Avant j’avais des principes, maintenant j’ai des enfants


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Les caprices (3)

Par  • Le 27 février 2009 à 7:28 • Catégorie : Education, Eduquer

bon_de_colere Et maintenant, après la première et la deuxième partie, le moment que tout le monde attend : c’est bien beau toute cette théorie mais dans la vraie vie on fait quoi ? Il n’y a pas de solution miracle bien sûr, mais comme toujours quelques pistes et idées, à tester (ou pas) selon ses affinités et son intuition du moment.

D’abord même si les crises et colères sont inévitables, on peut quand même essayer d‘en prévenir certaines, c’est toujours ça de pris. Un enfant qui s’énerve est souvent un enfant fatigué (ou qui a faim), ou encore qui s’ennuie. Attention parce que plus il est énervé (et fatigué), plus il peut être difficile à coucher. Quand la marche est bien acquise (ou même avant), prendre l’habitude d’emmener l’enfant se défouler dehors au moins une fois par jour peut faire retomber un peu la pression (même si bien sûr ce n’est pas toujours possible).  On peut aussi repérer quelques situations qui déclenchent l’hystérie à coup sûr, et tenter de les éviter quelque temps. C’est une stratégie très délicate, parce qu’il y a des choses qu’il faudra bien que l’enfant apprenne à gérer un jour. Et pour les situations délicates inévitables et exceptionnelles (comme les voyages par exemple), mettre toutes les chances de son côté (prévoir jeux et occupations, nourriture préférée etc). Il ne faut pas non plus oublier que les petits enfants ne connaissent pas forcément les règles du jeu : un bon briefing au préalable et au calme pour bien détailler ce qu’on attend comme comportement de la part de l’enfant peut faire des merveilles. Autre truc : le faux choix, qui permet à tout le monde de sauver la face. Exemple : c’est la crise pour se brosser les dents. « Tu préfères te brosser les dents avec la brosse à dent rouge ou avec la verte ? » « Tu veux d’abord mettre ton pyjama ou d’abord te brosser les dents ? » Et puis s’observer soi-même : avez-vous remarqué comme les choses s’enveniment plus facilement quand on est soi-même fatigué/énervé/frustré/autre ? Enfin, si l’enfant veut jouer avec vous alors que vous avez autre chose à faire, il est parfois plus simple et productif de prendre tout de suite un peu de temps pour l’enfant et de vaquer à vos occupation seulement après.

Ensuite quand arrive l‘élément déclencheur (par exemple refus de donner quelque chose à l’enfant), on peut toujours tenter une distraction vers quelque chose qui serait acceptable pour les deux et proposer rapidement un substitut. On peut aussi verbaliser immédiatement ce qui se passe « Tu es déçu de ne pas avoir ça « , « ça t’énerve beaucoup quand ça se passe comme ça », éventuellement enchaîner par une proposition d’autre chose, ou tenter de valoriser l’enfant qui essaie de gérer son mécontentement. On peut aussi l’encourager à taper dans un coussin, à crier dans une « boite à colère », à faire une bataille d’oreillers, à aller faire un tour dehors (selon l’âge et la configuration du lieu), bref à extérioriser de façon acceptable pour tous.

Quand l’enfant est en pleine crise, il n’est capable d’entendre ni raisonnement ni réconfort ni menace ni rien. On peut soit le « contenir » physiquement (surtout s’il risque de se faire mal) et accompagner sa colère, soit au contraire s’éloigner (ou l’éloigner) pour le laisser se calmer seul. Je ne pense pas qu’il y ait une méthode supérieure à l’autre, plutôt que chacune est plus ou moins adaptée à chaque situation. Pour accompagner il faut avoir suffisamment de ressources sur le moment, si au contraire on est sur le point de piquer soi-même une colère mieux vaut s’éloigner. Il y a des crises qui sont assez théâtrales et se calment plus vite quand il n’y a pas de public, d’autres au contraire qui emportent tellement l’enfant qu’il a besoin d’être « cadré ». Certains enfants peuvent criser de façon très extrême : se taper/griffer/tirer les cheveux, vomir, avoir des spasmes du sanglot, etc.  On a testé pour vous le tapage de tête : pas facile, et pas de truc infaillible, si ce n’est un mélange de tout ce qui est cité ici (et une mèche de cheveux pour cacher les bleus…).

Les interventions qui humilient ou brutalisent l’enfant (cris, menaces, fessée, douche froide…) peuvent être efficaces sur le coup mais risquent d’être assez dommageables sur le long terme : il est meilleur pour l’enfant d’apprendre à exprimer sa colère de façon acceptable que d’être forcé à la réprimer. Je pense qu’il vaut mieux les éviter et lorsqu’on dérape (tout le monde est humain), s’excuser auprès de l’enfant quand tout le monde s’est calmé. Si on est dans un endroit public, tenter autant que possible de minimiser les dégâts, et essayer de garder la tête haute (et froide). Strollerderby vous propose cinq excuses à donner si quelqu’un s’en mêle (et ce quelqu’un ne saura pas si elles sont vraies ou pas, niek niek) :

  1. Il n’a pas fait sa sieste.
  2. Quelqu’un lui a donné un bonbon (tout le monde sait que le sucre ça rend fou).
  3. Il est malade.
  4. Il a deux ans.
  5. Ce n’est pas le mien, sa maman lui manque.

Bien sûr, accompagner une colère ne veut pas dire céder à la demande à l’origine de la colère. Parfois, la demande n’est d’ailleurs qu’un prétexte et y céder peut aussi déclencher la crise. Dans ce cas les demandes vont s’enchaîner tant que vous y cédiez jusqu’à arriver à la crise, et la stratégie de céder à un petit truc pour avoir la paix foire complètement (mais il y a d’autres cas où ça marche à merveille). On sait aussi qu’une crise peut être une façon de tester le parent, de chercher la limite, dont l’enfant a besoin (et le parent aussi !). C’est donc assez complexe et subtil. Pourquoi a-t-on dit non ? Parce qu’on a eu une sale journée au boulot et qu’on est de mauvaise humeur ? Parce qu’on a peur d’être catalogué comme parent laxiste ? Parce qu’il y avait un danger ? Parce que ce que fait/demande l’enfant n’est pas acceptable pour vous ? Il y a un équilibre très délicat entre rester sensible à la détresse et aux larmes de son enfant et tout faire pour éviter le moindre cri ou pleur. Et puis bien sûr il faut un minimum de cohérence, mais ce n’est pas grave de dire oui une fois et non la suivante : céder une fois sur quelque chose un jour un peu difficile n’empêche pas de refuser le lendemain. Dire « oui » quand on pense « non » et vice versa peut entraîner une grande confusion pour un tout petit, qui est extrêmement sensible à la communication non verbale (par laquelle transparaîtra le fond de votre pensée).

Quelques lectures :

Si vous avez d’autres trucs, n’hésitez pas à les partager !

(Image : http://www.u-p-r.org/ab/index.php?page=article&id=69)

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