Aujourd’hui la Basse-cour de la poule pondeuse est très fière d’accueillir une guest star : Blandine (une très fidèle commentatrice et néanmoins amie), qui vient nous parler de son poussin un peu pressé de montrer son petit bec. Un sujet qui nous touche tous, même s’il ne nous concerne pas directement. Espérons qu’elle reviendra bientôt avec d’autres textes !
Je vais vous raconter l’histoire d’un très, très petit bébé…
Encore une fois, Laurence Pernoud vous a menti… pas de bébé tout rose, pas de chambre décorée avec un joli berceau, pas de valise de maternité remplie de tous les bodies choisis avec amour, un prénom choisi à la va-vite dans une chambre d’hôpital.
Juste un bébé petit, très petit, trop petit.
Nous avons la joie de vous annoncer la naissance de notre Poussin.
Il pèse 1kg 660 et mesure 41 cm.
Et voilà, ce fameux mardi d’octobre, nous aussi entrions dans les statistiques de la maternité : 7,5% des naissances sont prématurées. Et Poussin obtenait son premier classement : Grand prématuré.
Nous allions entrer dans un monde qui nous était complètement inconnu, apprendre un vocabulaire qui par la suite allait nous devenir plus que familier.
Mais d’abord, comment en arrive-t-on là ?!
En effet, la plupart d’entre vous savent qu’une grossesse dure 9 mois soit 39 semaines ou pour les plus averties 41 semaines d’aménorrhée (SA).
Eh bien lorsque la naissance survient avant 37 SA soit 35 semaines de grossesse (avant 8 mois), elle est dite prématurée. Parmi les bébés prématurés, certains sont plus ou moins ‘grands’ : avant 28 SA (avant 6 mois) on parle de très grands prématurés, entre 28SA et 32SA de grands prémas et entre 32 et 37 SA de prémas.
Vous vous doutez bien que le poids du bébé est à mettre en relation avec sa prématurité. Au royaume des poids plumes, Poussin jouait dans la catégorie ‘poids lourd’ !
Mais pourquoi un bébé ne reste-t-il pas tranquillement dans le nid douillet que lui a confectionné sa maman ?
Ben, parce que…
Pour une partie non négligeable des naissances prématurées il est difficile d’identifier la cause exacte.
Le travail peut être spontané. Qu’est-ce qui le déclenche ? Infections (chorio-amniotite) et hémorragies placentaires (placenta praevia et bas inséré) sont les causes les plus souvent évoquées.
Ou l’accouchement peut être décidé par l’équipe médicale car il y a un risque vital pour la mère et/ou l’enfant : retard de croissance intra-utérin, hypertension artérielle maternelle, rupture prématurée de la poche des eaux.
Après ce passage médical, je vous emmène au pays des couveuses. Et oui, parce qu’un bébé trop petit ne doit pas seulement grossir, il doit aussi respirer, avoir chaud, apprendre à manger… faire tout ce qu’il aurait dû faire dans le ventre maternel.
C’est là qu’a commencé pour nous, parents de ce petit bout, le long chemin vers la maison. Rien ne nous avait préparés à cette naissance si particulière. La veille, j’avais un gros ventre et le lendemain j’étais maman mais sans bébé… on m’aurait arraché un bras que je ne me serai pas sentie plus démunie. Je ne le connaissais pas et il me manquait déjà.
Il a fallu créer le lien qui unit une maman à son tout-petit au milieu des incubateurs, des scopes, des tubes, des sondes et autres machines qui ont fini par devenir notre quotidien pendant deux mois.
Mais au fait, à quoi ressemble la journée d’une maman d’un prématuré hospitalisé ?
Vous vous levez le matin tôt pour tirer votre lait (et oui les fameuses Prim’holstein !), vous le rangez soigneusement dans votre sac congélation qui ne vous quitte plus, vous partez rejoindre Poussin à l’hôpital (vous avez de la chance car vous habitez à 20mn à pied, pas comme votre voisine de couveuse qui habite en banlieue à 1h30 de train), vous déposez votre production laitière au lactarium, puis vous montez les escaliers une boule au ventre de peur que l’irréparable soit arrivé entre le moment où vous avez quitté l’appartement et celui où vous arrivez (le reste du temps votre téléphone est greffé à votre oreille au cas où). Vous arrivez au service de néonatalogie et là commence la décontamination : mieux que dans Urgences, après vous être ‘désinfectée’, vous enfilez votre blouse, vos chaussons, votre charlotte et vous courez jusqu’à la ‘chambre’ que Poussin partage avec quatre autres joyeux drilles tous plus petits les uns que les autres. Après avoir constaté qu’il dormait profondément, vous lisez attentivement la feuille de soins, vérifiez que le scope fonctionne parfaitement, que ses constantes sont bonnes, et là vous respirez à nouveau.
Comme vous êtes arrivée dans les premières, vous pouvez profiter d’un des 2 transats du service que vous installez à côté du ‘lit’ de Poussin. Puis vous attendez qu’une infirmière vienne vous proposer de faire du peau à peau avec Poussin, vous vous installez le ventre à l’air (vous avez laissé votre pudeur dans le sas de décontamination) et attendez que l’infirmière vous pose Poussin contre vous (‘je le débranche ?’, ‘euh, vous êtes sûre, vous savez je suis plus tranquille s’il reste branché à cette merveilleuse machine qui me dit s’il respire et si son cœur bat bien !’) et là commence le plus long câlin du monde.
Vous somnolez, vous lisez, vous papotez avec vos voisines (seins et ventre à l’air bien entendu !), Poussin dort profondément. Et la journée se passe ainsi entrecoupée des passages à la trayeuse (toujours en compagnie d’une voisine qui a des seins plus gros que les vôtres et une production laitière qui pourrait suffire au service entier !), des soins de Poussin, de ses repas (autrement appelés gavages).
Progressivement, Poussin acquiert de l’autonomie et vous aussi. Alors qu’il commence à apprendre à téter, vous êtes capables de le sortir seule de la couveuse, de le débrancher (vous n’avez presque plus peur qu’il arrête de respirer), de le laver, de le changer (avec des micro-couches, merci Pampers !), et même de l’habiller avec les micro bodies que votre maman a fini par trouver à Auchan (maintenant les prémas sont à la mode et toutes les boutiques de puériculture vous proposent la taille préma 1 et la taille préma 2 !) .
Et le Papa dans tout ça ? Et bien après sa journée de travail, il court jusqu’à la couveuse de son Poussin, s’enquiert auprès de vous de la journée passée et prend sa dose de câlin avant de rentrer avec vous dans cet appartement un peu trop vide. Le week-end, vous passez tous les 2 vos journées avec Poussin dans la ‘chambre’ devenue trop petite et qui ressemble au métro les jours de pointe. On fait la queue à la pesée, au bain, à la trayeuse…
Et voilà, un jour on vous annonce que Poussin va pouvoir rentrer à la maison avec vous. Et là c’est la panique ! Paradoxalement ce jour tant rêvé vous angoisse au point que vous demandez à l’infirmière-chef de retarder un peu cette sortie… le temps d’apprendre à vivre sans les machines (comment je vais faire pour savoir si tout va bien ?), sans les infirmières (et si je faisais tout de travers ?), sans tout ce que vous avez détesté et qui aujourd’hui vous est devenu indispensable.
Maintenant, Poussin n°1 est grand, il a un petit frère Poussin n°2 né à terme, mais je n’oublierai pas un seul instant de cette naissance si particulière et de ses débuts chaotiques dans la vie. Pour faire face à toutes ces émotions qui ont rejailli une fois le cocon hospitalier quitté, je me suis tournée vers une association formidable dont je vous invite à consulter le site : SOS Prema.
Tags: accouchement, Allaitement, bébé, couveuse, hôpital, maternité, Naissance, prématuré, tire-lait
en tant qu’amie de la maman de ce petit poussin si impatient, je voudrais encore une fois leur tirer mon chapeau, à elle et son grand mari: vous avez été, et vous êtes encore, d’un grand courage. cela force l’admiration !
gros bisous et bravo pour ce billet
Je me permets de m’immiscer dans ce petit billet très émouvant, qui me rappelle cette période très difficile pour nous (les cop’s) aussi. Aujourd’hui le poussin a grandi et se bagarre comme un chef (à l’image de ses parents!!!). Je me sens un peu perdue dans cet univers de poules pondeuses (même si je suis une tata très avertie!!), en espérant rejoindre la basse-cour très bientôt….
oh oui, oh oui, rejoins nous 😉 bisous !
@anne-sophie : oui oui viens dans la basse-cour !
@anne : moi aussi je suis super admiratrice
C’est toujours très touchant je trouve.
Je frémis à chaque fois que je vois un reportage sur les préma et suis (trèèèèès) admirative devant le courage des parents, de l’équipe qui peut travailler avec ces petits bébés, il faut avoir le moral bien accroché. D’ailleurs le résultat est là 🙂
Merci pour cet article Blandine,
Merci les cop’s!
J’espère que toutes les mamans de micro-poussins ont trouvé un soutien parmi leurs amis/famille car on se sent souvent seule et démunie devant cette naissance imprévue.
Une petite pensée pour Isabelle95 qui bien que sa princesse ne soit pas micro découvre malheureusement le monde de la néonatalogie.
Oui je pense bien à Isabelle aussi, d’autant plus qu’elle a ses deux poussins qui ne doivent pas être vraiment prêts à ce que leur mère passe sa journée en néonat. Pas facile de trouver un équilibre dans cette situation, et je croise les doigts pour que la princesse reprenne vite du poil de la bête.
J’arrive un peu après tout le monde, mais je tente le coup de laisser un message…
Résumé émouvant et tellement vrai… Ma puce est née à terme mais a passé ses 10 premiers jours en réa de néo-nat puis chambre kangourou avec maman à cause d’une grave malformation cardiaque. C’était un énoooooooorme bébé à cause de ses petits voisins, et pourtant elle ne faisait « que » 46 cms et 2,8kgs !
Qu’est ce que je me retrouve dans tout ça… Le tire-lait, la course vers le berceau, la peur de la débrancher, et stt la peur de rentrer à la maison !
Bon courage
Marie
euh… « à côté de » pas « à cause » de ses voisins, les pauvres !
j’ai oublié de me relire, oups…
Malheureusement la néonat et tout ce qui va avec n’est pas l’apanage des prématurés.
Je me souviens d’un bébé né à terme voisin de mon micro-poussin; nous -les mamans des micro- le trouvions très/trop gros … voir affreux!
bouuuuuuhhhh… ma petite puce n’était pas affreuse !!! Elle était tellement jolie juste en couches, sous sa petite lampe chauffante…
Comme c’était dur de ne pas pouvoir la prendre dans nos bras, avec sa peau si douce…Malgré tout, me reste l’impression qu’on m’a « volé » mon bébé …même si c’était pour son bien vital
Bonjour,
quel merveille ce témoignage !!!
mes filles sont nées à 34 sa et nous avons eu beaucoup de chance à l’hôpital ! J’ai pu rester avec elles – et ceci pendant 5 semaines !!! Oh! que c’était long !
grand bonjour à toutes les « poules »
patricia
Et les « bip ! » ? Tous ces capteurs qui se déclenchent, ces bruits qui résonnent partout, et tordent les tripes, même si ce n’est pas son petit poussin à soi qui sonne et que c’était une fausse alerte ?
@ la belle bleue: je n’oublierai jamais ces bruits qui ont hanté mes nuits bien après le retour dans le calme de notre appartement.
Je n’oublierai jamais les visages angoissés des mamans dont les poussins faisaient des pauses respiratoires; bien que rapides comme l’éclair les infirmières n’arrivent jamais assez vite à notre goût 😉
On n’oublie pas mais il faut réapprendre à vivre normalement; courage à toi!
Merci Blandine pour tes encouragements. Mais on en est sortis et notre Poussin va très bien. Je dirais même plus : elle pète le feu ! Elle a 7mois 1/2 maintenant.`
Pendant les trois semaines de son séjour en néonat, elle n’a fait que des progrès et nous étions confiants. Malgré tous ses capteurs, nous l’avons tenue dans nos bras entre 2 et 4 heures par jour ; ça n’a pu que l’aider à aller mieux.
Bonjour Blandine,
Je viens de lire ton histoire ci-dessus et j’ai l’impression de lire mon histoire et celle de mon poussin à moi. 1kg700 et 42 cm à 34 SA (retard de croissance intra-utérin et césarienne en urgence). Le pousson a aujourd’hui 18 mois (né en juin 2007 aussi !) et il va super bien. Mais moi j’ai toujours les larmes au yeux quand je lis ton histoire parce que j’ai l’impression de lire la mienne. Je crois qu’on ne pouvait pas mieux décrire ce que l’on vit que comme tu l’as fait.
@Virginie: merci!
Je crois que de nombreuses années après cette naissance nous aurons encore les larmes aux yeux en y pensant.
Dans le groupe de parole de SOSpréma, une maman aujourd’hui grand-mère, venait témoigner et partager son expérience 30 ans après la naissance prématurée de sa fille… elle disait qu’elle n’oublierait jamais ces instants de souffrance mêlés à la joie d’une naissance.
je découvre ton témoignage Blandine.
Merci de l’avoir partagé, même si sans l’avoir connu on ne peut imaginer tout ce que cela implique, ton récit permet au moins de toucher du doigt ce vécu.
Merci à toi pour ton soutien aussi, vécu à l’appui, il y a quelques mois.
Bisous aux deux poussins dont je suis les aventeures (ainsi que de leurs parents) sur le net!
Je découvre ton « article » grâce à une amie….
Il est criant de vérité & nous montre d’un ton humoristique la naissance préma !!! il est vraiment génial….
Je suis également Maman de jumelles prémas (30+6 SA) nées en juillet 2008 suite à une infection de la poche des eaux…….en à peine 24h , tout a « basculé »……césarienne en urgence…etc…
Bon je vais pas raconter ma vie non plus!!!
A bientôt j’espère
la naissance de mon poussin remonte maintenant à 5 ans.
mais aujourd’hui encore, il m’est plus facile de la raconter sur un le ton de la plaisanterie… une mauvaise plaisanterie!
Bienvenue à toi dans la basse-cour, Madame la Poule ne m’en voudra pas de t’accueillir 😉
et beaucoup de bonheur avec tes jumelles.
C’est donc partout pareil… même à l’autre bout de la terre (aux émirats), la néonat ressemble à ça aussi… seulement on y voit peu de parents qui viennent voir leur bébé. Chéri est le premier papa que les infirmières voient venir tous les jours… Notre petite poulette est née il y a 6 jours à 36 SA, 44 cm pour 1,88kg. Retour à la maison lorsqu’elle aura 2 kilos, que c’est looonnnggg…. 😕
@Caramelyne, bienvenue à ta petite poulette, et surtout bon courage à tous les trois, j’espère que vous n’attendrez pas trop longtemps !
@Caramelyne, félicitations et bon courage!!
@Ficelle, @Anne Cé, Merci, elle n’a pas encore récupéré son poids d enaissance mais on s’en rapproche, doucement mais surement!
@Blandine,
Merci pour ce beau témoignage dans lequel je me retrouve aussi, vivement que mon poussin rentre à la maison aussi… Bien à toi http://rennesdesbonsplans.com/pourquoi-je-ne-blogue-momentanement-plus/