Avant j’avais des principes, maintenant j’ai des enfants


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Grossesse et grippe A

Par  • Le 21 septembre 2009 à 7:58 • Catégorie : News, Réfléchir

dr-owen-hunt-photo_316x476 Aujourd’hui la Poule se joint au concert médiatique pour vous parler un peu de la grippe A. Loin de moi l’idée de m’introniser expert en grippe ou en épidémiologie, mais figurez-vous que ces Messieurs du CNGOF (Collège national des gynécologues obstétriciens de France) ont pondu un beau petit document (à télécharger ici) pour expliquer la grippe A aux femmes enceintes. Petite parenthèse : je ne veux pas piétiner les plates-bandes d’Olympe mais je trouve assez hallucinant qu’un organisme dont la vocation est en gros de s’occuper de la santé des femmes (en l’occurrence le CNGOF) soit composé quasi exclusivement de bonshommes (voir ici les membres du bureau et ceux du CA, c’est pire que le Sénat, et en plus y en n’a pas un avec un vague air de McDreamy, la loose). Fin de l’apparté.

Pour revenir à notre sujet du jour, à moins de vivre en ermite reclus ces derniers jours, vous avez difficilement pu échapper au fait que la grippe A serait plus dangereuse pour les femmes enceintes (en particulier au troisième trimestre) que pour l’individu lambda. En gros, comme les femmes enceintes ont d’une part une capacité respiratoire moindre (z’avez remarqué cette impression d’avoir le diaphragme entre les seins et les clavicules ?) et d’autre part un système immunitaire moins efficace, elles ont plus de risques de développer des complications pulmonaires sévères. Et de façon générale, une fièvre élevée (causée par une grippe ou une autre infection) peut provoquer des contractions et faire passer la grossesse en menace d’accouchement prématuré, voire accouchement prématuré, ce qui n’est pas franchement souhaitable. Il vaudrait donc mieux éviter de contracter la grippe (A ou autre d’ailleurs) lorsqu’on est enceinte.

Que nous recommande le CNGOF ? (en plus des inévitables lavages de main & co, voir ici pour tous les détails)

Bonne nouvelle :

Il n’y a pas de raison de modifier vos activités : travail, transports, réunions de famille…

Mais quelques lignes plus loin :

Eviter les lieux de contamination : hôpitaux, cliniques, écoles, transports en communs,
grands rassemblements publics…

Donc si vous êtes (au hasard) une gyn-obs enceinte qui travaille à l’hôpital et s’y rend par les transports en commun, libre à vous de choisir celles des deux recommandations contradictoires qui vous arrange le plus. Dommage que vous n’ayez pas participé à la rédaction du document ceci dit…

Sinon je dois avoir un don de prescience mais l’organisation prévue pour mon suivi de grossesse et mon accouchement (pourtant choisie avant l’été) est pile poil dans les recommandations anti-grippe : consultations au cabinet par une sage-femme libérale (échographies également en ville), suites de couche à la maison plutôt qu’à la maternité… En tant que partisane du libre choix des femmes et du développement des alternatives plus physiologiques, je ne peux que me réjouir que la pandémie mette en lumière ce type de suivi. Mais (il y a un mais) n’oublions pas les femmes en situation précaire ayant un accès limité à ce type de soins (mauvaise connaissance du système, quartiers avec peu de professionnels…). Pour ces femmes le suivi de grossesse en maternité publique est souvent une des seules occasions d’être examinée par un professionnel de santé, de voir certaines pathologies (liées ou pas à la grossesse) dépistées, mais aussi d’améliorer leur intégration dans la société, notamment pour celles issues de l’immigration : cela peut être l’occasion de les orienter vers des travailleurs sociaux par exemple, mais tout simplement de leur faire connaître leurs droits. La réduction possible du nombre de consultations et d’échographies (suppression de celle du troisième trimestre) proposée en page 9 renforce ces inquiétudes. Espérons donc que la pandémie n’ait pas (trop) de répercussions de ce type sur ces populations déjà fragiles.

Je vous passe le passage sur l’allaitement par une mère grippée (p. 7) dont les modalités décourageraient probablement la fondatrice de la Leche league, ainsi que sur la réponse lapidaire à la question « Où accoucher ? » (p. 5) :

L’accouchement doit avoir lieu, comme de coutume, dans un établissement de santé (clinique
ou hôpital), y compris en période de pandémie grippale.

Même pour éviter la grippe A, le CNGOF n’est apparemment pas prêt à envisager l’accouchement à domicile (bien sûr accompagné par une sage-femme rompue à l’exercice et pour les femmes dont la grossesse présente un niveau de risque minimal). Cela serait pourtant dans la continuité de leurs recommandations d’éviter autant que possible la fréquentation des hôpitaux…

La vaccination des femmes enceintes est recommandée (dans la lignée des préconisations d’autres organismes de santé), même s’il n’est fait nulle mention de l’intérêt ou du risque des adjuvants (voir pour cela l’avis du HCSP qui semble privilégier l’emploi d’un vaccin sans adjuvant pour les femmes enceinte -je dis « semble » parce que d’une phrase à l’autre on a un peu l’impression qu’ils préconisent tout et son contraire). Les adjuvants utilisés pour ce vaccin font en effet l’objet d’une controverse importante, qui explique en partie la réception très mitigée de la campagne de vaccination par la population.

De mon côté j’avoue que je reste très indécise quant à faire ou pas ce vaccin, même si pour le moment je reste très dubitative concernant le Poussin vu que primo il est en bonne santé et robuste et deuzio il n’est pas gardé en collectivité. Je pense aussi que si je n’étais pas enceinte je ne le ferais probablement pas. Bref c’est le doute dans la basse-cour. Et chez vous ?

(Photo : bon OK si c’est lui qui fait le vaccin j’y vais…)

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