Initialement, j’avais lancé un appel à témoignages d’IVG, parce qu’il me semblait qu’on manquait cruellement de parole sur ce sujet, de témoignages de femmes qui sont passées par là. Et puis Ella (une chouette sage-femme qui tient le blog Ella et Valentin) m’a envoyé son texte, qui ne parle pas d’IVG mais d’un sujet aussi tabou ou presque, la fausse-couche précoce. Quand vous l’aurez lu je pense que vous comprendrez pourquoi il m’a alors paru inévitable d’élargir ma proposition initiale de publication de témoignages d’IVG aux fausses-couches. Je suis consciente qu’entre ces témoignages et le fait que je n’écris pas beaucoup, le blog prend une teinte assez sombre, alors n’hésitez pas à naviguer dans les archives si vous trouvez cela trop pesant. Mais place au témoignage d’Ella, que je remercie du fond du coeur pour sa confiance.
Été 2010. Il fait beau, on est jeunes, amoureux. Depuis sept mois, on a décidé de faire un bébé. On rentre de vacances, et la prise de sang est positive. Un bébé pour le printemps. On est heureux… Je suis zen, tranquille, je ne fais aucune écho précoce. Tout va bien, pourquoi ? J’ai des nausées, je vomis, mais ça va. Et puis les nausées passent. Je suis bien. Je suis enceinte de 2 mois.
Septembre. Ce matin, mon homme souriait: « dans une semaine, première écho ! » Mais en me levant, je saigne. A l’écho, dans mon ventre, il n’y a plus qu’un œuf vide. Mon bébé s’est envolé il y a 1 mois…
Je prend des comprimés, pour faire partir cet œuf sans vie. J’ai mal, vraiment mal. Physiquement. Psychologiquement. Je rencontre un anesthésiste, au cas où. Cet abruti me parle d’IVG. Je crie, je pleure, je hurle, je fais un scandale jusqu’à ce qu’il efface ces trois lettres de mon dossier. « Mais c’est la même chose », me dit-il. Deux ans après, je le hais encore.
Un dimanche matin, mon corps laisse partir ce petit œuf…
Je n’ai aucun soutien. J’entends que ce n’est pas grave, que je suis jeune, que j’en aurais d’autres. Qu’il vaut mieux ça que d’accoucher d’un avorton. Que ce n’est pas normal que je pleure autant, que je devrais voir un psy.
Moi, j’ai juste besoin qu’on me prenne dans les bras, et qu’on me laisse faire mon deuil.
Janvier 2011. La prise de sang est positive, de nouveau. J’ai peur, mais je me dis qu’il n’y a pas de raison que ça recommence. Je fais une écho quand même, à 6SA. Tout va bien.
A 8 SA, une garde chargée, des pertes marrons. A l’écho, le petit cœur clignote. Je respire.
Mais dans la nuit, le sang. Dans mon ventre, il n’y a plus rien. Mon utérus n’est rempli que de sang. Le petit cœur ne clignote plus.
Je m’effondre. Je prend un arrêt de travail, note une date plusieurs semaines plus tard, le fait signer au médecin. Je suis incapable de travailler.
Je pleure. Beaucoup. Je tricote. Énormément. Maille après maille, je construis de mes mains ce que mon ventre ne peut faire. Je me coupe des gens. Je ne veux plus entendre leur non-compassion.
Avril 2011. Troisième prise de sang positive. J’ai peur cette fois, très peur. A 6 SA, l’écho révèle un décollement important. Repos strict.
J’ai des nausées, je vomis. Je m’en fiche. Le matin, je ne suis pas tranquille tant qu’une vague ne m’a pas envoyé la tête dans la cuvette.
Pendant quatre mois, je suis morte de trouille chaque jour. Ma collègue finit par me prêter un sonicaid. Tous les jours, j’écoute le cœur de mon bébé. J’ai du mal à m’y attacher. Je lui parle peu. Je suis heureuse d’être enceinte, mais j’ai du mal à créer un lien avec l’enfant que je porte.
Aujourd’hui, mon fils va bien. Il vient d’avoir un an. C’est un bébé intense, avec un besoin de contact énorme. Fusionnels ? Oui, on l’est. Je le porte, je l’allaite. Je le laisse le moins possible. Je ne peux pas.
Et mes autres bébés ? J’ai porté trois enfants, mais pour tout le monde, je n’en ai qu’un seul. Les autres, il faudrait que je les oublie. C’est le passé, paraît-il.
Mais ces anges m’ont faites mère, malgré tout. Ils n’ont fait que traverser ma vie mais m’ont apporté beaucoup. Sans eux, serais-je la mère que je suis…? j’en doute.
Souvent , je pense à eux. Qui étaient-ils ? Garçon, fille ? Je suis triste de les avoir perdus. D’un autre côté, sans ces deuils, le petit garçon que je regarde grandir chaque jour ne serait pas là… Ils sont partis pour lui laisser la place.
Non, ils n’étaient pas « rien ». Ils sont mes enfants. Mes petits anges partis si vite, passés dans ma vie comme des étoiles filantes. Mon deuil d’eux n’est pas fait. Je pleure encore en repensant à ces moments. Et déclenche l’incompréhension de mon entourage.
Une fausse-couche, ce n’est pas rien.
D’autres billets sur le même sujet :
Photo : Nuwandalice sur Flickr
Tags: fausse-couche précoce, fausse-couche spontanée, fausses-couches multiples, témoignage
Merci Ella pour ce témoignage et merci La Poule de publier tout ça …
Très émouvant.
J’entends souvent ces mêmes mots de la part d’amies mamans, cette souffrance que pour les autres et parfois même leur compagnon, cet enfant n’ait pas existé. C’est très dur, vraiment.
J’ai fait une FC très précoce entre mes deux grossesses, je pense parfois à ce petit ange qui est passé par là, mais je n’en parle pas, d’une certaine façon il n’a existé que pour moi, … mais je sais tout ce qu’il m’a apporté, je sais ce que son départ a généré, a permis aussi, même si c’est triste de le dire ainsi.
Merci pour ce témoignage. J’ai ainsi découvert cet autre blog qui me plait beaucoup.
Merci pour ce témoignage. Personnellement il m’a appris qu’œuf clair ne voulait pas dire qu’il n’y avait jamais rien eu dedans.
Je ne sais pas quelle proportion de femme vit la fausse couche précoce comme ça, mais ça va faire la troisième fois que je vois quelqu’un montrer un tel bouleversement et systématiquement, le témoignage explique que personne dans l’entourage ou le corps médical n’a compris la peine.
Alors on nous dit que la fcs est ultra courante, et personne n’est capable de voir à quel point ça peut faire mal ?
J’ai vécu la même chose (« une seule » fausse-couche, pour l’instant) et j’aurais pu écrire ce texte, je ressens exactement la même chose. Ce bébé qui n’existe que pour nous. J’ai dû en plus passer par un curetage car c’était trop tard pour l’évacuation médicamenteuse. Les comportements du corps médical ont été le pire, c’est un très gros traumatisme encore pour moi. C’est un immense sentiment de solitude de se voir à ce point maltraité et de voir personne ne s’en rendre compte. De se voir dénié le droit d’être triste.
C’était il y a quelques mois, c’était ma 1ère grossesse. Je me sais à nouveau enceinte mais je retarde le plus possible le test qui va faire redémarrer tout ça, les prises de sang, les médecins, la peur.
@Sibylle, 🙂
@la sorcière, j’espère petit à petit contribuer à l’évolution des mentalités par ces témoignages mais le chemin est long
J’ai vécu une fausse couche très très précoce. Elle n’a été détectée que parce que mes règles ont été très longues, et que la gynécologue m’a fait faire un test qui s’est avéré positif (suivi de prises de sang qui montraient que les béta-Hcg étaient en chute libre).
Ce bébé, on n’y a cru que pendant 24h, entre le test positif et les résultats de la première prise de sang. Mais malgré tout, sur le coup, ça a été très difficile à vivre.
Depuis j’ai eu 3 enfants, mais l’autre jour on m’a dit que tout comptait. Sur mon dossier, il est écrit « 4 grossesses ». Ça fait tout bizarre, même si, en fait, une fois la grossesse suivante commencée, je n’ai plus jamais pensé à ce que ce bébé aurait pu être.
Moi j’apprends par ce témoignage que le terme fausse-couche « précoce » s’applique à une grossesse qui a déjà 2 mois, je n’aurais jamais cru, je pensais qu’on l’utilisait pour parler d’une grossesse toute jeune, genre quand on se demande encore si on peut ou non faire un test de grossesse…
Je trouve ça triste parce qu’à 2 mois, on a déjà bien l’impression d’être enceinte… comme le raconte justement Ella.
Douceur à toi, ton fils et ces deux bébés qui ne sont pas nés. Peu importe la compréhension des autres, si tu sais toi qu’ils ont existé, qu’ils sont passés, tu gardes leur trace dans ton coeur et le sens de cette expérience…
@Koa, on parle de fausse-couche jusqu’à 22 SA et de fausse-couche précoce jusqu’à 12 SA (soit environ 2 mois 1/2 de grossesse), comme expliqué ici http://www.poule-pondeuse.fr/2012/09/25/les-fausses-couches-precoces/

@La poule pondeuse, j’avoue je ne suis pas allée relire ton article
mais j’ai vérifié rapidement sur le web et oui, j’ai découvert que ça va jusqu’à 12 SA… et que ça concerne 15 à 20% des grossesses 😯 ce que j’ignorais. Comme le dit la Sorcière, avec une telle fréquence, on pourrait imaginer que le corps médical est apte à un accompagnement adéquat, hum hum.
@Koa, je pense que c’est (parfois) le contraire : c’est tellement fréquent que pour eux c’est banal.
@Anna, que ça soit banal dans le sens « ça ne les prend pas aux tripes », ça n’a rien de surprenant à mon sens. Mais qu’ils ne comprennent pas que quand ça arrive, la femme en deuil a besoin de pleurer et n’est pas consolée par un « vous en ferez d’autres, allez donc voir un psy si ça vous affecte », ça me surprend plus… ou plutôt, non, mais je trouve ça plus dommage, disons.
@Koa, moi aussi je trouve ça dommage, et ça ne me surprend pas non plus. Il n’y a pas grand-chose dans la formation des médecins qui les prépare à répondre à une demande émotionnelle, deuil ou autre, et ce n’est pas évident. Certains pensent tout simplement que ce n’est pas leur rôle.
@Anna, d’accord avec toi, et pour moi c’est un des GRANDS problèmes de la médecine actuelle… Annoncer une FC, une mort prochaine, la mort d’un proche sans prendre en compte l’aspect émotionnel, c’est juste impossible, c’est inhumain (pas dans le sens « monstrueux » mais dans le sens « contraire à ce qui fait l’être humain »). Je pense qu’au-delà des patients, ces médecins-là doivent, pour tenir dans ce « rôle », se couper d’eux-mêmes, de leur humanité, ne surtout avoir aucune empathie, ne pas se projeter. Et c’est un cercle vicieux…
@la sorcière, pour ce qui est de l’oeuf clair, une collègue me disait, très justement, que sans doute l’embryon est présent au début de grossesse, mais qu’avec l’arrêt de la grossesse, il se détruit et n’est donc plus visible à l’échographie. rien ne le prouve, bien sûr, mais je suis assez d’accord avec elle…
quant à la douleur, j’ignore pourquoi la société ici la nie à ce point. une connaissance me rapportait hier qu’à mayotte, les femmes comptent les fausses-couches dans le nombre de leurs enfants..
@emma, je ne peux que te comprendre… l’attitude du corps médical (dont je fais partie!) me met bien souvent hors de moi… n’hésites pas à parler de tout ça, à verbaliser tes peurs.. ce que je regrette profondément, personnellement, est de n’avoir pas fait de rituel qui m’aurait permis de dire au revoir à mes bébés, et de faire mon deuil…
@Paola, la perte d’un enfant est difficile. que l’on soit enceinte de quelques heures, quelques mois, ou qu’il s’agisse d’un enfant déjà né…
@Koa, @Anna, non, malheureusement, rien (ou pas grand chose) dans le cursus des médecins ne les prépare à accompagner psychologiquement les patientes … je crois que les médecins sont démunis devant la douleur des femmes, certains sont carrément abjects mais je pense que la plupart ne savent juste pas comment réagir et sont maladroits… pour eux, la fausse-couche est malheureusement banale et ils ne comprennent pas que l’on puisse avoir si mal! cela ne les excuse en rien, bien sûr…
@Béatrice, 🙂
@Sibylle, 🙂
@ella, il n’est sûrement pas trop tard, et il n’est pas impossible que ça fasse du bien à ton fils aussi… Douceur.
@Koa, je pense aussi… j’ignore juste quoi faire pour le moment… merci;)
Bonjour Ella,
Merci beaucoup pour ce témoignage très émouvant. J’ai moi aussi vécu une fausse-couche et j’ai trouvé cela très douloureux (moralement et physiquement aussi). Mon mari également d’ailleurs … Nous avons beaucoup pleuré ensemble 🙁
Nous en avons très peu parlé autour de nous mais les « vous en ferez d’autres » sont vraiment déplacés. Surtout que nous avons dû attendre 2 ans et demi pour en avoir un autre …
Ce qui m’a beaucoup chamboulé, c’est lorsque l’embryon est sorti. Il n’était pas visible mais cela ressemblait à un bout de placenta. J’étais vraiment sous le choc. Je ne savais pas quoi faire avec et j’ai bêtement contacté le service des urgences gynéco où l’interne m’avait dit d’appeler quelques heures plus tôt si j’étais inquiète. Il m’a envoyé bouler, littéralement, en me disant qu’il n’en avait rien à faire de ce que je ferais avec le « produit de conception ». Un détail, je suis sage-femme de formation (mais l’interne ne le savait pas) et j’étais jeune diplômée. Sur le coup, j’étais en colère contre moi : « mais enfin, t’es trop c… ma pauvre fille, qu’est-ce que tu veux qu’il te réponde l’interne ? À quoi veux-tu que ça serve de garder « ça » ? « . De rage, je l’ai jeté dans les toilettes 🙁 Ça s’est passé en 10 minutes max tout ça et mon mari n’était malheureusement pas là. C’est extrêmement con, je sais. Je le regrette tellement. J’en pleure encore d’ailleurs. Pour faire notre deuil, nous avons fini par lui écrire une lettre, nous l’avons brûlée avec un autre petit objet et l’avons enterrée dans un lieu que nous aimons, dans la nature. Ça nous a fait un bien fou.
Les médecins ne sont pas formés dans l’accompagnement des FCS mais les sages-femmes ne le sont pas vraiment non plus (ou alors ça a changé avec le temps). Je ne m’attendais tellement pas à ça ! C’est comme si j’avais retourné toute la violence médicale que je ressentais depuis des années contre moi.
Encore merci pour ton témoignage.
@ella, En kinosiologie aussi, toutes les grossesses comptent ! Et pas seulement pour la femme qui les a porté, mais aussi pour les autres enfants qu’elle a eu, avant et après, ainsi que parfois pour la génération d’après…
Une amie somatisait physiquement (problèmes de santé non expliqués et récurrents) une fausse couche précoce que sa mère avait faite avant de l’avoir. Très impressionnant : à date anniversaire, depuis sa naissance, il lui arrivait tout un tas de pépins, qui la contraignaient à rester chez elle (problèmes de peau, dos coincé…). Tout à fait déprimant quand le corps médical renvoie un « c’est dans votre tête, ma bonne dame » ou « ce ne sont que des coïncidences (depuis 27 ans, vous êtes sûrs ?).
Une kinésiologue lui a demandé si elle était sûre d’être l’aînée. Confirmation par sa mère (qui avait totalement occulté et qui a pu faire son deuil en parlant à sa fille, 30 ans après)… fin de 27 ans de problèmes de santé récurrents !
Il me paraît donc important d’en parler, sur tous les plans : pour informer et soutenir toutes celles qui vivent cette épreuve, pour l’équilibre de sa propre famille, et pour le respect de son propre vécu.
Chapeau pour ton témoignage !
@ella, Oui, un petit commentaire ici c’est déjà en parler pour moi. 😉 J’ai aussi écrit pour moi, en version longue, mon vécu de toute cette histoire. J’ai aussi participé, en version plus courte, au projet « Mon corps, mon bébé, mon accouchement ! » (je ne mets pas de lien, mais pour celles qui sont intéressées c’est facile à trouver). Effectivement en parler, verbaliser, fait beaucoup de bien, aide à accepter, et à ne pas oublier.
@Félicie, ah, les « vous en ferez d’autres »… mon dieu…
pour ce qui est de la formation, j’ai eu quelques cours de psycho à l’école, mais bon… après, je fais au feeling, avec mon ressenti, mon humanité…
Je n’aurais pas du venir lire cet article alors que je suis au boulot 🙁
Mes deux petits anges resteront toujours dans mes pensées, et mon beau bébé de 5 mois aujourd’hui ne suffira pas à me les faire oublier.
Comme beaucoup, je n’ai pas bénéficié de beaucoup de compassion de la part de la gynéco. Pour la première FC, elle m’a généreusement prescrit une journée d’arrêt maladie, parce que j’avais lourdement insisté… résultat, avec le stress accumulé, je me suis bloqué le dos, et mon généraliste m’a prescrit une semaine d’arrêt, que j’ai surtout utilisé pour pleurer mon bébé perdu.
Pendant un curetage le gynéco a su me dire
‘ne pensez pas à ce que je fais’…
Mais non bien sûr…
C’est notre bébé, tout notre avenir, tous nos rêves, nos espoirs…
Pour la cinquième fausse-couche, le médecin m’a dit de revenir pour le curetage ‘la semaine prochaine quand il y aura de la place…’, en attendant je suis retournée travailler… en maternelle…
Mes tous-petits, mes anges…
Et après cinq fausses-couches, impossible d’obtenir un certificat d’infertilité pour notre dossier d’adoption : nous n’avons pas de problème d’infertilité ; j’ai ‘juste une malformation de l’utérus’ qui empêche la gestation…
Merci au médecin qui m’a tendu un mouchoir, à celle qui m’a tenu la main, à celui qui m’a prêté un pantalon de l’hôpital pour le transfert entre les hôpitaux, à celle qui m’a juste dit ‘courage’, à celui qui a serré la main de mon mari, à celle qui nous a dit ‘laissez..s’il y a des papiers à remplir, nous avons vos coordonées, nous vous les enverrons’…
Merci à tous ces gens… que nous n’avons pas rencontrés…
J’ai appris récemment que les gens qui peuvent bénéficer de PMA recoivent une proposition d’accompagnement psychologique car c’est une démarche lourde à porter.
Nous, nous ne pouvons pas bénéficier de PMA, c’est sans doute pour cela qu’il ne nous a pas été proposé d’aide…
Merci Ella pour ton témoignage et merci à la Poule aussi qui m’a permis de découvrir ton blog, j’aime beaucoup !
@Kaline, 🙁
@aude, je rage contre ça. cette absence d’aide. j’ai la chance de faire partie d’une équipe hospitalière… j’ai eu, heureusement, la compassion de mes collègues, et le soutien de la conseillère du centre de planification, qui, m’appelant un jour pour avoir de mes nouvelles, a compris ma détresse … mais je pense à ces femmes qui n’ont pas cette chance, et qui se retrouvent seules… et, tu as raison de souligner le « nous », le compagnon, le mari, qui souffre bien souvent aussi…
courage dans la suite de votre parcours… j’espère, de tout coeur, que la vie vous fera ce cadeau, enfin…
@opale, 🙂
@ Ella,
J’avais bien sûr suivi entre les lignes de ton blog ce que tu avais vécu, mais tu ne t’épanchais pas… je ne peux qu’imaginer combien dans ces moments il est dur d’être sage-femme. Je n’avais pas perçu l’ampleur de ta douleur, je m’en veux un peu d’être passée à côté de ça.
Comme cela a été écrit, il n’est jamais trop tard pour poser les mots…
Pour ma part, je n’ai jamais fait de FC à proprement parler, mais au tout début de cette grossesse tant tant tant attendue, il y avait deux petits sacs… Dès la première écho à 4 semaines de grossesse, l’un était en retard par rapport à l’autre, et j’ai tout de suite senti que c’en était fini de l’aventure pour ce bébé-là. J’ai ressenti une très grande joie de voir un coeur battre, et une grande peine de voir un sac qui allait sans doute rapidement nous quitter. La deuxième écho à 6 semaines de grossesse a confirmé l’arrêt du développement de ce deuxième embryon qui était en fait un oeuf clair.
Mais souvent, sans que je contrôle quoi que ce soit, les mots me viennent… « j’attendais des jumeaux ». Si je n’avais pas fait ces deux premières échos très précoces, je ne l’aurais jamais su. Mais ce bébé a été là, il a existé, et le bébé que j’attends un jour lointain, un jour très très lointain pour lui, a partagé mon utérus l’espace de quelques semaines. Et je tiens à ce qu’il le sache.
Parcours très similaire au tien, Ella, juste un an avant… Bébé attendu pour le printemps, perte de sang début septembre, et puis diagnostic « il n’y a rien » m’a dit le médecin. J’ai trouvé ça très dur comme négation de ce qui avait été. J’en étais à 11sa quand je l’ai appris, dans ma tête j’avais déjà presque terminé mon premier trimestre.
Ma fille ainée (mon deuxième enfant) est née juste un an après cette fausse couche précoce… J’ai trouvé ça étrange, cette ironie des dates. Et là, j’attends un autre enfant: même DPA que pour cette première grossesse. Très étrange, de nouveau.
J’ai eu de la chance, mon mari m’a soutenue, il m’a laissée pleurer (ou m’a fait pleurer) pour évacuer toute cette tension et cette peine. Et j’étais suivie par une sage femme libérale qui m’a dit que ce n’était pas rien ce que je vivais, que j’avais le droit d’être triste, de pleurer cet enfant qui ne viendrait pas. J’ai pu l’appeler pour lui dire que j’avais perdu le sac gestationnel (un gros haricot blanc), j’ai pu en parler avec elle.
Par contre, dans ma famille, tout le monde nie l’existence de cet enfant. Ma maman m’a dit que ce n’était pas une vraie grossesse (et c’était quoi alors?), et quand je parle maintenant de ce premier enfant, en rectifiant quand on dit que ma fille est mon premier enfant (ce n’est pas tout à fait exact, c’est mon deuxième enfant), les gens me regardent comme si j’étais folle. J’en parle peu, mais je le dis quand même de temps à autres, je ne veux pas qu’on oublie, je ne veux pas qu’on nie cet enfant.
@enviedematerner, mettre les mots sur ma douleur n’était pas facile… toi, et d’autres, m’avaient soutenue, et ça, c’était immense…
@ioshi, on m’a dit récemment qu’à mayotte, quand les femmes parlent de leurs enfants, elles comptent aussi ceux qui sont décédés, ou ne sont pas venus au monde…
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L’article d’une psy sur les réactions adéquates (dans le cas d’une IMG, mais je pense que ça ne fait pas une énorme différence)
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/796067-manaudou-contrainte-d-avorter-les-couples-souffrent-aussi-des-reactions-des-proches.html?utm_source=outbrain&utm_medium=widget&utm_campaign=obclick&obref=obinsource
@ella, Je me demande si déjà, donner un nom à ces enfants, ne serait pas une première étape, en les reconnaissant de cette manière comme ayant existé. Et leur écrire une lettre, à chacun, retraçant leur existence et tes sentiments au fur et à mesure des évènements.
C’est le genre d’idée qui me vient suite à l’IMG de cousins qui n’ont pas vraiment fait de rituel de deuil, et qui en souffrent aujourd’hui.
Martisane
@,Effectivement donner un nom aux enfants perdus serait une reconnaissance. Actuellement ça ne peut se faire que dans le cas d’IMG, on peut aussi inscrire ces petits sur le livret de famille.
Je ne suis plus très jeune mais n’oublierait jamais le monde médical qui m’a accusé de m’être avortée toute seule alors qu’il s’agissait d’une fausse couche à quelques semaines d’aménorrhées. Cela fait presque 35 ans mais jamais le chagrin ne s’efface.
Chère Ella,
j’ai perdu mon bébé le 31 juillet 2011 à 8 semaines d’aménorrhée. ça ne faisait qu’une semaine que nous avions appris ma grossesse et ça a été la perte la plus douloureuse que nous avons eu à traverser avec mon mari. mais comme tu le dis si bien, ils nous font mère, pour moi il m’a permis de comprendre que j’étais prête à devenir maman.
alors oui, quand on en parle, on nous dit que c’est pas grave, une FC si précoce, oui, le corps médical n’en n’a rien à traire, on te parle d’œuf clair (sans rien en savoir d’ailleurs puisque 6 jours avant, j’avais une écho chez ma gynéco qui décelait bien un « vrai » embryon.)on nie ta douleur pendant que toi, ton homme souffrez mille morts.
il ne faut pas que cette parole soit tue. nous ne sommes pas coupables d’avoir perdu ces enfants, et nous ne choisissons pas de souffrir.
je t’embrasse et te souhaite beaucoup de bonheur avec ton bout de chou.