Avant j’avais des principes, maintenant j’ai des enfants


« « Préc. Féminité et maternité    |     Suiv. Dites-le aux femmes enceintes » »

Bien vivre l’allaitement

Par  • Le 23 septembre 2011 à 5:33 • Catégorie : Bibliothèque, Guests, Réfléchir

Aujourd’hui, la Basse-cour a l’honneur d’accueillir une guest-star, et pas n’importe qui : la Mère Joie. Pour ceux qui n’auraient pas l’heur de la connaître, c’est une des rares blogueuses capables de balancer avec le même talent des vannes graveleuses, des réflexions personnelles touchantes et des dossiers hyper fouillés (voir la fessée et l’allaitement, à lire !). Donc quand j’ai vu sur Twitter qu’elle était en train de lire Bien vivre l’allaitement, un des livres que, par le blog alléchée, je convoite depuis quelque temps déjà , ni une ni deux, j’ai proposé à la Mère joie (les intimes disent LMJ) de faire une fiche de lecture et de la publier chez moi (observez la feinte de la blogueuse feignasse qui s’économise 1. de lire le livre et 2. de faire un billet récapitulatif). Et figurez-vous que non seulement elle ne m’a pas traitée de grosse sangsue parasite mais qu’elle a accepté. Et comme Mme Déjantée qui passait par là n’a pas les yeux dans la poche, on a convenu d’en faire en prime une participation aux Vendredis Intellos. Bref, un grand merci à LMJ, qui publie sur son blog une interview de Madeleine Allard et Annie Desrochers, les auteures du livre. Place donc à la Mère joie !

Deux mères québécoises de quatre enfants chacune se sont penchées durant cinq ans sur le « phénomène bio-culturel par excellence » qu’est l’allaitement et ses multiples facettes.

« Il n’est pas si simple de parler d’allaitement. Il ne suffit pas d’énoncer qu’il représente le meilleur choix. Allaiter est avant tout un geste intime qui demande ouverture et engagement. Pour cette raison, il faut en parler avec empathie et délicatesse » donne de suite la clef pour percevoir la force de l’ouvrage.

Bien vivre l’allaitement de Madeleine Allard et Annie Desrochers aux éditions Hurtubise est le livre que j’aurais aimé écrire sur l’allaitement. D’un ton totalement bienveillant, il ne s’adresse pas qu’aux femmes qui sont en train d’allaiter ou souhaitent allaiter : il est à remettre entre les mains d’un plus large public. Comme le précisent effectivement les auteures « Allaiter est bien plus que nourrir un bébé, c’est un geste social partagé avec d’autres. ».

Ultra documenté, construit impeccablement, il relève avec brio le défi de :

– Fournir sans jamais être ronflant des outils, des données techniques exhaustives telles que des positions pour allaiter et remédier à des situations précises, tirer le lait manuellement, reconnaître la succion efficace. Tous les maux ou les inquiétudes qui peuvent jalonner un parcours d’allaitement y sont aussi décrits ainsi que leurs solutions.

– Indiquer quelques règles biologiques / physiologiques (dont on oublierait presque l’évidence) aide-mémoire « Sein plein = fabrication du lait ralentie ; sein vide = fabrication du lait accélérée », « Toute la lactation repose sur une prise efficace du sein », allant jusqu’à utiliser des comparaisons judicieuses pour imager leur discours.

– Aborder toutes les particularités de l’allaitement de la relactation à l’allaitement en tandem.

– Inviter à la réflexion sur l’allaitement en posant des questions pertinentes. Il y a notamment un passage très intéressant sur l’allaitement des femmes ayant un problème avec la drogue, sur le deuil de l’allaitement ou sur la portée symbolique sacrée du lait.

Le lecteur (mot volontairement laissé au masculin) interrogé est rendu acteur mais n’est pas laissé seul sans réponse face à lui-même puisqu’il est rassuré en parallèle par des explications pointues pourtant très accessibles. Il ne s’agit pas par exemple de citer que le colostrum et le lait mature sont bons comme une sorte de miracle humain (« Le lait n’a rien de miraculeux ») mais bien d’en définir les propriétés réelles ; ce qui favorise véritablement un choix éclairé par rapport à la façon de nourrir son enfant. Le lecteur a alors les éléments pour mener son propre cheminement, pour remettre en cause ses opinions préconçues et analyser ses expériences antérieures à la lueur de nouvelles données.

Madeleine Allard et Annie Desrochers coupent court aux mythes comme celui du bébé allaité qui n’a pas de coliques (à l’inverse est étudiée l’importance des coliques dans l’allaitement), de l’inévitable confusion sein / tétine, de la perte de poids liée à l’allaitement « L’allaitement n’a pas de vertus magiques et il n’est pas à lui seul le régime amaigrissant rêvé. »… Elles n’essaient pas de nous vendre de l’allaitement à tout prix et du rêve mais posent les réalités de l’allaitement pour que chaque mère puisse créer l’allaitement qui lui ressemble, qui a du sens pour elle ; puisse évaluer si son allaitement va bien (ce qui est normal, ce qui est « pathologique ») et vivre un allaitement souple pour plus de sérénité. Et malgré les embûches soulevées, le livre donne fortement envie d’allaiter ! Peut-être parce que nous nous savons immédiatement entre de bonnes mains, accompagnées par deux amies ne cherchant pas à nous soustraire notre libre arbitre…

Des mots très justes sont également mis sur ce que peuvent ressentir des femmes commençant à allaiter, rencontrant des difficultés d’allaitement, ou sevrant leur bébé, etc. Il n’y a aucun préjugé et les témoignages illustrant certains passages à caractère plus personnel renforcent ce sentiment d’écoute active de la part des auteures. Il y a spécialement dans la partie 4 intitulée La mère des mots déculpabilisants et salvateurs – qui seront en mesure d’apaiser les mamans avec un sentiment d’échec concernant leur(s) allaitement(s) – tels que « Le succès d’un allaitement devrait d’abord se mesurer par ce qu’il apporte à ceux qui en font l’expérience avant d’être noté sur la quantité de lait donné, le temps passé ou la façon de sevrer son bébé. Chacune a le pouvoir de définir sa propre relation d’allaitement et de décider ce qui constitue, pour elle, un allaitement réussi, de la première tétée au sevrage ».

Bien vivre l’allaitement est une véritable bible de l’allaitement (pour s’en convaincre, il suffit de jeter un coup d’oeil au sommaire) qui donne enfin toute sa place au sevrage « Le sevrage n’est pas en opposition avec l’allaitement. Il n’est pas une négation de tout ce que l’allaitement représente. Il en fait partie. C’est l’un des deux pôles de l’allaitement. ». Il ne lui manque plus qu’une adaptation française pour parfaire nos études sur les problématiques d’allaitement outre-Atlantique.

NDLPP : En attendant, vous pouvez discuter avec les auteures sur Twitter en suivant @BVAllaitement

Tagged as: , ,


« « Préc. Féminité et maternité    |     Suiv. Dites-le aux femmes enceintes » »

Comments are closed.


« « Préc. Féminité et maternité    |     Suiv. Dites-le aux femmes enceintes » »