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L’allaitement en public

mercredi, avril 4th, 2012

 Il y a quelques jours, une femme a été virée d’une boutique MAC (le maquillage, pas les ordinateurs) pour avoir osé y allaiter son bébé. Au delà du bad buzz pour la marque (jusqu’ici je n’ai vu que des réactions indignées, comme celle d’Eve ou sur le baby blog) cela me donne un bon prétexte pour enfin publier ce billet qui trainait dans mes cartons.

Personnellement, je n’arrive pas à comprendre comment on arrive encore à se poser la question de l’allaitement en public. Je ne vois simplement pas comment en France en 2012 on peut être choqué par la vue d’une femme qui allaite au point de vouloir la cacher. Je ne dis pas qu’on n’a pas le droit de ne pas apprécier la scène et j’entends bien que comme toute population les femmes allaitantes doivent compter parmi elles quelques abruties de première classe mais là n’est pas la question. Je trouve incommodantes les personnes qui vident une demi bouteille de parfum par jour mais je ne vais pas les insulter ou suggérer qu’on réglemente ou interdise le port public de parfum. Supporter que les autres offensent mon goût est le prix à payer pour ma propre liberté. On pourrait arrêter l’article là mais je trouve intéressant de creuser ce que ce malaise peut cacher.

Qu’est-ce qui peut bien motiver l’idée de proscrire l’allaitement en public ?

Est-on choqué par la vue du sein ? D’une part, on ne montre que très peu son sein en allaitant, puisqu’il est caché par la tête du bébé, et avec un peu de pratique et des vêtements à peu près adaptés (pas forcément des vêtements prévus pour l’allaitement, même si ça aide) on arrive facilement à préserver sa pudeur. Je ne résiste pas à vous citer cette phrase mythique d’Eve :

[On réagit] comme si à chaque fois qu’elle se préparait à allaiter, une femme se mettait à faire tournoyer ses seins avec des pampilles sur les tétons à la manière d’une danseuse burlesque.

(Ségolène, tu vois ce qui manque chez MamaNana !)

Et surtout, quelle hypocrisie ! Si la vue d’un sein vous offense, militez d’abord contre le topless à la plage et surtout contre la pub, où le sein fait vendre à peu près tout et n’importe quoi. Est-on arrivé à un point où un sein qui ne fait rien vendre choque ? Ou est-ce l’idée de voir qu’un sein peut avoir une fonction non érotique qui pose problème ? Comme la bouche, le sein peut être utilisé à des fins sexuelles ; pourtant on ne se cache pas pour manger (en tout cas pas en France). Tiens d’ailleurs il fait quoi ce bébé qui tète ?

L’autre possibilité c’est que c’est l’acte de la tétée qui choque. Alors oui, on a parfaitement le droit de ne pas aimer l’allaitement, on peut se sentir mal à l’aise face à cet acte. Mais là il me semble que c’est à la personne qui est gênée de se poser des questions plutôt que d’en vouloir à la mère allaitante. Moi-même, bien qu’ayant allaité Pouss2 jusqu’à 14 mois, j’ai tellement peu l’habitude de voir des bambins téter que les rares fois où cela m’arrive j’ai souvent un moment d’inconfort. Mais je trouve ma réaction inappropriée et ce n’est en rien le problème de la femme et de son enfant. Et j’imagine que si j’en voyais plus souvent (ou si j’en avais vu depuis ma plus tendre enfance) ça ne me ferait ni chaud ni froid.

Globalement, cette réaction de gêne voire de dégoût est souvent instinctive, fruit de notre histoire personnelle et du conditionnement social. A propos de ce dernier, il me semble que cette stigmatisation de l’allaitement en public par certains participe de la façon dont l’allaitement est instrumentalisé par notre société pour imposer aux femmes une énième contrainte. On explique d’une part que pour être une bonne-mère-qui-veut-le-mieux-et-plus-encore-pour-son-enfant il FAUT allaiter, et on fait à côté de ça tout pour que l’allaitement échoue et qu’il soit le plus insatisfaisant possible le temps de sa courte durée : mettre en permanence en doute la capacité de la femme à nourrir correctement son enfant en accusant l’allaitement de tous les maux, imposer des règles de fréquence inutiles et nocives… et en particulier pour ce qui nous intéresse aujourd’hui :

  • entretenir le mythe d’une affectation unique du sein qui est soit sexuel soit nourricier et ne peut passer de l’un à l’autre, avec le corps de la femme tourné vers le plaisir de l’homme ou celui de son bébé, sans se soucier du sien à elle
  • suggérer que la femme qui allaite ne doit pas se montrer et donc contraindre les femmes à devoir concilier allaitement (et donc de rester cloîtrée à la maison) et indépendance financière par le travail, puisque le modèle de la femme au foyer n’est pas franchement valorisé socialement

Donc quoi qu’on fasse, on perd toujours sur au moins un tableau, coupable de n’avoir pas su résoudre la quadrature du cercle.

Alors bien sûr si on n’en a pas envie, si on ne le sent pas, il ne faut pas se forcer. Les débuts de l’allaitement en particulier sont parfois laborieux et seront souvent plus sereins à l’abri des regards, pas toujours bienveillants. N’oublions pas certains bébés qui ont absolument besoin de calme et de concentration pour téter. Mais si vous en avez le souhait je vous encourage chaudement à allaiter partout et sans complexe. Je ne suis pas fan des accessoires visant à rendre « discret » l’allaitement (qui ont à mon avis l’effet inverse et qui participent à cette idée que l’allaitement c’est bizarre et honteux) mais si cela peut rendre certaines plus à l’aise alors il ne faut pas hésiter. Un bon compromis peut être d’allaiter dans l’écharpe ou le porte-bébé, même si ce ne sera pas toujours facile voire possible, notamment selon l’âge et le gabarit de l’enfant.

Comme vous l’avez compris, je ne suis pas vraiment d’accord avec l’image de l’allaitement qu’on donne le plus souvent, qui passe sans intermédiaire du devoir moral sublime sur l’autel de Mère Nature à l’infernale contrainte esclavagisante. Alors que ça devrait juste être un truc aussi ordinaire et habituel qu’un bébé, qui peut être aussi bien génial, pénible, jouissif, douloureux, pratique, galère, etc. Et je trouve que beaucoup de femmes ne peuvent choisir réellement librement d’allaiter ou pas car elles n’ont vu personne allaiter, ou peut-être juste une copine pour qui ça s’est mal passé. On ne peut pas vraiment réaliser ce que c’est d’allaiter en lisant une brochure, en écoutant une séance de préparation à la naissance ou en regardant quelques photos ! D’autant plus que même si bien sûr il y a de grandes règles communes, chaque allaitement est unique, et vécu différemment par chaque femme. Pour vraiment appréhender ce que c’est, ce que ça veut dire d’allaiter, et pouvoir ainsi faire un vrai choix, il faudrait en voir, et beaucoup. Les initiatives comme celle de Maman sur Terre (qui s’appelle maintenant Mother Earth) de rassembler des témoignages d’allaitement permettent de se faire une idée de la diversité des allaitements, mais cela ne remplace pas de voir en vrai des bébés qui tètent et d’en discuter avec leur mère (et leur père !). Pensez-y la prochaine fois que vous mettrez bébé au sein devant autrui : vous rendez un double service à la collectivité. Eh oui, d’une part vous protégez les oreilles délicates des alentours en leur évitant d’être percées par des cris stridants de bébé affamé et d’autre part vous aidez les mères et les futures mères à se faire leur propre idée sur l’allaitement.

Et pour une prochaine fois un débat que je n’ai pas encore vu en France : est-il acceptable de tirer son lait en public ? Joker !

Addendum le 6 avril : Ségolène a publié un billet très intéressant sur l’allaitement hors de chez soi, et MAC a répondu à Stadire du Baby blog

Image : Mère s’apprêtant à allaiter en public (et tentative éhontée de racoler un peu de lectorat masculin)

Lâcher prise

mercredi, mars 21st, 2012

 » Mon Dieu, donne moi le courage de changer les choses que je peux changer, la sérénité d’accepter celles que je ne peux pas changer, et la sagesse de distinguer entre les deux. »

C’est grâce à la rédaction de ce billet que j’ai découvert que cette prière de la sérénité généralement attribuée à l’empereur Marc-Aurèle serait en réalité l’oeuvre d’un médecin américain des années 30 (ce qui ne stoppera pas sa diffusion généralisée par fichier pps avec arc-en-ciels, chatons et photo du Dalaï Lama) ; elle est souvent utilisée par les Alcooliques anonymes. Mais revenons au sujet qui nous intéresse plutôt que de pousser plus avant sur cette question d’éthylisme et d’anonymat.

A mon humble avis, les enfants entrent dans la deuxième catégorie de choses. Toute la (bonne) volonté du monde n’y changera rien, on ne maîtrise pas grand-chose. Et s’il y a quelque chose que ces quelques années avec mes enfants m’ont appris, c’est bien que les choses sont infiniment plus simples et un poil moins épuisantes une fois qu’on l’a compris et accepté. Cette acceptation en particulier est loin d’être évidente mais honnêtement je trouve que mieux vaut consacrer le peu d’énergie qu’il nous reste à cela que s’échiner à tenter de maîtriser des choses plus incoercibles que Katrina ou Xynthia.

D’autant plus que le lâcher prise n’est pas une valeur très en vogue dans nos sociétés où la conjugaison de l’hyper technologie et de l’assurance tous risques nous donnent l’illusion d’avoir n’importe quelle situation bien en main. C’est simple, il suffit de bien travailler à l’école, ensuite on pourra faire de bonnes études et avoir un bon travail qui paiera le trois pièces, la purée de butternut bio quotidienne et l’iphone 4S. En cas de pépin de santé, la médecine et la sécu sont là, si quelqu’un vient nous embêter, la police et la justice sont là, en cas d’autre problème on sera dédommagé et/ou pris en charge. Evidemment dans la vraie vie ça ne marche pas toujours aussi bien, mais l’idée générale est là. Ce n’est pas un regret ou une critique, juste une constatation.

Mais pour les enfants

D’abord vous avez beau avoir suivi le régime « fille », pris consciencieusement vos omégas 3 et votre acide folique, programmé des séances de galipettes à J14/au pic de température et fait le poirier 15 minutes après, rien ne garantit que ça marche. Et –à quelques rares et douloureuses exceptions près- vous ne pouvez vous retourner contre personne pour protester. Les méthodes médicalisées n’offrent pas non plus 100% de succès, bien loin s’en faut. La grossesse vous montre ensuite que la maîtrise totale du corps est une belle utopie, et l’accouchement refuse tout aussi obstinément de rentrer dans les cases que les obstétriciens ont pourtant passé la plus grande partie du siècle dernier à peaufiner. On ne sait pas l’arrêter, pas plus qu’on ne sait le déclencher à coup sûr (même s’il reste toujours la césarienne).

Quant au bébé… il n’a pas lu les manuels de puériculture, il n’a aucune notion de savoir vivre et d’étiquette sociale, et ne semble en manifester aucune honte. Il refuse de reconnaître les règles qui encadrent le travail de nuit, ainsi que le droit à une pause syndicale à intervalles réguliers. Il ne sait pas que ça ne se fait pas d’élever la voix comme ça (et le tapage nocturne malheureux ?). Je crois que c’est finalement une des choses les plus dérangeantes pour les parents : être confronté à un être aussi primaire, aussi indifférent aux conventions sociales, qui piétine nos règles et notre cadre si minutieusement construits. On n’en a tout simplement plus l’habitude. N’importe quel adulte se comportant de cette façon serait immédiatement neutralisé, au minimum par une ordonnance restrictive. Mais là il n’est non seulement pas envisageable de s’en débarrasser mais en plus il faut s’en réjouir. Cela n’enlève rien au fait qu’il soit adorable, qu’on fonde devant ses ongles minuscules, qu’on se shoote à sa bonne odeur de bébé, qu’on soit profondément touché par son sourire. Juste qu’on n’a pas l’habitude.

Concrètement, une fois qu’on a intégré qu’on ne maîtrise ni le sommeil, ni l’alimentation, ni plus généralement le comportement de son enfant, on peut souffler un coup. Ca ne veut pas dire qu’il faut laisser tomber ou que les parents n’ont aucun rôle à jouer ni rien à transmettre, lâcher prise n’est pas laisser faire. Mais au final c’est l’enfant qui a le dernier mot : à moins de le droguer vous ne pourrez pas le forcer à dormir, à moins de le gaver vous ne pourrez pas le forcer à manger, à moins de le bâillonner/assommer vous ne pourrez pas le forcer à arrêter de crier. Je me souviens être tombée de ma chaise en lisant à la fin de Parents efficaces que les parents ne peuvent pas empêcher leurs enfants de fumer par exemple (là on parle d’adolescents, pas de nouveaux nés bien sûr). Ils peuvent bien sûr les décourager, les informer, ils peuvent même interdire, mais ils ne peuvent pas empêcher. Nous devons en être conscients.

Au quotidien, cela veut dire encore et toujours de définir ses priorités à un moment donné (car la plupart de ces priorités fluctuent au cours du temps sans que ce soit gênant) : je préfère que bébé dorme le plus vite possible ou qu’il dorme dans son lit ? je préfère que mon enfant apprenne à patienter et à gérer sa frustration ou qu’il se taise tout de suite ? Plus facile à dire qu’à faire, j’en fais chaque jour l’expérience, mais salutaire pour toute la famille. Je ne vais pas redévelopper ici, mais plutôt vous inviter à (re)lire ces deux billets sur l’éducation sans punition en cliquant ici et .

Ségolène en parlait aussi dans ce billet, avec une approche un peu complémentaire : Devenir parent : entre contrôle et confiance ?. J’ai bien aimé la métaphore proposée par une commentatrice, Marie, qui compare les parents à des jardiniers et les enfants à des plantes. Notre rôle est de leur procurer de bonnes conditions pour grandir (et on se doute que selon la plante et selon l’endroit -on ne cultive pas le blé en Italie de la même façon qu’aux Pays-Bas- ces conditions vont varier). Mais chacun sait que ce n’est pas en tirant sur la plante qu’on la fera pousser plus vite (bon je dis ça mais vu mon passif en termes d’orchidées crevées je ne suis peut-être pas la personne à écouter sur le sujet).

Je finirai sur une réflexion un peu (mais pas trop) hors sujet. Le besoin que nous avons de nous comparer sans cesse les uns aux autres est bien humain, et je crois que cela nous offre des possibilités d’amélioration et d’ouverture immenses. Mais vraiment, il me semble que nous aurons tous beaucoup à gagner quand nous aurons réalisé que « bien » ne se définit pas forcément par « mieux que le voisin », et qu’il peut même y avoir plusieurs choses différentes de « bien » sans que l’une soit mieux que l’autre. Que la justification et la validation de notre choix, de notre état, n’a pas obligatoirement à se faire en critiquant ceux des autres. Là encore un bel exercice de lâcher prise

Image : oui, c’est une blague pourrie, et oui, j’assume (même si elle n’est pas de moi).

La garde d’enfant à domicile

jeudi, décembre 1st, 2011

Même si elle évoque immanquablement les classes sociales les plus huppées, c’est souvent le dernier recours des familles n’ayant trouvé de place ni en crèche ni chez une assistante maternelle. Elle peut être assurée à titre gracieux par un proche (souvent la grand-mère) mais aussi par un-e employé-e de maison, généralement appelé-e nounou (c’est ce dernier cas que nous détaillerons ici). Alors que les assistant-e-s maternel-le-s doivent être agréé-e-s, il n’y a aucun cadre réglementaire spécifique à la garde d’enfant à domicile, hors bien sûr le droit du travail et la convention collective des salariés du particulier employeur. Pour limiter le coût, il est fréquent de procéder à une garde partagée, où une même personne garde les enfants de deux familles, en alternant entre le domicile de l’un et le domicile de l’autre.

Quels sont les avantages ?

  • Respect du rythme de l’enfant : pas besoin de se bousculer pour partir le matin, continuité du cadre et de la personne
  • Pas de trajet : qui a déjà goûté la course pour récupérer les enfants dispersés dans toute la ville en respectant des horaires parfois militaires (« sinon vous irez le chercher au poste ») voit bien l’intérêt.
  • Souplesse d’organisation : vous pouvez négocier de rentrer plus tard, et même de sortir, en gardant la nounou comme baby sitter ; pas de problème pour garder un enfant malade. Si vous avez un (ou plusieurs) aîné(s), vous pouvez négocier leur garde en cas de grève de l’école, voire les mercredis (à négocier aussi avec l’autre famille si c’est une garde partagée). C’est généralement le mode de garde le plus flexible pour les horaires atypiques. S’occuper des enfants est une activité à plein temps, mais vous pouvez toujours essayer de négocier quelques menus travaux d’entretien avec la personne (repassage pendant la sieste ?). En tout cas la personne doit maintenir en l’état la zone où elle s’occupe des enfants.
  • Meilleure maîtrise du cadre : comme c’est chez vous, vous savez ce qu’il y a dans le frigo (pratique notamment si vous voulez que les enfants mangent bio, ou en cas d’allergie), quels sont les produits d’entretien utilisés (l’assmat qui accueillait Pouss1 avait un diffuseur électrique de parfum chimique, beuuuurk), quels jeux (garantis non toxiques), qui vient (ou pas), à quelle fréquence le ménage est fait, etc

Et les inconvénients ?

  • Lourdeur administrative : même si le site Pajemploi encore une fois vous aidera bien (vous pouvez payer les cotisations sociales par prélèvement automatique et le laisser éditer les bulletins de salaire), priez pour ne jamais avoir d’arrêt maladie (un simple coup d’oeil au formulaire d’attestation de salaire suffira à vous donner des sueurs froides ; je ne comprends d’ailleurs pas pourquoi un tel document ne peut pas être édité automatiquement avec Pajemploi). Pensez aussi à vérifier votre assurance.
  • Coût important : limité par le partage de l’employé-e avec une autre famille ; vous bénéficiez également du complément du libre choix du mode de garde de la CAF, d’un crédit d’impôt et parfois d’une aide supplémentaire, généralement par le conseil général (Bébédom dans le 92, Papado à Paris, par exemple)
  • Stabilité à long terme : il n’est pas toujours facile de retenir la personne, et si vous faites une garde partagée cela implique d’avoir à tout moment une famille avec qui partager et une nounou ; les personnes employées en périscolaire sont particulièrement volatiles
  • La confiance : vous confiez à cette personne votre enfant et votre maison, ça n’est pas rien ! Et plus prosaïquement cela vous demande d’être à peu près ordonné (pas terrible si elle tombe sur votre petite culotte qui traîne ou sur votre dernier avis d’imposition). Enfin quand vous rentrez chez vous vous ne maîtrisez pas toujours le moment où elle s’en va (du vécu, ahem).
  • L’ennui : à partir de 18 mois environ, il faut que la personne ait suffisamment de ressources pour éviter que l’enfant ne s’ennuie trop. On peut aussi panacher avec une halte-garderie pour limiter le problème.
  • Le matériel : la crèche comme l’assmat fournissent les jeux et le matériel ; si vous êtes en garde partagée cela implique pas mal d’investissement, par exemple pour doubler le matériel de base chez l’un et l’autre (lit, transat, chaise haute…), voire l’achat (et le stockage, particulièrement critique à Paris) d’une poussette double. Il faudra peut-être aussi procéder à quelques réaménagements pour le confort et la sécurité des enfants (et vous aurez ainsi la joie de vivre dans une déco « crèche », en espérant que ça devienne LA tendance 2012 après tous ces trucs épurés design).

Comment trouver quelqu’un ? Il y a bien sûr le bouche à oreille et les petites annonces chez les commerçants du quartier ; des sites web, comme nounou nature ou nounou top ; des agences de placement (où vous paierez une commission ; voir ici la liste des organismes agréés). N’hésitez pas non plus à vous renseigner auprès des structures de la petite enfance de votre coin (services municipaux, relai d’assistantes maternelles, PMI…). Si vous cherchez une personne à temps partiel (notamment pour prendre les enfants à la sortie de l’école), vous pouvez également contacter le CROUS proche de chez vous. En région parisienne vous pouvez déposer votre annonce ici. Paradoxalement, c’est par ce biais que nous avons trouvé notre nounou actuelle, qui n’est pas étudiante mais retraitée… Pour info, les tarifs habituellement pratiqués sont (en net horaire) : 8€ pour un enfant, 9 € pour deux, 10 € pour trois et 11€ pour quatre (pour plus ils n’ont rien dit…). Pour trouver une famille avec qui partager la nounou, outre l’habituel bouche à oreille, vous pouvez spammer les boîtes aux lettres du quartier (quitte à prendre un mail exprès pour l’occasion, voire une carte SIM sans abonnement dédiée).

Pour vous aider dans le recrutement : il y a certaines questions et certains critères que vous pouvez reprendre dans le billet sur les assmat. Pour notre part nous étions moins exigeants pour quelqu’un qui ne garde les enfants « que » 2h30 par jour : étant suffisamment stimulés l’un à l’école et l’autre à la crèche, nous ne cherchions pas forcément la réincarnation de Maria Montessori. Et puis autant vous dire que pour un temps partiel on ne se bouscule pas au portillon. L’amie Nashii a écrit quelques billets bien documentés sur le sujet il y a quelque temps déjà, que vous trouverez ici, ici, et .

Enfin il y a aussi la possibilité de prendre quelqu’un au pair, si vous avez une chambre de rab et habitez dans ou près d’une ville relativement attractive (ces conditions vous paraissent-elles contradictoires ?). Plus de détails sur ce type d’arrangement auprès de l‘Union française des agences au pair.

Ce billet clôt le dossier sur les modes de garde (voir aussi l‘assistant-e maternel-le et la crèche). Merci à tous pour vos commentaires qui illustrent bien la diversité des besoins et des réponses possibles !

Image : Certes il n’y a pas besoin d’agrément pour être nounou à domicile mais il semblerait qu’il faille a minima être humain.

La crèche

mercredi, novembre 30th, 2011

En cette saison de crèche, parlons aujourd’hui des modes de gardes collectifs. « La crèche » recouvre en effet plusieurs types de structures :

  • les crèches publiques, généralement municipales ou départementales
  • les crèches d’entreprise (ou interentreprises), encore rares
  • les crèches associatives
  • les crèches privées (à but lucratif)
  • les crèches parentales (gérées par les parents et où il faut donc mettre la main à la pâte)
  • les microcrèches (avec 10 enfants ou moins)
  • les crèches familiales (voir le billet sur les assistantes maternelles)

Sans parler des halte-garderies, qui proposent un accueil à temps partiel des enfants, parfois dans des structures à part, parfois au sein des crèches, ou des jardins d’enfant, dont on a beaucoup parlé au moment de leur récente création mais personnellement je n’en ai pas vu ni ne connais quelqu’un qui y mette son enfant… N’hésitez pas si c’est votre cas en commentaire !

L’encadrement des enfants y est assuré par des personnes ayant obtenu l’un de ces trois diplômes :

  • éducateur/trice de jeunes enfants
  • infirmier-e en puériculture puéricultrice
  • auxiliaire de puériculture

On y trouve également du personnel de soutien : secrétaire, cuisinier-e, linger-e, personnel de ménage… ainsi qu’à temps partiel un médecin et un psychologue. Ajout suite à commentaire : jusqu’à 25% du personnel peut avoir un CAP petite enfance voire ne pas avoir de diplôme en lien avec la petite enfance.

Quels sont les avantages de la crèche (et des structures collectives en général) ?

  • La confiance : avec la présence permanente d’une équipe, les dérapages d’une personne sont peu probables
  • L’aménagement : tout l’espace a été généralement conçu pour les enfants, qui peuvent donner libre cours à leur soif d’exploration sans être confrontés à des interdits incessants
  • L’équipement : tout est prévu pour que les enfants passent un bon moment et ne s’ennuient pas, que ce soient les transats, chaises hautes etc, mais aussi les jeux et activités d’éveil. En outre les éducateurs-trices de jeunes enfants sont là pour préparer des activités d’éveil parfaitement adaptées au niveau de développement des petits.
  • La rigueur : en général les normes d’hygiène sont plus strictes que pour une personne seule, sans compter que les repas sont souvent planifiés au plus près des recommandations en vigueur.
  • Les autres enfants : en particulier la dernière année (vers deux ans) où les enfants sont plus intéressés à jouer ensemble.
  • Gestion administrative légère (sauf si vous êtes en crèche parentale) : pas de bulletin de paie, pas de gestion du personnel (maladie, congé maternité…). Par contre dans les structures publiques il y a régulièrement des grèves.
  • Faible coût pour les personnes à bas revenu (c’est le plus souvent indexé sur le quotient familial donc peu intéressant financièrement si vous avez un revenu plutôt élevé, d’autant plus que la crèche n’ouvre en théorie pas le droit au complément de libre choix du mode de garde de la PAJE). Les sommes dépensées donnent droit à un crédit d’impôt (plafonné à 2300€ de dépenses par enfant soit 1150€ de crédit d’impôt).

Evidemment il y a aussi des inconvénients :

  • Une équipe qui tourne : cela n’est pas optimal pour l’enfant qui a besoin de repères et de figures d’attachement stables (cependant les crèches tentent généralement de limiter cela avec un système de référentes notamment). Et il y a généralement des personnes avec lesquelles vous accrochez plus ou moins.
  • Les maladies : la crèche est un véritable incubateur où votre enfant pourra attraper les maladies des copains mais sera cependant exclu le jour où il voudra en refiler à son tour. En outre vous serez fortement incités à consulter au moindre pet de travers sous peine d’exclusion (j’ai du insister lourdement pour que les trois crottes d’oeil de Pouss2 ne soient pas directement classées en conjonctivite). En bref, la crèche est un peu la pelle qui creuse le trou de la sécu. Vous avez intérêt à disposer de jours enfant malade. Voir aussi cet ancien billet sur les règles d’éviction de la collectivité.
  • Les horaires : pas toujours compatibles avec les vôtres, même si certaines crèches tentent de s’adapter aux horaires atypiques. Il vaut mieux avoir une certaine flexibilité (ou un mode de garde secondaire : nounou, grand-parent ou autre -ici nous avons une nounou à domicile à partir de 16h30, puisque la crèche ferme à 18h15).
  • Les autres enfants : leur nombre est souvent trop important pour de si jeunes enfants, qui au mieux arrivent à jouer un peu à deux ou trois. En outre le ratio adulte-enfant n’est pas toujours très favorable (1 adulte pour 8 enfants, modulé en fonction des âges : 1 sur 5 pour ceux qui ne marchent pas). Et il faut arrêter avec le mythe qui veut que la socialisation passe par la fréquentation d’un grand nombre d’enfants : ce sont les adultes les principaux « socialisateurs », les enfants ne pouvant par essence pas s’apprendre mutuellement quelque chose qu’ils ne maîtrisent pas.
  • Une certaine rigidité dans la prise en charge : cela dépend beaucoup des structures, mais ce sera plus ou moins facile (voire impossible) si vous voulez que votre enfant boive votre lait (et de façon générale suive un régime alimentaire particulier hors allergie avérée médicalement) ou porte des couches lavables (ici après un an où Pouss2 arrivait en lavables -la crèche fournit les couches dans la journée- on nous a demandé de l’emmener en jetable car trop compliqué de le changer systématiquement avant midi !). Le nombre d’enfants à gérer fait que le personnel n’a pas toujours la possibilité d’accompagner les enfants dans le sommeil ou de les porter à la demande (j’ai été cependant très agréablement surprise par la nôtre qui est très en pointe sur ces sujets). Et par exemple dans notre crèche les bébés (la première année) profitent peu du jardin car étant à l’étage il est compliqué de les descendre et de les remonter.
  • Et bien sûr le manque de places : il est notoirement difficile de bénéficier du précieux sésame. Renseignez-vous bien car selon les lieux et les structures vous pourrez postuler plus ou moins tôt (à Paris par exemple c’est à partir de 6 mois de grossesse).

En outre, chaque type de structure aura des avantages et des inconvénients propres. Ainsi on parle beaucoup des crèches d’entreprise ; pour ma part même si ma boîte en ouvrait une je n’y demanderais pas de place. En effet, d’une part je me vois mal imposer à mon fils quasi deux heures de transport quotidiennes, dans le métro aux heures de pointe, et d’autre part je ne travaille pas toujours au bureau (réunions, séminaires, déplacements…) : que faire dans ce cas, d’autant plus que le boulot du Coq est géographiquement diamétralement opposé ? Evidemment je ne doute pas qu’il y ait des familles pour qui cela fonctionne(rait) parfaitement mais qu’on ne présente pas cela comme LA solution au problème des places en crèche (et des modes de garde de façon générale).

Pour finir un petit mot sur les halte-garderies. Elles ont vocation à n’offrir qu’un accueil à temps partiel, pour les enfants gardés à la maison (que ce soit par un de leurs parents ou par une autre personne) ou par une assistante maternelle. Là encore l’offre est assez inégale selon les endroits. J’ai testé pendant mon congé parental pour Pouss1 (qui n’avait pas tout à fait trois ans), la structure était super pour lui et totalement pas pratique pour moi. Il n’était pris que pour des créneaux de trois heures max (sachant que c’était à un bon 1/4h à pied de chez nous… sans compter le temps de préparer les enfants pour partir), pas de sieste possible l’après-midi. Et je ne pouvais réserver les créneaux qu’une semaine avant. Autant vous dire que le ratio temps gagné sur énergie dépensée ne m’était pas très favorable. Cependant il existe une myriade de possibilités différentes selon les structures. Il me semble essentiel de ne pas négliger le développement de ce type d’accueil, pour soulager les parents en congé parental et faciliter la recherche d’emploi (ou la création d’entreprise, ou toute autre forme d’activité extra-familiale). L’idéal étant de pouvoir à la fois bénéficier de créneaux fixes autour desquels s’organiser mais aussi de jokers en cas d’imprévu. Quand on a plusieurs enfants, la possibilité de ne pas devoir aller toujours partout avec l’ensemble de la marmaille est assez appréciable.

(Ce billet fait partie du dossier sur les modes de garde ; voir ici celui sur les assistantes maternelles)

Image : La crèche, c’est comme Vegas : Ce qui se passe à la crèche reste à la crèche…

L’assistant-e maternel-le

mardi, novembre 22nd, 2011

Qu’est-ce qu’une assistante maternelle (ou assmat’ pour les intimes) ? D’après Wikipédia :

En Belgique et en France, les nourrices ont un statut particulier qui s’appelle assistante maternelle et qui nécessite un agrément et une formation spécifique. Une assistante maternelle accueille chez elle ou en regroupement (maison d’assistantes maternelles) de manière non permanente, et moyennant rémunération, un ou plusieurs enfants dont les parents travaillent ou sont à la recherche d’un emploi. C’est en France le mode de garde le plus employé, par choix ou par nécessité mais ce n’est que récemment que cette profession a été organisée dans un cadre statutaire précis.

Cette appellation est scandaleusement sexiste, et franchement quitte à avoir une périphrase aussi ampoulée on pourrait au moins dire assistant parental. Je vais d’ailleurs l’utiliser dans la suite du billet, tiens (même si je dirai beaucoup « elle » car ne nous voilons pas la face, ce sont surtout des femmes).

Je ne parlerai que de la situation française, ne connaissant pas les particularités des assistants parentaux d’outre-Quiévrain. Dans l’Hexagone (et ses îles…) c’est la Protection maternelle et infantile (PMI) -laquelle dépend du Conseil général, soit le département- qui délivre les agréments et en organise le suivi. C’est donc normalement là que vous pouvez obtenir le précieux sésame, à savoir la liste des assistants parentaux ayant au moins une place de libre, avec leurs coordonnées (voir sinon la mairie et le relais des assistantes maternelles local). Le choix d’un assistant parental n’obéissant pas à une sectorisation géographique, vous pouvez très bien chercher à proximité de l’école du grand, de votre boulot, ou toute autre localisation qui vous arrangerait mieux. Il faut savoir qu’un des critères importants pour obtenir l’agrément est celui de la taille du logement : dans les endroits où l’immobilier est cher, les nounous sont plutôt dans les HLM et les moins beaux quartiers (si vous avez un grand appartement dans le 6ème arrondissement, en général vous n’êtes pas assistant parental…). L’agrément étant délivré pour un nombre d’enfants donné (de 1 à 3, voire 4 avec dérogation), cela va notamment dépendre de la surface disponible pour les accueillir.

Quels sont les avantages d’un assistant parental (par rapport à un autre mode de garde) ?

  • Un seul référent pour l’enfant
  • Interactions possibles avec d’autres enfants d’âges différents, un peu dans le style d’une fratrie
  • Bon respect du rythme de l’enfant
  • Souplesse d’organisation : généralement plus arrangeant sur les horaires, et peut prendre un enfant (pas trop) malade
  • Pas forcément si cher que ça  : plus les revenus du foyer sont élevés, et plus c’est financièrement intéressant (cela peut même être inférieur à la crèche, dont les tarifs sont généralement indexés sur le quotient familial). Voir un peu plus bas pour les détails

Les inconvénients :

  • Il faut bien tomber/choisir, car difficile de savoir ce qui se passe dans la journée. Et les histoires plus ou moins épouvantables ne sont pas rares, ce qui n’aide pas les parents à avoir confiance.
  • Pour la dernière année (2-3 ans) c’est souvent moins stimulant pour l’enfant ; on peut envisager de mixer avec une halte-garderie pour compenser mais c’est souvent mal accepté par la nounou à qui ça entraîne une baisse de revenu (sans compter que la halte-garderie prend généralement pour une demi-journée donc il faut gérer le transfert).

Bien entendu, chaque famille a ses priorités en termes de critères de choix mais voici quelques questions à (vous) poser. C’est à chacun de voir ce qui est éliminatoire ou pas, la liste vise juste à vous aider à prendre une décision informée.

  • Est-ce que la personne parle bien français ? Les enfants se débrouillent toujours pour comprendre et se faire comprendre, mais vous ? C’est important de pouvoir communiquer sereinement avec la personne qui garde votre poussin 10 heures par jour. Et si elle doit appeler les secours et qu’on ne comprend pas bien ?
  • Demander si elle fume et si elle a des animaux (les chiens de catégorie 1 sont normalement rédhibitoires pour l’agrément), même si bien sûr c’est à vous de voir si ce sont des critères éliminatoires.
  • A-t-elle des enfants, de quel âge ? Si elle a des jeunes enfants d’âge scolaire (maternelle ou primaire), cela peut vouloir dire des aller-retour à l’école qui imposeront des sorties supplémentaires à votre poussin, indépendamment de son rythme (un collègue avait trouvé son fils seul dans la voiture de la nounou sur le parking de l’école… il n’y est plus retourné !). Voir aussi si elle accueille un ou plusieurs enfants en périscolaire. La nôtre avait des enfants ados, du coup on les utilise comme baby-sitters, c’est très pratique.
  • Comment est la pièce où elle se tient avec les enfants ? Quelle est sa taille ? Est-elle lumineuse ? Sécurisée ? Y a-t-il beaucoup de meubles (donc pas beaucoup de place pour crapahuter) ? Quel est le revêtement du sol ? Y a-t-il beaucoup de déco et de bibelots (donc beaucoup de trucs interdits de toucher) ? Quelle est la place de la télé ? Est-ce propre et rangé ? Attention trop propre et trop rangé peut aussi vouloir dire que les enfants n’ont rien le droit de faire. Vous n’avez pas à visiter tout l’appartement mais demandez à voir au moins la pièce pour dormir et la cuisine (surtout si c’est la nounou qui prépare les repas). Jetez aussi un œil au matériel (lits, poussette, jeux, transats…).
  • Essayez de la voir quand elle est avec les enfants dont elle a la garde, cela permet d’avoir une idée plus réelle de la façon dont elle gère leurs sollicitations. Vous pouvez aussi aller observer incognito les assistants parentaux du quartier dans leur habitat naturel : le parc du coin.

D’autres questions à poser :

  • Demander la description d’une journée type est souvent peu informatif (de toute façon ça dépend normalement du rythme des enfants, de la météo etc) mais c’est une bonne façon de lancer la conversation. Vous pouvez vous enquérir de la fréquentation éventuelle d’un relais d’assistantes maternelles (RAM), d’une maison verte ou toute autre structure de ce type.
  • Demander la façon dont elle gère les difficultés les plus courantes : bébé qui pleure, qui ne veut pas s’endormir dans son lit, enfant qui ne veut pas manger, désobéissance, crise, etc. Donne-t-elle des fessées, des tapes ? Accepte-t-elle d’endormir un bébé dans les bras ?
  • Abordez rapidement vos « particularités« , surtout si elles sont incontournables pour vous : peut-elle donner votre lait ? quels aménagements dans les repas si l’enfant est allergique (ou soupçonné de l’être) ? quels produits sont utilisés pour le change ? accepterait-elle les couches lavables (apporter un exemplaire de démonstration pour rassurer) ? Pour info le site nounou nature recense des assistants parentaux (et nounous à domicile) favorables à des pratiques plus alternatives.
  • Il faut savoir que la plupart des assistants parentaux préfèrent que ce soient elles qui fassent les repas car les frais de nourriture (souvent autour de 3-4€ par jour de garde) sont apparemment rentables. Du coup elles recourent rarement aux petits pots qui sont trop chers et font généralement elles-mêmes. Par contre ce n’est pas souvent bio, mais vous pouvez toujours poser la question.
  • Bien entendu il faut parler sousous (dans la popoche) mais dans mon expérience il n’y en a pas deux qui utilisent la même façon de calculer leur salaire et il est donc quasiment impossible de comparer les prétentions des unes et des autres. Il y a bien sûr possibilité de négocier, sauf si le rapport offre/demande est fortement biaisé en votre défaveur. Demandez aussi qui fournit le lait et les couches (en général vous).

Le système de la crèche familiale, comme son nom ne l’indique pas, repose sur les assistants parentaux. En pratique, vous obtenez (ou pas) une place en mairie, qui vous propose un assistant parental qui gardera votre enfant chez lui. La différence est que tout l’emploi est géré par la mairie à qui vous payez une place en crèche et qu’en cas de maladie ou autre absence c’est la mairie qui vous trouve un remplacement. En outre les assistants parentaux participant à une crèche familiale sont supposés passer au moins une journée par semaine au RAM.

Si vous ne passez pas par là, vous devrez gérer vous-même l’emploi de l’assistant parental. Grâce au site Pajemploi c’est relativement simple. Le salaire net est basé sur un taux horaire, compris entre le SMIC un salaire minimum indexé sur le SMIC et un plafond fixé par la CAF au-delà duquel elle ne paie plus les charges et majoré de 10% pour les heures supplémentaires (soit au-delà de 45 heures par semaine/9 heures par jour). Il faut y ajouter à chaque jour de présence effective les frais de repas et frais d’entretien (pour le chauffage, le renouvellement du matériel etc). De façon générale, le salaire est calculé en lissant annuellement sur la base de 22 jours ouvrés par mois (à temps plein). Par contre les frais de repas et d’entretien doivent être recalculés chaque mois. Comme l’assistant parental a généralement plusieurs employeurs, c’est lui qui fixe ses dates de congé. Hors négociation particulière, si vous choisissez de ne pas y mettre votre enfant hors de ces congés vous devez quand même rémunérer l’assistant parental (sauf frais d’entretien et de nourriture). Les charges sont normalement prises en charge par la CAF, qui édite aussi les bulletins de salaire : il suffit de déclarer ce que vous avez payé chaque mois sur Pajemploi. Cette déclaration vous assurera également de toucher le complément de libre choix du mode de garde de la PAJE. Enfin les sommes effectivement payées (minorées de l’aide de la CAF donc) ouvrent droit à un crédit d’impôt. Outre les sites de la CAF et de PAJEMPLOI qui recèlent un certain nombre de conseils pratiques, il existe de nombreux sites web sur les assistantes maternelles où vous trouverez pas mal d’infos, comme ici ou et surtout Casamape (merci Suzie !).

Photo : je sais, ce n’est pas une assistante parentale mais 1. vous en connaissez beaucoup vous des assmat célèbres ? et 2. c’est un petit clin d’oeil à suzie et assmatcoco qui sont des assistantes parentales fidèles de la basse-cour

Comme une poule devant un siège auto

lundi, juillet 4th, 2011

Quand j’étais un bébé parent, je pensais naïvement que l’Etat dans son infinie sagesse faisait une sélection rigoureuse des sièges auto disponibles à la vente et qu’en conséquence il ne me restait plus qu’à évaluer les critères de praticité, de confort et d’esthétisme, la sécurité étant équivalente entre les différents modèles. Je pensais en outre que les vendeurs des magasins de puériculture disposaient de connaissances fiables dans ce domaine. Oui, vous pouvez rire, faites-vous plaisir. Depuis, j’ai écumé le net, décortiqué les crash tests, déchiffré des pages en langages variés (avec l’aide plus ou moins heureuse de l’ami Google traduction), et malgré ça me reste l’impression amère de n’avoir jamais acheté ce qu’il fallait, et ce n’est pas faute de ne pas avoir palpé, hésité, tergiversé et surtout déboursé euros sonnants et trébuchants.

Ce qui reste assez clair, c’est que la France, très à la traîne en termes de sécurité automobile (dans la réglementation mais surtout dans les mentalités), ne fait pas exception pour les enfants. Je suis toujours très surprise de voir combien il reste de personnes pour qui la seule raison de respecter le code de la route est d’éviter la sanction prévue par la loi, y compris à ma génération. Le fait que les accidents de la route soient la première cause de mortalité des 15-24 ans par exemple, ne semble pas les affecter (ou pouvoir être relié d’une façon ou d’une autre à leur comportement).

Une idée reçue à combattre voudrait qu’en gros seule l’autoroute soit dangereuse. Elle l’est bien sûr, mais les petits trajets en ville le sont tout autant. Une collision à 50 km/h équivaut à une chute du troisième étage, et la majorité des accidents a lieu par temps sec, sur un trajet connu à moins de 15 km du domicile (voir ici par exemple). On ne peut pas physiquement retenir un enfant avec ses bras lors d’un impact à 50 km/h. Vous pouvoir en vidéo ce qu’il arrive à un enfant de 3 ans sans siège ni ceinture à 50 km/h. Un siège inadapté (ou une simple ceinture avant d’avoir atteint la taille réglementaire) n’est pas pour autant satisfaisant : voici ce qui arrive à un enfant avec la seule ceinture.

Vous ne laisseriez pas votre enfant jouer sur un balcon au troisième étage (ou plus haut) sans rambarde parfaitement sécurisée, il est donc crucial de pouvoir l’attacher correctement en voiture, en fonction de son âge et de son gabarit. La première chose dont personne ne semble au courant en France (l’info a du s’arrêter à la frontière comme un certain nuage…), c’est que les enfants ont intérêt à rester dos à la route le plus longtemps possible. Ce n’est pas une mode ou une lubie, c’est le résultat de nombreuses études scientifiques. Il y a à la fois une bonne compréhension de la relation de cause à effet (en lien avec la fragilité de la nuque du bébé et du petit enfant, qui est mieux protégée dos à la route), et une vérification de sa réalité par de nombreuses observations et statistiques (l’installation dos à la route s’avère cinq fois plus sûre que l’inverse). Voir par exemple cet article du très sérieux British Medical Journal, qui recommande l’installation dos à la route jusqu’à 4 ans, ou encore cet avis de l’Académie américaine de pédiatrie pour qui 2 ans est un minimum avant de passer face à la route.

Concrètement, comment faire ? Pour un nouveau-né, les nacelles sont à éviter. Elles ne sont d’ailleurs pas homologuées pour la voiture dans de nombreux pays occidentaux. Deux exceptions : la Bébéconfort Windoo Plus (qui a obtenu le résultat « bon » aux tests de l’ADAC) et la Römer Baby safe sleeper (quatre étoiles au TCS). Elles proposent notamment un vrai harnais trois points, au lieu de l’espèce de bande ventrale à scratch qu’a ma « vieille » (4 ans) nacelle Jané. Ceci dit ça coûte un rein, ça ne dure pas très longtemps (Sumo n°1, euh Pouss1, s’y est senti à l’étroit avant d’avoir passé trois mois, et Sumo n°2 n’a jamais voulu y mettre un orteil) et ça prend deux places dans la voiture (voire toute la banquette si vous avez une ceinture deux points au milieu).

Il vaut donc mieux s’en tenir à une coque (groupe 0+) ou un siège 0+/1 si poussin a un bon gabarit (attention car certains sont crevettes à la naissance et se sumoïsent au fil des mois, y compris au lait maternel qui a la réputation infondée de sous-nourrir les nouveaux-nés). La coque garde cependant l’avantage d’être plus facilement transportable, par exemple si vous prenez le train avec votre poussin et qu’on vient vous chercher à la gare. Et si vous avez eu la bonne idée de prendre le forfait bambin (à 8.20€ quelles que soient la distance et la classe, c’est un des meilleurs investissements disponibles pour un jeune parent), vous pourrez poser la coque sur le siège d’à côté et le poussin dedans, particulièrement pratique tant qu’il ne tient pas assis. Par contre je n’ai jamais compris l’intérêt de trimballer à bout de bras bébé dans la coque sur plus de 20 mètres, c’est épuisant, je préfère mettre l’enfant dans un porte-bébé et porter le siège vide.

Lorsque bébé commence à être à l’étroit dans sa coque (et rappelons qu’elles sont par définition homologuées jusqu’à 13 kg, donc c’est rarement à 6 mois ; rappelons également qu’il est conseillé de ne pas trop couvrir l’enfant : pas de manteau mais une couverture sur le siège par exemple), il est plus sûr de le garder dos à la route. Il existe maintenant des sièges permettant d’installer les enfants dos à la route jusqu’à au moins 4 ans (25 kg), même s’ils sont plus difficiles à trouver. On peut citer la boutique online carseat.se ainsi que les concessions Volvo, pour ceux qui préfèrent tâter avant d’acheter. Un enfant si grand dos à la route, cela nous semble surprenant voire impossible, pourtant c’est devenu la norme en Suède par exemple. Quand j’étais enfant, il n’y avait pas de ceinture à l’arrière de toutes les voitures, sans même parler de siège auto (c’était le bon temps ma brave Janine) ; on voit déjà le chemin parcouru depuis !

Pour une raison ou pour une autre, si votre enfant ne peut voyager dos à la route, une alternative intéressante peut être un siège 1/2/3 à bouclier. Il y en a deux bien notés par les tests des Goths de l’Ouest qui sont à l’Est par rapport à nous Allemands et Suisses : le Cybex Pallas 2-fix et le Kiddy Guardian Pro. Ils sont d’ailleurs supposés être plus fiables que les sièges plus classiques à harnais, sauf qu’il y en a d’aussi bien notés, donc je ne sais pas trop quoi en penser. L’avantage, même s’ils coûtent un rein, est qu’avec ça vous êtes parés jusqu’à ce que l’enfant n’ait plus besoin de siège auto (ou jusqu’à ce que de nouvelles règles de sécurité sortent et les relèguent au rang de dangereuses antiquités), et pour le coup ce sont les seuls 1/2/3 bien notés. Ceci dit attention car en traînant sur les forums (toujours utile) j’ai vu que leur installation avec le bouclier demande une grande longueur de ceinture et n’est ainsi pas possible sur toutes les voitures (surtout les modèles un peu anciens) ; par contre il semble que certains petits farceurs qui se dégagent du harnais soient mieux maintenus par le bouclier. Mieux vaut donc essayer avant d’acheter.

Donc au cas où les allusions subtiles au cours du billet vous auraient échappé, avant d’aller en boutique (ou au moins avant de dégainer la CB), visitez les pages du Touring Club Suisse et de l’ADAC (les Allemands) pour une évaluation objective et ne pas vous faire embobiner par des vendeurs mal renseignés. L’ADAC ne propose qu’une version en allemand mais le tableau avec les +, les – et les codes couleur est assez facile à comprendre. En France ne comptez pas sur les magazines parentaux pour vous servir beaucoup mieux que de la soupe publicitaire plus ou moins déguisée (au mieux quelques avis de parents possédant tel ou tel siège, distrayant mais pas super utile) ; seul Que Choisir propose des tests dignes de ce nom mais il faut acheter le magazine (version online payante également). Et puis surtout, ne soyez pas pressés de passer à la catégorie supérieure, qui sera toujours moins sécurisante que l’actuelle (sauf quand la tête de l’enfant dépasse du siège ou quand il a passé la limite de poids du siège).

Donc ça c’est la théorie, la pratique elle est comme toujours plus complexe. Il y a des enfants qui hurlent en voiture tant qu’ils sont dos à la route et se calment miraculeusement en passant dans l’autre sens (ou arrêtent de vomir toutes les dix minutes). Il y a des gens qui ont beaucoup d’enfants et de voitures, ce qui ne laisse souvent plus beaucoup d’argent pour acheter des super sièges dernier cri. Il y en a d’autres qui prennent tellement peu la voiture que la probabilité d’avoir un accident devient minime et ne justifie pas forcément l’achat d’un siège dernier cri, d’autant plus que leur gentille belle-soeur qui a fini de pondre leur passe ses sièges au fur et à mesure. Il y a des voitures un peu tarabiscotées où certains sièges sont difficiles à bien fixer (voire impossibles). Et puis les fabricants ont le don de vous embrouiller en faisant 15 modèles proches avec des noms qui se ressemblent mais qui ne sont pas les mêmes : pas toujours facile de savoir s’il y a une vraie différence entre deux (et lequel a été effectivement passé à la loupe des tests) ou juste des nouveaux tissus plus fashion (et un super cercle-en-plastique-on-appuie-dessus-ça-sort-ça-fait-porte-gobelet ?). On ne peut même pas faire confiance à une marque donnée : par exemple dans le test du TCS certaines marques ont des notes allant de deux à quatre étoiles selon les modèles.

Prenons un petit exemple pour voir à quel point ce n’est pas toujours simple : la famille Pondeuse. Nous avons, en plus d’une coque Jané Rebel achetée avec un super pack poussette pour la naissance de Pouss1 et que je ne trouve pas terrible (et elle n’a même pas été testée par nos voisins de l’Est) :

  • un Britax First Class (0+/1), dans lequel Pouss2 (18 mois, environ 12 kg) est toujours confortable dos à la route. Le seul hic c’est qu’il ne semble pas super bien fixé dans la voiture (pas de tensionneur de ceinture par exemple).
  • un Bébé Confort Axiss (groupe 1), dans lequel Pouss1 (4 ans, environ 14 kg) est également bien installé. Evidemment, c’est bien après l’avoir acheté que j’ai découvert que les Suisses ne lui accordaient que trois étoiles (et les Allemands « Befriedigend », c’est-à-dire satisfaisant). Au moins il semble assez confortable, avec un tissu agréable. Le fait qu’il tourne pour installer l’enfant est sympa, mais vu qu’on a un monospace ce n’est pas indispensable.

Les poids des poussins sont très approximatifs, car ils ne vont que rarement chez le médecin et nous n’avons pas de pèse-personne (une mystérieuse affliction frappe toute balance entrant dans notre domicile et la rend rapidement inutilisable). Ainsi Pouss1 devient un peu grand pour le Axiss (sa tête commence juste à dépasser) mais ne fait probablement pas encore les 15 kg réglementaires pour passer au groupe 2. Quant à Pouss2, il approche des 13 kg (s’il ne les a pas déjà dépassés) au-delà desquels la notice du Britax recommande de passer face à la route (j’ai contacté Britax pour savoir si c’était vraiment problématique de le laisser dos à la route après 13 kg et ils m’ont simplement répondu qu’il n’était pas homologué pour ça, je suis bien avancée). Que faire ?

  • l’approche Maîtrisons les dépenses de puériculture (ou rationnelle, selon le point de vue) : acheter un groupe 2/3 pour Pouss1 (dans la liste des 4*/Gut des crash tests) et passer Pouss2 face à la route dans le Britax
  • l’approche La sécurité n’a pas de prix (ou folle hystérique, toujours selon le point de vue)  : acheter deux sièges permettant de rester dos à la route jusqu’à 25 kg (que Pouss1 devrait atteindre vers ses 18 ans à ce rythme), à plus de 250€ le siège ; ajouter un cierge à brûler à un Saint de votre choix pour que Pouss1 accepte de s’installer dos à la route (et pour que ça n’accentue pas sa fâcheuse tendance à changer le sens de circulation de son oesophage dès qu’il monte dans la voiture) ; être obligée de faire deux ou trois poussins de plus pour rentabiliser le matériel
  • l’approche Ni l’un ni l’autre, bien au contraire : acheter un siège à bouclier 1/2/3 et y mettre Pouss1 jusqu’à ce qu’il passe bien les 15 kg, en attendant laisser Pouss2 dos à la route dans le Britax (en espérant qu’il reste en deça des 13 kg -le mettre au régime Dukon peut-être ?), puis racheter un 2/3 pour Pouss1 et mettre Pouss2 dans le 1/2/3 avec le bouclier
  • l’approche Autruche : vendre la voiture et ne plus remettre les pieds dans aucune de ces maudites chariottes inventées par le Malin

Ajoutez à cela qu’en bons Parisiens nous ne prenons pas très souvent la voiture (généralement une à deux fois par mois), même s’il nous arrive de partir en vacances avec jusque dans les lointaines contrées varoises, et la question bonus : faut-il prendre un siège Isofix (qui coûte un demi-rein de plus) alors que notre voiture n’en a pas, mais que peut-être un jour on en aura une autre qui l’aura ?

Je vous laisse voter en commentaire, et proposer vous aussi vos cas de conscience à la Basse-cour le cas échéant.

Photo : J’avoue un coupable penchant pour ces chatons débiles (celui-là dit : « Pas freiner si fort la prochaine fois siteuplé »)

(et, est-il besoin de le préciser, personne ne m’a rien donné ni payé pour écrire ce billet)

Eduquer sans punition (1)

lundi, mai 16th, 2011

Avec le spot télé récent militant pour l’interdiction de tout châtiment corporel, beaucoup de débats autour de l’éducation des enfants ont refait surface. Je suis souvent déprimée par ce que je lis sur la question, et j’ai rarement le courage de poster l’unique (ou presque) commentaire en défense de ce type d’initiative (même si le spot en lui-même est loin d’être parfait mais ce n’est pas l’objet de mon billet). J’ai déjà abordé beaucoup de ces points dans d’autres billets (j’essaierai d’en faire une petite compilation à la fin de celui-ci), donc j’espère par avance que les plus fidèles lecteurs m’excuseront pour les redites.

Comme l’indique le sous-titre du blog, j’ai peu de certitudes en matière d’éducation et de puériculture. J’ai trouvé certaines solutions (allaitement, portage…) qui fonctionnent bien pour moi et pour ma famille, et je les partage ici, mais loin de moi l’idée de détenir la vérité absolue. Une des rares choses dont je suis certaine : les châtiments corporels, même légers, sont inutiles, car inefficaces et nocifs. Et il me semble que les punitions ne sont pas beaucoup plus performantes. Avant d’aller plus loin, il me semble important de préciser que cette affirmation n’a pas vocation à juger les parents qui les utilisent ou les ont utilisés. De nombreuses raisons peuvent expliquer le recours à une tape ou une fessée, mais à mon sens rien ne les justifie (à part la légitime défense mais j’ai du mal à imaginer un adulte dont l’intégrité physique soit sérieusement menacée par un enfant de deux ans). C’est d’ailleurs ce que les lois de notre société prévoient pour les adultes : toute violence corporelle est interdite, sauf en cas de légitime défense. A chaque fois que vous dites « ça n’a jamais fait de mal à personne », ou « il m’a poussé(e) à bout », ou « il faut bien qu’il comprenne les limites », pensez à cette phrase dans la bouche d’un homme qui parle de sa femme : intolérable. Pourquoi serait-ce différent pour un enfant ? Je ne pense pas qu’un enfant dont les parents aimants lui donnent une fessée ou une tape occasionnelle soit traumatisé à vie ou que ses parents soient maltraitants ou défaillants, mais simplement que tout le monde se porterait mieux sans. Je ne veux pas non plus m’ériger en modèle : je retranscris ici mes objectifs et mes idéaux, qui ne sont hélas pas ma pratique quotidienne, jalonnée d’erreurs et de défaillances variées.

D’abord un point essentiel mais que je ne vois que rarement évoqué : tout comme ils sont immatures physiquement, les enfants sont immatures psychologiquement. Ils n’ont souvent pas la capacité d’avoir le comportement et la gestion des émotions que nous attendons d’eux, ou en tout cas pas en permanence et en toute circonstance. Par exemple, le fait qu’un enfant ait accepté sans broncher qu’aujourd’hui Maman n’achèterait pas de bonbon au supermarché ne veut pas dire que demain, après avoir -au hasard- zappé sa sieste (mais cela peut aussi être une combinaison de facteurs plus subtiles à identifier), il parvienne à rester dans les meilleures dispositions lors d’un événement similaire. Or on n’attend d’un bébé de trois mois qu’il marche ou d’un enfant de deux ans qu’il escalade le Mont Blanc, et j’ose espérer qu’on n’imagine pas qu’une bonne claque ou une séance d’isolement accélèrerait l’acquisition de ces aptitudes. Au contraire, le parent lambda prendra simplement en compte cet état de fait dans son organisation, par exemple en s’équipant d’un dispositif type poussette ou porte-bébé, ou tout simplement en s’arrangeant pour ne pas emmener l’enfant. Bien sûr, le développement de la maturité psychologique est plus long et complexe à appréhender que le développement moteur, et les enfants, notamment par leur maîtrise du langage, peuvent nous donner l’illusion d’être plus avancés qu’ils ne le sont. Par ailleurs, certains auteurs comme Gordon Neufeld avancent que le développement de ces capacités ne peut se faire que si la sécurité physique et affective de l’enfant est garantie : la meilleure façon d’aider l’enfant à les acquérir ne serait donc pas de le punir ou de le frapper. Enfin n’oublions pas que nous-mêmes sommes rarement en pleine capacité de gérer nos émotions et d’adapter parfaitement notre comportement aux circonstances (comme en témoignent les fois où poussés à bout nous crions, insultons et/ou tapons nos enfants) : comment imaginer et exiger d’un enfant qu’il soit plus compétent que nous ?

Cela nous amène au point suivant : les enfants, surtout petits, apprennent par imitation. Donc la meilleure façon d’apprendre à un enfant à ne pas taper, c’est de ne pas taper. A ne pas crier, de ne pas crier. Je vous laisse poursuivre la liste (ou regarder cette petite vidéo, perturbante mais meilleure que celle citée en début d’article je trouve)… Je ne vous cache pas que ça ne m’arrange pas vraiment : bien sûr qu’il est plus simple de gueuler un bon coup que maintenant mon coco tu vas la boucler ou tu t’en prends une, que de travailler chaque jour, à chaque instant sur moi-même pour ne pas céder à mon premier instinct. Ne soyons pas non plus simplistes, l’imitation n’est pas le seul canal d’apprentissage, et il n’est évidemment pas automatique que nos enfants reproduisent tous nos défauts. Mais ne nions pas pour autant son importance. Pour ma part, après avoir traversé une phase avec quelques pétages de câble (genre hurlements et claquage de porte -finalement la version adulte du gosse qui se roule par terre si on y réfléchit…), j’ai constaté que de prendre sur moi pour les éviter autant que possible donnait vraiment de meilleurs résultats et une meilleure ambiance à la maison. Et à la réflexion, demander de mes fils un comportement adulte en me comportant comme si j’avais 18 mois est assez paradoxal…

Tout cela (ainsi que certaines lectures), à contre courant de ce que la « sagesse » populaire nous répète, m’a amenée à réfléchir à la place que je souhaite donner aux enfants, et aux miens en particulier, à ce que j’attends d’eux, à ce que je veux leur transmettre et leur apprendre. Le spectre du parent impuissant et permissif tyrannisé par un enfant-roi n’est jamais loin, mais il révèle en négatif le parent « idéal », qui mène sa famille mieux qu’un général dirige ses troupes et à qui les enfants obéissent au doigt et à l’œil. Assis couché tais-toi donne la papatte. Ma grand-mère me disait un jour : « C’est dramatique, aucun de mes petits-fils ne serait capable de faire la guerre de 14. » Moi je ne trouve pas ça dramatique du tout, bien au contraire. J’espère bien que mes fils ne passeraient pas quatre ans dans les tranchées à tenter de zigouiller des inconnus sans se poser de sérieuses questions. Et qu’avant ça ils n’éliraient personne proposant ce type de programme. On ne fait plus des bons petits soldats pour qui la valeur suprême est d’obéir à l’autorité. On fait (avec plus ou moins de succès, je vous l’accorde) des adultes responsables, qui se posent des questions et réfléchissent à ce qu’ils veulent eux et forgent leur propre échelle de valeurs. En réalité, on est sans doute plutôt dans la transition à tirer à hue et à dia, ce qui explique la confusion actuelle.

Au-delà des clichés entretenus par certains médias, il suffit de parler avec des profs (si vous n’en avez pas dans votre entourage, vous pouvez lire Princesse Soso par exemple) pour comprendre qu’il y a effectivement un nombre non négligeable d’enfants et d’adolescents en pleine carence éducative. Je n’ai pas d’expertise sur cette question, et ne souhaite pas verser dans le café du commerce, mais il me semble que les appels à la fermeté parentale, y compris physique, sont un peu simplistes. « Vous n’avez qu’à être plus ferme », plus facile à dire qu’à faire. « Sans fessée les parents sont dépossédés de leur autorité’, mais bien sûr. La vérité, c’est qu’élever des enfants demande un temps, une énergie, un investissement personnel conséquents. La vérité, c’est que les enfants ont un bullshitomètre de compétition et qu’ils ont besoin d’adultes de qualité en face d’eux. La fessée et les punitions ne sont qu’un coup de peinture pour tenter d’empêcher un édifice en ruines de s’écrouler, quand ce qu’il faut à l’enfant c’est d’être vraiment pris en charge, par des adultes en cohérence les uns avec les autres. Pour une vision en profondeur de la complexité du problème, je vous invite à lire Jean-Pierre Rosenczweig, qui est juge des enfants dans le 9-3, et qu’on peut donc imaginer assez bien en prise avec la réalité.

Pour moi, l’éducation c’est, comme le dit François de Singly : Aider l’enfant à devenir lui-même. C’est prendre en compte que les enfants sont à la fois des personnes dignes du même respect que les adultes, et qu’ils sont petits et donc ont des besoins différents. Je souhaite que mes poussins me respectent, pas qu’ils me craignent. Qu’ils écoutent ce que j’ai à leur dire parce qu’ils savent que je les aime et que je veux qu’ils soient heureux. Pas parce qu’ils ont peur que je me fâche ou que je les frappe. Cela veut dire aussi qu’en retour je les respecte aussi et que j’accepte qu’ils ne soient pas toujours d’accord avec moi, qu’ils aient d’autres idées, qu’ils fassent d’autres choix. Ce n’est pas simple, car j’en suis (avec le Coq*) responsable, et leur manque de maturité physique et psychologique demande à ce que nous prenions pour eux des décisions et que nous les appliquions. C’est l’exercice de l’autorité parentale. Comme le formule très clairement l’article 371-1 du Code civil :

L’autorité parentale est un ensemble de droits et de devoirs ayant pour finalité l’intérêt de l’enfant. Elle appartient au père et à la mère jusqu’à la majorité ou l’émancipation de l’enfant pour le protéger dans sa sécurité, sa santé et sa moralité, pour assurer son éducation et permettre son développement, dans le respect dû à sa personne. Les parents associent l’enfant aux décisions qui le concernent, selon son âge et son degré de maturité.

 

Avant la fin de la semaine, deuxième partie : des idées concrètes pour s’en sortir au quotidien. En attendant, quelques lectures qui m’ont aidée à clarifier ma vision des choses (les deux premiers sont pour moi des incontournables) :

  • Retrouver son rôle de parent, de Gordon Neufeld et Gabor Maté
  • Parents efficaces, de Thomas Gordon
  • Comment aider l’enfant à devenir lui-même ?, de François de Singly (je n’ai pas fait de compte-rendu, shame on me)
  • Isabelle Filiozat : Au coeur des émotions de l’enfant et Il n’y a pas de parent parfait (pas de billet non plus, bouououh) ; je ne suis pas une grande fan du style de Filiozat mais je suis globalement d’accord avec son message et je sais qu’il est très parlant pour d’autres.

Je n’ai pas lu mais cela a l’air intéressant :

  • Plaidoyer pour l’enfant roi, de Simone Korff Sausse (voir un résumé ici)

 

*Ces billets visent à exposer mes réflexions et points de vue, pas ceux du Coq, d’où leur rédaction à la première personne du singulier. Cela ne veut pas dire qu’il ne les partage pas et encore moins qu’il n’est pas pleinement investi dans l’éducation de nos enfants, mais ce n’est pas ce que je souhaite aborder ici.

Photo : Le prof le plus pédagogue d’Hogwarts en pleine action

L’enfant et le couple

mardi, mai 3rd, 2011

D’un point de vue purement biologique, l’enfant est la principale raison d’être du couple. Socialement, c’est également souvent le cas, même si les sociétés occidentales voient l’émergence d’une proportion croissante de couples et d’individus revendiquant le désir d’une vie sans enfant. Sans compter que le schéma familial classique avec le couple parental et les enfants qui en sont issus coexiste maintenant avec d’autres formes de parentalités : familles recomposées, homoparentalité, etc. Sans vouloir ignorer la diversité des situations, je vais me concentrer sur la famille « traditionnelle » mais surtout n’hésitez pas à vous en éloigner dans les commentaires.

Avant même la venue de l’enfant, cela peut déjà être un sujet de discorde : l’un souhaite être parent et pas l’autre, et voilà un beau sujet de friction. Et même si les deux sont d’accord mais que l’enfant ne vient pas… Un désir d’enfant non satisfait est une blessure profonde, qui peut conduire à la rupture. Quant à un bébé surprise, c’est aussi souvent une sacrée zizanie : quand l’un veut le garder et pas l’autre, quelle que soit la décision finale, c’est un sacré coup porté au couple.

Et quand un enfant désiré par ses deux parents s’annonce… Comme déjà expliqué ici, beaucoup d’adultes ne réalisent pas vraiment ce qu’est un bébé et ce qu’il demande. Sans vouloir verser dans les clichés, il est relativement fréquent que la future mère, une fois le deuxième trait apparu sur le bâtonnet, commence à se documenter sur la question. En même temps, plus difficile de faire comme s’il ne se passait rien quand avant même d’avoir atteint le centimètre votre future progéniture vous transforme en marmotte vomissante. Le suivi de la grossesse et les choix faits pour l’accouchement sont des sources de débat : comment choisir quand on n’a pas la même hiérarchie des risques ? D’autant plus qu’autant la mère a évidemment le dernier mot sur ce qui concerne son propre corps, autant le père a un avis légitime sur ce qui a des conséquences pour l’enfant : comment concilier cela (même si légalement c’est l’avis de la mère qui l’emporte) ? Que faire si la mère veut accoucher à la maison (et qu’elle trouve une sage-femme pour l’accompagner…) et que le père trouve cela trop dangereux  ? Ou qu’elle ne veut pas de péridurale alors qu’il ne peut envisager de la voir souffrir ? A l’inverse, c’est le père qui peut être persuadé des bienfaits d’une naissance avec peu d’intervention tandis que la mère désire une césarienne.

Et même dans les cas où personne ne se posait trop de questions, la naissance -toujours pleine d’imprévus- peut être vécue de façon bien différente. Parfois c’est le père qui a vu ce qu’il n’aurait pas voulu voir : sa femme dans une situation peu glamour, sa femme en danger ou encore une équipe en train de s’affairer autour d’elle et du bébé tandis qu’il reste planté là habillé en schtroumpf sans pouvoir rien faire. Il y a des cas où c’est la mère qui vit très mal un accouchement, pourtant décrit par le classique « La mère et le bébé vont bien ». Mais ce n’est pas parce qu’on a un corps qui fonctionne qu’on va bien, même si bien sûr ça aide !

La période du post-partum est particulièrement délicate. La femme, si elle n’est pas Rachida Dati, n’est en général pas au top (et c’est un euphémisme). On oublie à tort l’adage de grand-mère « Neuf mois pour le faire, neuf mois pour le défaire », et on s’imagine qu’à peine le flan démoulé on va revenir instantanément à l’état pré-conceptionnel. Mais rien que pour le ventre, imaginez-vous un peu : l’utérus, qui en temps normal fait à peu près la taille d’une figue fraîche, pèse à terme près d’un kilo, pour une capacité de plusieurs litres. Les abdominaux s’allongent d’environ 20 cm. Et tout cela n’est que la partie émergée de l’iceberg (comme déjà dit ici). Bref, alors que la femme est molle (dans une société qui valorise la fermeté), a la foufoune en chou-fleur (alors qu’elle doit porter des garnitures périodiques ultra-super-plus), les cheveux qui tombent, les poils qui poussent, les seins en obus, les hormones qui font pleurer et j’en passe (notamment certaines difficultés courantes des débuts de l’allaitement), elle doit apprendre à vivre avec un bébé, qui en prime ne ressemble pas du tout à ce qu’elle avait lu dans Laurence Pernoud. Le père, qui a parfois du mal à s’investir dans la grossesse voit d’un seul coup les choses devenir extrêmement concrètes, ce qu’il peut trouver difficile à assimiler. En bref, c’est un moment très délicat pour le couple. Et si vous rajoutez un soupçon de belle-maman qui dit que votre nouveau-né vous manipule déjà et/ou d’un pédiatre un peu psycho-rigide pour qui vous ne faites rien comme il faut, c’est un miracle qu’il n’y ait pas plus de crimes passionnels pendant le post-partum (peut-être les gens sont-ils simplement trop épuisés ?).

Et puis très vite il faut prendre des décisions, faire des choix : sommeil, alimentation, réponse aux pleurs… autant de sources possibles de dissensions voire de franches disputes. C’est vrai : avant de décider de faire un bébé à deux, qui a vraiment vérifié la totale compatibilité de vision de la chose au sein du couple ? Qui s’est posé des questions dont il ignorait jusqu’à l’existence ? D’autant plus qu’à 4 heures du matin, après deux mois de nuits hachées, ce n’est pas vraiment le moment idéal pour débattre de sa conception philosophique de l’éducation. Vous pouvez penser être rodés pour le deuxième (troisième, etc), mais en réalité le problème se repose et de façon différente. Chaque parent a une relation différente avec chaque enfant, et cela change selon les périodes. Et bien sûr chaque enfant pose des problèmes différents.

Alors, après ce tableau quasi-apocalyptique, que peut-on proposer ? Bien sûr, et comme toujours, chacun doit trouver ses propres solutions, adaptées à sa situation, mais voici quelques pistes (rien de bien révolutionnaire hélas).

  • Définir ses priorités éducatives. Qu’est-ce qui n’est vraiment pas négociable pour chacun, et qu’est-ce que chacun fait à sa sauce ? Cela est utile de façon générale, quand on doit confier l’enfant, et pour l’éducation en général : choisir ses combats… Par exemple moi je me fiche bien de la façon dont on donne le bain (du moment que le résultat est à peu près satisfaisant), voire même que les enfants en prennent un, mais je suis intransigeante sur les tapes et fessées : j’en veux zéro.
  • Définir des priorités familiales et individuelles. Avec l’arrivée d’un enfant, il est illusoire de penser qu’on va mener la même vie qu’avant. Cela ne veut pas dire qu’on ne peut plus rien faire mais qu’il faut choisir. Il peut être salutaire de se garder une activité à soi, pour soi, mais c’est maintenant quelque chose à négocier entre parents. Ça peut aussi être l’occasion de (re)discuter du partage des tâches ménagères…
  • Anticiper le pétage de plomb et passer le relai. Les enfants, dès la naissance, savent nous pousser à bout comme personne. Avant de leur hurler dessus, ou pire de les violenter, dire à l’autre qu’on n’en peut plus et aller se défouler plus loin. Et être aussi disponible que possible pour rendre la pareille.
  • Laisser l’autre s’occuper de l’enfant sans l’abreuver de conseils ni le surveiller. Particulièrement important à trois heures du matin : celui qui s’est levé agit et l’autre la boucle, à moins d’être sollicité (ou que l’autre franchisse une ligne rouge -cf premier point- ou craque). Et à mon avis c’est une clé importante pour que chacun construise SA relation avec l’enfant. Certaines femmes disent qu’étant comblées par leur bébé leur couple passe au second plan. Pas un problème en soi, mais à mon avis il faut laisser au père la possibilité d’être lui aussi comblé par bébé.
  • Rester à peu près solidaires en public. Les jeunes parents sont sous le feu de critiques constantes de l’entourage, et c’est vraiment plus facile à supporter à deux. Alors bien sûr on peut se moquer gentiment des petites manies de l’un ou de l’autre, mais quand une des grands-mères suggère que le lait maternel n’est pas assez nourrissant, ou qu’il ne faut pas céder aux caprices d’un petit de 15 jours qui veut toujours les bras, on fait bloc.
  • Prendre sur soi. Le manque de sommeil rend irritable, voire méchant. Chacun doit faire un effort pour ne pas en rajouter, en particulier quand c’est le dixième réveil à deux heures du matin. Remettre les critiques et les griefs à un moment plus serein, et à tête reposée, quand on est plus à même de faire le tri entre ce qui nous tient vraiment à cœur et ce qui n’est pas si grave. Éviter autant que possible de se disputer quand c’est déjà la crise avec bébé (qui hurle depuis une heure/ne veut pas se rendormir/etc). On gère ça d’abord et ensuite on en discute. De façon plus générale, il faut accepter que l’enfant absorbe beaucoup d’énergie et que dans un premier temps au moins le couple se met un peu entre parenthèses. Mais comme disait Chantal Birman dans une vidéo que je ne retrouve plus, il faut que l’enfant consomme équitablement l’énergie des deux parents pour résoudre les problèmes de décalage de libido entre père et mère.
  • Éviter les reproches culpabilisateurs. En matière d’éducation et de puériculture, il y a peu de relations de cause à effet vraiment établies, et surtout ce sont généralement de grandes tendances dont on ne sait pas à quel point elles sont valables pour le bébé qui vous intéresse. Donc inutile de rabâcher quinze fois que c’est parce que Chéri a oublié le bonnet que Junior a attrapé une bronchiolite. Ou que c’est parce qu’il est trop/pas assez porté qu’il pleure dès qu’on le pose. On fait des choix, on les assume, on change si ça ne convient pas/plus, et si bébé ne ressemble pas à un article de Famili c’est peut-être juste parce que c’est un vrai bébé.
  • Se permettre un peu de mauvaise foi de temps en temps. Quand vous voyez d’autres familles, accordez-vous le petit plaisir de constater entre vous à quel point votre enfant est vachement plus mieux et que c’est sans nul doute grâce à vos immenses talents parentaux. Bien sûr, c’est en contradiction complète avec le point précédent (qui vous oblige à rester second degré) mais c’est ça qui est bon. C’est aussi pour cela que cela doit rester entre vous, sous peine de manquement grave à l’étiquette parentale. [NB : à mes amis et famille qui lisent ce blog : le Coq et moi ne faisons jamais ça bien sûr, ayant de base une pleine confiance en nos capacités parentales…]
  • Respecter le timing de l’autre. Un bébé c’est plein de premières fois, certaines qu’il provoque lui-même (première dent, premiers pas…), d’autres que ses parents initient : première fois qu’on le laisse, première fois qu’on le laisse à un autre qu’un parent, première nuit dans son lit (s’il a commencé dans celui des parents)… Il me semble que c’est au parent qui est prêt en premier de ne pas faire violence à l’autre, mais aussi à l’autre d’entendre le désir de son conjoint de passer une étape, même si c’est pour la différer finalement.

Bien sûr, difficile de parler de couple sans parler de sexe, mais on l’a déjà fait ici et . Enfin ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, disent certains : si votre couple survit aux enfants, il n’en sera que plus soudé.

Photo : Le couple du moment. Même s’ils n’ont pas (encore) d’enfant, je suis sûre que ça pourrait les intéresser…

La fièvre du samedi soir…

vendredi, avril 8th, 2011

Non ce blog n’est pas mort, il est juste tenu par une Poule qui croule sous le boulot. C’est là que la Providence a eu pitié de votre gallinacée plumitive habituelle et frappé à sa porte en la personne de Ludivine, étudiante en dernière année de médecine et future médecin généraliste. Elle fait habituellement un beau travail d’information médicale sur son blog, L’ordonnance ou la vie, mais a proposé de venir ici nous éclairer sur la fièvre chez l’enfant. Je l’ai bombardée de questions et voilà le résultat. Place au Dr Poule !

Lorsqu’on est parent, la fièvre, on connaît. Généralement on sait aussi que fièvre + enfant = esprit pas tranquille et envie de consulter… mais en même temps une consultation simplement pour se rassurer, est-ce que ça vaut le coup ? Et puis si c’est rien, ça fait une consultation inutile, une ordonnance avec du paracétamol, du temps perdu, quelques fois un médecin pas sympa… Alors je fais quoi ? Pour s’en sortir avec toutes ces questions, apprenons à mieux connaître l’ennemi.

1. Quand parle-t-on de fièvre ?

Pour commencer la fièvre se définit par une température supérieure à 38°C chez un enfant (ou un adulte) au repos depuis 20 minutes et à distance du repas. C’est une réaction normale du corps à une agression. Le corps, en plein combat avec un agresseur (virus, bactérie…) envoie un signal d’alerte au cerveau qui va déplacer la température interne de 37-37,5°C vers 38°C ou plus. Cette augmentation de température “réveille” les cellules du système immunitaire (l’armée du corps composée de macrophages, polynucléaires, lymphocytes) et augmente leur efficacité, en même temps qu’elle permet de diminuer la virulence et la croissance des agresseurs. La fièvre est donc une réponse adaptée et théoriquement bénéfique lors d’une infection.

Pourtant, la fièvre est souvent traitée et ceci pour plusieurs raisons. Mais avant d’explorer ces raisons, comment mesurer la fièvre ; quel thermomètre utiliser ? Les plus répandus sont les thermomètres à infrarouges (auriculaires, frontaux), les thermomètres électroniques et ceux en verre. Les plus précis sont les électroniques et ceux en verre utilisés en rectal. Si vous vous demandez dans ce cas pourquoi les urgences des hôpitaux utilisent les infrarouges auriculaires ou frontaux, je pense que c’est pour des raisons pratiques (pas de vaisselle à faire, pas besoin de déshabiller, d’explorer en détail les parties intimes du patient, ni d’attendre pour le résultat, en plus ça fait marcher les laboratoires qui fournissent les embouts…), mais c’est moins précis. Au diable la précision, à l’hôpital, il y a d’autres moyens pour voir à quel point c’est grave !

En ce qui vous concerne, vous avez le droit d’être sérieux(se) et d’opter pour l’électronique, en rectal : mettez l’enfant sur le dos et insérez le thermomètre doucement jusqu’à 2,5 cm dans le rectum, avec un peu de vaseline au bout pour éviter les blessures de la muqueuse et on attend le bip de mesure. Pour ceux en verre, c’est la même chose, sans le bip et avec 2 minutes de mesure ; le seul risque étant la casse et une coupure.

Les autres lieux de prise de température sont moins précis comme la bouche, plutôt après 5 ans (et pas le thermomètre en verre) et où il faut bien expliquer de laisser le thermomètre sous la langue, serrer avec les lèvres pas avec les dents, ne pas parler, bien fermer la bouche, être patient… Ou l’aisselle où il faut en plus faire des calculs : + 0,5°C bouche et aisselle, mais selon les auteurs ça varie entre + 0,4 et 0,8°C bonjour la précision…

Moins fiable, la prise de température sous l'aisselle

2. La fièvre à la maison : je fais quoi ?

Pourquoi traiter ?

Combattre la fièvre du point de vue médical, n’a ni pour but de prévenir les convulsions fébriles, ni d’obtenir la disparition immédiate de la fièvre. En revanche, le traitement permet d’assurer le confort de l’enfant, la récupération de son comportement habituel avec son entourage, ainsi que sa capacité à jouer, à être manipulé par ses parents pour le change et autre, ainsi que la reprise rapide de son appétit.

Dans tous ces cas, on peut traiter, mais sans obligation. Il faut bien comprendre que la fièvre en elle-même ne pose pas de problème, si ce n’est qu’elle n’est pas agréable, et retentit sur le comportement. Donc rassurez-vous, si vous n’avez pas le “paracétamol facile”, ce n’est pas si grave ; il vous reste le traitement non médicamenteux qui peut déjà faire un bon effet.

Quelle que soit la maladie qui cause la fièvre, le traitement sera le même ; pour cette raison, lors d’une hospitalisation, la fièvre sera toujours traitée pour les raisons de confort évoquées plus haut.

Comment traiter ?

Le plus efficace est d’associer un traitement physique et un traitement médicamenteux.

Le traitement physique : il vise à augmenter les pertes de chaleur dans le but de diminuer la température interne. Pour cela, il faut enlever les vêtements en trop (laisser le strict minimum sous-vêtements ou pyjama léger), enlever les édredons ou autres enrobages de tissus inutiles, opter pour une température “basse” 18-19°C par exemple dans la pièce et proposer régulièrement de petites quantités de boissons fraîches (eau, tisane) notamment la nuit. N’hésitez pas à déshabiller votre enfant et à faire un « peau à peau » avec lui pour évacuer le surplus de chaleur vers votre peau. Si vous allaitez, donner à la demande permettra de le réhydrater par l’apport de lait, le rassurera et limitera la perte de poids s’il s’alimente peu. Les autres méthodes, telles que les bains à une température inférieure à 2°C de celle de l’enfant ou les enveloppements humides, sont actuellement abandonnées pour des raisons qui m’échappent, mais qui sont probablement d’ordre pratique (écologiques faut pas rêver non plus…).

Le traitement médicamenteux : 3 possibilités théoriques, une seule à utiliser en pratique. Ce traitement est généralement proposé à partir de 38,5°C.

Le paracétamol est LE médicament à utiliser en cas de fièvre. Il convient à tout enfant, quel que soit l’âge et est très bien toléré. La dose est de 60 mg par kg et par jour, donné en 4 prises, ce qui fait 15 mg par kg à chaque prise. Le traitement doit être poursuivi durant 48 heures, sans oublier la prise de nuit pour qu’il n’y ait pas de rupture d’efficacité… Il permet à la fois de diminuer la fièvre (antipyrétique) et les douleurs (antalgique).

L’autre option, qui n’est à utiliser qu’en deuxième recours et surtout après l’avis d’un médecin est l’ibuprofène (Advil) qui ne peut être donné qu’à partir de 3 voire 6 mois selon les auteurs, pour la fièvre. Le gros problème de ce médicament est qu’il possède les mêmes effets secondaires que l’aspirine (3ème option thérapeutique théorique) dont la famille commune est celle des AINS anti-inflammatoires non stéroïdiens, ce qui leur confère un gros désavantage par rapport au paracétamol. Les risques les plus fréquents, sont des altérations du rein, des saignements digestifs / ulcères, des déséquilibres des ions sanguins. De plus, il ne faut pas en donner à un enfant atteint de varicelle (ou rhume ou grippe), car il existe un risque de complication dont on ne sait pas grand chose, mais qui n’est pas très sympa : le syndrome de Reye qui mène à des défaillances d’organes en chaine et donc à un séjour en réanimation. Pas de panique, cela reste rare, mais disons que c’est une information intéressante à connaître pour se rappeler que les Advil et compagnie sont contrairement aux idées reçues, des médicaments pas si anodins que cela.

Restons simples et posons cette équation : enfant + fièvre = paracétamol. Pas besoin d’ordonnance, mais partiellement remboursé avec, donc à vous de voir. Théoriquement on recommande de le donner en sirop, c’est facile pour doser en fonction du poids avec la pipette. C’est la version officielle. Personnellement, je dois avouer que je suis plutôt fan de la version suppositoire en raison des excipients multiples, variés et inutiles (?) ajoutés dans les versions sirop et poudre (aspartame pour les versions sans sucre…). Dans les suppositoires, il n’y a que de la glycérine en excipient, entre 1 excipient et 6 je préfère en donner 1 seul à un enfant. Pour évaluer la dose avec les suppositoires, il suffit de choisir le dosage en fonction de la fourchette de poids, exemple doliprane suppo 100 mg pour un poids entre 3 et 8 kg. Après rien ne vous empêche de le couper en deux si votre enfant fait 4 kg. C’est sûr que c’est moins précis que pour le sirop, mais bon, on fait ce qu’on peut avec ce qui est disponible actuellement !

3. Consultation or not ?

Maintenant abordons la partie la plus délicate et probablement la plus stressante : quand consulter ? Niveau statistiques, il semblerait que la première cause de fièvre chez l’enfant soit l’infection virale des voies aériennes, ce qui va du nez (rhume) aux bronches (bronchite).

Est-ce que ça vaut le coup de consulter pour cela ? A priori non, vu que comme vous l’avez bien compris “les antibiotiques, c’est pas automatique !” et en cas d’infection virale, le traitement se résume à prendre son mal en patience et du paracétamol. En pratique, comment être sûr du diagnostic lorsque l’on est pas médecin ? C’est tout le problème. Heureusement, il y a quelques signes d’alerte que vous pouvez apprendre à repérer sur votre enfant et qui vous orienteront vers les urgences pédiatriques. Si tous ces signes sont absents, soyez rassuré(e).

Globalement toute situation peut amener à voir le médecin traitant / pédiatre en premier. Cela devrait être le circuit habituel. Néanmoins, j’ai fait un petit classement, pour vous éviter de perdre du temps à aller chez le médecin, qui va vous envoyer aux urgences dans les situations où il va de toute manière falloir hospitaliser, au moins pour surveiller quelques heures. D’ailleurs, ne vous inquiétez pas forcément si on vous propose l’hospitalisation lors de la consultation, c’est plutôt par prudence ; un enfant, surtout avant deux ans, peut voir son état de santé se dégrader très vite. Mieux vaut hospitaliser pour une surveillance 24-48 heures que de trop attendre et devoir lancer un traitement à la dernière minute, où la phase de récupération de l’enfant sera plus longue.

Les signes où il est inutile de consulter :

Fièvre isolée de moins de 3 jours, sans aucun autre signe. Dans ce cas, impossible pour le médecin de dire de quoi il s’agit. Il va vous dire : on attend et va prescrire du paracétamol = vous auriez pu le faire vous-même !

– Enfant supportant bien la fièvre, continue à manger normalement, ne se plaint pas plus que ça. Idem, on attend de voir comment ça évolue.

Nez qui coule + toux (sans impression qu’il va s’étouffer dans la minute). C’est viral dans presque tous les cas, donc à part le nettoyage du nez plusieurs fois par jour, l’hygiène et le réconfort, pas grand-chose à prescrire pour le médecin.

Les signes qui vous emmènent chez votre médecin :

– la fièvre ne passe pas au bout de 3 jours

– l’enfant présente une éruption cutanée, des tâches roses pâles, plus ou moins nombreuses, qui grattent ou pas et qui sont apparues deux à trois jours après le début de la fièvre. Il s’agit probablement d’une infection virale, parmi les nombreuses maladies éruptives de l’enfant possibles (selon les vaccins faits). Le traitement est le plus souvent : paracétamol + repos. Mais une consultation est nécessaire pour vérifier qu’il n’y a pas de complications et évaluer le risque de contagiosité ainsi que les mesures d’hygiène à prendre.

– l’enfant est “fragile” c’est à dire qu’il est atteint d’une maladie chronique grave telle que la drépanocytose, une immunodépression, une maladie systémique etc. Dans ce cas, un avis médical s’impose, par précaution.

– vous remarquez des douleurs à la moindre mobilisation d’une jambe, d’un bras et toujours le même. Il s’agit probablement d’une infection d’une articulation (ostéo arthrite) ; des examens seront nécessaires pour en savoir plus sur la nature de l’attaquant.

– les selles sont anormales et vous remarquez des glaires avec du sang. Il s’agit probablement d’une diarrhée bactérienne = nécessité d’une prescription d’antibiotiques avec examens complémentaires.

vomissements / diarrhées avec une alimentation encore possible = gastro-entérite aiguë. Ne pas tarder à consulter si l’enfant mange de moins en moins ou si il vomit ce qu’il mange. Proposez lui toutes les 10-30 minutes de petites quantités de boisson type SRO (soluté de réhydratation orale disponible en pharmacie sans ordonnance) ou encore mieux la tétée si vous allaitez. Le lait maternel contient de la lactadhérine (glycoprotéine) qui permet de bloquer la multiplication du rotavirus, souvent responsable de gastro-entérite aiguë, ainsi que des oligosaccharides (glucides) qui participent au maintien et à la restauration d’une flore bactérienne intestinale sympathique. Si vos tentatives de réhydratation échouent, consultez. Votre médecin va peser l’enfant pour estimer la perte de poids liée à la déshydratation (vomissements / diarrhées = perte d’eau +++). Dès 5% de perte de poids par rapport au poids antérieur et selon l’âge, ce sera hospitalisation, pour poser une perfusion de réhydratation au minimum.

– si la fièvre apparaît au retour d’un voyage dans un pays étranger (dans le mois qui suit le retour). Risque de maladie infectieuse selon le pays (paludisme, fièvre jaune…).

Les signes qui vous font appeler le SAMU ou aller aux urgences pédiatriques rapidement :

– l’enfant a du mal à respirer, il est bleu (cyanosé), a les côtes qui sont anormalement apparentes lorsqu’il respire, il respire beaucoup plus vite que d’habitude, vous avez l’impression qu’il s’étouffe. Il va lui falloir au minimum un apport d’oxygène au masque, d’où une hospitalisation, même courte.

– l’enfant ne mange plus, il ne boit que la moitié ou moins de la moitié de ses biberons, de ses repas et refuse les boissons ou la tétée si vous allaitez. Il va rapidement se dégrader si son corps ne reçoit pas les nutriments indispensables à sa défense.

– l’enfant a moins de 6 semaines ou moins de 3 mois si c’est un prématuré (retrancher les mois de prématurité).

– il convulse. Il va falloir déterminer si les convulsions sont liées à la fièvre (généralement pas grave) ou à autre chose ; des examens complémentaires seront probablement nécessaires.

– apparition de purpura, n’importe où sur la peau. Ce sont des tâches rouges foncées et violettes qui ne disparaissent pas lorsque l’on applique un verre ou une règle transparente dessus, ce qui signifie que du sang est en dehors des vaisseaux sous la peau (attention ! ces taches sont différentes de celles des infections virales telles que varicelle ou rougeole qui sont plus claires, roses rouges). Si ces tâches augmentent en nombre en quelques heures et deviennent de plus en plus étendues avec en général une fièvre élevée vers les 40°C > Réflexe = appeler le 15 ou aller aux urgences pédiatriques immédiatement. Ce signe est le reflet d’une infection bactérienne à méningocoque qui provoque des hémorragies (d’où le sang sous la peau) et qui peut tuer si on ne réagit pas rapidement. Aux urgences, le médecin confirmera qu’il s’agit bien de cette maladie (voir ici pour la photo de purpura fulminans), puis il injectera immédiatement une dose d’antibiotique pour contrer l’infection.

– l’enfant ne supporte pas qu’on le touche, pleure et est inconsolable ou si il est plaintif, somnolent, peu réactif à vos attentions et a un comportement inhabituel avec une fièvre élevée (supérieure à 38,5°C), ou présente une raideur du cou. Ces signes témoignent d’un retentissement au niveau du cerveau. Il vaut mieux ne pas attendre pour partir à la recherche de l’explication de ce changement de comportement. Des examens seront nécessaires pour éliminer une méningite (atteinte des enveloppes du cerveau).

– l’enfant vomit ou a des diarrhées importantes et refuse de manger ou boire plusieurs repas / biberons/tétées de suite. Si les diarrhées sont accompagnées de sang, si l’enfant a un teint très pâle > ne pas attendre, il va falloir apporter de l’eau et des ions (perdus dans les vomissements / diarrhées), voire plus et éliminer une possible infection bactérienne.

Maintenant que vous avez lu ce paragraphe et que vous vous dites “punaise, tout ça, le stress !”, relisez le premier paragraphe : les infections des voies aériennes sont les plus fréquentes ! Voilà, vous pouvez respirer…

4. Convulsions et fièvre

Un petit mot sur les convulsions lors de la fièvre, encore appelées crises convulsives fébriles. Bien que très impressionnantes, elles sont rarement graves. Le plus souvent elles surviennent avant 2 ans, sont peu fréquentes avant 6 mois et après 5 ans. Les risques sont plus grands si une personne dans la famille en a déjà présenté, ce qui sous-entend une susceptibilité génétique. Toute fièvre bactérienne ou virale peut provoquer des convulsions.

Le paracétamol ne permet pas la prévention des convulsions, qui apparaissent dans les premières heures d’une fièvre supérieure ou égale à 39°C et correspondent en quelque sorte à la “surprise” du cerveau face à l’augmentation intense de la température. Les cellules sont à ce moment là ultrasensibles au moindre signal (hyperexcitabilité cérébrale) et vont interpréter de manière exagérée toute information transmise, ce qui crée une réponse explosive, déclenchant la crise convulsive.

Les cas pour lesquels les convulsions ne sont pas alarmantes :

– âge : 1 à 5 ans

– durée de la crise convulsive de mois de 10 minutes

– les convulsions atteignent tout le corps

– après convulsions, l’enfant est rapidement dans son état normal, il parle, peut marcher etc.

Les cas pour lesquels il y a un doute sur l’évolution :

– âge : moins de 1 an

– convulsions longues supérieures à 10 minutes

– les convulsions ne touchent d’une partie du corps, ou ont commencé par des signes localisés (bras, bouche…) avant d’atteindre tout le corps

– après la crise, le retour à un comportement habituel est long

– l’enfant a déjà eu des problèmes au niveau du cerveau (antécédents de méningite par exemple)

Dans tous les cas, un enfant faisant des convulsions en cas de fièvre, doit idéalement être examiné afin d’éliminer une infection du cerveau / système nerveux central ; la ponction lombaire permettant de faire la part des choses.

Si votre enfant a déjà fait une convulsion fébrile, sachez que votre médecin peut vous prescrire des suppositoires de diazépam (Valium) à utiliser en cas de récidive des convulsions si celles-ci durent plus de 3 minutes. Cela ne vous dispense pas d’aller ensuite aux urgences !

5. Morale de l’histoire

Toutes ces connaissances, utiles pour pouvoir évaluer le degré de gravité d’un état fiévreux représentent la partie médicale de l’affaire, la partie émergée de l’iceberg lorsque l’on est parent. Un petit coup de paracétamol c’est bien sympa, mais il reste toute la partie gestion de l’humeur, du comportement des enfants lorsqu’ils sont malades. Dans ces cas là, quoi de mieux que l’effet placebo des bisous, câlins et autres attentions pour aider à supporter la fièvre et généralement la maladie ?

Sans me lancer dans ce qui pourrait faire l’objet d’un autre article, il est intéressant de relier les observations de la Poule, concernant l’association qui existe plus ou moins dans tous les esprits entre symptôme/maladie et besoin d’un médicament. Je partage son avis sur le fait que les désordres de santé minimes pourraient facilement être “désassociés” des médicaments et ce, dès l’enfance. Bien entendu, sans tomber dans l’excès inverse qui serait le refus de toute médication ! Trouver un juste milieu qui pourrait par exemple être de traiter en premier lieu avec les pansements psychiques tels que le soutien, l’encouragement ou encore suivre soi-même les conseils dispensés à nos enfants pour leur prouver que c’est possible etc. Si ces premiers traitements ne marchent pas, recourir alors sans hésitation aux médicaments.

Ce discours, bien qu’allant à l’encontre des attitudes actuelles, que ce soit médicales ou sociétales (je dois être un parent parfait) est un appel à avoir confiance en son intuition, son jugement, grâce à la connaissance que nous pouvons acquérir par l’observation et les soins que nous accordons à nos enfants. Qu’ils aient quelques semaines ou des années de vie, nous les connaissons bien ; et l’expérience que l’on peut avoir lors des consultations médicales témoigne bien du fait que ce ne sont généralement pas les parents les plus attentifs à leurs enfants qui commettent des erreurs aux issues malheureuses. Arrêtez de vous stigmatiser si vous ne cédez pas à la tentation immédiate de la molécule magique ! Mieux vaut une bonne surveillance de l’évolution, qu’un médicament et une confiance aveugle dans son action “scientifiquement démontrée”…

 

Crédit photo : Trombouze, Vabellon

Le portage pour les nuls

dimanche, novembre 28th, 2010

femmeinuit490 Voici un billet dédié aux poules couveuses ou qui viennent de pondre, ainsi qu’à leurs coqs. Le premier point, c’est qu’il vous faut un porte-bébé. Il y a peu d’indispensables en puériculture : on peut se débrouiller sans lit bébé, sans biberon, sans tétine, sans poussette, sans couche, et j’en passe, mais le porte-bébé c’est vraiment incontournable. D’ailleurs c’est il me semble le seul accessoire pour bébé qui soit aussi répandu à travers le monde et les sociétés les plus diverses. Il est en outre intéressant de noter que quelle que soit leur origine, la grande majorité des porte-bébés traditionnels (pagne africain, rebozo mexicain, mei tai chinois, onbuhimo japonais, etc) sont respectueux de la physiologie des petits (gardent le dos courbé et les jambes en grenouille) comme des grands (généralement des portages dos ou sur la hanche, bien collés et hauts). Le porte-bébé est utile pour se promener partout (essayez le métro parisien avec une poussette aux heures de pointe pour voir…) mais aussi parce que la plupart des bébés veulent être portés, souvent et longtemps. Donc grossièrement trois grandes alternatives s’offrent à vous :

  1. poser le bébé quelque part (transat, couffin…) et investir dans un casque anti-bruit
  2. avoir le bébé toujours dans les bras, ce qui est fatigant et peu pratique
  3. prendre le bébé en porte-bébé et vaquer à vos activités habituelles dans la sérénité

Bien sûr c’est un peu caricatural mais avoir un bon porte-bébé facilite énormément la vie avec un poussin. On a déjà pas mal parlé portage dans la basse-cour, donc je vais essayer de ne pas être trop redondante avec les articles précédents. Ce billet s’adresse aux futurs ou jeunes parents qui, convaincus par les arguments énoncés ci-dessus, souhaitent s’acheter un bon porte-bébé mais que ce soit aussi simple que possible. A ces parents je réponds : achetez un porte-bébé préformé physiologique. On a déjà parlé ici de l’Ergobaby carrier, il y a aussi le Manduca et le Beco Baby Carrier (Ficelle et Laurence qui ont testé le Beco en sont très déçues, il ne semble donc pas être du même niveau que les deux autres) qui sont très similaires. Il en existe d’autres comme le Boba ou le Patapum, mais ils ne permettent pas d’aller de la naissance à trois-quatre ans. Ces porte-bébés sont vraiment géniaux, car très faciles à utiliser et pratiques, et super confortables tant pour le poussin que pour le gallinacée porteur. On peut porter devant, dans le dos et sur le côté. Ils sont particulièrement appréciés par les coqs tant pour leur style sobre que pour leur simplicité d’utilisation, avec des clips à la place des nœuds. Rapides à mettre et à enlever, on passe facilement du dos au ventre (et vice versa) et quand le poussin descend pas de pans qui traînent par terre, on peut garder le porte-bébé sur soi. Je ne connais personne qui ait été déçu par l’Ergo ou le Manduca, qui sont les deux plus répandus. Certes c’est un investissement (autour de 100€) mais il peut vous éviter l’achat d’une poussette suréquipée en passant directement à la poussette-canne.

Bien sûr, ils ne sont pas aussi confortables et adaptables qu’une bonne écharpe en sergé, à condition que celle-ci soit parfaitement utilisée, ce qui n’est généralement le cas qu’après au moins un ou deux ateliers de portage et avec une pratique assidue. Ne croyez pas que je n’aime pas l’écharpe, j’utilise régulièrement ma fidèle Storchenwiege mais malgré tout je constate trop souvent que mon nouage n’est pas aussi impeccable que je l’aurais souhaité. Je ne crois donc utile de la recommander qu’à quelqu’un qui a vraiment envie de maîtriser ce système.

Donc à mon avis, si vous ne devez avoir qu’un seul porte-bébé, prenez un préformé : même s’il y a des situations où d’autres types de porte-bébé sont plus adaptés, c’est vraiment le meilleur compromis. Cependant, si vous le pouvez, il peut être agréable d’avoir un deuxième porte-bébé, celui-là entièrement souple, notamment pour les premiers mois, surtout si vous avez un poussin crevette. Un sling est une sorte d’écharpe avec des anneaux, facile à installer et à régler, et qui permet une installation très physiologique de l’enfant (voir ici le témoignage d’une pro du portage). L’inconvénient principal : c’est un portage asymétrique (en bandoulière) qui est donc moins confortable pour le porteur. Mais cela se sent surtout quand le poussin devient plus lourd. C’est le même style que le bébétube, mais il permet des réglages plus fins et donc une meilleure installation, surtout pour mettre un nouveau-né en kangourou (c’est-à-dire vertical, ce qui est plus physiologique qu’en berceau et recommandé notamment pour les reflux). L’autre option est une écharpe extensible, comme la Je porte mon bébé. Un seul nouage (facile) à maîtriser, et on enlève et remet le poussin sans le défaire. Cette écharpe permet aussi de porter dans le dos, mais c’est par contre aussi technique qu’avec une écharpe non extensible en sergé, si ce n’est plus. Donc à mon avis un faux ami à long terme pour notre porteur débutant à la recherche du plus simple, même si très bien pour les premiers mois. Ces deux systèmes sont aussi a priori les plus simples pour allaiter dans le porte-bébé (et ça avec l’Ergo mes rares essais se sont soldés par des échecs complets).

Je ne vous ai pas parlé des mei tai, ou porte-bébés chinois, qui sont pourtant une alternative intéressante à l’écharpe. Je n’en ai pas moi-même, mais j’ai eu l’occasion d’essayer ceux de Ficelle, y compris THE Lana, et je ne suis pas convaincue. D’une part il faut quand même faire des nœuds, et du coup il y a des pans qui traînent quand on l’installe et le désinstalle. Et d’autre part je n’ai pas réussi à trouver d’installation confortable, ça ne me semble pas compatible avec ma morphologie. J’ai donc une réserve à les recommander, même si je sais qu’ils ont aussi leurs fans. Quoi qu’il en soit à mon avis ce n’est pas idéal pour le Candide du portage à qui s’adresse ce billet.

Enfin quelle que soit votre décision (écharpe, porte-bébé préformé etc), pour départager les différents modèles je ne peux que vous recommander le site de la PorteBBthèque, qui présente une large gamme de systèmes de portage avec photos, description et avis. Pour ma part, je conseille d’investir dans une marque réputée, ce qui est d’une part un gage de qualité (je suis impressionnée par la tenue de notre Ergo et de ma Storch, tous deux achetés pour Pouss1 qui a maintenant 3 ans 1/2) et d’autre part l’assurance de pouvoir facilement revendre le produit s’il ne convenait pas. Et si vous avez un budget serré, vous pouvez aussi les acheter d’occasion.

Comme tout le reste de ce blog, ce billet est à vocation non commerciale et n’a été sponsorisé par aucune des marques citées.

Photo : Une femme inuit avec un bébé dans son amauti traditionnel. Je ne sais pas si c’est facile à utiliser mais j’ai flashé sur la photo.