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L’assistant-e maternel-le

mardi, novembre 22nd, 2011

Qu’est-ce qu’une assistante maternelle (ou assmat’ pour les intimes) ? D’après Wikipédia :

En Belgique et en France, les nourrices ont un statut particulier qui s’appelle assistante maternelle et qui nécessite un agrément et une formation spécifique. Une assistante maternelle accueille chez elle ou en regroupement (maison d’assistantes maternelles) de manière non permanente, et moyennant rémunération, un ou plusieurs enfants dont les parents travaillent ou sont à la recherche d’un emploi. C’est en France le mode de garde le plus employé, par choix ou par nécessité mais ce n’est que récemment que cette profession a été organisée dans un cadre statutaire précis.

Cette appellation est scandaleusement sexiste, et franchement quitte à avoir une périphrase aussi ampoulée on pourrait au moins dire assistant parental. Je vais d’ailleurs l’utiliser dans la suite du billet, tiens (même si je dirai beaucoup « elle » car ne nous voilons pas la face, ce sont surtout des femmes).

Je ne parlerai que de la situation française, ne connaissant pas les particularités des assistants parentaux d’outre-Quiévrain. Dans l’Hexagone (et ses îles…) c’est la Protection maternelle et infantile (PMI) -laquelle dépend du Conseil général, soit le département- qui délivre les agréments et en organise le suivi. C’est donc normalement là que vous pouvez obtenir le précieux sésame, à savoir la liste des assistants parentaux ayant au moins une place de libre, avec leurs coordonnées (voir sinon la mairie et le relais des assistantes maternelles local). Le choix d’un assistant parental n’obéissant pas à une sectorisation géographique, vous pouvez très bien chercher à proximité de l’école du grand, de votre boulot, ou toute autre localisation qui vous arrangerait mieux. Il faut savoir qu’un des critères importants pour obtenir l’agrément est celui de la taille du logement : dans les endroits où l’immobilier est cher, les nounous sont plutôt dans les HLM et les moins beaux quartiers (si vous avez un grand appartement dans le 6ème arrondissement, en général vous n’êtes pas assistant parental…). L’agrément étant délivré pour un nombre d’enfants donné (de 1 à 3, voire 4 avec dérogation), cela va notamment dépendre de la surface disponible pour les accueillir.

Quels sont les avantages d’un assistant parental (par rapport à un autre mode de garde) ?

  • Un seul référent pour l’enfant
  • Interactions possibles avec d’autres enfants d’âges différents, un peu dans le style d’une fratrie
  • Bon respect du rythme de l’enfant
  • Souplesse d’organisation : généralement plus arrangeant sur les horaires, et peut prendre un enfant (pas trop) malade
  • Pas forcément si cher que ça  : plus les revenus du foyer sont élevés, et plus c’est financièrement intéressant (cela peut même être inférieur à la crèche, dont les tarifs sont généralement indexés sur le quotient familial). Voir un peu plus bas pour les détails

Les inconvénients :

  • Il faut bien tomber/choisir, car difficile de savoir ce qui se passe dans la journée. Et les histoires plus ou moins épouvantables ne sont pas rares, ce qui n’aide pas les parents à avoir confiance.
  • Pour la dernière année (2-3 ans) c’est souvent moins stimulant pour l’enfant ; on peut envisager de mixer avec une halte-garderie pour compenser mais c’est souvent mal accepté par la nounou à qui ça entraîne une baisse de revenu (sans compter que la halte-garderie prend généralement pour une demi-journée donc il faut gérer le transfert).

Bien entendu, chaque famille a ses priorités en termes de critères de choix mais voici quelques questions à (vous) poser. C’est à chacun de voir ce qui est éliminatoire ou pas, la liste vise juste à vous aider à prendre une décision informée.

  • Est-ce que la personne parle bien français ? Les enfants se débrouillent toujours pour comprendre et se faire comprendre, mais vous ? C’est important de pouvoir communiquer sereinement avec la personne qui garde votre poussin 10 heures par jour. Et si elle doit appeler les secours et qu’on ne comprend pas bien ?
  • Demander si elle fume et si elle a des animaux (les chiens de catégorie 1 sont normalement rédhibitoires pour l’agrément), même si bien sûr c’est à vous de voir si ce sont des critères éliminatoires.
  • A-t-elle des enfants, de quel âge ? Si elle a des jeunes enfants d’âge scolaire (maternelle ou primaire), cela peut vouloir dire des aller-retour à l’école qui imposeront des sorties supplémentaires à votre poussin, indépendamment de son rythme (un collègue avait trouvé son fils seul dans la voiture de la nounou sur le parking de l’école… il n’y est plus retourné !). Voir aussi si elle accueille un ou plusieurs enfants en périscolaire. La nôtre avait des enfants ados, du coup on les utilise comme baby-sitters, c’est très pratique.
  • Comment est la pièce où elle se tient avec les enfants ? Quelle est sa taille ? Est-elle lumineuse ? Sécurisée ? Y a-t-il beaucoup de meubles (donc pas beaucoup de place pour crapahuter) ? Quel est le revêtement du sol ? Y a-t-il beaucoup de déco et de bibelots (donc beaucoup de trucs interdits de toucher) ? Quelle est la place de la télé ? Est-ce propre et rangé ? Attention trop propre et trop rangé peut aussi vouloir dire que les enfants n’ont rien le droit de faire. Vous n’avez pas à visiter tout l’appartement mais demandez à voir au moins la pièce pour dormir et la cuisine (surtout si c’est la nounou qui prépare les repas). Jetez aussi un œil au matériel (lits, poussette, jeux, transats…).
  • Essayez de la voir quand elle est avec les enfants dont elle a la garde, cela permet d’avoir une idée plus réelle de la façon dont elle gère leurs sollicitations. Vous pouvez aussi aller observer incognito les assistants parentaux du quartier dans leur habitat naturel : le parc du coin.

D’autres questions à poser :

  • Demander la description d’une journée type est souvent peu informatif (de toute façon ça dépend normalement du rythme des enfants, de la météo etc) mais c’est une bonne façon de lancer la conversation. Vous pouvez vous enquérir de la fréquentation éventuelle d’un relais d’assistantes maternelles (RAM), d’une maison verte ou toute autre structure de ce type.
  • Demander la façon dont elle gère les difficultés les plus courantes : bébé qui pleure, qui ne veut pas s’endormir dans son lit, enfant qui ne veut pas manger, désobéissance, crise, etc. Donne-t-elle des fessées, des tapes ? Accepte-t-elle d’endormir un bébé dans les bras ?
  • Abordez rapidement vos « particularités« , surtout si elles sont incontournables pour vous : peut-elle donner votre lait ? quels aménagements dans les repas si l’enfant est allergique (ou soupçonné de l’être) ? quels produits sont utilisés pour le change ? accepterait-elle les couches lavables (apporter un exemplaire de démonstration pour rassurer) ? Pour info le site nounou nature recense des assistants parentaux (et nounous à domicile) favorables à des pratiques plus alternatives.
  • Il faut savoir que la plupart des assistants parentaux préfèrent que ce soient elles qui fassent les repas car les frais de nourriture (souvent autour de 3-4€ par jour de garde) sont apparemment rentables. Du coup elles recourent rarement aux petits pots qui sont trop chers et font généralement elles-mêmes. Par contre ce n’est pas souvent bio, mais vous pouvez toujours poser la question.
  • Bien entendu il faut parler sousous (dans la popoche) mais dans mon expérience il n’y en a pas deux qui utilisent la même façon de calculer leur salaire et il est donc quasiment impossible de comparer les prétentions des unes et des autres. Il y a bien sûr possibilité de négocier, sauf si le rapport offre/demande est fortement biaisé en votre défaveur. Demandez aussi qui fournit le lait et les couches (en général vous).

Le système de la crèche familiale, comme son nom ne l’indique pas, repose sur les assistants parentaux. En pratique, vous obtenez (ou pas) une place en mairie, qui vous propose un assistant parental qui gardera votre enfant chez lui. La différence est que tout l’emploi est géré par la mairie à qui vous payez une place en crèche et qu’en cas de maladie ou autre absence c’est la mairie qui vous trouve un remplacement. En outre les assistants parentaux participant à une crèche familiale sont supposés passer au moins une journée par semaine au RAM.

Si vous ne passez pas par là, vous devrez gérer vous-même l’emploi de l’assistant parental. Grâce au site Pajemploi c’est relativement simple. Le salaire net est basé sur un taux horaire, compris entre le SMIC un salaire minimum indexé sur le SMIC et un plafond fixé par la CAF au-delà duquel elle ne paie plus les charges et majoré de 10% pour les heures supplémentaires (soit au-delà de 45 heures par semaine/9 heures par jour). Il faut y ajouter à chaque jour de présence effective les frais de repas et frais d’entretien (pour le chauffage, le renouvellement du matériel etc). De façon générale, le salaire est calculé en lissant annuellement sur la base de 22 jours ouvrés par mois (à temps plein). Par contre les frais de repas et d’entretien doivent être recalculés chaque mois. Comme l’assistant parental a généralement plusieurs employeurs, c’est lui qui fixe ses dates de congé. Hors négociation particulière, si vous choisissez de ne pas y mettre votre enfant hors de ces congés vous devez quand même rémunérer l’assistant parental (sauf frais d’entretien et de nourriture). Les charges sont normalement prises en charge par la CAF, qui édite aussi les bulletins de salaire : il suffit de déclarer ce que vous avez payé chaque mois sur Pajemploi. Cette déclaration vous assurera également de toucher le complément de libre choix du mode de garde de la PAJE. Enfin les sommes effectivement payées (minorées de l’aide de la CAF donc) ouvrent droit à un crédit d’impôt. Outre les sites de la CAF et de PAJEMPLOI qui recèlent un certain nombre de conseils pratiques, il existe de nombreux sites web sur les assistantes maternelles où vous trouverez pas mal d’infos, comme ici ou et surtout Casamape (merci Suzie !).

Photo : je sais, ce n’est pas une assistante parentale mais 1. vous en connaissez beaucoup vous des assmat célèbres ? et 2. c’est un petit clin d’oeil à suzie et assmatcoco qui sont des assistantes parentales fidèles de la basse-cour

Les modes de garde

dimanche, novembre 20th, 2011

Ou pour citer Laurent Fabius : « Qui va garder les enfants ? »

D’abord que les choses soient claires, je ne pense pas qu’il y ait un mode de garde idéal dans l’absolu, même s’il y a sans doute un mode de garde idéal pour une situation donnée. Et il y a bien sûr le principe de réalité : rares sont les familles ayant accès à tous les modes de garde, que ce soit par une offre déficiente ou par difficulté financière. De nombreux facteurs entrent en ligne de compte pour définir le bon mode de garde, tant du côté de l’enfant (âge, personnalité, antécédents médicaux…) que de celui des parents (horaires et lieu de travail, préférences…). Une illustration de ces facteurs avec un témoignage anonyme de la Poule P., blogueuse :

Notre premier enfant, P1, a été gardé dès ses 3 mois 1/2, c’est un enfant qui a toujours mis du temps à accorder sa confiance, et nous habitions dans un quartier où il était quasiment impossible d’avoir une place en crèche et où il y avait bien une dizaine d’assistantes maternelles à moins de 10 minutes à pied de chez nous. C’est donc cette dernière option que nous avons retenue. Pour notre deuxième enfant, P2, j’ai pris six mois de congé parental, il avait donc 8 mois lorsque j’ai repris le travail. Il a toujours été très extraverti ; en outre nous habitons maintenant à 50 mètres d’une crèche (où nous avons obtenu une place) et à 10 minutes de l’assistante maternelle la plus proche. Il va donc à la crèche. A noter que nous avons également une nounou qui prend les enfants à 16h30 et s’en occupe chez nous jusqu’à 19 h (sinon la crèche fermant à 18h15 est incompatible avec nos horaires de travail habituels).

Comme vous pouvez le voir, j’ai donc testé les principaux modes de garde existants (damned, grillée, vous m’avez reconnue !). J’ai même testé le congé parental et la halte-garderie. Je vous propose donc un petit dossier en plusieurs épisodes pour évoquer ces différentes possibilités.

Par ailleurs, la question des modes de garde pose inévitablement celle du travail parental et en particulier maternel. Vaste question, donnant lieu à des débats à côté desquels les négociations israélo-palestiniennes font figure de petits poneys jouant aux bisounours. Ici il ne sera pas question de se prononcer en faveur de l’un ou de l’autre, mais plutôt de souhaiter (on peut toujours rêver) que de plus en plus ce soit une vraie affaire de choix et pas seulement une situation subie (que ce soit un parent en congé parental faute de mode de garde ou un parent qui ne peut rester auprès de son enfant par sa situation financière). Je pense en plus qu’au-delà de l’opposition caricaturale entre la mère workaholic qui voit ses enfants une fois par semaine et la mère au foyer qui n’a jamais eu d’emploi rémunéré et n’a pas l’intention d’en avoir, extrêmes bien peu fréquents actuellement, il y a tout un panel de possibilités pour les couples (mais oui, ça n’est pas que le problème des mères !), entre les temps partiels, les congés parentaux (de quelques mois à quelques années), le télé-travail, la création d’entreprise, la réorientation, et ce tant pour l’homme que pour la femme.

Pour pacifier un peu le débat, je voudrais vous citer l’étude NICHD conduite aux Etats-Unis sur plus de 1000 enfants depuis 1991 (encore en cours !), elle-même reprise dans le rapport Tabarot sur le développement de l’offre d’accueil de la petite enfance (que je vous invite à lire). Il faut tout de même savoir que les Etats-Unis sont à peu près le seul pays occidental à ne pas offrir de congé maternité obligatoire, c’est-à-dire qu’à moins d’un arrangement spécifique dans l’entreprise les mères sont supposées reprendre le travail immédiatement, ce qui pose un cadre pour partie différent du nôtre. Que nous dit le petit prospectus récapitulatif à destination des parents (traduction par moi-même, à feuilleter si vous lisez l’anglais) ?

Children who were cared for exclusively by their mothers did not develop differently than those who were also cared for by others.

Les enfants qui ont été exclusivement gardés par leurs mères ne se sont pas développés de façon différente de ceux qui ont également été gardés par d’autres.

Et encore :

Parent and family characteristics were more strongly linked to child development than were child care features.

Les caractéristiques parentales et familiales étaient plus fortement liées au développement de l’enfant que l’étaient les caractéristiques du mode de garde.

L’étude nous donne également des critères de définition d’un mode de garde de bonne qualité :

  • Adult-to-child ratio—How many children is each adult taking care of? in general, the lower the number of children an adult is caring for, the better the observed quality of that care and the better the children’s developmental outcomes.
  • Nombres d’enfants par adulte- De combien d’enfants s’occupe chaque adulte ? En général, plus le nombre d’enfants dont un adulte doit s’occuper est faible, meilleure est la qualité du mode de garde et meilleur est le développement de l’enfant.
  • Group size—How many children are in the child’s classroom or group? Smaller groups are associated with better observed quality of care.
  • Taille du groupe- Combien d’enfants y a-t-il dans le groupe ou la classe de l’enfant ? De plus petits groupes sont associés à une meilleure qualité effective du mode de garde.
  • Caregiver’s education level—Did the caregiver complete high school? college?  Graduate school? Higher caregiver education predicts higher quality of observed care and better developmental outcomes for children.
  • Niveau d’éducation de l’adulte- L’adulte a-t-il le bac ? Des études supérieures ? Un bac +5 ou plus ? Plus l’adulte a fait d’études et meilleurs sont la qualité du mode de garde et le développement des enfants.

Mais l’impact de cette qualité reste limité :

Children who receive higher quality care show slightly more positive outcomes than do those in lower quality care.

Les enfants qui bénéficient d’un mode de garde de haute qualité montrent des résultats légèrement plus positifs que ceux dont le mode de garde est de moins bonne qualité.

Quel temps passé en garde ?

The amount of time that children spend in child care from infancy through age 4½ is not related to their cognitive outcomes prior to school entry.  Children who spend many hours in child care, however, show somewhat more behavior problems and more episodes of minor illness than those in fewer hours of child care.

Le temps passé en garde par les enfants depuis leur premiers mois jusqu’à 4 ans 1/2 (aux Etats-Unis l’école maternelle n’est pas organisée comme en France : pas systématique et commence plus tard) n’est pas liée à leurs résultats cognitifs à l’entrée à l’école. Les enfants qui passent de nombreuses heures en garde, cependant, montrent un peu plus de problèmes comportementaux et plus d’épisodes de maladies bénignes que ceux y passant moins d’heures.

Garde collective ou individuelle ?

Center-based child care is associated with both positive and negative effects.  This type of care is linked to better cognitive development through age 4½ and to more positive social behaviors through age 3. But, center-based and large-group settings are also associated with more problem behavior just before and just after school entry. These types of care are also linked to more ear infections and upper respiratory and stomach illnesses during the first 3 years of life.

Un mode de garde collectif a à la fois des effets positifs et négatifs. Il est lié à un meilleur développement cognitif jusqu’à l’âge de 4 ans 1/2 et à des comportements sociaux plus positifs jusqu’à 3 ans. Mais une garde collective, en particulier en grand groupe, est également associée à une augmentation des problèmes de comportement avant et après l’entrée à l’école. C’est enfin lié à plus d’infections de l’oreille (otites) et de maladies respiratoires (bronchiolites, rhinos etc) et digestives (gastros) pendant les trois premières années de vie.

En bref, c’est finalement le contexte familial et parental qui reste prépondérant :

The following characteristics predicted children’s cognitive/language and social development:  parents’ education, family income, and two-parent family compared to single-parent family; mothers’ psychological adjustment and sensitivity; and the social and cognitive quality of home environment.

Les caractéristiques suivantes prédisent le développement cognitif, verbal et social des enfants : le niveau d’étude des parents, le revenu familial, le « nombre de parents » (deux valent mieux qu’un) ; la sensibilité et l’ajustement psychologiques des mères ; et la qualité sociale et cognitive de l’environnement familial.

Pour conclure, et avant de détailler plus avant (dans de prochains billets, à venir au cours de la semaine) les grands types de modes de garde (collectif, à la maison et chez un-e assistant-e maternel-le, pas forcément dans cet ordre d’ailleurs), je dirai donc que l’important est de trouver un mode de garde en lequel vous ayez vraiment confiance, car je crois qu’il y a toujours un moment où on doute, où l’enfant pleure à la mort quand on le laisse, et à ce moment-là si de façon générale on n’est pas très satisfait de la situation c’est vraiment très douloureux. En outre, il est probablement difficile pour l’enfant de s’attacher à la personne qui s’en occupe s’il sent que ses parents ne l’approuvent pas vraiment (cf les travaux de Gordon Neufeld et Gabor Maté).

En bref écoutez-vous, écoutez vos enfants, et laissez pisser les fâcheux qui tentent de conforter leurs propres choix en critiquant les vôtres.

D’autres lectures en attendant la suite :

Photo : c’est quasiment la première réponse de Google quand on cherche « Daycare » (crèche)…

Réforme du congé parental, suite et fin

mardi, février 17th, 2009

30-working-girl Nous avons vu hier les principales constatations du rapport Tabarot, et après 24 heures d’un suspense intenable, nous pouvons maintenant voir quelles en sont les propositions, avec pour le même prix mon avis (en italique). Là encore, je vous propose ici une approche pragmatique des mesures, et même si je ne porte pas notre président dans mon cœur, je pense qu’il y a suffisamment d’endroits sur la toile pour se défouler sans y ajouter celui-là. Et je risque de passer plus ou moins vite sur certains points du rapport, selon qu’ils me parlent ou pas, donc n’hésitez pas à aller voir par vous-mêmes.

L’auteur propose d’abord une mise en place progressive du droit à une garde opposable : d’abord en 2012 pour les 2-3 ans (avec la mise en place de « jardins d’éveil » dédiés pour cette classe d’âge). Pour les autres, pas avant 2015.  Pas franchement convaincue de l’importance de  dépenser toute cette énergie pour mettre en place tout un machin pour pouvoir porter plainte.

Simplifier la recherche d’un mode de garde, notamment par la mise en place d’un portail internet recensant l’ensemble des offres disponibles et de leurs caractéristiques et permettant de simuler le coût réel de l’une ou de l’autre. Très bonne idée. Tout ce qui permet d’éviter de faire la queue dans une administration en allant sur internet, je signe des deux mains (oui je sais, fracture numérique, illettrés, bla bla, permettez-moi d’être égoïste deux minutes merci).

La mise en oeuvre du droit de garde doit être assurée au niveau de la commune. OK si les moyens suivent.

La Caisse nationale d’allocations familiales (CNAF) doit être garante de la répartition équitable des structures au niveau national. Bonne intention, après sur le moyen, pas d’opinion.

La création des jardins d’éveil pour les 2-3 ans. Ils pourront se trouver dans des structures déjà existantes (crèches, maternelles) ou être créés ex nihilo. L’idée est d’en faire des structures extrêmement souples pour répondre aussi bien aux besoins de l’enfant qu’à ceux de sa famille, une sorte d’intermédiaire entre crèche et école maternelle. Sur le papier c’est plutôt séduisant.

Inciter à la création de crèches d’entreprise. Rien à redire.

Regrouper les assistantes maternelles en maisons d’assistantes maternelles (y compris au sein des entreprises). Une belle idée mais en ces temps de flambée immobilière et de restrictions budgétaires, ça me paraît un peu irréaliste.

Un congé parental la première année de l’enfant, dès le premier enfant, payé 67% du salaire brut, dont deux mois seraient réservés à chaque parent (et perdus s’ils ne sont pas pris), le reste étant à partager entre les deux, selon l’exemple des pays nordiques. C’est la mesure phare du rapport, celle qui a créé le buzz. Pour le premier enfant, c’est clairement une avancée (puisque jusqu’ici on n’a droit qu’à 6 mois très mal payés). J’aime bien le partage obligatoire entre parents. Pour les autres c’est moins clair : les femmes qui sont en congé malgré elles souffriront toujours de la pénurie de places d’accueil et celles qui le sont par « vocation » y perdront clairement. Il faudrait au moins mixer cette formule avec l’actuel congé parental : soit choix entre les deux, soit possibilité de prolonger d’un ou deux ans (mais ça me paraît difficile de garder la même indemnisation).

Etendre l’aide à la reprise d’activité des femmes (ARAF) aux parents qui sont en recherche d’emploi ou qui suivent une formation de plus de 40h pour reprendre une activité après avoir assuré la garde de leurs enfants. En tout cas une bonne idée d’accompagner le retour à l’emploi, voire une éventuelle reconversion.

Faciliter la garde d’enfants par les seniors, en tant qu’assistants maternels ou au sein de crèches (sous la supervision du personnel qualifié). Mouais. Il faudrait un minimum les former alors. Parce que vues les pratiques éducatives de l’époque, il y a de la mise à jour sérieuse à faire. Je préfèrerais qu’on encourage la formation et l’emploi des jeunes.

Augmenter le taux d’encadrement des assistantes maternelles (actuellement un adulte pour trois enfants). Ca dépend. Dans les conditions actuelles (seules chez elles, enfants de 2 mois 1/2 à 3 ans) non. Si elles sont dans des maisons avec d’autres, que les moins d’1 an sont avec les parents, les 2-3 ans au jardin d’éveil, et qu’elles ont aussi des enfants en péri-scolaires, pourquoi pas.

Faciliter la validation de l’expérience des personnels de crèche les moins qualifiés et assouplir les conditions de qualification des directeurs. Pas compétente sur le sujet.

Plus de souplesse pour l’accueil des enfants en surnombre. Seulement dans des conditions bien définies et encadrées, pour ne pas être une mesure cache-misère.

Agrément des structures de garde par les municipalités. Pas compétente sur le sujet

Etendre le réseau des relais assistantes maternelles en relais d’accueil familial, pour l’ensemble des professionnels de la garde d’enfants. Plutôt une bonne idée a priori.

Suivi des nounous à domicile. Si c’est bien fait, c’est une bonne idée.

Etendre les lieux d’accueil gratuits parents-enfants/grands-parents-enfants. Si c’est comme je le comprends des lieux de style « maison verte », c’est une bonne idée.

Privilégier l’accueil des enfants handicapés dans les structures ordinaires. Rien à redire.

Proposer des baby sitters agréés par la collectivité. Why not ?

Utiliser le fonds social européen pour améliorer la qualité de l’offre de garde (par exemple formation profesionnelle des assistantes maternelles). Pas compétente

Instaurer un entretien obligatoire entre le futur parent et son employeur pour permettre de trouver un compromis entre les besoins de l’un et de l’autre. A mon avis, soit l’employeur est conciliant et ça ne changera pas grand chose, soit il est obtus et ça ne changera pas grand chose.

Encourager les gardes partagées, notamment pour les familles où les parents ont des horaires atypiques. Déjà que c’est pas évident à monter, si en plus il faut trouver une famille avec des horaires aussi bizarroïdes que les vôtres…

Aider les familles les plus modestes à avoir accès à une assistante maternelle, puisque cela coûterait moins cher à la collectivité qu’une place en crèche. Pourquoi pas ?

Financer la mise en place du droit de garde opposable par les excédents de la branche famille. Où on découvre qu’à partir de 2009 cette branche devrait faire des bénéfices…

Comme vous l’avez constaté, je ne suis donc pas horrifiée par ce rapport et ses propositions, même si j’en préfère certaines à d’autres. Maintenant reste à savoir ce qui va effectivement être adopté ou pas, et sous quelles conditions. Et vous, vous en pensez quoi ? Les lectrices (et lecteurs ?) à l’international (ah ça la pète ça), ça vous inspire « tempête dans un verre d’eau » ou « tsunami » ?

Réforme du congé parental ?

lundi, février 16th, 2009

mary_poppins La nouvelle fait déjà grand bruit : le gouvernement souhaite réformer le congé parental. Etant donné qu’on n’est encore qu’au stade de l’annonce, il me semble que tout reste à prendre avec des pincettes. Je ne souhaite pas débattre ici de l’aspect idéologique (c’est-à-dire la façon de voir le monde qui transparaît derrière ces propositions et sur l’enrobage de discours autour) mais me cantonner au plan purement pragmatique. Vous trouverez le débat plus politique chez Olympe (qui référencie également d’autres articles sur le sujet).

Les propositions sont principalement basées sur le rapport de la députée Michèle Tabarot (résumé ici, rapport intégral ). Puisqu’on ne sait pas encore ce qui va être retenu ou pas, je vous propose de regarder directement le rapport plutôt que de tenter de pêcher ça et là des citations incomplètes. Bien sûr ma grille de lecture ne sera pas forcément la vôtre, alors n’hésitez pas à y jeter directement un œil. J’ajouterai qu’il contient de nombreux exemples et comparaisons avec d’autres pays occidentaux, ainsi qu’un certain nombre de cartes montrant les disparités au sein de l’hexagone, bref c’est globalement très instructif.

On y trouve déjà un certain nombre d’informations sur la situation actuelle.

Tout d’abord l’auteur expose les connaissances actuelles sur les conditions du bien-être des enfants. Je regrette que cette partie ne soit pas plus détaillée et plus documentée mais on en tire déjà un certain nombre d’informations.

Les tout petits bénéficieraient d’être gardés par un de leurs parents jusqu’à 6 à 12 mois au moins. L’intérêt de fréquenter plus assidument d’autres enfants n’apparaîtrait que vers 2-3 ans. L’implication des deux parents aurait des effets bénéfiques sur le développement de l’enfant. On apprend également que le temps de garde optimum pour les enfants serait de 10 à 30 heures par semaine, d’après l’étude NICHD. Ainsi, 83% des enfants confiés à la garde 10 à 30 heures par semaine ne montrent aucun trouble comportemental (90% pour ceux gardés par un parent, et 74% pour ceux gardés plus de 40 heures). Par trouble comportemental, on entend entre autres caprices et colères. Hélas il n’est pas précisé de tranche d’âge à laquelle correspondent les données, parce que je me demande dans quel monde on trouve une très large majorité de bambins qui ne font aucune colère (le site original de l’étude est si dense que je n’arrive pas à y retrouver rapidement ces données). Par ailleurs, selon l’auteur, la qualité du mode de garde est primordiale, et notamment l’attention portée aux enfants, l’adéquation à leurs besoins et la stabilité du personnel. Selon les cas, on pourra trouver cette qualité en garde collective comme en garde individuelle.

Apparemment je ne suis pas la seule à penser que le congé maternité actuel est trop court :

  • 70% des mères obtiennent un congé pathologique (dont 23% en post-natal, qui est plus difficile à avoir que le pré-natal), ce qui montre bien que la possibilité de reporter une partie du pré-natal en post-natal ne concerne qu’une minorité.
  • Rallonger le congé maternité par ses congés annuels (et autres RTT) est une pratique très répandue : 38 jours en moyenne pour le premier et le deuxième enfant, 21 jours pour les autres (cette statistique m’étonne car beaucoup d’entreprises interdisent aux salariés de prendre plus d’un mois de congé à la fois).

Un certain nombre de femmes ne prennent pas leur congé parental de gaieté de cœur : on estime à un tiers la proportion de celles qui l’ont fait par absence d’alternative. Je dis « femmes » car seulement 2,5% des personnes en congé parental sont des hommes. Par ailleurs, un arrêt de 3 à 6 ans est souvent préjudiciable à la réinsertion professionnelle.

Quel est le vrai prix des modes de garde ? On trouve dans le rapport un joli graphique comparant, en fonction des revenus du foyer, ce qu’il reste effectivement à payer (une fois les aides déduites) pour chaque mode de garde (accueil collectif, assistante maternelle, garde partagée, garde à domicile). Globalement la différence entre crèche et assistante maternelle n’est pas très importante (moins de 100 € par mois), et lorsque les revenus du foyer atteignent 3 SMIC (3102 €), c’est l’assistante maternelle la plus avantageuse (et il n’y a plus beaucoup de différence avec la garde partagée non plus).

Quelle est leur disponibilité ? On estime qu’il y aurait environ 51 places d’accueil à l’extérieur pour 100 enfants de moins de 3 ans. Il manquerait 300 000 à 500 000 places. Ainsi, en 2005,  57% des moins de 3 ans étaient gardés par un de leurs parents (devinez lequel ?), 18,5% par une assistante maternelle agréée et 8,7 % dans une crèche. L’assistante maternelle (= une nounou qui accueille 2 à 3 enfants chez elle et qui doit recevoir un agrément de l’Etat, pour ceux pour qui c’est du chinois ; c’est une femme dans 99% des cas) est donc le premier mode de garde hors parents. Pourtant, la majorité a choisi ce métier par défaut plus que par vocation, et leur salaire mensuel net est de 815 € lorsqu’elle travaille à temps plein (pour la nôtre on peut quasiment multiplier par trois et pourtant elle n’est pas spécialement chère !). Quant aux structures d’accueil collectif, leur nombre augmente de 2 à 3 % par an et les crèches d’entreprises ne représentent que 8% des places.

Combien tout cela coûte-t-il à l’Etat ? En tout (y compris congés de maternité et paternité) : 15,3 milliards d’euros, soit environ 4% du budget total de l’Etat. Bien que les gardes individuelles soient majoritaires, elles ne coûtent « que » 2,7 milliards d’euros, par rapport à 3,6 milliards pour les modes d’accueil collectifs. Et pour les entreprises ? Apparemment une étude suisse fait état d’un retour sur investissement de 8% (25% pour une étude allemande) pour les mesures familiales (organisation flexible, allocations de congés parental…), et ce sans compter les bénéfices non quantifiables (motivation, loyauté…).

La suite au prochain numéro : les propositions de mesures.