Pour rester dans l’esprit des vacances, voici quelques idées et trucs pour voyager avec un (ou plusieurs) poussin. On va surtout parler ici des moyens de transport, plus que de séjours loin de chez soi. Grosso modo, les familles occidentales ont à leur disposition trois modes de transport pour les grandes transhumances de l’été : voiture, train et avion. Voyons rapidement les avantages et inconvénients de chacun, si vous avez l’occasion de choisir :
- D’abord la voiture. Les + : Aucune pression des voisins sur le niveau sonore. Plein de place pour trimballer l’indispensable fourbi. Plus la famille est nombreuse, plus c’est économique. Chacun a son siège. Effet narcoleptique sur la plupart des poussins. Pas de pression horaire. Les – : Tout le monde doit rester attaché à sa place. Les trajets sont souvent plus longs (gare aux bouchons). Mauvais pour la conscience écolo. Occasion de dispute conjugale sur la route à prendre et éventuellement sur le style de conduite.
- Ensuite le train. Les + : On peut bouger comme on veut. Les tout petits peuvent avoir une place individuelle relativement spacieuse pour pas cher (environ 10€, et croyez-moi c’est un investissement qu’on ne regrette pas). C’est souvent assez rapide. Méga-super-bonne conscience écolo. Les – : Enorme pression des voisins pour que le poussin fasse 0 bruit. Il faut arriver à la bonne heure (et pas 10 minutes après). Certains poussins n’arrivent pas à y faire la sieste. L’organisation des trajets à la gare peut être problématique (est-on sûr que Mamie a un siège auto pour le poussin à l’arrivée ?). Ladite organisation peut être une forte contrainte sur les bagages (qui veut aller à la gare en métro avec lit parapluie, poussette et siège auto sous le bras, sans compter deux ou trois valises et les marmots déchaînés ?).
- Enfin l’avion. Les + : Théoriquement c’est le plus rapide (mais si on rajoute les trajets à l’aéroport, l’enregistrement, la sécurité, la douane, l’embarquement etc…). Le bruit de fond des moteurs camoufle un peu les éclats sonores du poussin. Dans une certaine limite on peut se déplacer ou au moins prendre l’enfant dans ses bras. En théorie il y a plein de gentilles hôtesses pour vous aider. Les – : Avec les nouvelles règles de sécurité le sac à langer passe pour l’arsenal du parfait petit qaediste. Les enfants de – de 2 ans sont sur les genoux des parents et les autres payent bonbon, et si comme moi vous voyagez en classe éco, la place est très limitée. Ceci dit sur les longs courriers vous pouvez obtenir qu’on vous prête un couffin (ou cot en anglais), ne pas hésiter à râler un peu fort. Problème des trajets à l’aéroport, des bagages et des horaires stricts (idem que pour le train). Les variations de pression ne sont pas toujours très populaires auprès des jeunes enfants (surtout ceux sujets à otite). Niveau écolo pas top (mais pas toujours le choix selon la destination). Risque non négligeable de perdre les bagages en cours de route (et qui aura l’air malin sans sa poussette/son lit parapluie/son stock de couches ?).
Une fois votre mode de transport choisi, que prévoir ?
- A manger (et à boire) : Ce n’est pas le moment de vouloir à tout prix faire mangerbouger.fr. Au contraire, prévoyez des réserves de gâteaux, bonbons et autres pour garantir la bonne humeur et acheter à vil prix un calme bien mérité. Bon attention à ne pas les rendre malades non plus ! J’ai fait deux trajets de 4 heures en train avec le poussin cet été, dès qu’il faisait mine de râler, hop un biscuit. Résultat : on ne l’a pas entendu. Notez que ça ne l’a pas empêché de vouloir se taper la cloche comme tout le monde à peine arrivé, nonobstant l’ingestion de son propre poids en galettes bretonnes en moins d’une demi-journée. Et si vous allaitez, ce n’est pas non plus le moment pour essayer d’introduire un rythme de tétée. En voiture -surtout engoncés dans le siège auto- les poussins ont un peu tendance à se déshydrater (évitons les blagues de mauvais goût) donc bien leur proposer à boire régulièrement. En avion également l’atmosphère est très sèche (et la déglutition aide à équilibrer les oreilles lors des variations de pression). N’oubliez pas la serviette pour les petits gorets…
- Du change : En règle générale, les aires d’autoroute (au moins celles avec une station service), les trains et les avions proposent tous des espaces de change pour bébé à peu près propres avec un point d’eau (parfois dans les toilettes femmes, bien entendu les hommes ça ne les concerne pas, ha ha ha). Je prends toujours un lange en coton au cas où il n’y ait plus de papier à mettre sur le matelas à langer. De toute façon ça peut toujours être utile (déjà fait un change de caca sur les fauteuils d’une salle d’embarquement, tout un poème). J’utilise autant que possible des couches et lingettes lavables, mais dans le train/avion c’est tout en jetable (en voiture la lavable est tout à fait gérable). Prévoyez aussi comment VOUS irez aux toilettes : seul(e) avec les enfants, qu’allez-vous en faire ? Encore dans l’avion ou le train on peut tenter de les confier au voisin/à l’hôtesse, mais dans une station-service, bof. Sinon il faut les prendre avec soi dans les WC, quel bonheur (pour un tout petit dans le porte-bébé et hop). Sur le sujet voir ce très bon billet de Mère pas top (revieeeeens on t’aiiiiiiiiiiime !). Attention aussi à la clim dans le train/avion et aux différences de météo entre départ et arrivée.
- Des distractions : à adapter bien sûr en fonction de l’âge du poussin. Mieux vaut éviter les jouets très bruyants dans les transports en commun (serait-ce le moment de faire découvrir l’i-pod à votre petit ange ?). Dans la voiture ça dépend de votre propre seuil de tolérance. Ne comptez pas forcément sur le paysage (encore un délicieux avertissement de Mère pas top). N’oublions pas qu’un sac à main regorge de jouets d’éveil insoupçonnés : porte-feuille (le poussin adoooooore faire des chèques et tout vider), clés, portable, labello, petite trousse, brosse à cheveux pliable, lunettes de soleil (et leur étui !), etc. Quant à vous, votre principale distraction sera de vous occuper du poussin, donc inutile de vous charger de livres, magazines (à moins qu’ils soient suffisamment peu intellectuels pour que vous puissiez les lire par coups de 30 secondes), lecteurs de DVD portables (sauf pour regarder Dora avec le poussin -sans le son, c’est lui qui aura le casque).
Quelques idées en vrac :
De façon plus générale, si vous le pouvez, essayez de choisir vos horaires de voyages en fonction du rythme du/des enfant(s). Par exemple, j’ai pris mes billets de train le matin car je sais que l’après-midi le poussin fait sa sieste et qu’il n’est pas trop du genre à s’endormir dans le train. En voiture, il va falloir prévoir plus de pauses. Certaines aires ont des petits jeux (style balançoires à ressorts) pour défouler un peu les poussins. Enfin même dix minutes de pause peuvent faire beaucoup sur l’humeur d’un moins d’un mètre. Attention aussi au deuxième effet kiss cool des voyages le soir : le poussin s’endort et vous roulez sans problème, mais une fois arrivé à destination le fourbe se réveille et refuse de se rendormir en terra incognita. Bien sûr tous ne font pas ça et ça dépend aussi pas mal de l’âge, c’est un peu la loterie.
Comme pour la nourriture, un trajet n’est pas le moment idéal pour apprendre la frustration à nos chères têtes blondes et faire preuve d’une autorité inflexible. Dans ces moments-là, on ne négocie pas avec nos mini-terroristes, on cède immédiatement à toutes leurs demandes pour acheter leur calme précieux… N’oubliez donc pas les tétines et doudous dont l’enfant a l’habitude, même si vous essayez d’en limiter l’usage.
Pour voyager, mieux vaut privilégier le portage à la poussette : prend moins de place, vous laisse les mains libres pour porter/tirer les valises et donner la main à l’aîné, est autorisé en cabine dans les avions, est compatible avec les marches et autres escaliers, etc etc.
Enfin je vais jeter un pavé dans la mare mais il me semble que si vous devez voyager à un horaire qui corresponde à une plage de sommeil du chérubin et si vous craignez de grosses difficultés d’endormissement, l’utilisation exceptionnelle d’un sédatif adapté (type Théralène) puisse être envisagée pour permettre à tout le monde de rester serein. Evidemment en parler au préalable avec le médecin ou le pharmacien, pas question de mettre dans le bib un cachet de Rohypnol pilé. Cela peut paraître extrême et très égoïste, mais je ne crois pas qu’il soit si profitable à l’enfant de chercher désespérément son sommeil, souvent en hurlant pendant un temps non négligeable. J’ai déjà vu le poussin faire des crises terribles de fatigue (heureusement pas fréquentes) où RIEN ne le calme ni ne l’endort (à part éventuellement un tour en poussette) : déjà à la maison c’est difficile à gérer mais dans un avion je n’imagine pas. Je précise que je n’ai jamais eu recours à cette solution mais que je garde l’option ouverte pour des situations très délicates. Par contre il va sans dire qu’au moins un des adultes ne doit pas prendre de somnifère !
Et pour vous relaxer avant/après le grand départ, le fameux sketch de Gad Elmaleh sur le Blond (avec le passage hilarant à l’aéroport) :
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(Image : Couverture de la Famille Fenouillard de Christophe, une des toutes premières BD que je vous recommande si vous ne connaissez pas déjà)