Maternage, écologie et féminisme

L’article de Marianne a jeté un pavé dans la mare : et si le maternage et l’écologie étaient anti-féministes ? La question est intéressante, mais hélas tellement mal traitée qu’on ne peut pas en ressortir grand chose. Caricatural, l’article est entièrement à charge et aligne les contre-vérités et les approximations, sans nuance ni conscience de la complexité de la situation. J’ai beaucoup de respect pour Elisabeth Badinter, mais là elle est franchement à côté de la plaque. Au-delà de la méthode déplorable (dans la flopée de commentaires sur le site du magazine, une des femmes interviewées se plaint que la « journaliste » ait déformé ses propos), le problème sous-jacent à mon avis est d‘opposer a priori le bien-être de l’enfant à celui de la mère. Ou la femme se sacrifie pour sa progéniture, ou au contraire elle la sacrifie à l’autel de son égoïsme. Et selon les époques, le balancier passe de l’un à l’autre, mais c’est toujours plus ou moins l’un OU l’autre. Eh bien moi je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas optimiser les deux à la fois. Ne dit-on pas que l’enfant a besoin d’une mère épanouie pour s’épanouir ? Et à l’inverse, croit-on vraiment qu’une mère sera heureuse si ses enfants sont malheureux ?

Regardons un peu plus au Nord : les pays scandinaves sont réputés à la fois pour leur avancée en matière de droits des femmes (les Parlements les plus féminisés du monde en 1999 sont ceux de la Suède avec 42% de femmes, du Danemark, de la Finlande et de la Norvège, la France n’étant que 52ème avec 10,9 %) et des droits de l’enfant (pionniers dans les lois d’abolition de la fessée, plus de 90% d’allaitement maternel). Et en plus ils sont écolos. Si vous ajoutez à cela que les gens y seraient heureux (alors que l’hiver là-bas doit être encore plus déprimant qu’ici), que leur modèle socio-économique fait baver le reste de la planète, et qu’ils ont inventé Ikea, on finit par se dire qu’il faudrait peut-être tenter de s’en inspirer, non ? Alors certes tout n’est pas directement transposable chez nous, notamment pour l’écologie et le modèle socio-économique, mais concernant la périnatalité ? Les taux de natalité par exemple sont comparables, aux alentours de 2 enfants par femme si on en croit cette carte (même si moins élevés qu’en France qui est vice championne d’Europe). Et cette étude nous indique que la France comme les pays scandinaves est un des rares endroits d’Europe où les femmes sont à la fois très présentes dans le monde du travail et (relativement) très fécondes.

Une autre hypothèse sous-jacente qui me pose problème, c’est qu’on suppose que les clés du bonheur sont universelles. Il y a évidemment un socle commun (genre mieux vaut être riche et en bonne santé que pauvre et malade…), mais le paradis des uns peut tout à fait être l’enfer des autres. A toute mère (ou future mère) qui se pose la question de travailler ou de se consacrer à ses enfants, je suggère de lire cet article publié sur le blog des (Z)imparfaites. C’est une histoire de tripes : on le sent ou on le sent pas. Dans les deux cas, il ne faut pas se forcer. Le problème étant que même si nous vivons dans un pays où notre liberté individuelle est à peu près garantie, le choix n’est pas toujours vraiment possible. Comment retourner au travail si vous ne trouvez pas de façon satisfaisante de faire garder vos enfants ? Et comment s’y consacrer exclusivement si ça implique des fins de mois difficiles ?

Ce qui aliène les femmes, ce n’est pas d’allaiter ou de donner le biberon, ce n’est pas de rester avec leurs enfants ou de faire son trou dans un monde du travail fait par et pour les hommes.  C’est qu’on leur dise d’emblée quoi faire ou ne pas faire, qu’on les prive de faire elles-mêmes des choix mûrement réfléchis (ou du fond de leurs tripes, ça marche aussi), soit parce qu’elles n’ont pas toutes les informations, soit parce que certaines options leur sont en pratique interdites.

Et surtout, surtout : où sont les pères dans ces débats ? Voilà ce qui me gêne dans le terme de maternage : ça n’implique que la mère. Les Anglo-saxons parlent d’attachment parenting, nous devrions plutôt parler de parentage (mais c’est assez moche). OK, ce sont les femmes qui ont les utérus et les seins, mais il n’y a pas que ça ! Qu’une mère allaite n’empêche pas le père de prendre le bébé en peau à peau, de le porter, de dormir avec lui, de le laver, de lui changer ses couches (et de les laver…), de lui faire des purées, de le consoler, de le câliner et encore bien d’autres choses ! Tant qu’ils ne sont pas conflictuels, les liens d’attachement peuvent tout à fait se cumuler : un enfant peut être attaché à sa mère, à son père, à sa nounou, à ses grands-parents… Au risque de passer en mode bisounours : l’amour se multiplie, il ne se divise pas.

Les pères ont une grande responsabilité, car certains aménagements du monde du travail (temps partiel, congé parental, etc) ne deviendront vraiment acceptables et acceptés que quand ils ne seront plus que des histoires de bonnes femmes, mais quand les hommes s’y mettront aussi. Pour cela, il faut aussi que nous (les femmes) leur laissions prendre leur place, qu’on accepte qu’ils ne sont pas nos clones mais que même s’ils font les choses à leur façon, au moins ils les font !

Finalement je vois que je n’ai pas beaucoup parlé d’écologie, mais en fait je ne vois pas bien le rapport. Il est clair que beaucoup de femmes, et de couples, connaissent une vraie prise de conscience à l’arrivée de leur premier enfant, et tant mieux ! Je ne suis pas une militante acharnée, loin de là, mais travaillant pour l’Etat dans le domaine de l’environnement je peux vous confirmer que oui, l’écologie est un vrai problème, et que non, le changement climatique n’est pas un mythe (et qu’on peut encore tenter d’en limiter l’ampleur). Et à mon humble avis, une fois que le coût réel d’un certain nombre de produits sera intégré (c’est-à-dire la compensation pour les dommages causés à l’environnement tout au long du cylce de vie des produits), nous reverrons en profondeur notre façon de faire. On peut se planter la tête dans le sable et attendre de se prendre le changement de plein fouet, ou s’y préparer progressivement, en tentant de modifier en douceur quelques habitudes. Je ne dis pas ça pour vous faire la morale et vous culpabiliser (d’ailleurs moi-même je suis très loin d’être Ste Ecolo), mais parce que c’est inéluctable. Et nous faisons tous les jours l’expérience que ce n’est absolument pas incompatible avec une vie professionnelle.

Demain je vous ferai part de quelques idées pour améliorer la vie des femmes ET des enfants à la fois.

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28 Responses to “Maternage, écologie et féminisme”

  1. Lil dit :

    Coucou cousine poule-pondeuse!
    Juste un petit mot pour te dire que je lis avec plaisir tes posts (très nombreux!!) de temps à autre et que je me réjouis de m’y plonger avec un peu plus de réalisme lorsque j’aurai un petit poussin à couver… Ca pourrait bien arriver bientôt, qui sait? Hihi.. Je te préviens, j’aurai sans doute plein de questions en temps voulu!

    Je sais que certaines poules suisses, Mim et certaines de mes amies pour ne pas les citer, sont aussi de ferventes lectrices!
    Je t’embrasse

  2. Suzie dit :

    Bonjour,

    moi cet article m’a fait réagir comme tout le monde, c’est un beau mélange de fausses informations et contre-vérités. Mais surtout, il se veut défenseur des femmes et là, franchement, il ne tape pas au bon endroit. Moi, je trouve que les féministes devraient s’attaquer aux véritables problèmes qui sont, selon moi, la place des femmes dans les entreprises (postes, salaires, reconnaissances,…) et la conciliation entre la vie professionnelle et la vie familiale et ce aussi bien pour les mères que pour les pères. En ce qui nous concerne, j’ai été obligée de réduire mon temps de travail pour m’occuper de mes trois enfants et de notre foyer, entre autres parce que mon mari fait des horaires impossibles et que c’est lui qui a le plus gros salaire. Et en aucune façon, je ne souhaite que mes enfants se tapent de la collectivité à gogo ou qu’ils se couchent tous les soirs avec la nounou, aussi gentille et efficace soit elle. Donc, c’est ma carrière qui trinque et c’est moi qui m’entend dire au bureau : On ne peut pas compter sur vous !! En même temps, j’aime bien aussi être chez moi et m’occuper moi-même de mes enfants, c’est sûr. Mais, je n’ai pas une passion extrême pour les torchons, les aspirateurs et les fers à repasser. Là, j’aimerais quand même un peu d’aide (hein, pour laver les couches, hi, hi, hi !) Bref, rien n’est fait dans notre société pour y intégrer les familles et ses contraintes spécifiques et accorder le maximum de bien-être aux bébés ET aux mamans et papas. Je ne vois pas pourquoi on devrait sacrifier les enfants sur l’autel de la consommation. Les bébés et petits enfants méritent du respect (cf. Dolto, sujette ces derniers temps à pas mal de controverses, pas étonnant avec des propos comme ceux de Mesdames Badinter ou Abécassis !)Et dans tout ça, j’ai aussi du mal à voir le rapport avec l’écologie : laver des couches dans une machine à laver ultra-moderne ou porter une coupe menstruelle (qui soit dit en passant n’est pas forcément un choix écologique, mais souvent avant tout de confort )n’a rien à voir avec l’aliénation des femmes. Ce sont ce genre de raccourcis qui nuisent aux femmes, pas de faire la cuisine soi-même. Bon, bref. Merci la poule de nous permettre de discuter de tout cela, ça fait du bien de partager et de voir qu’on n’est pas seul avec ses idées de bien-être des bébés, écologie, place des femmes, etc. A bientôt

  3. @Lil : excellent ! j’attends de tes nouvelles alors…

    @Suzie : merci pour ton témoignage et tant mieux si ça fait du bien ! Je suis complètement d’accord qu’il y a certaines alternatives écolos qu’on peut choisir pour d’autres raisons (la coupe est un très bon exemple ; personnellement je suis ravie qu’elle soit écolo mais ce n’est pas ma principale motivation, je trouve au contraire que c’est une vraie libération !). J’espère qu’on aura aussi une chouette discussion demain.

  4. olympe dit :

    bonjour, tu connais peut être mon blog, j’avais prévu de faire un post sur cet aticle de Marianne qui est exactement le pendant de celui de ELLE que j’avais commenté il y a quelques temps. je suis tout à fait d’accord avec ton propos mais c’est un thème qui constitue une fracture chez les féministes

  5. Chaponne dit :

    bonjour la poule pondeuse

    je suis bien d’accord sur le fait que tant que les hommes n’auront pas pris plus de place dans les soins aux enfants, les mentalités auront du mal à avancer et élever des enfants restera l’apanage des femmes. Et effectivement, c’est aussi au mamans de laisser les pères prendre cette place, malgré leur façon bien différente de le faire : et oui il oublie souvent le couvre-couche obligeant à un changement complet des vêtements au moindre pipi, et oui il oublie de refermer la crème, et oui il n’arrive pas à accorder les vêtements du poussin, mais à côté de ça quand je vois le regard rieur, émerveillé et en attente de poussin, tous ces petits détails qui m’agacent me semblent bien peu de choses!

    Et comme toi je crois que notre mode de vie actuel est voué à disparaître. Le « confort » de vie tel que nous l’avons connu est à mon sens révolu et des changements radicaux vont devoir s’opérer. Malheureusement, certains de ces changements vont être et sont déjà vécu comme un recul par beaucoup. Je n’ai toujours pas réussi à convaincre l’une de mes soeurs de trier ses déchets: ben pourquoi? il y a des éboueurs, ce n’est pas mon boulot……….sans commentaire!

  6. En écologie, il y a parfois des bonnes idées pas terribles. Voire franchement bof.
    Comme par exemple le diesel à base de maïs, qui prive les mexicains de pop-corns.
    Ou bien ces horribles ampoules basse-tension, aux lumières blafardes comme des néons de chiottes.
    Aux Ateliers de l’Eclipse ( http://www.ateliers-eclipse.com ), on est pour le recyclage et les matières naturelles, mais on déteste ces choses obscènes et blanches comme des culs, et leurs reflets industriels. La résistance s’organise pour défendre les ampoules à filament. Nous avons déjà commencé à nous exprimer dans la presse nationale et lancé un mouvement d’envergure, le PLAF!
    Nous sommes déjà des milliers. Et bientôt des millions.
    Bisous ampoulés.

  7. Pour répondre à ta dernière phrase : vivement demain alors !

  8. @olympe : oui je connais ton blog que je trouve super intéressant et utile (faut que je mette à jour mes liens !). Je ne comprends pas pourquoi certaines féministes veulent décider pour les autres ce qui est bon pour elles…

    @Chaponne : achète des couches TE1, ça marche comme les classiques !

    @Eclipse : je trouve que les ampoules à économie d’énergie ont quand même fait des progrès. Et il y a des pièces dans lesquelles c’est moins gênant que d’autres.

    @la belle bleue : ça vient, ça vient !

  9. […] Maternage, écologie et féminisme Tagged as: accouchement, Allaitement, culpabilité, information, mère, Naissance, parent, réflexion […]

  10. hugh dit :

    Bonjour,

    le dernier numéro d’alfalfa, un magazine distribué en kiosque dans toute la France, développe un dossier central intitulé : Les femmes sont-elles des Hommes comme les autres ?
    Ou comment réconcilier écologie et féminisme…

    Extrait gratuite du magazine sur le site : http://www.magazinealfalfa.com/wp-content/uploads/2010/02/extrait-alfalfa-4.pdf

  11. LMO dit :

    Juste « Wahou »… Je n’aurais jamais été capable d’écrire aussi bien!
    Et je partage largement ton avis. On doit laisser le CHOIX aux femmes, leur imposer ci ou ça c’est stupide et infantilisant…

  12. @LMO, merci ! 😳 Plaquer des choix non assumés sur les gens, à mon avis c’est aller vers l’échec de toute façon.

  13. MayYou dit :

    Je suis assez d’accord avec ton article.

    En fait, E. Badinter a des positions que j’ai du mal à comprendre en ce qui concerne le maternage (et bon, je suis d’accord aussi sur le fait que maternage comme terme exclu le père et c’est dommage).

    Je ne comprend pas pourquoi elle s’oppose comme ça, alors que pour certaines mère, le maternage est un vrai plaisir et un épanouissement. En quoi est-ce que ce serait une régression pour la femme?

    Bon. Peut-être que je suis une anti-féministe? Moi, je trouve que le corps de la femme, biologiquement parlant, est fait pour s’occuper de son enfant. L’OMS préconise un allaitement plutôt long. Ce n’est pas une obligation, et bien-sûr, dans nos pays, les enfants élevés au biberon vont très bien, et sont même plutôt la norme.

    Mais si on a envie de donner le sein à son enfant, d’avoir une grande proximité avec lui, de retrouver ses racines anciennes, son instinct animal, de se rapprocher de ses origines, en quoi est-ce que ce serait une régression pour la femme?

    Moi je trouve que notre société fait tout pour séparer les familles : enfants très tôt au biberon, très tôt à la crèches, personnes âgées en maison de retraite.. Les gens sont trop individualistes, il n’y a plus de rassemblement autours du foyer, les divorces explosent, etc…

    Je trouve que pendant la petite enfance, un enfant a besoin de sa mère. Si celle-ci est heureuse de pouvoir rester auprès de lui, pourquoi avoir un discours culpabilisant, lui faisant comprendre qu’elle détruit tout ce pourquoi ses ainées féministes se sont battues??

    C’est un peu ce que je ressens en lisant Badinter, et ça m’énerve.

  14. @MayYou, je ne suis pas tout à fait d’accord avec toi. Je crois qu’un enfant a besoin de ses parents et de figures d’attachement stables et aimantes. Mes deux enfants ont un lien je pense aussi fort à leur père qu’à moi, et le deuxième n’a que 18 mois (il fallait le voir l’autre jour, il a failli défoncer la barrière d’escalier tellement il était impatient de retrouver son père 😯 ). Et justement ce que je trouve critiquable chez E. Badinter c’est qu’elle prétend qu’allaitement veut forcément dire « gardé à 100% par la mère », ce qui est faux, surtout après les premiers mois. Globalement sa vision est tellement manichéenne que ça ne tient pas la route, ou alors pour 10 familles en France 🙄

  15. MayYou dit :

    Ah oui, bien-sûr, un enfant a également énormément besoin de son père, je suis aussi de cet avis!

    Mais bon, les tous premiers mois, il a surtout besoin de sa mère, je pense. (genre les 3 premiers mois), même si le père a un rôle important à jouer dans toute la vie de ses enfants.

    Par contre, je suis assez d’avis que le congé parental est plus utile pour la femme lorsqu’elle allaite. Ma fille a 13 mois, mais je l’allaite encore environ 5 fois par jour, si je travaillais, ce ne serait pas possible.

    Après, quand les enfants ne sont plus allaités ou seulement le matin et le soir, peu importe si c’est le père ou la mère qui est à la maison!

  16. Zulie dit :

    @MayYou, Euh, j’allaite depuis 7,5 mois et mon fils est à la crèche 35 à 40h par semaine et moi au boulot 40h/semaine depuis ses 9 semaines… Donc si, c’est possible, même si c’est plus contraignant.

    J’ai repris le travail lorsqu’il avait 8 semaines et son père a pris ma dernière semaine de congé maternité. ça a permit un passage en douceur pour la crèche et ça a aussi permis au père de se rendre compte de ce que c’est que garder un bébé toute la journée. D’ailleurs ça lui a plu et il s’est mis aux 35h (ici en Nouvelle-Zélande la semaine type est de 40h) pour s’occuper de son fils un peu pendant la semaine.

    Aujourd’hui encore je tire mon lait 2 fois par jour au boulot. 😉

  17. pétrolleuse dit :

    @MayYou, dans son bouquin, Elisabeth Badinter ne s’oppose pas à l’allaitement et aux différentes formes du maternage, tant que c’est effectivement le CHOIX des femmes. Elle ne dénonce pas les femmes qui allaitent ou qui s’arrêtent de travailler pour élever leur enfant (bien qu’elle s’inquiète malgré tout des conséquences que cela peut avoir pour la femme qui, de fait, va tomber dans une forme de dépendance économique à l’égard de son mari/compagnon). Elle s’inquiète par contre de la pression qui est exercée par la société actuelle sur les femmes qui ne voudraient pas allaiter ou qui veulent retourner travailler très tôt en leur tenant un discours culpabilisant, en leur laissant entendre qu’elles sont de « mauvaises mères ». Selon elle, le maternage peut aussi être utilisé comme un instrument d’oppression sur les femmes. A ce sujet, elle dit, dans une formule volontairement provocatrice que « le bébé est le meilleur allié de la domination masculine ». A ses yeux, « une femme n’est pas un chimpanzé »: certes, nous sommes des mammifères, et notre corps, comme tu le dis, est biologiquement fait pour porter et nourrir un enfant. Mais l’être humain n’est pas qu’un être de nature, il est aussi un être de culture et il n’a aucunement l’obligation de se soumettre à la biologie. C’est pourquoi certaines femmes ne veulent pas d’enfants, tandis que d’autres en veulent mais ne souhaitent pas l’allaiter.

    Pour ma part, je ne me suis jamais sentie une louve en allaitant ma fille, même si c’est vrai que je suis toujours émerveillée de constater qu’avec la maternité, j’ai hérité du super pouvoir de fabriquer le lait qui nourrit ma petite. :mrgreen: Par contre, je suis d’accord avec toi sur cette idée selon laquelle il y aurait conflit entre les féministes « canal historique » :mrgreen: dont E. Badinter est un peu une des représentantes et la génération actuelle des trentenaires (allez, on va dire 25-45 ans). Ses positions à l’égard de la pilule, de l’allaitement, du travail des femmes, des couches lavables ou encore de l’AAD (voir ses propos dans l’article affligeant de Marie-Claire – http://www.marieclaire.fr/,contre-enquete-les-dangers-a-un-accouchement-a-domicile,20258,352469.asp#ixzz1SAgCTosm – cité dans un billet récent de 10 lunes – http://10lunes.canalblog.com/archives/2011/07/24/21635385.html – )sont en grande partie héritées des années 70 et du grand mouvement de libération de la femme, à une époque où la maternité était très souvent vécue, non pas comme un moyen de s’épanouir, mais comme une forme d’aliénation (ce qui était vrai… :roll:). Mais je trouve moi aussi que le féminisme de Badinter n’est plus vraiment en phase avec la société actuelle. On est encore très loin de l’égalité hommes-femmes mais elle se trompe de combat…

  18. opale dit :

    @pétrolleuse, oui tu as tout a fait raison quand tu dis qu’on est encore très loin de l’égalité entre les hommes et les femmes et qu’elle se trompe de combat !

  19. opale dit :

    @opale, enfin raison, je ne sais pas mais je suis d’accord avec tes propos ! 😆

  20. @MayYou, l’allaitement peut s’adapter à la reprise du travail : Pouss2 tétait plusieurs fois par jour quand j’ai repris le boulot (il avait ~8 mois), et il est passé à 2-3 fois par jour, puis 2, puis 1, puis 0 (à noter qu’au début au moins il retétait plusieurs fois par jour les WE, vacances etc où on était ensemble). A la crèche il mangeait solide, pas de bib, pas de lait tiré. A 13 mois ta fille pourrait très probablement s’adapter en ne tétant qu’en ta présence et en mangeant des solides/buvant de l’eau en ton absence (je ne dis pas qu’elle devrait, hein 😉 ).

  21. @pétrolleuse, bah oui mais en pratique à part sur quelques forums et blogs :mrgreen: moi je ne vois pas où est cette fichue pression pour le pack « maternage ». Alors peut-être que dans les mater on te dit qu’allaiter c’est mieux mais si c’est pour filer des compléments au bébé dans ton dos 🙄 👿 Les supermarchés sont remplis de boîtes de lait, de biberons, de couches jetables, les magazines sont pleins de pubs pour lait infantile, petits pots, couches jetables… Quand tu veux faire garder ton bébé (crèche ou nounou) et que tu parles d’allaitement ou de couches lavables, c’est dans 98% des cas un handicap pour ton dossier. Il y a encore beaucoup de médecins qui t’expliquent que l’allaitement sert à rien (après x semaines/mois), que c’est pas compatible avec le boulot… Si tu veux t’acheter une bonne écharpe de portage, des couches lavables, des jolis habits/SG d’allaitement, etc etc, tu es obligée de fouiller sur le net, de faire un effort pour pister tout ça. Donc peut-être que je vis dans un monde parallèle mais je ne les vois pas, moi, ces ayatollahs qui tentent d’opprimer les femmes à coups de couches lavables et de purées maison bio. Après, comme le montrent bien les auteurs de « l’art d’accommoder les bébés », la maternité EN GENERAL est souvent utilisée comme moyen de faire coucouche panier aux femmes, et ce depuis toujours ou presque.
    Le problème que j’ai avec Badinter c’est qu’elle déforme les faits pour les faire coller à ses positions, qu’elle balance ses convictions comme si elles étaient parole d’évangile, alors que franchement quelle est son expertise sur l’AAD par exemple ??

    Mais sinon moi comme toi je ne me proclame pas mammifère, ce n’est pas ma fierté de réveiller mon côté animal, que ce soit mère chatte, louve, lionne, vache, chèvre, bulot, mante religieuse ou que sais-je :mrgreen: Et notre nature est aussi d’avoir un cerveau fonctionnel qui nous permet dans certains cas de nous affranchir de la biologie, de lutter contre nos instincts, donc je ne vois pas quelle aberration demanderait qu’on en fasse abstraction.

  22. Anonyme dit :

    @La poule pondeuse, j’ai repris le travail il y a quelques semaines, mon bébé avait 5 mois et pas sevré malgré ma bonne volonté et ma motivation (mais il n’est pas fan des biberons. c’est plus facile avec son père ou la nounou mais avec moi : niet). J’ai donc allaité exclusivement (avec grand plaisir quand même) jusqu’à ma reprise. J’en parle au médecin du travail pour la visite obligatoire, pensant qu’il va m’informer sur les risques d’engorgement, l’heure que j’ai droit pour allaiter au tire-lait pendant le travail, me conseiller, etc… Non pas du tout il me dit juste « il va falloir qu’il boive au biberon ce petit » et me parle de ses petits-enfants du même âge : un allaité qui a été souvent hospitalisé et l’autre au biberon qui n’a jamais été malade. je vois bien le message… Au final je ressort de là culpabilisée et pas du tout conseillée. Pas grave je risquais juste une mastite ! Heureusement, ils ne sont pas tous comme ça…
    fanny.

  23. MayYou dit :

    Je n’ai jamais dit qu’il n’est pas possible de travailler en allaitant! 😉

    Je disais juste que si je travaillais, les 5 tétées par jour de ma fille ne seraient pas possible, c’est tout! 😉

  24. Berzingh dit :

    @MayYou, « Mais bon, les tous premiers mois, il a surtout besoin de sa mère, je pense. »
    La seule fonction pour laquelle un bébé a besoin de sa mère plutôt que d’une autre personne aimante (comme son père, par exemple), c’est l’allaitement au sein (et encore, suffit de fabriquer du lait, m’enfin là je pinaille). Pour tout le reste, le père peut tout faire aussi bien et avec autant d’amour : ça dépend uniquement de l’individu concerné, pas de son sexe ou de son implication dans l’élaboration du bébé.

    Pour notre premier enfant, le papa a pris un mois de vacances après la naissance pour qu’on reste à trois à la maison. Ça nous a permis, à nous parents, de nous passer le relais de l’un à l’autre en respectant raisonnablement nos limites, d’avoir des nuits abominables sans la contrainte du boulot le lendemain pour lui et à moi de me remettre sereinement de la grossesse et de l’accouchement. Je rigole encore, un peu jaune, du concept de congé maternité post-partum à la Française, qui est censé permettre entre autres de se remettre physiquement, si c’est pour se retrouver seule à gérer un nouveau-né.

    Au final, comme nous nous en occupions véritablement tous les deux, tant père que mère, il a fallu vraiment attendre bien plus tard (1 an, au pifomètre) pour que notre enfant ait des phases « je veux maman ! » qu’il alterne avec un grand égalitarisme avec des phases « je veux papa ! ». Phases qui ne sont jamais complètement exclusives (uniquement l’un) mais qui par contre sont régulièrement émaillés de « je veux les deux ! »

    Avant ça, il avait l’air heureux tant qu’il était avec quelqu’un qui lui apportait tout le confort physique et psychologique dont il avait besoin, que ce soit sa mère, son père ou à partir de 3 mois sa nounou (il n’y avait qu’à voir le sourire qu’il lui faisait à peine il voyait son visage, de quoi partir au boulot serein(e)).

  25. Apostille dit :

    Bonjour,
    Mon chéri et moi sommes en phase de pré-pré-conception (en gros, comme tu le liras sur mon blog si tu souhaits t’y rendre). Nous avons défini une date de fin de la contraception (une date projetée, plutôt, parce que si l’un ou l’autre ne se sent pas prêt, on reculera) , et nous bossons sur un projet de naissance (ça, c’est parce que je suis suuuuuuuper phobique de la sphère gynéco, alors j’ai voulu qu’on soit d’accord sur les grandes lignes – en cas de grossesse physio, du moins). Je fais de mon mieux pour l’intégrer à chaque étape, même celles qui à priori ne le concernent pas…

    J’aime énormément ce que tu dis ici : « Pour cela, il faut aussi que nous (les femmes) leur laissions prendre leur place, qu’on accepte qu’ils ne sont pas nos clones mais que même s’ils font les choses à leur façon, au moins ils les font ! »

    J’ai vu beaucoup de couple se séparer après la naissance de leur premier enfant, et même si je ne jette la pierre à personne, quand je vois certaines mamans qui n’ont pas laissé le papa changer une couche à 3 mois, je me pose des questions…

    Tant que j’y suis, je voulais te dire que j’ai parcouru toutes tes notes « livres », et noté très soigneusement ta rubrique de bons conseils d’achat. Alors, merci pour cet excellent blog et bonne continuation…

  26. @Apostille, bienvenue à toi et plein de bonnes ondes pour ton projet bébé (et tu n’as pas mis de lien vers ton blog 😛 ) !

  27. […] qu’Elisabeth et Marianne n’accourent, je précise tout de suite que Sarah Blaffer Hrdy (tout comme Gordon Neufeld) […]

  28. […] qu’Elisabeth et Marianne n’accourent, je précise tout de suite que Sarah Blaffer Hrdy (tout comme Gordon Neufeld) […]