Celui-là n’est pas à l’usage des rustres et des malpolis mais pour ceux qui fréquentent des parents, y compris potentiels. Si vous trainez un peu sur les forums, vous pourrez voir de belles collections de vacheries plus ou moins volontaires balancées autour de la parentalité (voir par exemple ici ou là). La plupart des gens s’abstiennent généralement de vous dire qu’ils trouvent votre tenue immonde ou que votre coupe de cheveux vous rajoute 10 ans. Bizarrement, ce type de tact et de retenue ne semble pas de mise quand on parle d’enfants. Telle la réincarnation de Nadine de Rotschild (sauf que je crains fort qu’elle ne soit pas encore désincarnée), je vous propose quelques conseils pour être une dame/un gentleman en toute circonstance. N’hésitez pas à faire passer à votre belle-mère favorite. De mon côté, j’en profite pour faire passer mes excuses pour toutes les boulettes, gaffes et désagréments que j’ai pu causer (scoop : la Poule n’est pas un être virtuel parfait et idéal).
Situation n°1 : On ne demande pas aux gens quand ils comptent avoir des enfants. D’abord il me semble que c’est quelque chose de très intime (autant demander des détails sur la vie sexuelle directement ?), et ensuite cette simple question peut cacher d’immenses souffrances. Peut-être que votre interlocuteur essaie sans succès depuis deux ans ? Peut-être qu’il/elle souhaite ardemment un enfant mais pas son conjoint ? Peut-être que le couple vient de subir une énième fausse-couche ? Imaginez l’impact d’une phrase comme « Alors les jeunes on a perdu le mode d’emploi ? » dans ce type de contexte… Et si vous voulez vraiment aborder le sujet, il me semble que le plus délicat est de commencer par faire part de vos propres intentions, sans pour autant devenir pressant sur la réciproque. Personnellement quand on me pose la question, même si j’ai arrêté la contraception et que j’ai un test de grossesse dans mon sac, je réponds généralement « Bah on verra, on a le temps » ou un truc bien vague du genre.
Situation n°2 : Ce n’est pas forcément judicieux de dire à une femme que vous avez bien calculé qu’elle était enceinte (sauf si c’est tellement évident qu’il n’y a rien à calculer…). D’abord elle ne l’est peut-être pas. Je rappelle que le ventre met généralement plusieurs mois après la naissance d’un enfant à reprendre sa platitude initiale (s’il la reprend un jour) : inutile de demander à une femme qui a un nouveau-né dans les bras si elle attend déjà le deuxième. On peut également avoir d’autres raisons de ne pas boire d’alcool, et pas forcément envie d’en parler. Et enfin si elle l’est, laissez-lui la joie de faire son annonce selon son timing. Peut-être qu’elle vient d’avoir une mauvaise nouvelle à la première échographie. Peut-être même que sa grossesse est condamnée. Et peut-être qu’elle est un peu superstitieuse, ou qu’elle redoute une nouvelle fausse-couche. Mieux vaut tenir sa langue et au moment de l’annonce officielle répondre « Je m’en doutais ! »
Situation n°3 : Que répondre à une femme qui vous annonce qu’elle est enceinte ? Il me semble qu’il vaut mieux éviter les commentaires sur la taille du ventre, dire qu’il est trop gros ou trop petit, ça sous-entend déjà qu’il est « trop ». Il y a assez du suivi médical pour ce genre de stress. Et les remarques sur la taille du ventre du style « mais tu es sûre que tu es enceinte ? » ou au contraire « tu es sûre qu’il n’y en a qu’un ? » deviennent vite lassantes. A éviter « Mais c’est une blague ? » (de ma propre mère !). Eviter aussi « C’est un accident ? », « Vous l’avez eu naturellement ? » (répondre : « oui en levrette ») ou encore « C’est pour avoir la fille/le garçon ? ». Je trouve que « félicitations » et « tu es rayonnante » constituent une bonne base de réponse. Il peut être de bon ton de s’enquérir de la forme générale de la future maman (en particulier sur le déroulement du premier trimestre) : soit elle pète le feu et sera ravie de vous l’annoncer, soit au contraire elle sera heureuse de trouver une oreille compatissante.
Situation n°4 : Que dire à des jeunes parents qui viennent d’avoir leur bébé ? D’abord mieux vaut éviter la question des nuits : si par miracle l’enfant les fait les parents seront de toute façon trop fiers pour ne pas le caser dans la conversation. Eviter les avis non sollicités, préférez les encouragements du style « Vous avez vraiment l’air de bien vous en sortir », confirmez que la plupart des comportements du nouveau-né non mentionnés dans le Pernoud (genre téter tout le temps, ne pas vouloir dormir dans son berceau ou s’endormir tout seul, etc) sont tout à fait normaux et finissent par passer. Ne pas hésiter à complimenter la mère sur son teint/sa ligne/sa forme. Si le jeune parent vous décrit une façon de faire qui vous choque vraiment, plutôt que d’attaquer frontalement, mieux vaut y aller subtilement, par exemple en présentant votre façon de voir les choses comme une alternative intéressante et positive mais sans critiquer leur façon de faire (« Ah oui, c’est vrai, mais on peut aussi faire comme ça, et chez nous ça a bien marché. »).
Evidemment c’est très loin d’être exhaustif, et je sens que les commentaires vont être instructifs…
EDIT : Pour savoir tout ce qu’il ne faut PAS dire à des parents adoptants (et à leurs enfants), je vous conseille le lien donné par Miss Ravenne en commentaire : le prix Sergent Garcia sur le blog de l’adoption.
(Photo : trouvée ici, pas vraiment la bogossattitude…)
Tags: bébé, conception, Grossesse, Nadine de Rotschild, parent, tact
@mlaure, « c’est des vrais ? » « vous les avez eus naturellement ? » « si jamais il arrive qqch à l’un il vous restera l’autre » (et pourtant j’ai pas de jumeaux…)
Bonjour,
Quel bonheur de lire le texte de départ (je n’ai pas pris le temps de lire tous les commentaires)Je ne sais plus exactement sur quel site je suis car je clique depuis une heure et je suis partie des commentaires sur le bouquin de Mme Badinter.
Je suis l’heureuse grand-mère de six petits enfants , bonheur offert par mes trois fils et mes trois belles filles. J’apprécie votre souci de respect, de discrétion, de jois de vivre, de prise en compte de chaque personne et de ses spécificité. J’essaie de respecter tout cela et j’ai la chance d’avoir des fils et belles filles qui font de même, moyennant quoi, nos relations sont bonnes.Bien qu’ayant élevé trois enfants, je ne me permets pas de donner de conseils, j’en serai bien incapable, tant de choses ont changé depuis 30 ans aussi bien matériellement que dans les mentalités. J’essaie juste, lorsqu’on me le demande de discuter d’un problème ou d’un autre avec un maximum de précautions, ce qui n’exclut pas toujours les gaffes. Nul n’est parfait. Bravo pour votre site, continuez ! bon courage !
Cordialement
Buy Love
La basse cour de la poule pondeuse » J’avoue Réfléchir » Petit manuel du savoir-vivre