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Dites-le aux femmes enceintes

samedi, octobre 8th, 2011


Marie-Hélène Demey a longtemps enseigné le yoga aux femmes enceintes, y compris à moi lors de ma première grossesse. Ces séances étaient tout à fait remarquables, proposant à la fois un temps de parole et d’échanges et un enchaînement de postures simples, qui ont été pour moi un remarquable traitement de beaucoup des petits maux de la grossesse. L’ouverture et la tolérance étaient également de mise, avec un grand respect pour les choix de chacune. C’est donc avec beaucoup d’intérêt que j’ai accueilli son livre, qu’elle a eu la grande gentillesse de m’offrir.

Marie-Hélène récapitule dans cet ouvrage toute la sagesse ainsi accumulée, pour mieux vivre tant la grossesse que l’accouchement, à la fois sur le plan physique et psychologique. Elle s’intéresse aussi bien aux questions très concrètes, de l’explication des examens médicaux aux positions pour dormir, qu’au cheminement psychologique pour devenir parent. Son propos est émaillé par de nombreux témoignages des femmes (et hommes!) qu’elle a accompagnées. Point positif non négligeable : j’aime beaucoup les photos d’illustration, qui évitent à la fois le mannequin taille 36 avec un faux ventre et un sourire parfait et la vraie femme enceinte en mode Véronique et Davina comme semble l’affectionner Bernadette de Gasquet (ce qui n’enlève rien à l’intérêt de ses livres…).

Je dirais que c’est un bon compagnon de grossesse, surtout pour une femme qui ne sait pas trop à quoi s’en tenir ; un chouette cadeau pour une copine enceinte pour lui donner des infos sans lui faire peur (à l’inverse par exemple je n’offrirais pas Jaccouche bientôt et j’ai peur de la douleur à une amie qui n’a pas exprimé clairement un intérêt pour une naissance sans péridurale). L’équilibre est en effet bien délicat, entre vouloir donner toutes les cartes, éviter de plaquer ses propres envies et regrets sur la situation d’une autre, bref informer sans culpabiliser, ce n’est pas une mince affaire !

C’est un livre qui aide à (re)prendre confiance en soi et en ses capacités de mère. Il permet de faire le plein de sérénité et encourage les femmes à prendre en main et à vivre pleinement ces périodes si particulières de la grossesse, de l’accouchement et des jours qui suivent. Enfin pour celles que cela intéresse, sachez que même si Marie-Hélène est à la retraite, des séances extrêmement fidèles à celles qu’elle avait développées existent toujours à Soleil d’Or (Paris XIVème), ainsi qu’à Accueil Naissance (Paris XIIIème). Je sais, je les ai testées pour ma seconde grossesse.

Je finirai sur une petite citation qui résume parfaitement l’esprit du travail proposé :

Il s’agit d’un accompagnement.

Il permet aux femmes d’accéder en confiance à leurs propres ressources, de s’approprier davantage le moment de la naissance, et d’accueillir plus consciemment l’enfant qui va naître.

La place donnée à la parole et le travail corporel régulier sont les supports d’un cheminement de chacune au milieu des autres, tant sur le plan physique que sur le plan psychique.

Bien-être, autonomie et sérénité en seront les bienfaits.

Ce billet espère participer aux Vendredis Intellos, en espérant que Mme Déjantée ne me tiendra pas trop rigueur du fait qu’il ait été publié un samedi…



L’art d’accommoder les bébés

dimanche, février 27th, 2011

Voilà un bouquin que je voulais lire depuis longtemps, alors autant vous dire que quand l’amie Ficelle me l’a passé, c’était un peu Noël (en fait c’était vraiment Noël puisque nous étions le 27 décembre). Je n’ai pas été déçue, c’est à mon avis un incontournable à mettre en toutes les mains : parents et futurs parents, grands-parents et tous les professionnels de périnatalité et de petite enfance.

L’idée ? Une psychanalyste, Geneviève Delaisi de Parseval, et une ethnologue, Suzanne Lallemand, passent au crible les manuels de puériculture depuis le début du XXème siècle jusqu’à la fin des années 1970 (avec une postface sur la période 1978-1998 dans la dernière édition), disséquant les différentes sauces auxquelles parents et bébés ont été accommodés selon les époques et les lubies personnelles des auteurs. La première montre avec beaucoup de finesse comment beaucoup des dogmes érigés par ceux qu’elles appellent les puériculteurs servent en réalité à compenser leurs propres insécurités et blessures psychologiques ; son approche change très agréablement de la psychanalyse de comptoir que de pseudo-experts nous délivrent sur tout et n’importe quoi (et surtout avouons qu’il est assez jouissif de voir décortiquées à la loupe les névroses des autres). La seconde donne du recul en convoquant les pratiques d’autres peuples, permettant de relativiser les diktats des puériculteurs et montrant comment l’intérêt de telle ou telle façon de faire s’inscrit en fait pleinement dans une vision donnée de la société, voire une idéologie.

L’écriture est agréable (voire franchement savoureuse pour certains passages), et d’un bon niveau : parfois un peu limite pour les neurones fatigués de la jeune mère mais quel plaisir de se voir traitée comme une adulte responsable et douée de raison dans un livre sur la parentalité ! Je vous livre quelques unes des idées développées qui m’ont particulièrement marquée. La première repose sur le constat que la dépendance entière du bébé du ou des adultes qui s’en occupent est sans doute effrayante pour l’enfant, mais peut également l’être fortement pour l’adulte. Cela expliquerait la tendance forte de notre société de vouloir rendre le bébé indépendant : c’est une façon pour le parent ou pour le puériculteur de refouler cette réalité angoissante. En vain bien sûr, car il ne suffit pas de faire comme si un nouveau-né était capable de réguler parfaitement ses heures de repas, de sommeil ou de câlin pour que ce soit effectivement le cas.

Une autre remarque la façon dont les auteurs de livres de puériculture décrient systématiquement les grands-mères, dont les conseils sont jugés inutiles voire nocifs. G. Delaisi et S. Lallemand notent elles que les suggestions des grands-mères ne font que reprendre celles des manuels de leur époque, et qu’il est donc un peu facile pour les auteurs de leur jeter la pierre, au lieu d’avouer leurs propres contradictions (ou celles d’avec leurs prédécesseurs). Ayons donc un peu de pitié pour nos mères et belles-mères, qui ont simplement eu le malheur de subir un lavage de cerveau différent du nôtre (et plus violent également, les citations d’avant les années 1970 étant pour la plupart particulièrement épouvantables).

Il y a également un point vraiment intéressant sur le rôle du père, totalement mis de côté jusqu’à peu. Comme le disent les auteurs

« l’index des sujets passe inexorablement de « peau » à « pertes blanches » ou de « patron » à « photographe », mais de père, point. […] A lire cette littérature, on dirait bien qu’un enfant se fait par parthénogenèse. »

A l’inverse, un tableau brossant les visions d’autres cultures indique que selon la façon dont on interprète les mêmes réalités biologiques, on accordera une place plus ou moins importante à chacun des parents. La société occidentale insiste fortement sur le rôle de la mère (au point, rappellent les auteurs, qu’on parle toujours de « couper le cordon » pour séparer l’enfant de sa mère, alors que le cordon relie le bébé au placenta, qui est un produit embryonnaire, donc issu des deux parents), pourtant

« on ne peut que constater que ce n’est pas la physiologie qui est contraignante, mais l’utilisation qui en a été faite par les différents systèmes idéologiques de représentation. »

Les auteurs proposent ainsi de rééquilibrer les rôles parentaux, y compris par le biais des relations sexuelles pendant la grossesse pour lesquelles des études de psychologie montreraient qu’elles aident le futur père à appréhender et à « participer » à la construction de l’enfant (d’un point de vue psychique bien sûr).

Enfin il est intéressant de noter l’absence globale du concept de plaisir dans ces manuels. Tout est strictement réglementé et ritualisé, chaque option obéit à des considérations rationnelles (ou présentées comme telles), bref la mère est un bon petit soldat qui remplit son devoir. Pourtant il est clair que parler du plaisir de l’allaitement pourrait être plus motivant que de détailler la composition protéique du lait maternel, tout comme réduire le change à son seul aspect peu ragoûtant en enlève la dimension de jeu et de câlin qui n’est pourtant pas négligeable. Le bain n’a pas pour but de briquer le bébé dans les moindres recoins mais plutôt de le voir barboter avec plaisir, quitte à en profiter pour lui passer un peu de savon ça et là. La bien mal nommée « propreté » (Dolto préférait le terme de « continence », plus approprié) est également obsession bien occidentale : les auteurs citent une ethnie où le problème des couches est résolu en dressant le chien à manger les excréments du bébé, jusqu’à ce que celui-ci finisse par imiter les adultes et utiliser les latrines, sans que quiconque ne se formalise du processus. Elles suggèrent d’ailleurs que la volonté de dresser l’enfant à aller au pot dès ses six mois serait finalement une façon de dresser sa mère, qui se voit bien prise par cette tâche qu’elle ne pourra de toute façon accomplir avant plusieurs mois.

Ainsi, ce livre est en fait un véritable essai féministe, examinant la condition maternelle au cours du XXème siècle et montrant point par point comment les diktats de puériculture visent autant à former les petits soldats de demain qu’à enfermer les femmes dans des rôles bien définis et pas forcément très valorisants (certains des manuels n’hésitant pas à présenter la mère comme l’auxiliaire du médecin, qu’il soit obstétricien ou pédiatre !). Les auteurs déplorent d’ailleurs que les manuels ne soient pas écrits par les équipes de chercheurs travaillant sur le développement psychomoteur de l’enfant par exemple, cela reflétant d’ailleurs le peu de cas fait des lectrices :

«  Imagine-t-on […] des livres de gastronomie écrits par des cuisiniers des cantines des hôpitaux ? »

En bref, je le répète, c’est à mon avis une lecture indispensable, à offrir et à s’offrir. Je terminerai ce billet sur une citation de J.S. Bruner, professeur de psychologie américain, trouvée dans ce livre.

« Un bébé n’est pas une horloge et aucun indicateur ne nous permet de prévoir exactement à quel moment un enfant passera d’une étape de sa vie à une autre […]. Il n’y a pas de « bébé idéal », pas de « type d’enfant de trois mois ». Laissons cela aux statisticiens. Il y a tel bébé de tel âge dans ce cadre-ci, à cette heure du jour et avec cette histoire. Que l’on ne confonde pas un « bébé des statistiques » et un vrai bébé. »

Vous en étiez sans doute déjà persuadés, mais c’est toujours bon à lire, à relire et à faire lire.

Le meilleur matelas du monde

lundi, janvier 11th, 2010

cododo_papa Aujourd’hui, à 41 SA – 1 jour, j’avoue ne pas être d’humeur à disserter longuement, aussi je me contenterai de vous signaler cette petite vidéo (malheureusement pas réussi à l’intégrer directement à la page), vue chez les Z’imparfaites. Pour ceux et celles qui sont au boulot, vous pouvez regarder sans le son.

J’avoue que ça me pose quelques questions : Qui a dit que les pères ne pouvaient pas être maternants ? Quel parent ne s’est pas un jour retrouvé dans une situation du même type ? Où trouve-t-on un lit à barreaux de taille et de résistance suffisantes pour ce genre d’exercice (clairement même en n’étant pas enceinte il n’y a pas moyen que je tente le coup dans le nôtre) ? Pourquoi y a-t-il une caméra pour filmer la scène ? Y a-t-il beaucoup d’autres familles qui filment le coucher des enfants ?  (à ces dernières questions je dois répondre que même si la scène est « montée » elle est tellement criante de réalisme que ça n’enlève rien à sa saveur…).

Sinon, comme j’espère ne pas avoir le temps de bloguer cette semaine, je vous engage à aller faire un tour chez les Parents durables qui ont préparé tout un dossier prometteur sur l’éducation respectueuse.

Photo : Flickr

Let’s talk about sex (2)

vendredi, octobre 30th, 2009

sky_difool_funNous avons vu hier comment faire un bébé (ah bon vous saviez déjà ?) et comment accommoder gros ventre et kama sutra (ou pas), continuons sur la lancée. Sans développer ici plus avant, je vous rappelle que l’accouchement en lui-même peut être une expérience orgasmique.

Troisième étape : après l’accouchement. Le post partum immédiat est probablement la période la moins propice à la bagatelle, ne serait-ce que parce qu’avoir mal quand on s’assied et/ou quand on urine fait qu’on ne laisse généralement personne s’approcher de la zone stratégique à moins de 200 mètres. Et puis sur les semaines (mois ?) qui suivent il y a le chamboulement du corps (le ventre vide qui pendouille est généralement moins bien perçu que le beau ventre rond et tendu), la fatigue, le bébé collé au sein 20h/24 (si on allaite) ou tout simplement dans les bras, les lochies, les hormones qui sont contre nous, le baby blues, pas le temps de prendre soin de soi, j’en passe et des meilleures. Le sexe peut sembler trrrrrrrrès loin sur la liste des priorités mais cela peut être un atout pour rééquilibrer et resouder le couple parental, souvent soumis à rude épreuve après la naissance ; là encore, cela ne peut être que bénéfique pour les enfants. Evidemment c’est un équilibre qui sera propre à chaque famille et à chaque situation et le sexe n’est pas non plus le seul ciment du couple.

L’allaitement est bien sûr loin d’être incompatible avec les activités sexuelles mais il n’y est pas toujours propice : éjections de lait impromptues (l’ocytocine est à la fois l’hormone du sexe et de l’éjection du lait), libido plus basse (la prolactine, qui permet la sécrétion de lait, est très mauvaise pour les envies de zigounipiloupilage) , lingerie pas toujours au top du sexy avec coussinets qui dépassent (certains modèles constituent à mon avis une méthode de contraception fiable à 100%), sans compter d’éventuelles difficulté d’ordre psychologique (concilier sein nourricier et sein érotique, pas toujours facile pour la femme comme pour l’homme)… Ceci dit la poitrine de la femme allaitante a aussi ses avantages, ne serait-ce que par sa taille. De la même façon le cododo peut rendre les choses un peu plus compliquées, mais d’une part les enfants ont généralement le sommeil lourd, et d’autre part il n’y a pas que le lit. Ces pratiques sont d’ailleurs souvent accusées par certains psys d’interférer avec la sexualité parentale et décriées pour cela ; il me semble que si un des parents (en général la mère) les utilise pour repousser les avances de l’autre cela ne fait que révéler un problème sous-jacent et n’en est pas pour autant l’origine. Les cas pathologiques ne doivent pas masquer la majorité des familles où allaitement et cododo (y compris prolongés) vont de pair avec une vie sexuelle parentale épanouie.

Le moment de reprendre finit donc par arriver (quelques semaines ? quelques mois ? ne vous mettez pas de date couperet obligatoire…) ; la pénétration peut faire peur à la femme, surtout si l’accouchement a été difficile (épisio, forceps…). Y aller à son rythme, insister sur les câlins et les préliminaires (là encore on peut se faire plaisir sans passer par le coït), si nécessaire utiliser du lubrifiant et/ou des préservatifs, sont autant de moyens de rendre les choses plus agréables. Et puis n’oubliez pas qu’aussi bien équipé que soit votre homme cela n’est pas comparable par rapport à un bébé… Il faut aussi du temps pour se réapproprier son nouveau corps, d’autant que le retour à une situation « normale » n’est généralement pas immédiat (9 mois pour le faire, 9 mois pour le défaire, dit l’adage). Des facteurs tant physiques (si le vagin était un peu « étroit » avant l’accouchement par exemple) que psychologiques (on peut se sentir plus accomplie en tant que femme par la maternité) font qu’avoir eu un bébé peut rendre l’activité sexuelle plus agréable pour la femme qu’avant, même si l’inverse est bien sûr également possible. N’oublions pas la rééducation périnéale qui aide aussi pour retrouver des sensations et se réapproprier son corps, tant physiquement que psychologiquement. Enfin rappelons que si plusieurs semaines après avoir accouché votre cicatrice d’épisio ou de déchirure vous fait toujours mal ou vous gêne, il faut en parler à votre gynéco ou à votre sage-femme, des solutions existent.

Petit détail qui a son importance : contrairement aux deux étapes précédentes, n’oubliez pas la contraception. L’allaitement peut empêcher une grossesse avec un taux d’efficacité proche des méthodes plus habituelles (98%) mais sous certaines conditions bien définies. Rappelons que si on allaite, on n’est pas obligée d‘attendre le retour de couches pour se faire poser un DIU (stérilet), même s’il faut attendre environ 6-8 semaines (le retour de couches sans allaitement en gros ; le non-allaitement restant encore beaucoup la norme dans certains esprits médicaux) que l’utérus ait repris sa taille et sa forme. Et c’est l’ovulation qui déclenche les règles (et non l’inverse), donc on peut ovuler et tomber enceinte avant le retour de couches (certaines femmes qui allaitent longtemps puis enchaînent les bébés peuvent ainsi ne pas avoir de règles du tout entre deux) : n’attendez pas celui-ci pour prendre vos précautions (à moins de souhaiter des enfants très rapprochés bien sûr).

Finalement, je dirais que nous sommes dans une société où le sexe est devenu une valeur à part entière ou presque : pour avoir une vie « réussie » il faut avoir une Rolex une activité sexuelle aussi importante et épanouissante que possible. Bien sûr il est positif que le puritanisme et les tabous sur le plaisir, la masturbation et le sexe en général soient battus en brèche mais le retour de balancier me semble un peu fort. On a le droit de ne pas considérer le sexe comme THE source de plaisir et de bonheur, on peut être un couple solide et équilibré sans faire des galipettes toute la sainte journée, bref je ne crois pas qu’on ait besoin de normes et de chiffres (quelle fréquence ? combien de temps ? combien d’orgasmes ?) dans ce domaine. Chacun a ses besoins, ses envies, qui peuvent varier avec le temps, selon les situations ; bien sûr il faut trouver un équilibre au sein du couple pour concilier les attentes des deux partenaires, donc dialoguer, dédramatiser, et ne pas hésiter à consulter (gynécologue, urologue, sexologue, psychologue…) si des difficultés (physiques et/ou psychologiques) récurrentes en font une source de tensions et de conflits trop importants.

Bonus : si vous ne connaissez pas, filez voir cette BD de Melaka sur le sujet.

(Photo : Vous ne les reconnaissez sans doute pas. Indices : Lovin Fun ; « Ce n’est pas saaaaaale, pense aux fleurs »)

Comment ne pas être une mère parfaite

lundi, octobre 12th, 2009

purves Depuis le temps que Ficelle et Béatrice m’en faisaient l’apologie, quand j’ai vu passer Comment ne pas être une mère parfaite de Libby Purves dans les livres prêtés par ma prof de yoga prénatal je me suis jetée dessus comme la vérole sur le bas-clergé*. Portant sur la période allant de la grossesse aux trois ans de l’enfant, ce livre se veut une sorte d’anti-Laurence Pernoud (sauf que l’auteure étant anglaise n’est sans doute pas familière avec feue notre Laurence nationale). Ecrit dans un style assez pétillant il se lit vite et avec plaisir (et la traduction est assez bonne, avec des références au goût du jour -au moins pour la nouvelle version 2004, l’originale datant de 1986- et généralement francisées quand nécessaire). Mère de deux enfants, l’auteure alterne entre des anecdotes personnelles et des trucs et astuces incluant des idées proposées par d’autres parents qu’elle a sondés pour l’écriture du livre. Globalement ce sont plutôt des conseils de bon sens déculpabilisants, pragmatiques et sans dogmatisme forcené : la présentation générale étant « voilà quelques propositions, piochez ce qui peut vous convenir et laissez le reste », évidemment je ne peux pas dénigrer une telle vision des choses quand c’est ce que j’essaie autant que possible de mettre en œuvre dans ces colonnes.

Je ne résiste pas au plaisir de vous mettre quelques citations décrivant certains phénomènes de façon particulièrement savoureuse :

  • Le complexe de la cousine Elisabeth : c’est chez la femme enceinte un « besoin irrépressible d’aller voir d’autres femmes enceintes et de comparer ses impressions ».
  • « Les parents se comportent tous un peu comme ces gens qui, à leur retour de week-end, déclarent qu’ils n’ont pas eu une goutte de pluie alors qu’en réalité il a plu des cordes pendant deux jours. Tout cela signifie que […] la visite d’une amie accompagnée d’un bébé un peu plus grand (ou un peu différent) peut vous faire douter de vos capacités. »
  • Pour se préparer au terrible two : « Je conseillerais à tous les parents de suivre des stages intensifs qui les prépareraient à affronter ces créatures versatiles. […] Si vous pouviez vous arranger pour devenir l’imprésario d’un groupe punk pendant quelques années, je crois que vous auriez compris l’essentiel. Tout ce qui vous permet de cotoyer des gens délirants sans perdre votre calme vous sera utile. »
  • « Les parents qui ont deux enfants ou plus ont une chose en commun : ils sont exaspérés par les plaintes et les inquiétudes de ceux qui n’en ont qu’un. C’est comparable au mépris que ressent une jeune accouchée devant l’idéalisme à tout crin d’une amie qui attend son premier bébé. »

Ceci étant dit il y a aussi des passages ou des choses que j’ai moins aimés. La plus sournoise pour un livre se voulant déculpabilisant est l’aptitude de l’auteure à parler de sa super carrière (elle est journaliste) parfaitement conciliée avec sa vie de famille comme si c’était à la portée de tout un chacun. Expliquer que descendre le Mississipi à sept mois de grossesse lui a permis de faire disparaître tous ses symptômes désagréables (jusqu’au retour…), ou comment passer en direct à la radio est excellent pour les nausées de grossesse, certes, mais ça ne me semble pas très pertinent pour la majorité des femmes. Je suis d’accord qu’il n’est pas forcément utile de passer sa grossesse à se regarder le nombril** mais on a aussi le droit d’être une grosse loque avachie sur le canapé. Personnellement j’ai trouvé sa façon de parler de l’allaitement (qu’elle défend) assez sympa et décomplexée, mais l’expérience de ce blog notamment m’a montré que s’il y avait un sujet dont la seule évocation tirait d’emblée sur la corde à culpabilité c’est bien celui-là. Je peux donc volontiers imaginer que ces passages mettent certaines lectrices mal à l’aise, même si on est loin de certains discours moralistes. Elle a parfois aussi un avis un peu à l’emporte-pièce sur certains points, comme l’accouchement à domicile (selon elle réservé aux brebis mais elle avoue ne pas être très objective sur le sujet). Quant aux trucs et astuces qu’elle donne, je n’ai pas encore eu l’occasion d’en tester (autres que ceux que je ne connaissais pas déjà…) ; c’est clair qu’il y a à prendre et à laisser mais elle le dit elle-même.

En bref, je dirais que comme le livre existe en poche, c’est un cadeau sympa à faire ou à se faire, pendant la grossesse ou après.

* Le Coq prétend que je suis la seule à utiliser cette expression un peu désuète mais je l’aime bien.

**L’autre jour une femme du yoga qui m’a expliqué avoir demandé -et obtenu- d’être arrêtée à trois mois pour « profiter de sa grossesse » : je suis la seule à halluciner un peu ? D’un autre côté n’envisageant pas de faire l’impasse sur le congé patho alors que ma grossesse n’est justement pas pathologique je passe sans doute pour une grosse flemmasse par rapport à d’autres…

Maternage, écologie et féminisme

mardi, décembre 2nd, 2008

L’article de Marianne a jeté un pavé dans la mare : et si le maternage et l’écologie étaient anti-féministes ? La question est intéressante, mais hélas tellement mal traitée qu’on ne peut pas en ressortir grand chose. Caricatural, l’article est entièrement à charge et aligne les contre-vérités et les approximations, sans nuance ni conscience de la complexité de la situation. J’ai beaucoup de respect pour Elisabeth Badinter, mais là elle est franchement à côté de la plaque. Au-delà de la méthode déplorable (dans la flopée de commentaires sur le site du magazine, une des femmes interviewées se plaint que la « journaliste » ait déformé ses propos), le problème sous-jacent à mon avis est d‘opposer a priori le bien-être de l’enfant à celui de la mère. Ou la femme se sacrifie pour sa progéniture, ou au contraire elle la sacrifie à l’autel de son égoïsme. Et selon les époques, le balancier passe de l’un à l’autre, mais c’est toujours plus ou moins l’un OU l’autre. Eh bien moi je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas optimiser les deux à la fois. Ne dit-on pas que l’enfant a besoin d’une mère épanouie pour s’épanouir ? Et à l’inverse, croit-on vraiment qu’une mère sera heureuse si ses enfants sont malheureux ?

Regardons un peu plus au Nord : les pays scandinaves sont réputés à la fois pour leur avancée en matière de droits des femmes (les Parlements les plus féminisés du monde en 1999 sont ceux de la Suède avec 42% de femmes, du Danemark, de la Finlande et de la Norvège, la France n’étant que 52ème avec 10,9 %) et des droits de l’enfant (pionniers dans les lois d’abolition de la fessée, plus de 90% d’allaitement maternel). Et en plus ils sont écolos. Si vous ajoutez à cela que les gens y seraient heureux (alors que l’hiver là-bas doit être encore plus déprimant qu’ici), que leur modèle socio-économique fait baver le reste de la planète, et qu’ils ont inventé Ikea, on finit par se dire qu’il faudrait peut-être tenter de s’en inspirer, non ? Alors certes tout n’est pas directement transposable chez nous, notamment pour l’écologie et le modèle socio-économique, mais concernant la périnatalité ? Les taux de natalité par exemple sont comparables, aux alentours de 2 enfants par femme si on en croit cette carte (même si moins élevés qu’en France qui est vice championne d’Europe). Et cette étude nous indique que la France comme les pays scandinaves est un des rares endroits d’Europe où les femmes sont à la fois très présentes dans le monde du travail et (relativement) très fécondes.

Une autre hypothèse sous-jacente qui me pose problème, c’est qu’on suppose que les clés du bonheur sont universelles. Il y a évidemment un socle commun (genre mieux vaut être riche et en bonne santé que pauvre et malade…), mais le paradis des uns peut tout à fait être l’enfer des autres. A toute mère (ou future mère) qui se pose la question de travailler ou de se consacrer à ses enfants, je suggère de lire cet article publié sur le blog des (Z)imparfaites. C’est une histoire de tripes : on le sent ou on le sent pas. Dans les deux cas, il ne faut pas se forcer. Le problème étant que même si nous vivons dans un pays où notre liberté individuelle est à peu près garantie, le choix n’est pas toujours vraiment possible. Comment retourner au travail si vous ne trouvez pas de façon satisfaisante de faire garder vos enfants ? Et comment s’y consacrer exclusivement si ça implique des fins de mois difficiles ?

Ce qui aliène les femmes, ce n’est pas d’allaiter ou de donner le biberon, ce n’est pas de rester avec leurs enfants ou de faire son trou dans un monde du travail fait par et pour les hommes.  C’est qu’on leur dise d’emblée quoi faire ou ne pas faire, qu’on les prive de faire elles-mêmes des choix mûrement réfléchis (ou du fond de leurs tripes, ça marche aussi), soit parce qu’elles n’ont pas toutes les informations, soit parce que certaines options leur sont en pratique interdites.

Et surtout, surtout : où sont les pères dans ces débats ? Voilà ce qui me gêne dans le terme de maternage : ça n’implique que la mère. Les Anglo-saxons parlent d’attachment parenting, nous devrions plutôt parler de parentage (mais c’est assez moche). OK, ce sont les femmes qui ont les utérus et les seins, mais il n’y a pas que ça ! Qu’une mère allaite n’empêche pas le père de prendre le bébé en peau à peau, de le porter, de dormir avec lui, de le laver, de lui changer ses couches (et de les laver…), de lui faire des purées, de le consoler, de le câliner et encore bien d’autres choses ! Tant qu’ils ne sont pas conflictuels, les liens d’attachement peuvent tout à fait se cumuler : un enfant peut être attaché à sa mère, à son père, à sa nounou, à ses grands-parents… Au risque de passer en mode bisounours : l’amour se multiplie, il ne se divise pas.

Les pères ont une grande responsabilité, car certains aménagements du monde du travail (temps partiel, congé parental, etc) ne deviendront vraiment acceptables et acceptés que quand ils ne seront plus que des histoires de bonnes femmes, mais quand les hommes s’y mettront aussi. Pour cela, il faut aussi que nous (les femmes) leur laissions prendre leur place, qu’on accepte qu’ils ne sont pas nos clones mais que même s’ils font les choses à leur façon, au moins ils les font !

Finalement je vois que je n’ai pas beaucoup parlé d’écologie, mais en fait je ne vois pas bien le rapport. Il est clair que beaucoup de femmes, et de couples, connaissent une vraie prise de conscience à l’arrivée de leur premier enfant, et tant mieux ! Je ne suis pas une militante acharnée, loin de là, mais travaillant pour l’Etat dans le domaine de l’environnement je peux vous confirmer que oui, l’écologie est un vrai problème, et que non, le changement climatique n’est pas un mythe (et qu’on peut encore tenter d’en limiter l’ampleur). Et à mon humble avis, une fois que le coût réel d’un certain nombre de produits sera intégré (c’est-à-dire la compensation pour les dommages causés à l’environnement tout au long du cylce de vie des produits), nous reverrons en profondeur notre façon de faire. On peut se planter la tête dans le sable et attendre de se prendre le changement de plein fouet, ou s’y préparer progressivement, en tentant de modifier en douceur quelques habitudes. Je ne dis pas ça pour vous faire la morale et vous culpabiliser (d’ailleurs moi-même je suis très loin d’être Ste Ecolo), mais parce que c’est inéluctable. Et nous faisons tous les jours l’expérience que ce n’est absolument pas incompatible avec une vie professionnelle.

Demain je vous ferai part de quelques idées pour améliorer la vie des femmes ET des enfants à la fois.

Partir un jour…

mercredi, juillet 16th, 2008

… sans retour poussin. OK j’arrête là la référence culturelle musicale aux 90s et je me mets au vrai sujet du jour : comment laisser son poussin. Là je m’adresse surtout aux pondeuses, pour qui cette étape est généralement plus difficile que pour les papas.

Pourquoi se séparer, même quelques heures, de son adorable chérubin ? Pour un certain nombre d’entre nous, il y a une réalité incontournable : Mr BigBoss n’admet pas les moins d’1 mètre dans les locaux de son entreprise. Et tout le monde a un jour ou l’autre des occupations plus ou moins compatibles avec la présence d’un mini-monstre (qui veut négocier avec son banquier pendant que Junior met consciencieusement en pièces l’ensemble des prospectus du joli présentoir ?). Il y a aussi tout simplement l’envie de respirer un peu, seule, avec ses vieilles copines nullipares (et les autres aussi !) ou en amoureux. Mais il ne faut pas non plus se laisser stresser par les oiseaux de mauvais augure : « Comment ? Alors que Junior a déjà 2 mois vous n’avez jamais pris de baby sitter ? tss tss tss, vous êtes bien trop fusionnels, cet enfant ne pourra jamais acquérir son autonomie. » Si on n’a vraiment pas envie ça ne sert à rien de se forcer (sauf peut-être après les 38 ans de Junior ?). Par contre, si on a un peu envie mais qu’en même temps on a très peur que ce soit une grosse catastrophe, là il ne faut pas hésiter à se motiver un peu. Rien ne prouve que ce sera une catastrophe. Et même si c’est le drame, ce n’est pas pour autant qu’il faudra 15 ans de thérapie au poussin pour s’en remettre.

Alors à qui le laisser ?

  • Le plus facile : le père. C’est d’autant plus aisé s’il est déjà bien impliqué dans les divers aspects pratiques liés aux soins du bébé au quotidien. Dans la famille Pondeuse, c’est comme ça que ça fonctionne, et je laisse le poussin à son père comme à un autre moi-même (sauf qu’au bout d’un moment le schtroumpf me manque un peu mais je sais qu’il est très bien avec son père).
  • Deuxième catégorie : les proches. Parents, beaux-parents, frères et soeurs, meilleurs amis… Quelques atouts qui feront la différence s’il y a plusieurs candidats : avoir un minimum d’expérience pratique avec les bébés, avoir un minimum envie de s’en occuper (pas le genre qui vous refile le poussin au premier couinement ou à la première odeur suspecte), avoir les idées suffisamment ouvertes pour faire comme vous leur demandez (et pas comme eux feraient, comme ils vous le font régulièrement savoir), vous fréquenter assez régulièrement pour être potentiellement identifiables par le poussin.
  • Troisième catégorie : du personnel rémunéré. Dit comme ça on imagine la gouvernante, la nurse anglaise et le majordome, mais en fait il s’agit d’une nounou ou d’une baby-sitter. Plus difficile de laisser son bébé à un(e) parfait(e) inconnu(e), mais au moins la personne est payée pour s’en occuper, et du coup remplit généralement mieux son office qu’un proche s’il est moyennement motivé. En général, elle peut venir quand ça VOUS arrange et pas seulement quand ça l’arrange elle (« non là ç’aurait été avec plaisir, mais tu comprends, j’ai eu un mal fou à obtenir un rendez-vous pour cette manucure »). Et si ça ne se passe pas bien, elle sera plus facile à dégager que (au hasard) belle-maman, qui ne com-prend pas pourquoâââ elle n’a pas vu ses petits-enfants aaadôôôrééééééés depuis deux jours.

Et vient l’instant douloureux de la séparation. Idéalement il faudrait préparer ce moment avec une petite adaptation. S’il s’agit de la nounou qui va garder le poussin cinq jours par semaine c’est incontournable et il faut vraiment prendre le temps d’y aller progressivement (quelques jours, variable selon l’âge de l’enfant). Si c’est votre soeur qui vient pour la soirée, on peut s’en passer. Ensuite c’est plus facile d’introduire une nouveauté à la fois, donc mieux vaut que le/la baby-sitter du jour vienne chez vous que l’inverse. Si ce n’est pas possible, c’est à mon avis mieux de le déposer soi-même (plutôt que la personne vienne le chercher). Ensuite il faut expliquer très clairement au poussin ce qui va se passer (genre je vais partir jusqu’à …, tu vas rester avec …, et ensuite je reviendrai), même s’il n’a qu’un mois et qu’il ne saisit pas tous les détails. Dans ces moments-là, un doudou, une tétine ou tout autre objet familier (votre t-shirt de la veille par exemple) peuvent rendre bien service. Evidemment, si vous avez réglé au préalable les détails pratiques, vous serez plus sereine pour partir. Si le poussin fond en larmes à votre départ, soyez forte, il y a de grandes chances pour que ce soit passé dans les cinq minutes suivant votre sortie de son champ de vision (vive le portable pour savoir s’il s’est calmé).

Et quand on allaite ? Certes ça complique un peu les choses, mais à coeur vaillant rien d’impossible (comme dirait Jacques Coeur -j’essaie de compenser la vacuité culturelle totale du début du billet). Il y a même tout un tas de solutions, en fonction de votre envie et de l’âge du poussin. On peut tirer du lait (au tire-lait, avec les coquilles recueil-lait, à la main…) pour que le/la baby-sitter le donne au poussin, soit au biberon, soit à la tasse, à la soft-cup, à la seringue ou encore à la cuillère (si la personne est trèèèèèèèèès patiente) si on a peur de la confusion sein-tétine. Si le poussin peut manger une compote/purée, on peut faire un « flan » de lait maternel en le chauffant avec un peu d’agar-agar. On peut aussi donner du lait artificiel, si ça reste occasionnel une fois que la lactation est bien établie (pour ne pas perturber votre production laitière de Prim’holstein). Si Bibou est avancé dans la diversification, il peut aussi se passer de lait pour cette fois (par contre s’il n’en a pas assez dans la journée, il risque de compenser la nuit). S’il ne s’endort qu’au sein… hum… il apprendra à faire autrement : les enfants savent très tôt faire la différence entre les personnes qui s’occupent d’eux et réalisent rapidement qu’il n’y en a qu’une seule qui donne la tétée. Essayez juste de trouver une personne trèèèèèèès patiente (et éventuellement un peu sourde pour mieux supporter les hurlements…).

Quand enfin on se retrouve… en théorie c’est l’explosion de joie et de bonheur ! En pratique, ahem. Il n’est pas rare que le poussin pleure quand je vais le chercher chez la nounou. Il y a eu une période où carrément il pleurait quand je le prenais dans mes bras et se calmait dès qu’elle le reprenait. Après une journée de travail où on a juste envie de se vautrer devant la télé avec un verre de vin, c’est vraiment une excellente façon de commencer la soirée. Et puis récemment, après notre premier week-end en amoureux, on récupère le poussin chez mes parents. Il saute immédiatement au cou du Coq, par contre hurle dès que je m’approche. Et ce toute la soirée. Grande théorie de ma mère : l’absence de la mère est tellement plus dure à supporter que celle du père qu’elle se pardonne plus difficilement. Mouais. Rassurez-moi, je ne suis pas la seule à qui ça arrive ?

Et quoi qu’il arrive, on ne laisse pas le poussin seul, que ce soit dans la voiture ou dans un tiroir (histoire véridique des parents d’une amie qui laissaient leur bébé dans un tiroir ouvert -s’en servant comme couffin- pendant qu’ils allaient faire les courses… et qu’un agent immobilier faisait visiter la maison à des clients potentiels un peu surpris…) !

Le nouveau père est-il un héros ?

jeudi, mai 22nd, 2008

Je vous ai déjà parlé des nouveaux pères, ces valeureux chevaliers des temps modernes. A première vue, ça avait l’air le panard d’avoir son NP à la maison. Et c’est pas faux (comme dirait Perceval). Le problème, c’est la perception globale de ce nouveau phénomène par les Autres (comme diraient Jack, Locke et Sawyer).

Prenons une situation classique et récurrente pour une jeune mère. Allant chez des amis avec son adorable poussin, elle s’enquiert auprès de la maîtresse de maison d’accéder à sa cuisine pour préparer un repas savoureux à la chair de sa chair. La jeune mère s’affaire aux fourneaux tout en gardant un œil vigilant sur sa progéniture qui aimerait pouvoir mettre à sac tranquille le placard à épicerie (riz, farine, huile et autres éléments de base dont jamais on n’aurait cru qu’ils pourraient produire une telle catastrophe). Elle repère un endroit approprié pour faire manger le bambin (c’est-à-dire où il ne pourra ni se faire mal ni causer de dommages irréparables à base de purée de carotte) et s’installe. Suit un ballet mieux réglé que la patrouille de France à base de « aaaaaaaaaah ! une cuillérée pour Maman ! » « ppprrrrrtttt! frrrrrrrrt » et de projections de morceaux de carotte sur un rayon de 500 mètres et un angle de 360° avec un succès d’interception à 95% pour la jeune mère, qui veut limiter autant que possible l’impact de sa marmaille sur le ménage de ses hôtes. Une fois le pugilat repas terminé, la jeune mère remballe tout et nettoie (tout en gardant un œil vigilant, voir plus haut).

Commentaires des amis : au mieux aucun, au pire ils trouveront moyen de remarquer le de morceau de carotte qui a échappé à l’œil acéré de la pauvre mère, ou que Junior ne se tient pas très bien tout de même.

Maintenant, prenons la même scène et remplaçons la jeune mère (JM) par le nouveau père (NP). Déjà, la JM a préalablement briefé le NP sur la marche à suivre, car comme ça a déjà été merveilleusement décrit ici, pourquoi réfléchir si ta femme peut le faire pour toi ? Ensuite, si le NP effleure une casserole/poêle, voilà déjà sa cote auprès des hôtes (surtout féminins) qui bondit, à la façon du rythme cardiaque d’une adolescente prépubère face à Bill Kaulitz. Si l’hôtesse réalise qu’en plus c’est pour son adorable rejeton, c’est le méga-bonus façon super cagnotte du vendredi 13. Et là, il joue sur du velours. Plus Junior en met partout, plus il est insupportable, et plus son père s’approche de la canonisation immédiate pour sa patience d’ange.

Et c’est tout le temps la même chose. Une mère qui porte son enfant ? Elle est possessive et égoïste de ne pas vouloir s’en décoller, et ils resteront dans ses jupons jusqu’à leurs 70 ans. Un père qui porte son enfant ? Potentiel de drague de George Clooney. Une femme qui engueule ses enfants ? Une virago, une hystérique qui doit être en plein syndrome pré-menstruel. Une homme qui engueule ses enfants ? Le juste retour de l’autorité paternelle. Je force un peu le trait, mais je suis sûre que vous avez déjà vu ou vécu ce type de situation.

La morale de cette histoire : une mère qui s’occupe de son enfant peut espérer au mieux que tout le monde trouve ça normal. Avec un peu de chance, on lui expliquera qu’elle s’y prend mal. Un père qui en fait le dixième : c’est l’homme idéal, il est merveilleux, quelle patience. Je suis la seule à trouver ça exaspérant ?

Give me a sign

mercredi, mars 12th, 2008

(attention une référence culturelle musicale de haute volée s’est cachée dans le titre)

signe 

Je crois que je ne vais pas tester pour vous : signer avec bébé. Mais reprenons depuis le début. Au cas où vous ne l’auriez pas encore remarqué, j’aime bien zoner sur le net et chercher toutes les nouvelles idées pour me dépatouiller avec mon poussin. Donc fatalement, j’ai fini par tomber sur cette idée : avant que l’enfant n’acquière le langage parlé, on peut lui apprendre des rudiments de langue des signes pour qu’il puisse communiquer plus facilement. Génial, me dis-je : enfin je vais savoir s’il veut encore de la purée, ou plutôt aller changer sa couche. Pour une fois en prime je convaincs le coq de participer à ma dernière lubie. Donc nous allons sur un joli site internet apprendre quelques signes de base (j’adore « papa ») et commençons à assortir nos phrases de gestes façon De Funès dans Rabbi Jacob. Jusqu’ici, tout va bien.

J’en parle avec enthousiasme à ma mère, elle trouve ça naze. Je relativise (entre autres parce qu’elle m’avait aussi dit que je pouvais rentrer de la maternité en voiture avec le poussin dans les bras si le coq ne conduisait pas trop vite). Mais le doute s’est insinué. Deux jours plus tard, je me rends dans un éminent laboratoire de psychologie de l’enfant afin de leur prêter le poussin comme cobaye. Oui, je suis comme ça moi, prête à tout pour la science. En plus on n’a rien eu en échange, même pas un café pour moi. Bref, je profite de ce que je suis avec des pros pour leur demander leur avis.

Eh bien, comme l’avait laissé entendre ma mère, leur opinion est formelle : ça ne servirait à rien. Gloups. La science est formelle : les enfants savent très bien faire comprendre leurs besoins basiques à leurs parents. Effectivement, j’ai réalisé qu’avec 90% de succès environ, le coq et moi savons s’il faut nourrir, changer (l’odeur… quoi que avec les lavables on sent beaucoup moins) ou coucher notre poussin. Et puis la période entre premiers signes et premiers mots serait assez courte, quelques mois au plus.

Du coup, naïfs et influençables comme on est, on a laissé tomber. Je laisse quand même les liens sur le sujet (voir la petite boîte « sites utiles » sur le côté), si il y en a que ça tente. Et je serais très intéressée par les témoignages de ceux/celles avec des enfants plus grands : vous avez essayé ? ou vous pensez que ça aurait pu vous servir ? Les commentaires sont ouverts.

(photo : http://www.forbaby.com.au/modules/babynews/article.php?id=4)

Le bébétube

mardi, mars 11th, 2008

bbtube Aujourd’hui, la poule pondeuse a testé pour vous : le bébétube. Kesaco ? Il s’agit -comme son nom l’indique- d’un large tube en tissu, avec des extrémités resserrées (pour mieux maintenir le petit monstre). A quoi ça sert ? A fourrer dedans son poussin pour pouvoir vaquer tranquillement à ses occupations. On peut porter devant « en berceau », sur la hanche ou dans le dos.

Avantages :

  • Super simple et rapide à installer et à désinstaller ; même le Coq qui n’aime pas l’écharpe (trop compliqué) a admis que c’était pratique. Et pas de tissu qui traîne (celles qui ont pris une écharpe de 4m70 alors qu’elles font 1m65 comprendront). On peut aussi passer très rapidement et facilement de la hanche au dos (et vice versa), ce qui est assez appréciable (par exemple si poussin perd son bonnet).
  • Très peu encombrant. Et comme il n’y a qu’une seule couche de tissu, c’est léger pour l’été.
  • Le poussin est en position physiologique, bien assis sur ses cuisses (sauf pour la position du berceau mais c’est un peu particulier).
  • Il paraît que c’est pratique pour allaiter discrètement en toute circonstance ; je ne peux pas vous dire car le poussin est au bib depuis un bail maintenant.
  • C’est plutôt confortable, le poids est réparti entre les épaules et le bassin. A noter que le portage sur le dos n’est pas incompatible avec une poitrine généreuse (je sais de quoi je parle).
  • On peut l’utiliser de 0 à 3 ans (pour le porté bien sûr).

Inconvénients :

  • C’est taillé en fonction du porteur, du coup ça n’est pas évident d’avoir le même pour les deux parents par exemple.
  • Il n’est pas toujours évident de l’ajuster parfaitement (comme l’écharpe par exemple) et le tissu rabattu sur l’épaule peut être un peu gênant pour bouger le bras. Plus de pratique doit aider cependant.
  • Le portage est asymétrique (sur une seule épaule), à la longue c’est un peu usant.

Verdict : parfait pour des utilisations pas trop longues, du style « je sors de la voiture avec 5 paquets + 1 poussin et il faut encore que je marche 5 minutes jusqu’à chez moi », ou encore « mon poussin veut les bras et je voudrais finir de couper les légumes/préparer mon cocktail du soir ». Un peu moins confortable pour une grande balade de trois heures à mon humble avis.

Je l’ai acheté chez Bébésouleil (c’est là que j’ai piqué la photo); il est très joli et pas très cher (25€ port compris). Il y a deux tailles (en fonction du gabarit du porteur), et je ne savais pas trop laquelle prendre pour que ça aille au Coq et à moi. Du coup Alisabel (la patronne-et-unique-employée, qui est super gentille) a proposé de faire une taille 1 1/2, ce qui fait qu’on peut l’utiliser tous les deux. Nous l’avons reçu une semaine plus tard (et sur mesure donc !) avec un mode d’emploi détaillé très clair. Pour être tout à fait honnête, je pense que malgré tout il nous en faudrait un chacun à une taille différente pour être vraiment confortable. On verra à terme si le besoin s’en fait sentir. En attendant je ne peux plus m’en passer !