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Le nouveau père est-il un héros ?

jeudi, mai 22nd, 2008

Je vous ai déjà parlé des nouveaux pères, ces valeureux chevaliers des temps modernes. A première vue, ça avait l’air le panard d’avoir son NP à la maison. Et c’est pas faux (comme dirait Perceval). Le problème, c’est la perception globale de ce nouveau phénomène par les Autres (comme diraient Jack, Locke et Sawyer).

Prenons une situation classique et récurrente pour une jeune mère. Allant chez des amis avec son adorable poussin, elle s’enquiert auprès de la maîtresse de maison d’accéder à sa cuisine pour préparer un repas savoureux à la chair de sa chair. La jeune mère s’affaire aux fourneaux tout en gardant un œil vigilant sur sa progéniture qui aimerait pouvoir mettre à sac tranquille le placard à épicerie (riz, farine, huile et autres éléments de base dont jamais on n’aurait cru qu’ils pourraient produire une telle catastrophe). Elle repère un endroit approprié pour faire manger le bambin (c’est-à-dire où il ne pourra ni se faire mal ni causer de dommages irréparables à base de purée de carotte) et s’installe. Suit un ballet mieux réglé que la patrouille de France à base de « aaaaaaaaaah ! une cuillérée pour Maman ! » « ppprrrrrtttt! frrrrrrrrt » et de projections de morceaux de carotte sur un rayon de 500 mètres et un angle de 360° avec un succès d’interception à 95% pour la jeune mère, qui veut limiter autant que possible l’impact de sa marmaille sur le ménage de ses hôtes. Une fois le pugilat repas terminé, la jeune mère remballe tout et nettoie (tout en gardant un œil vigilant, voir plus haut).

Commentaires des amis : au mieux aucun, au pire ils trouveront moyen de remarquer le de morceau de carotte qui a échappé à l’œil acéré de la pauvre mère, ou que Junior ne se tient pas très bien tout de même.

Maintenant, prenons la même scène et remplaçons la jeune mère (JM) par le nouveau père (NP). Déjà, la JM a préalablement briefé le NP sur la marche à suivre, car comme ça a déjà été merveilleusement décrit ici, pourquoi réfléchir si ta femme peut le faire pour toi ? Ensuite, si le NP effleure une casserole/poêle, voilà déjà sa cote auprès des hôtes (surtout féminins) qui bondit, à la façon du rythme cardiaque d’une adolescente prépubère face à Bill Kaulitz. Si l’hôtesse réalise qu’en plus c’est pour son adorable rejeton, c’est le méga-bonus façon super cagnotte du vendredi 13. Et là, il joue sur du velours. Plus Junior en met partout, plus il est insupportable, et plus son père s’approche de la canonisation immédiate pour sa patience d’ange.

Et c’est tout le temps la même chose. Une mère qui porte son enfant ? Elle est possessive et égoïste de ne pas vouloir s’en décoller, et ils resteront dans ses jupons jusqu’à leurs 70 ans. Un père qui porte son enfant ? Potentiel de drague de George Clooney. Une femme qui engueule ses enfants ? Une virago, une hystérique qui doit être en plein syndrome pré-menstruel. Une homme qui engueule ses enfants ? Le juste retour de l’autorité paternelle. Je force un peu le trait, mais je suis sûre que vous avez déjà vu ou vécu ce type de situation.

La morale de cette histoire : une mère qui s’occupe de son enfant peut espérer au mieux que tout le monde trouve ça normal. Avec un peu de chance, on lui expliquera qu’elle s’y prend mal. Un père qui en fait le dixième : c’est l’homme idéal, il est merveilleux, quelle patience. Je suis la seule à trouver ça exaspérant ?

Les parents sont-ils nuls ?

mardi, mars 25th, 2008

super nanny Si vous traînez un peu sur la blogosphère bébé/enfant, vous n’avez pas pu échapper à une récente interview d’Aldo Naouri, pédiatre médiatique, dans Elle. Si elle n’est plus en ligne, vous en trouverez une retranscription ici, ainsi qu’une autre de ses bafouilles pour le Point (avec commentaires de la blogueuse). Son but principal semble être de redonner l’autorité aux parents, ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose, même si certaines de ses méthodes feraient passer Super Nanny pour une baba cool portée sur le hasch (genre supprimer le doudou ou la tétine à deux ans précis, sans préavis ni explication, ou introduire des horaires de repas militaires après 3 mois).

Ce qui me fait halluciner, ce n’est pas tant le contenu de ses propos, mais l’arrogance de ce genre de personnage, qui à la fois accuse les parents de se laisser mener en barque par leurs enfants et en même temps les infantilise en leurs posant des tas de normes et d’interdits sur les sujets les plus personnels. On en arrive au point où il vous dit combien de fois dire « je t’aime » à votre enfant. Vous imaginez demander à votre gynéco ou à votre médecin traitant combien de fois par jour dire « je t’aime » à votre tendre moitié ? Non, évidemment, c’est un équilibre que vous avez trouvé tout seuls comme des grands. Parce que dans la vie de tous les jours, qu’il s’agisse de votre boulot, de votre couple ou de vos prochaines vacances, vous savez vous débrouiller seul, sans que tout le monde vienne y mettre son grain de sable.

Mais dès qu’il s’agit d’éducation, tout le monde s’érige en expert et se mêle de donner des conseils à gogo, sans se soucier qu’ils soient contradictoires ou surtout fort mal à propos. Les pédiatres notamment, parés de l’autorité médicale, tendent (surtout pour certains cas médiatiques) à outrepasser leur rôle : il n’est certes pas évident de définir la limite entre éducation, santé et bien-être, mais vous dire que votre enfant ne devrait plus prendre la tétine là maintenant tout de suite, devrait prendre 30 ml de lait de plus ou de moins, ou devrait le prendre à 16h et pas à 16h15, no comment. Et par-dessus le marché, on accuse les parents de démissionner devant leurs enfants et de ne plus avoir d’autorité. Croit-on vraiment qu’un parent sera plus respecté par son gosse s’il fait « comme on lui a dit » (même s’il ne voit pas très bien pourquoi ou comment) ? Les enfants ne sont pas stupides, loin de là, et sont très forts pour vous mettre devant vos propres contradictions.

Evidemment, c’est au pédiatre de vous transmettre les dernières connaissances scientifiques (comme « coucher un enfant sur le dos diminue les risques de mort subite du nourrisson », ou « donner du beurre de cacahuète à un enfant de 4 mois risque de le rendre allergique et/ou obèse »), et ces conseils sont souvent utiles et salutaires. C’est vrai qu’on se retrouve souvent parfois en panique devant ce truc bizarre qu’est le bébé, dont on a mystérieusement oublié de nous communiquer le mode d’emploi. On est alors prêt à croire la première personne qui a l’air de détenir LA solution miracle. Autant vous le dire tout de suite : c’est comme la recette magique pour maigrir sans régime et sans sport, ça n’existe pas. Et au final, c’est à vous de faire le tri dans tous ces conseils et ces idées, car c’est vous qui savez ce qui est le plus important pour vous et pour votre enfant, ce qui va marcher pour votre famille. Pour les trucs vraiment graves (genre « ne pas balancer son enfant par la fenêtre »), il y a la loi et les services sociaux.

Alors s’il vous plaît, mesdames et messieurs les donneurs de leçon, arrêtez de nous prendre pour des buses, merci, on sait très bien comment élever nos enfants, mais on finirait presque par l’oublier à force de se faire répéter à longueur de journée qu’on est incompétents.