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Grippe A express

vendredi, décembre 4th, 2009

barney_stinson302 Rassurez-vous personne n’est malade dans la Basse-cour, je voulais juste partager avec vous une page communiquée par Sabinounette, une gentille lectrice. Si jusqu’ici je n’avais pas dit grand chose sur le sujet épineux de la grippe H1N1, c’est tout simplement parce que je ne savais pas quoi dire. Très difficile de trouver des informations mesurées et objectives pour pondérer le discours officiel (qui il faut l’avouer fait un peu désordre par moment) ; j’accorde en général un crédit très très limité aux théories de complots en tout genre et ce sujet n’a pas fait exception. Donc au milieu de tout ça j’ai été bien heureuse de lire ce texte du Dr Dupagne, qui est équilibré, bien documenté et très intéressant, bref tout à fait mon genre de came. J’aime en particulier sa conclusion que je partage entièrement :

Sachez que, quelle que soit votre décision, la probabilité que vous soyez confronté à des conséquences graves liées à un mauvais choix est infime.

Pour ceux que ça intéresse (et à ma grande surprise il y en a, je dois être une blogueuse influente…), dans notre famille, entre ma grossesse et l’éclosion prochaine de l’Oeuf (sans compter un cas avec grosse complication de pneumonie dans mon entourage direct chez une personne sans facteur de risque particulier), nous avons choisi la vaccination, mais loin de moi l’idée de dire à quiconque ce qu’il devrait faire ou pas. Là encore je cite le Dr Dupagne :

Et si le doute vous hante encore, allez voir votre médecin pour en discuter, mais sachez qu’il ne pourra pas décider à votre place. Encore une fois c’est à vous de prendre cette décision.


Photo : Vous vous demandez sans doute ce que Barney vient faire là mais sachez que Neil Patrick Harris a joué le rôle titre de Doogie Howser, MD,  et aussi de Dr Horrible (une micro-série en comédie musicale à voir absolument), donc il me semble qu’il a sa place dans la rubrique « info médicale potentiellement angoissante devant être contre-balancée par la présence d’un beau médecin ». Ceci dit je commence à sécher un peu alors n’hésitez pas à faire des suggestions en commentaire…

Un nouveau vaccin recommandé

lundi, juillet 20th, 2009

carlisle Le Haut Conseil de la santé publique (HCSP)* a publié il y a peu (26 juin 2009) un avis pour la systématisation de la vaccination par le vaccin méningococcique conjugué de sérogroupe C (on peut trouver l’avis complet ici). Ce vaccin n’était recommandé dans le calendrier vaccinal 2009 que pour certains cas particuliers (ou suite à des foyers endémiques), mais sa généralisation chez nos voisins européens (ce qui rend l’incidence de la maladie relativement plus élevée chez nous) et la perspective d’une pandémie de grippe A (au passage je vous signale le site consacré à ce sujet par les autorités sanitaires françaises) ont fait pencher la balance en sa faveur. En effet, il semble que les épidémies de grippes soient systématiquement suivies d’une augmentation des cas d’infections invasives à méningocoques (IIM pour les intimes), les souches C représentant environ 20% des cas en 2008 (mais il n’existe pas de vaccin contre les autres). La vaccination est donc recommandée sous la forme d’une injection entre 12 et 24 mois (on a échappé à la vaccination en 3 doses à partir de 3 mois, qui apparemment confère une immunité peu persistante). Je dis bien « recommandée », les seuls vaccins obligatoires en France étant diphtérie, polyomélite et tétanos. Ne vous étonnez donc pas si votre bambin repart de sa prochaine visite médicale avec une ordonnance pour Meningitec, Menjugate ou Neisvac, qui sont les trois vaccins homologués.

Je n’ai pas trouvé pour Meningtec mais vous trouverez des informations détaillées (composition, effets secondaires…) pour Neisvac ici et pour Menjugate . Ces deux vaccins contiennent de l’hydroxyde d’aluminium mais pas de mercure.

Pour en savoir plus sur les IIM, je vous conseille l’aide-mémoire de l’InVS (l’institut de veille sanitaire) : en gros la maladie est rare mais dangereuse (fatale dans 15% des cas en France, sans compter des possibilités de séquelles graves), plus fréquente chez les jeunes enfants et se transmet par les postillons, la toux (jusqu’à 1 m de distance) et aussi en se roulant des patins (ou en échangeant sa tétine ?).Vous avez aussi ce document (à destination des profs de l’Académie de Rouen) ou alors ce diaporama, très long mais très complet.

En bref, ce n’est certainement pas à moi de vous dire ce qu’il convient de faire ou pas pour votre enfant, mais j’espère que ce petit article et les documents qui l’accompagnent vous aideront à établir un dialogue constructif avec votre médecin pour prendre la décision qui vous convient.

*Avez-vous remarqué que ces conseils, comités, autorités, etc sont toujours « hauts » ? Y a-t-il un Bas Conseil de la santé publique prévu quelque part ?

(Photo : désolée, je viens de m’enfiler les 4 tomes de la saga Twilight. Et pour les nouveaux de la basse-cour, je rappelle que les articles à caractère médical sont accompagnés de la photo d’un beau médecin pour contrebalancer leur caractère potentiellement anxiogène.)

La varicelle

lundi, mars 23rd, 2009

julian-mc-mahon-05 Comme je l’avais mentionné ici, le Poussin a attrapé la varicelle. Pas de grosse surprise puisqu’une de ses copines de nounou l’avait eue il y a peu. En effet, au sein d’un foyer, le taux de contagion de la varicelle atteint 80-90%. Et d’ailleurs, en France, la probabilité de l’attrapper au cours de sa vie atteint 95% (90% des jeunes adultes l’ont déjà déclarée).

La varicelle est provoquée par le virus VZV (varicella-zoster virus), qui est un herpès virus. Ce virus est également à l’origine du zona, qui est une réactivation du virus dormant au sein des ganglions nerveux chez les personnes ayant déjà contracté la varicelle. Ce phénomène a lieu à l’occasion de baisses de l’immunité, et pas suite à une nouvelle exposition au virus, comme on peut parfois le croire. Au contraire, les gens qui sont fréquemment exposés au virus (pédiatres, personnels de la petite enfance…) voient leur immunité régulièrement réactivée et sont moins fréquemment atteints par le zona (qui atteint 15 à 20% des personnes infectées par le VZV). Par ailleurs, celui-ci est également plus fréquent chez les personnes âgées.

Mais assez parlé de zona, revenons à notre varicelle (alias picotte chez nos cousins québécois ou chickenpox chez leurs voisins du Sud). Tout le monde voit à quoi ça ressemble je pense, pas la peine de vous faire un dessin (sinon il y a des photos sur l’article wikipedia). De façon générale, plus on est jeune, et plus ça se passe bien. L’exception étant les fœtus (faudrait-il dire « foeti » ?) contaminés via leur mère et les nouveaux-nés (mais jusqu’à quel âge ? je n’ai pas trouvé). Le Poussin par exemple, à 21 mois, n’a quasiment pas été affecté, il a eu très peu de boutons et ne s’est à peu près jamais gratté (en même temps les boutons sont surtout sur le torse et le cuir chevelu et avec ses petits bras il a du mal à les atteindre…). D’ailleurs c’est limite si les personnes qu’on veut avertir du risque de contagion nous croient, tellement il s’en tire bien. Ce qui me fait penser que si j’avais été adepte de petites granules et autres gougouttes j’aurais sans doute été prompte à leur attribuer une maladie si ténue et à clamer leur efficacité sur tous les toits… alors que là ça peut tout aussi bien être la conjonction de Mars dans la troisième maison du Bélier (ou de l’alignement du troisième panneau solaire de l’ISS avec la clé à molette malencontreusement lâchée dans par Youri Boulgakovitch lors de la réparation en orbite de Spoutnik XXII en 1983 ?) ou le retour du printemps ou peut-être y a-t-il des pouvoirs magiques insoupçonnés dans notre famille ?

Bref je m’égare… revenons à nos moutons : le principal problème de la varicelle, c’est qu’autant elle est généralement bénigne chez les enfants (même si potentiellement bien pénible), autant chez l’adulte (et notamment les femmes enceintes) mieux vaut éviter. C’est d’ailleurs une des principales indications du vaccin (en plus des cas particuliers de personnes immuno-déprimées ou avec certaines pathologies particulières) : l’exposition à la contagion d’un adulte (sauf pour les femmes-enceintes-qui-comme-d’habitude-n’ont-droit-à-rien-à-part-spasfon-et-doliprane). Sachez que dans ce cas vous avez trois jours pour vous faire vacciner (et éventuellement faire d’abord un bilan de votre immunité par une prise de sang), donc ne tardez pas si vous êtes concerné. Vérifiez que le médecin marque bien qu’il s’agit d’une vaccination post-exposition sur l’ordonnance pour être remboursé. En France on ne vaccine pas systématiquement les enfants (en Belgique non plus), mais au Canada et aux Etats-Unis par exemple c’est recommandé (pourquoi ? je n’en sais rien).

Alors comment ça se passe concrètement ? Les boutons n’apparaissent que deux à trois semaines après la contamination initiale, par vagues successives en commençant généralement par le thorax et la tête, et avec une prédilection pour la région génitale. Il peut également y en avoir dans la bouche, ce qui entraîne des difficultés à s’alimenter. Une fièvre légère (38°C) peut précéder et/ou accompagner le tout. En 15 jours environ la guérison arrive spontanément (encore une fois chez les malades qui ne sont pas malades par ailleurs).

Que faut-il faire ? En pratique pas grand chose : la varicelle est une maladie virale donc les antibios feraient cautère sur jambe de bois. Il faut surtout éviter certaines choses :

  • Se gratter : certes c’est super tentant mais c’est un coup à se surinfecter et à garder des cicatrices. Le médecin peut prescrire un sirop anti-histaminique pour limiter les démangeaisons (et en plus ça fait dormir !). Le bicarbonate de soude ou encore l’avoine (par exemple des flocons broyés), dans le bain, peuvent également apaiser.
  • Le soleil, le sel, le sable : pas le moment d’aller à la plage
  • L’aspirine, l’ibuprofène, les corticoïdes (et sûrement d’autres médicaments moins courants), mais le paracétamol est (comme toujours !) autorisé.
  • La surinfection des boutons, par une hygiène rigoureuse : bain ou douche avec savon et shampooing une à deux fois par jour et changement plus fréquent du linge (surtout si l’enfant transpire). Garder les ongles ras et propres (mais si c’est trop facile de couper les ongles d’un bébé tous les jours…). On peut également appliquer une crème genre Cytelium pour assécher les boutons. Et pour info le pédiatre n’a pas vu de problème à continuer les couches lavables (je craignais l’humidité).
  • Les crèmes variées et diverses sont à limiter au maximum (mais le liniment sur les fesses a été validé par le pédiatre !). Le talc notamment est à proscrire.

Au vu de tout cela, est-il bien nécessaire d’aller voir un médecin ? La varicelle n’est pas à déclaration obligatoire, mais il semble quand même plus prudent de consulter, ne serait-ce que pour vérifier qu’il s’agit bien de varicelle et pas d’une autre maladie plus préoccupante. Ce sera aussi l’occasion de le noter dans le carnet de santé : si l’enfant est trop jeune pour s’en souvenir c’est une trace relativement incontestable.

Quelles sont les complications ?

  • Le principal risque est une surinfection des boutons (bactérienne cette fois), qui peut nécessiter des antibiotiques. Donc si certains boutons deviennent très moches et le poussin franchement fiévreux, consulter sans tarder.
  • La pneumonie toucherait quand même un tiers des adultes et nouveaux-nés.
  • L’encéphalite est la plus rare (mais peut être redoutable).

D’après l’INPES,

Chez l’enfant sain, les complications sont rares en France (3 %) et sont dominées par des surinfections.

Et d’après les statistiques belges, la varicelle causerait un à deux décès par 100.000 cas chez les personnes par ailleurs en bonne santé.

Quand est-on contagieux ? Deux à trois jours avant l’apparition des boutons (par voie respiratoire) puis jusqu’à la dessication de ceux-ci (six jours après apparition environ).

Si vous voulez en savoir encore plus, trois lectures utiles (déjà citées dans l’article mais au cas où vous n’ouvririez pas les liens…) :

(Photo : qui a dit que le Dr Troy ne pouvait pas s’occuper des enfants ?)

Infos vaccins

lundi, février 9th, 2009

doug-ross Je dois vous dire que j’ai un peu tergiversé avant de faire ce billet. Et j’hésite encore à fermer les commentaires qui s’y rapportent, parce que j’ai l’impression qu’il est vite impossible d’avoir une discussion constructive sur le sujet. Donc je vais essayer de vous rapporter ici un certain nombre de faits portés à ma connaissance par le grand internet mondia. J’utilise des sources aussi fiables et factuelles que possible (que je cite) ; même si la plupart des infos me sont venues par Strollerderby, j’essaie ensuite de retrouver la source initiale pour limiter la perte en ligne et l’effet téléphone arabe. Enfin je le dis clairement : je pense que la vaccination de façon générale est un progrès dont les bénéfices surpassent largement les inconvénients, même si bien sûr la balance risques-bénéfices doit être étudiée au cas par cas (en particulier pour les personnes potentiellement vulnérables).

Tout d’abord je vous signale qu’Allo docteurs (France 5) a consacré une émission sur le sujet mercredi 4 février sur le sujet des vaccins et plus particulièrement de la rougeole, suite à l’actualité douloureuse récente. Je ne sais pas combien de temps elle restera en ligne ici donc si ça vous intéresse filez voir. J’ai trouvé l’émission pas trop mal faite, même s’il y avait quelques boulettes (par exemple le BCG n’est pas obligatoire en France). Il est notamment rappelé l’intérêt d’injecter jusqu’à six vaccins simultanément : il ne faut pas confondre maladie et présentation d’antigène (dont nous subissons plusieurs centaines par jour sans évidemment développer toujours des symptômes significatifs), on ne peut pas dire que ça correspond à attrapper plusieurs maladies à la fois. Il est également dit que l’allergie à l’œuf n’est une contre-indication que pour les vaccins contre la grippe et la fièvre jaune.

Ensuite on entend remettre en question l’efficacité de la vaccination, mais une étude récente du New England Journal of Medicine (dont vous trouverez le résumé ici) montre qu’au moins le Prevenar (contre les méningites à pneumocoques) fonctionne. Son introduction aux Etats-Unis a permis une chute de la prévalence de la maladie de 69% chez les moins de deux ans (qui sont les plus à risque), ainsi qu’une diminution de 35% des souches résistant aux antibiotiques.

Concernant l’intérêt d’une couverture vaccinale généralisée pour protéger les quelques cas chez qui la vaccination est inefficace et ceux qui ne peuvent la recevoir : un bébé est mort de la méningite à Haemophilus influenza b (le vaccin est généralement couplé avec diphtérie, coqueluche, tétanos et polyomélite) dans le Minnesota. Il était trop jeune pour avoir reçu l’ensemble des injections et a fait partie des cinq enfants touchés dont trois n’avaient pas été vaccinés. Malheureusement la décision de vacciner ou pas peut avoir des répercussions hors de sa famille. Et ce point n’est pas une contradiction du précédent : aucun vaccin, aucun traitement n’est fiable à 100%. Il y a et il y aura toujours des personnes vaccinées qui développeront quand même la maladie, mais elles peuvent être protégées par la vaccination des autres.

En Suisse, on observe une recrudescence de la rougeole, particulièrement dans des écoles Steiner (voir ici et ici) qui rassemblent beaucoup de familles anti-vaccination (sans compter une fâcheuse tendance à ne pas déclarer les cas, ce qui permet une propagation de l’épidémie). Il est en outre probable (vu le coût des écoles Steiner et leur philosophie générale) qu’il s’agit d’enfants vivant dans de (très) bonnes conditions, donc pas particulièrement fragiles. Je ne dirai rien sur les parents qui tentent volontairement de faire attrapper la rougeole à leurs enfants…

Une étude récente publiée dans Pediatrics (voir le résumé ici) montrent les résultats de deux groupes d’enfants ayant reçu des doses différentes de thimérosal et soumis à une batterie de tests psychomoteurs. On trouve une légère tendance à des scores inférieurs dans le groupe exposé à la plus forte dose, tendance attribuée au hasard par les auteurs. Un seul cas d’autisme a été observé et ce dans le groupe ayant reçu la plus faible dose de thimérosal. Cet article a entraîné la publication de deux lettres, chacun des auteurs déclarant comme conflit d’intérêt être père d’un enfant autiste. L’une d’elles pointe notamment les nombreuses limites de l’étude (pas de groupe témoin n’ayant pas reçu de thimérosal, doses non représentatives d’autres pays -comme les USA-, la façon dont les enfants ont été recrutés pour l’étude…) et remet en question la possibilité d’en tirer des conclusions -dans un sens comme dans l’autre. Je n’ai pas vu le texte intégral de l’étude ni ne connais les tests effectués, donc je reste dubitative.

Et le plus croustillant pour la fin : le Times révèle que le Dr Andrew Wakefield, auteur de l’étude ayant jeté la suspicion de lien entre autisme et vaccin ROR (MMR en anglais : Measles = rougeole, Mumps = oreillons et Rubella = rubéole), a falsifié les résultats à l’origine de l’étude, sans compter un magnifique conflit d’intérêt. En même temps qu’il préparait l’étude controversée publiée dans le Lancet, il était payé une coquette somme par les avocats préparant une action contre les fabricants du ROR (ce qu’il s’était apparemment gardé de signaler à l’époque). Le Lancet signale que si ces faits avaient été connus à l’époque, l’étude n’aurait pas été acceptée.

(Photo : Pour changer un peu aujourd’hui c’est Doug qui s’occupe de vous détendre pour cet article à caractère hautement anxiogène.)

Silence on vaccine

mercredi, décembre 10th, 2008

Hier soir, n’écoutant que mon dévouement entier à mes lecteurs adorés, j’ai regardé Silence on vaccine sur France 5 au lieu de découvrir le dernier Desperate housewives. J’espère que vous mesurez l’ampleur du sacrifice. D’autant plus que, comme je vous l’avais déjà révélé il y a quelques temps, je ne suis pas du tout dans la tendance anti-vaccin. Je dois dire qu’en médecine j’ai une conception plutôt « traditionnelle » : par exemple ce n’est pas chez moi que vous trouverez de l’homéopathie, parce qu’entre le principe de la chose (la mémoire de l’eau… hem hem) et l’absence de preuve d’une efficacité supérieure au placebo, je ne vois pas trop l’intérêt. Une fois qu’on sait que c’est un placebo -et je précise que le placebo est un effet tout à fait significatif, y compris sur les enfants et les animaux-, ben ça ne marche plus du tout. Globalement il me semble que si un remède n’a aucun effet secondaire, c’est qu’il n’a pas d’effet (autre que placebo) du tout. Bien joué la Poule, tu viens de perdre (au moins) la moitié de ton lectorat. Bon je ne rejette pas toutes les médecines alternatives : j’ai observé sur ma personne (prête à tout je vous dis) les effets de l’ostéopathie par exemple, et il m’arrive d’utiliser des huiles essentielles (de toute façon une grande partie de notre pharmacopée dite allopathique est constituée de molécules synthétisées les plantes). Euh, il reste du monde ?

Arrêtons-là le massacre et parlons du documentaire en question. Alternant témoignages de victimes (présumées ou prouvées -la preuve étant extrêmement difficile à apporter dans ces cas-là), de chercheurs et de militants, c’est une charge virulente contre la vaccination, qui fera frissonner même les moins hypocondriaques. Tour à tour sont abordés les problèmes du thimérosal (conservateur à base de mercure), de l’hydroxyde d’aluminium, des prédispositions à certaines complications, de la difficulté à obtenir des compensations pour les victimes, ou encore des lobbies pharmaceutiques.

Globalement je partage l’avis de Télérama sur ce documentaire : il soulève de vrais problèmes mais le parti pris est tel que ça affaiblit considérablement l’argumentation proposée. Sur une question aussi complexe, une telle absence de nuance est assez catastrophique pour la crédibilité globale : tous ces points font l’objet de débats au sein de la communauté scientifique (voir par exemple ici la position de la Santé publique québecoise sur le thimérosal ou encore d’autres arguments), il aurait été bien plus intéressant de retranscrire ce débat et cette incertitude en montrant une palette de positions. Ceux qui étaient déjà persuadés que la vaccination est dangereuse seront confortés dans leur position et les autres (comme votre dévouée Poule) resteront sceptiques. Bref ça ne fait pas avancer le schmilblick. C’est bien dommage car certaines questions mériteraient vraiment plus d’attention. J’ai bien aimé une des dernières interventions (le Pr Gherardi il me semble) qui soulignait que sans remettre en cause l’intérêt et le bénéfice des vaccins, on pouvait quand même se pencher sur les complications entraînées, et d’une part améliorer la détection des individus à risque, et d’autre part la prise en charge de ceux déjà touchés. Il ne me semble pas non plus insurmontable de lancer des recherches pour voir si on ne pourrait pas remplacer thimérosal et aluminium par d’autres substances moins controversées. Et il est clair qu’on a encore du chemin à faire pour émanciper totalement la décision publique du poids de l’industrie pharmaceutique.

Pour mémoire, l’intérêt d’un vaccin est déterminé en comparant le nombre de complications dues à la maladie si personne n’était vacciné au nombre de complications dues au vaccin. On pourrait probablement (et on devrait !) travailler à réduire ce nombre de complications (notamment en identifiant mieux les personnes à risque). Rappelons aussi qu’une couverture vaccinale importante permet de protéger également ceux qui ne peuvent pas être vaccinés. Et qu’enfin aucun vaccin n’est fiable à 100% et que le fait que des personnes vaccinées tombent malades n’est donc pas une démonstration de l’inutilité du vaccin : ce qu’il faut comparer c’est la proportion de personnes qui tombe malade parmi les vaccinés et à celle parmi les non vaccinés (et à condition que la taille de ces deux populations soit comparable). Tout est expliqué par l’OMS ici : Six idées fausses courantes sur la vaccination.