajouterai que je n’ai jamais vu de carquois dans les magasins de puériculture, qu’ils soient classiques ou « natures », que faire ?).

La famille Quiverfull typique est largement basée sur une lecture littérale de l’Ancien testament et ouvertement anti-féministe. Madame tient le foyer sous l’autorité de Monsieur et ne peut même pas avoir quelques heures de tranquillité fait l’école à la maison (je précise que je n’ai rien contre l’instruction en famille, c’est plus le contexte général qui me fait hurler), comme l’explique une des figures du mouvement, Mary Pride, dans son livre The way home: beyond feminism, back to reality dont je n’ai pas l’impression qu’il ait été traduit en français (flûte !).

Un exemple médiatique est la famille Duggar, qui attend son 18ème enfant (ce qui n’est pas sans me rappeler cette chanson de Francis Poulenc). A noter que parmi les 17 déjà là (qui ont chacun un prénom commençant par J), il y a deux paires de jumeaux  et que la naissance du prochain sera télévisée. Le site des Duggar propose quelques conseils : par exemple si vous n’en pouvez plus d’être debout jusqu’à 1h du mat’ à vous occuper du linge, plutôt que d’en vouloir au Seigneur, parlez-en à la prof de piano de Junior qui -étant une fana de lessive- se fera une joie de venir vous aider. Si simple et pratique, non ? Où encore : virez livres, internet, télé et magazines, tous potentielles sources de perversion de nos chères têtes blondes pour les remplacer par de la musique « saine », des biographies des grands Chrétiens, et puis de bons vieux jeux familiaux.

Elisabeth, Marianne, y a quelqu’un ?

PS : plus d’infos dans ce deuxième billet.