Le top des maternités

shepherd  L’Express vient de publier son célèbre palmarès des maternités. On peut le voir ici, département par département. Ce n’est pas vraiment un classement, car il n’y a pas de maternité idéale. Cela dépend en effet des attentes qu’on a vis-à-vis de ces établissements, et notamment le niveau de médicalisation et d’intervention qu’on souhaite. Par ailleurs certaines grossesses, identifiées comme à risque, vont être systématiquement orientées vers des institutions de niveau 2 ou 3, ce qui limite le choix. Il faut savoir que ces niveaux correspondent aux possibilités de réanimation pour le bébé : pour la mère tout est disponible dans toutes les maternités (notamment un bloc opératoire avec personnel compétent pour faire une césarienne). Le niveau 1 est le plus bas, tandis que le niveau 2 implique la présence d’un service de néo-natalogie pour les nouveaux-nés de plus de 33 semaines et le niveau 3 un service de réanimation pour l’accueil des mini-poussins. En plus de ces informations, l’étude fournit pour chaque institut le niveau d’infections nosocomiales, le nombre d’accouchements par an, et les taux d’accouchements multiples (jumeaux et plus), de césariennes, de transfert vers un autre hôpital et de bébés de petit poids (< 2.5 kg). A noter que j’ai repéré quelques boulettes dans le classement parisien, donc les informations ne sont peut-être pas toute super fiables (par exemple la Pitié est présentée comme niveau 3 alors que c’est un niveau 2, ou encore on nous donne des chiffres pour St Joseph et pour Bonsecours, alors que Bonsecours est la maternité de St Joseph…)

Pour chacun de ces facteurs, le site vous donne également la moyenne nationale comme référence (en glissant la souris sur le titre de la catégorie, subtil non ?). Evidemment, les niveaux les plus élevés ont généralement les taux les plus élevés de césariennes, naissances multiples et petits bébés, puisqu’ils récupèrent tous les cas à problème. Il me semble logique qu’ils soient donc au-dessus de la moyenne nationale. Cependant le site constate que le taux de césariennes est plus élevé dans le privé que dans le public, alors même que le privé ne comporte que des établissements de niveau 1.

C’est une des raisons pour lesquelles j’ai choisi d’accoucher dans un grand hôpital public de niveau 3, alors que je ne souhaitais pas une naissance très médicalisée (mais quand même un peu, merci Sainte Péridurale). Réfléchissons ainsi quelques minutes au fonctionnement d’un hôpital par rapport à celui d’une clinique. Dans un grand hôpital (je parle de taille, pas de réputation), il y a 24 h sur 24 un obstétricien, un anesthésiste et un pédiatre de garde (et s’il pouvait y avoir un certain neurochirurgien tant qu’à faire…). Ils sont là pour toute la durée de leur garde, et puis voilà. De plus ils touchent un salaire mensuel fixe, qui ne dépend pas des actes qu’ils pratiqueront (sachant qu’une césarienne coûte plus cher qu’un accouchement par voie basse par exemple). Dans une clinique, hors des heures de bureau, ils sont d’astreinte. C’est-à-dire qu’ils vaquent à leurs occupations habituelles mais en s’engageant à venir fissa si on les appelle. Par ailleurs, ils sont généralement payés à l’acte. Donc à votre avis, qui a le plus intérêt à vous faire une césarienne parce que le travail n’avance pas assez vite ? Non seulement c’est mieux payé, et en plus on sera rentré pour l’apéro. Attention, je ne pense pas que ce soit la façon générale de fonctionner dans les cliniques, où je ne doute pas que la grande majorité des médecins ait une éthique et un dévouement irréprochables, mais plutôt une dérive inhérente à ce type de système, qui serait le fait d’une minorité. Il est aussi tout à fait possible que certaines femmes y demandent des césariennes de convenance (les Anglais les appellent « too posh to push », littéralement « trop snob pour pousser »).

Par ailleurs, je pense que la sage-femme qui s’occupe de vous à l’hôpital est plus motivée puisque c’est elle qui fera votre accouchement au lieu de passer la main au dernier moment. De plus elle aura l’esprit plus tranquille si elle sait que tout rapidement accessible si les choses tournent au boudin, et que du coup elle aura tendance à repousser autant que possible une intervention. Tout ceci peut à mon avis expliquer au moins en partie pourquoi il y a moins de césariennes dans le public, alors même que c’est là que vont les cas pathologiques. C’est d’ailleurs ce que constate cette étude réalisée par le ministère de la Santé : les établissements de niveau 1 ont tendance à pratiquer plus de césariennes « de sécurité » (comprendre : pas forcément nécessaires mais au cas où mieux vaut être paré) que ceux de niveau plus élevé. 

Cet article a bénéficié des lumières de la poule accoucheuse, que je vous avais présentée ici.

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11 Responses to “Le top des maternités”

  1. Julie dit :

    je syuis bien d’accord avec toi sur le manque de déontologie de certains médecins, par rapport notamment à la césarienne… si je n’avais aps été dans un hopital public, j’y serais passée aussi d’ailleurs, surtout que j’ai été déclenchée, et qu’après 12h toujours rien…
    une amie à moi n’a pas eu cette « chance » : déclenchée à 7h le matin, elle est passée sur le billard à 13h….. genre c’etait un vendredi, fallait pas que ca dure trop longtemps…

  2. Pour mes deux aînés, j’ai accouché dans le public. En pleine nuit pour les deux, un anesthésiste de garde mais qui a refusé de se déplacer (la deuxième fois seulement,parce que la première, j’ai voulu faire ma belle et j’ai refusé la péridurale!) pour une simple péridurale. Et le service de néonat quelque peu désert pour le premier a fait du zèle et ne voulait plus me le rendre sous pretexte que mon fils avait un peu de fièvre au moment de sa naissance… mais des analyses vierges et aucun signe d’une quelconque infection.
    Pour mes deux dernières, déménagement oblige, j’ai accouché ailleurs. Et dans le privé. Pour la simle raison que c’était là qu’officiait le gynéco qui me suivait.
    Et là, accouchements formidables. Péridurale, salle de travail claire, spacieuse, ambiance musicale. Un vrai bonheur.
    Mais qui a effectivement un prix.
    J’ai comparé les relevé de sécu de mes accouchements. Dans le public, où seule est intervenue la sage-femme je dirai que le relevé était raisonnable. Par contre les frais de néonat… surtout pour un petit bout qui y était juste en observation, sans perf, sans soins lourds… ouch! Heureusement que ce n’est pas à nous que l’on a tendu la facture.
    Dans le privé, où c’est la sage-femme qui a fait tout le boulot (enfin, sauf le mien entendons nous bien!) mais où le gynéco était présent (et juste présent, hein! Tout juste s’il a enfilé des gants!) la note était bien plus salée… vu que médecin encaissait des honoraires faramineux pour un acte qu’il n’avait même pas pratiqué. Sur les fesse j’en suis restée…

    Pour conclure sur ma seule expérience, je dirais que public ou privé, ça magouille toujours un peu pour gratter des sous là où c’est possible. Mais comme je suis une indécrotable optimiste, je veux croire que tout le monde ne se livre pas à l’exercice…

  3. poulepondeuse dit :

    @ Julie : moi aussi j’ai frôlé la césarienne mais les sages-femmes ont eu le courage d’attendre encore un peu et pouf ça s’est débloqué. Je les aiiiiiiiiiiime !

    @ Joyeuse pagaille : évidemment ce sont des tendances générales, au cas par cas c’est très variable, selon le service, sur qui on tombe et tout. Pour les sous c’est fou : à l’hôpital je n’ai même pas sorti un centime après avoir fait écho, monitoring, examens, péri, accouchement + séjour de 3 jours ! J’en reviens toujours pas 😉

  4. Blandine dit :

    J’ajouterai Sainte Sécurité Sociale priez pour nous…
    quant aux frais de néonat, ils incluent certes les multiples machines pour les poussins qui en ont besoin mais surtout les salaires des personnes chargées de la surveillance (et des soins) et bien qu’elles ne soient pas très bien payées, elles sont nombreuses et le prix est en conséquence (@ Joyeuse pagaille, ils ne gardent jamais un bébé qui n’en a pas besoin, les places sont trop rares!)

  5. poulepondeuse dit :

    Eh oui, heureusement que Ste CPAM est là pour payer tous ces gens et ces belles machines aux mini-(voire micro-)poussins qui en ont hélas bien besoin !

  6. Fleur dit :

    … mais il existe des cliniques privées de niveau 2 (2a même!)!
    enfin, une en tout cas et pour cause, toute privée qu’elle soit, elle est située dans l’hopital pour enfant de Nice!

    et prions en effet pour que la sécu survive…

  7. poulepondeuse dit :

    Effectivement j’ai vu ça depuis. Mais pas beaucoup (et pas suffisamment pour expliquer les stats !).

  8. m@nue dit :

    ben de mon côté, accouchement en clinique (donc privée) mais mutualiste donc pas d’avance de frais. (bon vu mes précédents comms je pense que tu as deviné où j’avais été :mrgreen: ).

    et là où ça craint, c’est que selon ce classement elle aurait tout de la maternité idéale à Paris… un des plus faibles taux de césarienne notamment. Et bah 😕 vu l’accouchement (voie basse mais on m’a fait miroiter la césa par 3 fois, bonjour le stress) et le séjour qui ont suivi, j’étais super déçue, je me dis que ça craint pour les autres maternités où c’est censé être « pire ».

    et sinon pour l’histoire de la tarification à l’acte, une copine qui bossait comme infirmière dans un hôpital public me disait que depuis la réforme (postérieure à ton article) c’était exactement pareil: au lieu d’une subvention fixe comme avant, la subvention est calculée d’après les actes facturés, donc tout est fait pour « gonfler la facture » comme dans le privé. Du moins c’est ce que j’en ai compris (et c’est ce qui l’a fait changer de boulot…)

  9. @m@nue, pas très encourageant tout ça ! Après y a aussi des histoires de personnes : tout le monde n’aura pas la même expérience dans un lieu donné… mais bon les tendances générales sont quand même flippantes 🙁

  10. m@nue dit :

    @La poule pondeuse, je suis d’accord…

    en fait j’aurais dû sans doute me renseigner un peu avant, j’ai peut-être inconsciemment fait l’autruche sur ce que j’entendais à droite et à gauche, mais je suis sortie de ce séjour en ayant compris pourquoi certaines femmes n’aimaient pas la surmédicalisation de l’accouchement et des suites de couche.

    et je ne parle pas du conseil à l’allaitement, là ça relève de la catastrophe, mais j’ai la chance de baigner dans ce milieu depuis déjà quelques années, donc heureusement je savais que tout conseil n’était pas bon à prendre, loin de là 😉

  11. @m@nue, tant mieux si tu as réussi à te préserver malgré tout.