Avant j’avais des principes, maintenant j’ai des enfants


« « Préc. La poule pondeuse mange son chapeau    |     Suiv. Tout va très bien… » »

Comment ne pas être une mère parfaite

Par  • Le 12 octobre 2009 à 7:33 • Catégorie : Bibliothèque, Réfléchir

purves Depuis le temps que Ficelle et Béatrice m’en faisaient l’apologie, quand j’ai vu passer Comment ne pas être une mère parfaite de Libby Purves dans les livres prêtés par ma prof de yoga prénatal je me suis jetée dessus comme la vérole sur le bas-clergé*. Portant sur la période allant de la grossesse aux trois ans de l’enfant, ce livre se veut une sorte d’anti-Laurence Pernoud (sauf que l’auteure étant anglaise n’est sans doute pas familière avec feue notre Laurence nationale). Ecrit dans un style assez pétillant il se lit vite et avec plaisir (et la traduction est assez bonne, avec des références au goût du jour -au moins pour la nouvelle version 2004, l’originale datant de 1986- et généralement francisées quand nécessaire). Mère de deux enfants, l’auteure alterne entre des anecdotes personnelles et des trucs et astuces incluant des idées proposées par d’autres parents qu’elle a sondés pour l’écriture du livre. Globalement ce sont plutôt des conseils de bon sens déculpabilisants, pragmatiques et sans dogmatisme forcené : la présentation générale étant « voilà quelques propositions, piochez ce qui peut vous convenir et laissez le reste », évidemment je ne peux pas dénigrer une telle vision des choses quand c’est ce que j’essaie autant que possible de mettre en œuvre dans ces colonnes.

Je ne résiste pas au plaisir de vous mettre quelques citations décrivant certains phénomènes de façon particulièrement savoureuse :

  • Le complexe de la cousine Elisabeth : c’est chez la femme enceinte un « besoin irrépressible d’aller voir d’autres femmes enceintes et de comparer ses impressions ».
  • « Les parents se comportent tous un peu comme ces gens qui, à leur retour de week-end, déclarent qu’ils n’ont pas eu une goutte de pluie alors qu’en réalité il a plu des cordes pendant deux jours. Tout cela signifie que […] la visite d’une amie accompagnée d’un bébé un peu plus grand (ou un peu différent) peut vous faire douter de vos capacités. »
  • Pour se préparer au terrible two : « Je conseillerais à tous les parents de suivre des stages intensifs qui les prépareraient à affronter ces créatures versatiles. […] Si vous pouviez vous arranger pour devenir l’imprésario d’un groupe punk pendant quelques années, je crois que vous auriez compris l’essentiel. Tout ce qui vous permet de cotoyer des gens délirants sans perdre votre calme vous sera utile. »
  • « Les parents qui ont deux enfants ou plus ont une chose en commun : ils sont exaspérés par les plaintes et les inquiétudes de ceux qui n’en ont qu’un. C’est comparable au mépris que ressent une jeune accouchée devant l’idéalisme à tout crin d’une amie qui attend son premier bébé. »

Ceci étant dit il y a aussi des passages ou des choses que j’ai moins aimés. La plus sournoise pour un livre se voulant déculpabilisant est l’aptitude de l’auteure à parler de sa super carrière (elle est journaliste) parfaitement conciliée avec sa vie de famille comme si c’était à la portée de tout un chacun. Expliquer que descendre le Mississipi à sept mois de grossesse lui a permis de faire disparaître tous ses symptômes désagréables (jusqu’au retour…), ou comment passer en direct à la radio est excellent pour les nausées de grossesse, certes, mais ça ne me semble pas très pertinent pour la majorité des femmes. Je suis d’accord qu’il n’est pas forcément utile de passer sa grossesse à se regarder le nombril** mais on a aussi le droit d’être une grosse loque avachie sur le canapé. Personnellement j’ai trouvé sa façon de parler de l’allaitement (qu’elle défend) assez sympa et décomplexée, mais l’expérience de ce blog notamment m’a montré que s’il y avait un sujet dont la seule évocation tirait d’emblée sur la corde à culpabilité c’est bien celui-là. Je peux donc volontiers imaginer que ces passages mettent certaines lectrices mal à l’aise, même si on est loin de certains discours moralistes. Elle a parfois aussi un avis un peu à l’emporte-pièce sur certains points, comme l’accouchement à domicile (selon elle réservé aux brebis mais elle avoue ne pas être très objective sur le sujet). Quant aux trucs et astuces qu’elle donne, je n’ai pas encore eu l’occasion d’en tester (autres que ceux que je ne connaissais pas déjà…) ; c’est clair qu’il y a à prendre et à laisser mais elle le dit elle-même.

En bref, je dirais que comme le livre existe en poche, c’est un cadeau sympa à faire ou à se faire, pendant la grossesse ou après.

* Le Coq prétend que je suis la seule à utiliser cette expression un peu désuète mais je l’aime bien.

**L’autre jour une femme du yoga qui m’a expliqué avoir demandé -et obtenu- d’être arrêtée à trois mois pour « profiter de sa grossesse » : je suis la seule à halluciner un peu ? D’un autre côté n’envisageant pas de faire l’impasse sur le congé patho alors que ma grossesse n’est justement pas pathologique je passe sans doute pour une grosse flemmasse par rapport à d’autres…

Tagged as: , , , , , , ,


« « Préc. La poule pondeuse mange son chapeau    |     Suiv. Tout va très bien… » »

Comments are closed.


« « Préc. La poule pondeuse mange son chapeau    |     Suiv. Tout va très bien… » »