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Braqueuse à gros bidon

vendredi, août 1st, 2008

Petites brèves d’actu :

Heureusement qu’on a les allocs et la CAF en France, sinon on finirait aussi avec ce fait divers étatsunien (signalé par Alpha mummy). Une jeune femme de 20 ans, enceinte de huit mois, a tenté de braquer une banque de Floride, tandis que son complice (un bambin…) l’attendait dans la voiture. Elle portait une casquette, des lunettes de soleil et des gants de ménage. Par contre on ne sait ni ce qu’elle a utilisé comme arme ni ce qu’elle a réussi à dérober (si tant est qu’elle ait réussi). Et elle est allée directement en prison (sans passer par la case départ ni toucher 20 000 francs).

En tout cas en voilà une qui n’a pas suivi l’actualité : on ne laisse pas un enfant seul dans la voiture, même juste le temps d’aller braquer une banque ! A ce propos Peugeot a retiré une campagne de pub qui venait à point nommé. Le texte disait : « 7h42 : vos enfants sont à l’arrière pour aller à l’école – 15h37: vos enfants sont toujours à l’arrière « . Il y a un marketeur quelque part qui va avoir un gros trou sur son CV…

Et dans la série « Les Ricains sont tarés », une nouvelle émission TV : The baby borrowers (Les emprunteurs de bébé). Le principe : un couple de grands adolescents/jeunes adultes va découvrir ce que c’est d’élever un enfant. Grâce à l’émission, il passeront quelques jours à s’occuper successivement d’enfants de différents âges, du nourrisson à l’adolescent, et même de personnes âgées. Le prétexte altruiste de ce grand moment de télé réalité est de décourager les grossesses adolescentes en confrontant les jeunes à la dure réalité. Aux Etats-Unis, les lycéennes enceintes sont bien plus courantes qu’en France. Et ces derniers temps, la grossesse a le vent en poupe : toutes les stars se reproduisent, de la petite soeur de Britney à Angelina Jolie en passant par Nicole Richie et Julia Roberts. Sans parler des films comme Juno ou En cloque, mode d’emploi qui montrent les grossesses imprévues comme des aventures plutôt sympas finalement. Les adolescentes qui veulent ressembler à leurs idoles copient la coupe de cheveux, le sac à main… et le petit ventre arrondi. Un bébé est aussi une façon de donner du sens à une vie, certaines allant même jusqu’à conclure un pacte de grossesse (ou pas).

Sur Babble (in English) on peut lire une interview d’une mère qui a prêté ses enfants et d’une ado qui les a gardés. J’étais assez curieuse de voir comment elle arriverait à justifier de laisser sa fille de 6 mois pour trois jours à une émission télé. Apparemment elle a elle-même eu son premier enfant très jeune et voulait éviter à d’autres de faire la même erreur.

Bref. Je ne vais pas entrer dans le débat de l’âge de grossesse. Nous sommes dans une société où les femmes devraient faire deux enfants (un garçon et une fille de préférence, l’ordre étant laissé au choix des heureux parents), entre 25 et 35 ans. Mais il ne faut pas se voiler la face non plus : la lycéenne moyenne n’est pas équipée pour gérer le stress et les bouleversements associés à l’arrivée d’un bébé. Sans compter qu’elle risque plus de ne pas pouvoir compter trop sur le père, ce qui est quand même dommage. Enfin séparer des petits poussins plusieurs jours de leur mère pour une émission de télé, je suis désolée mais je ne comprends pas.

Le retour des régleuses ?

vendredi, février 1st, 2008

Bébé interditIl y a quelques mois, une émission anglaise « Bringing up baby » défrayait la chronique en proposant à plusieurs familles les services d’experts pour les aider à s’occuper de leur nouveau-né. Le concept de l’émission en lui-même est déjà dérangeant : utiliser des bébés tout juste rentrés de la maternité comme cobayes et comme aimants à audimat attirerait de ce côté de la Manche les foudres du CSA (espérons-le) .

Mais le plus choquant dans ce programme était la présence de Claire Verity, la nounou des stars (Jerry Hall et Sting auraient eu recours à ses services, pour la modique somme de £1000 par jour !). Cette femme (qui n’a pas eu d’enfants) part du principe que le bébé est un ennemi qui vient déranger votre routine quotidienne, et qu’il ne faut pas se laisser manipuler par un être si retors. Au programme : biberon toutes les quatre heures, en évitant de rencontrer le regard de l’enfant (allaitement fortement déconseillé), pas plus de 10 minutes de câlin par jour, mettre le bébé dans sa chambre de 19h à 7h et ne pas intervenir (éventuellement les premières semaines un biberon par nuit est toléré). Et entre les biberons : mettre le bébé dehors dans son landau pendant que ses parents restent à l’intérieur à vaquer à leurs occupations (au moins les cris sont moins pénibles).

Ainsi, si on ne répond jamais à ses pleurs, le nouveau-né comprendra rapidement qu’ils ne servent à rien et cessera de pleurer. Et il arrêtera d’emmerder ses parents qui pourront à peine rentrés de la maternité organiser une petite sauterie et siroter tranquillement un mojito bien frappé avec leurs amis pendant que le petit chieur se tient à carreau dans sa chambre.

Actuellement, de telles propositions paraissent choquantes, et heureusement la politique générale dans les maternités et chez les pédiatres français privilégie la proximité entre la mère et son enfant et prône nourriture et sommeil à la demande. Mais jusque dans les années 1960, ces pratiques étaient assez répandues chez nous, notamment dans la bourgeoisie où les mères avaient recours à des régleuses, qui s’occupaient -comme leur nom l’indique- de régler les horaires du bébé. Celui-ci devait manger ce qu’on lui proposait quand on le lui proposait, et ne plus se réveiller la nuit (ou plutôt de ne plus réveiller ses parents). Or on sait maintenant, après les travaux de Spock (pas celui avec les oreilles pointues), Winnicott, Brazelton et bien d’autres, que l’affection et le contact sont aussi essentiels à un nouveau-né que le lait ou le sommeil.

Personnellement, je considère les pratiques de Claire Verity comme de la maltraitance. Et je trouve inadmissible que ce soit présenté en prime time comme une méthode possible pour élever son enfant (et pourtant je suis une vraie fan de la trash TV, mais tant que les participants sont majeurs et consentants). Attention, je ne dis pas que chaque point pris séparément constitue une maltraitance (quoi que de laisser un bébé hurler de faim….) ou qu’il est mal d’essayer d’établir une routine avec son bébé. Mais honnêtement, pourquoi s’emmerder à faire un enfant si c’est pour le considérer comme un petit chieur à dresser le plus vite possible et l’enfermer dehors toute la journée ? Dans ce cas-là, autant prendre un pit-bull.