Avant j’avais des principes, maintenant j’ai des enfants


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Les nausées

Par  • Le 22 juillet 2009 à 9:09 • Catégorie : Faire un bébé, Grossesse

luka Un des signes « sympathiques » de la grossesse particulièrement populaires chez les futures mamans (50 à 80% des femmes enceintes) : les nausées. J’ai déjà dit plusieurs fois sur ce blog tout le bien que je pensais de l’abruti qui a osé les qualifier de « matinales », et j’ajouterai juste qu’il mériterait de vivre une version adaptée du supplice de Sisyphe : vivre juste le premier trimestre de la grossesse et puis recommencer, encore et encore, pour l’éternité (*rire machiavélique*). Et même tarif pour l’inventeur du terme « signes sympathiques ». Pour ceux et celles qui ne visualisent pas bien, le premier trimestre est comme une sorte d’interminable gueule de bois, sauf qu’on n’a même pas la joie de la soirée bien arrosée de la veille (souvenez-vous de ce billet).

Personnellement, je milite pour qu’on soit mise en coma artificiel et nourrie par perfusion pendant le premier trimestre, parce que franchement il n’y a pas grand chose d’intéressant ou d’agréable : une fois la bonne surprise du test positif passée, reste à se traîner comme une loque toute la journée tout en tentant désespérément d’avoir l’air normal puisque souvent on ne veut pas encore l’annoncer (surtout au boulot). On a l’air ballonnée mais pas du tout enceinte, d’ailleurs on ne se sent pas enceinte, juste pas très bien. En prime on flippe de faire une fausse couche et on ne peut même pas se rassurer avec les mouvements du bébé (qu’on ne sent généralement pas avant 3-4 mois révolus). Qu’on nous réveille juste pour l’écho des 12 SA et puis après on se rendort jusque vers 3 mois – 3 mois 1/2. Ou au moins juste le 2ème mois, à qui je décerne sans hésitation la palme du mois le plus pourri des neuf. Bon je m’égare là… revenons à nos moutons.

En pratique, je ne pense pas qu’il y ait besoin de faire un dessin mais en gros les nausées de grossesse recouvrent différents symptômes : dégoûts, envie de vomir permanente, hauts-le-cœur, vomissements… Selon les femmes et les grossesses, on peut en ressentir plus ou moins (personnellement des nausées pour les deux grossesses mais très peu de vomissements par exemple). Dans certains cas, les vomissements peuvent être tellement fréquents qu’ils empêchent la femme de s’alimenter : on parle d’hyperemesis gravidarum, qui affecterait 0.3 à 2% des femmes enceintes. Cela conduit alors à une hospitalisation avec alimentation par intraveineuse. Cette pathologie peut être si violente que certaines femmes en arrivent à avorter d’un bébé qu’elles désiraient, en l’absence d’autre traitement. A toutes fins utiles, je signale le livre Beyond Morning Sickness d’Ashli McCall (que je n’ai pas lu…) consacré à cette pathologie, ainsi qu’une compilation de liens (en anglais) sur le sujet. Les nausées commencent généralement vers la fin du premier mois et peuvent s’arrêter brutalement à la fin du premier trimestre mais (moins fréquemment) se poursuivre plus tard voire jusqu’à la fin de la grossesse.

Comment lutter contre les nausées ? Malheureusement, l’approche médicale des « petits » maux de la grossesse en général et des nausées en particulier est encore empreinte de la misogynie paternaliste avec laquelle ils ont été historiquement abordés : encore un truc de bonne femme pour se rendre intéressante, de toute façon c’est psychosomatique (un peu comme les douleurs menstruelles). Si vous ajoutez à ça la crainte d’effets secondaires des médicaments sur le fœtus (d’autant plus que le premier trimestre est le plus sensible)… Le plus généralement, on prescrit des antiémétiques comme Vogalène, Motilium ou Primperan, ce n’est pas très glamour mais il vaut mieux les prendre en suppo (j’ai testé le Vogalène lyoc c’est juste infect). Et l’efficacité n’est pas garantie. Mais n’hésitez pas à réclamer à la personne qui vous suit de tester plusieurs médicaments, si le premier essayé ne marche pas. Dans d’autres pays on prescrit de la succinate de doxylamine (Donormyl en France) en combinaison avec la vitamine B6 (traitement recommandé par Fleur, fidèle de la basse-cour et trois grossesses hyperémétiques au compteur) : pourquoi ne pas en parler à la sage-femme ou au médecin ? Vous pouvez aussi vous en remettre aux médecines dites parallèles : acupuncture, ostéo, shiatsu etc. Attention aux huiles essentielles dont l’usage est fortement déconseillé pendant la grossesse (à voir avec un spécialiste). Enfin on trouve différents petits trucs :

  • manger quelque chose (biscotte, cracker ou autre) dès le réveil, avant même de se lever
  • manger régulièrement par petites quantités, ne pas attendre d’avoir trop faim
  • le gingembre aurait des propriétés antiémétiques : à prendre frais, en infusion, confit ou selon toute modalité qui vous paraît compatible avec votre estomac (pour les plus rétives il existe des capsules) ; le citron également (personnellement j’ai remplacé le thé que je ne supporte plus par une rondelle de citron dans de l’eau chaude avec éventuellement une pincée de gingembre en poudre, ça passe bien)
  • les aliments froids sentent moins fort (à part les fromages dégoulinants mais c’est interdit à cause de la listériose de toute façon) donc sont souvent mieux tolérés
  • le Coca est supposé être antivomitif (personnellement je ne supporte plus les boissons à bulles)
  • si on a du mal à boire (encore moi), privilégier les fruits et légumes très aqueux (ah la pastèque… mais pas évident de trouver un équivalent en hiver)

A mon avis, la meilleure façon de faire c’est de s’écouter : manger ce qui nous fait envie et éviter ce qui nous dégoûte. Même si ce qui nous fait envie est très atypique et traditionnellement écœurant. Et surtout si ça change tous les jours (c’est normal). Ca me rappelle la fois où j’ai supplié mon père de m’emmener manger un canard laqué au début de la grossesse du Poussin ; sa réponse : « Tu as la nausée et tu veux aller manger chinois ? Tu es vraiment enceinte. »

Évidemment, le plus probable est qu’aucun de tous ces trucs ne vous débarrassera vraiment des nausées, il faut donc apprendre à vivre avec (voir aussi l‘article de Maman travaille).

Autant que possible, éviter les situations les plus difficiles (odeurs désagréables, aliments répulsifs etc). Essayez d’avoir toujours sur vous quelques trucs à boire et à manger qui vous conviennent, en cas de petit creux impromptu (ignorer un petit creux en période de nausée se paye… cher…). Esclavagisez sans scrupule votre entourage pour obtenir satisfaction de vos envies : si vous pensez qu’un truc a des chances de ne pas retourner à l’envoyeur, il faut le tenter.

Si vous vomissez beaucoup, il faut anticiper. Lorsqu’un vomissement monte, on ne peut pas l’arrêter, on a donc très peu de temps si on veut conserver un minimum de dignité. Donc où que vous soyez essayez de repérer rapidement l’endroit le plus proche où vous pouvez vomir (toilettes, poubelle, plate-bande…). Pour les cas les plus difficiles, vous pouvez prévoir d’avoir sur vous un sac plastique (ou mieux, un sac à vomi de designer), et je vous recommande aussi un paquet de kleenex (faut-il que je vous raconte la fois où je suis sortie précipitamment d’un wagon de métro pour courir jusqu’à la poubelle sur le quai et où je n’avais sur moi qu’un seul mouchoir, entamé de surcroît ? un TRES grand moment de solitude) et un peu d’eau pour se rincer la bouche, voire des bonbons à la menthe (sauf s’ils vous incommodent, personnellement j’ai beaucoup de mal avec le dentifrice ces temps-ci). Pour info, j’ai constaté que les nausées sont pires quand je suis très fatiguée, en chute de tension ou que je suis malade (ce qui en général me fatigue et fait baisser ma tension, voir points précédents), mais ce n’est probablement pas le cas de tout le monde.

Ne vous inquiétez pas pour le bébé (sauf éventuellement si vous en êtes au point de l’hyperemesis), il est prioritaire sur vous et donc prendra tout ce dont il a besoin dans vos réserves. Si votre alimentation n’est pas très mangerbouger.fr, n’hésitez pas à prendre des compléments alimentaires pour éviter les carences en vitamines, oligo-éléments etc.

Pour info, les recommandations de la Société des obstétriciens et gynécologues canadiens : je suis assez impressionnée par leurs suggestions alimentaires qui s’éloignent largement des recommandations habituelles pour la grossesse (y a même de la limonade et des chips -croustilles en québecois), voilà des gens pragmatiques.

Pour vous remonter le moral :

  • Le fait d’avoir des nausées diminue de 30% le risque de fausse couche.
  • Les enfants dont la mère a eu des nausées lors de la grossesse ont en moyenne un QI plus élevé que les autres.
  • Rien de tel que les nausées pour perdre du poids ; alors qu’on vous bassine en permanence qu’il ne faut pas trop prendre de poids pendant la grossesse, voilà une façon de gérer le problème sans aucun effort de volonté.

Et vous, vous avez des trucs infaillibles ?

(Photo : on se sent mieux déjà, non ?)

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