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L’allaitement en public

mercredi, avril 4th, 2012

 Il y a quelques jours, une femme a été virée d’une boutique MAC (le maquillage, pas les ordinateurs) pour avoir osé y allaiter son bébé. Au delà du bad buzz pour la marque (jusqu’ici je n’ai vu que des réactions indignées, comme celle d’Eve ou sur le baby blog) cela me donne un bon prétexte pour enfin publier ce billet qui trainait dans mes cartons.

Personnellement, je n’arrive pas à comprendre comment on arrive encore à se poser la question de l’allaitement en public. Je ne vois simplement pas comment en France en 2012 on peut être choqué par la vue d’une femme qui allaite au point de vouloir la cacher. Je ne dis pas qu’on n’a pas le droit de ne pas apprécier la scène et j’entends bien que comme toute population les femmes allaitantes doivent compter parmi elles quelques abruties de première classe mais là n’est pas la question. Je trouve incommodantes les personnes qui vident une demi bouteille de parfum par jour mais je ne vais pas les insulter ou suggérer qu’on réglemente ou interdise le port public de parfum. Supporter que les autres offensent mon goût est le prix à payer pour ma propre liberté. On pourrait arrêter l’article là mais je trouve intéressant de creuser ce que ce malaise peut cacher.

Qu’est-ce qui peut bien motiver l’idée de proscrire l’allaitement en public ?

Est-on choqué par la vue du sein ? D’une part, on ne montre que très peu son sein en allaitant, puisqu’il est caché par la tête du bébé, et avec un peu de pratique et des vêtements à peu près adaptés (pas forcément des vêtements prévus pour l’allaitement, même si ça aide) on arrive facilement à préserver sa pudeur. Je ne résiste pas à vous citer cette phrase mythique d’Eve :

[On réagit] comme si à chaque fois qu’elle se préparait à allaiter, une femme se mettait à faire tournoyer ses seins avec des pampilles sur les tétons à la manière d’une danseuse burlesque.

(Ségolène, tu vois ce qui manque chez MamaNana !)

Et surtout, quelle hypocrisie ! Si la vue d’un sein vous offense, militez d’abord contre le topless à la plage et surtout contre la pub, où le sein fait vendre à peu près tout et n’importe quoi. Est-on arrivé à un point où un sein qui ne fait rien vendre choque ? Ou est-ce l’idée de voir qu’un sein peut avoir une fonction non érotique qui pose problème ? Comme la bouche, le sein peut être utilisé à des fins sexuelles ; pourtant on ne se cache pas pour manger (en tout cas pas en France). Tiens d’ailleurs il fait quoi ce bébé qui tète ?

L’autre possibilité c’est que c’est l’acte de la tétée qui choque. Alors oui, on a parfaitement le droit de ne pas aimer l’allaitement, on peut se sentir mal à l’aise face à cet acte. Mais là il me semble que c’est à la personne qui est gênée de se poser des questions plutôt que d’en vouloir à la mère allaitante. Moi-même, bien qu’ayant allaité Pouss2 jusqu’à 14 mois, j’ai tellement peu l’habitude de voir des bambins téter que les rares fois où cela m’arrive j’ai souvent un moment d’inconfort. Mais je trouve ma réaction inappropriée et ce n’est en rien le problème de la femme et de son enfant. Et j’imagine que si j’en voyais plus souvent (ou si j’en avais vu depuis ma plus tendre enfance) ça ne me ferait ni chaud ni froid.

Globalement, cette réaction de gêne voire de dégoût est souvent instinctive, fruit de notre histoire personnelle et du conditionnement social. A propos de ce dernier, il me semble que cette stigmatisation de l’allaitement en public par certains participe de la façon dont l’allaitement est instrumentalisé par notre société pour imposer aux femmes une énième contrainte. On explique d’une part que pour être une bonne-mère-qui-veut-le-mieux-et-plus-encore-pour-son-enfant il FAUT allaiter, et on fait à côté de ça tout pour que l’allaitement échoue et qu’il soit le plus insatisfaisant possible le temps de sa courte durée : mettre en permanence en doute la capacité de la femme à nourrir correctement son enfant en accusant l’allaitement de tous les maux, imposer des règles de fréquence inutiles et nocives… et en particulier pour ce qui nous intéresse aujourd’hui :

  • entretenir le mythe d’une affectation unique du sein qui est soit sexuel soit nourricier et ne peut passer de l’un à l’autre, avec le corps de la femme tourné vers le plaisir de l’homme ou celui de son bébé, sans se soucier du sien à elle
  • suggérer que la femme qui allaite ne doit pas se montrer et donc contraindre les femmes à devoir concilier allaitement (et donc de rester cloîtrée à la maison) et indépendance financière par le travail, puisque le modèle de la femme au foyer n’est pas franchement valorisé socialement

Donc quoi qu’on fasse, on perd toujours sur au moins un tableau, coupable de n’avoir pas su résoudre la quadrature du cercle.

Alors bien sûr si on n’en a pas envie, si on ne le sent pas, il ne faut pas se forcer. Les débuts de l’allaitement en particulier sont parfois laborieux et seront souvent plus sereins à l’abri des regards, pas toujours bienveillants. N’oublions pas certains bébés qui ont absolument besoin de calme et de concentration pour téter. Mais si vous en avez le souhait je vous encourage chaudement à allaiter partout et sans complexe. Je ne suis pas fan des accessoires visant à rendre « discret » l’allaitement (qui ont à mon avis l’effet inverse et qui participent à cette idée que l’allaitement c’est bizarre et honteux) mais si cela peut rendre certaines plus à l’aise alors il ne faut pas hésiter. Un bon compromis peut être d’allaiter dans l’écharpe ou le porte-bébé, même si ce ne sera pas toujours facile voire possible, notamment selon l’âge et le gabarit de l’enfant.

Comme vous l’avez compris, je ne suis pas vraiment d’accord avec l’image de l’allaitement qu’on donne le plus souvent, qui passe sans intermédiaire du devoir moral sublime sur l’autel de Mère Nature à l’infernale contrainte esclavagisante. Alors que ça devrait juste être un truc aussi ordinaire et habituel qu’un bébé, qui peut être aussi bien génial, pénible, jouissif, douloureux, pratique, galère, etc. Et je trouve que beaucoup de femmes ne peuvent choisir réellement librement d’allaiter ou pas car elles n’ont vu personne allaiter, ou peut-être juste une copine pour qui ça s’est mal passé. On ne peut pas vraiment réaliser ce que c’est d’allaiter en lisant une brochure, en écoutant une séance de préparation à la naissance ou en regardant quelques photos ! D’autant plus que même si bien sûr il y a de grandes règles communes, chaque allaitement est unique, et vécu différemment par chaque femme. Pour vraiment appréhender ce que c’est, ce que ça veut dire d’allaiter, et pouvoir ainsi faire un vrai choix, il faudrait en voir, et beaucoup. Les initiatives comme celle de Maman sur Terre (qui s’appelle maintenant Mother Earth) de rassembler des témoignages d’allaitement permettent de se faire une idée de la diversité des allaitements, mais cela ne remplace pas de voir en vrai des bébés qui tètent et d’en discuter avec leur mère (et leur père !). Pensez-y la prochaine fois que vous mettrez bébé au sein devant autrui : vous rendez un double service à la collectivité. Eh oui, d’une part vous protégez les oreilles délicates des alentours en leur évitant d’être percées par des cris stridants de bébé affamé et d’autre part vous aidez les mères et les futures mères à se faire leur propre idée sur l’allaitement.

Et pour une prochaine fois un débat que je n’ai pas encore vu en France : est-il acceptable de tirer son lait en public ? Joker !

Addendum le 6 avril : Ségolène a publié un billet très intéressant sur l’allaitement hors de chez soi, et MAC a répondu à Stadire du Baby blog

Image : Mère s’apprêtant à allaiter en public (et tentative éhontée de racoler un peu de lectorat masculin)

Ah qu’il est beau le débit de lait

mercredi, octobre 26th, 2011

Vous l’avez sans doute remarqué, je parle régulièrement d’allaitement sur le blog. Parce que je pense que de façon générale on n’en parle ni assez ni bien. Il me semble que tant que ça ne sera pas quelque chose de normal, d’ordinaire, il faudra continuer, parce que tant qu’il y a des femmes, des enfants, des familles qui seront victimes d’idées reçues ou d’une vision extrêmement biaisée de la chose il n’y aura pas de choix éclairé. Ceci étant posé, le but de ce billet est de proposer quelques pistes sur quel lait donner si on ne peut ou ne veut donner le sien, et en particulier en allaitement mixte. C’est une question qui n’est pas triviale, parce qu’en schématisant à peine on a d’un côté les associations de soutien à l’allaitement qui -et c’est bien normal- font la promotion du lait maternel et de l’autre les industriels qui -c’est bien normal aussi- veulent vendre. Quant aux médecins, j’ai du mal à voir l’indépendance de ceux qui prennent un stylo Gallia dans leur pot à crayons Nestlé après avoir fixé leur rendez-vous sur un agenda Guigoz. Je vous jure que c’était le cas de notre premier pédiatre, pourtant recommandé par la moitié du quartier. Après j’en ai trouvé un autre qui était abonné à Allaiter aujourd’hui mais c’est une autre histoire… Il n’est donc bien sûr pas question de mettre dans le même sac toute une profession et il y en a qui font l’effort de chercher l’information ailleurs. Mais que vont-ils trouver alors que leur formation initiale parle peu et mal d’allaitement et que les études sur les alternatives au lait humain sont pour la plupart trustées par les industriels ? En particulier pour ce qui concerne l’allaitement mixte, pourtant de plus en plus répandu, avec un nombre croissant de femmes qui choisissent d’allaiter mais qui doivent et/ou souhaitent s’éloigner un peu de leur bébé. Il est donc assez difficile de trouver des données objectives et fiables, donc je choisis de vous présenter simplement l’état de mes réflexions et recherches, pour susciter les vôtres.

Je vous invite par ailleurs à lire deux documents de l’OMS fort intéressants. Comme ‘ils s’adressent au monde entier, tout n’est pas forcément pertinent pour les lecteurs de ce blog (qui n’ont a priori pas de problème de contamination de biberons) mais je trouve aussi utile de prendre un peu de recul et de s’ouvrir l’esprit :

Je passe déjà sur la possibilité de donner du lait humain qui ne soit pas celui de la mère : en France actuellement le lait des lactariums (lactaria?) n’est disponible que sur ordonnance et seuls de rares échanges informels permettent à des bébés « ordinaires » de bénéficier de lait donné (ou vendu, ne soyons pas naïfs). Mais il y a encore un siècle on trouvait des nourrices au sens propre et dans d’autres cultures il n’est pas rare de donner le sein à un bébé qui n’est pas le sien.

Je rappelle également qu’il n’y a pas que le biberon comme vecteur pour l’alimentation lactée : si on panache avec l’allaitement au sein il est même plus prudent de ne pas l’utiliser pour éviter la confusion sein-tétine. On peut citer la tasse à bec, la soft cup (à ne pas confondre avec celle-là…), la cuiller, la seringue, le DAL, le verre, et je ne suis bien sûr pas exhaustive.

Prenons tout d’abord le cas du bébé dont l’alimentation est 100% lactée (c’est-à-dire à la louche* qu’il a moins de six mois). Là il semble relativement avéré qu’en dehors du lait humain, la préparation infantile pour nourrisson (en langage courant « lait premier âge ») est la plus appropriée (pour info l’appellation « lait maternisé » est interdite). La composition de ces produits est extrêmement réglementée et les différences entre les marques sont relativement marginales. A noter que les limites sur les résidus de pesticides autorisés dans les aliments pour bébé sont beaucoup plus strictes que pour les produits généraux (mais on peut aussi acheter bio pour privilégier un mode de production plus respectueux de l’environnement et de la santé des travailleurs agricoles). Si vous n’avez besoin qu’occasionnellement de préparation infantile (par exemple vous sortez un soir et ne voulez ou ne pouvez tirer de lait), il existe des petits conditionnements liquides qui permettent d’éviter l’achat d’une grosse boîte qu’on finit par devoir jeter. Je dis ça mais je n’en ai jamais vu ni en pharmacie ni en supermarché. Mais il paraît que ça existe.

Pendant la phase de transition entre alimentation principalement lactée et alimentation principalement solide (soit de quatre-six mois à un an-un an et demi grosso modo), c’est plus flou. En théorie c’est là qu’interviennent les préparations de suite (ou laits deuxième âge). Bien que leur composition soit strictement définie par le Codex alimentaire, certains n’y voient qu’un moyen pour les industriels de pouvoir faire de la pub (pour les préparations premier âge c’est interdit). L’académie de médecine recommande tout de même de proscrire le lait de vache non modifié jusqu’à un an. Si le bébé n’est pas du tout allaité, il semble à peu près logique de se tourner vers ces préparations. A noter que l’OMS, dans le document cité ci-dessus, préconise pour les produits laitiers donnés à l’enfant non allaité au sein, et ce à partir de 6 mois :

La quantité de lait nécessaire est de 200 à 400 mL/j quand par ailleurs des aliments d’origine animale sont régulièrement consommés en quantité suffisante. Sinon, elle doit être augmentée à 300 à 500 mL/j. Les sources appropriées de lait sont le lait entier d’origine animale (vache, chèvre, buffle, mouton, chameau), le lait traité à Ultra Haute Température (UHT), le lait évaporé reconstitué (mais pas le lait condensé), le lait fermenté ou le yaourt, et le lait maternel exprimé (traité par la chaleur si la mère est séropositive pour le VIH).

Et s’il s’agit par exemple de le nourrir en l’absence de sa mère qui autrement l’allaite, l’intérêt des préparations infantiles se discute. Une fois que le régime solide intéresse de plus en plus l’enfant, on peut très bien imaginer qu’il ne prenne pas de lait du tout en l’absence de sa mère (sauf si bien sûr elle part en gros plus de 24 heures). Ainsi, lorsque Pouss2 est entré à la crèche vers 8 mois 1/2, sachant qu’il avait un solide coup de fourchette, nous avons demandé qu’il ait un yaourt ou autre laitage solide au goûter plutôt qu’un biberon de préparation infantile (je me suis très vite lassée du tire-lait -voir mon témoignage complet sur allaitement et travail ici). Evidemment ce n’est pas évident de tirer une limite claire entre qui a besoin de préparation infantile et qui non, c’est aussi une affaire de bon sens à mon avis.

Enfin après un an (voire dix mois), les industriels qui pensent à tout nous proposent le lait de croissance. Contrairement aux autres préparations il ne fait pas l’objet d’une réglementation internationale, la France a d’ailleurs l’immense chance d’être un des pays les mieux achalandés en la matière. Commençons par rappeler qu’à la base lorsqu’on donne un biberon c’est pour remplacer l’allaitement donc si on n’est pas choqué de voir un enfant de cet âge au biberon on ne devrait pas l’être de le voir au sein. Même si le lait maternel n’est plus aussi vital à cet âge qu’il l’est à la naissance, il fait partie de l’alimentation normale jusqu’à au moins deux ans. Pour reprendre le document de l’OMS sur la nourriture des enfants allaités cité ci-dessus :

Continuer l’allaitement au sein à la demande jusqu’à l’âge de deux ans ou au delà.

[…]

L’allaitement au sein continue d’assurer une contribution nutritionnelle importante bien au-delà de la première année de vie.

Trois cas de figure se présentent. Si vous allaitez encore à la demande, la supplémentation en lait, de croissance ou autre, est toujours inutile (cela n’empêche bien sûr pas que l’enfant consomme des laitages -fromages, yaourts, voire un chocolat chaud de temps en temps- avec le reste de la famille pour le plaisir). Si vous n’allaitez pas/plus du tout, sachez que si certaines sociétés savantes les considèrent comme indispensables, ce n’est pas le cas de toutes. Le Collège national des généralistes enseignants par exemple pense qu’ils n’ont pas montré leur intérêt. Il s’appuie en cela sur un article de Saint-Lary et al (2009) (merci @sapristii) qui indique qu’aucune étude n’a montré d’effet des laits de croissance sur les enfants français. Notez à quel point cette étude et ce communiqué sont peu repris dans les médias parentaux qui pour la plupart servent les annonceurs et pas les parents (voyez par exemple cet article qui a été rédigé directement à partir des communiqués de presse des industriels).

J’entends parfois des parents dire qu’ils donnent du lait de croissance car leur enfant n’a pas une alimentation équilibrée (comprendre il refuse les fruits et légumes). Or les spécificités de ce produit sont : plus de fer, plus d’acides gras essentiels et moins de protéines. Rien à voir donc avec les fibres, vitamines et autres antioxydants contenus dans les fruits et légumes. Chez nous lorsque Pouss2 a arrêté de téter vers 14 mois et des brouettes il est donc passé au lait de vache, de préférence frais et bio (ou fermier), entier ou demi-écrémé selon ce qu’on trouve (passons sur le fait qu’une bouteille de lait frais bio ne doit pas être si loin du prix du lait de croissance…). Il est aussi possible de donner d’autres laits animaux (chèvre, brebis…), même s’ils sont souvent plus difficiles à trouver et plus onéreux. Vous trouverez sur Wikipedia un tableau récapitulant la composition des principaux laits animaux. Par contre attention les « laits » végétaux (amande, riz, soja… qui n’ont pas le droit à l’appellation lait d’ailleurs, d’où mes guillemets) ne sont vraiment pas équivalents en termes nutritionnels. Ce qui ne veut pas dire qu’on ne peut pas en donner ou en mettre dans la cuisine mais que ce sont d’encore moins bons proxys du lait humain. Pour les enfants qui sont allergiques ou intolérants au lait de vache, je passe mon tour : cela mériterait un article à part entière. Mais il est évident qu’il ne faut pas insister pour donner au poussin un aliment qui le rend malade, que ce soit par des problèmes digestifs (diarrhées, vomissements…) ou des manifestations dermatologiques (plaques, boutons…). Je réalise qu’avec tout ce blabla, j’ai oublié le troisième cas, celui de l’enfant au lait maternel mais pas que. Il me semble assez clair que le lait de croissance n’est pas indispensable non plus dans ce cas. Cet enfant peut également se passer de lait (sauf s’il y trouve un réconfort moral bien sûr) pendant un certain temps : l’équilibre nutritionnel ne se fait pas sur un repas ou une journée mais à plus long terme.

Je dis bien que le lait de croissance n’est « pas indispensable », ce qui ne veut pas dire du tout que les enfants qui en prennent en pâtissent (et d’ailleurs Pouss1 en a pris, toujours sur les recommandations du pédiâââtre (c) Jaddo cité plus haut). Mais la façon qu’ont les industriels de nous expliquer qu’on ne peut pas élever notre enfant convenablement sans recourir à leurs indispensables produits me fait sortir de mes gonds. Je ne suis pas anti produits industriels, il y a comme dans beaucoup d’autres familles des petits pots dans nos placards. Je suis juste énervée par la communication éhontée qu’ils font. A ce propos l’OMS dit bien que vers un an l’enfant peut recevoir une alimentation « proche de celle du reste de la famille » (contrairement à ce que prétend le Syndicat français des aliments de l’enfance, qui présente un léger conflit d’intérêt en la matière). Et je cite à nouveau les documents pour un léger hors sujet sur le passage de la purée aux morceaux (pour ceux qui n’ont pas directement zappé la purée) :

Diverses études (Deweyet Brown, 2002) indiquent que vers l’âge de 12 mois, la plupart des nourrissons sont capables de consommer la « nourriture familiale » d’une consistance solide. Pourtant, nombreux sont ceux qui continuent à recevoir des aliments semi-solides, vraisemblablement parce qu’ils peuvent les ingérer plus efficacement, l’alimentation prenant ainsi moins de temps aux personnes s’occupant d’eux. Certaines données laissent à penser qu’il existe un« moment critique » pour l’introduction des aliments solides « grumeleux » : s’ils commencentà être pris en retard, au-delà de l’âge de 10 mois, cela pourrait augmenter le risque ultérieur de difficultés d’alimentation (Northstone et al., 2001). Ainsi, bien qu’il y aurait un gain detemps à continuer d’alimenter avec des aliments semi-solides, il est souhaitable d’augmenter graduellement la consistance de l’aliment avec l’âge pour permettre un développement optimal de l’enfant.

Là encore l’idée n’est pas de dire que certains font bien ou font mal mais juste de donner quelques pistes d’explications aux parents dont les enfants refusent les morceaux.

*Les catégories d’âge citées dans le billet sont bien sûr à prendre comme des indications qui doivent composer avec la variabilité de chaque cas ; il n’est pas question de dire qu’à partir de six mois et un jour le bébé est prêt à et doit ingérer autre chose que du lait et pas avant ni après.

Photo : Une autre forme d’allaitement, montrée dans Mon beau-père, mes parents et moi (Meet the Fockers). Et pour le titre, les fans de Trenet et les autres peuvent se faire un moment nostalgie sur Youtube.

Edition du 31/10/11 : Deux billets intéressants signalés en commentaire : Quel lait donner au moment du sevrage ? sur A tire d’ailes et la liste des laits infantiles 2011 sur Mamanonyme

D-MER(de toi)

lundi, février 14th, 2011

Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas parlé allaitement… en même temps ça changera des derniers billets à caractère polémique, puisqu’il s’agit aujourd’hui d’un article purement informatif (contrairement à ce que le jeu de mots à deux balles du titre pour lequel je vous présente mes plus plates excuses pourrait laisser croire). Je veux en effet vous parler d’un problème de l’allaitement très récemment décrit aux Etats-Unis, le réflexe dysphorique d’éjection du lait (en anglais dysphoric milk ejection reflex soit D-MER, abréviation que je vais garder le long de l’article). Voici la description qu’en fait le site d-mer.org, qui est à ma connaissance la seule source d’informations sur ce trouble. Je vais donc me contenter de traduire pour les lectrices qui ne liraient pas l’anglais.

D-MER, c’est quoi ?

C’est un trouble récemment reconnu affectant les femmes qui allaitent et se caractérisant par une dysphorie abrupte, soit des émotions négatives apparaissant juste avant l’éjection du lait et se poursuivant sur quelques minutes au plus. Les tests préliminaires indiquent qu’on peut soigner la D-MER et les premières recherches pointent vers une activité dopaminique inadéquate au moment de la montée de lait comme source de la D-MER.

D-MER, ce n’est PAS :

  • une réponse psychologique à l’allaitement
  • une simple nausée lors du réflexe d’éjection, ou tout autre symptôme physique isolé
  • une dépression du post-partum ou un baby blues
  • une aversion générale pour l’allaitement
  • l’aversion pour l’allaitement que peut ressentir une femme enceinte qui allaite un aîné

Que ressent la mère qui souffre de D-MER ?

Les émotions négatives, ou dysphorie, que ressent la mère souffrant de D-MER se manifestent souvent dans son ventre -un sentiment de creux, comme un vide ou un nœud émotionnel dans le ventre. Les mères décrivent un certain nombre d’émotions liées à la D-MER , allant de la crainte à la colère en passant par l’anxiété, émotions faisant toutes partie du spectre de la D-MER, pour laquelle on peut décrire ces trois niveaux. Le point commun entre ces niveaux est la vague d’émotions négatives, juste avant d’allaiter, en allaitant, en tirant du lait et pendant les montées de lait spontanées, s’arrêtant au bout de 30 à 90 secondes, et reprenant généralement à chaque réflexe d’éjection. Un des points clés de D-MER est que la mère se sent bien sauf pour les montées de lait, et que les sentiments sont assez brefs (pas plus de 2 minutes), ce qui rend ce trouble bien différent de la dépression du post-partum.

Il est facile de ne pas réussir à identifier ce trouble puisque :

  1. certaines femmes ont des montées de lait si rapprochées pendant les tétées que les émotions n’ont pas le temps de retomber
  2. beaucoup de femmes ne sentent pas le réflexe d’éjection et donc ne peuvent pas le connecter à leur dysphorie
  3. le fait que la dysphorie ait également lieu pendant les montées de lait entre les tétées rend également cette connexion difficile.

Quelle est le mécanisme expliquant la D-MER ?

Le réflexe d’éjection du lait est causé par l’ocytocine, et s’accompagne d’une chute de dopamine afin d’entraîner une augmentation de la prolactine, qui va permettre de refaire du lait. Les femmes souffrant de D-MER ont une chute plus importante de dopamine, ce qui cause la dysphorie temporaire (voir par exemple ici).

Quelques trucs pour soulager la D-MER

  • Evaluer sa production de lait. L’hyperlactation induit de nombreux réflexes d’éjection, si elle est avérée il existe des trucs pour la modérer (voir par exemple ici).
  • Se distraire pendant la tétée. Lire, discuter, regarder la télé…
  • Boire beaucoup. Il semble que l’hormone anti-diurétique, qui augmente quand on est déshydraté, soit également impliquée.
  • Dormir. Plus facile à dire qu’à faire quand on a un petit bébé…
  • Faire de l’exercice. Cf point précédent. On peut toujours commencer par faire une bonne balade tous les jours.
  • Prendre de la caféine. Attention, pas plus que 150 mg par jour (soit environ 1-2 tasses de café) sinon les effets deviennent négatifs).
  • La solitude. Certaines femmes trouvent leur D-MER pire si elles sont en compagnie, ne pas hésiter à s’isoler.
  • L’orgasme. Il peut aggraver la D-MER par la chute de dopamine qu’il provoque. Bon ça tombe bien, en général ce n’est pas l’activité prioritaire de la jeune mère.
  • Se motiver. Prévoir un petit truc sympa pour après la tétée/journée, auquel on se raccroche pendant les dysphories (« là c’est pas top mais après je me fais une tablette de Côte d’Or »).
  • Suppléments alimentaires. Voir la liste ici, je n’ai pas le courage de tout traduire, d’autant que les noms sont très similaires en français pour la plupart (et n’oubliez pas le traducteur Google).
  • Traitement médical. Pour les cas les plus sévères, le site recommande la bupropione (Zyban et Wellbutrin). Je n’ai aucun avis sur la question, et ce médicament étant sur ordonnance il vous appartient d’en discuter le cas échéant directement avec votre médecin ou votre sage-femme.

Et bien sûr, être informée. On vit généralement plus facilement ces sentiments difficiles si on sait qu’ils sont purement physiologiques et transitoires.

C’est d’ailleurs dans ce but que je me suis précipitée pour écrire cet article. J’ai eu plusieurs témoignages de femmes m’indiquant que l’allaitement les vide, les épuise, les pompe. Je ne savais pas trop quoi leur répondre, car la sécrétion de lait en soi n’est pas supposée être plus fatigante que la sécrétion d’urine, de transpiration ou de sang. Bien sûr, avoir un petit bébé est fatigant, et les tétées correspondent aux moments où on se pose enfin dans une journée bien remplie, sans compter que la prolactine a un effet soporifique. On peut donc ressentir une certaine somnolence pendant les tétées, ce qui peut faire penser que l’allaitement fatigue, alors qu’en réalité il aide à se reposer. Mais ces femmes ne semblaient pas satisfaites par cette explication, et je ne savais pas comment les aider, n’ayant bien sûr pas de raison de remettre en question leur ressenti. Je crois donc que ces explications pourraient leur être d’une aide précieuse, d’autant plus que le contexte actuel force un peu le trait sur l’allaitement : il faut allaiter pour être une bonne mère et c’est forcément un moment de béatitude et d’extase. Imaginez ce que ressent la mère qui souffre de D-MER : à chaque fois qu’elle allaite, ni plénitude, ni quasi-orgasme, mais un horrible sentiment de vide, de colère, de désarroi, menant tout droit sur la pente implacable de la culpabilité. Elle doit être une aberration de la nature, elle qui appréhende de plus en plus la prochaine tétée, alors pourtant qu’elle ne ressent pas de douleur physique. D’ailleurs elle finirait presque par se demander si elle est vraiment faite pour être mère. Pour peu qu’il y ait un contexte qui y soit favorable, la dépression du post-partum n’est probablement pas loin. Tout ça pour un problème de dopamine ! Le site d-mer.org signale que la D-MER peut entraîner des problèmes d’attachement entre la mère et l’enfant, et suggère d’organiser des moments agréables avec le bébé sans tétée (jeu, bain, portage, etc) pour balancer les émotions négatives des tétées.Vous trouverez ici la liste des émotions recensées comme pouvant être liées à la D-MER, je n’ai pas non plus le courage de tout traduire, mais là encore le traducteur Google est efficace pour le mot à mot et je peux aussi répondre aux questions en commentaire.

Bien sûr, les recherches sont encore en cours, il n’y a pas encore eu de publication scientifique sur la question, mais il me semble important que les femmes sachent que ces questions se posent, que ces hypothèses sont testées, et que l’information circule, également parmi les professionnels de santé. On sait que nombre d’entre eux ne sont pas formés à l’allaitement, je crois que c’est aussi à nous de leur parler de tout ça, et ne pas hésiter à leur apporter les documents du site d-mer.org pour discuter de la pertinence d’un traitement si vos symptômes sont trop handicapants. Et n’hésitez pas à témoigner, ici, ailleurs sur la toile ou en vrai (réunions de soutien à l’allaitement par exemple).

Image : « Comment créer un lien avec bébé ». Pas vraiment dans le sujet mais ça allège un peu l’ambiance (et ça me fait beaucoup rire).

Je travaille et j’allaite

samedi, octobre 23rd, 2010

allaitement_travail Un autre billet « nénés » pour soutenir la Semaine mondiale de l’allaitement maternel qui s’achève, et après on parle d’autre chose, promis. Après l’article choc de Marie-Claire, voici donc un témoignage sur la conciliation allaitement et travail. Il s’agit de La Poule P., 30 ans, blogueuse, qui a souhaité garder l’anonymat (OK je sors).

Pour Pouss1, cette conciliation a été de courte durée. J’ai repris le travail peu après la fin du congé maternité, et j’avais déjà bien entamé le sevrage. Il a gardé tétée du matin et tétée du soir, puis tétée du soir seule pendant deux-trois semaines et puis on est passés au biberon exclusif vers ses quatre mois.

Pour Pouss2, j’ai choisi de prendre six mois de congé parental à la suite du congé maternité, entre autres pour pouvoir l’allaiter plus longtemps. Bien sûr il est possible d’allaiter exclusivement et de reprendre rapidement son travail, mais c’est tout de même plus simple d’être avec le poussin. Il a donc commencé la crèche à huit mois, n’ayant jusque là eu que de rares biberons de mon lait lors de mes quelques absences. Malgré son bel appétit pour les nourritures solides, il n’était pas rare qu’il tète encore toutes les trois heures en moyenne (sauf la nuit où j’ai fermé le bar depuis ses six-sept mois environ). J’ai de longues journées (je le laisse d’environ 8h à 19h -une nounou vient le chercher à la crèche le soir) donc dans un premier temps j’ai tiré du lait pour qu’il ait un biberon à goûter. L’adaptation s’est très bien passée, avec des repas solides très appréciés et pas de réclamation quant à la diminution un peu abrupte du nombre de tétées.

Le hic c’est qu’étant en lactation automatique j’ai beaucoup de mal à tirer des quantités suffisantes de lait, ne ressentant aucun trop plein de lait en l’absence de mon fils (ni en sa présence d’ailleurs, le lait ne vient que lorsqu’il tète). J’essaie le tire-lait électrique double pompage (Lactina de Medela, un vrai tue l’amour), le tire-lait manuel (Avent), à la main, mais les résultats sont kif kif. Le plus efficace restant de tirer un sein pendant que Pouss2 tète l’autre (comme quoi le bébé est vraiment irremplaçable pour provoquer un bon réflexe d’éjection), mais du coup je finis par passer chaque tétée avec le tire-lait, ce qui est un peu acrobatique (d’autant que Pouss2 est un grand bébé tonique de 8 mois 1/2) et gâche la simplicité de l’allaitement que j’apprécie tant. Après deux semaines à ce régime, nous convenons avec les puéricultrices d’essayer de remplacer ce biberon par un yaourt, ce qui ne semble à nouveau poser aucun problème à Pouss2.

Finalement nous sommes arrivés à l’arrangement suivant : en semaine, deux, parfois trois tétées par jour (ou même une seule de temps en temps si je rentre tard) et laitages solides en mon absence, et le week-end (ou les jours de congé), tétée plus ou moins à volonté (généralement trois-quatre par jour). Ma lactation semble bien s’adapter, sans manque ni débordement, ce qui est vraiment très agréable. Pouss2 lui n’a pas l’air perturbé par ce nouveau rythme, et prend sein et yaourts avec le même enthousiasme (et la même redoutable efficacité). Il n’a pas redemandé à téter la nuit pour compenser (ouf). Le bonus c’est qu’il a attrapé une gastro à la crèche, pendant laquelle il vomissait tout sauf mon lait : je dois dire que ce n’est pas désagréable de pouvoir facilement soulager son enfant malade.

Bien entendu, cet arrangement ne fonctionnera pas pour tout le monde, loin s’en faut, mais je crois qu’il est bon de savoir que cette possibilité existe. Vous trouverez d’ailleurs des témoignages sur le blog A tire d’ailes et un topo plus complet chez Ficelle, qui illustrent bien la diversité des alternatives.

Photo : Licia Ronzulli, l’eurodéputée italienne qui a fait sensation en venant au Parlement européen avec son bébé d’un mois en écharpe. Je ne sais pas si elle allaite mais en tout cas c’est un bel exemple de conciliation famille-travail !

Aparté sans aucun lien : poussée par le Coq et son imparable slogan (« 100 % des gagnants ont tenté leur chance »), je me suis inscrite aux Golden Blog Awards pour tenter d’obtenir un peu de reconnaissance (d’autant plus que je stagne toujours dans les abysses du Wikio). En cliquant sur ce lien, vous pouvez voter pour moi. Promis je ne vous en reparlerai plus (sauf si par miracle je gagne quelque chose).

C’est la faute à l’allaitement si…

lundi, octobre 11th, 2010

mannequin-toddler-nursing Je prends un peu d’avance sur la semaine mondiale de l’allaitement maternel, mais comme ça fait une éternité que je n’ai pas publié vous ne m’en voudrez pas j’espère. Je voudrais revenir sur quelques idées reçues sur l’allaitement. En effet, la schizophrénie actuelle veut qu’après avoir expliqué à la future mère que si elle ne veut pas allaiter elle va limite être signalée aux services sociaux, on accuse ensuite l’allaitement de tous les maux et problèmes. Encore une fois, le but de cet article n’est absolument pas de culpabiliser celles qui ne souhaitent pas allaiter, ou pour qui ça ne marche pas, mais plutôt d’encourager les autres, et surtout d’éviter que le choix d’allaiter ou pas soit basé sur de mauvaises raisons. Voilà dix exemples de ce qu’on peut entendre ou lire :

1. C’est la faute à l’allaitement si mon bébé ne grossit pas (assez). Trois possibilités : 1. bébé est naturellement un petit gabarit/appétit de moineau, auquel cas le lait infantile ne changera rien, 2. bébé a une maladie qui l’empêche de prendre du poids, auquel cas il devient d’autant plus important de poursuivre l’allaitement, 3. il y a un problème d’allaitement qui empêche bébé de manger à sa faim. Un bébé qui ne mange pas à sa faim va d’abord pleurer beaucoup pour réclamer plus puis passer en mode « économie d’énergie » (sauf s’il est déjà fragile auquel cas il va directement à la case « économie d’énergie ») ; attention donc au nouveau-né poids plume qui dort tout le temps et ne réclame jamais. Au biberon on mesure ce qui rentre, tandis qu’au sein on mesure ce qui sort. Les couches sont-elles bien pleines d’urines et de selles (n’oublions pas qu’à partir de six semaines environ le bébé allaité peut beaucoup espacer ses selles, jusqu’à plusieurs jours d’intervalle) ? Le poids est UN indicateur parmi d’autres de la bonne croissance du bébé (et vous trouverez ici les courbes de référence pour des bébés allaités). Les problèmes d’allaitement les plus fréquents qui conduisent à ce que l’enfant ne mange pas assez sont soit une mauvaise succion (à corriger à l’aide d’un(e) spécialiste : sage-femme, consultante en lactation, animatrice d’association de soutien…), soit un allaitement trop dirigé (style toutes les trois heures dix minutes par sein) qui ne stimule pas assez la lactation (voir ici un bel exemple). Au moindre doute ne pas hésiter à demander l’avis d’une personne compétente (pas forcément votre médecin, voir ici quelques pistes pour juger de sa compétence en la matière).

2. C’est la faute à l’allaitement si le papa ne s’occupe pas du bébé. Certes la tétée occupe une part importante de la vie d’un nouveau-né, mais il y a tellement d’autres choses dont son père peut s’occuper. Outre le fait qu’il peut déjà prendre en charge l’ensemble des tâches ménagères pour que la mère se repose après l’accouchement, en plus des couches à changer, des bains à donner, etc, il y a surtout les câlins, le portage, le dodo dans les bras et tous ces petits plaisirs. Sans compter que c’est souvent le mieux placé pour faire accepter un autre moyen que le sein d’avoir du lait (biberon, tasse etc) quand la mère veut laisser le poussin. Je crois que ce qui compte vraiment plus que le mode d’alimentation c’est que le père soit motivé pour trouver sa relation et ses « trucs » avec le bébé et que la mère soit prête à le laisser prendre toute sa place.

3. C’est la faute à l’allaitement si mon bébé a des coliques/mal au ventre etc. Si vous avez un bébé au tube digestif sensibilisé par un problème ou un autre (reflux gastro-œsophagien, allergie, intolérance…), il n’y a pas mieux que le lait maternel pour lui. C’est ce bébé qui est difficile, quel que soit le mode d’alimentation, et c’est souvent pire avec un lait infantile qui lui est moins adapté (sans compter les essais pour trouver celui qui convient). Si le lait maternel peut donner mal au ventre, c’est souvent parce que le bébé n’a eu que le lait de début de tétée, très riche en lactose. Pour éviter ce problème (repéré généralement par des selles vertes et moussues), il suffit de ne pas changer trop souvent de sein. Dans certains cas d’allergies, l’allergène passant par le lait maternel, la poursuite de l’allaitement va nécessiter que la mère suive un régime d’éviction (ce qui n’est pas une partie de plaisir je vous l’accorde).

4. C’est la faute à l’allaitement si mon bébé dort mal/ne s’endort qu’au sein. La question du sommeil des bébés est si complexe et polémique qu’une dizaine de billets n’y suffirait pas. Ceci dit sur la question allaitement et sommeil, tous les cas de figure existent : le bébé exclusivement allaité qui fait des nuits de 10-12 h à quelques semaines, le bébé qui fait ses nuits une fois passé au bib, celui qui au contraire continue à se réveiller (enfin surtout à réveiller ses parents…). On peut tout de même observer que d’une part il n’est pas anormal qu’un enfant n’arrive pas à gérer son sommeil entièrement seul pendant au moins un an, voire deux ou trois. Et d’autre part, il se trouve que la tétée est un formidable moyen d’endormir ou de rendormir un bébé. C’est souvent très efficace, et pour un effort minimum puisqu’on peut le faire en se rendormant soi-même (lors de la tétée les hormones sécrétées favorisent le sommeil, ce qui peut donner l’impression que l’allaitement fatigue). Il faut donc en avoir sacrément marre des tétées de nuit et des endormissements à rallonge pour chercher une autre méthode. Ceci dit, rien n’empêche aux parents d’un bébé allaité d’essayer d’autres pistes, notamment avec le père (vous voyez qu’il participe !), qui sera moins tenté de donner ce qu’il n’a pas. Là encore, que le père ait mis en place ses trucs avec le bébé facilite la dissociation du sein et du sommeil. Et les tout petits changent tellement vite qu’aucune habitude, bonne ou mauvaise, n’est gravée dans le marbre.

5. C’est la faute à l’allaitement si je ne peux rien faire. Scoop : un bébé, même un petit nouveau-né supposé dormir 20 heures sur 24, suffit à vous occuper environ 25 heures sur 24. Et ce que vous allaitiez ou non. « Il est 16 heures et je n’ai toujours pas réussi à prendre de douche » : je crois l’avoir entendu chez toutes mes amies découvrant les joies de la maternité, celles qui allaitent comme celles qui n’allaitent pas. Le gros avantage de l’allaitement, c’est que passées les éventuelles difficultés de mise au sein du début, le bébé se débrouille tout seul. Donc la tétée est un formidable alibi pour se poser tranquille dans un fauteuil (ou autre endroit confortable) avec une bonne lecture, un coup de fil, un DVD, une histoire pour l’aîné ou autre activité tranquille (et surtout une tablette de chocolat). Enfin personnellement je ne suis pas très douée pour allaiter en porte-bébé, mais dans ce cas on devient en prime mobile (pas au point de passer l’aspirateur, mais quelle bonne excuse pour refiler cette activité à son cher et tendre -ou se faire offrir des heures de ménage comme cadeau de naissance).

6. C’est la faute à l’allaitement si je ne peux jamais sortir. Soyons honnêtes : il est plus facile de sortir avec un bébé allaité mais moins facile de sortir sans. L’allaitement est souvent un super joker qui permet d’apaiser et d’endormir un petit dans les circonstances les plus difficiles : on peut ainsi éviter de se taper l’affiche dans un lieu public avec un bébé qui hurle. Et bien sûr l’aspect logistique est grandement simplifié puisqu’au moins dans les premiers mois on n’a pas de nourriture à trimballer. Quand on ne peut/veut pas sortir avec bébé, les options sont multiples selon l’âge et les circonstances : pas de lait en l’absence de la mère, du lait tiré donné par différents artifices (biberon, tasse à bec, seringue, pipette…) ou du lait artificiel. Pour la reprise du travail, je crois que c’est aussi aux professionnels de la petite enfance de faire le travail pour aider l’enfant à s’adapter. Rappelons qu’un enfant allaité dont la mère travaille devrait être une situation très ordinaire (puisque les recommandations des autorités sanitaires françaises préconisent l’allaitement jusqu’à deux ans et que le congé maternité post-natal n’est que de dix semaines), et pas une bizarrerie qui ne rentre pas dans les cases.

7. C’est la faute à l’allaitement si mon enfant est indécollable. Un petit bébé a besoin de contact et de câlins, autant que de nourriture. L’allaitement est une façon de répondre à ce besoin, mais pas la seule. Et l’intensité du besoin est fonction de la personnalité de l’enfant, de son âge, et de la réponse qui y est apportée, bien plus que de la façon dont on le nourrit. Il y a aussi -et ce n’est pas un reproche- des mères qui ont un peu de mal à lâcher leur bébé, et ce n’est pas l’apanage des allaitantes (même si elles sont peut-être plus nombreuses dans ce cas…).

8. C’est la faute à l’allaitement si je dois surveiller ce que j’avale. Hors cas d’allergie ou d’intolérance avéré, on peut bien manger exactement ce qu’on veut quand on allaite. Il est conseillé de limiter (mais pas éviter) la caféine (comme quand on est enceinte), sauf là encore si vous constatez un effet majeur sur le bébé. Il est possible de boire de l’alcool en sachant que le taux dans le lait est identique à celui du sang ; l’idéal étant si/quand l’enfant a un rythme de boire le soir après la dernière tétée et d’avoir toute la nuit pour cuver. Il existe même des alcootests pour le lait maternel. Quant à la cigarette, même s’il est préférable de l’éviter, son impact laisse le lait maternel supérieur au lait infantile. Et si vous devez prendre des médicaments, n’hésitez pas à envoyer votre médecin sur le site du CRAT. Là encore, les risques liés à l’exposition (souvent ponctuelle) au médicament sont souvent faibles en regard des bénéfices procurés par l’allaitement maternel.

9. C’est la faute à l’allaitement si je ne peux pas retomber enceinte. Peut-on tomber enceinte en allaitant ? Oui mais c’est plus facile si on pose le bébé. Plus sérieusement, hors des critères stricts de la MAMA, l’allaitement n’est pas une contraception mais peut empêcher certaines femmes de tomber enceinte. Sans compter qu’un taux élevé de prolactine (hormone de la lactation) peut induire une baisse de libido. A priori si vous avez eu votre retour de couche c’est que l’ovulation est relancée et que vous pouvez retomber enceinte (attention l’inverse n’est pas vrai, c’est-à-dire qu’on peut être enceinte sans avoir eu le retour de couche). Sinon, il faut effectivement patienter ou sevrer (totalement ou partiellement).

10. C’est la faute à l’allaitement si je ne ressemble à rien. En théorie, l’allaitement facilite le retour du corps à l’état pré-grossesse, puisque les premières tétées aident l’utérus à retrouver sa taille normale (ce qui peut occasionner les fameuses tranchées) et que les graisses maternelles sont supposées être converties en lait. Dans la vraie vie, il y a celles qui sortent de la maternité en jean slim taille 36 et mère nature la truie (copyright Pensées de ronde) pour les autres. Idem pour la taille et la forme des seins : difficile de savoir a priori dans quel camp vous serez, même si la grossesse est souvent pointée comme principal coupable des variations de volume mammaire (avec pour état final la forme décrite poétiquement comme gant de toilette ou encore queue de castor). Cependant l’allaitement est une super excuse pour refaire sa garde-robe (avec toutes ces boîtes de lait économisées) à un moment où on est rarement au top physiquement (je ne dis pas qu’on a besoin d’une garde-robe spécifique pour allaiter, juste que c’est une excuse pour faire du shopping). LA spécialiste de la question, c’est Ségolène de MamaNANA, comme le montre par exemple ce billet (ou encore celui-là). Je n’ai pas grand chose à rajouter, si ce n’est d’insister sur l’importance d’avoir un bon soutien-gorge, bien coupé et à la bonne taille pour rééquilibrer sa silhouette. Personnellement je n’ai que des soutien-gorge à armatures (sinon je trouve que ça ne sert à rien ; quant au risque d’engorgement j’en ai eu quelques uns mais toujours sur le dessus du sein donc à mon avis sans rapport) et j’aime bien aussi qu’ils soient un peu rembourrés : non que je cherche du volume supplémentaire mais ça donne un meilleur maintien, sans compter que c’est plus discret pour les coussinets (ou pour vos nouveaux tétons façon star de porno). On trouve encore très peu de choses en boutique, même si Vertbaudet et H&M s’y mettent doucement. Sur le net, outre MamaNANA on peut fouiller chez Sibellia (lingerie uniquement) et BellaMaman par exemple. Pas mal de sites de puériculture et de vêtements de grossesse ont aussi quelques trucs pour compléter sa commande.

Et vous, en voyez-vous d’autres ?

Photo : Source

Le lactarium

jeudi, avril 22nd, 2010

lactarium Les fidèles de ce blog le savent : j’ai un petit faible pour les séries télé, en particulier médicales, et notamment pour leurs beaux médecins. A force d’en regarder je m’imagine être moi aussi la super héroïne qui fait une trachéotomie d’urgence au restaurant avec un bic… Mais d’une part personne ne semble jamais avoir besoin d’un massage cardiaque (alors que je me suis coltiné un certain nombre de formations aux premiers secours) et puis d’autre part je ne vais pas souvent au restaurant. Sans compter qu’avec le fouillis qu’il y a dans mon sac à main, le temps que je mette la main sur ce foutu bic… Bref. Heureusement il y a d’autres moyens de jouer les super héros du quotidien. D’habitude j’essaie de donner mon sang (surtout s’ils viennent le chercher au boulot), mais ces derniers temps c’est impossible  (jusqu’au 6 mois du bébé je crois, sans compter que me pointer avec les deux poussins dans un centre de don de sang pourrait être comique). Alors en attendant je donne du lait.

En effet, les prématurés et les bébés atteints de certaines maladies ne supportent rien d’autre que le lait humain ; et comme leurs mères ne sont pas toujours en mesure de donner leur propre lait ils dépendent alors exclusivement des dons. En France, ces dons, anonymes et gratuits, sont collectés et gérés par les lactariums, qui dépendent d’institutions publiques ou d’ONG (comme la Croix rouge). Ils ont une compétence régionale, même s’ils sont assez inégalement répartis sur le territoire. Le lait est ensuite donné uniquement sur ordonnance médicale ; il est d’ailleurs intégralement pris en charge par la sécurité sociale. En effet, même si les donneuses ne sont pas rémunérées, la collecte et le traitement (analyses, pasteurisation…) du lait ont un coût ; au final le prix du lait humain est de 80 € le litre.

Qui peut donner ? Ne hurlez pas à la discrimination sexiste et à la pression culpabilisatrice sur les mères, mais aussi étonnant que ça puisse paraître il faut être une femme, avoir un enfant et l’allaiter. En outre il faut remplir certaines conditions médicales (un peu comme pour le don du sang) et posséder un congélateur où stocker le lait entre deux passages du collecteur. Et il est possible que certains endroits ne soient desservis par aucun lactarium. En pratique il faut en prime avoir un surplus de lait à donner, et selon les situations ce n’est pas le cas de tout le monde. Certaines femmes peinent déjà à satisfaire la demande de leur bébé, d’autres font des stocks en vue d’une prochaine reprise du travail… charité bien ordonnée commence par soi-même et il ne s’agit pas de priver son bébé pour nourrir ceux des autres ! Enfin il faut donner un minimum (afin de « rentabiliser » les frais de dossier etc) mais je n’ai pas réussi à savoir combien, cela dépend aussi peut-être du lactarium.

Concrètement si vous remplissez ces conditions vous pouvez alors vous adresser au lactarium le plus proche de chez vous. Dans mon cas c’est le lactarium d’Ile de France (et c’est donc leur façon de procéder que je vais décrire mais j’imagine qu’elle varie peu de l’un à l’autre). Un entretien téléphonique permet de vérifier que vous êtes éligible et un collecteur passe vous voir dans les plus brefs délais afin de vous remettre :

  • des flacons stériles pour recueillir le lait et des étiquettes
  • le matériel dont vous avez besoin pour recueillir le lait (tire-lait, coquilles…) selon votre demande
  • des pastilles de stérilisation
  • un dossier médical à remplir (à faire signer par un médecin ou une sage-femme, je l’ai apporté à ma visite des six semaines)
  • une ordonnance pour une prise de sang

En effet, une sérologie est effectuée tous les trois mois pour vérifier le statut infectieux des donneuses (VIH, hépatite B etc). Les analyses sont faites par le lactarium pour vous en éviter les frais, il faut donc confier au collecteur les tubes de sang (prélevé au maximum 48 heures à l’avance). Quant au matériel, pour ma part j’avais demandé un tire-lait électrique mais quand j’ai vu arriver le Kitet vintage simple pompage je l’ai vite rendu et je suis restée fidèle à mon petit Avent manuel qui est parfaitement adapté à la situation. Comme le lait est à destination de bébés déjà fragiles (prématurés et/ou malades), des conditions d’hygiène plus strictes s’appliquent et il est demandé de stériliser le matériel de recueil du lait (d’où les pastilles) et de se laver le sein au savon avant de tirer. Autant la première condition est à peu près facile à respecter (j’ai un grand saladier en plastique avec le bain de stérilisation dans la cuisine -pour info pas de contenant métallique car la solution est corrosive), autant je trouve la seconde plus compliquée. Du coup je tire mon lait peu après ma douche du matin sans relaver le sein (à un moment je le passais au brumisateur -celui qui me reste de l’accouchement…- mais je ne suis pas sûre que ça serve à grand chose). Si quelqu’un a un truc génial ne pas hésiter à le partager en commentaire !

Par ailleurs je trouve que je passe déjà beaucoup de temps topless dans la journée donc je tire un sein pendant que Pouss2 tète l’autre. Comme il ne tète plus beaucoup la nuit (béni soit-il), j’ai les seins bien pleins le matin. Je lui donne le sein déjà donné à la dernière tétée et comme ça l’autre, qui est plein comme une outre, coule plus ou moins tout seul (je suis une feignasse et mon tire-lait est manuel…). Ma production varie selon les jours mais cela me permet de récupérer 80 à 240 ml, ce que j’estime suffisant pour la journée. Et en m’installant bien avec le coussin d’allaitement j’arrive à garder une main libre pour téléphoner ou bouquiner. Bien sûr ce type d’arrangement ne convient pas à tout le monde ; il y a des bébés par exemple qui ne supportent pas que leur mère fasse autre chose pendant la tétée (y compris jouer du tire-lait donc). Il est aussi possible de tirer plusieurs fois dans la journée pour remplir le biberon de stockage (qui devra être congelé dans les 24 heures), mais personnellement je ne le fais que rarement, ne serait-ce qu’à cause de ces histoires de stérilisation. Le collecteur passe environ une fois par mois pour récupérer le tout et renouveler le matériel (biberons stériles, pastilles etc).

Enfin ne vous méprenez pas : ce n’est pas de l’altruisme. D’après mes propres calculs pifométriques j’ai estimé que le lait tiré pour le lactarium demande une dépense calorique pouvant être compensée par l’ingestion de trois carrés de Côte d’or aux amandes caramélisées avec une pointe de sel. Par contre je n’ai pas réussi à convaincre le lactarium de fournir le chocolat. Bref, pour reprendre une proposition de slogan pour une campagne d’appel aux dons (bizarrement non retenue) : « Mères, ne soyez pas vaches, donnez votre lait ! »

La nuit d’avant

lundi, avril 5th, 2010

lmaternite_litsidecar Encore un billet pour vous parler de lait, mais à ma décharge je baigne un peu dedans ces temps-ci. Promis pour les prochains je vais essayer de varier les plaisirs. Il s’agit d’un aspect très concret de l’allaitement mais sur lequel je n’ai pas trouvé grand chose : la nuit précédant la montée de lait. Pour Pouss1, j’étais encore à la maternité, jeune et naïve ; c’était sa deuxième nuit à l’air libre. Moi pleine de bonne volonté je l’allaitais donc à la demande, découvrant avec stupeur que mon bébé, s’il avait bien cinq doigts à chaque main et à chaque pied, devait probablement être pourvu de trois ou quatre estomacs. Mais cette nuit-là sa demande était quasiment continue. Heureusement l’auxiliaire de puériculture, appelée à la rescousse par la jeune poule en panique, m’a immédiatement rassurée : c’était un phénomène normal et passager qui voulait dire que la montée de lait arriverait le lendemain. Effectivement, le lendemain le colostrum avait été remplacé par du lait, et Pouss1 s’était un peu calmé. Pour Pouss2 ça n’a pas raté : il a tété facilement toutes les heures à sa deuxième nuit aérienne. Cette fois pas de panique, j’ai pris mon mal en patience, donné à la demande et telle la chèvre de M. Seguin attendu que le soleil le Coq se lève (nous étions déjà à la maison) pour lui refiler le bébé et dormir jusqu’à midi. Et l’après-midi le lait était là, et le poussin moins acharné au sein. Je dois dire que jusqu’ici, ayant eu deux gros bébés bons téteurs, j’ai accueilli la montée de lait avec soulagement car les quantités répondent plus facilement à la demande et comme ça coule facilement ils tètent moins fort.

Pourquoi est-ce que  je vous raconte tout ça ? Il me semble que c’est typiquement le genre de situation qui entraîne une jeune mère dans une spirale de doute sur son allaitement, et ce d’autant plus si elle est mal entourée et conseillée : « mon lait n’est pas assez bon/pas suffisant pour le bébé » « si c’est ça l’allaitement autant arrêter tout de suite ». Or cette demande acharnée (qui peut avoir lieu dès la deuxième nuit ou plus tard) est à la fois normale et transitoire (un peu comme pour les pics de croissance). Et dans mes nombreuses lectures sur l’allaitement, je n’ai jamais rien vu sur le sujet.

Que faire ? Dans l’idéal, il faut donner au bébé quand il réclame, afin de bien lancer la crèmerie. Cependant, nous ne vivons pas dans un monde idéal, et ça n’est pas toujours possible. On a le droit d’être fatiguée et de vouloir dormir plus d’une demi-heure à la fois ou encore d’avoir mal aux seins. Je dois dire que pour Pouss1,  j’ai accepté sans discuter la proposition de l’auxiliaire de puériculture de l’embarquer 2-3 heures avant de terminer la nuit tant bien que mal (elle lui a même proposé des compléments dont il n’a pas trop voulu… tout ce qu’il ne faut pas faire mais heureusement pour nous sans incidence sur la suite de l’allaitement). Il y a toujours la carte du petit doigt (peut être proposé par le père s’il est dans les parages -il y a maintenant des maternités où il peut rester dormir), voire de la tétine, mais pour cette dernière avec un risque d’interférence avec la succion (surtout si le bébé ne tète pas très bien). Il n’est pas recommandé de donner des compléments de lait artificiel, mais j’imagine qu’il y a des cas où cela peut rendre service sans compromettre l’allaitement (d’autant plus s’ils sont donnés à la pipette plutôt qu’au biberon). Prendre l’enfant dans son lit est aussi une bonne façon de répondre à sa demande sans trop se fatiguer ; on peut se rendormir pendant la tétée et cela évite de se lever sans cesse (surtout juste après l’accouchement). Si on s’assure que le lit ne comporte aucun risque de chute ou d’étouffement (et s’il n’y a pas d’adulte sous l’influence de psychotropes dedans), il n’y a pas de risque accru (voir ici par exemple). Ceci dit, il n’est pas obligatoire de répondre à la demande pour que la montée de lait survienne (d’ailleurs on donne un médicament pour l’empêcher aux femmes qui ne veulent pas allaiter) mais cela facilite le processus.

Cet article se basant beaucoup sur ma propre expérience (puisque je n’ai hélas pas trouvé grand chose sur le sujet), il serait très intéressant de savoir comment ça s’est passé pour d’autres : avez-vous constaté aussi une nuit de folie avant la montée de lait ? Si oui comment l’avez-vous gérée ? Et les bébés au bib ? Ont-il aussi été tout fous une nuit 2 ou 3 jours après leur naissance ?

Photo : l’allaitement des paresseuses ou comment préserver son sommeil

Pourquoi allaiter (ou pas)

lundi, mars 22nd, 2010

0125child7 Je ne vais pas vous refaire l’article des nombreux bienfaits de l’allaitement maternel, tant pour le bébé que pour la mère. Tout le monde les a entendus (sinon faites un tour à la Leche League), et soit vous allaitez et ça ne sert à rien de vous convaincre, soit vous n’allaitez pas et vous allez trouver ça culpabilisant. Il me semble aussi que ce n’est pas forcément ce qui joue le plus dans la décision d’allaiter ou pas : c’est si intime, si personnel. Je crois que c’est plutôt une question d’envie, de plaisir. Ainsi je vous propose de partager sur un mode plus personnel les petits trucs qui me plaisent et aussi ceux qui m’agacent dans l’allaitement.

Pourquoi j’aime allaiter :

  • Ne pas avoir à me lever la nuit pour faire des biberons et pouvoir me rendormir en cours de tétée
  • Avoir une bonne excuse pour faire du shopping : personnellement entre acheter une robe d’allaitement et acheter un chauffe-biberon, y a pas photo
  • Dépenser 500 calories de plus par jour sans bouger mes fesses du canapé, et admirer les cuissots dodus et autres triples mentons en me disant que c’est toujours ça de moins pour ma cellulite
  • Kit mains libres (une main libre, voire deux avec le coussin d’allaitement ou un porte-bébé) : pendant la tétée je peux bouquiner, manger, glander sur l’iPhone, etc (d’ailleurs ce billet a été en partie écrit pendant une tétée)
  • Avoir une bonne excuse pour ne rien faire : « Ah non désolée je ne peux pas ……………*, j’ai le bébé au sein »
  • Avoir trouvé le bouton « mute » : quand Pouss2 grogne et s’agite et que je n’entends plus ma série préférée, hop au sein et silence (oui c’est très mal, il mettra des années de psychanalyse à s’en remettre)
  • Ne pas avoir à réfléchir : suivre les quantités prises au cours du temps, savoir si un biberon est encore bon, etc. Il demande et je suis disponible : au sein.
  • Ne pas avoir besoin de faire pipi (ou presque) : quel agréable contraste avec la fin de grossesse !

Pourquoi ça m’énerve :

  • Tout repose sur moi, alors que je vois la parentalité comme une aventure à deux. Et je je ne nous reconnais pas dans les clichés sur la fusion mère – enfant avec le père en tiers séparateur ; pour moi les deux parents sont différents mais ont la même « importance » pour l’enfant (pas la mère à la place du Soleil et le père quelque part en orbite autour de Pluton).
  • Après neuf mois d’abstinence, je veux boire ET me resservir.
  • Un bébé qui s’énerve sur son biberon, c’est un peu agaçant. Un bébé qui s’énerve au sein : AAAAAÏÏÏEEEEE ! (j’appréhende l’arrivée des dents…).
  • J’ai parfois l’impression d’être une paire de seins sur pattes plus qu’une personne pour mon bébé et que toute tentative de câlin finit inévitablement par une tétée (or je préfère les câlins aux tétées, moi).
  • En lieu et place de seins j’ai une paire de pastèques qui ne rentre dans RIEN.
  • Les grosses fuites de lait : pas très fréquentes mais totalement imprévisibles et rien ne les arrête, trop glamour. Sans parler des montées de lait inopportunes, à croire que mes seins mènent une vie indépendante de la mienne.

Et vous ? Bien sûr ça marche aussi avec le biberon…

* remplir en fonction de la situation, par exemple, changer la couche pleine de caca du grand, faire la vaisselle…

Image : J’adore ce mode d’emploi imagé du bébé

La poule pondeuse enquête

jeudi, février 25th, 2010

TupperwareParty En ces temps de grand débat autour de l’allaitement (j’ai la flemme de vous faire une collection de 50 liens donc si vous ne voyez pas à quoi je fais allusion tapez « Elisabeth Badinter » dans Google…), et toujours prête à me dévouer pour la basse-cour, j’ai décidé d’en savoir plus sur La Leche League (LLL pour les intimes). Extrémistes et culpabilisateurs, voire nazis du lait maternel pour certains (et un point Godwin, un !), sauveurs d’allaitement pour d’autres, qu’en est-il réellement ?

Je pense qu’il faut déjà faire la part entre les différents rôles et actions de la célèbre association pour mieux comprendre. En effet, ayant pour but la promotion de l’allaitement maternel, c’est un lobby qui de ce fait a un message public général un peu stéréotypé. Je n’utilise pas le terme « lobby » de façon péjorative, ou dans une perspective de théorie du complot, simplement pour désigner une entité qui défend des intérêts particuliers (pas forcément à l’encontre de l’intérêt général) ; pour plus d’infos sur ce terme voir sur wikipédia. Je comprends que ce message puisse heurter certains (la fameuse limite information/culpabilisation) mais cela ne me choque pas qu’un groupe exprime ses idées dans une démocratie, d’autant plus que dans ce cas c’est généralement basé sur des études scientifiques, sans but lucratif et à peu près dans le sens de l’intérêt général.

Passons au cœur de métier de l’association : le soutien direct aux mères souhaitant allaiter. Cela passe par la constitution et la mise à jour d’un important fonds documentaire, que chacun peut consulter sur le site web, et bien sûr par l’intervention des animatrices, par téléphone (il y a une hotline ouverte 7 jours sur 7 !) ou en personne. On peut soit consulter une animatrice pour un problème particulier et pressant, soit se rendre à une réunion. N’ayant pas de problème particulier pressant justifiant de déranger quelqu’un, j’ai choisi d’aller à une réunion, que j’ai sélectionnée selon des critères purement géographiques.

Afin de me fondre parfaitement dans la masse, j’ai mis Pouss2 en couche lavable dans ma belle écharpe allemande au nom imprononçable que j’ai nouée de mon plus beau kangourou, emballé le tout dans mon beau manteau et roule ma poule. Au total, j’ai retrouvé une dizaine de mères dans l’appartement de l’animatrice. Autant vous le dire tout de suite, j’ai été séduite. Beaucoup de tolérance, d’ouverture, et une ambiance très sympathique. L’animatrice a commencé par expliquer que LLL accompagnait tous les projets d’allaitement, quels que soient les envies et les besoins (y compris les sevrages par exemple), et que peut-être certaines pratiques nous paraîtraient étranges mais qu’il fallait prendre ce qui nous convenait et laisser le reste. Le principe de la réunion est simple : chacune se présente et expose ses problèmes et questions. Les autres partagent leur expérience et l’animatrice apporte ses connaissances « techniques » (aide pratique à une mère qui n’arrive pas bien à mettre son bébé au sein, quantités moyennes de lait bues par un bébé selon l’âge, etc). Aucun diktat, aucune solution toute faite n’est imposée ; les femmes qui ont rencontré une situation similaire expliquent comment elles s’en sont sorties (ou pas), et celle qui a posé la question y prend ce qui lui convient. En fait ça ressemblait pas mal à la basse-cour (sauf que je suis beaucoup plus bavarde que l’animatrice).

Au delà des problèmes de bébés qui ne prendraient pas assez de poids (devinez qui est la seule mère indigne dont le poussin n’a pas été pesé depuis la naissance ?), j’ai été frappée de constater que la requête la plus récurrente concernait le tirage et le stockage de lait. La phrase typique : « J’aimerais bien pouvoir sortir plus de deux heures ». Comme quoi l’allaitement n’empêche nullement les femmes de vouloir prendre l’air (et d’y arriver…).

Par contre il n’y avait aucun père (j’ai l’impression qu’ils ne sont pas conviés mais corrigez-moi si je me trompe). D’un côté je pense que cela permet aux femmes de s’exprimer plus librement et aussi très prosaïquement d’être plus à l’aise pour allaiter (parce qu’évidemment il y a toujours au moins un bébé en train de téter). De l’autre c’est dommage de renforcer cette impression que l’allaitement exclut le père. Je peux vous dire que ce n’est pas vrai, et je l’ai vu de mes yeux : un père peut faire mille autres choses que nourrir pour créer un vrai lien avec son enfant, et pas que changer des couches. Bien sûr il y a le bain et les soins variés (cordon, mouchage…), mais il y a aussi le portage, le matelas en peau de papa, donner son petit doigt à téter, faire les cent pas pour aider bébé à s’endormir en lui chantant des chansons. Peut-être faire aussi des réunions pour les pères ? (ceci dit je suis pour ma part certaine que le Coq n’y mettrait jamais les pieds)

Alors bien sûr j’ai vu une seule réunion d’un seul groupe avec une seule animatrice, ce qui est un peu juste pour faire des généralités, mais j’ai trouvé qu’on était bien loin de l’image sulfureuse que l’association traîne ces temps-ci. Il me semble plus que probable qu’il y ait -comme partout- des gens bien et des gens moins bien à LLL, qu’il y a bien sûr une part de chance pour tomber sur quelqu’un avec qui on accroche ou au contraire une personne avec qui ça ne se passe pas bien du tout. Mais il faut tout de même rappeler que les animatrices sont des mères bénévoles dont la motivation principale est d’aider d’autres mères, et qu’a priori si on a affaire à elles c’est qu’on est venu les solliciter parce qu’on a un minimum l’envie d’allaiter. Et si ça se passe mal, rien n’oblige à rappeler ou à y retourner. Dans une société où les préjugés et les idées reçues sur l’allaitement sont monnaie courante, y compris au sein des professionnels de santé, il me semble qu’une association de ce type comble un manque de façon appréciable. Enfin s’il est possible d’adhérer à l’association pour 25€, cela n’est nullement obligatoire pour bénéficier de conseils généralement avisés (et le contenu du site est également en accès libre). On peut aussi acheter des livres, revues et porte-bébés, mais là encore la pression marketing est largement supportable.

Il me semble donc qu’une association de ce type constitue une ressource précieuse pour une femme qui souhaite allaiter (évidemment si ce n’est pas le projet ça a moins d’intérêt), surtout si elle n’en a pas l’expérience et n’a pas dans son entourage de personne susceptible d’être de bon conseil. Globalement ces groupes de parole et de soutien entre parents peuvent être extrêmement bénéfiques. Et n’oublions pas que si LLL est l’association la plus proéminente, il en existe d’autres comme Solidarilait, sans compter les associations locales et celles tournées vers la parentalité en général (et pas seulement l’allaitement) : n’hésitez pas à prospecter autour de chez vous.

(Photo : J’avoue que ça m’a un peu fait penser à une réunion Tupperware…)

Vu sur le web

mercredi, mai 27th, 2009

internet Bon c’est la honte. Je ne publie plus, mes stats sont en chute libre. J’ai des idées pourtant, mais pas beaucoup de temps ni d’énergie et je n’arrive pas à les arranger comme je le voudrais. Mais ça va revenir, ça va revenir (méthode Coué). En attendant un article plus substantiel, je voulais partager ces trouvailles :

  • chez Maman travaille, un super jeu La revanche des mamans. Comment faire le tri dans les conseils foireux d’allaitement (je ne sais juste pas pourquoi ils font une fixette sur allaitement et myopie), et surtout comment employer Belle-Maman à bon escient (va changer les draps, passe l’aspirateur, etc) ou faire bosser son Coq (va donner à manger à bébé, changer la couche, etc). Voilà qui devrait occuper de façon sympathique un vendredi après-midi au boulot (pas besoin du son) en changeant un peu des yétis et pingouins… (mais non vous n’êtes pas obligée d’attendre vendredi)
  • Plus sérieux, vous trouverez ici une vidéo assez bien faite expliquant l’allaitement, qui montre notamment la bonne position du téton dans la bouche du bébé (et son extension, trrrrrrès impressionnante si on ne l’a jamais vue). Les commentaires sont en anglais mais certaines images sont assez parlantes et il y a la transcription un peu plus bas sur la page. Si besoin n’hésitez pas à demander le sens de tel ou tel mot en commentaire.
  • Encore plus sérieux, et même si ça ne concerne probablement pas la majorité des lecteurs de ce blog, le site Infos Parents Ados pour l’accompagnement des grossesses adolescentes. Plein de bon sens, d’humanité et de compassion, une mine pour les personnes concernées.

(Photo : Flickr)