Pour une naissance sans violence

pour_une_naissance Je vous ai parlé un peu de Frédérick Leboyer, en voici un peu plus sur son best-seller Pour une naissance sans violence. Paru en 1974, il explique que d’une part la naissance est un passage difficile pour l’enfant, et que d’autre part l’accueil qu’on lui réserve à la maternité ne fait qu’exacerber la violence de ce moment. Il faut dire qu’à cette époque on est en plein dans la médicalisation à outrance, avec une certaine tendance à la boutdeviandisation (de la mère comme de l’enfant) : arrivant dans une lumière crue et violente, l’enfant est saisi par les pieds par l’obstétricien qui lui claque les fesses juqu’à ce qu’il crie. S’ensuit alors un enchaînement de soins et de gestes plutôt désagréables avant d’enfin le rendre à sa mère. J’ai trouvé sur ce site une des photos du livre qui montre les adultes s’extasiant devant le nouveau-né qui lui n’a pas franchement l’air extatique : 0301naissance

Frédérick Leboyer fait donc un certain nombre de propositions : accueillir l’enfant avec délicatesse, dans une ambiance lumineuse et sonore discrète, le poser immédiatement sur le ventre de sa mère, attendre que le cordon s’arrête de battre pour le clamper, éviter de faire des soins intrusifs sans nécessité immédiate, etc. A noter que sa proposition de donner un bain rapidement après la naissance est maintenant contestée, car on a constaté que le vernix des nouveaux-nés avait un rôle protecteur et qu’il valait mieux attendre un jour ou deux pour commencer les ablutions. Les autres points devraient vous sembler familiers si vous avez lu quelques projets de naissance… et sont donc toujours d’actualité !

Rédigé dans un style assez poétique et illustré de nombreuses photos, le livre est difficile (impossible ?) à classer : certainement pas un traité d’obstétrique, pas vraiment un essai, pas non plus un manuel pour les parents. D’un côté cela se lit facilement, de l’autre ça peut sembler un peu péremptoire, et on peut facilement être hérissé par un passage ou une phrase à l’emporte-pièce. On aime ou on n’aime pas… Cependant on ne peut pas négliger l’impact que cette publication a eu sur les pratiques et mentalités en maternité ; Leboyer avait d’ailleurs essuyé à l’époque de nombreuses critiques, notamment de la part de ses pairs. Et même si ses propositions n’ont pas toutes été systématisées, le climat a quand même beaucoup évolué grâce à lui. Alors rien que pour ça, merci !

Un autre livre sur le même thème : Vous qui donnez la vie

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31 Responses to “Pour une naissance sans violence”

  1. pâte a crêpe dit :

    Coïncidence? Je l’ai commandé la semaine dernière, il doit arriver aujourd’hui dans ma boîte!
    Nous avons eu la lumière douce et le calme pour la naissance de la crêpe, et je crois vraiment que ça a été doux pour lui. Pas de bain, mais 2 heures de câlins de son Papa (moi j’étais occupée à dégobiller les antibio…)
    Quant à l’image…au secours…! Mais ces clichés sont vivaces: ma belle fille (11 ans) m’a demandé tout récemment si le médecin avait sorti son demi frère par les pieds en lui claquant les fesses!

  2. sophie dit :

    je note la référence, merci ! la photo fait peur, on dirait vraiment qu’il présente à la maman un bon gigot beurrkkk !

  3. Ficelle dit :

    Le pire c’est que la maman est plutôt souriante… Moi au bout d’une heure ou deux, quand on a pris ma fille pour la peser et la mesurer à deux mètres de moi (3 min), j’ai quasi fait une crise d’angoisse… le pire, c’est dans le film Le Premier cri, la maternité vietnamienne (je crois?) où les bébés naissent à la chaine et les mamans sont de simples numéros qui endurent ce moment en serrant les dents dans un endroit froid, sale et carrelé… L’horreur.

  4. @pâte a crêpe, nous aussi pas trop de lumières, l’aube perçait par la fenêtre… (ah je suis lyrique aujourd’hui)
    Et le bain a attendu le lendemain il me semble (en tout cas pas dans les heures qui ont suivi), après l’aspiration rapide hélas nécessaire, le Poussin a vite rejoint mon ventre pendant qu’on me faisait la couture.

  5. pâte a crêpe dit :

    @La poule pondeuse, ca y est il est arrivé ce midi mon petit paquet (avec le Lynda Corazza entre autres…!)
    Je lis ça ce week end et je te dis si j’aime …ou pas!
    Le souvenir chouette aussi, c’est que nous avons aidé la crêpe à sortir à quatre mains avec son papa, c’était vraiment bien. Ça contraste vraiment avec le gigot ( 😆 pour sophie!)de l’image!

  6. pâte a crêpe dit :

    @Ficelle, j’ai vu ce film en début de grossesse et… il m’a traumatisée!!! Je m’attendais à pleurer d’émotion devant les meugnons petits bébés et en fait une bonne partie des récits m’a énervée, scandalisée et choquée… Mais bon mes hormones étaient en train de faire les folles aussi et il en fallait pas beaucoup pour me chauffer 😆 …!

  7. @Ficelle et sophie, je crois aussi qu’à l’époque les mères (et les autres) étaient bien conditionnées, genre le nouveau-né a autant d’émotions qu’un gigot et tant qu’il crie c’est qu’il est en bonne santé… 🙄

  8. @pâte a crêpe, ben moi toujours pas vu, et apparemment pas un bon timing…

  9. Béatrice dit :

    @La poule pondeuse, Arghhh, quand je pense que j’ai du être traitée de la sorte à ma naissance ….. (ben oui, Leboyer n’était pas encore passé par là 😕 ).

  10. pâte a crêpe dit :

    Bon, une soirée ça a suffit pour le lire.
    Alors à chaud: j’ai vraiment été replongée dans la naissance de ma crêpe, j’ai été toute émue, d’autant que cette naissance s’est vraiment bien passée: son récit de naissances « douces » faisait vraiment écho à notre expérience. J’avais un peu l’impression d’être une bonne élève « j’ai tout bon moi m’sieur! » 😀 .
    J’imagine que ça doit être moins agréable à lire pour ceux et celles qui ont connu un accouchement difficile (peut être même un tantinet culpabilisant 😕 …)
    Les passages très emphatiques, lyriques et très très 70’s m’ont paru très lourds parfois et j’ai bien usé de la lecture en diagonale,…Pour être indulgente, j’ai replacé dans le contexte de l’époque, comme pour Dolto. Il faut dire que la photo du gigot aide bien…
    Alors je rejoins la Poule en remerciant l’auteur et en le félicitant car sa plus belle victoire est que son livre et ses revendications nous paraissent bien moins d’actualité aujourd’hui, non?

  11. Mymylasouris dit :

    Oui, je crois que ce livre a été vraiment important pour l’évolution des mentalités dans la profession. Il voyait et décrivait les choses sous un angle tellement différent, pour une fois on se mettait du côté de l’enfant.
    Mais personnellement ce livre m’a hérissé… Parce qu’à cause de lourds antécédents chirurgicaux je ne peux pas échapper à la césarienne, j’ai l’impression en lisant ce livre que je suis la plus nulle des mères. Que quoi que je fasse pour accueillir mon bébé après cette intervention violente, j’en conviens, sa naissance sera ratée, et à lire Leboyer mon enfant en aura des séquelles pour la vie entière.
    C’est dur à avaler, dans d’autres ouvrages on trouve des phrases du type « si la naisance n’a pas été à l’image de ce que vous souhaitiez, un maternage de proximité et des soins attentifs aideront à dépasser cette étape » ou des choses du genre.
    Livre interessant, donc, mais selon moi à prendre avec peut-être un peu de recul 🙄

  12. @pâte a crêpe, effectivement, c’est assez particulier comme style ! mais ses revendications sont toujours d’actualité dans certains endroits… hélas

  13. @Mymylasouris, effectivement ce n’est pas très constructif dans un cas comme le tien. Globalement je ne crois pas qu’on arrive à grand chose de bon en culpabilisant les mères, qui s’en occupent déjà très bien toutes seules…

  14. Emule dit :

    En 1974, beaucoup de médecins étaient des hommes. Les bebes ont été traités grossièrement autour!

  15. @Emule, c’est peut-être une des raisons effectivement 🙄

  16. Clemys dit :

    @La Poule, c’est quoi cette nouvelle tendance de nous renvoyer vers des forums allemands ? Je m’interroge parce que j’ai remarqué que Emule n’était pas la première…
    (j’ai absolument rien contre les allemands, ni contre ceux qui jouent à la console… :mrgreen: )

  17. @Clemys, honnêtement je n’en sais rien, ce n’est pas moi qui laisse des commentaires sous une fausse identité 😆

  18. Clemys dit :

    @La poule pondeuse, 💡 5e dimension, je suis seule à te lire, les autres sont des fakes 😕 :mrgreen:

  19. @Clemys, 6ème dimension, c’est toi le fake mais tu ne le sais pas (*rire machiavélique*)… :mrgreen:

  20. Joséphine dit :

    Bonjour Poule Pondeuse,
    j’ai découvert tout blog il y a peu, et après un tel article je me sens « obligée » de répondre. D’abord, parce que j’ai quelque chose à dire, et ensuite pour enfin me présenter.

    J’ai lu « Pour une naissance sans violence » trois fois, et c’est le seul livre de Leboyer que j’ai lu (je tiens à le préciser parce que je ne connais pas le reste des idées de Leboyer).
    Je voudrais réagir à propos de l’avis négatif sur le bain suivant immédiatement la naissance. D’abord, le bain « façon Leboyer » n’est pas comme les bains de routine pratiqués dans certaines maternités (avec brosse et détergent, je sais j’exagère ^^).
    Ce bain a pour fonction de détendre, rassurer et surtout faire « naître consciemment » le nouveau-né. A mon avis, il faut lire entièrement ce livre pour comprendre les « conseils » de Leboyer. Ainsi, le bain « façon Leboyer » n’use d’aucun produit (savon ou autre), mais juste d’une eau chaude. Ce bain peut durer entre 15 et 30 minutes (dans mes souvenirs). L’enfant s’y laisse peu à peu aller, et cela devrait (dans l’hypothèse de Leboyer) lui permettre de se détendre totalement et de prendre conscience de son existence. Quand on le sent totalement , la sortie du bain, toujours tout en douceur, est la véritable naissance « consciente ». Leboyer précise que ce bain fait des « miracles » d’autant plus pour les naissances par césarienne ou extractions manuelles. Donc Mymylasouris, tout n’est pas perdu d’après Leboyer même après une césarienne. Relis ce passage, tu l’as peut-être survolé trop vite^^

    Désolé pour ce long message, mais cela me semblait nécessaire pour exprimer mon point de vue. J’ai beaucoup aimé ce livre, et même si je n’ai pas encore testé, j’espère que mes futurs enfants pourront bénéficier de ce bain.

    Je conseille à toutes et à tous de lire ce livre !

    (Joséphine n’est pas un pseudo, mais bien mon prénom ^^ ; je dis ça parce que je vois que vous avez chacune des pseudos très marrants ^^)

  21. Joséphine dit :

    Je ne comprends pas pourquoi l’icône devant mon message est rouge et l’air en colère. Je ne le suis pas pourtant…Je serais plutôt comme ça en ce moment : 😛

  22. Béatrice dit :

    @Joséphine, Ne t’inquiète pas !! regarde la mienne :mrgreen: Sinon, y’a GRAVATAR 😉

  23. Joséphine dit :

    GRAVATAR ? Qu’est-ce ?

  24. Béatrice dit :

    @Joséphine, un « truc » qui te permet de choisir un avatar qui te convient, une jolie image, une photo. :mrgreen: là normalement http://fr.gravatar.com/site/signup (bon, moi je n’y arrive pas avec mon prénom, mais je vais trouver autre chose, faut juste que je m’y mette !)

  25. @Joséphine, bien sûr tu fais bien de préciser ce point. Après je crois que pour mon bébé je préfèrerais le peau à peau au bain (d’ailleurs il me semble que Leboyer préconise du peau à peau avant le bain), mais c’est personnel. L’important c’est aussi de faire comme ça nous semble important.

  26. @Joséphine, c’est vrai que gravatar est pratique mais quand on n’en a pas les trucs par défaut sont pas terribles 🙄

  27. Joséphine dit :

    [Normalement, j’ai un gravatar maintenant !]

    Le peau à peau décrit par Leboyer est le fait de poser le bébé directement sur le ventre de la mère juste après la phase d’expulsion. La mère et l’enfant sont donc directement en contact, et un linge peut (ou non) être posé sur eux si la salle n’est pas assez chaude (normalement elle devrait l’être si on la prépare comme l’indique Leboyer). Pendant un temps indéfini par Leboyer la mère et l’enfant se rencontrent, se touchent, se caressent, se découvrent…

    Sachant que si on laisse le nouveau-né sur sa mère assez longtemps (assez longtemps c’est à dire le temps qu’il faut à l’enfant pour se retrouver et décider de le faire), il va se mettre à ramper, oui oui à ramper sur sa mère. Ainsi grâce à l’odeur et au goût le nouveau-né peut trouver SEUL le sein de sa mère et se mettre à le téter.

    Si l’on ne veut pas empêcher ce processus naturel et inné, le bain après un peau à peau « trop court » n’est pas une bonne solution.

  28. @Joséphine, il faut quand même savoir qu’il y a des bébés qui sont très fatigués par l’accouchement et qui ne tètent pas tout de suite, il ne faut pas s’en inquiéter pour autant ! A mon avis c’est surtout l’esprit général de la chose qu’il faut respecter, après dans les détails on s’adapte à la situation.

  29. Ficelle dit :

    Bon ça y est, c’est lu. Je suis assez partagée… D’un point de vue « historique », le livre me semble intéressant. Son caractère novateur et détonant pour l’époque a sans doute beaucoup fait avancer les choses. Malheureusement, je trouve le style daté, le ton pénible et le tout très dirigiste. A lire plutôt en complément d’autre chose pour moi.

  30. @Ficelle, personnellement je ne le mettrais pas non plus dans le top 5 des livres à lire, mais bon c’est quand même un monument dans le domaine.