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Entre leurs mains

dimanche, décembre 15th, 2013

 J’ai eu la chance d’être invitée à l’avant-première du film Entre leurs mains, un documentaire sur l’accouchement à domicile. J’y allais un peu nez au vent, n’ayant pas trop suivi le projet, et j’ai eu une très bonne surprise. Après quelques minutes, j’ai été happée et je n’ai plus vu le temps passer. D’habitude je n’aime pas trop les documentaires militants (même quand ils militent pour des causes que je soutiens), qui ont une fâcheuse tendance à en faire des tartines aux dépens de l’honnêteté intellectuelle la plus basique. Ce n’est pas le cas d’Entre leurs mains, qui fait un excellent travail, tout en sobriété et en finesse. J’ai aussi beaucoup apprécié l’équilibre délicat entre l’émotion et les arguments rationnels (ainsi que l’absence des chants mayas chers à mon amie 10 lunes). Très simplement, le film suit quatre sages-femmes qui ont fait ce choix d’accompagner des femmes et des couples dans leurs projets de naissance physiologique et respectée, à la maison ou en plateau technique. Il aborde aussi bien les raisons qui poussent les femmes dans ce choix, les questions que suscite cette approche de la naissance (tant du côté parents que du côté sage-femme), que les obstacles qui s’empilent contre elle.

Quelques mots d’abord sur l’accouchement à domicile (AAD) et l’inévitable question de la sécurité. On parle là d’une pratique extrêmement définie et cadrée, et pas comme on l’entend souvent d’un retour en arrière ou d’accoucher « comme les Africaines » (qui comme chacun sait forment un grand tout homogène). En réalité, il s’agit plutôt d’accoucher comme les Allemandes, les Suissesses, les Néerlandaises, les Anglaises… Les femmes qui font ce choix sont soigneusement sélectionnées en amont grâce au suivi prénatal : sont exclus les jumeaux (ou plus !), les bébés en siège, les prématurés et toutes les pathologies. Elles doivent également pouvoir être transférées facilement vers une maternité en cas de complication. La présence continue auprès de la femme de la sage-femme, avec les compétences et le matériel appropriés, permet une détection précoce des problèmes pouvant survenir en cours de travail. L’Association nationale des sages-femmes libérales récapitule tout cela dans sa charte de l’AAD.  Par ailleurs, la revue Cochrane sur le sujet, publiée en 2012, conclut qu’en l’état des connaissances… on ne peut pas conclure. Globalement il faut être vigilant sur les études sur le sujet qui mélangent souvent plusieurs types de naissances à domicile : non planifiées, avec une variété d’accompagnement (aux USA notamment il y a plusieurs « sortes » de sages-femmes, aux compétences différentes)…

Personnellement, ce que j’ai vu en filigrane tout le long du film et dans le débat qui a suivi, c’est le féminisme, même si le mot n’a jamais été prononcé. Des femmes qui se battent pour faire respecter leurs choix et leur corps, ça vous dit quelque chose ? Des femmes qui se battent pour offrir cette liberté, cette autonomie à d’autres femmes (les sages-femmes sont majoritairement des femmes même s’il y a aussi des hommes) ? Se battre est bien le mot, puisque tout est fait pour décourager ces pratiques. Au delà de l’opprobre qui pèse tant sur les femmes (forcément folles inconscientes) que sur les sages-femmes (des sorcières, voire des gourous sectaires), et qui use même les meilleures volontés, il y a la résistance active du reste du système de santé : les maternités qui refusent les inscriptions des femmes ayant un projet d’AAD (alors que c’est justement la condition de la sécurité), les femmes en transfert mal accueillies, les plateaux techniques qui restent fermés aux sages-femmes libérales (sauf de très rares exceptions)… et surtout l’assurance, obligatoire pour tout professionnel de santé, qui monte à 20 000 € par an pour pratiquer l’AAD, ce qui est totalement inenvisageable dans les conditions actuelles de leur rémunération (une sage-femme qui va se rendre disponible 24h/24 7j/7 pour accompagner une femme qui accouche, aussi longtemps que nécessaire, touchera 313,60 € de la Sécu, incluant le suivi des suites de couches). Ainsi ces sages-femmes travaillent à la limite de la légalité, risquant de fortes amendes, de la prison et la radiation de l’Ordre des sages-femmes (soit l’interdiction d’exercer leur passion et surtout leur gagne-pain).

Clarifions également un autre malentendu : personne dans le film (ou dans les défenseurs de l’accouchement physiologique que je connais d’ailleurs) ne milite pour interdire la péridurale ou pour imposer une nouvelle façon de faire aux femmes. Il ne s’agit surtout pas de faire de l’accouchement une nouvelle épreuve de bonnematernitude. L’objectif est d’une part que les femmes bénéficient d’informations leur permettant un choix éclairé, et d’autre part que ce choix ne soit pas purement virtuel. A mon sens, le problème relève de plusieurs difficultés :

  • les réticences de certains professionnels de santé à remettre en cause leurs pratiques, en dépit des preuves scientifiques de leur inutilité voire de leur nocivité (ainsi le monitoring continu entraîne plus d’interventions sans diminuer la mortalité infantile par rapport au monitoring intermittent, ainsi l’utilisation du Syntocinon augmente le risque d’hémorragie de la délivrance, etc), le tout mâtiné d’un certain paternalisme
  • un système de santé qui pense faire des économies sur le dos des femmes en remplaçant les sages-femmes par des machines-qui-font-PING (poke les Monty Python -à voir ABSOLUMENT)
  • l’inflation du risque médico-légal qui se retourne contre les patientes, les médecins et sages-femmes étant généralement poursuivis pour n’être pas intervenus plutôt que pour l’avoir fait inutilement

Le film en outre ne veut absolument pas opposer l’AAD à la naissance à l’hôpital, mais demande leur coexistence, ainsi qu’une meilleure prise en compte de la physiologie dans les maternités. Au delà des quelques inévitables sombres connards, il y a dans les hôpitaux une large majorité de gens qui font du mieux qu’ils peuvent avec les contraintes qu’ils subissent (de moyens, mais aussi de formation insuffisante sur l’accouchement physiologique -point bien abordé dans le film).

En tant que femme, en tant que féministe, je pense que ce film doit être aussi largement diffusé que possible. Il est intéressant de noter qu’il n’a pu voir le jour que grâce au soutien financier des particuliers, parmi lesquels une large majorité de femmes, si j’en crois le générique de fin. Il faut que les femmes et les filles (et aussi les hommes) sachent qu’une naissance peut être un évènement puissant et paisible, très loin des représentations hystériques qu’on en donne habituellement. Il faut mettre parmi les revendications féministes de premier plan : « une femme qui accouche, une sage-femme » (j’en avais déjà parlé il y a un moment, et c’est apparemment le cas au Royaume-Uni, d’après une des sages-femmes du film). Il n’est pas acceptable que 85% des femmes qui subissent une épisiotomie ne soient pas consultées (voire même pas informées). En France on est à 800 000 naissances par an : même en enlevant les naissances multiples et celles qui ont la « chance » d’accoucher deux fois dans l’année, ça fait quand même un paquet de femmes concernées.

Pour voir le film : il sera diffusé (en version courte) pendant les vacances sur Public Sénat (qui fait partie des financeurs, ayant identifié la dimension politique du sujet). Les dates sont disponibles ici (je comprendrai que ce ne soit pas votre priorité le 24 décembre à 22h30…). J’étais bien entourée pendant la projection, et mes camarades sages-femmes ont eu la souris plus vive que la mienne pour donner leur avis :

Annonce de service

dimanche, mars 11th, 2012

 Suite à l’idée lancée dans mon compte-rendu de la journée des mères actives, je vous propose donc d’aller voir Olivia Moore le jeudi 22 mars prochain (2012). J’avais initialement proposé le 15 mais devant le peu de réponses et suite à ma procrastination il me semble plus prudent de viser le 22. C’est au Paname Art Café (14 rue de la Fontaine au Roi – Paris 11 – Métro République) à partir de 20h30 et on peut dîner ensemble ensuite. Comme le dit Olivia, le spectacle « est comme le mariage : gratuit pour y entrer mais payant pour en sortir » (la participation est libre).

Faites-moi signe en commentaire ou par mail (lapoulepondeuse @ gmail.com) si vous voulez rester dîner que je réserve une table de la taille adéquate.

J’avais aussi parlé de Je suis top : l’association Maman travaille propose des places à tarif réduit pour les prochains lundi de mars. S’il y en a qui sont tenté-e-s, faites signes aussi !

Je suis désolée d’être peu présente sur le blog ces temps-ci ; en attendant vous pouvez (re)découvrir certains billets sur mes bouquins préférés dans les Vendredis Intellos, la chouette initiative de Mme Déjantée, illustrée par la non moins chouette Mère Courage.

Et je suis très honorée de faire partie du jury avec @zigazou pour gagner deux exemplaires du très bon livre d’Olympe Pourquoi les femmes gagnent-elles moins que les hommes ? ; ça se passe sur son blog et vous avez jusqu’au WE prochain pour jouer.

Enfin j’en profite pour vous signaler au passage trois bouquins récemment publiés par des blogueuses talentueuses ; il y en a un peu pour tous les goûts.

  • 30 jours pour se débarrasser de ses complexes, par Caroline Desages alias Pensées de ronde. Un cahier léger et sympa qui nous propose des pistes pour affronter nos difficultés au quotidien sans prise de tête.
  • Le journal de moi… enceinte, par Muriel Ighmouracène alias Mère Bordel. Un des rares opus sur le sujet qui s’intéresse au ressenti réel d’une femme enceinte, sans éviter ou minimiser certains sujets souvent balayés sous le tapis (fausse couche, problèmes conjugaux…) ; particulièrement pertinent pour un premier bébé je trouve. Ségolène en a très bien parlé ici (mais son concours est clos).
  • Beauté fatale, par Mona Chollet, qui écrit sur Périphéries (et aussi dans le Monde diplomatique). Un ouvrage passionnant et salutaire qui décortique la façon dont les canons et injonctions de beauté de notre société affectent les femmes. Pas d’excuse pour ne pas le lire, le texte intégral est en libre accès sur le site de l’éditeur !

Je précise que les deux premiers m’ont été gracieusement offerts par leurs auteurs ; j’en profite pour les remercier ici. Et promis bientôt un article plus consistant.

Pourquoi les femmes gagnent-elles moins que les hommes ?

lundi, octobre 10th, 2011

Quand j’ai commencé à bloguer, le féminisme était quelque chose d’un peu flou pour moi. Ma vision se résumait plus ou moins à la fameuse phrase de Françoise Giroud :

L’égalité entre les hommes et les femmes sera atteinte quand on nommera des femmes incompétentes à des postes importants.

Et puis j’ai découvert Olympe. Elle m’a permis de mettre des mots sur des choses que j’avais du mal à conceptualiser. Elle m’a ouvert les yeux, voire parfois un peu bousculée sur certaines choses. De proche en proche j’ai découvert d’autres femmes qui défendent une autre vision de la société : Sandrine Goldschmidt, Valérie, Mademoiselle S., Isabelle Germain, Gaëlle-Marie Zimmerman alias la Peste, Maïa Mazaurette, et j’en oublie. La diversité des points de vue, des modes d’expression, des sujets, m’a énormément enrichie. Je suis admirative de leur courage car leurs billets ne manquent pas d’attirer une foule de trolls en tous genres qui doivent être bien fatigants à gérer. Cela a donné aussi une nouvelle couleur à mes billets, avec certains plus engagés. Je ne sais pas si ce blog peut être défini comme féministe, et finalement peu importent les étiquettes, mais a minima je le considère comme féministophile.

Tout ça pour dire que quand Olympe m’a proposé de m’envoyer* son livre, j’ai sauté sur l’occasion. A peine déballé, je me le suis enfilé d’une traite ; la fluidité de l’écriture n’est pas au détriment de la richesse et de la rigueur de la démonstration. Les études, les observations, la dissection des mécanismes, tout s’enchaîne de façon parfaitement convaincante. Certes, je ne suis pas très objective, étant déjà convaincue avant même d’avoir ouvert le livre.

Pour reprendre rapidement le propos de l’ouvrage : dès la naissance (voire in utero grâce à l’échographie), nous conditionnons plus ou moins inconsciemment les enfants en fonction de leur sexe, en les façonnant à l’image que nous nous faisons du féminin et du masculin. Biologiquement, hors leurs organes reproducteurs, ils sont pourtant bien plus semblables qu’on ne voudrait le croire. Ainsi, les filles puis les femmes s’orientent préférentiellement vers certains métiers, se sentent responsables de la tenue de l’intérieur ainsi que de l’éducation des enfants et n’osent pas faire autant valoir leurs compétences et leurs réalisations au travail que les hommes. Les différences de comportement qu’on observe entre hommes et femmes sont donc bien plus le fruit d’un conditionnement social que d’un implacable déterminisme biologique. On voit bien que pour changer cela il faudra aller bien plus loin que des lois mal appliquées instaurant un quota de femmes dans certaines instances ou demandant qu’à compétences égales le salaire soit égal.

Personnellement cela me pose souvent des questions au quotidien. Je travaille dans le public (sans être fonctionnaire, ce qui n’est pas de la tarte, mais ce n’est pas le sujet du jour) donc le salaire n’est généralement pas négocié mais calculé sur la base de l’expérience passée à l’aide de grilles : pour un poste équivalent, si des collègues hommes gagnent plus que moi c’est généralement parce qu’ils sont un peu plus âgés. Je constate par contre que tant notre comité de direction que notre conseil scientifique ne comptent qu’une très faible proportion de femmes (et pas aux postes les plus importants). Il m’arrive également d’organiser des colloques, et si on veut espérer une certaine parité dans les intervenants c’est beaucoup plus de travail : les chercheurs les plus en vue sont majoritairement des hommes, idem dans les administrations et les entreprises. Si on n’y prend pas garde, on se retrouve avec un large biais en faveur des hommes (et hélas cela m’est arrivé plus d’une fois). Je ne parle même pas des autres composantes de la « diversité » qui sont à peu près entièrement absentes.

Dans le contexte familial c’est également délicat. J’ai un époux très XXIème siècle, avec qui nous nous sommes réparti les tâches en fonction de nos compétences et affinités respectives (qui sont un certes un peu cliché mais mieux vaut pour tout le monde que je fasse le dîner et qu’il fixe les étagères). Nous avons deux fils : d’un côté cela m’évite de me demander en permanence si je ne traite pas différemment les enfants en fonction de leur sexe, de l’autre cela donne une forte prédominance des voitures, trains, chevaliers et autres dans le stock de jouets familial. Mais la fréquentation de l’école a rapidement donné à Pouss1 (4 ans) des idées très arrêtées sur ce qui est pour les filles et ce qui est pour les garçons. Je trouve qu’il n’est pas évident de trouver l’équilibre entre lutter contre ces clichés et faire de l’enfant un vecteur des convictions parentales à ses dépens. Par exemple je pourrais insister pour que Pouss1 se déguise en princesse pour Mardi Gras mais cela risque d’une part de ne pas du tout lui plaire et d’autre part de lui attirer les railleries des autres enfants. Et même s’il m’en faisait lui-même la demande, devrais-je plutôt l’encourager à assumer sa différence ou le protéger des moqueries des autres ?

Enfin, en étant à peine caricaturale, si moi je travaille avec des hommes, mes enfants sont gardés par des femmes. Evidemment c’est déjà un tel casse-tête de trouver un bon mode de garde et une bonne école à proximité, s’il faut en plus ajouter des critères de parité on ne s’en sort pas. Mais au moins lorsque nous cherchons quelqu’un pour garder les enfants ponctuellement nous ne négligeons pas les garçons et nous avons régulièrement comme baby sitter le fils des voisins (qui a appris à changer une couche à cette occasion) et mes petits frères. Je trouve que d’une part c’est une chance pour les poussins d’être confrontés à des personnalités plus variées et d’autre part je me dis qu’un jour une femme nous remerciera d’avoir un mec pas trop empoté avec les bébés. Et enfin il me semble que c’est la meilleure campagne pour la contraception des ados…

Tout ça pour dire que j’espère que le livre d’Olympe** va supplanter Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus parce qu’il serait temps d’en finir avec ces vieux stéréotypes auto-entretenus. Et si je peux ajouter ma modeste pierre à l’édifice : Mesdames, je vous en conjure, ne dites JAMAIS « J’ai de la chance, mon homme m’aide beaucoup » ou « Ce soir c’est le papa qui fait du baby-sitting ». Les enfants et la maison sont votre responsabilité à tous les deux ; ensuite chaque famille trouve ses propres arrangements pour partager les tâches concrètement mais ce n’est pas à la base le problème de la femme à qui l’homme peut éventuellement faire la grâce d’un coup de main. Et ça ne vous viendrait pas à l’idée de dire que vous faites du baby sitting quand vous vous occupez de vos enfants, c’est donc pareil pour leur père.

 

*Oui parce que si je refuse systématiquement les partenariats commerciaux, c’est par contre avec plaisir que je lis et relaie les livres des ami-e-s (Marjo si tu me lis je ne t’oublie pas !).

**Dans la vraie vie Olympe s’appelle Brigitte Laloupe (ce détail peut vous être utile si vous voulez vous procurer cet excellent opus) mais je n’arrive absolument pas à remplacer Olympe par Brigitte. Et ça tombe plutôt bien.

I love ma cellulite

jeudi, février 10th, 2011

Renoir Guerre au gras, guerre aux femmes

Malgré des progrès indéniables ces dernières années, la cause féministe a encore du chemin devant elle. Tout le monde a entendu parler des inégalités salariales, des femmes qui assument 80% des tâches ménagères ou de l’articulation difficile entre vie professionnelle et maternité, pour ne citer que quelques thèmes majeurs. Mais il en est un dont on ne parle pas souvent, et qui est pourtant insidieusement répandu dans les sociétés occidentales : c’est la guerre au gras. Attention, je ne parle pas ici de la lutte contre le surpoids et l’obésité, en tant que problèmes d’ordre médical, mais de l’obsession de la graisse chez des personnes de corpulence moyenne (présentant un indice de masse corporelle normal, pour simplifier). Cette obsession n’a non seulement aucune justification médicale, mais elle est fondamentalement injuste pour les femmes. Eh oui, les femmes sont naturellement plus grasses que les hommes, tout simplement car leurs corps ont été façonnés par l’évolution pour porter les enfants et les allaiter, activités hautement énergétiques s’il en est. Or le tissu adipeux est la façon la plus efficace de stocker de l’énergie (et paradoxalement la plus légère). Wikipedia nous apprend ainsi que chez la femme, la graisse représente 20 à 25% de la masse totale tandis que chez l’homme cette proportion varie de 15 à 20%.

Le gras nous devient particulièrement hideux lorsqu’il prend la forme de cellulite, qu’on retrouve chez près de 90% des femmes contre seulement 2% des hommes. Cette dernière phrase devrait déjà vous faire tiquer : on érige en anormalité à combattre et éradiquer par tous les moyens quelque chose qui touche près de 90% des femmes. On met en avant alimentation et exercice dans les facteurs favorisant la cellulite, mais vous n’allez pas me faire croire que 90% des femmes sont des feignasses qui se gavent de MacDo toute la journée tandis que 98% des hommes ont une hygiène de vie exemplaire. Effectivement, les chiffres sont sans appel : le surpoids touche 32% des femmes et 46% des hommes, tandis que la maigreur affecte 5% des femmes et 2% des hommes. Non, les vrais facteurs de cellulite sont la génétique et les hormones féminines. La cellulite est aussi associée au corps féminin que les seins : certaines en ont beaucoup, d’autres presque pas, mais la grande majorité en a.

Décider que la cellulite est une tare à corriger est en réalité une nouvelle façon de contrôler et de mutiler le corps des femmes. C’est exactement le même raisonnement qui a poussé certains Chinois à bander les pieds jugés trop grands ou les Padaung à étirer les cous jugés trop courts, pour ne citer que quelques pratiques emblématiques. Bien sûr, chez nous l’approche est plus subtile mais la pression est tout aussi efficace. Cherchez « cellulite » sur Google, et vous ne trouverez que des pages pour vous aider à vous en débarrasser. Même un bon tiers de la page Wikipedia y est consacré. En outre, la confusion graisse – cellulite – surpoids – obésité et l’idée reçue selon laquelle les problèmes de poids sont une simple affaire de volonté véhiculent le message suivant : la graisse est un signe de paresse et de laisser-aller.

Évidemment il y en a que ça arrange. Les enjeux financiers sont colossaux : coupe-faim, sachets protéinés, pilules et tisanes drainantes, crèmes amincissantes anti peau d’orange, soins esthétiques variés, liposuccions et j’en passe bénéficient d’un immense marché, à savoir 90% de la moitié de la population. Leur efficacité est pourtant loin d’être avérée et ils ne sont pas tous sans risque. Et les femmes, pendant ce temps, dépensent une énergie et des sommes considérables et mettent leur santé en péril pour tenter de régler un problème qui n’en est pas un (la cellulite en soi n’est absolument pas pathologique), et qu’elles ne pourront pour la plupart pas régler durablement, puisqu’elles ne risquent pas de se débarrasser de leurs gènes ni de leurs hormones.

Alors refusons ce diktat, cette guerre au corps féminin qui se cache derrière l’obsession du gras et de la cellulite. Cessons de vouloir réparer un corps qui n’est pas cassé, sortons du harem de la taille 38. Prendre soin de son corps, ce n’est pas l’affamer et le couper de ses sensations de régulation naturelle. C’est manger à sa faim et avec plaisir une alimentation variée. Ce n’est pas s’astreindre à transpirer sans envie en maximisant la dépense calorique, c’est avoir la joie de faire fonctionner un peu son corps en se vidant la tête, que ce soit par le sport, une bonne balade, danser jusqu’au bout de la nuit ou que sais-je. Ce n’est pas torturer ses chairs pour tenter de les déloger, c’est profiter d’un massage agréable. Et ce n’est pas à votre corps de s’adapter aux vêtements, c’est aux vêtements de le mettre en valeur.

Faisons la paix avec nos corps. N’ayons plus honte de nos capitons, de nos petits bourrelets. C’est difficile, et je sais de quoi je parle (étant fort bien pourvue à ce niveau-là). Nous avons été façonnées depuis notre plus jeune âge à les trouver répugnants, et la société actuelle ne fait rien pour changer cela, entre stars photoshoppées et matraquage publicitaire permanent de lutte anti-gras. Mais le changement devra d’abord passer par nous. Laissons notre gras tranquille. Cessons de nous juger les unes les autres, surtout à l’aune de nos capitons. Revendiquons le droit, la fierté même d’avoir de la graisse et de la cellulite. Et surtout faisons passer le message. Que chacune puisse au moins se poser la question de pourquoi son gras lui est si insupportable. Si vous avez un blog, si vous participez à un forum, n’hésitez pas à en parler, en utilisant cet article (que vous pouvez copier coller, en partie ou intégralement, à condition d’en indiquer la source) ou avec vos propres mots. J’aimerais bien qu’en cherchant « cellulite » avec Google on puisse trouver au moins quelques pages qui ne demandent pas de s’en débarrasser au plus vite. Vous m’aidez ?

Image : Après bain, de Pierre-Auguste Renoir

R.E.S.P.E.C.T.

jeudi, décembre 30th, 2010
Aretha Franklin

Aretha Franklin

Pour 2009, je vous faisais des vœux, que je renouvelle bien sûr cette année : qu’elle vous soit aussi douce et légère qu’un pyjama de bébé. En 2010, j’ai pris une résolution, à laquelle j’ai essayé de me tenir tant bien que mal. Pour 2011, je prends à nouveau une résolution. Je veux qu’on me respecte, en tant que femme et en tant que mère. Le manque de respect pour les femmes, y compris en tant que mères est tellement implicite dans notre société que ce n’est que depuis peu que j’en prends vraiment conscience. Il y a internet et les blogs bien sûr, avec Olympe, Emelire, A dire d’elles, la Fée myrtille et bien d’autres qui me pardonneront j’espère mon manque d’exhaustivité. Il y a aussi mes lectures papier, comme L’amour en plus d’Elisabeth Badinter (que j’ai trouvé bien plus intéressant que son dernier opus). Récemment, trois lectures ont contribué à la montée de mon ras-le-bol :

  • Le chœur des femmes, de Martin Winckler. Si vous ne connaissez pas encore le bonhomme, courez voir son site qui regorge d’infos médicales utiles et à jour sur la contraception notamment. Quant au roman, il met en scène (entre autres) un médecin (dont on devine facilement qu’il est une sorte d’alter ego littéraire de l’auteur) qui se bat pour que ses confrères donnent aux patientes le respect et l’écoute qui leur sont dues. On y apprend notamment que les femmes pourraient très bien être examinées en position « à l’anglaise » (allongées sur le côté) plutôt que dans la position gynécologique classique (poétiquement baptisée « poulet de Bresse » par certains), ce qui serait plus confortable, tant physiquement que psychologiquement. Y sont aussi reprises les préconisations de l’auteur pour rendre la pose d’un DIU moins douloureuse, qui ne semblent malheureusement pas beaucoup suivies en France. Et à part ça le livre se lit tout seul, même s’il y a quelques passages un peu téléphonés (oh l’interne sûre d’elle qui ne rêve que de chirurgie et pas d’histoires de bonnes femmes est devenue encore plus humaine et engagée que le gentil médecin : pas possiiiiible !). Pour en savoir plus voir par exemple la critique de Telerama.
  • Le site d’un gynécologue, sur lequel je suis tombée par hasard. Voilà un médecin qui est sans doute animé par les meilleures intentions, et doit sincèrement penser avoir le bien-être et la santé des femmes comme priorités. Mais quel paternalisme transpire de ses écrits ! Une rubrique est intitulée « Côté mamans : maladies et petits bobos » : à qui s’adresse-t-on ? A des femmes majeures en pleine possession de leurs moyens intellectuels ou à des enfants de cinq ans ? Je n’attends pas d’un médecin qu’il me parle de mes « petits bobos » ou m’enjoigne de « prendre mes petits cachets roroses et bleubleus pour faire dodo et être en pleine foforme » mais qu’il me parle d’adulte à adulte. Cette condescendance s’étend d’ailleurs aux sages-femmes (comme le faisait remarquer Chantal Birman dans Au monde, la façon dont sont reconnues les sages-femmes est assez symptomatique du traitement réservé aux femmes), et après que je l’ai interpellé sur Twitter, un étudiant sage-femme répondant à l’étrange pseudonyme de Gromitflash a vivement réagi sur son blog (notre échange de tweets incluait aussi 10 lunes qui a vu aussi rouge que son avatar). Par ailleurs le site présente un certain nombre d’erreurs, ou au moins d’opinions personnelles de l’auteur présentées comme des vérités générales, au mépris des études et recommandations officielles. Je n’ai pas le courage de tout détailler, mais il y a des exemples particulièrement flagrants dans les pages sur l’épisiotomie (a-t-il seulement lu les recommandations de ses pairs du CNGOF ?), sur l’allaitement (« plus une société est évoluée, moins l’allaitement maternel est prisé » : les pays scandinaves seraient-ils restés à l’âge de pierre ?) ou encore sur l‘accouchement (avec la position « libre » qui est une légère variante de la position gynécologique : sait-il qu’on peut accoucher sur le côté, à quatre pattes, accroupie et j’en passe ?). Bien sûr l’exercice médical n’est pas plus la simple mise en œuvre de directives que la maîtrise d’une langue étrangère ne se résume à la connaissance de son dictionnaire. Mais n’est-ce pas un manque de respect flagrant pour ses patientes (pour ne pas parler d’incompétence) que de s’asseoir allégrement sur les dernières études et avancées ?
  • L’art d’accommoder les bébés, de Geneviève Delaisi de Parseval et Suzanne Lallemand. Je suis en train de le lire et j’ai bien l’intention d’y consacrer un billet, tellement il me plaît. Je ne vais donc pas détailler, mais les auteurs analysent avec beaucoup de finesse et de mordant le traitement réservé aux mères depuis plus d’un siècle. Un livre à mettre entres toutes les mains !

Alors voilà mon plan d’attaque. Plutôt que de me lamenter sur ce que je voudrais que les autres fassent, autant prendre les choses (et ma petite personne) en main.

  • Changer le vocabulaire. C’est peut-être symbolique, mais je ne veux plus qu’on m’appelle maman (à part mes poussins bien sûr). Quand j’appelle l’école, la crèche ou toute autre chose pour les enfants, je me présente par mon nom et en tant que mère de Pouss1/Pouss2. On est entre adultes que je sache. Tant pis pour Google (et désolée pour mes consœurs), mais ici ce n’est pas un « blog de maman ». Et j’encourage toutes celles qui veulent être prises au sérieux à abandonner « bidou » et « gygy » pendant qu’on y est.
  • Ne plus me laisser faire. Si j’avais seulement eu l’aplomb pour répondre à l’anesthésiste qui m’appelait « ma belle », ou à la pédiatre qui menaçait Pouss1 d’une fessée s’il n’arrêtait pas de pleurer… Et à défaut d’avoir le courage de dire à ma gynécologue qu’elle examine avec la délicatesse d’un panzer, j’irai voir quelqu’un d’autre (oui j’ai l’inclination pour le conflit d’une serpillère, il faut que je me soigne).
  • J’adore me délasser les neurones en lisant la presse féminine, mais je n’achèterai plus de magazine avec les mots « maman » (cf premier point), « régime », « maigrir », « minceur » et « horoscope » sur la couverture (sauf s’il y a un article sur ce blog à l’intérieur, je n’ai pas pris pour résolution de renoncer à ma mégalomanie). Pour ceux que le point sur les régimes laisse perplexes (et pour les autres aussi) je ne peux que recommander ces articles de Mona Chollet : « Culte du corps », ou haine du corps ? et Sortir du « harem de la taille 38 ». D’ailleurs à moins d’une raison médicale, comme en 2010, je ne ferai pas de régime (à moins qu’une diète composée exclusivement de Côte d’or ne soit reconnue sous cette appellation). Oui, j’ai du gras et de la cellulite qui ne rentrent que rarement dans un 38, et alors ? Et j’invite tout le monde (si ce n’est déjà fait) à aller voir le site du Groupe de réflexion sur l’obésité et le surpoids (GROS). Pour l’horoscope je crois que ça se passe de commentaire.

Et vous ?

Photo : En voilà une qui sait demander qu’on la respecte et qui ne fait même pas du 38.

Au monde

dimanche, avril 11th, 2010

aumonde Sur les conseils de Ficelle, j’ai acheté (pas cher, il existe en poche) et lu Au monde, ce qu’accoucher veut dire de Chantal Birman. L’auteur est sage-femme depuis les années 70 et nous parle de sa pratique, de son cheminement et des implications de ce qu’elle a vécu et observé pour la société en général et pour les femmes en particuliers. A vrai dire, je le rebaptiserais bien Ce qu’être sage-femme veut dire, car ce livre est extrêmement instructif sur ce métier, souvent mal connu. Sa réflexion sur la place des sages-femmes au sein du corps médical, avec une perspective historique remontant au Moyen Age, et sur ce que cela implique pour les femmes et leur statut dans la société est passionnante. Quand on lit que pour un chef de service particulièrement gratiné la sage-femme est « ce truc en rose avec un seul neurone », c’est assez révélateur de la considération sociale pour une profession aussi complexe, essentielle et à haute responsabilité qui a simplement la particularité d’être à une écrasante majorité féminine. Si on ajoute que les sages-femmes ont pour mission de s’occuper des femmes et des bébés, cela en dit long sur la place et le statut que la société accorde à ces derniers. Il est particulièrement intéressant (et choquant !) de constater que si les sages-femmes ont en pratique de lourdes responsabilités médicales, y compris devant les tribunaux, elles n’ont pas ni la reconnaissance ni l’autonomie qui devrait aller avec. Ainsi, ce sont les sages-femmes qui pratiquent les interruptions médicales de grossesse (IMG) mais elles n’ont pas le droit de les prescrire. L’actualité récente a d’ailleurs montré un nouvel exemple : il était question de donner la compétence aux sages-femmes pour prescrire et poser la contraception des femmes à tout moment (et plus seulement pour la seule période du post partum), et cela a finalement été refusé par l’Assemblée nationale.

Chantal Birman est une féministe militante et pointe le doigt sur un certain nombre de difficultés et d’injustices faites aux femmes. Son combat pour le maintien du droit à l’IVG prend tout son sens lorsqu’elle raconte ses toutes premières gardes à l’époque où l’avortement était un crime pouvant conduire à la peine capitale, et où il était obtenu en provoquant une infection de l’utérus, qui s’avérait régulièrement fatale. Il est aussi intéressant d’apprendre que de nombreuses femmes, ambigües par rapport à leur grossesse, avortent parce que le père refuse l’enfant ; et c’est finalement la femme qui en porte la culpabilité. Une large part du livre est aussi consacrée à la maltraitance des femmes, que ce soit par les coups, les brimades, le viol ou encore l’inceste, et aux répercussions que cela entraîne sur leur maternité.

Le livre s’intéresse aussi à l’évolution des pratiques obstétricales : par exemple tout en expliquant comme la péridurale est indispensable et a apporté une réponse à certains accouchements difficiles, Chantal Birman déplore sa généralisation comme palliatif au manque de sages-femmes, qui peuvent ainsi surveiller toujours plus d’accouchements simultanément, au détriment de l’accompagnement humain pourtant irremplaçable. Pour elle, les femmes ont de moins en moins le choix d’accoucher sans péridurale ; et cette médicalisation accrue couplée à une pénurie de personnel médical n’est pas positive pour leur sécurité.

La liste des réflexions et constats de ce livre qui se lit tout seul est longue et je ne me vois pas en reproduire ici l’exhaustivité mais j’ai trouvé cette lecture passionnante et très enrichissante. Et je ne parle pas des nombreux récits de naissance et d’accompagnement des femmes enceintes qui l’émaillent. Ce n’est clairement pas un guide grossesse/naissance, mais plutôt l’occasion de réfléchir aux tenants et aux aboutissants de la maternité pour les femmes : on peut le lire enceinte, pas enceinte, mère, pas mère, père, pas père et en tout cas ça change du discours lénifiant et infantilisant souvent dispensé aux femmes enceintes. On n’est pas obligé d’être d’accord avec tout (je ne suis pas très à l’aise avec l’idée développée que les « petits » maux de la grossesse et des règles soient un prix que les femmes décident inconsciemment de payer pour avoir le droit d’être mères) pour apprécier les analyses proposées et s’intéresser aux problèmes soulevés. Et franchement ça relève un peu le niveau après les débats récents sur les petits pots ou les couches lavables…

Les Quiverfull, la suite

mardi, décembre 16th, 2008

J’ai été un peu rapide sur mon article d’hier, et je vous propose donc quelques compléments sur le sujet. D’abord la grande question : ces femmes allaitent-elles (l’allaitement étant un des meilleurs contraceptifs naturels disponibles) ? Vous trouverez ici un ensemble de citations de la Bible montrant la volonté de Dieu de voir les femmes allaiter. Notez qu’on peut peut-être établir une liste similaire indiquant le contraire, mais je n’en ai pas vue. En ce qui concerne Michelle Duggar en particulier, ce n’est pas évident mais j’ai trouvé un témoin ici qui dit l’avoir vue allaiter sa petite dernière. Et sur ce forum, on indique qu’elle sèvre ses enfants à 6 mois pour relancer la machine. Bon j’arrête là ces folles spéculations, vous n’avez qu’à aller voir leur télé réalité (et découvrir que le fils aîné attend le jour du mariage pour embrasser sa fiancée, les Mollahs iraniens n’ont qu’à bien se tenir).

Quant au mouvement Quiverfull, plus on gratte et moins on le trouve sympathique. On tombe rapidement sur un fait divers macabre : Andrea Yates a fait une sévère dépression du post-partum qui l’a conduite à tuer ses cinq enfants. La page anglaise est plus détaillée et mentionne notamment qu’une psychiatre lui avait formellement déconseillé d’avoir d’autres enfants après son 4ème, au vu de ses antécédents de dépression du post-partum, argument non recevable chez les QF. Apparemment elle pensait être une trop mauvaise mère et a trouvé que ses enfants seraient mieux avec Dieu qu’avec elle.

De façon plus générale, l’hypernatalité des QF n’a pas pour seule fonction d’accepter les dons de Dieu, mais également d’imposer les vues de ses tenants en devenant majoritaire démographiquement : les enfants du « carquois » (« quiver » en anglais) sont des flèches pour combattre au nom du Seigneur. Dans cette guerre religieuse, le général en chef est Jésus, ses lieutenants sont les pères, les mères sont de simples soldats, et les enfants des flèches. Charmant.

Quant au bonheur affiché par les Duggar, il ne serait pas partagé par tout le monde : cette blogueuse, elle-même ancienne adepte des Quiverfull (et mère de onze enfants !) nous donne quelques exemples. Je vous traduis un passage :

They don’t publicize the stories of the women I know– women who have lived in, birthed in, delapidated trailers or shacks without power or running water because their husbands wanted to live “debt-free,” women who have survived on $100 per month for food for seven or eight kids and $25 per month for clothes for those kids, for years, because that’s all their patriarch husbands would allow them.  They don’t publicize the many women who have suffered rapes, beatings, and been told by their “elders” they should pray about it, be a better wife.

Ils [les patriarches QF] ne rendent pas publiques les histoires des femmes que je connais -des femmes qui ont vécu, accouché dans des caravanes ou des taudis délabrés sans électricité ni eau courante car leurs maris voulaient vivre sans dette [une autre idéologie populaire dans ce mouvement], des femmes qui ont survécu avec 100$ par mois pour nourrir sept ou huit enfants et 25$ par mois pour les habiller, pendant des années, car c’est tout ce que leurs patriarches de maris leur permettaient. Ils ne parlent pas des nombreuses femmes qui ont subi des viols, été battues, et ont reçu comme réponse de leurs « anciens » de prier et d’être une meilleure épouse.

Et dans un autre article, elle nous explique quelles peuvent être les raisons qui poussent une femme à se tourner vers une religion fondamentaliste et sexiste (car les Quiverfull ne vivent pas au fin fond de l’Afghanistan où les femmes n’ont pas vraiment le choix). Pour elle, lorsqu’une femme désire être mère et ne bénéficie d’aucun soutien, moral ou financier, c’est le seul endroit où elle sera accueillie à bras ouverts. Elle paiera cet accueil chèrement, avec son corps, son esprit et son âme, en acceptant de se soumettre aux règles humiliantes de cette communauté, mais en échange recevra l’aide nécessaire pour élever ses enfants. Pour elle le vrai problème est là : comment faire pour que les fondamentalistes ne soient pas la seule solution pour ces femmes, et pour leur éviter de payer un tel prix ?

Pendant ce temps-là, au Vatican (ici pour le texte intégral)…

Les Quiverfull

lundi, décembre 15th, 2008

Grâce à Strollerderby, une de mes fenêtres sur nos voisins d’outre-Atlantique, je découvre les Quiverfull. Il s’agit d’un mouvement protestant totalement opposé au planning familial, sous quelque forme que ce soit (y compris les méthodes naturelles). Leur nom vient du Psaume 127:3-5 qui est donc appliqué littéralement par les Quiverfull (QF pour les intimes) :

Des fils sont un patrimoine du Seigneur, le fruit du ventre maternel est une récompense. Comme des flèches dans la main d’un vaillant guerrier, ainsi sont les fils de la jeunesse.  Heureux l’homme qui en a rempli son carquois !

Vous ne voyez pas le rapport ? En anglais, « carquois » se dit « quiver », la dernière phrase se dit donc :

Happy is the man who has his quiver full of them.

D’où le nom de « quiverfull », littéralement « carquois plein ». On ne trouve pas grand chose en français sur cette sympathique mouvance (qui condamne également la procréation médicalement assistée, qui vient contrecarrer le dessein divin), mais la page wikipedia en anglais est assez bien détaillée.  Brett Singer, le bloggeur de Strollerderby, fait remarquer assez justement que si on veut vraiment prendre le passage littéralement, on ne devrait pas avoir plus d’enfants que n’en contient un carquois standard, ce qui ne devrait pas en faire beaucoup plus d’un (j’ajouterai que je n’ai jamais vu de carquois dans les magasins de puériculture, qu’ils soient classiques ou « natures », que faire ?).

La famille Quiverfull typique est largement basée sur une lecture littérale de l’Ancien testament et ouvertement anti-féministe. Madame tient le foyer sous l’autorité de Monsieur et ne peut même pas avoir quelques heures de tranquillité fait l’école à la maison (je précise que je n’ai rien contre l’instruction en famille, c’est plus le contexte général qui me fait hurler), comme l’explique une des figures du mouvement, Mary Pride, dans son livre The way home: beyond feminism, back to reality dont je n’ai pas l’impression qu’il ait été traduit en français (flûte !).

Un exemple médiatique est la famille Duggar, qui attend son 18ème enfant (ce qui n’est pas sans me rappeler cette chanson de Francis Poulenc). A noter que parmi les 17 déjà là (qui ont chacun un prénom commençant par J), il y a deux paires de jumeaux  et que la naissance du prochain sera télévisée. Le site des Duggar propose quelques conseils : par exemple si vous n’en pouvez plus d’être debout jusqu’à 1h du mat’ à vous occuper du linge, plutôt que d’en vouloir au Seigneur, parlez-en à la prof de piano de Junior qui -étant une fana de lessive- se fera une joie de venir vous aider. Si simple et pratique, non ? Où encore : virez livres, internet, télé et magazines, tous potentielles sources de perversion de nos chères têtes blondes pour les remplacer par de la musique « saine », des biographies des grands Chrétiens, et puis de bons vieux jeux familiaux.

Elisabeth, Marianne, y a quelqu’un ?

PS : plus d’infos dans ce deuxième billet.

La Poule pondeuse présidente

mercredi, décembre 3rd, 2008

Comme promis hier, au lieu de râler et de critiquer (mes occupations favorites), je fais dans le constructif et liste ici quelques propositions (votez pour moi !). Alors plutôt que de vouloir dépister des comportements agressifs chez des gosses de trois ans, ou encore d’emprisonner des gamins de douze, il me semble qu’on y gagnerait plus en aidant les parents à assumer pleinement leur rôle en amont. J’ai quelques idées :

  • Pour commencer, le congé maternité pour un premier enfant est ridiculement court. Le mettre en crèche à dix semaines ? Quel est l’intérêt ? A part lui permettre de collectionner bronchiolites et gastros, qui à cet âge tendre se finissent plus facilement par une (coûteuse et stressante) hospitalisation ? Et pousser une mère désireuse d’allaiter à sevrer précocément, pile quand l’allaitement commence à bien rouler ? Je ne dis pas qu’il est indigne de faire garder son enfant à cet âge-là, mais plutôt que ce n’est pas quelque chose qui devrait être encouragé par l’Etat. Et qu’on ne me parle pas de la possibilité de reporter une partie du congé prénatal en post-natal : il y a certainement des femmes qui le font, et tant mieux pour elles, mais si je fais un rapide sondage parmi mes connaissances j’ai déjà du mal à en trouver qui n’ont pas demandé à être arrêtées avant la date officielle. Soyons honnêtes : si -comme l’Etat français- on préconise un allaitement exclusif jusqu’à 6 mois, il faut en donner les moyens aux femmes et les dispositions actuelles ne l’encouragent pas vraiment (oui, on peut travailler à plein temps et allaiter exclusivement mais ça n’est pas facile). Je pense qu’il faudrait quelque chose de plus incitatif que l’allocation du congé parental pour encourager les femmes qui le désirent à allaiter jusque là : pourquoi pas une extension du congé maternité post-natal (pour toutes, on voit mal l’Etat faire la police entre qui allaite ou pas, en mixte, ou que sais-je) ? L’Europe penche déjà dans ce sens avec un congé total minimum de 18 semaines au lieu des 16 actuelles.
  • Comme en Scandinavie et au Québec, un congé parental (vraiment rémunéré) la première année à partager entre le père et la mère semble une excellente idée. J’aime bien l’idée des deux travaillant à temps partiel et gardent l’enfant à tour de rôle. Il est important de conserver une certaine flexibilité pour s’adapter aux besoins des uns et des autres. Ceci dit ça ne marchera que si les pères jouent le jeu. Dans le même esprit, favoriser le télé-travail, les horaires flexibles, et tout ce qui permet à chacun d’optimiser son temps. Travailler en gardant ses enfants peut être une piste pour certains postes (personnellement je n’y arrive pas vraiment, à part quelques répétitions musicales faites avec le poussin dans le dos). Et grâce au blog d’Olympe, j’ai découvert cette brochure pour promouvoir la parentalité auprès des salariés masculins, à mettre dans les mains de toutes les DRH. Elle appelle notamment à la fin du « présentéisme » : actuellement pour être jugé efficace un salarié doit généralement faire des horaire à rallonge, ce qui est difficilement compatible avec la parentalité. Il y a également un sondage sur la question sur le site de l‘ORSE (Observatoire sur la responsabilité sociétale des entreprises).
  • Il faut un vrai choix dans les modes de garde. On peut ergoter sans fin entre crèche et nounou, c’est aussi souvent quelque chose qu’on sent plus qu’on ne le raisonne. Mais laisser son enfant à une personne ou une structure en qui on n’a pas vraiment confiance, c’est délétère. Si on trouve déjà qeulque chose… Je pense qu’il est crucial de développer tous les modes de garde là où il y a pénurie, et de renforcer la formation et la qualification des personnes qui y travaillent. Par ailleurs, les crèches d’entreprise, les crèches parentales, les haltes-garderies, les crèches familiales et j’en passe sont des idées à creuser et à développer, pour que chaque pot trouve son couvercle.

Notez que je ne suis pas la première à m’intéresser à ces questions : je vous recommande un tour chez Maman travaille (et ses propositions) et chez Mamamiiia pour la version québecoise.

Pour ceux à qui ces mesures semblent exorbitantes, je rappelle que la femme française a en moyenne deux enfants dans toute sa vie (je vous fais grâce des virgules). Sur 40 ans (et sûrement plus) de vie professionnelle, si on prend en compte la partie qui serait strictement assumée par la femme (mettons 2 mois en prénatal et 6 mois en postnatal en comptant large), ça nous fait… 16 mois ! Même pas un an et demi. Si le reste est assumé équitablement entre papa et maman, on voit bien qu’il n’y a pas vraiment de raison de pénaliser les femmes par des salaires en moyenne inférieurs, si ce n’est d’avoir été dotées par la nature d’un utérus et d’une paire de seins. Et je ne trouve pas de source pour l’étayer, mais il me semble bien que les banques françaises (pourtant pas vraiment connues pour leur philanthropie) offrent 45 à 90 jours de congé supplémentaires aux jeunes mères. Je ne crois pas que ce soit la raison de leurs déboires actuels…

Quant aux parents qui souhaitent prendre une pause plus longue pour se consacrer à leur(s) enfant(s), je ne les oublie pas :

  • Quel revenu ? ça me semble une question complexe (pour combien de temps, combien d’enfants, selon les revenus du conjoint, etc), mais je suis sûre qu’il y a matière à amélioration de l’existant. La question de la pérennité des couples dans ce cadre n’est pas à glisser sous le tapis, ceci dit rappelons que le contrat de mariage par défaut en France (la communauté réduite aux acquêts) a justement pour but de protéger le conjoint qui a sacrifié sa carrière pour les enfants en lui attribuant tout simplement la moitié des revenus et propriétés de l’autre.
  • Quelle formation ? Après plusieurs années hors du marché du travail, il est clair qu’un accompagnement pour s’y réinsérer pourrait être crucial. Pourquoi pas également un bilan de compétences ?
  • Quel droit à la retraite ? On n’y pense pas toujours et ça n’est pas très glamour, mais ça n’est quand même pas négligeable. Si on reste 3, 5, 10 ans sans cotiser, ça peut porter sérieusement à conséquences. Je ne connais pas bien la législation en la matière et ne veux pas dire de bêtise, mais ça me semble un problème à étudier.
  • Comment rompre l’isolement des jeunes parents ? Pas évident, mais voici quelques pistes. On pourrait déjà améliorer l’accueil des parents avec leurs enfants, dans des lieux prévus pour (type maisons vertes), mais aussi en général dans la société et dans les lieux publics. Par exemple, prévoir un petit coin avec quelques jouets dans les commerces, cafés, administrations, etc, ne coûte pas grand chose et peut rendre bien service (il y a ça dans la pharmacie en bas de chez moi et le poussin n’en décolle pas). La socialisation des tout petits, ce n’est pas d’en jeter 30 du même âge ensemble et de vérifier régulièrement qu’il n’y a pas de mort (ça serait plutôt Sa Majesté des mouches), mais c’est surtout de leur permettre d’interagir avec des plus grands, des plus petits, avec des adultes, des jeunes, des vieux. Bref, avec la société. N’oublions pas que le modèle « traditionnel » implique une vie sociale riche, la famille nucléaire étant largement incluse dans ce que Françoise Dolto appelle la famille « tribale », où il y a toujours une grand-mère, cousine, tante ou voisine à proximité pour prendre le relai auprès des jeunes parents (oui à l’époque il s’agissait surtout de femmes). La difficulté à mettre en place ce type de soutien dans notre société, conjuguée à une pression croissante sur les parents pour que leurs enfants soient parfaits, peut avoir des conséquences douloureuses pour les mères (et pères ?) au foyer. Heureusement internet et ses nombreux forums offrent une forme de tribu, mais ce n’est pas l’ordinateur qui va promener pendant une heure votre nouveau-né hurlant dans l’appartement.
Évidemment ces idées ne seraient pas applicables partout et ne conviendraient pas à tout le monde, mais je pense que ça contribuerait globalement à une société plus juste (Bisounours, lâche-moi !). Je n’ai pas non plus parlé des parents séparés, des familles mono-parentales, homo-parentales et j’en passe, parce que je connais mal ces sujets. Et vous, qu’en pensez-vous ?

Maternage, écologie et féminisme

mardi, décembre 2nd, 2008

L’article de Marianne a jeté un pavé dans la mare : et si le maternage et l’écologie étaient anti-féministes ? La question est intéressante, mais hélas tellement mal traitée qu’on ne peut pas en ressortir grand chose. Caricatural, l’article est entièrement à charge et aligne les contre-vérités et les approximations, sans nuance ni conscience de la complexité de la situation. J’ai beaucoup de respect pour Elisabeth Badinter, mais là elle est franchement à côté de la plaque. Au-delà de la méthode déplorable (dans la flopée de commentaires sur le site du magazine, une des femmes interviewées se plaint que la « journaliste » ait déformé ses propos), le problème sous-jacent à mon avis est d‘opposer a priori le bien-être de l’enfant à celui de la mère. Ou la femme se sacrifie pour sa progéniture, ou au contraire elle la sacrifie à l’autel de son égoïsme. Et selon les époques, le balancier passe de l’un à l’autre, mais c’est toujours plus ou moins l’un OU l’autre. Eh bien moi je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas optimiser les deux à la fois. Ne dit-on pas que l’enfant a besoin d’une mère épanouie pour s’épanouir ? Et à l’inverse, croit-on vraiment qu’une mère sera heureuse si ses enfants sont malheureux ?

Regardons un peu plus au Nord : les pays scandinaves sont réputés à la fois pour leur avancée en matière de droits des femmes (les Parlements les plus féminisés du monde en 1999 sont ceux de la Suède avec 42% de femmes, du Danemark, de la Finlande et de la Norvège, la France n’étant que 52ème avec 10,9 %) et des droits de l’enfant (pionniers dans les lois d’abolition de la fessée, plus de 90% d’allaitement maternel). Et en plus ils sont écolos. Si vous ajoutez à cela que les gens y seraient heureux (alors que l’hiver là-bas doit être encore plus déprimant qu’ici), que leur modèle socio-économique fait baver le reste de la planète, et qu’ils ont inventé Ikea, on finit par se dire qu’il faudrait peut-être tenter de s’en inspirer, non ? Alors certes tout n’est pas directement transposable chez nous, notamment pour l’écologie et le modèle socio-économique, mais concernant la périnatalité ? Les taux de natalité par exemple sont comparables, aux alentours de 2 enfants par femme si on en croit cette carte (même si moins élevés qu’en France qui est vice championne d’Europe). Et cette étude nous indique que la France comme les pays scandinaves est un des rares endroits d’Europe où les femmes sont à la fois très présentes dans le monde du travail et (relativement) très fécondes.

Une autre hypothèse sous-jacente qui me pose problème, c’est qu’on suppose que les clés du bonheur sont universelles. Il y a évidemment un socle commun (genre mieux vaut être riche et en bonne santé que pauvre et malade…), mais le paradis des uns peut tout à fait être l’enfer des autres. A toute mère (ou future mère) qui se pose la question de travailler ou de se consacrer à ses enfants, je suggère de lire cet article publié sur le blog des (Z)imparfaites. C’est une histoire de tripes : on le sent ou on le sent pas. Dans les deux cas, il ne faut pas se forcer. Le problème étant que même si nous vivons dans un pays où notre liberté individuelle est à peu près garantie, le choix n’est pas toujours vraiment possible. Comment retourner au travail si vous ne trouvez pas de façon satisfaisante de faire garder vos enfants ? Et comment s’y consacrer exclusivement si ça implique des fins de mois difficiles ?

Ce qui aliène les femmes, ce n’est pas d’allaiter ou de donner le biberon, ce n’est pas de rester avec leurs enfants ou de faire son trou dans un monde du travail fait par et pour les hommes.  C’est qu’on leur dise d’emblée quoi faire ou ne pas faire, qu’on les prive de faire elles-mêmes des choix mûrement réfléchis (ou du fond de leurs tripes, ça marche aussi), soit parce qu’elles n’ont pas toutes les informations, soit parce que certaines options leur sont en pratique interdites.

Et surtout, surtout : où sont les pères dans ces débats ? Voilà ce qui me gêne dans le terme de maternage : ça n’implique que la mère. Les Anglo-saxons parlent d’attachment parenting, nous devrions plutôt parler de parentage (mais c’est assez moche). OK, ce sont les femmes qui ont les utérus et les seins, mais il n’y a pas que ça ! Qu’une mère allaite n’empêche pas le père de prendre le bébé en peau à peau, de le porter, de dormir avec lui, de le laver, de lui changer ses couches (et de les laver…), de lui faire des purées, de le consoler, de le câliner et encore bien d’autres choses ! Tant qu’ils ne sont pas conflictuels, les liens d’attachement peuvent tout à fait se cumuler : un enfant peut être attaché à sa mère, à son père, à sa nounou, à ses grands-parents… Au risque de passer en mode bisounours : l’amour se multiplie, il ne se divise pas.

Les pères ont une grande responsabilité, car certains aménagements du monde du travail (temps partiel, congé parental, etc) ne deviendront vraiment acceptables et acceptés que quand ils ne seront plus que des histoires de bonnes femmes, mais quand les hommes s’y mettront aussi. Pour cela, il faut aussi que nous (les femmes) leur laissions prendre leur place, qu’on accepte qu’ils ne sont pas nos clones mais que même s’ils font les choses à leur façon, au moins ils les font !

Finalement je vois que je n’ai pas beaucoup parlé d’écologie, mais en fait je ne vois pas bien le rapport. Il est clair que beaucoup de femmes, et de couples, connaissent une vraie prise de conscience à l’arrivée de leur premier enfant, et tant mieux ! Je ne suis pas une militante acharnée, loin de là, mais travaillant pour l’Etat dans le domaine de l’environnement je peux vous confirmer que oui, l’écologie est un vrai problème, et que non, le changement climatique n’est pas un mythe (et qu’on peut encore tenter d’en limiter l’ampleur). Et à mon humble avis, une fois que le coût réel d’un certain nombre de produits sera intégré (c’est-à-dire la compensation pour les dommages causés à l’environnement tout au long du cylce de vie des produits), nous reverrons en profondeur notre façon de faire. On peut se planter la tête dans le sable et attendre de se prendre le changement de plein fouet, ou s’y préparer progressivement, en tentant de modifier en douceur quelques habitudes. Je ne dis pas ça pour vous faire la morale et vous culpabiliser (d’ailleurs moi-même je suis très loin d’être Ste Ecolo), mais parce que c’est inéluctable. Et nous faisons tous les jours l’expérience que ce n’est absolument pas incompatible avec une vie professionnelle.

Demain je vous ferai part de quelques idées pour améliorer la vie des femmes ET des enfants à la fois.