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Mon bébé comprend tout

dimanche, août 21st, 2011

Voilà un livre dont je dois vous parler depuis bien longtemps. C’est encore une fois à une amie fort attachante que j’en dois la lecture. J’avoue que je n’avais pas très envie de me plonger dedans à la base, car il se traîne une sacrée réputation : c’est le livre qui dit qu’il faut que les bébés pleurent (enfin c’est ce que dit sa réputation). Mais n’écoutant que mon courage et mon dévouement pour vous, Basse-cour chérie, j’ai tout lu.

D’abord, un premier point qui n’a pas manqué de me séduire : Aletha Solter est titulaire d’un doctorat en psychologie, a étudié avec Jean Piaget (un monument en psychologie de l’enfant), et assortit la moindre de ses assertions d’une citation de la littérature scientifique en bonne et due forme. J’ai aussi apprécié qu’elle parle assez systématiquement de « parent », et pas juste de la pauvre mômman, sur qui pèseraient toutes les responsabilités (surtout en cas d’échec). J’ai par contre été moins séduite par la traduction, avec notamment cette perle : j’ai fini par comprendre que « couverture de sécurité » était une traduction littérale de « safety blanket », alors que dans ce contexte il s’agit plutôt d’un doudou que d’une couverture de survie. Je ne suis pas fana non plus des « exercices pratiques » à la fin de chaque chapitre, qui m’évoquent plus une McPsychothérapie à emporter (copyright Le Spykologue) que quelque chose de vraiment utile.

Et le fond alors ? Voici déjà les quatre postulats de base, copiés-collés depuis la quatrième de couverture :

  • Le nouveau-né sait de quoi il a besoin.
  • Si ses besoins sont satisfaits et qu’on ne lui fait pas de mal, il sera gai, intelligent et aimant.
  • Le bébé est très vulnérable ; ses peines et ses besoins insatisfaits peuvent avoir des effets durables.
  • Il a la possibilité de guérir spontanément de ses peines s’il peut exprimer ses sentiments de détresse.

Les besoins généraux du bébé tels que décrits dans le livre ne sont pas révolutionnaires (en gros être alimenté, porté et câliné à la demande, avec une forte préférence de l’auteur pour allaitement et sommeil partagé), si on excepte la question des pleurs. En effet, pour l’auteur, les pleurs, lorsqu’ils ne traduisent pas un besoin non satisfait de l’enfant (faim, sommeil, propreté…), sont là pour lui permettre d’exprimer ses sentiments négatifs et sont nécessaires à son équilibre et à son bien-être. Ils ne doivent donc pas être entravés par ce qu’elle appelle des automatismes de contrôle, dont les plus courants sont le doudou (euh pardon, la couverture de sécurité), la tétine, le pouce et même la tétée câlin. Par contre, pour être vraiment libérateurs et réparateurs, les pleurs doivent toujours être versés dans les bras d’un adulte aimant et contenant (à ce sujet, voir aussi cette étude récente, trouvée -encore !- grâce au Spykologue selon laquelle la recette du « bien pleurer » tiendrait en trois termes : « vite, fort et avec un confident »). Si l’enfant est laissé seul, c’est nocif. Donc en gros, c’est LA solution magique à tous les problèmes : une bonne séance de pleurs dans les bras (temps illimité, près d’1 heure d’affilée ce n’est pas un problème…) et vous aurez un enfant charmant, gai, qui dort et fait le café.

Aletha Solter a donc globalement une idée extrêmement exigeante de ce que doit être la parentalité, et martèle régulièrement que c’est une tâche extrêmement difficile, pour laquelle les parents devraient recevoir autant d’aide que possible, tant par leur entourage que par la société. Elle pousse d’ailleurs son raisonnement jusqu’au bout : à moins d’être exceptionnellement bien aidé, un couple ne devrait selon elle pas avoir plus de deux enfants, qui devraient avoir au moins trois ans d’écart.

Pour ma part, je trouve l‘idée de base intéressante, même si développée de façon légèrement psycho-rigide. En effet, notre société a un rapport assez bizarre aux pleurs des bébés et enfants : non seulement un bon enfant est un enfant mort silencieux, mais tout cri doit être a minima ignoré, voire réprimandé. Or nous avons tous de la colère, de la frustration, de la tristesse et d’autres émotions négatives à exprimer. Je ne connais pas beaucoup d’adultes capables de le faire systématiquement de façon productive (ou en tout cas qui ne soit nocive ni pour eux ni pour les autres), même si nous avons à notre disposition un certain nombre de moyens : en parler, pleurer sur une épaule compatissante, faire une activité physique, etc. Un bébé ou un jeune enfant ne peut que pleurer ou crier pour exprimer une vaste gamme d’émotions négatives, à moins carrément de les transformer en problèmes physiques par la somatisation. Il me semble donc assez intéressant et utile pour un parent de savoir qu’il n’est pas forcément anormal ou pathologique de ne pas réussir à consoler immédiatement tout pleur ou cri de leur enfant. Au contraire, accueillir ces manifestations avec compassion peut aussi être bénéfique à l’enfant. C’est finalement une forme d’écoute active, également préconisée par A. Solter, qui cite d’ailleurs Thomas Gordon. A noter que Gordon Neufeld et Gabor Maté, dans Retrouver son rôle de parent, parlent également du rôle crucial des « larmes d’impuissance » pour aider un bambin à accepter la frustration.

Cependant, je ne peux que regretter le caractère assez dogmatique et péremptoire de l’ouvrage, qui me semble bien difficile à mettre en pratique aussi exactement que le préconise l’auteur. En gros, si j’ai bien compris, il faut être prêt à écouter des pleurs, pour une durée indéfinie, à tout moment du jour et de la nuit. Sans parler de ma disponibilité émotionnelle, forcément limitée, il n’est pas compatible avec mon mode de vie de passer 45 minutes à écouter la frustration de mon bébé qui ne veut pas aller à la crèche alors que j’ai une réunion il y a 10 minutes. Je suis aussi bien contente que Pouss2 prenne la tétine dans la voiture, ce qui lui permet de rester à peu près calme dans une situation où on ne peut pas le prendre dans mes bras. Autre problème : comment faire la distinction entre pleurs exprimant un besoin et pleurs de décharge ? Personnellement je trouve que c’est justement un des avantages de l’allaitement : pas besoin de savoir si bébé veut manger, câlin, dormir, consolation ou un mélange de plusieurs, puisque le sein peut lui fournir tout cela, et plus encore. Il me semble qu’une interprétation trop stricte de ces préceptes pourrait d’ailleurs dans certains cas entraîner des problèmes de lactation par stimulation insuffisante. Enfin les pleurs incessants peuvent aussi signaler une vraie pathologie (chez les nouveaux-nés on peut citer notamment le RGO, relativement courant, très douloureux, et pas toujours accompagné de régurgitations), qui demande un traitement médicamenteux et pas seulement de l’empathie pour guérir.

En bref, il me semble important de retenir le message de fond du livre, à savoir que pleurer en présence d’une oreille compatissante est aussi un besoin fondamental des bébés et enfants (voire des adultes mais c’est un autre sujet), tout en le relativisant. Je trouve qu’il est important de dire les faits, même si c’est une vérité qui ne nous arrange pas, mais le dogmatisme « faites comme ça et pas autrement sinon votre enfant va devenir un dangereux psychopathe façon Hannibal Lecter » m’horripile. Je préfère largement l’approche de Sarah Blaffer Hrdy par exemple. Personnellement je n’en recommanderais donc pas la lecture sans l’assortir de certaines précautions fortes. C’est typiquement le genre de livre qui n’est absolument pas fait pour être appliqué à la lettre à mon avis, sous peine de finir complètement chèvre (d’ailleurs on pourrait presque se demander si ce n’est pas là qu’Elisabeth Badinter a trouvé sa caricature de la mère naturaliste allaitante sacrificielle dans laquelle je ne me reconnais absolument pas). Vous pouvez par ailleurs découvrir un certain nombre des théories et propositions d’Aletha Solter sur le site des Parents conscients (j’aime bien ses 20 alternatives à la punition par exemple). Quoi qu’il en soit, il me semble important de toujours garder un certain recul par rapport aux livres en général : ils peuvent bien sûr nous apporter des éclairages passionnants, voire nous permettre de vrais changements, mais n’oublions pas que les choses sont rarement si simples dans la vraie vie et que les bébés, eux, ne les ont pas lus.

Ajout ultérieur : afin que ce billet puisse contribuer aux Vendredis intellos de Mme Déjantée (dont je vous recommande au passage le blog), je complète avec le petit widget associé et un extrait du bouquin (deux, en fait). Vous comprendrez qu’en tant que BHL des Pampers (surnom qui m’avait été donné il y a quelque temps déjà sur un autre blog) je ne pouvais pas rester indifférente à une telle initiative…

Voici un premier extrait, qui montre bien le potentiel de culpabilisation du bouquin :

J’ai expliqué plus haut que le fait de faire attendre un enfant pour sa nourriture peut l’amener plus tard à avoir un appétit insatiable de nourriture ou de boisson. Pour une raison complètement différente, le surallaitement peut conduire au même problème.

Comprendre : si faim et soif de bébé ne sont pas satisfaits avec une précision chirurgicale il va devenir un adulte boulimique et alcoolique.

Pour finir sur une note plus réconfortante, un extrait sur la nécessité d’aider les parents et en particulier des mères :

Une autre raison pour laquelle il peut sembler difficile d’être parent est que beaucoup d’entre eux ne sont pas assez aidés. S’occuper d’un enfant est un travail extrêmement prenant, et on ne peut pas attendre d’une seule et même personne qu’elle lui donne l’attention dont il a besoin tout au long de la journée (et la nuit, aussi !). L’envie d’avoir du temps pour soi, loin de son enfant, ne signifie pas forcément qu’on le rejette. On attend souvent des femmes qu’elles soient les seules à s’en occuper : c’est ridicule ; les mères ont besoin d’aide.

 

 

Pour l’amour du risque

jeudi, janvier 13th, 2011

Nous sommes confrontés chaque jour à des choix, aux conséquences plus ou moins importantes. Une part majeure de notre décision est l’évaluation des risques associés à chacune des alternatives qui s’offrent à nous. En tant que parent, c’est d’autant plus difficile que nous sommes responsables d’une personne qui n’est pas encore en mesure de faire ses propres choix. Comme vous le savez si vous traînez depuis quelque temps dans la basse-cour, j’essaie de documenter et d’argumenter avec des faits les propositions que je fais ici, tentant à ma  mesure d’aider qui le souhaite à avoir un vrai choix éclairé. Cependant je ne peux que constater la logique pour le moins floue avec laquelle raisonne un certain nombre de mes concitoyens, y compris à des niveaux d’étude et de spécialisation auxquels l’esprit de Descartes est censé régner. Cela est particulièrement vrai pour tout ce qui touche aux enfants, la moindre remise en question de ce que nous avons fait ou projetons de faire étant souvent vécue comme une critique acerbe de notre compétence et même de notre bonne volonté  parentale (ou d’expert, pour le corps médical par exemple).

Prenons quelques exemples avec certaines pratiques, minoritaires sous nos latitudes et à notre époque. Le traitement des risques et des problèmes est très différent selon  l’alternative considérée. Intéressons-nous au sommeil de nos enfants, et aux décès qui peuvent y être associés, que ce soit par suffocation ou par mort subite du nourrisson. Si l’enfant meurt dans un berceau ou lit à barreaux, on cherchera à comprendre ce qui dans le couchage a pu causer son décès et si on ne trouve rien on blâmera le hasard. Si par contre son décès a lieu dans le lit parental, c’est forcément parce qu’il s’y trouvait et n’avait pas à y être. C’est du moins ce que diront certains des experts les plus écoutés, qui seront ensuite relayés par les médias puis par l’entourage des parents déjà durement éprouvés. Pourtant la logique voudrait qu’on conduise la même investigation dans les deux cas, afin de fournir des recommandations adéquates pour diminuer les risques. Par exemple, il est clair que nos lits d’adultes ne sont souvent pas conçus pour accueillir des tout petits, avec des risques de chute et de suffocation plus importants que dans les lits de bébés. Cependant, il est tout à fait possible de les aménager pour réduire ces risques. Mais on préfère dire que le cododo est dangereux. Sachant que la majorité de la population le pratique de toute façon à un moment ou un autre (quel parent ne s’est JAMAIS retrouvé avec un bébé dans son lit ?), ça ne me semble pas très productif. Ou alors il faudrait carrément interdire le sommeil des bébés, ça nous éviterait bien des prises de tête sur qui doit faire les nuits de qui, quand et surtout comment…

De la même façon, on ne parle que rarement des morts autour de la naissance à l’hôpital, qu’elles soient maternelles ou infantiles. Par contre, le moindre problème lors d’un accouchement à domicile est immédiatement relayé et imputé au choix du lieu de naissance. Ne doutons pas que si les maisons de naissance finissent par voir le jour, on ne leur fera pas de cadeau. On énumère toujours les risques inhérents à accoucher ailleurs qu’à l’hôpital, mais rarement de ceux qui découlent de ce lieu : accident sur la route (d’autant plus probable avec un conducteur stressé par la situation et d’autant plus grave que si le travail est avancé la femme risque de ne pas attacher sa ceinture pour mieux supporter les contractions pendant le trajet) et infections nosocomiales sont les plus évidents même s’il y en a d’autres. On peut ainsi trouver rassurant que le cœur du bébé soit écouté en continu par un appareil pendant l’accouchement (comme c’est généralement pratiqué dans les maternités) ; pourtant la Haute autorité de santé (HAS) nous informe que pour un accouchement non pathologique, lorsque cette écoute est faite de façon intermittente, il n’y a pas d’incidence sur la mortalité infantile et il y a moins d’interventions (césariennes ou extractions instrumentales, qui ne sont pas dénuées de risques : ainsi l’étude européenne Peristat –p. 100- nous apprend qu’en France une extraction instrumentale double le risque de mort maternelle tandis qu’une césarienne le multiplie par 8). Mais la pénurie de personnel (une sage-femme de garde doit suivre plusieurs femmes en travail en même temps) et le risque de procès (le monitoring continu constitue une trace tangible de la surveillance pendant l’accouchement qui pourra justifier pourquoi il y a eu ou pas une intervention) font qu’en pratique le monitoring continu tend à s’imposer dans les maternités.

Ainsi il est courant de ne présenter les risques que dans un seul sens. Prenons les examens prénataux : on vous parlera généralement des pathologies que ces tests visent à dépister, mais il est plus rare qu’on vous présente les problèmes qu’ils induisent. Le dépistage du diabète gestationnel est ainsi sujet à controverse.
Quelques extraits du rapport de la HAS sur le sujet :

La valeur prédictive positive du test de dépistage (O’Sullivan) est faible : moins de 20 % des femmes dépistées positives sont des vrais positifs en retenant un seuil de dépistage (test de O’Sullivan) à 1,40 g/l (7,8 mmol/l). [NB : Le test de O’Sullivan est recommandé par le CNGOF pour toutes les femmes enceintes, il s’agit de mesurer l’effet de l’ingestion d’une solution de glucose sur la glycémie.]

Il n’existe aucune preuve directe de l’efficacité d’un dépistage systématique ou ciblé du diabète gestationnel à partir de la 24e semaine de grossesse pour réduire la mortalité et la morbidité périnatales.

Par ailleurs, le diagnostic et la prise en charge du diabète gestationnel ne seraient pas dénués d’effets indésirables : anxiété, accroissement du nombre de consultations et d’examens complémentaires, accroissement des taux de césariennes même en l’absence de macrosomie foetale, accroissement du taux de déclenchement et du passage en réanimation néonatale des nouveau-nés. [NB : et je trouve fortement paternaliste l’idée que c’est une bonne excuse pour imposer aux femmes une meilleure hygiène alimentaire]

Petit test : parmi les lectrices de ce blog qui sont ou ont été enceintes, à qui a-t-on fait part de ces informations au moment de la prescription du test ? A qui a-t-on simplement dit
« Vous allez faire le test de O’Sullivan, voici l’ordonnance » ? Je ne veux absolument pas minimiser les risques liés au diabète gestationnel ou suggérer qu’on supprime ces tests, mais proposer que la décision de les faire ou pas revienne à la femme, après une discussion permettant la présentation complète des avantages et inconvénients avec le praticien qui suit la grossesse. En fait je propose simplement qu’on respecte la loi Kouchner sur le  consentement éclairé, révolutionnaire non ? Je sais bien qu’entre la démographie médicale déclinante et les restrictions budgétaires les soignants ont de moins en moins de temps à consacrer aux patients mais je ne crois pas qu’il faille pour autant baisser les bras. C’est à chacun de prendre le temps de s’informer (oui, internet est une source formidable de connaissances, pourvu qu’on ait un peu de discernement), de poser des questions et au final de prendre ses responsabilités. Les examens dits obligatoires doivent être proposés à toutes les femmes, mais celles-ci n’ont pas l’obligation de les faire. Et je trouve insultant de leur demander si elles n’ont pas à cœur la santé de leur bébé quand leur avis diffère de celui du praticien. Chacun a sa hiérarchie des risques ; certaines sont basées sur des idées reçues et il est important de s’assurer qu’une décision n’est pas prise à partir de faits biaisés ou incomplets, mais au final c’est aux parents de choisir quels risques ils souhaitent prendre. Je crois qu’au lieu de commencer par critiquer une décision qui nous paraît irresponsable (et je parle aussi entre parents, où nous sommes prompts à nous jeter la pierre) il serait bien plus constructif d’en demander les raisons. Nous pourrions soit apprendre des choses soit apporter d’autres informations, bref il n’est pas impossible que chacun reparte avec un nouveau point de vue, plus complet et plus ouvert sur la question. J’en profite pour vous signaler un nouveau blog, l’ordonnance ou la vie, tenu par une étudiante en médecine qui a des réflexions très intéressantes sur la question.

Mais le patient responsable doit l’être jusqu’au bout. Comme dirait Peter Parker (alias Spiderman), « With great power comes great responsibility. »  Tant que tout se passe bien, c’est facile. Le souci c’est quand les choses tournent en eau de boudin. Si le médecin a recommandé un acte que le patient n’a pas voulu effectuer, et que l’état du patient s’aggrave, jusqu’à quel point  ? Ainsi, certains obstétriciens s’opposent aux accouchements hors maternité (domicile ou maison de naissance) car ils craignent les transferts en urgence sous leur responsabilité d’un problème sur lequel ils n’avaient jusque là aucune prise. Il arrive alors que des femmes avec un projet d‘accouchement à domicile (AAD) qui vont se faire enregistrer en maternité pour préparer un éventuel transfert en urgence soient mal reçues par le personnel soignant, et c’est parfois pire lors d’un tel transfert (un peu comme les femmes qui avaient tenté de se faire avorter avant la légalisation de l’IVG et à qui certains médecins faisaient des curetages sans anesthésie pour les dissuader de recommencer). L’effet de telles pratiques étant que loin de décourager les femmes de recourir à l’AAD, cela les dissuade simplement d’ouvrir un dossier à l’hôpital, voire en cas de problème va parfois leur faire repousser le transfert au-delà du raisonnable. D’un côté il est clair qu’un soignant qui « fait payer » à un patient un choix différent de ce qu’il préconise est inacceptable, de l’autre on peut comprendre le ras-le-bol des blouses blanches face à des patients qui viennent faire leur shopping médical. Comme le dit cette sage-femme américaine, « You buy the hospital ticket, you go for the hospital ride » (difficile à bien traduire, quelque chose du genre « Si on prend un ticket pour l’hôpital, alors on va à l’hôpital », ou moins littéralement « N’attendez pas de l’hôpital ce qu’il ne peut pas vous donner »). Évidemment, entre la raréfaction des sages-femmes accompagnant les AAD, le peu de plateaux techniques ouverts aux sages-femmes libérales et les tergiversations autour des maisons de naissance (sans compter les aléas de la Sécu qui rembourse ou pas les accouchements dans des maisons de naissance à l’étranger), un nombre non négligeable de femmes se retrouve avec un suivi classique en maternité par défaut. On voit donc que la situation est complexe, et la conciliation des intérêts des parties pas toujours évidente.

C’est parfois si difficile qu’on en arrive au procès, dont la crainte est devenu un puissant moteur d’évolution des pratiques obstétricales. Les primes d’assurance des professionnels flambent, alors que les revenus fixés par la Sécu stagnent, rendant notamment l’exercice libéral de plus en plus difficile (voir ce billet de 10 lunes avec tous les chiffres, ainsi que les commentaires qui suivent pour d’autres éclairages). Là encore, la problématique n’est pas simple. D’une part on ne peut pas dire qu’il ne faudrait plus faire d’action en justice, ce qui reviendrait de facto à une immunité médicale, et d’autre part les patients peuvent se retrouver obligés de mener des actions en justice par des assurances qui ne veulent pas prendre en charge les coûts (notamment pour un enfant handicapé par exemple). Bref cela dépasse le cadre de la discussion et je ne me sens pas compétente pour réformer le système, même s’il me semble évident qu’il y a une bonne marge d’amélioration. Finalement, cela paraîtra sans doute évident mais je crois plus que jamais qu’il est indispensable de pouvoir établir un partenariat de confiance entre soignant et soigné (et ce d’autant plus quand le soigné n’est pas malade, comme c’est le cas d’une femme enceinte ou d’un jeune enfant qu’on emmène aux visites de contrôle). Commençons par écouter ce que l’autre a à nous dire avant de le juger, soyons prêts à examiner honnêtement nos raisons et nos motifs, pour assumer pleinement la responsabilité de nos décisions.

Je réalise que ce billet est un peu fourre-tout et décousu mais à ce stade j’avoue ne plus avoir le temps ni le courage de le remanier voire de le redécouper donc je le publie en l’état car je pense qu’il y a quand même quelques éléments intéressants dont j’aimerais discuter avec vous.

Photo : oui je sais c’est l’Agence tous risques, mais je n’ai jamais vu un seul épisode de Pour l’amour du risque alors… Et non, ça n’a pas grand rapport avec le schmilblick.

La nuit d’avant

lundi, avril 5th, 2010

lmaternite_litsidecar Encore un billet pour vous parler de lait, mais à ma décharge je baigne un peu dedans ces temps-ci. Promis pour les prochains je vais essayer de varier les plaisirs. Il s’agit d’un aspect très concret de l’allaitement mais sur lequel je n’ai pas trouvé grand chose : la nuit précédant la montée de lait. Pour Pouss1, j’étais encore à la maternité, jeune et naïve ; c’était sa deuxième nuit à l’air libre. Moi pleine de bonne volonté je l’allaitais donc à la demande, découvrant avec stupeur que mon bébé, s’il avait bien cinq doigts à chaque main et à chaque pied, devait probablement être pourvu de trois ou quatre estomacs. Mais cette nuit-là sa demande était quasiment continue. Heureusement l’auxiliaire de puériculture, appelée à la rescousse par la jeune poule en panique, m’a immédiatement rassurée : c’était un phénomène normal et passager qui voulait dire que la montée de lait arriverait le lendemain. Effectivement, le lendemain le colostrum avait été remplacé par du lait, et Pouss1 s’était un peu calmé. Pour Pouss2 ça n’a pas raté : il a tété facilement toutes les heures à sa deuxième nuit aérienne. Cette fois pas de panique, j’ai pris mon mal en patience, donné à la demande et telle la chèvre de M. Seguin attendu que le soleil le Coq se lève (nous étions déjà à la maison) pour lui refiler le bébé et dormir jusqu’à midi. Et l’après-midi le lait était là, et le poussin moins acharné au sein. Je dois dire que jusqu’ici, ayant eu deux gros bébés bons téteurs, j’ai accueilli la montée de lait avec soulagement car les quantités répondent plus facilement à la demande et comme ça coule facilement ils tètent moins fort.

Pourquoi est-ce que  je vous raconte tout ça ? Il me semble que c’est typiquement le genre de situation qui entraîne une jeune mère dans une spirale de doute sur son allaitement, et ce d’autant plus si elle est mal entourée et conseillée : « mon lait n’est pas assez bon/pas suffisant pour le bébé » « si c’est ça l’allaitement autant arrêter tout de suite ». Or cette demande acharnée (qui peut avoir lieu dès la deuxième nuit ou plus tard) est à la fois normale et transitoire (un peu comme pour les pics de croissance). Et dans mes nombreuses lectures sur l’allaitement, je n’ai jamais rien vu sur le sujet.

Que faire ? Dans l’idéal, il faut donner au bébé quand il réclame, afin de bien lancer la crèmerie. Cependant, nous ne vivons pas dans un monde idéal, et ça n’est pas toujours possible. On a le droit d’être fatiguée et de vouloir dormir plus d’une demi-heure à la fois ou encore d’avoir mal aux seins. Je dois dire que pour Pouss1,  j’ai accepté sans discuter la proposition de l’auxiliaire de puériculture de l’embarquer 2-3 heures avant de terminer la nuit tant bien que mal (elle lui a même proposé des compléments dont il n’a pas trop voulu… tout ce qu’il ne faut pas faire mais heureusement pour nous sans incidence sur la suite de l’allaitement). Il y a toujours la carte du petit doigt (peut être proposé par le père s’il est dans les parages -il y a maintenant des maternités où il peut rester dormir), voire de la tétine, mais pour cette dernière avec un risque d’interférence avec la succion (surtout si le bébé ne tète pas très bien). Il n’est pas recommandé de donner des compléments de lait artificiel, mais j’imagine qu’il y a des cas où cela peut rendre service sans compromettre l’allaitement (d’autant plus s’ils sont donnés à la pipette plutôt qu’au biberon). Prendre l’enfant dans son lit est aussi une bonne façon de répondre à sa demande sans trop se fatiguer ; on peut se rendormir pendant la tétée et cela évite de se lever sans cesse (surtout juste après l’accouchement). Si on s’assure que le lit ne comporte aucun risque de chute ou d’étouffement (et s’il n’y a pas d’adulte sous l’influence de psychotropes dedans), il n’y a pas de risque accru (voir ici par exemple). Ceci dit, il n’est pas obligatoire de répondre à la demande pour que la montée de lait survienne (d’ailleurs on donne un médicament pour l’empêcher aux femmes qui ne veulent pas allaiter) mais cela facilite le processus.

Cet article se basant beaucoup sur ma propre expérience (puisque je n’ai hélas pas trouvé grand chose sur le sujet), il serait très intéressant de savoir comment ça s’est passé pour d’autres : avez-vous constaté aussi une nuit de folie avant la montée de lait ? Si oui comment l’avez-vous gérée ? Et les bébés au bib ? Ont-il aussi été tout fous une nuit 2 ou 3 jours après leur naissance ?

Photo : l’allaitement des paresseuses ou comment préserver son sommeil

Le meilleur matelas du monde

lundi, janvier 11th, 2010

cododo_papa Aujourd’hui, à 41 SA – 1 jour, j’avoue ne pas être d’humeur à disserter longuement, aussi je me contenterai de vous signaler cette petite vidéo (malheureusement pas réussi à l’intégrer directement à la page), vue chez les Z’imparfaites. Pour ceux et celles qui sont au boulot, vous pouvez regarder sans le son.

J’avoue que ça me pose quelques questions : Qui a dit que les pères ne pouvaient pas être maternants ? Quel parent ne s’est pas un jour retrouvé dans une situation du même type ? Où trouve-t-on un lit à barreaux de taille et de résistance suffisantes pour ce genre d’exercice (clairement même en n’étant pas enceinte il n’y a pas moyen que je tente le coup dans le nôtre) ? Pourquoi y a-t-il une caméra pour filmer la scène ? Y a-t-il beaucoup d’autres familles qui filment le coucher des enfants ?  (à ces dernières questions je dois répondre que même si la scène est « montée » elle est tellement criante de réalisme que ça n’enlève rien à sa saveur…).

Sinon, comme j’espère ne pas avoir le temps de bloguer cette semaine, je vous engage à aller faire un tour chez les Parents durables qui ont préparé tout un dossier prometteur sur l’éducation respectueuse.

Photo : Flickr

Let’s talk about sex (2)

vendredi, octobre 30th, 2009

sky_difool_funNous avons vu hier comment faire un bébé (ah bon vous saviez déjà ?) et comment accommoder gros ventre et kama sutra (ou pas), continuons sur la lancée. Sans développer ici plus avant, je vous rappelle que l’accouchement en lui-même peut être une expérience orgasmique.

Troisième étape : après l’accouchement. Le post partum immédiat est probablement la période la moins propice à la bagatelle, ne serait-ce que parce qu’avoir mal quand on s’assied et/ou quand on urine fait qu’on ne laisse généralement personne s’approcher de la zone stratégique à moins de 200 mètres. Et puis sur les semaines (mois ?) qui suivent il y a le chamboulement du corps (le ventre vide qui pendouille est généralement moins bien perçu que le beau ventre rond et tendu), la fatigue, le bébé collé au sein 20h/24 (si on allaite) ou tout simplement dans les bras, les lochies, les hormones qui sont contre nous, le baby blues, pas le temps de prendre soin de soi, j’en passe et des meilleures. Le sexe peut sembler trrrrrrrrès loin sur la liste des priorités mais cela peut être un atout pour rééquilibrer et resouder le couple parental, souvent soumis à rude épreuve après la naissance ; là encore, cela ne peut être que bénéfique pour les enfants. Evidemment c’est un équilibre qui sera propre à chaque famille et à chaque situation et le sexe n’est pas non plus le seul ciment du couple.

L’allaitement est bien sûr loin d’être incompatible avec les activités sexuelles mais il n’y est pas toujours propice : éjections de lait impromptues (l’ocytocine est à la fois l’hormone du sexe et de l’éjection du lait), libido plus basse (la prolactine, qui permet la sécrétion de lait, est très mauvaise pour les envies de zigounipiloupilage) , lingerie pas toujours au top du sexy avec coussinets qui dépassent (certains modèles constituent à mon avis une méthode de contraception fiable à 100%), sans compter d’éventuelles difficulté d’ordre psychologique (concilier sein nourricier et sein érotique, pas toujours facile pour la femme comme pour l’homme)… Ceci dit la poitrine de la femme allaitante a aussi ses avantages, ne serait-ce que par sa taille. De la même façon le cododo peut rendre les choses un peu plus compliquées, mais d’une part les enfants ont généralement le sommeil lourd, et d’autre part il n’y a pas que le lit. Ces pratiques sont d’ailleurs souvent accusées par certains psys d’interférer avec la sexualité parentale et décriées pour cela ; il me semble que si un des parents (en général la mère) les utilise pour repousser les avances de l’autre cela ne fait que révéler un problème sous-jacent et n’en est pas pour autant l’origine. Les cas pathologiques ne doivent pas masquer la majorité des familles où allaitement et cododo (y compris prolongés) vont de pair avec une vie sexuelle parentale épanouie.

Le moment de reprendre finit donc par arriver (quelques semaines ? quelques mois ? ne vous mettez pas de date couperet obligatoire…) ; la pénétration peut faire peur à la femme, surtout si l’accouchement a été difficile (épisio, forceps…). Y aller à son rythme, insister sur les câlins et les préliminaires (là encore on peut se faire plaisir sans passer par le coït), si nécessaire utiliser du lubrifiant et/ou des préservatifs, sont autant de moyens de rendre les choses plus agréables. Et puis n’oubliez pas qu’aussi bien équipé que soit votre homme cela n’est pas comparable par rapport à un bébé… Il faut aussi du temps pour se réapproprier son nouveau corps, d’autant que le retour à une situation « normale » n’est généralement pas immédiat (9 mois pour le faire, 9 mois pour le défaire, dit l’adage). Des facteurs tant physiques (si le vagin était un peu « étroit » avant l’accouchement par exemple) que psychologiques (on peut se sentir plus accomplie en tant que femme par la maternité) font qu’avoir eu un bébé peut rendre l’activité sexuelle plus agréable pour la femme qu’avant, même si l’inverse est bien sûr également possible. N’oublions pas la rééducation périnéale qui aide aussi pour retrouver des sensations et se réapproprier son corps, tant physiquement que psychologiquement. Enfin rappelons que si plusieurs semaines après avoir accouché votre cicatrice d’épisio ou de déchirure vous fait toujours mal ou vous gêne, il faut en parler à votre gynéco ou à votre sage-femme, des solutions existent.

Petit détail qui a son importance : contrairement aux deux étapes précédentes, n’oubliez pas la contraception. L’allaitement peut empêcher une grossesse avec un taux d’efficacité proche des méthodes plus habituelles (98%) mais sous certaines conditions bien définies. Rappelons que si on allaite, on n’est pas obligée d‘attendre le retour de couches pour se faire poser un DIU (stérilet), même s’il faut attendre environ 6-8 semaines (le retour de couches sans allaitement en gros ; le non-allaitement restant encore beaucoup la norme dans certains esprits médicaux) que l’utérus ait repris sa taille et sa forme. Et c’est l’ovulation qui déclenche les règles (et non l’inverse), donc on peut ovuler et tomber enceinte avant le retour de couches (certaines femmes qui allaitent longtemps puis enchaînent les bébés peuvent ainsi ne pas avoir de règles du tout entre deux) : n’attendez pas celui-ci pour prendre vos précautions (à moins de souhaiter des enfants très rapprochés bien sûr).

Finalement, je dirais que nous sommes dans une société où le sexe est devenu une valeur à part entière ou presque : pour avoir une vie « réussie » il faut avoir une Rolex une activité sexuelle aussi importante et épanouissante que possible. Bien sûr il est positif que le puritanisme et les tabous sur le plaisir, la masturbation et le sexe en général soient battus en brèche mais le retour de balancier me semble un peu fort. On a le droit de ne pas considérer le sexe comme THE source de plaisir et de bonheur, on peut être un couple solide et équilibré sans faire des galipettes toute la sainte journée, bref je ne crois pas qu’on ait besoin de normes et de chiffres (quelle fréquence ? combien de temps ? combien d’orgasmes ?) dans ce domaine. Chacun a ses besoins, ses envies, qui peuvent varier avec le temps, selon les situations ; bien sûr il faut trouver un équilibre au sein du couple pour concilier les attentes des deux partenaires, donc dialoguer, dédramatiser, et ne pas hésiter à consulter (gynécologue, urologue, sexologue, psychologue…) si des difficultés (physiques et/ou psychologiques) récurrentes en font une source de tensions et de conflits trop importants.

Bonus : si vous ne connaissez pas, filez voir cette BD de Melaka sur le sujet.

(Photo : Vous ne les reconnaissez sans doute pas. Indices : Lovin Fun ; « Ce n’est pas saaaaaale, pense aux fleurs »)

zzzZZzzZZZZzzz

mercredi, septembre 17th, 2008

 Aujourd’hui un sujet délicat : le sommeil de nos poussins. Passons sur les incessantes (et horripilantes) questions de l’entourage (« Alors, il fait ses nuits ? » « Comment ça, pas encoooooore ? »), après lesquelles viennent généralement une foule de conseils plus ou moins appropriés (passons aussi sur la tétine au miel ou encore le p’tit coup de gnôle dans le biberon), qui mettent en panique les pauvres parents. C’est d’autant plus énervant que c’est un vrai problème : manquer de sommeil rend fou les parents comme les enfants. Non parce que si vous croyez qu’un enfant qui a besoin de dormir, ben il dort, vous vous fourrez le doigt dans le nez jusqu’à l’oeil. Si vous croyez encore à  cette expression « dormir comme un bébé » (ha ha ha ha ha), ou encore certains auteurs qui affirment sans rigoler qu’un nouveau-né dort 20h sur 24 (y en a peut-être un qui fait ça en France effectivement, mais probablement pas beaucoup plus si on en croit les jeunes parents), c’est que vous n’avez pas d’enfants ou que vous êtes amnésique. C’est un des plus gros problèmes des tout petits : ils ne savent pas s’endormir. A partir de là, chacun a son seuil de tolérance, en termes de kilomètres à marcher pour bercer le petit monstre et de nombre de réveils par nuit. Tant qu’il n’est pas dépassé, tout va bien, mais quand on s’en rapproche, voilà quelques idées. Pas de recette miracle, parce qu’hélas ça n’existe pas. 

D’abord, il ne faut pas sous-estimer d’éventuels problèmes physiques ou psychologiques, notamment si la naissance a été difficile. N’hésitez pas à en parler avec un médecin, une sage-femme, un psy, un ostéopathe (ou autre professionnel de santé) en qui vous ayez confiance, ça peut faire des miracles. A savoir : les otites (et dans une moindre mesure les poussées dentaires) sont plus douloureuses quand on est allongé. Dans ces cas-là (marche également pour le rhume et les régurgitations), surélever légèrement le matelas sous la tête du poussin peut apporter une amélioration significative. En pratique, roulez une serviette sous le matelas ou mettez des livres sous les deux pieds de la tête de lit (ou cédez aux sirènes du marketing).

Sur Babble, un père témoigne qu’après avoir tout essayé, donner de la mélatonine (l’hormone du sommeil) à leur fille de trois ans a révolutionné leurs nuits. A voir avec un médecin. L’emmaillotage revient à la mode, et on développe de nouvelles formes de matelas comme le cocoonababy. Je n’ai rien testé de tout ça, mais pourquoi pas ?

On vous a aussi peut-être dit qu’un bébé dort même s’il y a de la lumière, même s’il y a du bruit. N’empêche que si vous rencontrez quelques problèmes de sommeil, vous pouvez commencer par coucher le poussin dans un endroit très calme et très sombre, ça aide. Un petit truc qui peut marcher (pas du tout chez nous mais j’ai vu des témoignages positifs) : laisser dans le lit/berceau un tissu imprégné de l’odeur de maman (genre le t-shirt que vous portez depuis trois jours).

Ensuite, il faut avoir des objectifs réalistes et en phase avec la maturité du poussin. Tout le monde a entendu parler de bébés qui font leurs nuits à la maternité ou à quinze jours, mais autant vous le dire tout de suite, c’est aussi courant qu’un gothique à un concert de Lorie. On peut se baser sur quelques repères : par exemple une règle plus ou moins vérifiée dit qu’un bébé ne peut pas tenir la nuit sans manger avant d’avoir atteint 5 ou 6 kg, ou encore selon Grandsenne les enfants se règlent tous vers 3 mois. Mais cela reste des repères, c’est aux parents de sentir ce que leur enfant est prêt à faire ou pas. Pour cela, si vous voulez tenter de lui faire franchir une étape, essayez progressivement et si vous voyez que ça ne marche pas du tout, laissez tomber quelque temps : chez un tout petit, les choses peuvent changer d’une semaine à l’autre. Et attendez-vous à des « régressions » passagères à chaque changement important dans la vie de bébé (déménagement, reprise du travail de la mère, acquisition d’une étape majeure comme la marche…).

Dans les premières semaines, tant que l’enfant passe quasiment tout son temps éveillé à manger, tant qu’il n’a pas vraiment pris le rythme jour-nuit, à mon humble avis il ne faut pas se poser trop de questions. Par contre, quand vous commencez à voir émerger une sorte de rythme, notamment au niveau des tétées/biberons, ça peut être un bon moment pour essayer de l’encourager à le suivre, en particulier la nuit. Je m’explique : si une nuit le poussin a tenu 5 heures sans manger, la suivante, s’il se réveille au bout de 3 heures, ne lui proposez pas systématiquement du bon lolo. Essayez d’abord de le rendormir autrement : câlin, bercement, berceuse/boîte à musique, doudou, tototte… Si vous allaitez, envoyez le papa. Et s’il a vraiment faim, vous le saurez très rapidement (puisque les cris augmenteront au lieu de diminuer) et au pire il aura patienté cinq minutes pour avoir son rata, ça ne me semble pas relever du traumatisme majeur. Par contre, il est assez risqué de vouloir manipuler le rythme, par exemple s’il dort depuis 20h et que vous vous couchez vers 23h, de le réveiller pour le nourrir au moment où vous vous couchez en espérant qu’il ne vous réveille pas à 1h. Le plus probable, c’est que n’ayant pas vraiment faim/n’étant pas réveillé, il prenne très peu et vous réveille quand même à 1h. Et le pire cas, il prend l’habitude de manger à 23h et à 1h, au lieu de seulement à 1h. Mais il y en a sûrement pour qui ça a marché, c’est quitte ou double !

En ce qui me concerne, j’ai été plutôt partisane de dissocier sommeil et nourriture dès que ça a été possible. C’est-à-dire d’éviter d’endormir ou de rendormir mon poussin au sein s’il ne le réclamait pas (j’utilisais la tototte quand ce n’était pas de la faim mais un besoin de succion à satisfaire), et de ne pas lui proposer à manger dès qu’il se réveillait (tant qu’il ne réclamait pas bien sûr). Ainsi il a pris l’habitude de ne pas avoir son petit déj à peine il ouvre l’oeil, ce qui aide grandement pour les grasses mat’ du week-end (maintenant on peut facilement dormir jusqu’à 9h30). Bien sûr s’il réclame au réveil on lui donne, ça n’est pas du dressage, mais s’il est calme on patiente en faisant un gros câlin en famille. 

Il faut savoir qu’un enfant dort moins bien avec ses parents que seul dans sa chambre, ou en tout cas qu’il se réveille plus souvent. Donc il faut décider si vous préférez beaucoup de réveils faciles à gérer (sans se lever ou presque) ou peu de réveils mais plus fatigants. Une des conséquences d’avoir le poussin à portée de main, c’est qu’on a tendance à intervenir au moindre gémissement, puisque ça nous réveille plus vite, et qu’on veut que ça s’arrête pour se rendormir. Ceci peut ralentir l’acquisition de la capacité de rendormissement par l’enfant. Et ce d’autant plus que les bébés ont souvent un sommeil assez bruyant, notamment à certaines phases où on peut facilement avoir l’impression qu’il se réveille alors que ce n’est pas le cas. Le problème étant qu’en voulant le rendormir (alors qu’il n’était pas éveillé), on le réveille effectivement : légèrement contre-productif ! Si vous êtes dans la chambre d’à côté, le temps de se réveiller, de comprendre ce qui se passe, et de jouer cinq minutes au jeu préféré des jeunes parents « Je fais semblant de dormir en espérant que l’autre se lève » ou « Cékikivasslever », avec un peu de chance il se sera rendormi tout seul (ou pas réveillé donc). Je précise que je ne suis pas du tout contre le cododo, que j’ai pratiqué avec bonheur. C’est à chacun de sentir ce qui lui convient le mieux à chaque moment.

Je vous ai dit tout le mal que je pensais du « laisser pleurer », cependant il y a des cas où ça me semble inévitable. Un exemple. Lorsque l’enfant commence à se déplacer, il exprime de plus en plus fortement sa volonté et son envie, en plus de ses besoins. Il veut jouer avec le hâchoir, il veut mettre ses doigts dans la prise, etc etc. Et puis il ne veut pas aller se coucher, bien qu’il soit visiblement fatigué. Alors quand vous le mettez au lit et que vous sortez de la chambre, il pleure (voire hurle) pour manifester son désaccord. Mais il est fatigué. Il peut très bien arriver qu’une fois son désaccord exprimé il s’endorme dans les deux minutes qui suivent votre sortie de la chambre. C’est ce que fait le poussin. Quand on le couche, il n’est pas rare qu’il pleure, mais pas plus de deux minutes (parfois à peine trente secondes). Et si on retourne le voir tout de suite, on ne fait que décaler le problème. Sachant qu’il s’endort beaucoup plus vite seul que si on est là (une présence le stimule plus qu’elle ne le calme), ça me semble plus profitable pour tout le monde qu’il râle deux minutes puis dorme paisiblement que de passer trois quarts d’heure autour de son coucher. De la même façon, quand il se réveille la nuit, il n’est pas rare que le temps qu’on émerge (et qu’on joue au Cékikivasslever), il ait retrouvé son doudou, repris son pouce et se soit rendormi tout seul. En allant dormir chez des amis, j’ai découvert qu’il s’était réveillé trois fois dans la nuit et que je n’en avais entendu qu’une (et le temps que j’émerge du coltar il était déjà rendormi, à la grande surprise de nos hôtes).  

Si vous allaitez, ne vous laisser pas pousser vers le sevrage dans l’espoir qu’il fasse ses nuits. Le résultat est loin d’être garanti, et ça risque de vous rester en travers de la gorge. Ceci dit, si vous avez repris le travail, il est possible que le bébé tète la nuit ce qu’il ne peut pas téter le jour.

Pour apprendre l‘endormissement autonome tout en douceur, il y a la méthode Pantley. Je n’ai pas testé, mais ça peut être une bonne solution, même si à mon avis il faut être trèèèèèèèès patient. Un peu plus douloureuse et controversée, la méthode Ferber consiste à laisser pleurer l’enfant 1 minute, revenir pour le rassurer (sans le prendre), le laisser pleurer 2 minutes, revenir, et ainsi de suite sans jamais dépasser 5 minutes. A mon avis, à manier avec prudence et pas chez un nouveau-né (et surtout ne pas s’y accrocher envers et contre tout), mais ça peut donner un cadre pour aider un grand bébé à s’endormir seul. 

Et puis ce qu’on ne vous dit pas (attention la poule pondeuse dénonce un complot mondiaaaaaal), c’est que la plupart des bébés dort mieux sur le ventre. Mon pédiatre l’a avoué sous la torture (vous avez déjà entendu les cris suraigus du poussin ?). Attention, loin de moi l’idée de remettre en question le lien entre position de sommeil et mort subite du nourrisson : il est clair que ces décès ont chuté depuis qu’on couche les poussins sur le dos, et il faut encourager les parents à le faire. Mais… mais si à chaque fois que vous tentez de coucher votre poussin endormi il se réveille, essayez de le mettre un peu sur le ventre (miraculeux pour ceux qui ont un rototo coincé), et puis retournez-le après 10-15 minutes, quand il est profondément endormi. Cela va sans dire, à 4 heures du mat’, après une demi-heure de biberon/tétée, rototo (peut être nécessaire au sein aussi, surtout si on a un bon débit), tour de la maison avec bébé dans le bras, quand ENFIN le monstre a l’air de dormir dans son lit, on rêve d’attendre encore un quart d’heure pour le retourner. Surtout quand on doit se lever à 6h45. Ouiiiiiiii Docteur, bien sûûûûûûr, comptez sur moi. Ha ha ha. 

Et vous, vous avez des trucs ?

(Photo : Flickr)

Le maternage

mardi, juillet 22nd, 2008

Je vous ai indirectement parlé de maternage dans ces colonnes, et il me semble maintenant intéressant de revenir sur ce sujet. Si on en croit ce site web dédié au maternage,

Le maternage désigne l’art de s’occuper d’un enfant à la manière d’une mère. Cela sous-entend d’une part, que la manière de faire d’une mère diffère de celle de toute autre personne amenée à s’occuper d’un enfant qui n’est pas le sien. On sait bien que personne n’est plus habilitée que la mère biologique à interpréter les signaux de son nouveau-né et à y répondre adéquatement. Cela sous-entend aussi que le maternage est inscrit biologiquement en chaque mère. C’est ce qu’on appelle communément l’instinct maternel.

En pratique, le maternage s’inscrit généralement dans une approche très « nature » et tournée vers l’écologie. Suivi médical minimum pendant la grossesse, accouchement avec aussi peu d’intervention que possible (idéalement à la maison), allaitement long (jusqu’au sevrage naturel), couches lavables (voire hygiène naturelle infantile ou HNI pour les intimes), portage (avec un porte-bébé physiologique bien sûr), cododo, nourriture bio, éducation non-violente, etc. Petite récap sympa ici. Les materneuses sont généralement en froid avec le corps médical : puisque le postulat de base est que la mère sait le mieux ce qui est bon pour son enfant, elle finit tôt ou tard par remettre en question ce que lui préconise le médecin (à tort ou à raison, ce n’est pas le débat), lequel ne le prend généralement pas très bien. En particulier, elles rejettent pour la plupart totalement ou partiellement la vaccination et se tournent en priorité vers homéopathie, naturopathie et autres médecines alternatives. Si vous vous reconnaissez dans tout ça et souhaitez échanger avec d’autres materneuses, j’ai repéré deux forums sur lesquels vous trouverez votre bonheur (mais il y en a sûrement d’autres) :

http://lesmaterneuses.superforum.fr/

http://bebe-nature.forumactif.com/

Le maternage est notamment inspiré par d’autres cultures (voir Jean Liedloff et les indiens Yeqwana, son livre Le concept du continuum étant une des bibles du maternage), à tel point que le Figaro Madame a lancé le terme d’ethnopuériculture. C’est un des aspects sur lesquels je bloque un peu. Je trouve bien sûr qu’il est arrogant et stupide de prétendre que le mode de vie à l’occidentale est la seule et l’unique vérité, et qu’on a tout à gagner à voir ce qui se fait ailleurs et à s’inspirer des pratiques des autres. Mais de là à les ériger comme modèle absolu et à qualifier nos sociétés de dégénérées, je trouve qu’il y a un grand pas que je ne franchirai pas. N’oublions pas que ce sont dans les mêmes sociétés africaines qu’on portent leurs bébés en permanence, qu’on les allaite à volonté et qu’on dort avec, mais aussi qu’on pratique la polygamie et l’excision. Les Balinais dont Jean Liedloff vante (à juste titre) les mérites éducationnels liment les dents des adolescents pour les débarrasser des mauvais esprits (personnellement je risquerais fort de devenir le mauvais esprit de la personne qui tient la lime…).

En ce qui me concerne, on peut me définir comme materneuse puisque j’élève mon poussin en fonction de ce que nous (son père et moi) pensons et sentons être le mieux pour lui. Pourtant (entre autres hérésies) il n’a pas été allaité longtemps, il lui arrive de pleurer tout seul deux minutes avant de s’endormir et je ne vois pas de différence entre homéopathie et effet placebo…  Plus sérieusement, j’aime bien lire et me documenter, découvrir des théories et mieux comprendre le développement de l’enfant, mais j’essaie de toujours garder un certain recul, et surtout de ne pas tout prendre comme parole d’évangile. Je fais le tri, entre ce qui me parle et ce qui me semble moins approprié. Un des risques d’être à fond dans le maternage, à mon avis, c’est de s’oublier complètement, et ça n’est jamais bon. Par exemple, on vous a dit qu’il fallait allaiter un enfant complètement à la demande, mais vous avez le droit d’en avoir marre, et d’instaurer des règles (surtout s’il s’agit d’un bambin qui a tout à fait la capacité de gérer un peu d’attente). On a aussi le droit de n’adhérer qu’à une partie de la kyrielle de pratiques généralement associée au maternage : sinon on va devenir une sainte martyre qui n’en peut plus de laver des couches, de mixer des purées bio et de donner 17 tétées par nuit (retour à la case précédente : ne pas s’oublier). Il faut garder à l’esprit ce point fondamental : un enfant n’est pas heureux si sa mère n’est pas heureuse. Et il n’apprendra pas le respect s’il sent que sa mère ne se respecte pas elle-même.

J’ai fait un onglet maternage dans la liste de liens, qui présente des sites que je trouve assez radicaux. Je les lis avec intérêt même si je suis loin d’adhérer à tout ce qui y est écrit. J’imagine (j’espère !) que les lecteurs de ce blog font pareil : je ne veux pas m’ériger en grand gourou de la parentalité, juste aider les parents à comprendre les tenants et les aboutissants des options qui s’offrent à eux pour qu’ils puissent faire un choix éclairé (même si c’est avec un soupçon de ma mauvaise foi naturelle…). Je mets aussi l’accent sur certaines pratiques liées au maternage car elles souffrent souvent d’un déficit de promotion, et on ne peut pas faire un vrai choix si on ne connaît pas toutes les alternatives.

C’est comme ça que je vois le maternage : c’est à vous de prendre les décisions (avec le papa, même si pour certaines décisions concernant le corps de la mère c’est à elle de trancher et au père de dire « amen »), pas au pédiatre, pas à la copine (même si elle est materneuse !), pas à la grand-mère, pas à votre aîné, et pas au bébé. Il est souvent intéressant d’entendre l’avis de tout le monde, et surtout de faire confiance à ses enfants, mais au final c’est vous qui tranchez.

Le cododo (2)

mercredi, juin 4th, 2008

Si l’aventure du cododo vous tente, voici quelques conseils pratiques pour dormir avec un bébé.

A mon avis, l’accessoire essentiel c’est la veilleuse. Idéal pour éviter d’allumer la lumière alors qu’on n’a aucune envie de se réveiller et pour bien mettre le poussin au sein quand on débute (que celle qui ne s’est jamais fait téter à côté du téton -ouch!- me jette la première boîte de coussinets). On peut aussi vérifier discrètement s’il s’est endormi.

Dans les premiers mois/semaines de l’allaitement (selon les femmes), on a tendance à avoir des fuites de lait, mieux vaut dormir avec soutien-gorge et coussinets pour éviter de se réveiller dans un environnement humide (et poisseux, le lait maternel est très sucré). Au moment où vous dégainez la bête, il peut être utile de mettre une serviette ou un lange entre votre sein et le lit. Vous pouvez aussi laisser un lange sous la tête du poussin s’il a tendance à régurgiter, pour éviter de changer les draps d’un lit double pour un fromage. Idem pour les fesses si vous avez des problèmes d’étanchéité de couches/une épidémie de gastro. 

Tant qu’on y est, on peut aussi prévoir une bouteille d’eau (l’allaitement donne soif) et une petite collation (et ça creuse). Si vous biberonnez, vous pouvez prévoir les biberons d’eau avec les doses de lait correspondantes à proximité (trouver des récipients de stockage qui permettent de verser facilement la poudre sans en mettre partout -et me signaler au passage ce que vous avez trouvé, ça m’intéresse).

On ne va pas écraser le poussin ? Une simple question : « Vous êtes-vous déjà réveillé en pleine nuit sur votre chéri(e) ? (à l’insu de votre plein gré, inutile de faire des sous-entendus salaces) » Même en dormant, on a conscience de la présence de l’autre (et même un nouveau-né ne se laissera pas écraser comme ça). Evidemment, ça ne vaut pas si on a pris des substances licites ou illicites qui affectent notre conscience (alcool, drogues, somnifères…), donc pas de cododo ces nuits-là. Eviter aussi si on fume.

Comment installer le poussin ? Les principaux risques sont à mon avis la chute du lit et l’étouffement par couette/oreiller. Il faut adapter en fonction de l’âge de l’enfant et de la température de la pièce. Pour la chute, il y a un certain nombre de variantes : mettre l’enfant entre les parents, ou entre un parent et le mur, le mettre dans un petit lit à barreaux en « side-car », c’est à dire collé au lit parental, mettre le matelas par terre, etc. Pour la couette, la sécurité totale est de se mettre chacun dans un sac de couchage (et le poussin dans une gigoteuse/nid d’ange). Je comprends que ça ne fasse pas très envie (jamais pratiqué moi-même). Un nouveau-né (qui de toute façon ne bouge pas) peut être placé au niveau de la tête des parents, qui ont quand même peu de chances de se mettre la couette sur le visage. Sinon il faut le mettre sur la couette (avec sa gigoteuse s’il fait froid). Si vous avez des trucs à partager, n’hésitez pas !

J’en profite pour dire que ces histoires de couette et de gigoteuse ne sont pas des inventions des magasins de puéricultures pour nous vendre plus de trucs : un couple qui m’est très proche a perdu un enfant d’un an qui s’est étouffé dans son édredon pendant sa sieste.

Et comment se retrouve-t-on à deux entre adultes consentants, si on a un moins d’1 mètres collé aux basques 24 heures sur 24. Pour les premières semaines, euh, comment dire, ce genre de préoccupation risque fort d’être le cadet de vos soucis. Ensuite, eh bien il n’y a pas que le lit ou la nuit pour réviser son kama sutra… Il paraît même que les mères allaitantes reprennent plus vite une activité sexuelle que les autres ! Incroyable non ?

Enfin vous trouverez plein d’informations et de conseils sur ce petit dépliant de l’UNICEF, ainsi que sur le site du cododo. Et n’hésitez pas à nous faire partager vos trucs !

Le cododo (1)

mardi, juin 3rd, 2008

  C’est le nouveau mot à la mode pour désigner un concept ancestral : partager son lit ou sa chambre avec son (ou ses) enfant(s). Après quelques décennies de « Un bébé doit dormir tout seul dans son lit dans sa chambre », la nouvelle vague rappelle que la grande majorité de l’humanité ne fait pas chambre à part, et que le nouveau-né est bien trop immature pour dormir seul. Une fois n’est pas coutume, je vais vous raconter un peu ma vie.

Quand j’étais enceinte, j’envisageais que le poussin dorme dans notre chambre mais dans son joli berceau. Je n’avais pas vraiment réalisé qu’on pouvait faire autrement. Le poussin est né au petit matin, et me voilà le premier soir, seule dans la chambre à la maternité, dans mon lit d’hôpital observant l’adorable merveille qui dormait dans son petit berceau en plexi, tout contre mon lit. Et là, la puéricultrice du soir (qui venait nous border faisait sa ronde) me dit « Vous allaitez ? Mais prenez-le dans votre lit, vous verrez ce sera bien plus simple. » Je rattrape ma mâchoire qui venait de se décrocher, réfléchis quelques instants et adhère rapidement au bon sens de ses propos. Hop, le poussin dans mon lit. Ah que c’était moins fatigant que de se contorsionner pour le sortir du berceau sans se lever, même en réarrangeant régulièrement le coussin d’allaitement au bord pour faire barrière (le lit était pourvu de barrières, hélas prévues pour retenir la maman mais pas le poussin) à chaque fois qu’on changeait de côté. Le lendemain soir, nouvelle équipe médicale, et rebelote : la puéricultrice était ravie de voir mon installation pour prévenir une chute malencontreuse.

A peine rentrés à la maison, je ne me voyais plus faire autrement. Le coq, qui avait été soigneusement briefé (ne pas contrarier une jeune maman, surtout fraîchement rentrée de la maternité, sous peine de baby blues et torrents de larmes), a accepté de prendre le poussin entre nous. Le premier mois a donc été beaucoup moins fatigant que prévu : le poussin chouinait légèrement, je dégrafais mon soutien-gorge, le mettais au sein et voilà. Il m’est arrivé souvent de me réveiller avec un sein à l’air et le poussin qui dormait béatement juste à côté. Le coq lui ne se réveillait même pas (sauf quand je lui collais un méchant coup de coude pour lui suggérer d’aller changer la couche de son fils, niark niark niark). J’ai l’impression aussi que comme ça il a très vite compris que la nuit il fallait dormir… Et puis aux esprits chagrins qui s’offusquaient de telles pratiques je répondais « C’est ce qu’on m’a conseillé à la maternité (hôpital public de niveau III) », et toc !

Ensuite, vers ses un mois, nous avons mis le poussin dans la nacelle à côté du lit, et après trois mois il est passé dans son lit dans sa chambre, parce que nous avions envie de plus d’intimité. Je n’irai pas jusqu’à dire que tout s’est passé comme sur des roulettes, mais je pense que les nuits agitées étaient le résultat d’un ensemble de choses. Quoi qu’il en soit, vers quatre mois le poussin s’endormait à peu près sans problème pour des nuits de 12 heures, dans son lit dans sa chambre. Je ne dis pas ça pour rendre fous de jalousie les parents qui n’ont pas cette chance, mais pour dire que le cododo ne condamne pas forcément à avoir le poussin dans les pattes (ou plutôt dans le plumard) jusqu’à ses 18 ans. Et maintenant il a plus de difficultés à s’endormir si il est avec quelqu’un que si il est seul (il est du genre hyper actif et curieux, qui ne veut rien rater de ce qui se passe).

Alors à faire ou à éviter ? Comme toujours, c’est à chacun de trouver ses marques. Si une solution vous empêche de fermer l’œil de la nuit (vous vous relevez quinze fois pour aller vérifier qu’il respire ou au contraire les bruits de son sommeil vous rendent insomniaque) alors elle n’est pas pour vous. Et puis combien de temps ? A mon avis jusqu’à ce que quelqu’un en ait marre (parent ou enfant). On n’est pas non plus obligé de choisir définitivement et de se ranger dans un camp. On a tout à fait le droit de commencer la nuit chacun de son côté et de se rejoindre en cours de route, ou de ne dormir ensemble que les jours pairs, bref n’importe quelle solution qui vous convienne. Il y a un joli témoignage sur le sujet ici. Il ne faut pas choisir une solution « parce qu’on m’a dit que c’était le mieux ». Il faut choisir « parce que c’est comme ça qu’on se sent le mieux ». A ce sujet, j’ai aussi bien aimé ce billet.

Demain quelques idées pratiques pour dormir comme des bébés (ben bien sûr)…

La valise (3)

mercredi, avril 9th, 2008

Pour finir cette merveilleuse trilogie, réfléchissons à ce dont on a besoin pour quitter la maternité et accueillir un poussin chez soi.

Pour partir :

  • A moins que vous ne repartiez à pied, il vous faut un siège auto adapté (dos à la route ou nacelle). Il est conseillé d’en étudier la fixation AVANT le jour J.
  • Selon la météo et la saison il va falloir couvrir le poussin. Il est fortement déconseillé de le mettre en combinaison pilote dans le siège auto (pour la sécurité et puis il ne fait généralement pas si froid dans une voiture). Il existe des nids d’ange avec des petits trous judicieusement placés pour laisser passer la ceinture, et rien ne vous empêche de l’ouvrir une fois qu’il fait bon chaud dans la voiture. Globalement le nid d’ange m’a paru un bon investissement. Cela dit si vous accouchez en juillet à Montpellier, vous pourrez probablement vous en passer (quoi qu’avec le changement climatique, y a plus de saison ma brave dame).
  • Pensez aussi à prendre de quoi vous habiller, vous n’allez quand même pas sortir en tongs et en slip filet…

Une fois rentrés, quels sont les basiques indispensables ?

Pour coucher le poussin :

  • votre lit peut faire l’affaire si vous êtes adepte du cododo mais c’est quand même bien utile d’avoir un couffin/berceau/nacelle/lit de bébé selon ce que vous avez et ce qui vous arrange.
  • Pas de drap, couverture, oreiller ou édredon avant au moins 18 mois (oui il y a des enfants qui meurent étouffés dans leur couette à 1 an et oui j’en ai connu un). S’il fait froid, vous avez le choix entre gigoteuse, surpyjama et nid d’ange : privilégier les modèles les plus faciles à mettre avec nombreuses ouvertures. Pour les premiers mois le nid d’ange est pas mal. Pensez aussi aux draps housse et alèses.
  • Une veilleuse nous a été très utile pour nous occuper du poussin la nuit. Et cela fait plusieurs mois qu’il dort sans sans problème, pour ceux qui auraient peur de donner des mauvaises habitudes.

Pour changer le poussin :

  • N’achetez pas trop de couches d’un coup, que ce soient lavables ou jetables, car il faut trouver le bon modèle pour la morphologie du poussin (sans compter les problèmes d’irritation), et ça même le meilleur échographiste ne pourra pas vous aider. Un petit truc : il vaut mieux passer à la taille supérieure dès que le bébé atteint le bas de la fourchette de poids plutôt que de garder la taille inférieure le plus longtemps possible (ça n’empêche pas de finir le paquet bien sûr), car en plus de la taille la capacité d’absorption augmente aussi. Si vous souhaitez utiliser des lavables, c’est toujours utile d’avoir un paquet de jetables sous la main.
  • Même si on peut changer le poussin par terre, sur son lit ou que sais-je, c’est quand même bien pratique d’avoir un espace dédié à hauteur de parent (on n’est pas obligé d’acheter une table à langer, ça dépend vraiment de la configuration de votre chez-vous ; par exemple nous avons aménagé le dessus du lave-linge avec une grande planche et des tasseaux), où vous pourrez avoir tout ce qu’il vous faut sous la main.  Investissez au moins dans un genre de matelas (il y en a un pas cher du tout et tout blanc -parfait pour les allergiques à Winnie et ses amis- chez le célèbre magasin d’ameublement bleu et jaune). Il vaut mieux choisir un endroit où tout est facilement nettoyable, y compris le sol, mais je n’en dis pas plus pour ne pas choquer les âmes sensibles.
  • Le plus simple est d’utiliser de l’eau et des carrés de coton (en supermarché à côté des couches), avec éventuellement une crème apaisante (genre liniment oléo-calcaire, en pharmacie). Si votre conscience écologique vous taraude, vous pouvez utiliser un gant de toilette et/ou des carrés de polaire lavables. En cas de grosse irritation, le mytosil est un grand classique (mais l’odeur…) ; j’aime bien les pâtes à l’eau comme eryplaste, ça marche bien et ça ne sent rien.
  • Prévoir évidemment une poubelle étanche, facile à nettoyer, grande (>15L sauf si vous avez un vide-ordure/adorez sortir les poubelles ; indispensable si vous utilisez des lavables) et de préférence à pédale (à moins que vous ne soyiez un poulpe).

Pour les soins :

  • Pour le cordon : compresses stériles, éosine en unidoses et alcool à 60°
  • Des unidoses de sérum physiologique sont utiles pour nettoyer le nez, les oreilles et les yeux. On en trouve en supermarché.
  • Un thermomètre peut s’avérer utile si vous soupçonnez de la fièvre.

Pour le nourrir :

  • Que vous allaitiez ou pas, il est utile d’avoir un ou deux biberons et une petite boîte de lait maternisé sous le coude. Attention, certains bébés refusent certaines tétines, donc il vaut mieux attendre de voir sa réaction avant d’en acheter 10 de la même marque. Et toutes les tétines ne sont pas compatibles avec tous les biberons (même si les fabricants prétendent le contraire). Pensez au goupillon pour nettoyer.
  • Pour stériliser, sachez qu’on peut faire bouillir 5 minutes (sauf le caoutchouc, qu’on peut stériliser avec des pastilles, vendues en hypermarché) ou passer 10 minutes à la vapeur (plus rapide dans l’autocuiseur). Donc si vous ne pensez stériliser qu’occasionnellement (pour info il n’est plus recommandé de stériliser systématiquement les biberons, sauf pour conservation du lait maternel), il n’est pas indispensable d’investir dans un gros bidule. Attendez un peu pour évaluer vos besoins.
  • Le coussin d’allaitement peut servir aussi bien pour le sein que pour le bib, et permet de bien s’installer pour des tétées qui sont souvent longues et fréquentes au début.
  • Si vous allaitez, attendez que la montée de lait soit passée pour racheter quelques soutiens-gorge d’allaitement, afin que votre taille soit à peu près stabilisée. Les hauts d’allaitement ne sont pas indispensables : on soulève son t-shirt et voilà ! Avec le bébé bien installé (et le coussin !) on ne voit rien de votre bidon qui pendouille. Les coussinets d’allaitement sont souvent indispensables au début, il existe des lavables et des jetables. Au moins au début, privilégier ceux avec effet « au sec » pour protéger les mammelons. Ne pas oublier son tube de lanoline à la maternité… Les coquilles recueil-lait sont pratiques aussi (souvent le sein qui n’est pas tété coule de concert avec son copain), ça permet de recueillir un peu de lait sans recourir au tire-lait et puis ça peut aider à stimuler la lactation si vous vous sentez dépourvue à ce niveau-là. Par contre à éviter à tout prix de les utiliser la nuit parce que c’est un coup à en mettre partout… Les bouts de sein en silicone (ou téterelles) sont controversés : certaines ne jurent que par eux, d’autres au contraire pensent qu’ils ont failli saboter leur allaitement. A utiliser avec discernement donc. J’ajouterai le téléphone d’une personne de confiance (et qualifiée) en cas de problème : sage-femme, consultante, bénévole d’une association…

Pour la jeune pondeuse :

  • Des stocks de serviettes hygiéniques (parce que pas évident d’envoyer votre homme, surtout qu’il risque de ne pas rapporter les bonnes) : désolée pour celles qui ne savaient pas mais après 9 mois de tranquillité, on rembourse avec pénalités de retard. Ne lésinez pas sur la qualité car ça peut durer facilement 2-3 semaines, ce qui peut être irritant à la longue (au propre comme au figuré). Je ne sais pas si des serviettes lavables pourraient être plus confortables (mais oui ça existe aussi !).
  • Un porte-bébé peut être utile très vite, même (et surtout) à la maison, pour pouvoir faire autre chose sans délaisser son poussin (et sans qu’il hurle comme si on voulait lui arracher un oeil, ce qui est très mauvais pour la santé mentale de ses parents).
  • Je crois l’avoir déjà mentionné dans ces pages, mais la sécu vous remboursera plusieurs visites de sage-femme à domicile (j’ai pas retrouvé le nombre exact), il ne faut pas hésiter à en profiter, elles sont compétentes pour (bien) s’occuper de maman et de bébé. Et c’est tellement plus agréable que d’aller courir à la PMI. Vous pouvez obtenir leurs coordonnées auprès de la maternité (entre autres).
  • De l’aide ! Que ce soit le papa ou une autre personne (bien choisie, évitez la belle-mère si elle vous donne déjà de l’urticaire en temps normal), on n’est pas trop de deux, ne serait-ce que pour nourrir la jeune mère (l’allaitement ça creuse !) et tenter de garder un certain contrôle sur l’état de la maison. Et je ne parle pas de celles qui ont en plus des aînés à gérer…

J’en ai peut-être (sûrement) oublié, donc n’hésitez pas à compléter en commentaire. Mais je crois que pour le reste du bazar (transat, tapis d’éveil, parc, chaise haute, écoute-bébé, trotteur, etc), rien ne presse. Vous allez recevoir des cadeaux, et puis si on ne veut pas que sa maison ressemble (tout de suite) une succursale d’Aubert et consorts, on peut y aller progressivement, et essayer de voir au fur et à mesure ce qui nous rendrait vraiment service. D’autant plus qu’avec internet on n’est plus obligé de faire une expédition pour le moindre achat.