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Parents, pensons la réforme des rythmes scolaires ensemble

mercredi, janvier 23rd, 2013

Aujourd’hui je relaie avec intérêt l’initiative lancée par quatre blogueurs pour remettre à plat la réforme des rythmes scolaires, sous la forme d’une tribune commune (à la rédaction de laquelle je n’ai malheureusement pas eu le temps de participer). Personnellement je suis un peu perplexe de constater que d’un côté les détails de la réforme restent flous et que de l’autre on nous annonce d’ores et déjà sa mise en oeuvre à la rentrée 2013, au moins à Paris. Merci donc à Nipette, Doudette, Libelul et Mauvais Père pour cette belle initiative. Vous pouvez aussi suivre toutes les infos en direct sur le site Parents ensemble ainsi que sur la page Facebook du collectif (je crains de manquer de temps pour tout relayer).

Nous sommes parents.

Nous sommes inquiets.

En maternelle et en élémentaire, le passage à la semaine à 4,5 jours doit être mis en œuvre dès la rentrée 2013, soit dans 9 mois. A ce jour, l’information dont nous disposons est parcellaire et contradictoire. Le projet tel qu’envisagé ne nous semble pas à la hauteur des enjeux.

Nous croyons cette réforme nécessaire et en partageons les objectifs, à savoir mieux apprendre et favoriser la réussite scolaire de tous. Depuis 2008, les écoliers français ont le nombre de jours d’école le plus faible des 34 pays de l’OCDE et de fait des journées plus longues et plus chargées que la plupart des autres élèves dans le monde. Cette situation est préjudiciable et doit être revue.

Cependant, le projet de réforme qui nous est présenté ne nous semble pas répondre à ces objectifs. Le choix de l’organisation sera à la discrétion des municipalités. On risque de se retrouver avec des communes où les enfants auront cours le samedi, d’autres le mercredi, d’autres encore auront une pause de midi allongée, d’autres finiront plus tôt et auront une période d’études/garderie plus longue, etc. Les moyens mis en œuvre dépendront essentiellement du budget des communes. Impossible, dans ces conditions, d’imaginer que cette réforme soit facteur d’égalité entre tous les enfants de France, quel que soit leur lieu de résidence et leur établissement scolaire. Il appartiendra aux municipalités de faire un choix et d’en répondre devant les électeurs en 2014.

Nous espérions qu’à l’occasion de la réforme des rythmes scolaires, la place des arts, de la culture, des langues et du sport, etc. serait au cœur des préoccupations. Or, l’opacité des moyens à mettre en œuvre, l’augmentation du nombre d’enfants par animateur dans le temps périscolaire ainsi que la place choisie par les mairies pour ce temps (notamment à l’heure du déjeuner) vont diluer ces espoirs de diversification et de renforcement de ces enseignements.

Nous espérions également que cette réforme porterait sur l’intégralité du rythme scolaire, y compris le découpage entre vacances et classe et notamment la durée des grandes vacances. Force est de constater qu’il n’en est rien.

Nous sommes déçus et inquiets et rejoignons ainsi bien des enseignants. Nous craignons que l’augmentation du temps périscolaire sans réflexion quant à son contenu ni quant aux moyens de mise en œuvre fasse de ce temps un temps de désœuvrement organisé… Cela irait encore une fois à l’encontre de l’objectif de la réforme.

Afin de préserver le symbole de la demi-journée de cours supplémentaire, Il est essentiel de ne pas sacrifier les apprentissages, de ne pas perdre cette opportunité historique d’accroître l’égalité des chances des enfants face aux activités artistiques et sportives en créant du temps de garderie. Cela n’apporterait rien aux enfants, dévaloriserait un peu plus l’école et la fonction des enseignants et  remettrait en question l’organisation des familles.

Nous devons à nos enfants une réforme ambitieuse.

Citoyens connectés, blogueurs, parents, nous avons reçu de nombreux retours d’autres parents qui partagent nos inquiétudes et ne se sentent pas représentés.

Nous demandons à être entendus.

Prenons le temps de réformer l’école ensemble.

8alamaison , Agathe VANDAME , Aimé BlumenternAllo Maman Dodo , Annabelle , Audrey, Madame Koala ,Aymeric Marlange , Béalapoizon , Bettina Brouard , Buhot Stéphanie , Carole Nipette , Caroline , Ces Doux moments ,  Chiawaze , Ciloubidouille , Claire Hoenen , Colombe , Cranemou , Cynthia , David Beck , Delphine Gagnon , Doudette , Estelle Peralta , Expressions d’enfants , FashionMama , Florence , FlorenceMKoenig , Gaëlle Picut , Gauthier Vranken , Ginie Femmesweetfemme , Harmony Rouanet , Henry le Barde , Isabelle Duvert , Jane Gueneau aka. Libelul , Julesetmoa , Julie B , Julie Dessagne , Julien , Juliette Merris , Karine Un bébé pour mes 30 ans LN moitoutetrien ,Lulu From Montmartre , Lydiane Le Roy , M Delobel , Madame , Madame Parle , Madame Zaza of Mars , Madame Ziadeh , Maman nanou , Mamanwhatelse , Marc Guidoni , Marie-Gwénaëlle Chuit , Marlène Schiappa , Mauvais Père , Mazzhe , Michaëla Avventuriero , Michèle, Maman on bouge , Missblogdel , MissBrownie , Naddie , Nadine A , Nicolas Gilbert @zegilbos Pourquoisecompliquerlavie , Sabine , Samuel Lamotte d’Incamps , Sandra Elle , Sandrine Donzel , Sophie Reynal , Tetedeblog , Till the Cat , Unperfect mum , Voilapapa , Yusaku (Père de 3 enfants)

La garde d’enfant à domicile

jeudi, décembre 1st, 2011

Même si elle évoque immanquablement les classes sociales les plus huppées, c’est souvent le dernier recours des familles n’ayant trouvé de place ni en crèche ni chez une assistante maternelle. Elle peut être assurée à titre gracieux par un proche (souvent la grand-mère) mais aussi par un-e employé-e de maison, généralement appelé-e nounou (c’est ce dernier cas que nous détaillerons ici). Alors que les assistant-e-s maternel-le-s doivent être agréé-e-s, il n’y a aucun cadre réglementaire spécifique à la garde d’enfant à domicile, hors bien sûr le droit du travail et la convention collective des salariés du particulier employeur. Pour limiter le coût, il est fréquent de procéder à une garde partagée, où une même personne garde les enfants de deux familles, en alternant entre le domicile de l’un et le domicile de l’autre.

Quels sont les avantages ?

  • Respect du rythme de l’enfant : pas besoin de se bousculer pour partir le matin, continuité du cadre et de la personne
  • Pas de trajet : qui a déjà goûté la course pour récupérer les enfants dispersés dans toute la ville en respectant des horaires parfois militaires (« sinon vous irez le chercher au poste ») voit bien l’intérêt.
  • Souplesse d’organisation : vous pouvez négocier de rentrer plus tard, et même de sortir, en gardant la nounou comme baby sitter ; pas de problème pour garder un enfant malade. Si vous avez un (ou plusieurs) aîné(s), vous pouvez négocier leur garde en cas de grève de l’école, voire les mercredis (à négocier aussi avec l’autre famille si c’est une garde partagée). C’est généralement le mode de garde le plus flexible pour les horaires atypiques. S’occuper des enfants est une activité à plein temps, mais vous pouvez toujours essayer de négocier quelques menus travaux d’entretien avec la personne (repassage pendant la sieste ?). En tout cas la personne doit maintenir en l’état la zone où elle s’occupe des enfants.
  • Meilleure maîtrise du cadre : comme c’est chez vous, vous savez ce qu’il y a dans le frigo (pratique notamment si vous voulez que les enfants mangent bio, ou en cas d’allergie), quels sont les produits d’entretien utilisés (l’assmat qui accueillait Pouss1 avait un diffuseur électrique de parfum chimique, beuuuurk), quels jeux (garantis non toxiques), qui vient (ou pas), à quelle fréquence le ménage est fait, etc

Et les inconvénients ?

  • Lourdeur administrative : même si le site Pajemploi encore une fois vous aidera bien (vous pouvez payer les cotisations sociales par prélèvement automatique et le laisser éditer les bulletins de salaire), priez pour ne jamais avoir d’arrêt maladie (un simple coup d’oeil au formulaire d’attestation de salaire suffira à vous donner des sueurs froides ; je ne comprends d’ailleurs pas pourquoi un tel document ne peut pas être édité automatiquement avec Pajemploi). Pensez aussi à vérifier votre assurance.
  • Coût important : limité par le partage de l’employé-e avec une autre famille ; vous bénéficiez également du complément du libre choix du mode de garde de la CAF, d’un crédit d’impôt et parfois d’une aide supplémentaire, généralement par le conseil général (Bébédom dans le 92, Papado à Paris, par exemple)
  • Stabilité à long terme : il n’est pas toujours facile de retenir la personne, et si vous faites une garde partagée cela implique d’avoir à tout moment une famille avec qui partager et une nounou ; les personnes employées en périscolaire sont particulièrement volatiles
  • La confiance : vous confiez à cette personne votre enfant et votre maison, ça n’est pas rien ! Et plus prosaïquement cela vous demande d’être à peu près ordonné (pas terrible si elle tombe sur votre petite culotte qui traîne ou sur votre dernier avis d’imposition). Enfin quand vous rentrez chez vous vous ne maîtrisez pas toujours le moment où elle s’en va (du vécu, ahem).
  • L’ennui : à partir de 18 mois environ, il faut que la personne ait suffisamment de ressources pour éviter que l’enfant ne s’ennuie trop. On peut aussi panacher avec une halte-garderie pour limiter le problème.
  • Le matériel : la crèche comme l’assmat fournissent les jeux et le matériel ; si vous êtes en garde partagée cela implique pas mal d’investissement, par exemple pour doubler le matériel de base chez l’un et l’autre (lit, transat, chaise haute…), voire l’achat (et le stockage, particulièrement critique à Paris) d’une poussette double. Il faudra peut-être aussi procéder à quelques réaménagements pour le confort et la sécurité des enfants (et vous aurez ainsi la joie de vivre dans une déco « crèche », en espérant que ça devienne LA tendance 2012 après tous ces trucs épurés design).

Comment trouver quelqu’un ? Il y a bien sûr le bouche à oreille et les petites annonces chez les commerçants du quartier ; des sites web, comme nounou nature ou nounou top ; des agences de placement (où vous paierez une commission ; voir ici la liste des organismes agréés). N’hésitez pas non plus à vous renseigner auprès des structures de la petite enfance de votre coin (services municipaux, relai d’assistantes maternelles, PMI…). Si vous cherchez une personne à temps partiel (notamment pour prendre les enfants à la sortie de l’école), vous pouvez également contacter le CROUS proche de chez vous. En région parisienne vous pouvez déposer votre annonce ici. Paradoxalement, c’est par ce biais que nous avons trouvé notre nounou actuelle, qui n’est pas étudiante mais retraitée… Pour info, les tarifs habituellement pratiqués sont (en net horaire) : 8€ pour un enfant, 9 € pour deux, 10 € pour trois et 11€ pour quatre (pour plus ils n’ont rien dit…). Pour trouver une famille avec qui partager la nounou, outre l’habituel bouche à oreille, vous pouvez spammer les boîtes aux lettres du quartier (quitte à prendre un mail exprès pour l’occasion, voire une carte SIM sans abonnement dédiée).

Pour vous aider dans le recrutement : il y a certaines questions et certains critères que vous pouvez reprendre dans le billet sur les assmat. Pour notre part nous étions moins exigeants pour quelqu’un qui ne garde les enfants « que » 2h30 par jour : étant suffisamment stimulés l’un à l’école et l’autre à la crèche, nous ne cherchions pas forcément la réincarnation de Maria Montessori. Et puis autant vous dire que pour un temps partiel on ne se bouscule pas au portillon. L’amie Nashii a écrit quelques billets bien documentés sur le sujet il y a quelque temps déjà, que vous trouverez ici, ici, et .

Enfin il y a aussi la possibilité de prendre quelqu’un au pair, si vous avez une chambre de rab et habitez dans ou près d’une ville relativement attractive (ces conditions vous paraissent-elles contradictoires ?). Plus de détails sur ce type d’arrangement auprès de l‘Union française des agences au pair.

Ce billet clôt le dossier sur les modes de garde (voir aussi l‘assistant-e maternel-le et la crèche). Merci à tous pour vos commentaires qui illustrent bien la diversité des besoins et des réponses possibles !

Image : Certes il n’y a pas besoin d’agrément pour être nounou à domicile mais il semblerait qu’il faille a minima être humain.

La crèche

mercredi, novembre 30th, 2011

En cette saison de crèche, parlons aujourd’hui des modes de gardes collectifs. « La crèche » recouvre en effet plusieurs types de structures :

  • les crèches publiques, généralement municipales ou départementales
  • les crèches d’entreprise (ou interentreprises), encore rares
  • les crèches associatives
  • les crèches privées (à but lucratif)
  • les crèches parentales (gérées par les parents et où il faut donc mettre la main à la pâte)
  • les microcrèches (avec 10 enfants ou moins)
  • les crèches familiales (voir le billet sur les assistantes maternelles)

Sans parler des halte-garderies, qui proposent un accueil à temps partiel des enfants, parfois dans des structures à part, parfois au sein des crèches, ou des jardins d’enfant, dont on a beaucoup parlé au moment de leur récente création mais personnellement je n’en ai pas vu ni ne connais quelqu’un qui y mette son enfant… N’hésitez pas si c’est votre cas en commentaire !

L’encadrement des enfants y est assuré par des personnes ayant obtenu l’un de ces trois diplômes :

  • éducateur/trice de jeunes enfants
  • infirmier-e en puériculture puéricultrice
  • auxiliaire de puériculture

On y trouve également du personnel de soutien : secrétaire, cuisinier-e, linger-e, personnel de ménage… ainsi qu’à temps partiel un médecin et un psychologue. Ajout suite à commentaire : jusqu’à 25% du personnel peut avoir un CAP petite enfance voire ne pas avoir de diplôme en lien avec la petite enfance.

Quels sont les avantages de la crèche (et des structures collectives en général) ?

  • La confiance : avec la présence permanente d’une équipe, les dérapages d’une personne sont peu probables
  • L’aménagement : tout l’espace a été généralement conçu pour les enfants, qui peuvent donner libre cours à leur soif d’exploration sans être confrontés à des interdits incessants
  • L’équipement : tout est prévu pour que les enfants passent un bon moment et ne s’ennuient pas, que ce soient les transats, chaises hautes etc, mais aussi les jeux et activités d’éveil. En outre les éducateurs-trices de jeunes enfants sont là pour préparer des activités d’éveil parfaitement adaptées au niveau de développement des petits.
  • La rigueur : en général les normes d’hygiène sont plus strictes que pour une personne seule, sans compter que les repas sont souvent planifiés au plus près des recommandations en vigueur.
  • Les autres enfants : en particulier la dernière année (vers deux ans) où les enfants sont plus intéressés à jouer ensemble.
  • Gestion administrative légère (sauf si vous êtes en crèche parentale) : pas de bulletin de paie, pas de gestion du personnel (maladie, congé maternité…). Par contre dans les structures publiques il y a régulièrement des grèves.
  • Faible coût pour les personnes à bas revenu (c’est le plus souvent indexé sur le quotient familial donc peu intéressant financièrement si vous avez un revenu plutôt élevé, d’autant plus que la crèche n’ouvre en théorie pas le droit au complément de libre choix du mode de garde de la PAJE). Les sommes dépensées donnent droit à un crédit d’impôt (plafonné à 2300€ de dépenses par enfant soit 1150€ de crédit d’impôt).

Evidemment il y a aussi des inconvénients :

  • Une équipe qui tourne : cela n’est pas optimal pour l’enfant qui a besoin de repères et de figures d’attachement stables (cependant les crèches tentent généralement de limiter cela avec un système de référentes notamment). Et il y a généralement des personnes avec lesquelles vous accrochez plus ou moins.
  • Les maladies : la crèche est un véritable incubateur où votre enfant pourra attraper les maladies des copains mais sera cependant exclu le jour où il voudra en refiler à son tour. En outre vous serez fortement incités à consulter au moindre pet de travers sous peine d’exclusion (j’ai du insister lourdement pour que les trois crottes d’oeil de Pouss2 ne soient pas directement classées en conjonctivite). En bref, la crèche est un peu la pelle qui creuse le trou de la sécu. Vous avez intérêt à disposer de jours enfant malade. Voir aussi cet ancien billet sur les règles d’éviction de la collectivité.
  • Les horaires : pas toujours compatibles avec les vôtres, même si certaines crèches tentent de s’adapter aux horaires atypiques. Il vaut mieux avoir une certaine flexibilité (ou un mode de garde secondaire : nounou, grand-parent ou autre -ici nous avons une nounou à domicile à partir de 16h30, puisque la crèche ferme à 18h15).
  • Les autres enfants : leur nombre est souvent trop important pour de si jeunes enfants, qui au mieux arrivent à jouer un peu à deux ou trois. En outre le ratio adulte-enfant n’est pas toujours très favorable (1 adulte pour 8 enfants, modulé en fonction des âges : 1 sur 5 pour ceux qui ne marchent pas). Et il faut arrêter avec le mythe qui veut que la socialisation passe par la fréquentation d’un grand nombre d’enfants : ce sont les adultes les principaux « socialisateurs », les enfants ne pouvant par essence pas s’apprendre mutuellement quelque chose qu’ils ne maîtrisent pas.
  • Une certaine rigidité dans la prise en charge : cela dépend beaucoup des structures, mais ce sera plus ou moins facile (voire impossible) si vous voulez que votre enfant boive votre lait (et de façon générale suive un régime alimentaire particulier hors allergie avérée médicalement) ou porte des couches lavables (ici après un an où Pouss2 arrivait en lavables -la crèche fournit les couches dans la journée- on nous a demandé de l’emmener en jetable car trop compliqué de le changer systématiquement avant midi !). Le nombre d’enfants à gérer fait que le personnel n’a pas toujours la possibilité d’accompagner les enfants dans le sommeil ou de les porter à la demande (j’ai été cependant très agréablement surprise par la nôtre qui est très en pointe sur ces sujets). Et par exemple dans notre crèche les bébés (la première année) profitent peu du jardin car étant à l’étage il est compliqué de les descendre et de les remonter.
  • Et bien sûr le manque de places : il est notoirement difficile de bénéficier du précieux sésame. Renseignez-vous bien car selon les lieux et les structures vous pourrez postuler plus ou moins tôt (à Paris par exemple c’est à partir de 6 mois de grossesse).

En outre, chaque type de structure aura des avantages et des inconvénients propres. Ainsi on parle beaucoup des crèches d’entreprise ; pour ma part même si ma boîte en ouvrait une je n’y demanderais pas de place. En effet, d’une part je me vois mal imposer à mon fils quasi deux heures de transport quotidiennes, dans le métro aux heures de pointe, et d’autre part je ne travaille pas toujours au bureau (réunions, séminaires, déplacements…) : que faire dans ce cas, d’autant plus que le boulot du Coq est géographiquement diamétralement opposé ? Evidemment je ne doute pas qu’il y ait des familles pour qui cela fonctionne(rait) parfaitement mais qu’on ne présente pas cela comme LA solution au problème des places en crèche (et des modes de garde de façon générale).

Pour finir un petit mot sur les halte-garderies. Elles ont vocation à n’offrir qu’un accueil à temps partiel, pour les enfants gardés à la maison (que ce soit par un de leurs parents ou par une autre personne) ou par une assistante maternelle. Là encore l’offre est assez inégale selon les endroits. J’ai testé pendant mon congé parental pour Pouss1 (qui n’avait pas tout à fait trois ans), la structure était super pour lui et totalement pas pratique pour moi. Il n’était pris que pour des créneaux de trois heures max (sachant que c’était à un bon 1/4h à pied de chez nous… sans compter le temps de préparer les enfants pour partir), pas de sieste possible l’après-midi. Et je ne pouvais réserver les créneaux qu’une semaine avant. Autant vous dire que le ratio temps gagné sur énergie dépensée ne m’était pas très favorable. Cependant il existe une myriade de possibilités différentes selon les structures. Il me semble essentiel de ne pas négliger le développement de ce type d’accueil, pour soulager les parents en congé parental et faciliter la recherche d’emploi (ou la création d’entreprise, ou toute autre forme d’activité extra-familiale). L’idéal étant de pouvoir à la fois bénéficier de créneaux fixes autour desquels s’organiser mais aussi de jokers en cas d’imprévu. Quand on a plusieurs enfants, la possibilité de ne pas devoir aller toujours partout avec l’ensemble de la marmaille est assez appréciable.

(Ce billet fait partie du dossier sur les modes de garde ; voir ici celui sur les assistantes maternelles)

Image : La crèche, c’est comme Vegas : Ce qui se passe à la crèche reste à la crèche…

L’assistant-e maternel-le

mardi, novembre 22nd, 2011

Qu’est-ce qu’une assistante maternelle (ou assmat’ pour les intimes) ? D’après Wikipédia :

En Belgique et en France, les nourrices ont un statut particulier qui s’appelle assistante maternelle et qui nécessite un agrément et une formation spécifique. Une assistante maternelle accueille chez elle ou en regroupement (maison d’assistantes maternelles) de manière non permanente, et moyennant rémunération, un ou plusieurs enfants dont les parents travaillent ou sont à la recherche d’un emploi. C’est en France le mode de garde le plus employé, par choix ou par nécessité mais ce n’est que récemment que cette profession a été organisée dans un cadre statutaire précis.

Cette appellation est scandaleusement sexiste, et franchement quitte à avoir une périphrase aussi ampoulée on pourrait au moins dire assistant parental. Je vais d’ailleurs l’utiliser dans la suite du billet, tiens (même si je dirai beaucoup « elle » car ne nous voilons pas la face, ce sont surtout des femmes).

Je ne parlerai que de la situation française, ne connaissant pas les particularités des assistants parentaux d’outre-Quiévrain. Dans l’Hexagone (et ses îles…) c’est la Protection maternelle et infantile (PMI) -laquelle dépend du Conseil général, soit le département- qui délivre les agréments et en organise le suivi. C’est donc normalement là que vous pouvez obtenir le précieux sésame, à savoir la liste des assistants parentaux ayant au moins une place de libre, avec leurs coordonnées (voir sinon la mairie et le relais des assistantes maternelles local). Le choix d’un assistant parental n’obéissant pas à une sectorisation géographique, vous pouvez très bien chercher à proximité de l’école du grand, de votre boulot, ou toute autre localisation qui vous arrangerait mieux. Il faut savoir qu’un des critères importants pour obtenir l’agrément est celui de la taille du logement : dans les endroits où l’immobilier est cher, les nounous sont plutôt dans les HLM et les moins beaux quartiers (si vous avez un grand appartement dans le 6ème arrondissement, en général vous n’êtes pas assistant parental…). L’agrément étant délivré pour un nombre d’enfants donné (de 1 à 3, voire 4 avec dérogation), cela va notamment dépendre de la surface disponible pour les accueillir.

Quels sont les avantages d’un assistant parental (par rapport à un autre mode de garde) ?

  • Un seul référent pour l’enfant
  • Interactions possibles avec d’autres enfants d’âges différents, un peu dans le style d’une fratrie
  • Bon respect du rythme de l’enfant
  • Souplesse d’organisation : généralement plus arrangeant sur les horaires, et peut prendre un enfant (pas trop) malade
  • Pas forcément si cher que ça  : plus les revenus du foyer sont élevés, et plus c’est financièrement intéressant (cela peut même être inférieur à la crèche, dont les tarifs sont généralement indexés sur le quotient familial). Voir un peu plus bas pour les détails

Les inconvénients :

  • Il faut bien tomber/choisir, car difficile de savoir ce qui se passe dans la journée. Et les histoires plus ou moins épouvantables ne sont pas rares, ce qui n’aide pas les parents à avoir confiance.
  • Pour la dernière année (2-3 ans) c’est souvent moins stimulant pour l’enfant ; on peut envisager de mixer avec une halte-garderie pour compenser mais c’est souvent mal accepté par la nounou à qui ça entraîne une baisse de revenu (sans compter que la halte-garderie prend généralement pour une demi-journée donc il faut gérer le transfert).

Bien entendu, chaque famille a ses priorités en termes de critères de choix mais voici quelques questions à (vous) poser. C’est à chacun de voir ce qui est éliminatoire ou pas, la liste vise juste à vous aider à prendre une décision informée.

  • Est-ce que la personne parle bien français ? Les enfants se débrouillent toujours pour comprendre et se faire comprendre, mais vous ? C’est important de pouvoir communiquer sereinement avec la personne qui garde votre poussin 10 heures par jour. Et si elle doit appeler les secours et qu’on ne comprend pas bien ?
  • Demander si elle fume et si elle a des animaux (les chiens de catégorie 1 sont normalement rédhibitoires pour l’agrément), même si bien sûr c’est à vous de voir si ce sont des critères éliminatoires.
  • A-t-elle des enfants, de quel âge ? Si elle a des jeunes enfants d’âge scolaire (maternelle ou primaire), cela peut vouloir dire des aller-retour à l’école qui imposeront des sorties supplémentaires à votre poussin, indépendamment de son rythme (un collègue avait trouvé son fils seul dans la voiture de la nounou sur le parking de l’école… il n’y est plus retourné !). Voir aussi si elle accueille un ou plusieurs enfants en périscolaire. La nôtre avait des enfants ados, du coup on les utilise comme baby-sitters, c’est très pratique.
  • Comment est la pièce où elle se tient avec les enfants ? Quelle est sa taille ? Est-elle lumineuse ? Sécurisée ? Y a-t-il beaucoup de meubles (donc pas beaucoup de place pour crapahuter) ? Quel est le revêtement du sol ? Y a-t-il beaucoup de déco et de bibelots (donc beaucoup de trucs interdits de toucher) ? Quelle est la place de la télé ? Est-ce propre et rangé ? Attention trop propre et trop rangé peut aussi vouloir dire que les enfants n’ont rien le droit de faire. Vous n’avez pas à visiter tout l’appartement mais demandez à voir au moins la pièce pour dormir et la cuisine (surtout si c’est la nounou qui prépare les repas). Jetez aussi un œil au matériel (lits, poussette, jeux, transats…).
  • Essayez de la voir quand elle est avec les enfants dont elle a la garde, cela permet d’avoir une idée plus réelle de la façon dont elle gère leurs sollicitations. Vous pouvez aussi aller observer incognito les assistants parentaux du quartier dans leur habitat naturel : le parc du coin.

D’autres questions à poser :

  • Demander la description d’une journée type est souvent peu informatif (de toute façon ça dépend normalement du rythme des enfants, de la météo etc) mais c’est une bonne façon de lancer la conversation. Vous pouvez vous enquérir de la fréquentation éventuelle d’un relais d’assistantes maternelles (RAM), d’une maison verte ou toute autre structure de ce type.
  • Demander la façon dont elle gère les difficultés les plus courantes : bébé qui pleure, qui ne veut pas s’endormir dans son lit, enfant qui ne veut pas manger, désobéissance, crise, etc. Donne-t-elle des fessées, des tapes ? Accepte-t-elle d’endormir un bébé dans les bras ?
  • Abordez rapidement vos « particularités« , surtout si elles sont incontournables pour vous : peut-elle donner votre lait ? quels aménagements dans les repas si l’enfant est allergique (ou soupçonné de l’être) ? quels produits sont utilisés pour le change ? accepterait-elle les couches lavables (apporter un exemplaire de démonstration pour rassurer) ? Pour info le site nounou nature recense des assistants parentaux (et nounous à domicile) favorables à des pratiques plus alternatives.
  • Il faut savoir que la plupart des assistants parentaux préfèrent que ce soient elles qui fassent les repas car les frais de nourriture (souvent autour de 3-4€ par jour de garde) sont apparemment rentables. Du coup elles recourent rarement aux petits pots qui sont trop chers et font généralement elles-mêmes. Par contre ce n’est pas souvent bio, mais vous pouvez toujours poser la question.
  • Bien entendu il faut parler sousous (dans la popoche) mais dans mon expérience il n’y en a pas deux qui utilisent la même façon de calculer leur salaire et il est donc quasiment impossible de comparer les prétentions des unes et des autres. Il y a bien sûr possibilité de négocier, sauf si le rapport offre/demande est fortement biaisé en votre défaveur. Demandez aussi qui fournit le lait et les couches (en général vous).

Le système de la crèche familiale, comme son nom ne l’indique pas, repose sur les assistants parentaux. En pratique, vous obtenez (ou pas) une place en mairie, qui vous propose un assistant parental qui gardera votre enfant chez lui. La différence est que tout l’emploi est géré par la mairie à qui vous payez une place en crèche et qu’en cas de maladie ou autre absence c’est la mairie qui vous trouve un remplacement. En outre les assistants parentaux participant à une crèche familiale sont supposés passer au moins une journée par semaine au RAM.

Si vous ne passez pas par là, vous devrez gérer vous-même l’emploi de l’assistant parental. Grâce au site Pajemploi c’est relativement simple. Le salaire net est basé sur un taux horaire, compris entre le SMIC un salaire minimum indexé sur le SMIC et un plafond fixé par la CAF au-delà duquel elle ne paie plus les charges et majoré de 10% pour les heures supplémentaires (soit au-delà de 45 heures par semaine/9 heures par jour). Il faut y ajouter à chaque jour de présence effective les frais de repas et frais d’entretien (pour le chauffage, le renouvellement du matériel etc). De façon générale, le salaire est calculé en lissant annuellement sur la base de 22 jours ouvrés par mois (à temps plein). Par contre les frais de repas et d’entretien doivent être recalculés chaque mois. Comme l’assistant parental a généralement plusieurs employeurs, c’est lui qui fixe ses dates de congé. Hors négociation particulière, si vous choisissez de ne pas y mettre votre enfant hors de ces congés vous devez quand même rémunérer l’assistant parental (sauf frais d’entretien et de nourriture). Les charges sont normalement prises en charge par la CAF, qui édite aussi les bulletins de salaire : il suffit de déclarer ce que vous avez payé chaque mois sur Pajemploi. Cette déclaration vous assurera également de toucher le complément de libre choix du mode de garde de la PAJE. Enfin les sommes effectivement payées (minorées de l’aide de la CAF donc) ouvrent droit à un crédit d’impôt. Outre les sites de la CAF et de PAJEMPLOI qui recèlent un certain nombre de conseils pratiques, il existe de nombreux sites web sur les assistantes maternelles où vous trouverez pas mal d’infos, comme ici ou et surtout Casamape (merci Suzie !).

Photo : je sais, ce n’est pas une assistante parentale mais 1. vous en connaissez beaucoup vous des assmat célèbres ? et 2. c’est un petit clin d’oeil à suzie et assmatcoco qui sont des assistantes parentales fidèles de la basse-cour

Les modes de garde

dimanche, novembre 20th, 2011

Ou pour citer Laurent Fabius : « Qui va garder les enfants ? »

D’abord que les choses soient claires, je ne pense pas qu’il y ait un mode de garde idéal dans l’absolu, même s’il y a sans doute un mode de garde idéal pour une situation donnée. Et il y a bien sûr le principe de réalité : rares sont les familles ayant accès à tous les modes de garde, que ce soit par une offre déficiente ou par difficulté financière. De nombreux facteurs entrent en ligne de compte pour définir le bon mode de garde, tant du côté de l’enfant (âge, personnalité, antécédents médicaux…) que de celui des parents (horaires et lieu de travail, préférences…). Une illustration de ces facteurs avec un témoignage anonyme de la Poule P., blogueuse :

Notre premier enfant, P1, a été gardé dès ses 3 mois 1/2, c’est un enfant qui a toujours mis du temps à accorder sa confiance, et nous habitions dans un quartier où il était quasiment impossible d’avoir une place en crèche et où il y avait bien une dizaine d’assistantes maternelles à moins de 10 minutes à pied de chez nous. C’est donc cette dernière option que nous avons retenue. Pour notre deuxième enfant, P2, j’ai pris six mois de congé parental, il avait donc 8 mois lorsque j’ai repris le travail. Il a toujours été très extraverti ; en outre nous habitons maintenant à 50 mètres d’une crèche (où nous avons obtenu une place) et à 10 minutes de l’assistante maternelle la plus proche. Il va donc à la crèche. A noter que nous avons également une nounou qui prend les enfants à 16h30 et s’en occupe chez nous jusqu’à 19 h (sinon la crèche fermant à 18h15 est incompatible avec nos horaires de travail habituels).

Comme vous pouvez le voir, j’ai donc testé les principaux modes de garde existants (damned, grillée, vous m’avez reconnue !). J’ai même testé le congé parental et la halte-garderie. Je vous propose donc un petit dossier en plusieurs épisodes pour évoquer ces différentes possibilités.

Par ailleurs, la question des modes de garde pose inévitablement celle du travail parental et en particulier maternel. Vaste question, donnant lieu à des débats à côté desquels les négociations israélo-palestiniennes font figure de petits poneys jouant aux bisounours. Ici il ne sera pas question de se prononcer en faveur de l’un ou de l’autre, mais plutôt de souhaiter (on peut toujours rêver) que de plus en plus ce soit une vraie affaire de choix et pas seulement une situation subie (que ce soit un parent en congé parental faute de mode de garde ou un parent qui ne peut rester auprès de son enfant par sa situation financière). Je pense en plus qu’au-delà de l’opposition caricaturale entre la mère workaholic qui voit ses enfants une fois par semaine et la mère au foyer qui n’a jamais eu d’emploi rémunéré et n’a pas l’intention d’en avoir, extrêmes bien peu fréquents actuellement, il y a tout un panel de possibilités pour les couples (mais oui, ça n’est pas que le problème des mères !), entre les temps partiels, les congés parentaux (de quelques mois à quelques années), le télé-travail, la création d’entreprise, la réorientation, et ce tant pour l’homme que pour la femme.

Pour pacifier un peu le débat, je voudrais vous citer l’étude NICHD conduite aux Etats-Unis sur plus de 1000 enfants depuis 1991 (encore en cours !), elle-même reprise dans le rapport Tabarot sur le développement de l’offre d’accueil de la petite enfance (que je vous invite à lire). Il faut tout de même savoir que les Etats-Unis sont à peu près le seul pays occidental à ne pas offrir de congé maternité obligatoire, c’est-à-dire qu’à moins d’un arrangement spécifique dans l’entreprise les mères sont supposées reprendre le travail immédiatement, ce qui pose un cadre pour partie différent du nôtre. Que nous dit le petit prospectus récapitulatif à destination des parents (traduction par moi-même, à feuilleter si vous lisez l’anglais) ?

Children who were cared for exclusively by their mothers did not develop differently than those who were also cared for by others.

Les enfants qui ont été exclusivement gardés par leurs mères ne se sont pas développés de façon différente de ceux qui ont également été gardés par d’autres.

Et encore :

Parent and family characteristics were more strongly linked to child development than were child care features.

Les caractéristiques parentales et familiales étaient plus fortement liées au développement de l’enfant que l’étaient les caractéristiques du mode de garde.

L’étude nous donne également des critères de définition d’un mode de garde de bonne qualité :

  • Adult-to-child ratio—How many children is each adult taking care of? in general, the lower the number of children an adult is caring for, the better the observed quality of that care and the better the children’s developmental outcomes.
  • Nombres d’enfants par adulte- De combien d’enfants s’occupe chaque adulte ? En général, plus le nombre d’enfants dont un adulte doit s’occuper est faible, meilleure est la qualité du mode de garde et meilleur est le développement de l’enfant.
  • Group size—How many children are in the child’s classroom or group? Smaller groups are associated with better observed quality of care.
  • Taille du groupe- Combien d’enfants y a-t-il dans le groupe ou la classe de l’enfant ? De plus petits groupes sont associés à une meilleure qualité effective du mode de garde.
  • Caregiver’s education level—Did the caregiver complete high school? college?  Graduate school? Higher caregiver education predicts higher quality of observed care and better developmental outcomes for children.
  • Niveau d’éducation de l’adulte- L’adulte a-t-il le bac ? Des études supérieures ? Un bac +5 ou plus ? Plus l’adulte a fait d’études et meilleurs sont la qualité du mode de garde et le développement des enfants.

Mais l’impact de cette qualité reste limité :

Children who receive higher quality care show slightly more positive outcomes than do those in lower quality care.

Les enfants qui bénéficient d’un mode de garde de haute qualité montrent des résultats légèrement plus positifs que ceux dont le mode de garde est de moins bonne qualité.

Quel temps passé en garde ?

The amount of time that children spend in child care from infancy through age 4½ is not related to their cognitive outcomes prior to school entry.  Children who spend many hours in child care, however, show somewhat more behavior problems and more episodes of minor illness than those in fewer hours of child care.

Le temps passé en garde par les enfants depuis leur premiers mois jusqu’à 4 ans 1/2 (aux Etats-Unis l’école maternelle n’est pas organisée comme en France : pas systématique et commence plus tard) n’est pas liée à leurs résultats cognitifs à l’entrée à l’école. Les enfants qui passent de nombreuses heures en garde, cependant, montrent un peu plus de problèmes comportementaux et plus d’épisodes de maladies bénignes que ceux y passant moins d’heures.

Garde collective ou individuelle ?

Center-based child care is associated with both positive and negative effects.  This type of care is linked to better cognitive development through age 4½ and to more positive social behaviors through age 3. But, center-based and large-group settings are also associated with more problem behavior just before and just after school entry. These types of care are also linked to more ear infections and upper respiratory and stomach illnesses during the first 3 years of life.

Un mode de garde collectif a à la fois des effets positifs et négatifs. Il est lié à un meilleur développement cognitif jusqu’à l’âge de 4 ans 1/2 et à des comportements sociaux plus positifs jusqu’à 3 ans. Mais une garde collective, en particulier en grand groupe, est également associée à une augmentation des problèmes de comportement avant et après l’entrée à l’école. C’est enfin lié à plus d’infections de l’oreille (otites) et de maladies respiratoires (bronchiolites, rhinos etc) et digestives (gastros) pendant les trois premières années de vie.

En bref, c’est finalement le contexte familial et parental qui reste prépondérant :

The following characteristics predicted children’s cognitive/language and social development:  parents’ education, family income, and two-parent family compared to single-parent family; mothers’ psychological adjustment and sensitivity; and the social and cognitive quality of home environment.

Les caractéristiques suivantes prédisent le développement cognitif, verbal et social des enfants : le niveau d’étude des parents, le revenu familial, le « nombre de parents » (deux valent mieux qu’un) ; la sensibilité et l’ajustement psychologiques des mères ; et la qualité sociale et cognitive de l’environnement familial.

Pour conclure, et avant de détailler plus avant (dans de prochains billets, à venir au cours de la semaine) les grands types de modes de garde (collectif, à la maison et chez un-e assistant-e maternel-le, pas forcément dans cet ordre d’ailleurs), je dirai donc que l’important est de trouver un mode de garde en lequel vous ayez vraiment confiance, car je crois qu’il y a toujours un moment où on doute, où l’enfant pleure à la mort quand on le laisse, et à ce moment-là si de façon générale on n’est pas très satisfait de la situation c’est vraiment très douloureux. En outre, il est probablement difficile pour l’enfant de s’attacher à la personne qui s’en occupe s’il sent que ses parents ne l’approuvent pas vraiment (cf les travaux de Gordon Neufeld et Gabor Maté).

En bref écoutez-vous, écoutez vos enfants, et laissez pisser les fâcheux qui tentent de conforter leurs propres choix en critiquant les vôtres.

D’autres lectures en attendant la suite :

Photo : c’est quasiment la première réponse de Google quand on cherche « Daycare » (crèche)…

Eduquer sans punition (2)

mercredi, mai 18th, 2011

Après avoir vu les généralités dans l’épisode 1, passons maintenant à la partie la plus intéressante : c’est bien beau tout cela, mais au jour le jour, on fait comment ? Autant vous le dire tout de suite, ce n’est pas simple. Moi je vois ça comme un investissement à long terme, et à défaut de savoir quel résultat cela aura sur mes enfants dans quinze ou vingt ans, je me dis qu’au moins moi j’aurai essayé d’avancer. Voilà donc quelques idées, à partager et à améliorer :

  • Choisir ses combats. Est-ce que ce comportement/cette action me dérange ? Est-ce que ça me dérange maintenant ou est-ce que j’anticipe que ça pourrait dans d’autres circonstances me déranger ? Est-ce que ça aurait dérangé ma mère/mon grand-père/la voisine ? Accepter que l’enfant n’a pas un comportement parfait à tout moment, et qu’il ne deviendra pas pour autant un délinquant multi-récidiviste. Avoir un enfant prêt à l’heure et en ayant tout fait comme Papa et Maman voulaient, ça relève parfois (souvent ?) de la science fiction. Par exemple accepter sans s’énerver que poussin change trois fois de t-shirt le matin est souvent plus efficace que de faire toute une scène pour qu’il mette le premier qu’il avait choisi. C’est énervant (et ça sent le vécu ?). Mais vous êtes (à peu près) à l’heure pour partir. Les exigences trop nombreuses de notre rythme de vie occidental sont à mon avis intenables par des enfants, surtout en bas âge.
  • S’adapter aux circonstances. En ce qui me concerne, je n’ai pas les mêmes attentes à la maison et ailleurs (chez des amis, dans un lieu public…). Cela demande beaucoup d’énergie de tout le monde d’obtenir un comportement adéquat aux exigences du lieu. Les enfants comprennent bien que la plupart des règles ne sont pas gravées dans le marbre (de la même façon qu’ils s’adaptent à la nounou, la crèche, l’école… qui ont tous des règles différentes). Savoir s’adapter à toute situation me semble une compétence plus utile que suivre les règles aveuglément.
  • Considérer l’enfant comme un handicapé. J’espère que cela ne heurte personne, je veux dire par là qu’il ne faut pas oublier qu’il n’a pas les mêmes capacités psychiques et émotionnelles qu’un adulte. Aménagez au maximum l’espace et l’emploi du temps pour ne pas avoir à surveiller et à interdire en permanence. N’ayez pas honte si votre enfant fait LA crise en public, la fameuse où il se roule par terre en hurlant. Si vous ressentez le besoin de vous justifier auprès de passants indignés, vous pouvez user de pieux mensonges : « Il n’a pas fait sa sieste » « Il fait ses dents » « Il a mangé trop de sucre » « Il est malade » ; si vous êtes un peu joueuse « L’exorcisme n’a pas bien fonctionné » « J’aurais du arrêter le crack pendant la grossesse » « Je ne sais pas pourquoi cet enfant croit que je suis sa mère ». Et puis n’oubliez pas que l’enfant a sa propre échelle de valeurs qui peut vous paraître incongrue (Pouss1 peut se mettre dans des états pas possibles parce qu’une goutte d’eau est tombée sur sa chaussette). Et que la vôtre lui semble probablement tout aussi étrange. Il n’y a pas de raison qu’il soit le seul à faire des efforts pour intégrer la vôtre, et il sera probablement plus enclin à le faire si vous montrez le bon exemple.
  • La sécurité physique. C’est souvent brandi comme l’argument ultime pour justifier la tape : « il doit arrêter de mettre ses doigts dans la prise » « il a failli se faire écraser » etc. Malheureusement les petits enfants ont besoin d’explorer et d’expérimenter, et il leur faut du temps pour apprendre à maîtriser ces pulsions. En attendant, il faut répéter et retirer physiquement l’enfant du danger, autant de fois que nécessaire. La différence de stature physique permet généralement à l’adulte d’effectuer ce geste sans avoir à infliger volontairement de douleur à l’enfant. Taper ou punir fait comprendre à l’enfant qu’il ne faut pas se faire prendre, mais ne l’empêchera pas de recommencer quand le parent a le dos tourné. Je ne dis pas que c’est facile et agréable, mais cela fait partie du job de parent, comme se lever la nuit et changer des couches Erika-style.
  • Des conséquences plutôt que des punitions. Nous ne pratiquons pas la punition, si on la définit comme la privation d’une chose agréable (ou l’obligation d’une autre désagréable) sans lien avec le « délit ». Par contre il y a des conséquences, expliquées à l’avance. Les nuances sont subtiles mais importantes. Pas de « tu n’as pas obéi donc tu vas au coin/dans ta chambre », mais il peut y avoir « je suis tellement fâchée contre toi que je ne veux pas te voir maintenant ». Pas de « tu n’as pas été sage donc tu es privé de télé », mais « si tu traînes trop pour te brosser les dents nous n’aurons pas le temps de raconter une histoire ». Et lorsque c’est possible, privilégier la réparation : si l’enfant a cassé ou renversé, il peut nettoyer ou au moins participer au nettoyage, en fonction de son âge. Avec un petit, il peut suffire de commencer à nettoyer en l’enjoignant de participer pour qu’il vienne ramasser. La capacité d’anticiper les conséquences de ses actions est très longue à acquérir (jusqu’à l’adolescence, et je ne serais pas surprise qu’une proportion non négligeable d’adultes ne l’aient pas), donc il n’est pas forcément justifié d’être très strict sur l’application des conséquences.
  • Le morceau de sucre aide la médecine à couler. La récompense est le pendant de la punition et est à manier avec précaution. Il vaut mieux éviter de s’embarquer dans des deals du style « Si tu mets la table tu auras un bonbon/un jouet », sous peine de devoir rémunérer toute participation de l’enfant à la vie familiale (sans parler des augmentations). Mais les jours de crise, quand rien ne se passe comme prévu, quand alors que vous avez déjà 10 minutes de retard le poussin ne veut pas mettre ses chaussures, qu’en plus vous êtes malade et crevée, un peu d’huile dans les rouages ne peut pas faire de mal. Et pour cumuler les péchés, vous pouvez même corrompre avec des sucreries. Une fois n’est pas coutume.
  • On peut toujours consoler. Accepter la tristesse, la colère, le refus de l’enfant ne veut pas dire céder (mot qu’il vaut d’ailleurs mieux éviter, tant il positionne d’emblée un rapport de force qui n’a pas lieu d’être). Si l’enfant pleure parce que vous vous êtes mis en colère, ou que ses actions ont finalement mené à une conséquence indésirable, je ne crois pas qu’il soit contre-productif de le consoler, même si ça n’empêche pas de réanalyser à froid ensuite : quand tu fais ça, cela me met en colère. Ce n’est pas accepter quelque chose que vous trouvez inacceptable, mais aider l’enfant à digérer ce fait. Inutile d’appliquer une double peine. Cependant, on peut être tellement en colère qu’on ne peut pas consoler l’enfant, mieux vaut ne pas se forcer et le dire à l’enfant.
  • Parler de ses émotions. On peut dire à son enfant qu’on est triste de le quitter le matin, même si on est en même temps content de travailler. Qu’on n’a pas envie de ranger la maison, même si après coup on est content d’avoir une maison propre. Qu’on aimerait bien passer la journée au lit à manger des chips en regardant la télé, même si on est heureux d’avoir un boulot. Les parents ont le droit d’être ambivalents et les enfants aussi. Et ils se sentent souvent mieux si on rêve un peu avec eux, sur ce jouet dont ils ont tant envie ou cette petite sœur qu’on aimerait renvoyer à l’expéditeur. Il est aussi important de faire le tri entre ses propres problèmes et ceux causés par l’enfant : il est tellement plus simple de se défouler sur un petit qui vient de faire une bêtise que de confronter un boss tyrannique. On peut déjà dire à l’enfant qu’on est de mauvaise humeur pour des raisons qui ne dépendent pas de lui.
  • Prendre du recul. Ce n’est pas parce que vous donnez un bonbon que vous vous faites bouffer. Réfléchissez deux minutes à tout ce que vous avez décidé pour l’enfant : l’endroit où vous habitez, l’école où il va, l’heure à laquelle il y va, les habits qu’il porte, la nourriture qu’il mange (même s’il peut donner son avis, c’est quand même vous qui faites les courses au final)… C’est bien vous le plus grand, le plus fort, le plus riche, le plus malin dans l’histoire. Pas la peine d’en rajouter. Pas la peine de dire non juste parce qu’il faut qu’ils apprennent la frustration/qu’ils sachent qui commande. La vie est pleine de frustrations, ne vous fatiguez pas à en créer pour le plaisir. Ce n’est pas un signe de faiblesse si vous reconsidérez une demande de l’enfant après que celui-ci l’a fortement exprimée (euphémisme pour « s’est mis à hurler en se roulant par terre »). Vous lui montrez que vous prenez en compte ses sentiments, vous lui apprenez à négocier et à faire le premier pas. Évidemment ça ne veut pas dire qu’il faut systématiquement accéder à ses demandes, mais qu’on n’est pas obligé de toujours refuser par principe. Pas plus que les adultes les enfants ne comprennent l’arbitraire. Et avec le temps ils apprennent à formuler des arguments moins bruyants.
  • Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage. Ce n’est pas parce qu’une « leçon » n’est pas intégrée immédiatement qu’elle ne le sera jamais. Et les moments de crise sont rarement les plus propices pour cela. Mais à force de répétition certaines choses finissent par ressortir alors qu’on ne les attendait plus. Les enfants ont régulièrement des phases, où ils semblent bloqués dans un comportement potentiellement irritant pour nous (que ce soit l’obsession pour les prises électriques ou la peur du bain par exemple), et souvent le plus simple est d’accompagner comme on peut jusqu’à ce que ça finisse par passer.
  • Anticiper et prévenir (plutôt que menacer). Bien expliquer les règles, même les plus évidentes, en joignant le geste à la parole si approprié (« ici on parle tout doucement » « le bébé est fragile, voici comment on le touche »). Avertir des conséquences des différentes options que peut prendre l’enfant (« si tu continues à éclabousser partout, tu vas sortir du bain » « si on finit vite les courses on aura le temps de passer au parc avant de rentrer »). Attention aux menaces irréalistes (« je vais partir sans toi ») et au chantage émotionnel (« tu ne veux pas rendre Maman malheureuse » « tu ne m’aimes plus ») dont les conséquences peuvent être dévastatrices. Personnellement je refuse le chantage au père Noël (ou autre du même genre), je trouve que ça pollue la fête que j’aime et que dont je veux que les enfants profitent à fond.
  • Donner le bénéfice du doute. « Il me provoque. » « Il me cherche. » Quand vous venez de dire non et que votre poussin recommence la même bêtise en vous regardant droit dans les yeux… Selon Isabelle Filiozat, un tout petit qui fait exactement ce que vous venez de lui interdire en soutenant votre regard cherche en réalité à ce que vous lui confirmiez que oui, c’est bien cela qui est interdit. De façon générale, les bambins, en vrais scientifiques, ont besoin de vérifier que les mêmes causes donnent les mêmes effets. D’autant plus si l’effet en question est intéressant : un (ou deux) parent(s) qui se lève(nt) en faisant une drôle de tête et un drôle de bruit. C’est aussi un excellent moyen de dire : « Maman arrête de traîner sur les blogs et viens t’occuper de moi »… De façon générale, un petit qui a un comportement inapproprié : soit ne sait pas que c’est inapproprié, soit n’arrive pas à s’en empêcher, soit cherche l’attention parentale, soit tente d’exprimer ou de réagir à un problème, qu’il soit le sien ou celui d’un autre. Rien de tout cela ne justifie de s’en prendre une.

Ce sont là bien sûr des pistes, pas toujours faciles à mettre en pratique au jour le jour. Si seulement l’éducation se résumait à quelques trucs et astuces… Et n’allez surtout pas croire que parce que j’ai pondu ces jolis billets je suis SuperWonderMaman, « à peu de choses près, parfaite en tout point » comme Mary Poppins. Ça c’est la théorie, la pratique elle est plus hasardeuse. Il y a toujours et régulièrement des situations auxquelles on ne comprend rien, où tout le monde crie et pleure, où rien ne semble marcher, des cas où on se dit a posteriori qu’on a bien merdé. Mais bon an mal an, on avance. Et j’espère que vous partagerez aussi vos expériences sur ce qui a fonctionné ou pas.

D’autres lectures utiles (en plus de celles citées dans le 1er tome) -j’éditerai ce paragraphe au fur et à mesure des suggestions, en commentaire ou par mail à lapoulepondeuse @ gmail.com) :

Des livres dont on a parlé dans la basse-cour :

D’autres livres :

  • Isabelle Filiozat en a écrit plusieurs, outre ceux cités hier ; je n’ai pas tout lu mais d’autres les ont trouvés utiles. Toutes les infos sur son site internet.
  • Comment aimer un enfant de Janusz Korczak
  • L’enfant de Maria Montessori
  • Un enfant heureux de Margot Sunderland
  • Le hors série de Grandir autrement sur l’éducation sans violence

Des petits docs disponibles gratuitement sur le net :

D’autres blogs qui ont parlé du sujet :

Les suggestions de la basse-cour (cf commentaires) :

  • L’attachement : approche théorique, par Nicole et Antoine Guedeney
  • Sanctionner sans punir : dire les règles pour vivre ensemble, par Elisabeth Maheu
  • Poser des limites à son enfant et le respecter, par Catherine Dumonteil-Kremer
  • Apprivoiser la tendresse et Papa, Maman, écoutes-moi vraiment, par Jacques Salomé
  • Eduquer sans punir, par Thomas Gordon
  • Une émission de radio québécoise Une enfance pour la vie

Image : Quand vos enfants vous rendent chèvre, (re)lisez un petit Calvin et Hobbes pour vous détendre et relativiser un peu.

Eduquer sans punition (1)

lundi, mai 16th, 2011

Avec le spot télé récent militant pour l’interdiction de tout châtiment corporel, beaucoup de débats autour de l’éducation des enfants ont refait surface. Je suis souvent déprimée par ce que je lis sur la question, et j’ai rarement le courage de poster l’unique (ou presque) commentaire en défense de ce type d’initiative (même si le spot en lui-même est loin d’être parfait mais ce n’est pas l’objet de mon billet). J’ai déjà abordé beaucoup de ces points dans d’autres billets (j’essaierai d’en faire une petite compilation à la fin de celui-ci), donc j’espère par avance que les plus fidèles lecteurs m’excuseront pour les redites.

Comme l’indique le sous-titre du blog, j’ai peu de certitudes en matière d’éducation et de puériculture. J’ai trouvé certaines solutions (allaitement, portage…) qui fonctionnent bien pour moi et pour ma famille, et je les partage ici, mais loin de moi l’idée de détenir la vérité absolue. Une des rares choses dont je suis certaine : les châtiments corporels, même légers, sont inutiles, car inefficaces et nocifs. Et il me semble que les punitions ne sont pas beaucoup plus performantes. Avant d’aller plus loin, il me semble important de préciser que cette affirmation n’a pas vocation à juger les parents qui les utilisent ou les ont utilisés. De nombreuses raisons peuvent expliquer le recours à une tape ou une fessée, mais à mon sens rien ne les justifie (à part la légitime défense mais j’ai du mal à imaginer un adulte dont l’intégrité physique soit sérieusement menacée par un enfant de deux ans). C’est d’ailleurs ce que les lois de notre société prévoient pour les adultes : toute violence corporelle est interdite, sauf en cas de légitime défense. A chaque fois que vous dites « ça n’a jamais fait de mal à personne », ou « il m’a poussé(e) à bout », ou « il faut bien qu’il comprenne les limites », pensez à cette phrase dans la bouche d’un homme qui parle de sa femme : intolérable. Pourquoi serait-ce différent pour un enfant ? Je ne pense pas qu’un enfant dont les parents aimants lui donnent une fessée ou une tape occasionnelle soit traumatisé à vie ou que ses parents soient maltraitants ou défaillants, mais simplement que tout le monde se porterait mieux sans. Je ne veux pas non plus m’ériger en modèle : je retranscris ici mes objectifs et mes idéaux, qui ne sont hélas pas ma pratique quotidienne, jalonnée d’erreurs et de défaillances variées.

D’abord un point essentiel mais que je ne vois que rarement évoqué : tout comme ils sont immatures physiquement, les enfants sont immatures psychologiquement. Ils n’ont souvent pas la capacité d’avoir le comportement et la gestion des émotions que nous attendons d’eux, ou en tout cas pas en permanence et en toute circonstance. Par exemple, le fait qu’un enfant ait accepté sans broncher qu’aujourd’hui Maman n’achèterait pas de bonbon au supermarché ne veut pas dire que demain, après avoir -au hasard- zappé sa sieste (mais cela peut aussi être une combinaison de facteurs plus subtiles à identifier), il parvienne à rester dans les meilleures dispositions lors d’un événement similaire. Or on n’attend d’un bébé de trois mois qu’il marche ou d’un enfant de deux ans qu’il escalade le Mont Blanc, et j’ose espérer qu’on n’imagine pas qu’une bonne claque ou une séance d’isolement accélèrerait l’acquisition de ces aptitudes. Au contraire, le parent lambda prendra simplement en compte cet état de fait dans son organisation, par exemple en s’équipant d’un dispositif type poussette ou porte-bébé, ou tout simplement en s’arrangeant pour ne pas emmener l’enfant. Bien sûr, le développement de la maturité psychologique est plus long et complexe à appréhender que le développement moteur, et les enfants, notamment par leur maîtrise du langage, peuvent nous donner l’illusion d’être plus avancés qu’ils ne le sont. Par ailleurs, certains auteurs comme Gordon Neufeld avancent que le développement de ces capacités ne peut se faire que si la sécurité physique et affective de l’enfant est garantie : la meilleure façon d’aider l’enfant à les acquérir ne serait donc pas de le punir ou de le frapper. Enfin n’oublions pas que nous-mêmes sommes rarement en pleine capacité de gérer nos émotions et d’adapter parfaitement notre comportement aux circonstances (comme en témoignent les fois où poussés à bout nous crions, insultons et/ou tapons nos enfants) : comment imaginer et exiger d’un enfant qu’il soit plus compétent que nous ?

Cela nous amène au point suivant : les enfants, surtout petits, apprennent par imitation. Donc la meilleure façon d’apprendre à un enfant à ne pas taper, c’est de ne pas taper. A ne pas crier, de ne pas crier. Je vous laisse poursuivre la liste (ou regarder cette petite vidéo, perturbante mais meilleure que celle citée en début d’article je trouve)… Je ne vous cache pas que ça ne m’arrange pas vraiment : bien sûr qu’il est plus simple de gueuler un bon coup que maintenant mon coco tu vas la boucler ou tu t’en prends une, que de travailler chaque jour, à chaque instant sur moi-même pour ne pas céder à mon premier instinct. Ne soyons pas non plus simplistes, l’imitation n’est pas le seul canal d’apprentissage, et il n’est évidemment pas automatique que nos enfants reproduisent tous nos défauts. Mais ne nions pas pour autant son importance. Pour ma part, après avoir traversé une phase avec quelques pétages de câble (genre hurlements et claquage de porte -finalement la version adulte du gosse qui se roule par terre si on y réfléchit…), j’ai constaté que de prendre sur moi pour les éviter autant que possible donnait vraiment de meilleurs résultats et une meilleure ambiance à la maison. Et à la réflexion, demander de mes fils un comportement adulte en me comportant comme si j’avais 18 mois est assez paradoxal…

Tout cela (ainsi que certaines lectures), à contre courant de ce que la « sagesse » populaire nous répète, m’a amenée à réfléchir à la place que je souhaite donner aux enfants, et aux miens en particulier, à ce que j’attends d’eux, à ce que je veux leur transmettre et leur apprendre. Le spectre du parent impuissant et permissif tyrannisé par un enfant-roi n’est jamais loin, mais il révèle en négatif le parent « idéal », qui mène sa famille mieux qu’un général dirige ses troupes et à qui les enfants obéissent au doigt et à l’œil. Assis couché tais-toi donne la papatte. Ma grand-mère me disait un jour : « C’est dramatique, aucun de mes petits-fils ne serait capable de faire la guerre de 14. » Moi je ne trouve pas ça dramatique du tout, bien au contraire. J’espère bien que mes fils ne passeraient pas quatre ans dans les tranchées à tenter de zigouiller des inconnus sans se poser de sérieuses questions. Et qu’avant ça ils n’éliraient personne proposant ce type de programme. On ne fait plus des bons petits soldats pour qui la valeur suprême est d’obéir à l’autorité. On fait (avec plus ou moins de succès, je vous l’accorde) des adultes responsables, qui se posent des questions et réfléchissent à ce qu’ils veulent eux et forgent leur propre échelle de valeurs. En réalité, on est sans doute plutôt dans la transition à tirer à hue et à dia, ce qui explique la confusion actuelle.

Au-delà des clichés entretenus par certains médias, il suffit de parler avec des profs (si vous n’en avez pas dans votre entourage, vous pouvez lire Princesse Soso par exemple) pour comprendre qu’il y a effectivement un nombre non négligeable d’enfants et d’adolescents en pleine carence éducative. Je n’ai pas d’expertise sur cette question, et ne souhaite pas verser dans le café du commerce, mais il me semble que les appels à la fermeté parentale, y compris physique, sont un peu simplistes. « Vous n’avez qu’à être plus ferme », plus facile à dire qu’à faire. « Sans fessée les parents sont dépossédés de leur autorité’, mais bien sûr. La vérité, c’est qu’élever des enfants demande un temps, une énergie, un investissement personnel conséquents. La vérité, c’est que les enfants ont un bullshitomètre de compétition et qu’ils ont besoin d’adultes de qualité en face d’eux. La fessée et les punitions ne sont qu’un coup de peinture pour tenter d’empêcher un édifice en ruines de s’écrouler, quand ce qu’il faut à l’enfant c’est d’être vraiment pris en charge, par des adultes en cohérence les uns avec les autres. Pour une vision en profondeur de la complexité du problème, je vous invite à lire Jean-Pierre Rosenczweig, qui est juge des enfants dans le 9-3, et qu’on peut donc imaginer assez bien en prise avec la réalité.

Pour moi, l’éducation c’est, comme le dit François de Singly : Aider l’enfant à devenir lui-même. C’est prendre en compte que les enfants sont à la fois des personnes dignes du même respect que les adultes, et qu’ils sont petits et donc ont des besoins différents. Je souhaite que mes poussins me respectent, pas qu’ils me craignent. Qu’ils écoutent ce que j’ai à leur dire parce qu’ils savent que je les aime et que je veux qu’ils soient heureux. Pas parce qu’ils ont peur que je me fâche ou que je les frappe. Cela veut dire aussi qu’en retour je les respecte aussi et que j’accepte qu’ils ne soient pas toujours d’accord avec moi, qu’ils aient d’autres idées, qu’ils fassent d’autres choix. Ce n’est pas simple, car j’en suis (avec le Coq*) responsable, et leur manque de maturité physique et psychologique demande à ce que nous prenions pour eux des décisions et que nous les appliquions. C’est l’exercice de l’autorité parentale. Comme le formule très clairement l’article 371-1 du Code civil :

L’autorité parentale est un ensemble de droits et de devoirs ayant pour finalité l’intérêt de l’enfant. Elle appartient au père et à la mère jusqu’à la majorité ou l’émancipation de l’enfant pour le protéger dans sa sécurité, sa santé et sa moralité, pour assurer son éducation et permettre son développement, dans le respect dû à sa personne. Les parents associent l’enfant aux décisions qui le concernent, selon son âge et son degré de maturité.

 

Avant la fin de la semaine, deuxième partie : des idées concrètes pour s’en sortir au quotidien. En attendant, quelques lectures qui m’ont aidée à clarifier ma vision des choses (les deux premiers sont pour moi des incontournables) :

  • Retrouver son rôle de parent, de Gordon Neufeld et Gabor Maté
  • Parents efficaces, de Thomas Gordon
  • Comment aider l’enfant à devenir lui-même ?, de François de Singly (je n’ai pas fait de compte-rendu, shame on me)
  • Isabelle Filiozat : Au coeur des émotions de l’enfant et Il n’y a pas de parent parfait (pas de billet non plus, bouououh) ; je ne suis pas une grande fan du style de Filiozat mais je suis globalement d’accord avec son message et je sais qu’il est très parlant pour d’autres.

Je n’ai pas lu mais cela a l’air intéressant :

  • Plaidoyer pour l’enfant roi, de Simone Korff Sausse (voir un résumé ici)

 

*Ces billets visent à exposer mes réflexions et points de vue, pas ceux du Coq, d’où leur rédaction à la première personne du singulier. Cela ne veut pas dire qu’il ne les partage pas et encore moins qu’il n’est pas pleinement investi dans l’éducation de nos enfants, mais ce n’est pas ce que je souhaite aborder ici.

Photo : Le prof le plus pédagogue d’Hogwarts en pleine action

La fièvre du samedi soir…

vendredi, avril 8th, 2011

Non ce blog n’est pas mort, il est juste tenu par une Poule qui croule sous le boulot. C’est là que la Providence a eu pitié de votre gallinacée plumitive habituelle et frappé à sa porte en la personne de Ludivine, étudiante en dernière année de médecine et future médecin généraliste. Elle fait habituellement un beau travail d’information médicale sur son blog, L’ordonnance ou la vie, mais a proposé de venir ici nous éclairer sur la fièvre chez l’enfant. Je l’ai bombardée de questions et voilà le résultat. Place au Dr Poule !

Lorsqu’on est parent, la fièvre, on connaît. Généralement on sait aussi que fièvre + enfant = esprit pas tranquille et envie de consulter… mais en même temps une consultation simplement pour se rassurer, est-ce que ça vaut le coup ? Et puis si c’est rien, ça fait une consultation inutile, une ordonnance avec du paracétamol, du temps perdu, quelques fois un médecin pas sympa… Alors je fais quoi ? Pour s’en sortir avec toutes ces questions, apprenons à mieux connaître l’ennemi.

1. Quand parle-t-on de fièvre ?

Pour commencer la fièvre se définit par une température supérieure à 38°C chez un enfant (ou un adulte) au repos depuis 20 minutes et à distance du repas. C’est une réaction normale du corps à une agression. Le corps, en plein combat avec un agresseur (virus, bactérie…) envoie un signal d’alerte au cerveau qui va déplacer la température interne de 37-37,5°C vers 38°C ou plus. Cette augmentation de température “réveille” les cellules du système immunitaire (l’armée du corps composée de macrophages, polynucléaires, lymphocytes) et augmente leur efficacité, en même temps qu’elle permet de diminuer la virulence et la croissance des agresseurs. La fièvre est donc une réponse adaptée et théoriquement bénéfique lors d’une infection.

Pourtant, la fièvre est souvent traitée et ceci pour plusieurs raisons. Mais avant d’explorer ces raisons, comment mesurer la fièvre ; quel thermomètre utiliser ? Les plus répandus sont les thermomètres à infrarouges (auriculaires, frontaux), les thermomètres électroniques et ceux en verre. Les plus précis sont les électroniques et ceux en verre utilisés en rectal. Si vous vous demandez dans ce cas pourquoi les urgences des hôpitaux utilisent les infrarouges auriculaires ou frontaux, je pense que c’est pour des raisons pratiques (pas de vaisselle à faire, pas besoin de déshabiller, d’explorer en détail les parties intimes du patient, ni d’attendre pour le résultat, en plus ça fait marcher les laboratoires qui fournissent les embouts…), mais c’est moins précis. Au diable la précision, à l’hôpital, il y a d’autres moyens pour voir à quel point c’est grave !

En ce qui vous concerne, vous avez le droit d’être sérieux(se) et d’opter pour l’électronique, en rectal : mettez l’enfant sur le dos et insérez le thermomètre doucement jusqu’à 2,5 cm dans le rectum, avec un peu de vaseline au bout pour éviter les blessures de la muqueuse et on attend le bip de mesure. Pour ceux en verre, c’est la même chose, sans le bip et avec 2 minutes de mesure ; le seul risque étant la casse et une coupure.

Les autres lieux de prise de température sont moins précis comme la bouche, plutôt après 5 ans (et pas le thermomètre en verre) et où il faut bien expliquer de laisser le thermomètre sous la langue, serrer avec les lèvres pas avec les dents, ne pas parler, bien fermer la bouche, être patient… Ou l’aisselle où il faut en plus faire des calculs : + 0,5°C bouche et aisselle, mais selon les auteurs ça varie entre + 0,4 et 0,8°C bonjour la précision…

Moins fiable, la prise de température sous l'aisselle

2. La fièvre à la maison : je fais quoi ?

Pourquoi traiter ?

Combattre la fièvre du point de vue médical, n’a ni pour but de prévenir les convulsions fébriles, ni d’obtenir la disparition immédiate de la fièvre. En revanche, le traitement permet d’assurer le confort de l’enfant, la récupération de son comportement habituel avec son entourage, ainsi que sa capacité à jouer, à être manipulé par ses parents pour le change et autre, ainsi que la reprise rapide de son appétit.

Dans tous ces cas, on peut traiter, mais sans obligation. Il faut bien comprendre que la fièvre en elle-même ne pose pas de problème, si ce n’est qu’elle n’est pas agréable, et retentit sur le comportement. Donc rassurez-vous, si vous n’avez pas le “paracétamol facile”, ce n’est pas si grave ; il vous reste le traitement non médicamenteux qui peut déjà faire un bon effet.

Quelle que soit la maladie qui cause la fièvre, le traitement sera le même ; pour cette raison, lors d’une hospitalisation, la fièvre sera toujours traitée pour les raisons de confort évoquées plus haut.

Comment traiter ?

Le plus efficace est d’associer un traitement physique et un traitement médicamenteux.

Le traitement physique : il vise à augmenter les pertes de chaleur dans le but de diminuer la température interne. Pour cela, il faut enlever les vêtements en trop (laisser le strict minimum sous-vêtements ou pyjama léger), enlever les édredons ou autres enrobages de tissus inutiles, opter pour une température “basse” 18-19°C par exemple dans la pièce et proposer régulièrement de petites quantités de boissons fraîches (eau, tisane) notamment la nuit. N’hésitez pas à déshabiller votre enfant et à faire un « peau à peau » avec lui pour évacuer le surplus de chaleur vers votre peau. Si vous allaitez, donner à la demande permettra de le réhydrater par l’apport de lait, le rassurera et limitera la perte de poids s’il s’alimente peu. Les autres méthodes, telles que les bains à une température inférieure à 2°C de celle de l’enfant ou les enveloppements humides, sont actuellement abandonnées pour des raisons qui m’échappent, mais qui sont probablement d’ordre pratique (écologiques faut pas rêver non plus…).

Le traitement médicamenteux : 3 possibilités théoriques, une seule à utiliser en pratique. Ce traitement est généralement proposé à partir de 38,5°C.

Le paracétamol est LE médicament à utiliser en cas de fièvre. Il convient à tout enfant, quel que soit l’âge et est très bien toléré. La dose est de 60 mg par kg et par jour, donné en 4 prises, ce qui fait 15 mg par kg à chaque prise. Le traitement doit être poursuivi durant 48 heures, sans oublier la prise de nuit pour qu’il n’y ait pas de rupture d’efficacité… Il permet à la fois de diminuer la fièvre (antipyrétique) et les douleurs (antalgique).

L’autre option, qui n’est à utiliser qu’en deuxième recours et surtout après l’avis d’un médecin est l’ibuprofène (Advil) qui ne peut être donné qu’à partir de 3 voire 6 mois selon les auteurs, pour la fièvre. Le gros problème de ce médicament est qu’il possède les mêmes effets secondaires que l’aspirine (3ème option thérapeutique théorique) dont la famille commune est celle des AINS anti-inflammatoires non stéroïdiens, ce qui leur confère un gros désavantage par rapport au paracétamol. Les risques les plus fréquents, sont des altérations du rein, des saignements digestifs / ulcères, des déséquilibres des ions sanguins. De plus, il ne faut pas en donner à un enfant atteint de varicelle (ou rhume ou grippe), car il existe un risque de complication dont on ne sait pas grand chose, mais qui n’est pas très sympa : le syndrome de Reye qui mène à des défaillances d’organes en chaine et donc à un séjour en réanimation. Pas de panique, cela reste rare, mais disons que c’est une information intéressante à connaître pour se rappeler que les Advil et compagnie sont contrairement aux idées reçues, des médicaments pas si anodins que cela.

Restons simples et posons cette équation : enfant + fièvre = paracétamol. Pas besoin d’ordonnance, mais partiellement remboursé avec, donc à vous de voir. Théoriquement on recommande de le donner en sirop, c’est facile pour doser en fonction du poids avec la pipette. C’est la version officielle. Personnellement, je dois avouer que je suis plutôt fan de la version suppositoire en raison des excipients multiples, variés et inutiles (?) ajoutés dans les versions sirop et poudre (aspartame pour les versions sans sucre…). Dans les suppositoires, il n’y a que de la glycérine en excipient, entre 1 excipient et 6 je préfère en donner 1 seul à un enfant. Pour évaluer la dose avec les suppositoires, il suffit de choisir le dosage en fonction de la fourchette de poids, exemple doliprane suppo 100 mg pour un poids entre 3 et 8 kg. Après rien ne vous empêche de le couper en deux si votre enfant fait 4 kg. C’est sûr que c’est moins précis que pour le sirop, mais bon, on fait ce qu’on peut avec ce qui est disponible actuellement !

3. Consultation or not ?

Maintenant abordons la partie la plus délicate et probablement la plus stressante : quand consulter ? Niveau statistiques, il semblerait que la première cause de fièvre chez l’enfant soit l’infection virale des voies aériennes, ce qui va du nez (rhume) aux bronches (bronchite).

Est-ce que ça vaut le coup de consulter pour cela ? A priori non, vu que comme vous l’avez bien compris “les antibiotiques, c’est pas automatique !” et en cas d’infection virale, le traitement se résume à prendre son mal en patience et du paracétamol. En pratique, comment être sûr du diagnostic lorsque l’on est pas médecin ? C’est tout le problème. Heureusement, il y a quelques signes d’alerte que vous pouvez apprendre à repérer sur votre enfant et qui vous orienteront vers les urgences pédiatriques. Si tous ces signes sont absents, soyez rassuré(e).

Globalement toute situation peut amener à voir le médecin traitant / pédiatre en premier. Cela devrait être le circuit habituel. Néanmoins, j’ai fait un petit classement, pour vous éviter de perdre du temps à aller chez le médecin, qui va vous envoyer aux urgences dans les situations où il va de toute manière falloir hospitaliser, au moins pour surveiller quelques heures. D’ailleurs, ne vous inquiétez pas forcément si on vous propose l’hospitalisation lors de la consultation, c’est plutôt par prudence ; un enfant, surtout avant deux ans, peut voir son état de santé se dégrader très vite. Mieux vaut hospitaliser pour une surveillance 24-48 heures que de trop attendre et devoir lancer un traitement à la dernière minute, où la phase de récupération de l’enfant sera plus longue.

Les signes où il est inutile de consulter :

Fièvre isolée de moins de 3 jours, sans aucun autre signe. Dans ce cas, impossible pour le médecin de dire de quoi il s’agit. Il va vous dire : on attend et va prescrire du paracétamol = vous auriez pu le faire vous-même !

– Enfant supportant bien la fièvre, continue à manger normalement, ne se plaint pas plus que ça. Idem, on attend de voir comment ça évolue.

Nez qui coule + toux (sans impression qu’il va s’étouffer dans la minute). C’est viral dans presque tous les cas, donc à part le nettoyage du nez plusieurs fois par jour, l’hygiène et le réconfort, pas grand-chose à prescrire pour le médecin.

Les signes qui vous emmènent chez votre médecin :

– la fièvre ne passe pas au bout de 3 jours

– l’enfant présente une éruption cutanée, des tâches roses pâles, plus ou moins nombreuses, qui grattent ou pas et qui sont apparues deux à trois jours après le début de la fièvre. Il s’agit probablement d’une infection virale, parmi les nombreuses maladies éruptives de l’enfant possibles (selon les vaccins faits). Le traitement est le plus souvent : paracétamol + repos. Mais une consultation est nécessaire pour vérifier qu’il n’y a pas de complications et évaluer le risque de contagiosité ainsi que les mesures d’hygiène à prendre.

– l’enfant est “fragile” c’est à dire qu’il est atteint d’une maladie chronique grave telle que la drépanocytose, une immunodépression, une maladie systémique etc. Dans ce cas, un avis médical s’impose, par précaution.

– vous remarquez des douleurs à la moindre mobilisation d’une jambe, d’un bras et toujours le même. Il s’agit probablement d’une infection d’une articulation (ostéo arthrite) ; des examens seront nécessaires pour en savoir plus sur la nature de l’attaquant.

– les selles sont anormales et vous remarquez des glaires avec du sang. Il s’agit probablement d’une diarrhée bactérienne = nécessité d’une prescription d’antibiotiques avec examens complémentaires.

vomissements / diarrhées avec une alimentation encore possible = gastro-entérite aiguë. Ne pas tarder à consulter si l’enfant mange de moins en moins ou si il vomit ce qu’il mange. Proposez lui toutes les 10-30 minutes de petites quantités de boisson type SRO (soluté de réhydratation orale disponible en pharmacie sans ordonnance) ou encore mieux la tétée si vous allaitez. Le lait maternel contient de la lactadhérine (glycoprotéine) qui permet de bloquer la multiplication du rotavirus, souvent responsable de gastro-entérite aiguë, ainsi que des oligosaccharides (glucides) qui participent au maintien et à la restauration d’une flore bactérienne intestinale sympathique. Si vos tentatives de réhydratation échouent, consultez. Votre médecin va peser l’enfant pour estimer la perte de poids liée à la déshydratation (vomissements / diarrhées = perte d’eau +++). Dès 5% de perte de poids par rapport au poids antérieur et selon l’âge, ce sera hospitalisation, pour poser une perfusion de réhydratation au minimum.

– si la fièvre apparaît au retour d’un voyage dans un pays étranger (dans le mois qui suit le retour). Risque de maladie infectieuse selon le pays (paludisme, fièvre jaune…).

Les signes qui vous font appeler le SAMU ou aller aux urgences pédiatriques rapidement :

– l’enfant a du mal à respirer, il est bleu (cyanosé), a les côtes qui sont anormalement apparentes lorsqu’il respire, il respire beaucoup plus vite que d’habitude, vous avez l’impression qu’il s’étouffe. Il va lui falloir au minimum un apport d’oxygène au masque, d’où une hospitalisation, même courte.

– l’enfant ne mange plus, il ne boit que la moitié ou moins de la moitié de ses biberons, de ses repas et refuse les boissons ou la tétée si vous allaitez. Il va rapidement se dégrader si son corps ne reçoit pas les nutriments indispensables à sa défense.

– l’enfant a moins de 6 semaines ou moins de 3 mois si c’est un prématuré (retrancher les mois de prématurité).

– il convulse. Il va falloir déterminer si les convulsions sont liées à la fièvre (généralement pas grave) ou à autre chose ; des examens complémentaires seront probablement nécessaires.

– apparition de purpura, n’importe où sur la peau. Ce sont des tâches rouges foncées et violettes qui ne disparaissent pas lorsque l’on applique un verre ou une règle transparente dessus, ce qui signifie que du sang est en dehors des vaisseaux sous la peau (attention ! ces taches sont différentes de celles des infections virales telles que varicelle ou rougeole qui sont plus claires, roses rouges). Si ces tâches augmentent en nombre en quelques heures et deviennent de plus en plus étendues avec en général une fièvre élevée vers les 40°C > Réflexe = appeler le 15 ou aller aux urgences pédiatriques immédiatement. Ce signe est le reflet d’une infection bactérienne à méningocoque qui provoque des hémorragies (d’où le sang sous la peau) et qui peut tuer si on ne réagit pas rapidement. Aux urgences, le médecin confirmera qu’il s’agit bien de cette maladie (voir ici pour la photo de purpura fulminans), puis il injectera immédiatement une dose d’antibiotique pour contrer l’infection.

– l’enfant ne supporte pas qu’on le touche, pleure et est inconsolable ou si il est plaintif, somnolent, peu réactif à vos attentions et a un comportement inhabituel avec une fièvre élevée (supérieure à 38,5°C), ou présente une raideur du cou. Ces signes témoignent d’un retentissement au niveau du cerveau. Il vaut mieux ne pas attendre pour partir à la recherche de l’explication de ce changement de comportement. Des examens seront nécessaires pour éliminer une méningite (atteinte des enveloppes du cerveau).

– l’enfant vomit ou a des diarrhées importantes et refuse de manger ou boire plusieurs repas / biberons/tétées de suite. Si les diarrhées sont accompagnées de sang, si l’enfant a un teint très pâle > ne pas attendre, il va falloir apporter de l’eau et des ions (perdus dans les vomissements / diarrhées), voire plus et éliminer une possible infection bactérienne.

Maintenant que vous avez lu ce paragraphe et que vous vous dites “punaise, tout ça, le stress !”, relisez le premier paragraphe : les infections des voies aériennes sont les plus fréquentes ! Voilà, vous pouvez respirer…

4. Convulsions et fièvre

Un petit mot sur les convulsions lors de la fièvre, encore appelées crises convulsives fébriles. Bien que très impressionnantes, elles sont rarement graves. Le plus souvent elles surviennent avant 2 ans, sont peu fréquentes avant 6 mois et après 5 ans. Les risques sont plus grands si une personne dans la famille en a déjà présenté, ce qui sous-entend une susceptibilité génétique. Toute fièvre bactérienne ou virale peut provoquer des convulsions.

Le paracétamol ne permet pas la prévention des convulsions, qui apparaissent dans les premières heures d’une fièvre supérieure ou égale à 39°C et correspondent en quelque sorte à la “surprise” du cerveau face à l’augmentation intense de la température. Les cellules sont à ce moment là ultrasensibles au moindre signal (hyperexcitabilité cérébrale) et vont interpréter de manière exagérée toute information transmise, ce qui crée une réponse explosive, déclenchant la crise convulsive.

Les cas pour lesquels les convulsions ne sont pas alarmantes :

– âge : 1 à 5 ans

– durée de la crise convulsive de mois de 10 minutes

– les convulsions atteignent tout le corps

– après convulsions, l’enfant est rapidement dans son état normal, il parle, peut marcher etc.

Les cas pour lesquels il y a un doute sur l’évolution :

– âge : moins de 1 an

– convulsions longues supérieures à 10 minutes

– les convulsions ne touchent d’une partie du corps, ou ont commencé par des signes localisés (bras, bouche…) avant d’atteindre tout le corps

– après la crise, le retour à un comportement habituel est long

– l’enfant a déjà eu des problèmes au niveau du cerveau (antécédents de méningite par exemple)

Dans tous les cas, un enfant faisant des convulsions en cas de fièvre, doit idéalement être examiné afin d’éliminer une infection du cerveau / système nerveux central ; la ponction lombaire permettant de faire la part des choses.

Si votre enfant a déjà fait une convulsion fébrile, sachez que votre médecin peut vous prescrire des suppositoires de diazépam (Valium) à utiliser en cas de récidive des convulsions si celles-ci durent plus de 3 minutes. Cela ne vous dispense pas d’aller ensuite aux urgences !

5. Morale de l’histoire

Toutes ces connaissances, utiles pour pouvoir évaluer le degré de gravité d’un état fiévreux représentent la partie médicale de l’affaire, la partie émergée de l’iceberg lorsque l’on est parent. Un petit coup de paracétamol c’est bien sympa, mais il reste toute la partie gestion de l’humeur, du comportement des enfants lorsqu’ils sont malades. Dans ces cas là, quoi de mieux que l’effet placebo des bisous, câlins et autres attentions pour aider à supporter la fièvre et généralement la maladie ?

Sans me lancer dans ce qui pourrait faire l’objet d’un autre article, il est intéressant de relier les observations de la Poule, concernant l’association qui existe plus ou moins dans tous les esprits entre symptôme/maladie et besoin d’un médicament. Je partage son avis sur le fait que les désordres de santé minimes pourraient facilement être “désassociés” des médicaments et ce, dès l’enfance. Bien entendu, sans tomber dans l’excès inverse qui serait le refus de toute médication ! Trouver un juste milieu qui pourrait par exemple être de traiter en premier lieu avec les pansements psychiques tels que le soutien, l’encouragement ou encore suivre soi-même les conseils dispensés à nos enfants pour leur prouver que c’est possible etc. Si ces premiers traitements ne marchent pas, recourir alors sans hésitation aux médicaments.

Ce discours, bien qu’allant à l’encontre des attitudes actuelles, que ce soit médicales ou sociétales (je dois être un parent parfait) est un appel à avoir confiance en son intuition, son jugement, grâce à la connaissance que nous pouvons acquérir par l’observation et les soins que nous accordons à nos enfants. Qu’ils aient quelques semaines ou des années de vie, nous les connaissons bien ; et l’expérience que l’on peut avoir lors des consultations médicales témoigne bien du fait que ce ne sont généralement pas les parents les plus attentifs à leurs enfants qui commettent des erreurs aux issues malheureuses. Arrêtez de vous stigmatiser si vous ne cédez pas à la tentation immédiate de la molécule magique ! Mieux vaut une bonne surveillance de l’évolution, qu’un médicament et une confiance aveugle dans son action “scientifiquement démontrée”…

 

Crédit photo : Trombouze, Vabellon

Le congé parental

mercredi, novembre 17th, 2010

sound-of-music_l1231807675 Prête à tout pour la basse-cour, j’ai testé pour vous… le congé parental !

D’abord le congé parental d’éducation, c’est quoi ? Il s’agit d’une disposition du droit du travail français, qui permet au parent qui le souhaite de prendre un congé total ou partiel jusqu’aux trois ans de l’enfant. Il suffit que le parent ait plus d’un an d’ancienneté à la naissance de l’enfant pour que le congé ne puisse être refusé par l’employeur, qui devra simplement en être averti par lettre recommandée un mois avant qu’il ne commence (le congé, pas l’employeur). Tous les détails sont sur le site du ministère ad hoc (je ne mets pas son nom complet, ça change à chaque remaniement). Ce congé parental peut ouvrir le droit à une allocation de la Caisse d’allocations familiales appelée complément de libre choix d’activité, sous certaines conditions (tout est expliqué sur le site de la CAF). Selon le revenu du parent qui prend cette option, cela peut avoir plus ou moins de conséquences sur le budget familial. Quoi qu’il en soit cela mérite d’être étudié soigneusement avant de prendre la décision.

Pour ma part, je ne suis pas vraiment desperate housewife dans l’âme, mais plusieurs éléments m’ont poussée à allonger mon congé maternité (dix semaines en post-natal) de six mois de congé parental. D’une part je trouve le congé post-natal vraiment trop court, tant pour moi que pour bébé, d’autant plus avec un projet d’allaitement (même si allaitement et travail ne sont nullement incompatibles, c’est tout de même plus simple à la source, surtout avec un tout petit). D’autre part, il se trouve que nous avons déménagé deux semaines après la naissance de Pouss2 (ce que je ne recommande à PERSONNE), la destination de notre déménagement n’ayant été connue que peu de temps avant. Donc avec un Pouss2 né en janvier et un Pouss1 qui devait commencer l’école en septembre, il m’a semblé plus simple d’éviter de chercher en panique un mode de garde pour deux enfants, qui en outre n’aurait duré que quelques mois pour l’un, et d’avoir un peu de temps pour accompagner la première rentrée de Pouss1.

Le hic c’est qu’avec un Coq qui cumulait un travail prenant (et à près d’une heure de chez nous) avec la prise en charge du déménagement et des travaux qui s’ensuivaient, je me suis retrouvée à m’occuper quasi-seule de mes deux poussins. Comme vous vous en doutez sûrement, ça n’a pas été facile tous les jours. Forte de cette expérience, voici quelques conseils à considérer si l’aventure vous tente (notez que ça peut aussi servir en congé maternité) :

  • Se faire aider. Autant que possible. S’occuper entièrement seul d’un (et a fortiori plusieurs) enfant(s) n’est pas un fonctionnement habituel pour l’être humain. Je ne suis pas spécialiste, mais il me semble qu’aucune société ne fonctionne de cette façon. Bien sûr c’est en général la mère qui s’occupe principalement de ses enfants, mais elle trouve toujours quelqu’un à qui les refiler de temps à autre (les « allomères » dont parle Sarah Blaffer Hrdy). Pour le cas qui nous intéresse, ce n’est pas parce que vous avez pris un CPE que vous devez vous occuper des enfants 24h/24 7j/7. Bien sûr il y a l’autre parent, et quand c’est possible la famille élargie, ainsi que les amis, voisins, etc. Il existe aussi des modes d’accueil collectifs pour ce type de situation : les haltes-garderies, qui ne prennent généralement les enfants que pour quelques demi-journées par semaine. J’ai d’ailleurs eu une place pour Pouss1, qui a plus servi à l’ouvrir sur d’autres horizons qu’à me libérer du temps puisqu’au final j’avais au mieux 2h30 avant de retourner le chercher (et -léger détail- Pouss2 sur les bras). Certaines crèches proposent aussi des créneaux à temps partiel pour boucher les trous. Bien entendu, l’aide ne s’arrête pas à la garde d’enfant. Congé parental d’éducation ne veut pas dire qu’en prime vous devez vous farcir toute la popote, le ménage, les courses etc. Nous sommes des fidèles d’Auchandirect et avons eu la chance de pouvoir garder notre femme de ménage pendant le congé. Honnêtement je pense que si j’avais du faire le ménage en prime l’issue aurait été soit un placement des enfants suite à une visite de notre domicile par les services sociaux soit mon internement en psychiatrie. Par contre je trouve que ce n’est vraiment pas évident de caser deux enfants, à tel point que je n’ai même pas pu profiter du congé pour faire ma rééducation périnéale (et je ne vous parle même pas d’activités un peu plus présentables dans les dîners mondains).
  • Voir du monde. L’idéal est d’avoir quelques amies (désolée pour les quelques hommes concernés…) dans la même situation et proches géographiquement, mais ça n’est pas toujours évident. A défaut, il y a de plus en plus d’initiatives pour les futurs et jeunes parents qui permettent de sortir un peu et de rencontrer du monde : réunions d’associations sur l’allaitement (voir ici l’article de Ségolène sur le sujet), ateliers de portage ou de massage de bébé, baby gym, maisons vertes, etc. Pour savoir ce qui se passe près de chez vous, vous pouvez par exemple contacter la PMI (qui ne sert pas qu’à culpabiliser les mères allaitantes). Ainsi on peut échanger sur les difficultés et découvrir qu’on n’est pas les seuls chez qui ça ne se passe pas comme chez Laurence Pernoud. Les bébés (même très jeunes) aiment bien aussi qu’il y ait un peu de mouvement et trouvent généralement nos activités (lire, être sur l’ordinateur, téléphoner…) ennuyeuses. Et puis vous allez découvrir les bébés des autres, qui d’une part sont tous moches par rapport au vôtre, et d’autre part font généralement un truc qui vous semble franchement insupportable et que le vôtre ne fait pas, ce qui vous le rendra d’autant plus aimable. Pour ma part, j’ai trouvé que le gros hic de beaucoup de ces activités est qu’elles se déroulent en début d’après-midi : LE moment de la (longue) sieste de Pouss1. Et bien sûr ce n’est pas parce que vous êtes en congé que la vie doit tourner autour des couches. Pourquoi pas voir une expo ? Faire une balade ? Du shopping ? Il peut aussi y avoir des concerts « adaptés », pas trop bruyants (évitez le pogo sur Rage against the machine), où on peut facilement aller et venir, par exemple un groupe de jazz dans un bar (maintenant qu’ils sont tous non fumeurs -les bars, pas les groupes de jazz)), ou un événement en plein air, où d’éventuels cris de bébé passeront plus facilement inaperçus. En ce qui me concerne j’ai fait un certain nombre de répétitions musicales (je chante) avec Pouss2 sous le bras, ça s’est plutôt bien passé. Si vous avez peur de sortir avec bébé, commencez facile : pas trop loin, un endroit d’où on peut partir facilement, avec des gens bienveillants… Le portage rend les choses vraiment plus pratiques, j’ai pu faire plein de choses seule avec les deux (métro, TGV, McDo, cafés, etc). Attention, autant internet est vraiment devenu un super lieu de rencontre pour les parents, autant ça n’est pas la même chose que de voir des gens en vrai. Ne serait-ce que parce que pour le poussin, se retrouver au milieu d’autres personnes, éventuellement dans un lieu inhabituel, c’est bien plus intéressant que d’être chez lui avec sa mère vissée à son ordinateur.
  • Connaître et respecter ses limites. Les enfants n’ont pas leur pareil pour nous pousser à bout, et plus loin encore. Avec le manque de sommeil qui est généralement le lot des parents d’enfants en bas âge, c’est un cocktail explosif. Encore une fois, c’est normal de n’avoir pas envie de s’occuper tout le temps de ses enfants, même (et surtout…) si on est en congé parental. Repérez les moments où la mayonnaise monte pour essayer si possible d’éviter les situations explosives. Acceptez qu’on ne peut pas toujours être disponible pour accompagner ses enfants, idéalement en passant le relai à quelqu’un, et si personne n’est disponible en vous isolant. Personnellement je pense qu’il vaut mieux dire à un enfant qu’on craque et le laisser hurler seul que de péter une durite devant lui (ou pire sur lui). Evidemment, parfois ce n’est pas possible, parce que même si le grand ne veut pas mettre ses chaussures vous avez quand même rendez-vous chez le médecin pour le bébé dans dix minutes (ah ça sent le vécu ?). J’ai testé pour vous, et je peux vous dire que de surenchérir dans les cris et l’énervement ne fonctionne pas, sans compter que c’est complètement contre-productif à moyen terme, l’enfant fonctionnant surtout par imitation. C’est plus efficace de rester calme et déterminé, même si c’est beaucoup plus difficile. On peut sortir momentanément évacuer sa rage en criant un bon coup et/ou en tapant sur un objet inanimé (avez-vous donc une âme ?), ou encore se promettre une « récompense » pour plus tard (un carré une tablette de chocolat, un bon bouquin/une bonne série, un coup de fil, un achat plaisir… enfin ce qui vous motive !). Dans une journée, essayez de ménager quelques plages pour vous (à commencer par une douche, et non bébé ne deviendra pas psychopathe parce qu’il a pleuré tout seul le temps que vous vous rinciez les cheveux).
  • Préparer l’après. Même si vous voulez vous consacrer à vos enfants, y compris après leurs trois ans, il y a bien un moment où vous aurez envie de faire autre chose. Personnellement ça ne me semble pas très sain de construire toute sa vie autour de ses enfants (ce qui ne veut pas dire qu’on ne peut pas s’y consacrer à 100% sur certaines périodes bien sûr). Si vous reprenez votre poste à l’issue du congé, « facile ». Il « suffit » de chercher un mode de garde dès que vous avez votre date de reprise et de vous tenir un peu au courant de ce qui se passe avant celle-ci. Si vous êtes dans un secteur où les choses bougent très vite, ça peut être utile de se remettre un peu dans le bain avant, par quelques lectures, ou en allant à un colloque par exemple. Si vous souhaitez vous réorienter, voir point 1 : il va être essentiel de trouver quelqu’un pour garder un peu votre poussin pendant vos diverses démarches pour mûrir votre projet (si vous n’en avez qu’un -de poussin, pas de projet- et qu’il fait de grandes siestes ça aide). Cette coupure peut vraiment être un bon moment pour réfléchir à autre chose. Enfin une autre option peut être de s’engager dans le secteur associatif, si vous n’avez pas de projet professionnel à court/moyen terme, afin de changer un peu d’air.

Pour ma part, le bilan est plutôt positif ; de toute façon je ne voyais pas vraiment de meilleure alternative, ce qui aide grandement à faire accepter la situation par tout le monde. D’ailleurs, lorsqu’est venu le moment de reprendre, je dois dire que j’étais un peu en overdose des poussins. J’étais donc parfaitement unifiée dans ma décision de les confier, l’un à l’école et l’autre à la crèche, ce qui a été un atout certain pour que les poussins s’adaptent à la nouvelle donne. Au niveau professionnel, n’en déplaise à Elisabeth, je n’ai pas l’impression de m’être trop tiré une balle dans le pied, ayant retrouvé à peu près ce que j’avais laissé, et l’interruption (un peu moins d’un an au total avec le congé maternité) ne se verra même pas sur mon CV puisque je n’ai pas quitté mon poste. A dire vrai, étant passée assez rapidement d’un extrême (m’occuper à plus de 95 % des enfants) à l’autre (travailler à temps complet à une heure de mon domicile), je crois que l’idéal serait sans doute une solution intermédiaire (qui n’est pas compatible avec mon poste actuel).

Au-delà des études, qui montrent tour à tour que les enfants qui ne sont pas gardés à temps plein par leurs parents (voire leur mère pour les plus réacs) deviennent ou pas des délinquants asociaux, je pense que c’est ça qui est vraiment important : un choix réfléchi et assumé, plutôt qu’une contrainte plaquée sur les parents.  Sans compter que dans la vraie vie tout ne se passe pas toujours comme on a envie, et certains choix auxquels nous aspirons peuvent nous être refusés par les circonstances (que ce soit de devoir travailler pour des raisons financières ou de devoir rester à la maison par absence de mode de garde -ce qui serait le cas d’environ un quart des congés parentaux, d’après le rapport Tabarot). Un enfant s’épanouira plus difficilement s’il passe ses journées avec une mère dépressive, qui ressent la situation comme un enfermement imposé. Et inversement, il aura plus de difficultés à s’adapter à la séparation si elle est très mal vécue par un de ses parents. Dans une société où les parents sont relativement isolés, le développement de modes de garde de qualité et répondant à la diversité des situations (temps partiel, accueil ponctuel…) est en tout cas une vraie nécessité. Enfin je sais que ce n’est pas le style de la basse-cour, mais par pitié finissons-en avec les « mommy wars » : la vie avec des enfants en bas âge est difficile et fatigante, qu’on travaille ou pas. Chaque situation a des avantages et des inconvénients, et surtout chaque famille a des contraintes et des envies différentes. La parentalité n’est pas un concours.

Photo : une scène prise sur le vif pendant mon congé, au pied de la montagne Sainte-Geneviève

La diversification à la cool

vendredi, septembre 10th, 2010

bébé_mange Au risque de virer au 3615 my life www.maviemonoeuvre.com je voudrais partager avec vous aujourd’hui la façon dont nous nourrissons Pouss2, bientôt 8 mois. Avant tout je tiens à préciser que c’est un enfant « ordinaire », c’est-à-dire qu’il n’a aucune pathologie connue (et notamment pas d’antécédent ou de terrain allergique, pas de RGO). Je pensais attendre ses six mois révolus avant toute introduction d’aliment solide, mais autour de 5 mois il a manifesté très clairement son désir d’autre chose, râlant pour venir à table plutôt que de rester dans le transat juste à côté, tentant d’attraper assiettes, couverts et bien sûr nourriture. Et quand il a fini par arracher une feuille de la plante verte pour se la fourrer dans la bouche, je me suis dit qu’il était temps de passer à autre chose, même si la date fatidique des six mois n’était pas atteinte.

Première étape : découverte. L’idée étant de goûter un peu de tout en conservant le lait (en l’occurrence le mien) comme alimentation principale. L’avantage du bébé d’hiver, c’est qu’il commence les solides à la belle saison. Nous lui donnions donc un petit morceau de ce que nous mangions si cela pouvait lui convenir (et sinon rien -sauf du lait bien sûr) : pêche, melon, abricot, concombre, haricot vert… Toujours nature (voire cru si approprié) sous forme d’un morceau à tripatouiller, sucer, mâchouiller. Ainsi le poussin est bien occupé mais aucun risque d’overdose puisqu’un ou deux haricots verts dureront tout le repas. Zéro effort supplémentaire pour le parent qui se contente de piocher dans son assiette (à part le nettoyage : bébé + pêche = carnage).

Etape suivante : augmentation des quantités. Après quelques semaines de ce régime, Pouss2 (entre 6 et 7 mois donc) nous a fait comprendre qu’il en voulait plus. Nous avons donc augmenté les quantités ainsi que la gamme d’aliments dans laquelle piocher et commencé à systématiser les repas. Sauf s’il dort, il est à table avec nous à chaque repas et mange plus ou moins la même chose (et très honnêtement nous ne mangeons pas beaucoup de purées vapeur). J’essaie de lui donner en priorité les fruits, légumes et féculents mais il peut goûter à peu près à tout (y compris glaces, gâteaux, gratins etc). Selon le type de nourriture, il mange tout seul avec les doigts ou on lui donne la becquée à la cuiller ou à la fourchette. Si cela est plus pratique et plus adapté, il a un petit pot du commerce. Là encore c’est l’effort parental minimum : un repas pour tout le monde. Je n’ai jamais sorti le mixer spécialement pour Pouss2. Et entre les repas c’est toujours tétée à la demande.

Je dois dire qu’après avoir suivi fidèlement les instructions du pédiatre pour Pouss1 (compote de pomme à goûter, mixée lisse, puis carotte, puis une cuiller de viande vapeur mais pas plus, puis…), j’ai pris du recul. Après tout, les dernières recommandations issues de la littérature scientifique sont très générales : en gros ni trop tôt, ni trop tard, et privilégier le lait (maternel ou infantile). A moins de nourrir son enfant uniquement de junk food, quels sont réellement les risques inhérents à une diversification mal conduite ? On peut citer :

  • Remplacer un lait adapté par un aliment moins nutritif. Comme dit plus haut, ici l’allaitement continue à la demande (et sans vraiment ralentir), et nous sommes attentifs aux signaux de satiété de Pouss2.
  • Introduire un aliment mal digéré par l’enfant. Il me semble que cela n’est pas dramatique, si on voit que l’enfant a mal au ventre suite au repas et que cela provoque des désordres intestinaux on attend quelque temps avant de reproposer l’aliment incriminé. Par ailleurs, il est inévitable que le tube digestif ait quelques ratés pour s’adapter à une alimentation variée et je ne pense pas que cela soit pathologique pour autant (ou en termes plus crus : une petite drouille de temps en temps ce n’est pas la mort).
  • Provoquer une réaction allergique. Là je sors mon joker, n’étant (pour le moment) pas concernée, je n’ai pas fait beaucoup de recherches sur le sujet. Cependant, il semble que la définition des meilleures pratiques sur le sujet soit largement sujette à débat. Quoi qu’il en soit, je laisse les lecteurs avertis nous éclairer en commentaires.
  • Mettre en péril l’équilibre alimentaire du bébé (qui est différent du nôtre). Je fais attention aux protéines, au sel (je cuisine quasi sans sel, chacun est libre d’en rajouter à table -et en pratique c’est une question d’habitude, comme le sucre dans le café/thé…) et aux mauvaises graisses et j’essaie de donner principalement fruits, légumes et féculents. Quant aux éventuelles carences, le lait maternel à volonté me semble une bonne parade pour la plupart d’entre elles.

On parle aussi beaucoup du développement du goût et des habitudes alimentaires, qui se prennent dès le plus jeune âge. Pour ma part, après avoir lu Zermati et le site du GROS (voir notamment cette page sur l’obésité infantile), j’essaie de mettre l’accent sur le respect des sensations de faim et de satiété plutôt que sur un hypothétique équilibre alimentaire détaillé, sur lequel de toute façon personne n’est d’accord (et qui à mon avis est aussi très variable d’un individu à l’autre, en fonction des circonstances etc). J’ai d’ailleurs découvert il y a peu (grâce à Mme Papilles) que je suivais ainsi les préconisations d’un spécialiste de l’obésité infantile. Donc pas d’aliments diabolisés, pas d’obligation de finir son assiette (ce qui n’empêche pas de rester vigilant sur ce que nous achetons). Comme c’est moi qui fais les courses et la cuisine (je vous rassure le Coq s’occupe d’autres tâches ménagères…), je fais un menu unique (en tenant un peu compte des goûts de chacun quand même) : chacun mange autant qu’il veut de ce qu’il veut dans ce qui est proposé.

Ce qui a vraiment été une découverte depuis Pouss1, c’est la capacité d’un bébé de cet âge à manger des morceaux, et tout seul. Le concept*, appelé baby-led weaning (diversification menée par l’enfant en français) a été popularisé par le livre de Gill Rapley et Tracey Murkett (que je n’ai pas lu). Il y a également un site en français, même si je trouve certaines de ses recommandations -comme les âges d’introduction des aliments– très psychorigide (et basées sur quelles données ?). Il est intéressant de noter que l’habitude de nourrir un bébé avec des purées lisses et fades provient de l’époque où on diversifiait les enfants précocement (dès trois mois) : on fait donc avec des enfants de six mois ou plus comme s’ils en avaient trois. Et après tout, si les enfants mettent tout à la bouche, ce n’est peut-être pas juste pour que l’ami Sigmund vende des livres. Il n’y a pas besoin de dents pour mâcher, au début les enfants écrasent la nourriture avec la langue sur le palais. De toute façon ils n’auront pas de molaires avant au moins un an voire 18 mois pour la plupart. A noter que la tétée au sein favorise un bon développement des mâchoires (voir ici par exemple), rendant cette approche particulièrement adaptée dans ce contexte. Pour ma part je ne suis pas fidèlement les préceptes énoncés, parce que j’ai constaté que dans la vraie vie ça ne se passe pas toujours comme dans les bouquins (avez-vous déjà vu un bébé de six mois essayer d’attraper un bout de melon glissant comme une savonnette ?). Et je n’aime pas le ménage au point de laisser Pouss2 à 7 mois se démerder avec un yaourt : l’idée est aussi de me simplifier la vie, d’autant plus qu’il accepte très bien qu’on lui donne la becquée (et dans ces cas-là il m’attrape la main pour amener plus vite la cuiller à sa bouche…).

En bref mon nouveau dogme sur cette question, c’est de ne pas en avoir : un peu de bon sens et trouver le meilleur compromis entre les efforts auxquels je veux consentir et les besoins que Pouss2 exprime. Et évidemment il n’est pas question de prétendre que c’est LA voie et que tout le monde doit faire pareil, mais simplement de signaler qu’on peut se libérer un peu de la psychorigidité ambiante sur la question et faire sa propre tambouille (ha ha ha), en fonction de ses habitudes, de son mode de vie, de ses enfants, etc. Les repas peuvent simplement être de bons moments passés en famille et la nourriture un plaisir partagé. Et puis on peut enfin sortir de la guéguerre débile des petits pots contre les purées maison : ni l’un ni l’autre mon général !

*Le concept en question est probablement vieux comme le monde mais il suffit de lui donner un nom qui en jette pour vendre des bouquins…

Photo : Flickr