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Comme une poule devant un siège auto

lundi, juillet 4th, 2011

Quand j’étais un bébé parent, je pensais naïvement que l’Etat dans son infinie sagesse faisait une sélection rigoureuse des sièges auto disponibles à la vente et qu’en conséquence il ne me restait plus qu’à évaluer les critères de praticité, de confort et d’esthétisme, la sécurité étant équivalente entre les différents modèles. Je pensais en outre que les vendeurs des magasins de puériculture disposaient de connaissances fiables dans ce domaine. Oui, vous pouvez rire, faites-vous plaisir. Depuis, j’ai écumé le net, décortiqué les crash tests, déchiffré des pages en langages variés (avec l’aide plus ou moins heureuse de l’ami Google traduction), et malgré ça me reste l’impression amère de n’avoir jamais acheté ce qu’il fallait, et ce n’est pas faute de ne pas avoir palpé, hésité, tergiversé et surtout déboursé euros sonnants et trébuchants.

Ce qui reste assez clair, c’est que la France, très à la traîne en termes de sécurité automobile (dans la réglementation mais surtout dans les mentalités), ne fait pas exception pour les enfants. Je suis toujours très surprise de voir combien il reste de personnes pour qui la seule raison de respecter le code de la route est d’éviter la sanction prévue par la loi, y compris à ma génération. Le fait que les accidents de la route soient la première cause de mortalité des 15-24 ans par exemple, ne semble pas les affecter (ou pouvoir être relié d’une façon ou d’une autre à leur comportement).

Une idée reçue à combattre voudrait qu’en gros seule l’autoroute soit dangereuse. Elle l’est bien sûr, mais les petits trajets en ville le sont tout autant. Une collision à 50 km/h équivaut à une chute du troisième étage, et la majorité des accidents a lieu par temps sec, sur un trajet connu à moins de 15 km du domicile (voir ici par exemple). On ne peut pas physiquement retenir un enfant avec ses bras lors d’un impact à 50 km/h. Vous pouvoir en vidéo ce qu’il arrive à un enfant de 3 ans sans siège ni ceinture à 50 km/h. Un siège inadapté (ou une simple ceinture avant d’avoir atteint la taille réglementaire) n’est pas pour autant satisfaisant : voici ce qui arrive à un enfant avec la seule ceinture.

Vous ne laisseriez pas votre enfant jouer sur un balcon au troisième étage (ou plus haut) sans rambarde parfaitement sécurisée, il est donc crucial de pouvoir l’attacher correctement en voiture, en fonction de son âge et de son gabarit. La première chose dont personne ne semble au courant en France (l’info a du s’arrêter à la frontière comme un certain nuage…), c’est que les enfants ont intérêt à rester dos à la route le plus longtemps possible. Ce n’est pas une mode ou une lubie, c’est le résultat de nombreuses études scientifiques. Il y a à la fois une bonne compréhension de la relation de cause à effet (en lien avec la fragilité de la nuque du bébé et du petit enfant, qui est mieux protégée dos à la route), et une vérification de sa réalité par de nombreuses observations et statistiques (l’installation dos à la route s’avère cinq fois plus sûre que l’inverse). Voir par exemple cet article du très sérieux British Medical Journal, qui recommande l’installation dos à la route jusqu’à 4 ans, ou encore cet avis de l’Académie américaine de pédiatrie pour qui 2 ans est un minimum avant de passer face à la route.

Concrètement, comment faire ? Pour un nouveau-né, les nacelles sont à éviter. Elles ne sont d’ailleurs pas homologuées pour la voiture dans de nombreux pays occidentaux. Deux exceptions : la Bébéconfort Windoo Plus (qui a obtenu le résultat « bon » aux tests de l’ADAC) et la Römer Baby safe sleeper (quatre étoiles au TCS). Elles proposent notamment un vrai harnais trois points, au lieu de l’espèce de bande ventrale à scratch qu’a ma « vieille » (4 ans) nacelle Jané. Ceci dit ça coûte un rein, ça ne dure pas très longtemps (Sumo n°1, euh Pouss1, s’y est senti à l’étroit avant d’avoir passé trois mois, et Sumo n°2 n’a jamais voulu y mettre un orteil) et ça prend deux places dans la voiture (voire toute la banquette si vous avez une ceinture deux points au milieu).

Il vaut donc mieux s’en tenir à une coque (groupe 0+) ou un siège 0+/1 si poussin a un bon gabarit (attention car certains sont crevettes à la naissance et se sumoïsent au fil des mois, y compris au lait maternel qui a la réputation infondée de sous-nourrir les nouveaux-nés). La coque garde cependant l’avantage d’être plus facilement transportable, par exemple si vous prenez le train avec votre poussin et qu’on vient vous chercher à la gare. Et si vous avez eu la bonne idée de prendre le forfait bambin (à 8.20€ quelles que soient la distance et la classe, c’est un des meilleurs investissements disponibles pour un jeune parent), vous pourrez poser la coque sur le siège d’à côté et le poussin dedans, particulièrement pratique tant qu’il ne tient pas assis. Par contre je n’ai jamais compris l’intérêt de trimballer à bout de bras bébé dans la coque sur plus de 20 mètres, c’est épuisant, je préfère mettre l’enfant dans un porte-bébé et porter le siège vide.

Lorsque bébé commence à être à l’étroit dans sa coque (et rappelons qu’elles sont par définition homologuées jusqu’à 13 kg, donc c’est rarement à 6 mois ; rappelons également qu’il est conseillé de ne pas trop couvrir l’enfant : pas de manteau mais une couverture sur le siège par exemple), il est plus sûr de le garder dos à la route. Il existe maintenant des sièges permettant d’installer les enfants dos à la route jusqu’à au moins 4 ans (25 kg), même s’ils sont plus difficiles à trouver. On peut citer la boutique online carseat.se ainsi que les concessions Volvo, pour ceux qui préfèrent tâter avant d’acheter. Un enfant si grand dos à la route, cela nous semble surprenant voire impossible, pourtant c’est devenu la norme en Suède par exemple. Quand j’étais enfant, il n’y avait pas de ceinture à l’arrière de toutes les voitures, sans même parler de siège auto (c’était le bon temps ma brave Janine) ; on voit déjà le chemin parcouru depuis !

Pour une raison ou pour une autre, si votre enfant ne peut voyager dos à la route, une alternative intéressante peut être un siège 1/2/3 à bouclier. Il y en a deux bien notés par les tests des Goths de l’Ouest qui sont à l’Est par rapport à nous Allemands et Suisses : le Cybex Pallas 2-fix et le Kiddy Guardian Pro. Ils sont d’ailleurs supposés être plus fiables que les sièges plus classiques à harnais, sauf qu’il y en a d’aussi bien notés, donc je ne sais pas trop quoi en penser. L’avantage, même s’ils coûtent un rein, est qu’avec ça vous êtes parés jusqu’à ce que l’enfant n’ait plus besoin de siège auto (ou jusqu’à ce que de nouvelles règles de sécurité sortent et les relèguent au rang de dangereuses antiquités), et pour le coup ce sont les seuls 1/2/3 bien notés. Ceci dit attention car en traînant sur les forums (toujours utile) j’ai vu que leur installation avec le bouclier demande une grande longueur de ceinture et n’est ainsi pas possible sur toutes les voitures (surtout les modèles un peu anciens) ; par contre il semble que certains petits farceurs qui se dégagent du harnais soient mieux maintenus par le bouclier. Mieux vaut donc essayer avant d’acheter.

Donc au cas où les allusions subtiles au cours du billet vous auraient échappé, avant d’aller en boutique (ou au moins avant de dégainer la CB), visitez les pages du Touring Club Suisse et de l’ADAC (les Allemands) pour une évaluation objective et ne pas vous faire embobiner par des vendeurs mal renseignés. L’ADAC ne propose qu’une version en allemand mais le tableau avec les +, les – et les codes couleur est assez facile à comprendre. En France ne comptez pas sur les magazines parentaux pour vous servir beaucoup mieux que de la soupe publicitaire plus ou moins déguisée (au mieux quelques avis de parents possédant tel ou tel siège, distrayant mais pas super utile) ; seul Que Choisir propose des tests dignes de ce nom mais il faut acheter le magazine (version online payante également). Et puis surtout, ne soyez pas pressés de passer à la catégorie supérieure, qui sera toujours moins sécurisante que l’actuelle (sauf quand la tête de l’enfant dépasse du siège ou quand il a passé la limite de poids du siège).

Donc ça c’est la théorie, la pratique elle est comme toujours plus complexe. Il y a des enfants qui hurlent en voiture tant qu’ils sont dos à la route et se calment miraculeusement en passant dans l’autre sens (ou arrêtent de vomir toutes les dix minutes). Il y a des gens qui ont beaucoup d’enfants et de voitures, ce qui ne laisse souvent plus beaucoup d’argent pour acheter des super sièges dernier cri. Il y en a d’autres qui prennent tellement peu la voiture que la probabilité d’avoir un accident devient minime et ne justifie pas forcément l’achat d’un siège dernier cri, d’autant plus que leur gentille belle-soeur qui a fini de pondre leur passe ses sièges au fur et à mesure. Il y a des voitures un peu tarabiscotées où certains sièges sont difficiles à bien fixer (voire impossibles). Et puis les fabricants ont le don de vous embrouiller en faisant 15 modèles proches avec des noms qui se ressemblent mais qui ne sont pas les mêmes : pas toujours facile de savoir s’il y a une vraie différence entre deux (et lequel a été effectivement passé à la loupe des tests) ou juste des nouveaux tissus plus fashion (et un super cercle-en-plastique-on-appuie-dessus-ça-sort-ça-fait-porte-gobelet ?). On ne peut même pas faire confiance à une marque donnée : par exemple dans le test du TCS certaines marques ont des notes allant de deux à quatre étoiles selon les modèles.

Prenons un petit exemple pour voir à quel point ce n’est pas toujours simple : la famille Pondeuse. Nous avons, en plus d’une coque Jané Rebel achetée avec un super pack poussette pour la naissance de Pouss1 et que je ne trouve pas terrible (et elle n’a même pas été testée par nos voisins de l’Est) :

  • un Britax First Class (0+/1), dans lequel Pouss2 (18 mois, environ 12 kg) est toujours confortable dos à la route. Le seul hic c’est qu’il ne semble pas super bien fixé dans la voiture (pas de tensionneur de ceinture par exemple).
  • un Bébé Confort Axiss (groupe 1), dans lequel Pouss1 (4 ans, environ 14 kg) est également bien installé. Evidemment, c’est bien après l’avoir acheté que j’ai découvert que les Suisses ne lui accordaient que trois étoiles (et les Allemands « Befriedigend », c’est-à-dire satisfaisant). Au moins il semble assez confortable, avec un tissu agréable. Le fait qu’il tourne pour installer l’enfant est sympa, mais vu qu’on a un monospace ce n’est pas indispensable.

Les poids des poussins sont très approximatifs, car ils ne vont que rarement chez le médecin et nous n’avons pas de pèse-personne (une mystérieuse affliction frappe toute balance entrant dans notre domicile et la rend rapidement inutilisable). Ainsi Pouss1 devient un peu grand pour le Axiss (sa tête commence juste à dépasser) mais ne fait probablement pas encore les 15 kg réglementaires pour passer au groupe 2. Quant à Pouss2, il approche des 13 kg (s’il ne les a pas déjà dépassés) au-delà desquels la notice du Britax recommande de passer face à la route (j’ai contacté Britax pour savoir si c’était vraiment problématique de le laisser dos à la route après 13 kg et ils m’ont simplement répondu qu’il n’était pas homologué pour ça, je suis bien avancée). Que faire ?

  • l’approche Maîtrisons les dépenses de puériculture (ou rationnelle, selon le point de vue) : acheter un groupe 2/3 pour Pouss1 (dans la liste des 4*/Gut des crash tests) et passer Pouss2 face à la route dans le Britax
  • l’approche La sécurité n’a pas de prix (ou folle hystérique, toujours selon le point de vue)  : acheter deux sièges permettant de rester dos à la route jusqu’à 25 kg (que Pouss1 devrait atteindre vers ses 18 ans à ce rythme), à plus de 250€ le siège ; ajouter un cierge à brûler à un Saint de votre choix pour que Pouss1 accepte de s’installer dos à la route (et pour que ça n’accentue pas sa fâcheuse tendance à changer le sens de circulation de son oesophage dès qu’il monte dans la voiture) ; être obligée de faire deux ou trois poussins de plus pour rentabiliser le matériel
  • l’approche Ni l’un ni l’autre, bien au contraire : acheter un siège à bouclier 1/2/3 et y mettre Pouss1 jusqu’à ce qu’il passe bien les 15 kg, en attendant laisser Pouss2 dos à la route dans le Britax (en espérant qu’il reste en deça des 13 kg -le mettre au régime Dukon peut-être ?), puis racheter un 2/3 pour Pouss1 et mettre Pouss2 dans le 1/2/3 avec le bouclier
  • l’approche Autruche : vendre la voiture et ne plus remettre les pieds dans aucune de ces maudites chariottes inventées par le Malin

Ajoutez à cela qu’en bons Parisiens nous ne prenons pas très souvent la voiture (généralement une à deux fois par mois), même s’il nous arrive de partir en vacances avec jusque dans les lointaines contrées varoises, et la question bonus : faut-il prendre un siège Isofix (qui coûte un demi-rein de plus) alors que notre voiture n’en a pas, mais que peut-être un jour on en aura une autre qui l’aura ?

Je vous laisse voter en commentaire, et proposer vous aussi vos cas de conscience à la Basse-cour le cas échéant.

Photo : J’avoue un coupable penchant pour ces chatons débiles (celui-là dit : « Pas freiner si fort la prochaine fois siteuplé »)

(et, est-il besoin de le préciser, personne ne m’a rien donné ni payé pour écrire ce billet)

En voiture l’hiver

mardi, mars 30th, 2010

siege_auto Ce n’est pas très malin de poster ce billet alors que nous sommes officiellement au printemps, mais comme en avril, ne te découvre pas d’un fil… Donc la question du jour est : comment habiller les bébés en voiture quand il fait froid ? Il faut savoir qu’il est fortement déconseillé de mettre les enfants en combi pilote (ou en gros blouson) dans un siège auto. D’une part ils risquent d’avoir trop chaud (on a plus chaud dans un siège enfant que dans la voiture en général), et d’autre part cela empêche le bon ajustement des ceintures, qui risquent en outre de glisser sur le tissu déperlant. Sans compter qu’en général si on installe l’enfant dans une voiture froide, après quelques minutes de chauffage il fait meilleur. Il faut donc surtout éviter qu’il se refroidisse pendant cette transition plus que le couvrir comme s’il allait rester trois heures dehors.

Petit apparté sur la combi pilote : personnellement je n’aime pas trop ces combinaisons, car d’une part je trouve que les tout petits (en gros les moins de 6-9 mois) n’ont pas l’air très bien dedans (engoncés en position étoile de mer) -sans compter que les premiers mois elles sont à peu près toujours trop grandes ou trop petites- et surtout c’est une vraie plaie à mettre et à enlever (déballer le bébé qui dort sans le réveiller… fermer le dernier zip et entendre un gros sploutch dans la couche…). Du coup Pouss2 qui est pourtant né un 18 janvier n’aura pas porté de combinaison de ce type de son premier hiver : pour la voiture, cf plus bas, et sinon il sort porté sous mon beau manteau. Il est donc tout à fait possible de s’en passer si on le souhaite. Fin de l’apparté.

A mon avis, la meilleure solution c’est un genre de couverture avec des trous pour les ceintures qu’on laisse dans le siège (ou qu’on peut réinstaller à chaque fois si on a le courage…). Cela peut être un nid d’ange (la plupart ont les trous) ou tout simplement un plaid polaire au milieu duquel on découpe soi-même les trous puis une fois que l’enfant est installé on rabat les pans sur lui. Il y a aussi des peaux d’agneau avec des trous, qu’on peut coupler avec une petite couverture simplement posée sur le bébé. Tous ces systèmes permettent très facilement de découvrir l’enfant dès qu’il fait chaud dans la voiture, en particulier pour un long trajet. Pour un plus grand, on peut l’installer sans manteau dans le siège et lui donner son manteau comme couverture.

Le problème avec ce système reste le transport du bébé jusqu’à la voiture : comment le couvrir de façon rapide et à peu près efficace, puisque c’est généralement pour un temps très court ? Un petit gabarit qui ne gigote pas trop pourra être facilement couvert sous le manteau parental (d’autant plus si c’est un manteau de portage !). Il y a aussi les couvertures à scratch comme le babynomade (je ne sais pas vous mais je n’arrive juste pas à emballer un bébé dans une bête couverture rectangulaire, il y a toujours des bouts qui dépassent), qui sont bien pratiques mais contrairement à ce qu’ils annoncent à mon avis pas terrible pour  le siège auto : j’ai essayé et ça fait vraiment trop jouer les ceintures au niveau des épaules. Ceci dit ça convient jusque vers 6-9 mois environ (selon le gabarit, la tonicité). Pour la suite je cherche toujours LA solution ; en fait j’ai une bonne idée de ce qu’il faudrait mais je ne trouve pas : avis aux mompreneurs ! J’imagine une sorte de cape à capuche en polaire qu’on attacherait rapidement autour du cou avec un scratch ou une pression (éventuellement possibilité de la fermer tout du long avec des pressions), rien de bien compliqué finalement (un peu dans ce genre-là). On pourrait même la faire tourner (comme un bavoir géant) pour couvrir l’enfant dans son siège auto.

Pour finir quelques petits rappels sur la sécurité en voiture : on apprend ici qu’il serait optimal de laisser les enfants dos à la route jusqu’à leurs 15 mois. Une solution pour les grands gabarits peut être le siège 0/1 ; c’est d’ailleurs ce que nous songeons fortement à prendre pour Pouss2 le bébé géant qui va être vite à l’étroit dans son siège coque (le Jané Rebel pour ne pas le citer). Je n’en suis d’ailleurs pas très satisfaite globalement : vu l’inclinaison du siège dès que le bébé s’endort il se retrouve avec la tête sur les pieds (et le problème est encore aggravé avec le réducteur dont je ne comprends juste pas le concept) ; en plus il est en tissu déperlant ce qui fait que le poussin transpire comme une bête dès qu’il fait chaud. Et puis ainsi Pouss1 pourra rester plus longtemps dans son siège groupe 1. Si vous avez des sièges à recommander (ou à éviter), n’hésitez pas à le signaler en commentaires. Et puis vous pouvez aussi (re)lire ce billet.

Photo : J’ai toujours adoré la phrase de Coluche « Y a des gens qui ont des enfants parce qu’ils n’ont pas les moyens de s’offrir un chien »…

La poule pondeuse voyage

vendredi, août 29th, 2008

Pour rester dans l’esprit des vacances, voici quelques idées et trucs pour voyager avec un (ou plusieurs) poussin. On va surtout parler ici des moyens de transport, plus que de séjours loin de chez soi. Grosso modo, les familles occidentales ont à leur disposition trois modes de transport pour les grandes transhumances de l’été : voiture, train et avion. Voyons rapidement les avantages et inconvénients de chacun, si vous avez l’occasion de choisir :

  • D’abord la voiture. Les + : Aucune pression des voisins sur le niveau sonore. Plein de place pour trimballer l’indispensable fourbi. Plus la famille est nombreuse, plus c’est économique. Chacun a son siège. Effet narcoleptique sur la plupart des poussins. Pas de pression horaire. Les – : Tout le monde doit rester attaché à sa place. Les trajets sont souvent plus longs (gare aux bouchons). Mauvais pour la conscience écolo. Occasion de dispute conjugale sur la route à prendre et éventuellement sur le style de conduite.
  • Ensuite le train. Les + : On peut bouger comme on veut. Les tout petits peuvent avoir une place individuelle relativement spacieuse pour pas cher (environ 10€, et croyez-moi c’est un investissement qu’on ne regrette pas). C’est souvent assez rapide. Méga-super-bonne conscience écolo. Les – : Enorme pression des voisins pour que le poussin fasse 0 bruit. Il faut arriver à la bonne heure (et pas 10 minutes après). Certains poussins n’arrivent pas à y faire la sieste. L’organisation des trajets à la gare peut être problématique (est-on sûr que Mamie a un siège auto pour le poussin à l’arrivée ?). Ladite organisation peut être une forte contrainte sur les bagages (qui veut aller à la gare en métro avec lit parapluie, poussette et siège auto sous le bras, sans compter deux ou trois valises et les marmots déchaînés ?).
  • Enfin l’avion. Les + : Théoriquement c’est le plus rapide (mais si on rajoute les trajets à l’aéroport, l’enregistrement, la sécurité, la douane, l’embarquement etc…). Le bruit de fond des moteurs camoufle un peu les éclats sonores du poussin. Dans une certaine limite on peut se déplacer ou au moins prendre l’enfant dans ses bras. En théorie il y a plein de gentilles hôtesses pour vous aider. Les – : Avec les nouvelles règles de sécurité le sac à langer passe pour l’arsenal du parfait petit qaediste. Les enfants de – de 2 ans sont sur les genoux des parents et les autres payent bonbon, et si comme moi vous voyagez en classe éco, la place est très limitée. Ceci dit sur les longs courriers vous pouvez obtenir qu’on vous prête un couffin (ou cot en anglais), ne pas hésiter à râler un peu fort. Problème des trajets à l’aéroport, des bagages et des horaires stricts (idem que pour le train). Les variations de pression ne sont pas toujours très populaires auprès des jeunes enfants (surtout ceux sujets à otite). Niveau écolo pas top (mais pas toujours le choix selon la destination). Risque non négligeable de perdre les bagages en cours de route (et qui aura l’air malin sans sa poussette/son lit parapluie/son stock de couches ?).

Une fois votre mode de transport choisi, que prévoir ?

  • A manger (et à boire) : Ce n’est pas le moment de vouloir à tout prix faire mangerbouger.fr. Au contraire, prévoyez des réserves de gâteaux, bonbons et autres pour garantir la bonne humeur et acheter à vil prix un calme bien mérité. Bon attention à ne pas les rendre malades non plus ! J’ai fait deux trajets de 4 heures en train avec le poussin cet été, dès qu’il faisait mine de râler, hop un biscuit. Résultat : on ne l’a pas entendu. Notez que ça ne l’a pas empêché de vouloir se taper la cloche comme tout le monde à peine arrivé, nonobstant l’ingestion de son propre poids en galettes bretonnes en moins d’une demi-journée. Et si vous allaitez, ce n’est pas non plus le moment pour essayer d’introduire un rythme de tétée. En voiture -surtout engoncés dans le siège auto- les poussins ont un peu tendance à se déshydrater (évitons les blagues de mauvais goût) donc bien leur proposer à boire régulièrement. En avion également l’atmosphère est très sèche (et la déglutition aide à équilibrer les oreilles lors des variations de pression). N’oubliez pas la serviette pour les petits gorets…
  • Du change : En règle générale, les aires d’autoroute (au moins celles avec une station service), les trains et les avions proposent tous des espaces de change pour bébé à peu près propres avec un point d’eau (parfois dans les toilettes femmes, bien entendu les hommes ça ne les concerne pas, ha ha ha). Je prends toujours un lange en coton au cas où il n’y ait plus de papier à mettre sur le matelas à langer. De toute façon ça peut toujours être utile (déjà fait un change de caca sur les fauteuils d’une salle d’embarquement, tout un poème). J’utilise autant que possible des couches et lingettes lavables, mais dans le train/avion c’est tout en jetable (en voiture la lavable est tout à fait gérable). Prévoyez aussi comment VOUS irez aux toilettes : seul(e) avec les enfants, qu’allez-vous en faire ? Encore dans l’avion ou le train on peut tenter de les confier au voisin/à l’hôtesse, mais dans une station-service, bof. Sinon il faut les prendre avec soi dans les WC, quel bonheur (pour un tout petit dans le porte-bébé et hop). Sur le sujet voir ce très bon billet de Mère pas top (revieeeeens on t’aiiiiiiiiiiime !). Attention aussi à la clim dans le train/avion et aux différences de météo entre départ et arrivée.
  • Des distractions : à adapter bien sûr en fonction de l’âge du poussin. Mieux vaut éviter les jouets très bruyants dans les transports en commun (serait-ce le moment de faire découvrir l’i-pod à votre petit ange ?). Dans la voiture ça dépend de votre propre seuil de tolérance. Ne comptez pas forcément sur le paysage (encore un délicieux avertissement de Mère pas top). N’oublions pas qu’un sac à main regorge de jouets d’éveil insoupçonnés : porte-feuille (le poussin adoooooore faire des chèques et tout vider), clés, portable, labello, petite trousse, brosse à cheveux pliable, lunettes de soleil (et leur étui !), etc. Quant à vous, votre principale distraction sera de vous occuper du poussin, donc inutile de vous charger de livres, magazines (à moins qu’ils soient suffisamment peu intellectuels pour que vous puissiez les lire par coups de 30 secondes), lecteurs de DVD portables (sauf pour regarder Dora avec le poussin -sans le son, c’est lui qui aura le casque).

Quelques idées en vrac :

De façon plus générale, si vous le pouvez, essayez de choisir vos horaires de voyages en fonction du rythme du/des enfant(s). Par exemple, j’ai pris mes billets de train le matin car je sais que l’après-midi le poussin fait sa sieste et qu’il n’est pas trop du genre à s’endormir dans le train. En voiture, il va falloir prévoir plus de pauses. Certaines aires ont des petits jeux (style balançoires à ressorts) pour défouler un peu les poussins. Enfin même dix minutes de pause peuvent faire beaucoup sur l’humeur d’un moins d’un mètre. Attention aussi au deuxième effet kiss cool des voyages le soir : le poussin s’endort et vous roulez sans problème, mais une fois arrivé à destination le fourbe se réveille et refuse de se rendormir en terra incognita. Bien sûr tous ne font pas ça et ça dépend aussi pas mal de l’âge, c’est un peu la loterie.

Comme pour la nourriture, un trajet n’est pas le moment idéal pour apprendre la frustration à nos chères têtes blondes et faire preuve d’une autorité inflexible. Dans ces moments-là, on ne négocie pas avec nos mini-terroristes, on cède immédiatement à toutes leurs demandes pour acheter leur calme précieux… N’oubliez donc pas les tétines et doudous dont l’enfant a l’habitude, même si vous essayez d’en limiter l’usage.

Pour voyager, mieux vaut privilégier le portage à la poussette : prend moins de place, vous laisse les mains libres pour porter/tirer les valises et donner la main à l’aîné, est autorisé en cabine dans les avions, est compatible avec les marches et autres escaliers, etc etc.

Enfin je vais jeter un pavé dans la mare mais il me semble que si vous devez voyager à un horaire qui corresponde à une plage de sommeil du chérubin et si vous craignez de grosses difficultés d’endormissement, l’utilisation exceptionnelle d’un sédatif adapté (type Théralène) puisse être envisagée pour permettre à tout le monde de rester serein. Evidemment en parler au préalable avec le médecin ou le pharmacien, pas question de mettre dans le bib un cachet de Rohypnol pilé. Cela peut paraître extrême et très égoïste, mais je ne crois pas qu’il soit si profitable à l’enfant de chercher désespérément son sommeil, souvent en hurlant pendant un temps non négligeable. J’ai déjà vu le poussin faire des crises terribles de fatigue (heureusement pas fréquentes) où RIEN ne le calme ni ne l’endort (à part éventuellement un tour en poussette) : déjà à la maison c’est difficile à gérer mais dans un avion je n’imagine pas. Je précise que je n’ai jamais eu recours à cette solution mais que je garde l’option ouverte pour des situations très délicates. Par contre il va sans dire qu’au moins un des adultes ne doit pas prendre de somnifère !

Et pour vous relaxer avant/après le grand départ, le fameux sketch de Gad Elmaleh sur le Blond (avec le passage hilarant à l’aéroport) :

N’hésitez pas à partager vos trucs en commentaires !

(Image : Couverture de la Famille Fenouillard de Christophe, une des toutes premières BD que je vous recommande si vous ne connaissez pas déjà)

Braqueuse à gros bidon

vendredi, août 1st, 2008

Petites brèves d’actu :

Heureusement qu’on a les allocs et la CAF en France, sinon on finirait aussi avec ce fait divers étatsunien (signalé par Alpha mummy). Une jeune femme de 20 ans, enceinte de huit mois, a tenté de braquer une banque de Floride, tandis que son complice (un bambin…) l’attendait dans la voiture. Elle portait une casquette, des lunettes de soleil et des gants de ménage. Par contre on ne sait ni ce qu’elle a utilisé comme arme ni ce qu’elle a réussi à dérober (si tant est qu’elle ait réussi). Et elle est allée directement en prison (sans passer par la case départ ni toucher 20 000 francs).

En tout cas en voilà une qui n’a pas suivi l’actualité : on ne laisse pas un enfant seul dans la voiture, même juste le temps d’aller braquer une banque ! A ce propos Peugeot a retiré une campagne de pub qui venait à point nommé. Le texte disait : « 7h42 : vos enfants sont à l’arrière pour aller à l’école – 15h37: vos enfants sont toujours à l’arrière « . Il y a un marketeur quelque part qui va avoir un gros trou sur son CV…

Et dans la série « Les Ricains sont tarés », une nouvelle émission TV : The baby borrowers (Les emprunteurs de bébé). Le principe : un couple de grands adolescents/jeunes adultes va découvrir ce que c’est d’élever un enfant. Grâce à l’émission, il passeront quelques jours à s’occuper successivement d’enfants de différents âges, du nourrisson à l’adolescent, et même de personnes âgées. Le prétexte altruiste de ce grand moment de télé réalité est de décourager les grossesses adolescentes en confrontant les jeunes à la dure réalité. Aux Etats-Unis, les lycéennes enceintes sont bien plus courantes qu’en France. Et ces derniers temps, la grossesse a le vent en poupe : toutes les stars se reproduisent, de la petite soeur de Britney à Angelina Jolie en passant par Nicole Richie et Julia Roberts. Sans parler des films comme Juno ou En cloque, mode d’emploi qui montrent les grossesses imprévues comme des aventures plutôt sympas finalement. Les adolescentes qui veulent ressembler à leurs idoles copient la coupe de cheveux, le sac à main… et le petit ventre arrondi. Un bébé est aussi une façon de donner du sens à une vie, certaines allant même jusqu’à conclure un pacte de grossesse (ou pas).

Sur Babble (in English) on peut lire une interview d’une mère qui a prêté ses enfants et d’une ado qui les a gardés. J’étais assez curieuse de voir comment elle arriverait à justifier de laisser sa fille de 6 mois pour trois jours à une émission télé. Apparemment elle a elle-même eu son premier enfant très jeune et voulait éviter à d’autres de faire la même erreur.

Bref. Je ne vais pas entrer dans le débat de l’âge de grossesse. Nous sommes dans une société où les femmes devraient faire deux enfants (un garçon et une fille de préférence, l’ordre étant laissé au choix des heureux parents), entre 25 et 35 ans. Mais il ne faut pas se voiler la face non plus : la lycéenne moyenne n’est pas équipée pour gérer le stress et les bouleversements associés à l’arrivée d’un bébé. Sans compter qu’elle risque plus de ne pas pouvoir compter trop sur le père, ce qui est quand même dommage. Enfin séparer des petits poussins plusieurs jours de leur mère pour une émission de télé, je suis désolée mais je ne comprends pas.

Madame Soleil

jeudi, juillet 24th, 2008

Aujourd’hui la Poule pondeuse sort sa boule de cristal/son tarot/son marc de café (emprunté aux collègues)/autre méthode divinatoire de votre choix et vous prédit… la mise en place, facultative puis obligatoire, d’alarmes sur les sièges auto. Après deux drames coup sur coup, ça m’étonnerait que les pouvoirs publics restent les bras croisés. D’autant plus qu’il y a déjà eu l’obligation d’avoir un système « anti-enfants » pour les piscines privées (et ce même si vous n’avez pas d’enfants, de près ou de loin). Le but ici n’est pas de jeter la pierre à des gens qui sont de toute façon déjà largement punis pour le reste de leur vie : comment se reconstruire après un tel drame ? Par contre, j’ai du mal à comprendre comment deux affaires aussi similaires peuvent arriver de façon aussi rapprochée, parce que j’aurais cru qu’après avoir entendu l’histoire dans tous les médias tous les parents de France et de Navarre vérifieraient soigneusement l’arrière de leur voiture (et le coffre aussi, ainsi que le compartiment de la roue de secours et le capot, on ne sait jamais) avant d’en sortir pendant au moins, disons, deux semaines.

A mon avis ce n’est qu’une question de temps avant qu’on nous propose (puis impose) d’installer une sorte de bidule sur les sièges autos qui couinera dès que la porte conducteur s’ouvrira/le moteur s’éteindra et qu’il y aura un poids de plus de 3 kg (enfin ça dépendra du siège) sur le siège. C’est plus compliqué que -par exemple- l’alarme des phares, car le siège est acheté indépendemment de la voiture, mais c’est faisable. Même si on peut aussi prévoir que ça coûtera bonbon.

Je ne sais pas trop quoi penser de tout ça, il est vrai que nous prenons si rarement la voiture que nous avons très peu de « chances » de nous retrouver dans une telle situation, donc ça m’énervera forcément de dépenser pour un truc qui me semblera inutile. Je serai aussi bien tentée de pester contre ces parents irresponsables pour qui tout le monde doit payer (puis je ferai appel à mon sens de l’empathie et me dirai que ça peut arriver à n’importe qui). Mais… mais… si ça peut sauver quelques enfants d’une mort, qui plus est dans une grande souffrance tant physique que psychologique, qui serait si facilement évitable, alors je veux bien me trimballer ce truc.