Avant j’avais des principes, maintenant j’ai des enfants


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C’est la faute à l’allaitement si…

Par  • Le 11 octobre 2010 à 9:44 • Catégorie : Allaitement, Faire un bébé

mannequin-toddler-nursing Je prends un peu d’avance sur la semaine mondiale de l’allaitement maternel, mais comme ça fait une éternité que je n’ai pas publié vous ne m’en voudrez pas j’espère. Je voudrais revenir sur quelques idées reçues sur l’allaitement. En effet, la schizophrénie actuelle veut qu’après avoir expliqué à la future mère que si elle ne veut pas allaiter elle va limite être signalée aux services sociaux, on accuse ensuite l’allaitement de tous les maux et problèmes. Encore une fois, le but de cet article n’est absolument pas de culpabiliser celles qui ne souhaitent pas allaiter, ou pour qui ça ne marche pas, mais plutôt d’encourager les autres, et surtout d’éviter que le choix d’allaiter ou pas soit basé sur de mauvaises raisons. Voilà dix exemples de ce qu’on peut entendre ou lire :

1. C’est la faute à l’allaitement si mon bébé ne grossit pas (assez). Trois possibilités : 1. bébé est naturellement un petit gabarit/appétit de moineau, auquel cas le lait infantile ne changera rien, 2. bébé a une maladie qui l’empêche de prendre du poids, auquel cas il devient d’autant plus important de poursuivre l’allaitement, 3. il y a un problème d’allaitement qui empêche bébé de manger à sa faim. Un bébé qui ne mange pas à sa faim va d’abord pleurer beaucoup pour réclamer plus puis passer en mode « économie d’énergie » (sauf s’il est déjà fragile auquel cas il va directement à la case « économie d’énergie ») ; attention donc au nouveau-né poids plume qui dort tout le temps et ne réclame jamais. Au biberon on mesure ce qui rentre, tandis qu’au sein on mesure ce qui sort. Les couches sont-elles bien pleines d’urines et de selles (n’oublions pas qu’à partir de six semaines environ le bébé allaité peut beaucoup espacer ses selles, jusqu’à plusieurs jours d’intervalle) ? Le poids est UN indicateur parmi d’autres de la bonne croissance du bébé (et vous trouverez ici les courbes de référence pour des bébés allaités). Les problèmes d’allaitement les plus fréquents qui conduisent à ce que l’enfant ne mange pas assez sont soit une mauvaise succion (à corriger à l’aide d’un(e) spécialiste : sage-femme, consultante en lactation, animatrice d’association de soutien…), soit un allaitement trop dirigé (style toutes les trois heures dix minutes par sein) qui ne stimule pas assez la lactation (voir ici un bel exemple). Au moindre doute ne pas hésiter à demander l’avis d’une personne compétente (pas forcément votre médecin, voir ici quelques pistes pour juger de sa compétence en la matière).

2. C’est la faute à l’allaitement si le papa ne s’occupe pas du bébé. Certes la tétée occupe une part importante de la vie d’un nouveau-né, mais il y a tellement d’autres choses dont son père peut s’occuper. Outre le fait qu’il peut déjà prendre en charge l’ensemble des tâches ménagères pour que la mère se repose après l’accouchement, en plus des couches à changer, des bains à donner, etc, il y a surtout les câlins, le portage, le dodo dans les bras et tous ces petits plaisirs. Sans compter que c’est souvent le mieux placé pour faire accepter un autre moyen que le sein d’avoir du lait (biberon, tasse etc) quand la mère veut laisser le poussin. Je crois que ce qui compte vraiment plus que le mode d’alimentation c’est que le père soit motivé pour trouver sa relation et ses « trucs » avec le bébé et que la mère soit prête à le laisser prendre toute sa place.

3. C’est la faute à l’allaitement si mon bébé a des coliques/mal au ventre etc. Si vous avez un bébé au tube digestif sensibilisé par un problème ou un autre (reflux gastro-œsophagien, allergie, intolérance…), il n’y a pas mieux que le lait maternel pour lui. C’est ce bébé qui est difficile, quel que soit le mode d’alimentation, et c’est souvent pire avec un lait infantile qui lui est moins adapté (sans compter les essais pour trouver celui qui convient). Si le lait maternel peut donner mal au ventre, c’est souvent parce que le bébé n’a eu que le lait de début de tétée, très riche en lactose. Pour éviter ce problème (repéré généralement par des selles vertes et moussues), il suffit de ne pas changer trop souvent de sein. Dans certains cas d’allergies, l’allergène passant par le lait maternel, la poursuite de l’allaitement va nécessiter que la mère suive un régime d’éviction (ce qui n’est pas une partie de plaisir je vous l’accorde).

4. C’est la faute à l’allaitement si mon bébé dort mal/ne s’endort qu’au sein. La question du sommeil des bébés est si complexe et polémique qu’une dizaine de billets n’y suffirait pas. Ceci dit sur la question allaitement et sommeil, tous les cas de figure existent : le bébé exclusivement allaité qui fait des nuits de 10-12 h à quelques semaines, le bébé qui fait ses nuits une fois passé au bib, celui qui au contraire continue à se réveiller (enfin surtout à réveiller ses parents…). On peut tout de même observer que d’une part il n’est pas anormal qu’un enfant n’arrive pas à gérer son sommeil entièrement seul pendant au moins un an, voire deux ou trois. Et d’autre part, il se trouve que la tétée est un formidable moyen d’endormir ou de rendormir un bébé. C’est souvent très efficace, et pour un effort minimum puisqu’on peut le faire en se rendormant soi-même (lors de la tétée les hormones sécrétées favorisent le sommeil, ce qui peut donner l’impression que l’allaitement fatigue). Il faut donc en avoir sacrément marre des tétées de nuit et des endormissements à rallonge pour chercher une autre méthode. Ceci dit, rien n’empêche aux parents d’un bébé allaité d’essayer d’autres pistes, notamment avec le père (vous voyez qu’il participe !), qui sera moins tenté de donner ce qu’il n’a pas. Là encore, que le père ait mis en place ses trucs avec le bébé facilite la dissociation du sein et du sommeil. Et les tout petits changent tellement vite qu’aucune habitude, bonne ou mauvaise, n’est gravée dans le marbre.

5. C’est la faute à l’allaitement si je ne peux rien faire. Scoop : un bébé, même un petit nouveau-né supposé dormir 20 heures sur 24, suffit à vous occuper environ 25 heures sur 24. Et ce que vous allaitiez ou non. « Il est 16 heures et je n’ai toujours pas réussi à prendre de douche » : je crois l’avoir entendu chez toutes mes amies découvrant les joies de la maternité, celles qui allaitent comme celles qui n’allaitent pas. Le gros avantage de l’allaitement, c’est que passées les éventuelles difficultés de mise au sein du début, le bébé se débrouille tout seul. Donc la tétée est un formidable alibi pour se poser tranquille dans un fauteuil (ou autre endroit confortable) avec une bonne lecture, un coup de fil, un DVD, une histoire pour l’aîné ou autre activité tranquille (et surtout une tablette de chocolat). Enfin personnellement je ne suis pas très douée pour allaiter en porte-bébé, mais dans ce cas on devient en prime mobile (pas au point de passer l’aspirateur, mais quelle bonne excuse pour refiler cette activité à son cher et tendre -ou se faire offrir des heures de ménage comme cadeau de naissance).

6. C’est la faute à l’allaitement si je ne peux jamais sortir. Soyons honnêtes : il est plus facile de sortir avec un bébé allaité mais moins facile de sortir sans. L’allaitement est souvent un super joker qui permet d’apaiser et d’endormir un petit dans les circonstances les plus difficiles : on peut ainsi éviter de se taper l’affiche dans un lieu public avec un bébé qui hurle. Et bien sûr l’aspect logistique est grandement simplifié puisqu’au moins dans les premiers mois on n’a pas de nourriture à trimballer. Quand on ne peut/veut pas sortir avec bébé, les options sont multiples selon l’âge et les circonstances : pas de lait en l’absence de la mère, du lait tiré donné par différents artifices (biberon, tasse à bec, seringue, pipette…) ou du lait artificiel. Pour la reprise du travail, je crois que c’est aussi aux professionnels de la petite enfance de faire le travail pour aider l’enfant à s’adapter. Rappelons qu’un enfant allaité dont la mère travaille devrait être une situation très ordinaire (puisque les recommandations des autorités sanitaires françaises préconisent l’allaitement jusqu’à deux ans et que le congé maternité post-natal n’est que de dix semaines), et pas une bizarrerie qui ne rentre pas dans les cases.

7. C’est la faute à l’allaitement si mon enfant est indécollable. Un petit bébé a besoin de contact et de câlins, autant que de nourriture. L’allaitement est une façon de répondre à ce besoin, mais pas la seule. Et l’intensité du besoin est fonction de la personnalité de l’enfant, de son âge, et de la réponse qui y est apportée, bien plus que de la façon dont on le nourrit. Il y a aussi -et ce n’est pas un reproche- des mères qui ont un peu de mal à lâcher leur bébé, et ce n’est pas l’apanage des allaitantes (même si elles sont peut-être plus nombreuses dans ce cas…).

8. C’est la faute à l’allaitement si je dois surveiller ce que j’avale. Hors cas d’allergie ou d’intolérance avéré, on peut bien manger exactement ce qu’on veut quand on allaite. Il est conseillé de limiter (mais pas éviter) la caféine (comme quand on est enceinte), sauf là encore si vous constatez un effet majeur sur le bébé. Il est possible de boire de l’alcool en sachant que le taux dans le lait est identique à celui du sang ; l’idéal étant si/quand l’enfant a un rythme de boire le soir après la dernière tétée et d’avoir toute la nuit pour cuver. Il existe même des alcootests pour le lait maternel. Quant à la cigarette, même s’il est préférable de l’éviter, son impact laisse le lait maternel supérieur au lait infantile. Et si vous devez prendre des médicaments, n’hésitez pas à envoyer votre médecin sur le site du CRAT. Là encore, les risques liés à l’exposition (souvent ponctuelle) au médicament sont souvent faibles en regard des bénéfices procurés par l’allaitement maternel.

9. C’est la faute à l’allaitement si je ne peux pas retomber enceinte. Peut-on tomber enceinte en allaitant ? Oui mais c’est plus facile si on pose le bébé. Plus sérieusement, hors des critères stricts de la MAMA, l’allaitement n’est pas une contraception mais peut empêcher certaines femmes de tomber enceinte. Sans compter qu’un taux élevé de prolactine (hormone de la lactation) peut induire une baisse de libido. A priori si vous avez eu votre retour de couche c’est que l’ovulation est relancée et que vous pouvez retomber enceinte (attention l’inverse n’est pas vrai, c’est-à-dire qu’on peut être enceinte sans avoir eu le retour de couche). Sinon, il faut effectivement patienter ou sevrer (totalement ou partiellement).

10. C’est la faute à l’allaitement si je ne ressemble à rien. En théorie, l’allaitement facilite le retour du corps à l’état pré-grossesse, puisque les premières tétées aident l’utérus à retrouver sa taille normale (ce qui peut occasionner les fameuses tranchées) et que les graisses maternelles sont supposées être converties en lait. Dans la vraie vie, il y a celles qui sortent de la maternité en jean slim taille 36 et mère nature la truie (copyright Pensées de ronde) pour les autres. Idem pour la taille et la forme des seins : difficile de savoir a priori dans quel camp vous serez, même si la grossesse est souvent pointée comme principal coupable des variations de volume mammaire (avec pour état final la forme décrite poétiquement comme gant de toilette ou encore queue de castor). Cependant l’allaitement est une super excuse pour refaire sa garde-robe (avec toutes ces boîtes de lait économisées) à un moment où on est rarement au top physiquement (je ne dis pas qu’on a besoin d’une garde-robe spécifique pour allaiter, juste que c’est une excuse pour faire du shopping). LA spécialiste de la question, c’est Ségolène de MamaNANA, comme le montre par exemple ce billet (ou encore celui-là). Je n’ai pas grand chose à rajouter, si ce n’est d’insister sur l’importance d’avoir un bon soutien-gorge, bien coupé et à la bonne taille pour rééquilibrer sa silhouette. Personnellement je n’ai que des soutien-gorge à armatures (sinon je trouve que ça ne sert à rien ; quant au risque d’engorgement j’en ai eu quelques uns mais toujours sur le dessus du sein donc à mon avis sans rapport) et j’aime bien aussi qu’ils soient un peu rembourrés : non que je cherche du volume supplémentaire mais ça donne un meilleur maintien, sans compter que c’est plus discret pour les coussinets (ou pour vos nouveaux tétons façon star de porno). On trouve encore très peu de choses en boutique, même si Vertbaudet et H&M s’y mettent doucement. Sur le net, outre MamaNANA on peut fouiller chez Sibellia (lingerie uniquement) et BellaMaman par exemple. Pas mal de sites de puériculture et de vêtements de grossesse ont aussi quelques trucs pour compléter sa commande.

Et vous, en voyez-vous d’autres ?

Photo : Source

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