Les cinq étapes du deuil des nuits

babysleep Réveil-matin (n.m.) : Invention servant à réveiller des adultes sans bébé.

Elizabeth Kübler-Ross ne le savait peut-être pas, mais sa description des cinq étapes du deuil s’applique parfaitement à une nuit typique d’un jeune parent :

  1. Choc et déni : cette courte phase du deuil survient lorsqu’on apprend la perte (moment où le parent est réveillé par un bruit suspicieux). C’est une période plus ou moins intense où les émotions semblent pratiquement absentes (à deux heures du matin le cerveau est bien trop ralenti pour produire des émotions). C’est en quittant ce court stade du deuil que la réalité de la perte s’installe (comprendre : bébé hurle à pleins poumons et il va bien falloir faire quelque chose si on veut espérer dormir).
  2. Colère : phase caractérisée par un sentiment de colère face à la perte (« Mais tu vas la fermer ta g… ! ») . La culpabilité peut s’installer dans certains cas. Période de questionnements (le parent passe mentalement en revue tous les avis et conseils plus ou moins contradictoires de son entourage et augmente la liste déjà longue des facteurs qui pourraient influencer le sommeil de bébé : alimentation, lumière, habits, literie, conjonction astrale…).
  3. Marchandage : phase faite de négociations, chantages… (à la fois entre parents « si tu te lèves cette fois je me lèverai la prochaine fois/ferai la vaisselle pendant 1 mois/**** (promesse sexuellement explicite ne pouvant être retranscrite sur un blog familial) », ou encore « si c’est moi qui me lève on ne fera pas de 2ème/3ème/4ème etc/tu peux te la mettre derrière l’oreille », mais aussi avec l’enfant, voire avec les puissances supérieures)
  4. Dépression : phase plus ou moins longue du processus de deuil qui est caractérisée par une grande tristesse (doux euphémisme caractérisant l’état du parent quand le bébé qu’il a mis vingt minutes à rendormir s’est réveillé en hurlant dès qu’il a touché le matelas, sur lequel il a pourtant été déposé avec autant de délicatesse que s’il s’agissait d’un paquet de nitroglycérine pure), des remises en question (le parent ne comprend pas pourquoi ce foutu gosse ne fait rien comme écrit dans le bouquin annoncé comme miracle, alors que le parent lui a suivi toutes les instructions à la lettre), de la détresse (le parent envisage l’internement psychiatrique, où au moins on est assuré de dormir dix heures par nuit, voire la prison, mais finit généralement par se rappeler qu’il vaut toujours mieux être réveillé par Léo, 5 mois, 7 kg, que par Jo le Serpent, 30 ans, 90 kg, et qui a pris pour quinze ans). Les endeuillés dans cette phase ont parfois l’impression qu’ils ne termineront jamais leur deuil (ou à défaut que cette chienne de nuit ne finira jamais, car quand on est debout pour la quatrième fois à 2 heures du matin, le temps ne passe pas très vite) car ils ont vécu une grande gamme d’émotions (envie de le jeter par la fenêtre, envie de se jeter par la fenêtre, désappointement quant aux prix généralement pratiqués dans la vente de bébés, etc) et la tristesse est grande.
  5. Acceptation : Dernière étape du deuil où l’endeuillé reprend du mieux. La réalité de la perte est beaucoup plus comprise et acceptée. L’endeuillé peut encore vivre de la tristesse, mais il a retrouvé son plein fonctionnement. Il a aussi réorganisé sa vie en fonction de la perte (comprendre : le parent prend dix-sept cafés par jour pour donner le change au boulot, porte une épaisse couche d’anticerne et attend avec impatience de pouvoir réveiller un ado grincheux à l’aube un lendemain de cuite. Il réalise aussi qu’il est super bien entraîné pour le Vendée Globe. Mais il lui arrive encore de mordre quand il entend que l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt).

Image : Il n’existe hélas pas plus de méthode miracle pour faire dormir les bébés que de méthode magique pour mincir durablement sans effort et sans régime…

Tags: , , , , , ,

182 Responses to “Les cinq étapes du deuil des nuits”

  1. chaponne dit :

    @pâte à crêpe, quand Boubou est passé dans so lit de grand, à 24 mois tout pile (notamment parce que Cacahouète avait besoin du lit à barreaux 😉 ), et vu ses antécédents de sommeil perturbé et parcellaire, nous avons opté pour un endormissement avec lui dans son lit « de grand ». Ça a duré un bon 3 mois, puis progressivement, nous avons transformé ça en je me mets à moitié dans son lit et à moitié en dehors, (très très inconfortable) puis carrément en dehors et là nous l’endormons en restant à côté de lui (il a 30 mois), avec une ou deux mains suivant les soirs sur lui (tout aussi inconfortable puisque nous sommes sur assis sur une chaise d’enfant complètement tordus). Et nous avons droit à 2-4 nuits par semaine complète (à savoir 21h-6h)

  2. J’adore ce texte! Permettez-moi de partager sur Facebook!

  3. @Madame Unetelle, merci, avec grand plaisir !

  4. Renarde dit :

    @alys, alors en même temps je connais une maman qui a réussi sur deux enfants à caler des horaires de dodo assez incroyables, et justement là, ça marche sur les deux (et en même temps).
    Je trouve les horaires « incroyables » car elle les couche tous les deux (6 mois et 2 ans) à ………18h30. Vous allez peut-être avoir du mal à me croire mais c’est vrai.
    Elle m’a même dit « j’ai repassé la grande à l’horaire d’hiver (18h30) depuis que le temps s’est obscurci ». Et genre la grande, elle est ok pour se coucher à cette heure-là….
    D’un côté, je me dis que c’est une veinarde de réussir à caler ses enfants sur des horaires communs et corrects pour les parents.
    D’un autre je me dis que c’est dommage que les enfants n’aient pas leur part d’expression pour exprimer le moment où ils veulent se coucher. En fait ce qui me surprend le plus c’est que je ne vois pas bien comment elle fait accepter ses décisions à ses enfants, comment ça se fait que les enfants ne se rebellent pas. C’est sans doute que ça leur convient….
    J’ai aussi un peu l’impression qu’elle sous-stimule la grande (que je connais plus que le petit dernier) pour qu’elle soit bien calme – et docile.

  5. pâte à crêpe dit :

    @La poule pondeuse et les autres, on pense avoir trouvé la solution!! Après de longues réflexions, on est arrivés à la conclusion que ce n’est pas parce que la crêpe a la capacité motrice de sortir de son lit qu’il a la maturité intellectuelle de choisir ou non d’y rester: on voyait vraiment qu’il voulait dormir mais ne pouvait s’empêcher d’utiliser son « nouveau pouvoir ». On a essayé de lui apprendre, mais ce qui nous désarmait c’est que rien ne semblait passer, et même sa panique augmentait.
    En vous lisant aussi je vois que la solution à ceux qui ont essayé le lit de grand et pour qui c’était trop tôt sont repassés au lit barreaux. Le hic chez nous c’est que les barreaux, à escalader, fingers in the nose pour la crêpe. Donc, on a surélevé la barrière pour qu’il n’ait pas la possibilité de sortir. Mon pavé montre sûrement mon envie de nous justifier parce qu’au début je n’étais pas du tout fan de l’idée, j’avais l’impression de l’enfermer, mais cela fait 2 siestes et 2 nuits que la crêpe s’endort quasi sans pleurs et dort plus longtemps le matin. Je croise les doigts pour que cela continue et je pense qu’on envisagera le lit de grand pour ses 18 ans…!! :mrgreen:

  6. Renarde dit :

    @La poule pondeuse, alors je ne suis pas toute seule à être sortie de la chambre avec mille précautions !! moi dans mes trucs les plus drôles c’est le jour où j’ai retiré mon pantalon dans la chambre pour que le tissu ne fasse pas de bruit en marchant !

  7. Renarde dit :

    @pâte à crêpe, ah bein ça doit être un beau soulagement pour vous d’être parvenus à cette conclusion qui va vous permettre de garder une ligne de conduite claire avec le petit/grand crèpe.

  8. Ficelle dit :

    @pâte à crêpe, 😉 tant mieux!

  9. @Renarde, dans mes bras !! moi aussi ça m’est arrivé d’enlever mon pantalon pour ne pas risquer de faire de bruit avec le frottement du tissu 😆 😆

  10. @Renarde, euh mais si ils se couchent à 18h30, ils se lèvent à quelle heure ?? nous on préfère l’option couche-tard lève-tard, mieux pour notre rythme, même si bien sûr quand les enfants sont cramés ça ne sert à rien de les pousser (et évidemment on tente d’éviter d’atteindre ce stade hein). Pour la part d’expression sur l’heure du coucher : les deux poussins ne sont pas du genre à aller se pelotonner dans un coin pour dormir quand ils sont fatigués, ils deviennent plutôt de plus en plus pénibles ! D’ailleurs maintenant quand il y en a un qui est relou, le 1er réflexe c’est d’envoyer au lit, pas comme punition mais simplement « tu es trop fatigué pour te tenir avec nous ». Donc ici on a régulièrement des moments où on bataille avec Pouss1 pour le coucher (et depuis un bail), il ne veut pas mais il est visiblement fatigué, bref on sait qu’il en a besoin. Il proteste mais au final c’est quand même notre décision. Après évidemment on ne peut pas le forcer à dormir mais il va au lit.
    Le coup de la sous-stimulation je ne comprends pas trop, moi je dirais au contraire que ça rend les enfants énervés parce que du coup ils ont plein d’énergie accumulée à ressortir ! C’est probablement une enfant qui a un tempérament comme ça (ou alors du rohypnol dans les bibs :mrgreen: :mrgreen: ).

  11. @pâte à crêpe, super ! Il ne faut pas culpabiliser pour cette histoire de lit à barreaux (« cage » ou que sais-je), ce n’est pas le lit qui compte mais la façon dont on s’en sert. Ici les deux poussins ont vite eu envie d’explorer le monde alentour alors les barrières les aident à se mettre en off et s’endormir. A un moment Pouss2 a un peu dormi sur un matelas par terre mais il finissait toujours par en rouler, ce qui le réveillait. Donc on a lâché l’affaire, ça ne lui convenait pas à ce stade. La bonne nouvelle c’est qu’il va apprendre à dormir sur un petit matelas à la crèche (mère flemmarde démasquée :mrgreen: ), pendant sa 2ème année je crois.

  12. Renarde dit :

    @La poule pondeuse, en fait les enfants se lèvent tard aussi….genre 8h-9h (ça fait rêver hein ?)
    Je me disais que son truc ça avait marché pour l’aînée et qu’elle allait voir d’autres aspects de la petite enfance avec le second. Eh bein le 2ème mioche il est ok aussi pour le 18h30-8h.
    Ah oui mon « laisser l’enfant exprimer le moment où il a besoin de se coucher » me fait aussi un peu rigoler rétrospectivement ! 😆 Y’en a pas beaucoup qui doivent se mettre au lit tous seuls avant un âge avancé !
    C’était juste pour dire que je trouve ça plus respecteux pour l’enfant de le coucher quand il a besoin de dormir, pas quand on décide (eh oui, même un enfant qui dit qu’il n’a pas sommeil peut très bien avoir sommeil en fait !!)

  13. @Renarde, rohypnol/théralène, c’est bien ce que je disais :mrgreen:

  14. Et le processus de deuil est encore pire lorsque les enfants sont plus grands et qu’ils continuent de te réveiller la nuit. Là, la phase de colère dure longtemps!

  15. pâte à crêpe dit :

    @à toutes, merci les filles, on est vraiment plus détendus, et une fois de plus, je me rends compte qu’on a tardé à mettre en oeuvre LA solution qu’on entrevoyait pourtant dès le début…

  16. @isa-monblogdemaman, qu’est-ce que tu entends par « plus grands » (argl) ? 5 ans ? 12 ans ? 18 ans :mrgreen: ? Une de mes collègues me soutient que de 4 à 12 ans les enfants sont un rêve ininterrompu mais je la soupçonne d’être victime d’une forte amnésie parentale…

  17. Alienor dit :

    @pâte à crêpe, je lis ton message avec un peu de retard, mais je suis contente pour vous que vous ayez trouvé votre solution! (j’espère que 10 jours après, ça se passe toujours bien ;-))

  18. pâte à crêpe dit :

    @Alienor, oui ca se passe super, il s’endort de nouveau sans problème et je me réveille de nouveau avec ma crêpe qui chante dans son lit, j’adore!

  19. sophie dit :

    @pâte à crêpe, c’est cooooool ! 😀

  20. @pâte à crêpe, hum, Pouss2 se réveille aussi en « chantant », mais je ne trouve pas ça super mélodieux 👿 😆

  21. Anne Cé dit :

    @La poule pondeuse, ça dépend aussi de l’heure à laquelle il commence à chanter… pour ma part, avant 7h30 mes oreilles ne sont pas du tout mélomanes ! :mrgreen:

    @pâte à crêpe c’est cool pour vous !

  22. pâte à crêpe dit :

    @Anne Cé et la poule, il faut dire que la crêpe nous sort le grand répertoire chaque matin: Mon âne a bien mal…, meunier tu dors, nobody knows, komaneko,… C’est franchement plus cool qu’un réveil! 😆

  23. Strega dit :

    Je me suis bien retrouvée dans le processus du deuil, bien que je sois passée assez vite au point n°5. Ce sont les 15 premiers jours de sa vie qui ont été difficiles sur ce plan-là : arriver à accepter que ses besoins à lui passent avant les miens (je parle de sommeil pour mes besoins). J’ai compris à quel point il pouvait être tentant de secouer un bébé dans l’espoir vain de le faire taire (attention, j’ai eu envie, ça m’a même fait très peur d’avoir cette envie mais je ne suis pas passée à l’acte : j’ai passé le relais avant).

    Et j’ai de la chance, j’ai un poussin qui a toujours globalement bien dormi (même si à la reprise du boulot, il s’est mis à se réveiller plus d’une fois la nuit). Et depuis Noël (ses 6 mois donc environ), hourrah, il fait ses nuits au sens où l’entend La Poule : c’est-à-dire que même s’il se réveille, il se rendort tout seul. Et ça fait sacrément du bien de ne plus avoir de nuits hachées (hors poussée dentaire ou maladie s’entend) !

  24. @Strega, Tant mieux si ca a été rapide veinarde !

  25. Titi85 dit :

    @La poule pondeuse, je souhaiterai savoir si on peux commencer la méthode Pantley à 8 mois? Car mon BB ne fais pas c nuits!!!
    Merci

  26. Sarah dit :

    Bonjour !

    Un grand merci pour cette bonne tranche de rigolade 😆
    Bel article, bien écrit et tellement vrai ❗ (j’ai adoré le paquet de nitro, Jo le Serpent, la négociation parentale,… :mrgreen: )
    Ce soir, je le fais lire à Mari Chéri !

    Je pense que chaque enfant a des besoins différents et qu’il ne faut pas culpabiliser, malgré les réflexions de l’entourage (qui ne se prive pas et là, entre l’allaitement, le cododo, les couches lavables et l’écharpe de portage, j’en prends tous les jours 🙄 )
    Bon, je ne me plains pas, car ma pitchoune de 2 mois 1/2 vient de me faire minuit/10 h pour la 1ère fois (pourvu que ça dure !).
    Elle ne dormait que contre moi depuis la naissance jusqu’à 2 mois (nuit et jour 😐 )et depuis 2 semaines, elle dort dans sa chambre et il est vrai que nous dormons beaucoup mieux tous les 3 ainsi (surtout que ma grande de 3 ans est debout à 8 h quoi qu’il arrive !).
    Mais, ça s’est fait en douceur et elle était prête (j’ai commencé le jour, puis le soir).

    Il est vrai que la phase d’acceptation arrive plus vite avec un 2ème, mais c’est quand même difficile de gérer le manque de sommeil avec le rythme de l’aînée en journée.
    Là, avec Mari Chéri, nous craquons sur le coucher de la grande, qui nous fait payer l’arrivée de sa petite soeur et qui se lève de son lit (elle ne s’endort pas avant 23 h !)… nous en sommes au stade du chantage avec kidnapping de la sucette si elle ne se calme pas (mis en pratique une fois pendant 15 mn et elle s’est calmée direct, mais ce n’est pas glorieux 😳 )

    Mon homme est tellement fatigué qu’il en arrive à souhaiter qu’elles soient déjà grandes et que l’on se retrouve enfin seuls ! 😆

  27. @Sarah, merci pour les compliments (j’espère que ça plaira aussi à Mari Chéri) et surtout bon courage à vous deux, j’espère que toute la famille passera bientôt dans une phase de moindre activité nocturne…

  28. MayYou dit :

    Pendant mes études d’infirmière, on a beaucoup étudié les étapes du deuil selon E. Kubler Ross. J’avais trouvé ça intéressant, mais je suis tellement fatiguée de mes nuits que je n’aurais même pas pensé à calquer ce sujet dans les 5 étapes!!

    Pourtant, c’est tout à fait d’actualité et bien trouvé!! 🙂

  29. valentine dit :

    excellent j’adore bravo bravo !!!!!

  30. @valentine, merci 😉

  31. @MayYou, merci !

  32. Anonyme dit :

    C est ça !