Où sont les hommes ?

 En lisant Babble, mon site pour parents préféré (sont forts ces Ricains), je suis tombée sur cet article intéressant, qui s’interroge sur les causes et les effets de la quasi-absence d’hommes dans les professions de l’enfance et de la petite enfance. Voilà qui semble en tout cas un phénomène aussi répandu de part et d’autre de l’Atlantique (la maîtresse, la nounou, les puéricultrices de la crèche…). Effectivement, c’est un peu préoccupant que les enfants soient toujours confrontés à la même moitié de l’humanité. Ils pourraient même s’imaginer que c’est cette moitié-là qui dirige le monde. Ahem. Déjà qu’il va falloir leur dire que le père Noël n’existe pas… L’article cite également quelques études montrant les bénéfices pour les enfants d’avoir des éducateurs des deux sexes. 

Alors pourquoi n’y a-t-il pas plus d’hommes ? La première raison avancée, c’est que c’est mal payé. Effectivement, le fait qu’on paie si mal les gens à qui on confie les enfants est assez représentatif des priorités de nos sociétés (dit celle qui a l’impression de perdre un rein à chaque chèque pour la nounou). Là où je tique, c’est la deuxième raison : d’après l’article, un nombre non négligeable de parents refuse de confier ses enfants à un homme, par peur d’actes pédophiles. Le pédophile ayant 19 fois plus de chances d’être un homme qu’une femme, si on enlève le contact avec les hommes, on élimine la majeure partie des risques. Les bras m’en tombent. L’idée ne m’avait même pas effleurée. Bien sûr comme tous les parents je veux à tout prix éviter une telle horreur pour mon enfant. Mais de là à refuser qu’un homme s’en occupe ? L’auteur de l’article fait d’ailleurs remarquer que dans la plupart des cas de pédophilie ce sont des proches de la famille qui sont en cause : alors on ne laisse jamais nos enfants seuls avec leur père, grands-pères, oncles, parrain, et compagnie ? J’avoue que nous sommes ravis de profiter occasionnellement des services du fils de notre nounou (16 ans), et je pense pouvoir affirmer que ses phantasmes vont plus vers ce qui porte le string que ce qui porte la couche (même d’adorables lavables).

Mais là où ça devient carrément retors, ce sont les parents d’adolescents qui leur interdisent de garder des enfants, au cas où des parents un peu frappadingues (comme eux ??) les accuseraient de pédophilie, ce qui serait assez dommageable pour leur réputation. 

Il y a une vraie différence culturelle ou je suis la seule à trouver ça bizarre ?

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12 Responses to “Où sont les hommes ?”

  1. Sev dit :

    Bonjour,
    voici mon premier post pour toi.
    Alors j’habite en scandinavie et la proportion d’hommes dans le milieu de la petite enfance est d’environ 40%.

    ma poupette a toujours eu en creche un homme autour d’elle.

    elle a des rapports differents avec eux, moins calins, plus joueurs.

    Et moi….bah je ne peux pas m’empecher de penser qu’un homme que je ne connais pas change les couches de ma fille. Oui ca me travaille.
    je ne vais pas m’inquieter tous les jours mais j’y pense.
    et pourtant je suis bien de cette partie de l’Atlantique .-)

    au plaisir de te relire

  2. juju dit :

    dans le meme genre, j’etais animatrice de colo quand j’étais « plus jeune ». je suis tombée une fois sur une directrice de colo qui ne voulais pas d’animateur Mâle car pour elle c’etait plus sur (rapport à la pédophilie et tout ca). Ca m’avait choquée!!!

  3. @Sev : bienvenue ! et merci pour ton témoignage (oui c’était vraiment une question ouverte, je ne prétends pas être représentative des Français ;-)). Incroyable Scandinavie, on a toujours des choses à apprendre d’eux !J’espère que de penser aux bénéfices pour ta poupette d’avoir un encadrement mixte t’aidera un peu à retrouver la sérénité les jours où elle t’échappe (même si quand le trouillomètre est enclenché pour nos enfants, c’est bien difficile de l’arrêter !).

    @juju : donc ce serait plus répandu que ce que je pense alors !

  4. Filoune dit :

    Thomas (16 mois) a beaucoup de chance car le directeur de sa crèche et le cuisinier (qui s’occupe aussi des enfants) sont des hommes.
    Pas une seule fois, je me suis inquiétée. Ca ne me serait même pas venu à l’esprit.
    Au contraire je trouve l’ambiance fantastique. Je trouve que la diversité créé la richesse.
    Bon il faut dire aussi que c’est une super crèche qui teste en ce moment les couches lavables et qui est à fond pour l’allaitement.

  5. Tititi dit :

    Non ce n’est pas bizarre comme raison, c’est sûrement que vous n’avez jamais été confrontée à ce problème et que vous ne ressentez pas ce petit pincement au cœur chaque fois que vous voyez un enfant dans les bras d’un homme qui ressemble à celui qui n’aurait pas dû vous toucher.
    Ensuite pour ceux qui ont vécu cela, ça reste un problème psychologique qui peut se soigner, mais le risque est en effet plus grand chez les hommes, c’est un dérangement mental qui les attire vers les enfants, alors qu’à côté ils semblent avoir une vie tout à fait normal avec un travail, une femme, etc… Le pire étant qu’ils sont souvent proches d’enfants, et qu’on les leur confierait sans broncher.
    C’est une chose qui pour ceux qui n’ont jamais été concernés est très difficile à se représenter, et donc je ne vois pas pourquoi une femme devrait s’inquiéter de donner son enfant à garder à un homme, mais au fond de moi il reste tout de même cette petite voix qui me dit « et si… »

    Pour conclure, je dirais que oui, je suis dérangée de ce côté, et j’en ai conscience, mais je ne voudrais pas déteindre sur tout le monde, bien au contraire. J’aspire à un jour être plus sereine et ne plus me poser des questions de ce genre.
    Alors je dis un grand oui à la présence des hommes dans l’éducation des enfants !!

  6. @Filoune : oh la chance !

    @Tititi : merci pour ton témoignage, je trouve magnifique le recul que tu arrives à prendre par rapport à ce qui t’es arrivé. C’est évident qu’il faut beaucoup de temps et d’amour pour apprendre à vivre avec ce passé et se reconstruire. ça me rend folle de rage ce genre d’histoire. Le but du message n’était bien sûr pas de minimiser le risque lié à la pédophilie, mais de réfléchir aux meilleurs moyens de les éviter. Tout de bon pour la suite !

  7. Lola dit :

    Ce qui me surprend, c’est qu’on parle sans arrêt des hommes pédophiles, mais jamais de femmes.
    Est-ce parce que le risque de rencontrer une femme pédophile est plus rare? Mais existe et personne s’en inquiète. Au contraire, il n’y a presque que des femmes nourrices agréées, et souvent elles sont seules avec 2 à 3 enfants toute la journée.

  8. Clémys dit :

    Et il n’y a pas que le risque de violence sexuelle… Le risque de maltraitance physique et/ou psychologique existe aussi avec les femmes…
    En rapport avec le précédent article de PP : difficile dans ces circonstances de confier sereinement un enfant à un adulte en lui donnant les « plein pouvoirs » pour instaurer/conserver le lien d’attachement dont il a tant besoin pour s’épanouir. Ainsi comment un enfant peut-il faire confiance aux adultes, si nous même sommes méfiants les uns envers les autres ?

  9. Yael dit :

    Sujet très intéressant. J’avais moi-même été très choquée quand un assistant maternel travaillant dans une maternelle de la capitale me disait qu’ils avaient reçu pour consigne de ne jamais prendre un enfant dans les bras pour éviter toute suspicion de pédophilie… privant ainsi des petits de 3 ans du réconfort d’une étreinte affectueuse en cas de gros chagrin.
    Je trouve que ça illustre bien les côtés pervers de cette angoisse. La pédophilie est une abomination mais à mon sens, la seule façon de lutter contre n’est pas d’éloigner les hommes des enfants mais de réaffirmer que l’enfant et son corps ne sont pas des objets et que donc l’adulte n’a pas le droit de l’agresser, de l’insulter, de le frapper ou de le « toucher ».

  10. @Lola : le raisonnement d’exclure les hommes est purement statistique. D’après l’article Babble, il y a 19 fois plus de chances qu’un pédophile soit un homme.

    @Clemys : eh oui confier ses enfants n’est pas chose facile. D’autant plus que tout le monde n’a pas les mêmes seuils de maltraitance. Pour moi, ça commence assez bas, par exemple une nounou qui se contente de nourrir le bébé quand il a faim et de le garder propre en le traitant un peu comme un paquet est déjà dans la maltraitance (même si évidemment il y a une large gradation et que ce n’est pas comparable à des actes pédophiles… cependant je pense que ça laisse des traces).

    @Yael : Oui c’est vraiment dommage d’en arriver là ! Surtout quand on a lu l’article auquel Clemys fait référence http://www.poule-pondeuse.fr/2008/09/08/hold-on-to-your-kids-1/ : les recherches en psychologie ont montré le besoin viscéral des enfants de contact et d’affection. Mais je crains de ne pas avoir de stratégie miracle à proposer pour éviter les atteintes pédophiles (hélas)…

  11. Gaëlle dit :

    Pour info, il y avait un article à ce sujet la semaine dernière dans Libération : « «Ma nounou ressemble à Chabal» Baby-sitting. Les préjugés ont la peau dure pour les hommes qui choisissent ce métier.
    http://www.liberation.fr/vous/349703.FR.php

  12. Merci, très intéressant !