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Ah qu’il est beau le débit de lait

mercredi, octobre 26th, 2011

Vous l’avez sans doute remarqué, je parle régulièrement d’allaitement sur le blog. Parce que je pense que de façon générale on n’en parle ni assez ni bien. Il me semble que tant que ça ne sera pas quelque chose de normal, d’ordinaire, il faudra continuer, parce que tant qu’il y a des femmes, des enfants, des familles qui seront victimes d’idées reçues ou d’une vision extrêmement biaisée de la chose il n’y aura pas de choix éclairé. Ceci étant posé, le but de ce billet est de proposer quelques pistes sur quel lait donner si on ne peut ou ne veut donner le sien, et en particulier en allaitement mixte. C’est une question qui n’est pas triviale, parce qu’en schématisant à peine on a d’un côté les associations de soutien à l’allaitement qui -et c’est bien normal- font la promotion du lait maternel et de l’autre les industriels qui -c’est bien normal aussi- veulent vendre. Quant aux médecins, j’ai du mal à voir l’indépendance de ceux qui prennent un stylo Gallia dans leur pot à crayons Nestlé après avoir fixé leur rendez-vous sur un agenda Guigoz. Je vous jure que c’était le cas de notre premier pédiatre, pourtant recommandé par la moitié du quartier. Après j’en ai trouvé un autre qui était abonné à Allaiter aujourd’hui mais c’est une autre histoire… Il n’est donc bien sûr pas question de mettre dans le même sac toute une profession et il y en a qui font l’effort de chercher l’information ailleurs. Mais que vont-ils trouver alors que leur formation initiale parle peu et mal d’allaitement et que les études sur les alternatives au lait humain sont pour la plupart trustées par les industriels ? En particulier pour ce qui concerne l’allaitement mixte, pourtant de plus en plus répandu, avec un nombre croissant de femmes qui choisissent d’allaiter mais qui doivent et/ou souhaitent s’éloigner un peu de leur bébé. Il est donc assez difficile de trouver des données objectives et fiables, donc je choisis de vous présenter simplement l’état de mes réflexions et recherches, pour susciter les vôtres.

Je vous invite par ailleurs à lire deux documents de l’OMS fort intéressants. Comme ‘ils s’adressent au monde entier, tout n’est pas forcément pertinent pour les lecteurs de ce blog (qui n’ont a priori pas de problème de contamination de biberons) mais je trouve aussi utile de prendre un peu de recul et de s’ouvrir l’esprit :

Je passe déjà sur la possibilité de donner du lait humain qui ne soit pas celui de la mère : en France actuellement le lait des lactariums (lactaria?) n’est disponible que sur ordonnance et seuls de rares échanges informels permettent à des bébés « ordinaires » de bénéficier de lait donné (ou vendu, ne soyons pas naïfs). Mais il y a encore un siècle on trouvait des nourrices au sens propre et dans d’autres cultures il n’est pas rare de donner le sein à un bébé qui n’est pas le sien.

Je rappelle également qu’il n’y a pas que le biberon comme vecteur pour l’alimentation lactée : si on panache avec l’allaitement au sein il est même plus prudent de ne pas l’utiliser pour éviter la confusion sein-tétine. On peut citer la tasse à bec, la soft cup (à ne pas confondre avec celle-là…), la cuiller, la seringue, le DAL, le verre, et je ne suis bien sûr pas exhaustive.

Prenons tout d’abord le cas du bébé dont l’alimentation est 100% lactée (c’est-à-dire à la louche* qu’il a moins de six mois). Là il semble relativement avéré qu’en dehors du lait humain, la préparation infantile pour nourrisson (en langage courant « lait premier âge ») est la plus appropriée (pour info l’appellation « lait maternisé » est interdite). La composition de ces produits est extrêmement réglementée et les différences entre les marques sont relativement marginales. A noter que les limites sur les résidus de pesticides autorisés dans les aliments pour bébé sont beaucoup plus strictes que pour les produits généraux (mais on peut aussi acheter bio pour privilégier un mode de production plus respectueux de l’environnement et de la santé des travailleurs agricoles). Si vous n’avez besoin qu’occasionnellement de préparation infantile (par exemple vous sortez un soir et ne voulez ou ne pouvez tirer de lait), il existe des petits conditionnements liquides qui permettent d’éviter l’achat d’une grosse boîte qu’on finit par devoir jeter. Je dis ça mais je n’en ai jamais vu ni en pharmacie ni en supermarché. Mais il paraît que ça existe.

Pendant la phase de transition entre alimentation principalement lactée et alimentation principalement solide (soit de quatre-six mois à un an-un an et demi grosso modo), c’est plus flou. En théorie c’est là qu’interviennent les préparations de suite (ou laits deuxième âge). Bien que leur composition soit strictement définie par le Codex alimentaire, certains n’y voient qu’un moyen pour les industriels de pouvoir faire de la pub (pour les préparations premier âge c’est interdit). L’académie de médecine recommande tout de même de proscrire le lait de vache non modifié jusqu’à un an. Si le bébé n’est pas du tout allaité, il semble à peu près logique de se tourner vers ces préparations. A noter que l’OMS, dans le document cité ci-dessus, préconise pour les produits laitiers donnés à l’enfant non allaité au sein, et ce à partir de 6 mois :

La quantité de lait nécessaire est de 200 à 400 mL/j quand par ailleurs des aliments d’origine animale sont régulièrement consommés en quantité suffisante. Sinon, elle doit être augmentée à 300 à 500 mL/j. Les sources appropriées de lait sont le lait entier d’origine animale (vache, chèvre, buffle, mouton, chameau), le lait traité à Ultra Haute Température (UHT), le lait évaporé reconstitué (mais pas le lait condensé), le lait fermenté ou le yaourt, et le lait maternel exprimé (traité par la chaleur si la mère est séropositive pour le VIH).

Et s’il s’agit par exemple de le nourrir en l’absence de sa mère qui autrement l’allaite, l’intérêt des préparations infantiles se discute. Une fois que le régime solide intéresse de plus en plus l’enfant, on peut très bien imaginer qu’il ne prenne pas de lait du tout en l’absence de sa mère (sauf si bien sûr elle part en gros plus de 24 heures). Ainsi, lorsque Pouss2 est entré à la crèche vers 8 mois 1/2, sachant qu’il avait un solide coup de fourchette, nous avons demandé qu’il ait un yaourt ou autre laitage solide au goûter plutôt qu’un biberon de préparation infantile (je me suis très vite lassée du tire-lait -voir mon témoignage complet sur allaitement et travail ici). Evidemment ce n’est pas évident de tirer une limite claire entre qui a besoin de préparation infantile et qui non, c’est aussi une affaire de bon sens à mon avis.

Enfin après un an (voire dix mois), les industriels qui pensent à tout nous proposent le lait de croissance. Contrairement aux autres préparations il ne fait pas l’objet d’une réglementation internationale, la France a d’ailleurs l’immense chance d’être un des pays les mieux achalandés en la matière. Commençons par rappeler qu’à la base lorsqu’on donne un biberon c’est pour remplacer l’allaitement donc si on n’est pas choqué de voir un enfant de cet âge au biberon on ne devrait pas l’être de le voir au sein. Même si le lait maternel n’est plus aussi vital à cet âge qu’il l’est à la naissance, il fait partie de l’alimentation normale jusqu’à au moins deux ans. Pour reprendre le document de l’OMS sur la nourriture des enfants allaités cité ci-dessus :

Continuer l’allaitement au sein à la demande jusqu’à l’âge de deux ans ou au delà.

[…]

L’allaitement au sein continue d’assurer une contribution nutritionnelle importante bien au-delà de la première année de vie.

Trois cas de figure se présentent. Si vous allaitez encore à la demande, la supplémentation en lait, de croissance ou autre, est toujours inutile (cela n’empêche bien sûr pas que l’enfant consomme des laitages -fromages, yaourts, voire un chocolat chaud de temps en temps- avec le reste de la famille pour le plaisir). Si vous n’allaitez pas/plus du tout, sachez que si certaines sociétés savantes les considèrent comme indispensables, ce n’est pas le cas de toutes. Le Collège national des généralistes enseignants par exemple pense qu’ils n’ont pas montré leur intérêt. Il s’appuie en cela sur un article de Saint-Lary et al (2009) (merci @sapristii) qui indique qu’aucune étude n’a montré d’effet des laits de croissance sur les enfants français. Notez à quel point cette étude et ce communiqué sont peu repris dans les médias parentaux qui pour la plupart servent les annonceurs et pas les parents (voyez par exemple cet article qui a été rédigé directement à partir des communiqués de presse des industriels).

J’entends parfois des parents dire qu’ils donnent du lait de croissance car leur enfant n’a pas une alimentation équilibrée (comprendre il refuse les fruits et légumes). Or les spécificités de ce produit sont : plus de fer, plus d’acides gras essentiels et moins de protéines. Rien à voir donc avec les fibres, vitamines et autres antioxydants contenus dans les fruits et légumes. Chez nous lorsque Pouss2 a arrêté de téter vers 14 mois et des brouettes il est donc passé au lait de vache, de préférence frais et bio (ou fermier), entier ou demi-écrémé selon ce qu’on trouve (passons sur le fait qu’une bouteille de lait frais bio ne doit pas être si loin du prix du lait de croissance…). Il est aussi possible de donner d’autres laits animaux (chèvre, brebis…), même s’ils sont souvent plus difficiles à trouver et plus onéreux. Vous trouverez sur Wikipedia un tableau récapitulant la composition des principaux laits animaux. Par contre attention les « laits » végétaux (amande, riz, soja… qui n’ont pas le droit à l’appellation lait d’ailleurs, d’où mes guillemets) ne sont vraiment pas équivalents en termes nutritionnels. Ce qui ne veut pas dire qu’on ne peut pas en donner ou en mettre dans la cuisine mais que ce sont d’encore moins bons proxys du lait humain. Pour les enfants qui sont allergiques ou intolérants au lait de vache, je passe mon tour : cela mériterait un article à part entière. Mais il est évident qu’il ne faut pas insister pour donner au poussin un aliment qui le rend malade, que ce soit par des problèmes digestifs (diarrhées, vomissements…) ou des manifestations dermatologiques (plaques, boutons…). Je réalise qu’avec tout ce blabla, j’ai oublié le troisième cas, celui de l’enfant au lait maternel mais pas que. Il me semble assez clair que le lait de croissance n’est pas indispensable non plus dans ce cas. Cet enfant peut également se passer de lait (sauf s’il y trouve un réconfort moral bien sûr) pendant un certain temps : l’équilibre nutritionnel ne se fait pas sur un repas ou une journée mais à plus long terme.

Je dis bien que le lait de croissance n’est « pas indispensable », ce qui ne veut pas dire du tout que les enfants qui en prennent en pâtissent (et d’ailleurs Pouss1 en a pris, toujours sur les recommandations du pédiâââtre (c) Jaddo cité plus haut). Mais la façon qu’ont les industriels de nous expliquer qu’on ne peut pas élever notre enfant convenablement sans recourir à leurs indispensables produits me fait sortir de mes gonds. Je ne suis pas anti produits industriels, il y a comme dans beaucoup d’autres familles des petits pots dans nos placards. Je suis juste énervée par la communication éhontée qu’ils font. A ce propos l’OMS dit bien que vers un an l’enfant peut recevoir une alimentation « proche de celle du reste de la famille » (contrairement à ce que prétend le Syndicat français des aliments de l’enfance, qui présente un léger conflit d’intérêt en la matière). Et je cite à nouveau les documents pour un léger hors sujet sur le passage de la purée aux morceaux (pour ceux qui n’ont pas directement zappé la purée) :

Diverses études (Deweyet Brown, 2002) indiquent que vers l’âge de 12 mois, la plupart des nourrissons sont capables de consommer la « nourriture familiale » d’une consistance solide. Pourtant, nombreux sont ceux qui continuent à recevoir des aliments semi-solides, vraisemblablement parce qu’ils peuvent les ingérer plus efficacement, l’alimentation prenant ainsi moins de temps aux personnes s’occupant d’eux. Certaines données laissent à penser qu’il existe un« moment critique » pour l’introduction des aliments solides « grumeleux » : s’ils commencentà être pris en retard, au-delà de l’âge de 10 mois, cela pourrait augmenter le risque ultérieur de difficultés d’alimentation (Northstone et al., 2001). Ainsi, bien qu’il y aurait un gain detemps à continuer d’alimenter avec des aliments semi-solides, il est souhaitable d’augmenter graduellement la consistance de l’aliment avec l’âge pour permettre un développement optimal de l’enfant.

Là encore l’idée n’est pas de dire que certains font bien ou font mal mais juste de donner quelques pistes d’explications aux parents dont les enfants refusent les morceaux.

*Les catégories d’âge citées dans le billet sont bien sûr à prendre comme des indications qui doivent composer avec la variabilité de chaque cas ; il n’est pas question de dire qu’à partir de six mois et un jour le bébé est prêt à et doit ingérer autre chose que du lait et pas avant ni après.

Photo : Une autre forme d’allaitement, montrée dans Mon beau-père, mes parents et moi (Meet the Fockers). Et pour le titre, les fans de Trenet et les autres peuvent se faire un moment nostalgie sur Youtube.

Edition du 31/10/11 : Deux billets intéressants signalés en commentaire : Quel lait donner au moment du sevrage ? sur A tire d’ailes et la liste des laits infantiles 2011 sur Mamanonyme

Le pouvoir du marketing

lundi, juillet 27th, 2009

300px-DisneyKaa Grâce à Olympe, je vous propose aujourd’hui d’aller voir ailleurs si j’y suis (si vous avez la flemme, j’avoue, je n’y suis pas). Elle m’a signalé en effet ce billet très intéressant (ici) qui décortique en détails la dernière pub de Bledina. Pour ceux et celles (comme moi) qui regardent peu la télé, vous trouverez aussi la vidéo en question sur le site. J’avoue que je ne sais pas si c’est de voir la vidéo en lisant l’article, mes hormones de grossesse qui débloquent ou une combinaison des deux mais franchement je n’ai pas spécialement fondu.

Comme le sujet est extrêmement sensible pour beaucoup, j’ajouterai qu’il n’est pas question ici de culpabiliser quiconque, mais simplement d’aider chacun à faire des choix informés. Ce n’est pas non plus un appel au boycott de la marque ou que sais-je, je ne pense ni que son produit soit spécialement meilleur ou pire qu’un autre, ni que ses stratégies marketing soient très différentes de celles des concurrents.

Enfin je n’ai pas encore eu le temps de parcourir l’ensemble du blog Communication, publicité et marketing dont l’article est extrait mais ce que j’en ai lu m’a donné l’envie de le rajouter fissa à mes (trop nombreux) flux RSS.

EFSA et BPA

vendredi, juillet 25th, 2008

 Il y a quelques mois, le tocsin sonnait chez les cyber-mamans pour annoncer un haro généralisé sur un composé chimique : le Bisphénol-A, ou BPA pour les connaisseurs. Cette molécule, qu’on retrouve dans certains plastiques (et notamment à l’intérieur des canettes), avait le mauvais goût d’être présente dans la grande majorité des biberons en plastique. Les Canadiens ont lancé la charge (voir ici et ), tandis qu’un nouveau marché s’ouvrait. Il est clair que tous les grands scandales sanitaires des dernières décennies (nuage de Tchernobyl s’arrêtant aux frontières, sang contaminé, amiante, vache folle et j’en passe) ont rendu le public assez chatouilleux sur ce genre de question. L’émoi général à l’idée d’empoisonner nos enfants a donc conduit les autorités sanitaires des pays occidentaux à se saisir au plus vite de la question.

En Union européenne, ce rôle est dévolu à l’Autorité européenne de sécurité alimentaire, ou European food safety authority : l’EFSA. C’est une agence communautaire que je connais bien par mon travail. Tout comme l’Afssa (Agence française de sécurité sanitaire des aliments) en France, son rôle est de produire des évaluations scientifiques rigoureuses de tous les problèmes et questions liés à la sécurité sanitaire. Ces agences émettent alors des avis, à destination notamment des gestionnaires (le ministère ou la commission, selon l’échelle où on se place), qui prendront alors les décisions législatives, notamment pour autoriser ou pas tel ou tel produit. Leur fonctionnement s’appuie entre autres sur des panels d’experts, qui sont pour la plupart des scientifiques de renom, dont les conflits d’intérêt doivent être rigoureusement examinés par l’agence. Dans le cas du BPA, c’est le panel on Food contact materials, enzymes, flavourings and processing aids (panel CEF pour les intimes) qui s’est chargé d’examiner l’ensemble des données disponibles, et notamment les nouvelles études qui avaient alarmé nos amis d’outre-Atlantique.

D’abord une petite explication sur la façon dont on procède pour évaluer le risque lié à un produit chimique. On commence par le tester sur de pauvres animaux, qui doivent en manger, en respirer, en toucher, soit des quantités énormes en peu de temps, soit des quantités plus modérées sur plus longtemps. On observe alors les effets produits par le produit et on quantifie la dose à partir de laquelle ils surviennent. C’est la toxicité du produit. Pour le BPA, l’EFSA (ainsi que sa jumelle étatsunienne) conclue ainsi qu’on peut en avaler 0.05 mg/kg de poids corporel par jour sans qu’aucun effet ne soit observé. Cette valeur est appelée TDI, comme tolerable daily intake, ou dose journalière tolérable. C’est en fait la dose à laquelle aucun effet n’a été observé chez l’animal, mais divisée par 100 pour plus de précaution.

Ceci étant posé, il faut ensuite déterminer à quelle quantité on risque effectivement d’ingérer : par exemple l’eau de Javel est très toxique, mais il y a peu de chance que quelqu’un siffle le bidon (d’autant plus qu’il y a des avertissements sur l’étiquette et un bouchon anti-petites mains) donc au final le risque est faible, et c’est pour ça qu’on en trouve dans tous les supermarchés. Pour les produits alimentaires, il existe des modèles scientifiques pointus, basés sur des enquêtes auprès des gens pour savoir ce qu’ils mangent et en quelles quantités. Les particularités des uns et des autres sont prises en compte (végétariens, jeunes enfants, bébés, etc). Ces modèles permettent donc d’établir la quantité qui risque d’être effectivement avalée, c’est-à-dire l’exposition. Enfin, on compare la toxicité à l’exposition pour voir si une ou plusieurs catégories de consommateurs courront un risque lié à l’ingestion du produit.

Alors que nous dit l’EFSA ? Le panel CEF observe que le BPA est très rapidement métabolisé et excrété chez l’homme (y compris le nouveau-né), et ce beaucoup plus vite que chez les animaux de laboratoire, en l’occurrence les rongeurs (probablement des rats) sur lesquels les tests ont été effectués. En outre, les dernières études y sont qualifiées de « limitées en rigueur, en cohérence et peu plausibles au niveau biologique ». Le panel précise que cette conclusion est partagée par ses homologues étatsuniens, norvégiens (rappelons qu’il ne font pas partie de l’UE) et canadiens, ainsi que par un institut du Joint Research Centre de la Commission européenne. Pour l’EFSA, il n’y a donc pas lieu de revoir la TDI (la dose journalière tolérable), et de conduire une nouvelle évaluation du risque. Les Canadiens eux appellent les parents à la prudence sans toutefois aller jusqu’à l’interdiction.

Alors que faire dans ce flot d’informations contradictoires ? Le BPA est libéré par le plastique quand on y verse de l’eau bouillante. Si vous chauffez peu ou pas vos biberons, cela diminue d’autant l’exposition du poussin. Et si vous êtes vraiment préoccupés, achetez des biberons en verre (moi avec mes deux mains gauches ça me semble plus dangereux que le BPA mais ce n’est pas forcément le cas de tout le monde). Il existe aussi des biberons en plastique sans BPA (si les vôtres ne se signalent pas clairement comme tels, c’est a priori qu’ils en contiennent). Il y a enfin l’allaitement long et exclusif, bien sûr, mais même les mamans allaitantes apprécient de se faire remplacer par un bib de temps à autre. Moi je reste avec mes biberons non chauffés de la célèbre marque dont le nom rappelle les calendriers pour attendre Noël, garantis avec du BPA dedans.

Pour en savoir plus : un ensemble de questions/réponses très complet préparé par les autorités canadiennes.

(Photo Flickr -parce que ça manquait un peu de petits chatons par ici)

Partir un jour…

mercredi, juillet 16th, 2008

… sans retour poussin. OK j’arrête là la référence culturelle musicale aux 90s et je me mets au vrai sujet du jour : comment laisser son poussin. Là je m’adresse surtout aux pondeuses, pour qui cette étape est généralement plus difficile que pour les papas.

Pourquoi se séparer, même quelques heures, de son adorable chérubin ? Pour un certain nombre d’entre nous, il y a une réalité incontournable : Mr BigBoss n’admet pas les moins d’1 mètre dans les locaux de son entreprise. Et tout le monde a un jour ou l’autre des occupations plus ou moins compatibles avec la présence d’un mini-monstre (qui veut négocier avec son banquier pendant que Junior met consciencieusement en pièces l’ensemble des prospectus du joli présentoir ?). Il y a aussi tout simplement l’envie de respirer un peu, seule, avec ses vieilles copines nullipares (et les autres aussi !) ou en amoureux. Mais il ne faut pas non plus se laisser stresser par les oiseaux de mauvais augure : « Comment ? Alors que Junior a déjà 2 mois vous n’avez jamais pris de baby sitter ? tss tss tss, vous êtes bien trop fusionnels, cet enfant ne pourra jamais acquérir son autonomie. » Si on n’a vraiment pas envie ça ne sert à rien de se forcer (sauf peut-être après les 38 ans de Junior ?). Par contre, si on a un peu envie mais qu’en même temps on a très peur que ce soit une grosse catastrophe, là il ne faut pas hésiter à se motiver un peu. Rien ne prouve que ce sera une catastrophe. Et même si c’est le drame, ce n’est pas pour autant qu’il faudra 15 ans de thérapie au poussin pour s’en remettre.

Alors à qui le laisser ?

  • Le plus facile : le père. C’est d’autant plus aisé s’il est déjà bien impliqué dans les divers aspects pratiques liés aux soins du bébé au quotidien. Dans la famille Pondeuse, c’est comme ça que ça fonctionne, et je laisse le poussin à son père comme à un autre moi-même (sauf qu’au bout d’un moment le schtroumpf me manque un peu mais je sais qu’il est très bien avec son père).
  • Deuxième catégorie : les proches. Parents, beaux-parents, frères et soeurs, meilleurs amis… Quelques atouts qui feront la différence s’il y a plusieurs candidats : avoir un minimum d’expérience pratique avec les bébés, avoir un minimum envie de s’en occuper (pas le genre qui vous refile le poussin au premier couinement ou à la première odeur suspecte), avoir les idées suffisamment ouvertes pour faire comme vous leur demandez (et pas comme eux feraient, comme ils vous le font régulièrement savoir), vous fréquenter assez régulièrement pour être potentiellement identifiables par le poussin.
  • Troisième catégorie : du personnel rémunéré. Dit comme ça on imagine la gouvernante, la nurse anglaise et le majordome, mais en fait il s’agit d’une nounou ou d’une baby-sitter. Plus difficile de laisser son bébé à un(e) parfait(e) inconnu(e), mais au moins la personne est payée pour s’en occuper, et du coup remplit généralement mieux son office qu’un proche s’il est moyennement motivé. En général, elle peut venir quand ça VOUS arrange et pas seulement quand ça l’arrange elle (« non là ç’aurait été avec plaisir, mais tu comprends, j’ai eu un mal fou à obtenir un rendez-vous pour cette manucure »). Et si ça ne se passe pas bien, elle sera plus facile à dégager que (au hasard) belle-maman, qui ne com-prend pas pourquoâââ elle n’a pas vu ses petits-enfants aaadôôôrééééééés depuis deux jours.

Et vient l’instant douloureux de la séparation. Idéalement il faudrait préparer ce moment avec une petite adaptation. S’il s’agit de la nounou qui va garder le poussin cinq jours par semaine c’est incontournable et il faut vraiment prendre le temps d’y aller progressivement (quelques jours, variable selon l’âge de l’enfant). Si c’est votre soeur qui vient pour la soirée, on peut s’en passer. Ensuite c’est plus facile d’introduire une nouveauté à la fois, donc mieux vaut que le/la baby-sitter du jour vienne chez vous que l’inverse. Si ce n’est pas possible, c’est à mon avis mieux de le déposer soi-même (plutôt que la personne vienne le chercher). Ensuite il faut expliquer très clairement au poussin ce qui va se passer (genre je vais partir jusqu’à …, tu vas rester avec …, et ensuite je reviendrai), même s’il n’a qu’un mois et qu’il ne saisit pas tous les détails. Dans ces moments-là, un doudou, une tétine ou tout autre objet familier (votre t-shirt de la veille par exemple) peuvent rendre bien service. Evidemment, si vous avez réglé au préalable les détails pratiques, vous serez plus sereine pour partir. Si le poussin fond en larmes à votre départ, soyez forte, il y a de grandes chances pour que ce soit passé dans les cinq minutes suivant votre sortie de son champ de vision (vive le portable pour savoir s’il s’est calmé).

Et quand on allaite ? Certes ça complique un peu les choses, mais à coeur vaillant rien d’impossible (comme dirait Jacques Coeur -j’essaie de compenser la vacuité culturelle totale du début du billet). Il y a même tout un tas de solutions, en fonction de votre envie et de l’âge du poussin. On peut tirer du lait (au tire-lait, avec les coquilles recueil-lait, à la main…) pour que le/la baby-sitter le donne au poussin, soit au biberon, soit à la tasse, à la soft-cup, à la seringue ou encore à la cuillère (si la personne est trèèèèèèèèès patiente) si on a peur de la confusion sein-tétine. Si le poussin peut manger une compote/purée, on peut faire un « flan » de lait maternel en le chauffant avec un peu d’agar-agar. On peut aussi donner du lait artificiel, si ça reste occasionnel une fois que la lactation est bien établie (pour ne pas perturber votre production laitière de Prim’holstein). Si Bibou est avancé dans la diversification, il peut aussi se passer de lait pour cette fois (par contre s’il n’en a pas assez dans la journée, il risque de compenser la nuit). S’il ne s’endort qu’au sein… hum… il apprendra à faire autrement : les enfants savent très tôt faire la différence entre les personnes qui s’occupent d’eux et réalisent rapidement qu’il n’y en a qu’une seule qui donne la tétée. Essayez juste de trouver une personne trèèèèèèès patiente (et éventuellement un peu sourde pour mieux supporter les hurlements…).

Quand enfin on se retrouve… en théorie c’est l’explosion de joie et de bonheur ! En pratique, ahem. Il n’est pas rare que le poussin pleure quand je vais le chercher chez la nounou. Il y a eu une période où carrément il pleurait quand je le prenais dans mes bras et se calmait dès qu’elle le reprenait. Après une journée de travail où on a juste envie de se vautrer devant la télé avec un verre de vin, c’est vraiment une excellente façon de commencer la soirée. Et puis récemment, après notre premier week-end en amoureux, on récupère le poussin chez mes parents. Il saute immédiatement au cou du Coq, par contre hurle dès que je m’approche. Et ce toute la soirée. Grande théorie de ma mère : l’absence de la mère est tellement plus dure à supporter que celle du père qu’elle se pardonne plus difficilement. Mouais. Rassurez-moi, je ne suis pas la seule à qui ça arrive ?

Et quoi qu’il arrive, on ne laisse pas le poussin seul, que ce soit dans la voiture ou dans un tiroir (histoire véridique des parents d’une amie qui laissaient leur bébé dans un tiroir ouvert -s’en servant comme couffin- pendant qu’ils allaient faire les courses… et qu’un agent immobilier faisait visiter la maison à des clients potentiels un peu surpris…) !

Astuce du Coq

jeudi, juin 19th, 2008

Aujourd’hui pas de grande polémique mais une petite astuce pour les parents de bébés biberonnés. Comment faire pour transporter séparément un volume d’eau précis et un volume de lait en poudre tout aussi précis séparément en ne salissant qu’un seul contenant ? Pas simple : la façon habituelle de procéder est de mettre le bon volume d’eau dans le biberon et le volume de lait dans une petite boîte (prévue à cet effet ou pas). Ensuite on verse la poudre dans le biberon d’eau, et voilà, sauf qu’ensuite il faut nettoyer le biberon et la boîte de lait.

Le Coq  -de nature fort ingénieuse- vous propose la solution suivante : mettez la poudre dans le biberon que vous allez utiliser et le bon volume d’eau dans un autre biberon (que vous pouvez fermer avec un petit capuchon* au lieu d’une tétine si vous en avez un). Ensuite vous versez l’eau sur la poudre, et voilà, vous n’avez que ce biberon-là à nettoyer puisque l’autre n’a contenu que de l’eau.

Oui nous sommes prêts à tout pour économiser sur la vaisselle. On dira que c’est par souci écologique…

*Si comme nous vous avez des biberons d’une célèbre marque dont le nom n’est pas sans rappeler les calendriers pleins de chocolat précédent Noël, ce genre de capuchon est fourni avec le tire-lait assorti.

Bib au lit : mauvaise idée

lundi, mai 5th, 2008

Si vous n’étiez pas encore persuadé(e) que c’était très vraiment super vachement hyper mal de faire dormir son bébé avec son biberon de lait (ou mieux, avec la tototte trempée dans du miel/sirop), allez faire un tour sur ce lien. Evitez juste de le faire après un repas…

Stériliser or not stériliser, that is the question

mardi, avril 15th, 2008

Suite à une petite conversation en commentaire avec anne, je suis allée fouiller sur le site de l’Afssa (Agence française de sécurité sanitaire des aliments), qui a émis un certain nombre de recommandations sur les biberons (préparation, conservation, nettoyage). Celles-ci concernent à la fois les biberons de lait maternel et de lait maternisé, donc peuvent intéresser le plus grand nombre.

On peut trouver le rapport complet ici (116 pages -mais la moitié est une traduction en anglais-, avec certaines parties concernant les crèches et les services pédiatriques, pas passionnantes) et un petit résumé sous forme de questions-réponses (mais moins complet forcément).

Leur conclusion est claire : de façon générale, il n’y a pas lieu de stériliser les biberons. Par contre il faut les laver minutieusement (si au lave-vaisselle, la température doit être d’au moins 65°C), et les faire sécher à l’air libre (jamais au torchon). Si on ne peut pas les faire sécher, il faut les laisser au frigo. Et bien sûr toujours se laver les mains avant de préparer un biberon.

Pour utiliser un tire-lait, il faut le laver d’abord à la main puis éventuellement au lave-vaisselle. Il est recommandé de passer à l’eau bouillante (pas l’eau chaude du robinet qui est un nid à microbes) la téterelle et le flacon de recueil, et de les laisser refroidir à sec. Ne pas utiliser de stérilisation chimique à froid (pourquoi, mystère). Par contre le récipient de conservation n’a pas besoin d’être stérile du moment qu’il est bien propre (comme expliqué plus haut). Là je ne comprends pas trop pourquoi il faut ébouillanter le flacon de recueil mais pas celui de conservation. Si quelqu’un a une explication… Sans compter que s’il faut faire bouillir son tire-lait au boulot, on est mal barrées.

D’après le rapport, les stérilisateurs vendus dans le commerce ne remplissent par ailleurs pas les normes actuelles pour être qualifiés de procédés de stérilisation (ce qui ne veut pas dire qu’ils soient totalement inefficaces non plus).

Conservation du lait maternel : 4 h à température ambiante, 48 h au frigo, 4 mois au congélateur.

Conservation du lait maternisé : 1 h à température ambiante, 30 h au frigo.

Dans tous les cas, il faut le mettre au frais le plus vite possible. Si on veut remplir un biberon par étapes (par exemple avec la coquille recueil lait -totalement ignorée par le document, dommage), il faut refroidir le nouvel apport de lait avant de le mélanger au reste (qui est bien sûr déjà au frigo). Et attendre que le biberon soit totalement rempli pour le congeler. Apparemment les bacs à glaçon pour la surgélation ne font pas partie des contenants recommandés (flacons/biberons en polypropylène, polycarbonate ou verre), même s’il peut être bien pratique.

A noter que l’eau utilisée pour les biberons ne doit pas venir d’un dispositif de filtration (type carafe Brita par exemple), qui auraient tendance à accumuler les bactéries. Et l’eau embouteillée doit être (une fois ouverte) conservée au frigo, et pas plus de 24 heures (ha, ha, ha). Sachant qu’il ne faut pas chauffer les biberons au micro-ondes (hi, hi, hi).

Notez que l’Afssa ne recommande pas en général de chauffer les biberons ; nous avons d’ailleurs vite proposé cela au poussin qui heureusement a été d’accord : c’est vraiment beaucoup plus pratique (surtout en déplacement).

Que faire de toutes ces recommandations ? A mon humble avis, s’en inspirer au quotidien, mais rester cool, surtout quand le poussin commence à utiliser ses petites menottes pour porter tout ce qui passe à sa jolie petite bouche édentée… Quelle est l’utilité de donner des biberons stériles alors qu’il est en train de mâchonner votre chaussure qui sort du métro ?

La valise (3)

mercredi, avril 9th, 2008

Pour finir cette merveilleuse trilogie, réfléchissons à ce dont on a besoin pour quitter la maternité et accueillir un poussin chez soi.

Pour partir :

  • A moins que vous ne repartiez à pied, il vous faut un siège auto adapté (dos à la route ou nacelle). Il est conseillé d’en étudier la fixation AVANT le jour J.
  • Selon la météo et la saison il va falloir couvrir le poussin. Il est fortement déconseillé de le mettre en combinaison pilote dans le siège auto (pour la sécurité et puis il ne fait généralement pas si froid dans une voiture). Il existe des nids d’ange avec des petits trous judicieusement placés pour laisser passer la ceinture, et rien ne vous empêche de l’ouvrir une fois qu’il fait bon chaud dans la voiture. Globalement le nid d’ange m’a paru un bon investissement. Cela dit si vous accouchez en juillet à Montpellier, vous pourrez probablement vous en passer (quoi qu’avec le changement climatique, y a plus de saison ma brave dame).
  • Pensez aussi à prendre de quoi vous habiller, vous n’allez quand même pas sortir en tongs et en slip filet…

Une fois rentrés, quels sont les basiques indispensables ?

Pour coucher le poussin :

  • votre lit peut faire l’affaire si vous êtes adepte du cododo mais c’est quand même bien utile d’avoir un couffin/berceau/nacelle/lit de bébé selon ce que vous avez et ce qui vous arrange.
  • Pas de drap, couverture, oreiller ou édredon avant au moins 18 mois (oui il y a des enfants qui meurent étouffés dans leur couette à 1 an et oui j’en ai connu un). S’il fait froid, vous avez le choix entre gigoteuse, surpyjama et nid d’ange : privilégier les modèles les plus faciles à mettre avec nombreuses ouvertures. Pour les premiers mois le nid d’ange est pas mal. Pensez aussi aux draps housse et alèses.
  • Une veilleuse nous a été très utile pour nous occuper du poussin la nuit. Et cela fait plusieurs mois qu’il dort sans sans problème, pour ceux qui auraient peur de donner des mauvaises habitudes.

Pour changer le poussin :

  • N’achetez pas trop de couches d’un coup, que ce soient lavables ou jetables, car il faut trouver le bon modèle pour la morphologie du poussin (sans compter les problèmes d’irritation), et ça même le meilleur échographiste ne pourra pas vous aider. Un petit truc : il vaut mieux passer à la taille supérieure dès que le bébé atteint le bas de la fourchette de poids plutôt que de garder la taille inférieure le plus longtemps possible (ça n’empêche pas de finir le paquet bien sûr), car en plus de la taille la capacité d’absorption augmente aussi. Si vous souhaitez utiliser des lavables, c’est toujours utile d’avoir un paquet de jetables sous la main.
  • Même si on peut changer le poussin par terre, sur son lit ou que sais-je, c’est quand même bien pratique d’avoir un espace dédié à hauteur de parent (on n’est pas obligé d’acheter une table à langer, ça dépend vraiment de la configuration de votre chez-vous ; par exemple nous avons aménagé le dessus du lave-linge avec une grande planche et des tasseaux), où vous pourrez avoir tout ce qu’il vous faut sous la main.  Investissez au moins dans un genre de matelas (il y en a un pas cher du tout et tout blanc -parfait pour les allergiques à Winnie et ses amis- chez le célèbre magasin d’ameublement bleu et jaune). Il vaut mieux choisir un endroit où tout est facilement nettoyable, y compris le sol, mais je n’en dis pas plus pour ne pas choquer les âmes sensibles.
  • Le plus simple est d’utiliser de l’eau et des carrés de coton (en supermarché à côté des couches), avec éventuellement une crème apaisante (genre liniment oléo-calcaire, en pharmacie). Si votre conscience écologique vous taraude, vous pouvez utiliser un gant de toilette et/ou des carrés de polaire lavables. En cas de grosse irritation, le mytosil est un grand classique (mais l’odeur…) ; j’aime bien les pâtes à l’eau comme eryplaste, ça marche bien et ça ne sent rien.
  • Prévoir évidemment une poubelle étanche, facile à nettoyer, grande (>15L sauf si vous avez un vide-ordure/adorez sortir les poubelles ; indispensable si vous utilisez des lavables) et de préférence à pédale (à moins que vous ne soyiez un poulpe).

Pour les soins :

  • Pour le cordon : compresses stériles, éosine en unidoses et alcool à 60°
  • Des unidoses de sérum physiologique sont utiles pour nettoyer le nez, les oreilles et les yeux. On en trouve en supermarché.
  • Un thermomètre peut s’avérer utile si vous soupçonnez de la fièvre.

Pour le nourrir :

  • Que vous allaitiez ou pas, il est utile d’avoir un ou deux biberons et une petite boîte de lait maternisé sous le coude. Attention, certains bébés refusent certaines tétines, donc il vaut mieux attendre de voir sa réaction avant d’en acheter 10 de la même marque. Et toutes les tétines ne sont pas compatibles avec tous les biberons (même si les fabricants prétendent le contraire). Pensez au goupillon pour nettoyer.
  • Pour stériliser, sachez qu’on peut faire bouillir 5 minutes (sauf le caoutchouc, qu’on peut stériliser avec des pastilles, vendues en hypermarché) ou passer 10 minutes à la vapeur (plus rapide dans l’autocuiseur). Donc si vous ne pensez stériliser qu’occasionnellement (pour info il n’est plus recommandé de stériliser systématiquement les biberons, sauf pour conservation du lait maternel), il n’est pas indispensable d’investir dans un gros bidule. Attendez un peu pour évaluer vos besoins.
  • Le coussin d’allaitement peut servir aussi bien pour le sein que pour le bib, et permet de bien s’installer pour des tétées qui sont souvent longues et fréquentes au début.
  • Si vous allaitez, attendez que la montée de lait soit passée pour racheter quelques soutiens-gorge d’allaitement, afin que votre taille soit à peu près stabilisée. Les hauts d’allaitement ne sont pas indispensables : on soulève son t-shirt et voilà ! Avec le bébé bien installé (et le coussin !) on ne voit rien de votre bidon qui pendouille. Les coussinets d’allaitement sont souvent indispensables au début, il existe des lavables et des jetables. Au moins au début, privilégier ceux avec effet « au sec » pour protéger les mammelons. Ne pas oublier son tube de lanoline à la maternité… Les coquilles recueil-lait sont pratiques aussi (souvent le sein qui n’est pas tété coule de concert avec son copain), ça permet de recueillir un peu de lait sans recourir au tire-lait et puis ça peut aider à stimuler la lactation si vous vous sentez dépourvue à ce niveau-là. Par contre à éviter à tout prix de les utiliser la nuit parce que c’est un coup à en mettre partout… Les bouts de sein en silicone (ou téterelles) sont controversés : certaines ne jurent que par eux, d’autres au contraire pensent qu’ils ont failli saboter leur allaitement. A utiliser avec discernement donc. J’ajouterai le téléphone d’une personne de confiance (et qualifiée) en cas de problème : sage-femme, consultante, bénévole d’une association…

Pour la jeune pondeuse :

  • Des stocks de serviettes hygiéniques (parce que pas évident d’envoyer votre homme, surtout qu’il risque de ne pas rapporter les bonnes) : désolée pour celles qui ne savaient pas mais après 9 mois de tranquillité, on rembourse avec pénalités de retard. Ne lésinez pas sur la qualité car ça peut durer facilement 2-3 semaines, ce qui peut être irritant à la longue (au propre comme au figuré). Je ne sais pas si des serviettes lavables pourraient être plus confortables (mais oui ça existe aussi !).
  • Un porte-bébé peut être utile très vite, même (et surtout) à la maison, pour pouvoir faire autre chose sans délaisser son poussin (et sans qu’il hurle comme si on voulait lui arracher un oeil, ce qui est très mauvais pour la santé mentale de ses parents).
  • Je crois l’avoir déjà mentionné dans ces pages, mais la sécu vous remboursera plusieurs visites de sage-femme à domicile (j’ai pas retrouvé le nombre exact), il ne faut pas hésiter à en profiter, elles sont compétentes pour (bien) s’occuper de maman et de bébé. Et c’est tellement plus agréable que d’aller courir à la PMI. Vous pouvez obtenir leurs coordonnées auprès de la maternité (entre autres).
  • De l’aide ! Que ce soit le papa ou une autre personne (bien choisie, évitez la belle-mère si elle vous donne déjà de l’urticaire en temps normal), on n’est pas trop de deux, ne serait-ce que pour nourrir la jeune mère (l’allaitement ça creuse !) et tenter de garder un certain contrôle sur l’état de la maison. Et je ne parle pas de celles qui ont en plus des aînés à gérer…

J’en ai peut-être (sûrement) oublié, donc n’hésitez pas à compléter en commentaire. Mais je crois que pour le reste du bazar (transat, tapis d’éveil, parc, chaise haute, écoute-bébé, trotteur, etc), rien ne presse. Vous allez recevoir des cadeaux, et puis si on ne veut pas que sa maison ressemble (tout de suite) une succursale d’Aubert et consorts, on peut y aller progressivement, et essayer de voir au fur et à mesure ce qui nous rendrait vraiment service. D’autant plus qu’avec internet on n’est plus obligé de faire une expédition pour le moindre achat.

La diversification alimentaire (2)

vendredi, avril 4th, 2008

cuillere avion Après les grands principes, quelques idées d’ordre plus pratique.

D’abord, rien ne presse. Il s’agit d’introduire progressivement les aliments, plutôt que de donner un régime entièrement solide au poussin. Ne commencez pas parce que son copain de crèche a commencé, ou parce que votre belle-mère/mère/voisine/boulangère vous dit qu’il est temps. C’est vrai qu’on est souvent pressé de commencer, de voir grandir son poussin, mais quelques semaines peuvent faire une vraie différence pour lui. Comme pour tout, observez le poussin : est-ce qu’il tient bien sa tête ? est-ce qu’il est capable de porter des objets à sa bouche ? Ecoutez-vous, vous savez ce qu’il lui faut.

Dans le même ordre d’idée, mieux vaut introduire un nouvel aliment à la fois, séparément, pour que le poussin l’identifie en tant que tel. Cela permet aussi d’identifier d’éventuelles intolérances ou allergies. Si vous commencez d’emblée par patate-carotte-céleri-courgette et que ça ne réussit pas trop au poussin, vous ne pourrez pas identifier le coupable. Attendre quelques jours avant de passer à autre chose. Par contre, une fois que les aliments sont bien connus et tolérés, on peut faire sans problème des mélanges.

Il a donc été récemment prouvé que ça n’influait pas les risques d’allergie d’attendre pour introduire certains fruits et légumes. Par contre certains aliments acides (tomate, fruits rouges…), ou qui fermentent (chou…), peuvent donner mal au ventre. Il y a aussi les aliments qui constipent (carotte, pomme, riz…), et ceux qui au contraire stimulent le transit (épinards, pruneaux…), à utiliser avec discernement.

S’il refuse, pas la peine d’insister sur le moment. On a bien le temps plus tard de se prendre la tête avec les « reste à table », « goûte avant de dire que tu n’aimes pas » et « finis ton assiette » (voir ici pour un petit exemple). Mieux vaut éviter d’en faire déjà une épreuve de force. C’est aussi plus facile si vous n’essayez pas avec un poussin qui hurle de faim : il ne comprendra pas pourquoi il n’a pas son lait habituel et sera d’autant plus excédé.

Inutile d’assaisonner les plats au début. Le bébé n’a connu que le lait (même si le lait maternel change de goût en fonction de l’alimentation de la mère, ça reste du lait), la saveur de l’aliment lui suffit. Nous avons tendance à manger trop salé, trop sucré et trop gras, et n’ayez aucune crainte : votre poussin prendra ces habitudes aussi, ce n’est qu’une question de temps. Rien ne presse. Plutôt que de saler ou sucrer, on peut ensuite mettre des herbes, voire des épices pour donner plus de saveur. Si vous allaitez et que vous avez l’habitude de manger épicé, n’hésitez pas à relever un peu une purée si elle est refusée : par le lait le poussin a été habitué à des goûts plus forts.

Méfiez-vous des produits industriels. Je ne veux pas dire qu’il ne faut pas acheter de petits pots, au contraire, c’est bien pratique, mais qu’il faut garder un esprit critique. C’est à vous de décider ce que vous voulez donner au poussin et de choisir ce qui vous convient. Ce n’est pas parce qu’il y a écrit « à partir de 4 mois » sur une préparation que votre enfant en a besoin dès ses 4 mois. Personnellement je rajoute généralement un à deux mois aux âges indiqués. Ils ont aussi tendance à faire beaucoup de mélanges, ce qui n’est pas toujours heureux dans un premier temps. Donc lisez bien les étiquettes. Quant aux quantités, il n’y a pas de raison particulière pour que poussin finisse son petit pot donc ne le forcez pas à finir (ou resservez-le s’il en veut plus). C’est indicatif ! Un autre truc que je n’ai pas testé mais qui a l’air pas mal : les menus bébé surgelés (mais moins pratique pour vadrouiller).

Pour info, d’après mon pédiatre (ça vaut ce que ça vaut), on ne passe au lait 2ème âge que lorsque le poussin mange de la viande. Le lait 2ème âge est moins complet que le 1er âge, donc plus que l’âge c’est le régime alimentaire qui détermine lequel utiliser.

De quoi a-t-on besoin concrètement ? Le minimum est un bon bavoir (à manches si vous avez prévu de faire manger le poussin tout seul), en plastique c’est pratique car se nettoie d’un coup d’éponge et une cuillère adaptée, en plastique ou silicone (pour commencer certains parents proposent la purée sur leur doigt). Si c’est vous qui donnez la becquée (oui il y a des courageuses qui laissent le poussin se débrouiller), pas besoin d’une assiette spéciale. Il vaut mieux que le poussin soit assis et face à vous, donc une chaise haute ou dispositif équivalent rend bien service (surtout avec habillage plastifié facile à nettoyer). Vous pouvez aussi prévoir un tablier pour vous…

Si on veut faire soi-même des purées, il faut pouvoir cuire les légumes (et la viande) à la vapeur et les mixer. Si vous avez déjà ce genre de matériel, le babycook n’est pas obligatoire mais il peut être bien utile sinon (personnellement je survis très bien sans). Vers 8-9 mois, on peut commencer à écraser les aliments à la fourchette et à laisser des petits morceaux (marche mieux avec les carottes qu’avec les petits pois…). Ce qui est limite indispensable c’est un congélateur (et un micro-onde). Comme ça on peut faire un gros stock de purée et le congeler (voir la méthode pratique ici), puis on ressort les cubes quand on en a besoin. Personnellement je congèle des purées nature avec un seul aliment et quand je les décongèle je fais éventuellement des mélanges et j’assaisonne, ça permet de varier. Pour le jambon, je vous rappelle ce petit truc. Et sachez que beaucoup d’aliments se mixent mieux si on rajoute un peu d’eau (ou de lait).

On peut mettre la purée dans le biberon avec du lait, c’est évidemment plus rapide que de donner l’un puis l’autre (surtout à la cuillère), mais personnellement je ne suis pas fan : après tout si on allaite (et rappelons-nous que c’est le biberon qui imite le sein et non l’inverse…) on ne va pas se mettre de la purée dans les seins. De la même façon je n’aime pas faire du gloubiboulga en mixant ensemble viande et légumes. Mais c’est personnel, chacun fait comme il l’entend.

On entend parfois dire qu’il vaut mieux donner des petits pots dont les ingrédients sont parfaitement contrôlés que de faire ses purées. Je n’en suis pas persuadée, surtout quand on voit tout ce qui est rajouté dans les petits pots (sans compter le goût), et si ça vous tracasse vous pouvez toujours acheter des fruits et légumes bio. Privilégiez au moins ceux qui sont produits dans l’Union européenne où les pesticides sont bien contrôlés (même si ceux qui sont importés sont théoriquement soumis à des tests). Les légumes « racine » (carotte, betterave…) et « feuille » (épinards…) sont de vrais buvards à nitrate, mieux vaut les prendre bio (même si le risque d’une overdose de nitrate par l’alimentation est quasiment inexistant).

Enfin, comme le disait Anne dans le volume 1, on se prend beaucoup la tête pour le premier, et ensuite les autres mangent la tartine de Nutella des aînés et ne s’en portent pas plus mal…

(image : http://www.objetdujour.com/blog/images/Alimentation/Cuill%C3%A8re%20Avion.jpg)

Sevrage et allaitement mixte

jeudi, mars 27th, 2008

bib  Autant clarifier tout de suite : ce billet n’est pas un débat pour savoir jusqu’à quand allaiter. C’est l’affaire personnelle de chacune et ce n’est pas à moi de m’en mêler. Il s’agit juste de donner quelques pistes à celles qui souhaitent arrêter avant le sevrage « naturel », pour aider à la transition.

D’abord -si c’est possible- il vaut mieux éviter que le sevrage soit concomitant avec un autre changement important dans la vie du poussin (au hasard : maman retourne au travail). Il est aussi préférable pour tout le monde de prévoir un peu de temps (pour passer d’un allaitement exclusif au 100% biberon compter au moins une semaine et idéalement deux voire trois). Et plus le poussin est diversifié (moins il tète), plus c’est facile. Enfin, la physiologie de la lactation fait que c’est plus simple de sevrer après 2-3 mois qu’avant, quand on a encore des montées de lait.

D’autre part, il peut être judicieux de commencer par introduire le biberon avec du lait maternel, histoire de faire une découverte à la fois. Cela peut être fait dès que l’allaitement est bien installé sans le compromettre. Certains poussins refusent totalement le biberon, même avec du lait maternel. Mieux vaut que ce ne soit pas la mère qui donne le premier biberon (volontaire désigné : au hasard, le père), car l’enfant risque de ne pas comprendre pourquoi elle ne lui propose pas son sein préféré. Il peut même être préférable qu’elle quitte la pièce. Comme toute nouveauté alimentaire, le premier bib est plus facilement accepté si vous n’attendez pas que le bébé hurle de faim. Mieux vaut lui proposer quand il est à peu près de bonne humeur, quitte à ce qu’il n’en prenne qu’un petit peu la première fois. Si il refuse totalement, n’insistez pas sur le coup et reproposez plus tard. Il faut savoir que certains bébés sont très difficiles sur la tétine ; parfois essayer une autre marque peut s’avérer payant.

A propos de tétine, il vaut mieux en choisir une à faible débit (pour nouveau-né, deux trous maximum), même si votre poussin est plus âgé. Ainsi vous optimiserez vos chances qu’il continue à prendre le sein pour les autres tétées.

Autre petit problème technique : quelle quantité de lait préparer ? Au sein on n’a pas la moindre idée du volume ingurgité, et même s’il a déjà pris des biberons de lait maternel, il n’est pas dit qu’il lui faille les mêmes quantités de lait artificiel. Un truc simple est de proposer le volume suggéré sur la boîte de lait pour l’âge de l’enfant. S’il en laisse, c’est qu’il a eu assez. Par contre s’il le siffle en entier, vous pouvez rajouter 30 ml au prochain. Personnellement, je préfère en préparer juste un peu plus pour être sûre que le poussin ait assez.

Une fois ce premier contact établi, vous allez pouvoir remplacer une tétée par un biberon. Mieux vaut éviter de commencer par la tétée du matin ou par celle du soir, l’idéal étant celle de la fin d’après-midi où la lactation est généralement plus faible. Si vous sentez un peu de tension dans les seins, n’hésitez pas à tirer un peu de lait pour éviter un engorgement. Si nécessaire, vous pourrez tirer un peu moins de lait chaque jour jusqu’à ce que vos seins s’habituent à moins produire. Ensuite il faut éviter de supprimer deux tétées consécutives, et attendre deux-trois jours entre deux suppressions de tétées. Notez que le temps d’ajustement du corps n’est pas forcément linéaire : personnellement il m’a fallu une semaine pour ne plus avoir les seins tendus après avoir supprimé une tétée, alors que pour les autres en 24 heures c’était plié.

Si le poussin tète encore la nuit (et que vous aimeriez qu’il arrête…), vous pouvez assez rapidement proposer un biberon à la place. Certes il faut se lever, allumer la lumière et tout, mais : 1. le papa peut s’en occuper pendant que vous dormez du sommeil du juste et 2. si le repas de la nuit est la seule tétée qu’il reste au bébé, sa valeur affective risque de vite dépasser sa valeur nutritive. Ne vous méprenez pas, j’adore faire des câlins à mon poussin, mais la nuit honnêtement je préfère dormir.

De fil en aiguille, vous arrivez généralement à la situation suivante : il vous reste une tétée le matin et une tétée le soir, situation merveilleusement compatible avec votre reprise du travail, généralement connue sous le nom d’allaitement mixte. Cette situation est-elle pérenne ? Je n’en suis pas sûre, et je ne suis pas la seule : encore un bel article de Co-naître, L’allaitement mixte, est-ce possible ? du Dr Claire Laurent. D’abord, pour certaines femmes la lactation peut rapidement se tarir, et n’être relancée que par un allaitement exclusif, ce qui n’est pas le but du schmilblick si on ne veut plus allaiter. Ensuite, certains bébés préfèrent le biberon et se désintéressent totalement du sein. Enfin, même si -comme votre amie la poule pondeuse– vous avez une lactation généreuse et un poussin totalement bilingue sein-biberon, ça risque de ne pas suffire malgré tout. Ainsi, j’avais fini par supprimer la dernière tétée (du soir) car au bout de 45 minutes de tétée intensive le poussin ne semblait toujours pas vraiment rassasié. Et pourtant il y avait toujours du lait à la fin de la tétée, mais le débit ne suivait pas. Donc remplacement par un biberon. Je dois dire que j’ai toujours considéré l’allaitement surtout du point de vue nutritionnel, mais je sais que pour certaines c’est le côté affectif qui prévaut (ce que je respecte bien sûr entièrement). Dans ce cas je pense qu’il est possible de garder une tétée « câlin » par ci par là pendant longtemps. Mais sinon ne vous leurrez pas : l’allaitement mixte est dans la grande majorité des cas la transition vers le sevrage total.

(image : http://www.villiard.com/images/bebes/boire-biberon.jpg)