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L’enfant et le couple

mardi, mai 3rd, 2011

D’un point de vue purement biologique, l’enfant est la principale raison d’être du couple. Socialement, c’est également souvent le cas, même si les sociétés occidentales voient l’émergence d’une proportion croissante de couples et d’individus revendiquant le désir d’une vie sans enfant. Sans compter que le schéma familial classique avec le couple parental et les enfants qui en sont issus coexiste maintenant avec d’autres formes de parentalités : familles recomposées, homoparentalité, etc. Sans vouloir ignorer la diversité des situations, je vais me concentrer sur la famille « traditionnelle » mais surtout n’hésitez pas à vous en éloigner dans les commentaires.

Avant même la venue de l’enfant, cela peut déjà être un sujet de discorde : l’un souhaite être parent et pas l’autre, et voilà un beau sujet de friction. Et même si les deux sont d’accord mais que l’enfant ne vient pas… Un désir d’enfant non satisfait est une blessure profonde, qui peut conduire à la rupture. Quant à un bébé surprise, c’est aussi souvent une sacrée zizanie : quand l’un veut le garder et pas l’autre, quelle que soit la décision finale, c’est un sacré coup porté au couple.

Et quand un enfant désiré par ses deux parents s’annonce… Comme déjà expliqué ici, beaucoup d’adultes ne réalisent pas vraiment ce qu’est un bébé et ce qu’il demande. Sans vouloir verser dans les clichés, il est relativement fréquent que la future mère, une fois le deuxième trait apparu sur le bâtonnet, commence à se documenter sur la question. En même temps, plus difficile de faire comme s’il ne se passait rien quand avant même d’avoir atteint le centimètre votre future progéniture vous transforme en marmotte vomissante. Le suivi de la grossesse et les choix faits pour l’accouchement sont des sources de débat : comment choisir quand on n’a pas la même hiérarchie des risques ? D’autant plus qu’autant la mère a évidemment le dernier mot sur ce qui concerne son propre corps, autant le père a un avis légitime sur ce qui a des conséquences pour l’enfant : comment concilier cela (même si légalement c’est l’avis de la mère qui l’emporte) ? Que faire si la mère veut accoucher à la maison (et qu’elle trouve une sage-femme pour l’accompagner…) et que le père trouve cela trop dangereux  ? Ou qu’elle ne veut pas de péridurale alors qu’il ne peut envisager de la voir souffrir ? A l’inverse, c’est le père qui peut être persuadé des bienfaits d’une naissance avec peu d’intervention tandis que la mère désire une césarienne.

Et même dans les cas où personne ne se posait trop de questions, la naissance -toujours pleine d’imprévus- peut être vécue de façon bien différente. Parfois c’est le père qui a vu ce qu’il n’aurait pas voulu voir : sa femme dans une situation peu glamour, sa femme en danger ou encore une équipe en train de s’affairer autour d’elle et du bébé tandis qu’il reste planté là habillé en schtroumpf sans pouvoir rien faire. Il y a des cas où c’est la mère qui vit très mal un accouchement, pourtant décrit par le classique « La mère et le bébé vont bien ». Mais ce n’est pas parce qu’on a un corps qui fonctionne qu’on va bien, même si bien sûr ça aide !

La période du post-partum est particulièrement délicate. La femme, si elle n’est pas Rachida Dati, n’est en général pas au top (et c’est un euphémisme). On oublie à tort l’adage de grand-mère « Neuf mois pour le faire, neuf mois pour le défaire », et on s’imagine qu’à peine le flan démoulé on va revenir instantanément à l’état pré-conceptionnel. Mais rien que pour le ventre, imaginez-vous un peu : l’utérus, qui en temps normal fait à peu près la taille d’une figue fraîche, pèse à terme près d’un kilo, pour une capacité de plusieurs litres. Les abdominaux s’allongent d’environ 20 cm. Et tout cela n’est que la partie émergée de l’iceberg (comme déjà dit ici). Bref, alors que la femme est molle (dans une société qui valorise la fermeté), a la foufoune en chou-fleur (alors qu’elle doit porter des garnitures périodiques ultra-super-plus), les cheveux qui tombent, les poils qui poussent, les seins en obus, les hormones qui font pleurer et j’en passe (notamment certaines difficultés courantes des débuts de l’allaitement), elle doit apprendre à vivre avec un bébé, qui en prime ne ressemble pas du tout à ce qu’elle avait lu dans Laurence Pernoud. Le père, qui a parfois du mal à s’investir dans la grossesse voit d’un seul coup les choses devenir extrêmement concrètes, ce qu’il peut trouver difficile à assimiler. En bref, c’est un moment très délicat pour le couple. Et si vous rajoutez un soupçon de belle-maman qui dit que votre nouveau-né vous manipule déjà et/ou d’un pédiatre un peu psycho-rigide pour qui vous ne faites rien comme il faut, c’est un miracle qu’il n’y ait pas plus de crimes passionnels pendant le post-partum (peut-être les gens sont-ils simplement trop épuisés ?).

Et puis très vite il faut prendre des décisions, faire des choix : sommeil, alimentation, réponse aux pleurs… autant de sources possibles de dissensions voire de franches disputes. C’est vrai : avant de décider de faire un bébé à deux, qui a vraiment vérifié la totale compatibilité de vision de la chose au sein du couple ? Qui s’est posé des questions dont il ignorait jusqu’à l’existence ? D’autant plus qu’à 4 heures du matin, après deux mois de nuits hachées, ce n’est pas vraiment le moment idéal pour débattre de sa conception philosophique de l’éducation. Vous pouvez penser être rodés pour le deuxième (troisième, etc), mais en réalité le problème se repose et de façon différente. Chaque parent a une relation différente avec chaque enfant, et cela change selon les périodes. Et bien sûr chaque enfant pose des problèmes différents.

Alors, après ce tableau quasi-apocalyptique, que peut-on proposer ? Bien sûr, et comme toujours, chacun doit trouver ses propres solutions, adaptées à sa situation, mais voici quelques pistes (rien de bien révolutionnaire hélas).

  • Définir ses priorités éducatives. Qu’est-ce qui n’est vraiment pas négociable pour chacun, et qu’est-ce que chacun fait à sa sauce ? Cela est utile de façon générale, quand on doit confier l’enfant, et pour l’éducation en général : choisir ses combats… Par exemple moi je me fiche bien de la façon dont on donne le bain (du moment que le résultat est à peu près satisfaisant), voire même que les enfants en prennent un, mais je suis intransigeante sur les tapes et fessées : j’en veux zéro.
  • Définir des priorités familiales et individuelles. Avec l’arrivée d’un enfant, il est illusoire de penser qu’on va mener la même vie qu’avant. Cela ne veut pas dire qu’on ne peut plus rien faire mais qu’il faut choisir. Il peut être salutaire de se garder une activité à soi, pour soi, mais c’est maintenant quelque chose à négocier entre parents. Ça peut aussi être l’occasion de (re)discuter du partage des tâches ménagères…
  • Anticiper le pétage de plomb et passer le relai. Les enfants, dès la naissance, savent nous pousser à bout comme personne. Avant de leur hurler dessus, ou pire de les violenter, dire à l’autre qu’on n’en peut plus et aller se défouler plus loin. Et être aussi disponible que possible pour rendre la pareille.
  • Laisser l’autre s’occuper de l’enfant sans l’abreuver de conseils ni le surveiller. Particulièrement important à trois heures du matin : celui qui s’est levé agit et l’autre la boucle, à moins d’être sollicité (ou que l’autre franchisse une ligne rouge -cf premier point- ou craque). Et à mon avis c’est une clé importante pour que chacun construise SA relation avec l’enfant. Certaines femmes disent qu’étant comblées par leur bébé leur couple passe au second plan. Pas un problème en soi, mais à mon avis il faut laisser au père la possibilité d’être lui aussi comblé par bébé.
  • Rester à peu près solidaires en public. Les jeunes parents sont sous le feu de critiques constantes de l’entourage, et c’est vraiment plus facile à supporter à deux. Alors bien sûr on peut se moquer gentiment des petites manies de l’un ou de l’autre, mais quand une des grands-mères suggère que le lait maternel n’est pas assez nourrissant, ou qu’il ne faut pas céder aux caprices d’un petit de 15 jours qui veut toujours les bras, on fait bloc.
  • Prendre sur soi. Le manque de sommeil rend irritable, voire méchant. Chacun doit faire un effort pour ne pas en rajouter, en particulier quand c’est le dixième réveil à deux heures du matin. Remettre les critiques et les griefs à un moment plus serein, et à tête reposée, quand on est plus à même de faire le tri entre ce qui nous tient vraiment à cœur et ce qui n’est pas si grave. Éviter autant que possible de se disputer quand c’est déjà la crise avec bébé (qui hurle depuis une heure/ne veut pas se rendormir/etc). On gère ça d’abord et ensuite on en discute. De façon plus générale, il faut accepter que l’enfant absorbe beaucoup d’énergie et que dans un premier temps au moins le couple se met un peu entre parenthèses. Mais comme disait Chantal Birman dans une vidéo que je ne retrouve plus, il faut que l’enfant consomme équitablement l’énergie des deux parents pour résoudre les problèmes de décalage de libido entre père et mère.
  • Éviter les reproches culpabilisateurs. En matière d’éducation et de puériculture, il y a peu de relations de cause à effet vraiment établies, et surtout ce sont généralement de grandes tendances dont on ne sait pas à quel point elles sont valables pour le bébé qui vous intéresse. Donc inutile de rabâcher quinze fois que c’est parce que Chéri a oublié le bonnet que Junior a attrapé une bronchiolite. Ou que c’est parce qu’il est trop/pas assez porté qu’il pleure dès qu’on le pose. On fait des choix, on les assume, on change si ça ne convient pas/plus, et si bébé ne ressemble pas à un article de Famili c’est peut-être juste parce que c’est un vrai bébé.
  • Se permettre un peu de mauvaise foi de temps en temps. Quand vous voyez d’autres familles, accordez-vous le petit plaisir de constater entre vous à quel point votre enfant est vachement plus mieux et que c’est sans nul doute grâce à vos immenses talents parentaux. Bien sûr, c’est en contradiction complète avec le point précédent (qui vous oblige à rester second degré) mais c’est ça qui est bon. C’est aussi pour cela que cela doit rester entre vous, sous peine de manquement grave à l’étiquette parentale. [NB : à mes amis et famille qui lisent ce blog : le Coq et moi ne faisons jamais ça bien sûr, ayant de base une pleine confiance en nos capacités parentales…]
  • Respecter le timing de l’autre. Un bébé c’est plein de premières fois, certaines qu’il provoque lui-même (première dent, premiers pas…), d’autres que ses parents initient : première fois qu’on le laisse, première fois qu’on le laisse à un autre qu’un parent, première nuit dans son lit (s’il a commencé dans celui des parents)… Il me semble que c’est au parent qui est prêt en premier de ne pas faire violence à l’autre, mais aussi à l’autre d’entendre le désir de son conjoint de passer une étape, même si c’est pour la différer finalement.

Bien sûr, difficile de parler de couple sans parler de sexe, mais on l’a déjà fait ici et . Enfin ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, disent certains : si votre couple survit aux enfants, il n’en sera que plus soudé.

Photo : Le couple du moment. Même s’ils n’ont pas (encore) d’enfant, je suis sûre que ça pourrait les intéresser…

Les cinq étapes du deuil des nuits

mercredi, novembre 3rd, 2010

babysleep Réveil-matin (n.m.) : Invention servant à réveiller des adultes sans bébé.

Elizabeth Kübler-Ross ne le savait peut-être pas, mais sa description des cinq étapes du deuil s’applique parfaitement à une nuit typique d’un jeune parent :

  1. Choc et déni : cette courte phase du deuil survient lorsqu’on apprend la perte (moment où le parent est réveillé par un bruit suspicieux). C’est une période plus ou moins intense où les émotions semblent pratiquement absentes (à deux heures du matin le cerveau est bien trop ralenti pour produire des émotions). C’est en quittant ce court stade du deuil que la réalité de la perte s’installe (comprendre : bébé hurle à pleins poumons et il va bien falloir faire quelque chose si on veut espérer dormir).
  2. Colère : phase caractérisée par un sentiment de colère face à la perte (« Mais tu vas la fermer ta g… ! ») . La culpabilité peut s’installer dans certains cas. Période de questionnements (le parent passe mentalement en revue tous les avis et conseils plus ou moins contradictoires de son entourage et augmente la liste déjà longue des facteurs qui pourraient influencer le sommeil de bébé : alimentation, lumière, habits, literie, conjonction astrale…).
  3. Marchandage : phase faite de négociations, chantages… (à la fois entre parents « si tu te lèves cette fois je me lèverai la prochaine fois/ferai la vaisselle pendant 1 mois/**** (promesse sexuellement explicite ne pouvant être retranscrite sur un blog familial) », ou encore « si c’est moi qui me lève on ne fera pas de 2ème/3ème/4ème etc/tu peux te la mettre derrière l’oreille », mais aussi avec l’enfant, voire avec les puissances supérieures)
  4. Dépression : phase plus ou moins longue du processus de deuil qui est caractérisée par une grande tristesse (doux euphémisme caractérisant l’état du parent quand le bébé qu’il a mis vingt minutes à rendormir s’est réveillé en hurlant dès qu’il a touché le matelas, sur lequel il a pourtant été déposé avec autant de délicatesse que s’il s’agissait d’un paquet de nitroglycérine pure), des remises en question (le parent ne comprend pas pourquoi ce foutu gosse ne fait rien comme écrit dans le bouquin annoncé comme miracle, alors que le parent lui a suivi toutes les instructions à la lettre), de la détresse (le parent envisage l’internement psychiatrique, où au moins on est assuré de dormir dix heures par nuit, voire la prison, mais finit généralement par se rappeler qu’il vaut toujours mieux être réveillé par Léo, 5 mois, 7 kg, que par Jo le Serpent, 30 ans, 90 kg, et qui a pris pour quinze ans). Les endeuillés dans cette phase ont parfois l’impression qu’ils ne termineront jamais leur deuil (ou à défaut que cette chienne de nuit ne finira jamais, car quand on est debout pour la quatrième fois à 2 heures du matin, le temps ne passe pas très vite) car ils ont vécu une grande gamme d’émotions (envie de le jeter par la fenêtre, envie de se jeter par la fenêtre, désappointement quant aux prix généralement pratiqués dans la vente de bébés, etc) et la tristesse est grande.
  5. Acceptation : Dernière étape du deuil où l’endeuillé reprend du mieux. La réalité de la perte est beaucoup plus comprise et acceptée. L’endeuillé peut encore vivre de la tristesse, mais il a retrouvé son plein fonctionnement. Il a aussi réorganisé sa vie en fonction de la perte (comprendre : le parent prend dix-sept cafés par jour pour donner le change au boulot, porte une épaisse couche d’anticerne et attend avec impatience de pouvoir réveiller un ado grincheux à l’aube un lendemain de cuite. Il réalise aussi qu’il est super bien entraîné pour le Vendée Globe. Mais il lui arrive encore de mordre quand il entend que l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt).

Image : Il n’existe hélas pas plus de méthode miracle pour faire dormir les bébés que de méthode magique pour mincir durablement sans effort et sans régime…

C’est la faute à l’allaitement si…

lundi, octobre 11th, 2010

mannequin-toddler-nursing Je prends un peu d’avance sur la semaine mondiale de l’allaitement maternel, mais comme ça fait une éternité que je n’ai pas publié vous ne m’en voudrez pas j’espère. Je voudrais revenir sur quelques idées reçues sur l’allaitement. En effet, la schizophrénie actuelle veut qu’après avoir expliqué à la future mère que si elle ne veut pas allaiter elle va limite être signalée aux services sociaux, on accuse ensuite l’allaitement de tous les maux et problèmes. Encore une fois, le but de cet article n’est absolument pas de culpabiliser celles qui ne souhaitent pas allaiter, ou pour qui ça ne marche pas, mais plutôt d’encourager les autres, et surtout d’éviter que le choix d’allaiter ou pas soit basé sur de mauvaises raisons. Voilà dix exemples de ce qu’on peut entendre ou lire :

1. C’est la faute à l’allaitement si mon bébé ne grossit pas (assez). Trois possibilités : 1. bébé est naturellement un petit gabarit/appétit de moineau, auquel cas le lait infantile ne changera rien, 2. bébé a une maladie qui l’empêche de prendre du poids, auquel cas il devient d’autant plus important de poursuivre l’allaitement, 3. il y a un problème d’allaitement qui empêche bébé de manger à sa faim. Un bébé qui ne mange pas à sa faim va d’abord pleurer beaucoup pour réclamer plus puis passer en mode « économie d’énergie » (sauf s’il est déjà fragile auquel cas il va directement à la case « économie d’énergie ») ; attention donc au nouveau-né poids plume qui dort tout le temps et ne réclame jamais. Au biberon on mesure ce qui rentre, tandis qu’au sein on mesure ce qui sort. Les couches sont-elles bien pleines d’urines et de selles (n’oublions pas qu’à partir de six semaines environ le bébé allaité peut beaucoup espacer ses selles, jusqu’à plusieurs jours d’intervalle) ? Le poids est UN indicateur parmi d’autres de la bonne croissance du bébé (et vous trouverez ici les courbes de référence pour des bébés allaités). Les problèmes d’allaitement les plus fréquents qui conduisent à ce que l’enfant ne mange pas assez sont soit une mauvaise succion (à corriger à l’aide d’un(e) spécialiste : sage-femme, consultante en lactation, animatrice d’association de soutien…), soit un allaitement trop dirigé (style toutes les trois heures dix minutes par sein) qui ne stimule pas assez la lactation (voir ici un bel exemple). Au moindre doute ne pas hésiter à demander l’avis d’une personne compétente (pas forcément votre médecin, voir ici quelques pistes pour juger de sa compétence en la matière).

2. C’est la faute à l’allaitement si le papa ne s’occupe pas du bébé. Certes la tétée occupe une part importante de la vie d’un nouveau-né, mais il y a tellement d’autres choses dont son père peut s’occuper. Outre le fait qu’il peut déjà prendre en charge l’ensemble des tâches ménagères pour que la mère se repose après l’accouchement, en plus des couches à changer, des bains à donner, etc, il y a surtout les câlins, le portage, le dodo dans les bras et tous ces petits plaisirs. Sans compter que c’est souvent le mieux placé pour faire accepter un autre moyen que le sein d’avoir du lait (biberon, tasse etc) quand la mère veut laisser le poussin. Je crois que ce qui compte vraiment plus que le mode d’alimentation c’est que le père soit motivé pour trouver sa relation et ses « trucs » avec le bébé et que la mère soit prête à le laisser prendre toute sa place.

3. C’est la faute à l’allaitement si mon bébé a des coliques/mal au ventre etc. Si vous avez un bébé au tube digestif sensibilisé par un problème ou un autre (reflux gastro-œsophagien, allergie, intolérance…), il n’y a pas mieux que le lait maternel pour lui. C’est ce bébé qui est difficile, quel que soit le mode d’alimentation, et c’est souvent pire avec un lait infantile qui lui est moins adapté (sans compter les essais pour trouver celui qui convient). Si le lait maternel peut donner mal au ventre, c’est souvent parce que le bébé n’a eu que le lait de début de tétée, très riche en lactose. Pour éviter ce problème (repéré généralement par des selles vertes et moussues), il suffit de ne pas changer trop souvent de sein. Dans certains cas d’allergies, l’allergène passant par le lait maternel, la poursuite de l’allaitement va nécessiter que la mère suive un régime d’éviction (ce qui n’est pas une partie de plaisir je vous l’accorde).

4. C’est la faute à l’allaitement si mon bébé dort mal/ne s’endort qu’au sein. La question du sommeil des bébés est si complexe et polémique qu’une dizaine de billets n’y suffirait pas. Ceci dit sur la question allaitement et sommeil, tous les cas de figure existent : le bébé exclusivement allaité qui fait des nuits de 10-12 h à quelques semaines, le bébé qui fait ses nuits une fois passé au bib, celui qui au contraire continue à se réveiller (enfin surtout à réveiller ses parents…). On peut tout de même observer que d’une part il n’est pas anormal qu’un enfant n’arrive pas à gérer son sommeil entièrement seul pendant au moins un an, voire deux ou trois. Et d’autre part, il se trouve que la tétée est un formidable moyen d’endormir ou de rendormir un bébé. C’est souvent très efficace, et pour un effort minimum puisqu’on peut le faire en se rendormant soi-même (lors de la tétée les hormones sécrétées favorisent le sommeil, ce qui peut donner l’impression que l’allaitement fatigue). Il faut donc en avoir sacrément marre des tétées de nuit et des endormissements à rallonge pour chercher une autre méthode. Ceci dit, rien n’empêche aux parents d’un bébé allaité d’essayer d’autres pistes, notamment avec le père (vous voyez qu’il participe !), qui sera moins tenté de donner ce qu’il n’a pas. Là encore, que le père ait mis en place ses trucs avec le bébé facilite la dissociation du sein et du sommeil. Et les tout petits changent tellement vite qu’aucune habitude, bonne ou mauvaise, n’est gravée dans le marbre.

5. C’est la faute à l’allaitement si je ne peux rien faire. Scoop : un bébé, même un petit nouveau-né supposé dormir 20 heures sur 24, suffit à vous occuper environ 25 heures sur 24. Et ce que vous allaitiez ou non. « Il est 16 heures et je n’ai toujours pas réussi à prendre de douche » : je crois l’avoir entendu chez toutes mes amies découvrant les joies de la maternité, celles qui allaitent comme celles qui n’allaitent pas. Le gros avantage de l’allaitement, c’est que passées les éventuelles difficultés de mise au sein du début, le bébé se débrouille tout seul. Donc la tétée est un formidable alibi pour se poser tranquille dans un fauteuil (ou autre endroit confortable) avec une bonne lecture, un coup de fil, un DVD, une histoire pour l’aîné ou autre activité tranquille (et surtout une tablette de chocolat). Enfin personnellement je ne suis pas très douée pour allaiter en porte-bébé, mais dans ce cas on devient en prime mobile (pas au point de passer l’aspirateur, mais quelle bonne excuse pour refiler cette activité à son cher et tendre -ou se faire offrir des heures de ménage comme cadeau de naissance).

6. C’est la faute à l’allaitement si je ne peux jamais sortir. Soyons honnêtes : il est plus facile de sortir avec un bébé allaité mais moins facile de sortir sans. L’allaitement est souvent un super joker qui permet d’apaiser et d’endormir un petit dans les circonstances les plus difficiles : on peut ainsi éviter de se taper l’affiche dans un lieu public avec un bébé qui hurle. Et bien sûr l’aspect logistique est grandement simplifié puisqu’au moins dans les premiers mois on n’a pas de nourriture à trimballer. Quand on ne peut/veut pas sortir avec bébé, les options sont multiples selon l’âge et les circonstances : pas de lait en l’absence de la mère, du lait tiré donné par différents artifices (biberon, tasse à bec, seringue, pipette…) ou du lait artificiel. Pour la reprise du travail, je crois que c’est aussi aux professionnels de la petite enfance de faire le travail pour aider l’enfant à s’adapter. Rappelons qu’un enfant allaité dont la mère travaille devrait être une situation très ordinaire (puisque les recommandations des autorités sanitaires françaises préconisent l’allaitement jusqu’à deux ans et que le congé maternité post-natal n’est que de dix semaines), et pas une bizarrerie qui ne rentre pas dans les cases.

7. C’est la faute à l’allaitement si mon enfant est indécollable. Un petit bébé a besoin de contact et de câlins, autant que de nourriture. L’allaitement est une façon de répondre à ce besoin, mais pas la seule. Et l’intensité du besoin est fonction de la personnalité de l’enfant, de son âge, et de la réponse qui y est apportée, bien plus que de la façon dont on le nourrit. Il y a aussi -et ce n’est pas un reproche- des mères qui ont un peu de mal à lâcher leur bébé, et ce n’est pas l’apanage des allaitantes (même si elles sont peut-être plus nombreuses dans ce cas…).

8. C’est la faute à l’allaitement si je dois surveiller ce que j’avale. Hors cas d’allergie ou d’intolérance avéré, on peut bien manger exactement ce qu’on veut quand on allaite. Il est conseillé de limiter (mais pas éviter) la caféine (comme quand on est enceinte), sauf là encore si vous constatez un effet majeur sur le bébé. Il est possible de boire de l’alcool en sachant que le taux dans le lait est identique à celui du sang ; l’idéal étant si/quand l’enfant a un rythme de boire le soir après la dernière tétée et d’avoir toute la nuit pour cuver. Il existe même des alcootests pour le lait maternel. Quant à la cigarette, même s’il est préférable de l’éviter, son impact laisse le lait maternel supérieur au lait infantile. Et si vous devez prendre des médicaments, n’hésitez pas à envoyer votre médecin sur le site du CRAT. Là encore, les risques liés à l’exposition (souvent ponctuelle) au médicament sont souvent faibles en regard des bénéfices procurés par l’allaitement maternel.

9. C’est la faute à l’allaitement si je ne peux pas retomber enceinte. Peut-on tomber enceinte en allaitant ? Oui mais c’est plus facile si on pose le bébé. Plus sérieusement, hors des critères stricts de la MAMA, l’allaitement n’est pas une contraception mais peut empêcher certaines femmes de tomber enceinte. Sans compter qu’un taux élevé de prolactine (hormone de la lactation) peut induire une baisse de libido. A priori si vous avez eu votre retour de couche c’est que l’ovulation est relancée et que vous pouvez retomber enceinte (attention l’inverse n’est pas vrai, c’est-à-dire qu’on peut être enceinte sans avoir eu le retour de couche). Sinon, il faut effectivement patienter ou sevrer (totalement ou partiellement).

10. C’est la faute à l’allaitement si je ne ressemble à rien. En théorie, l’allaitement facilite le retour du corps à l’état pré-grossesse, puisque les premières tétées aident l’utérus à retrouver sa taille normale (ce qui peut occasionner les fameuses tranchées) et que les graisses maternelles sont supposées être converties en lait. Dans la vraie vie, il y a celles qui sortent de la maternité en jean slim taille 36 et mère nature la truie (copyright Pensées de ronde) pour les autres. Idem pour la taille et la forme des seins : difficile de savoir a priori dans quel camp vous serez, même si la grossesse est souvent pointée comme principal coupable des variations de volume mammaire (avec pour état final la forme décrite poétiquement comme gant de toilette ou encore queue de castor). Cependant l’allaitement est une super excuse pour refaire sa garde-robe (avec toutes ces boîtes de lait économisées) à un moment où on est rarement au top physiquement (je ne dis pas qu’on a besoin d’une garde-robe spécifique pour allaiter, juste que c’est une excuse pour faire du shopping). LA spécialiste de la question, c’est Ségolène de MamaNANA, comme le montre par exemple ce billet (ou encore celui-là). Je n’ai pas grand chose à rajouter, si ce n’est d’insister sur l’importance d’avoir un bon soutien-gorge, bien coupé et à la bonne taille pour rééquilibrer sa silhouette. Personnellement je n’ai que des soutien-gorge à armatures (sinon je trouve que ça ne sert à rien ; quant au risque d’engorgement j’en ai eu quelques uns mais toujours sur le dessus du sein donc à mon avis sans rapport) et j’aime bien aussi qu’ils soient un peu rembourrés : non que je cherche du volume supplémentaire mais ça donne un meilleur maintien, sans compter que c’est plus discret pour les coussinets (ou pour vos nouveaux tétons façon star de porno). On trouve encore très peu de choses en boutique, même si Vertbaudet et H&M s’y mettent doucement. Sur le net, outre MamaNANA on peut fouiller chez Sibellia (lingerie uniquement) et BellaMaman par exemple. Pas mal de sites de puériculture et de vêtements de grossesse ont aussi quelques trucs pour compléter sa commande.

Et vous, en voyez-vous d’autres ?

Photo : Source

La plupart des bébés

mercredi, mai 26th, 2010

evian-bebe-5 Dans un monde où une part grandissante des jeunes parents n’ont jamais vu un bébé de près avant d’avoir le leur, et où la perception du bébé se base surtout sur les pubs, les films et la télé, il me semble utile de faire une petite mise au point sur ce qu’est vraiment un bébé, et en particulier un nouveau-né. Bien sûr il y a une certaine variabilité, ceci ne concerne donc pas « tous les bébés » mais « la plupart des bébés ».

Déjà, la plupart des nouveaux-nés sont moches (sauf les miens bien sûr qui sont magnifiques). Ce n’est pas vraiment qu’ils ne sont pas beaux, mais ils ne ressemblent pas à l’image d’Epinal du bébé. Normal : lorsqu’il y a un accouchement dans un film, le bébé a minimum trois mois (avant cela c’est illégal de les faire travailler). Quant à ceux des pubs (style bébé cadum) ils ont minimum 8-9 mois.

Beaucoup de bébés n’aiment pas les couffins, berceaux, lits, transats et autres indispensables de la puériculture. Ils préfèrent largement être dans les bras de quelqu’un et sont équipés de détecteurs de matelas ultra-sensibles avec alarme à 130 dB. En prime, il faut que ce quelqu’un soit debout et marche, sinon l’alarme se relance. L’image du petit ange qui dort tranquillement dans son petit lit entre deux repas tient plus du phantasme de parent épuisé que d’une représentation crédible du bébé ordinaire.

Et puisqu’on est dans le sommeil, rares sont les bébés qui font leurs nuits à peine rentrés de la maternité, ou à quelques semaines, ou à trois mois, ou à 5 kg, ou …. Et même s’ils les font à un moment donné, profitez du répit car de nombreuses circonstances peuvent changer cet état béni : poussée dentaire, maladie, acquisition d’une étape de développement (comme la marche), changement de l’environnement (déménagement, petit frère, passage de la Lune dans la troisième maison du Bélier…), etc. D’ailleurs tout le monde ne s’accorde pas sur la définition de « faire ses nuits ». Sur le site LLL, on apprend que cela consiste à « dormir jusqu’à cinq heures d’affilée au moins quatre nuits par semaine »*, et que 25 % des enfants d’un an ne remplissent pas ces critères ! Entre cette situation et dormir systématiquement des nuits de douze heures sans interruption, il y a une large palettes de situations où doit se trouver la majorité des bambins (et donc des styles éducatifs très variés).

Quant à l’endormissement seul c’est une compétence qui s’acquiert trèèèès progressivement. Rien que de plus banal qu’un bébé qui ne s’endort qu’au sein/dans les bras/en voiture/en poussette/en porte-bébé (et j’en oublie sûrement) et ce pendant plusieurs mois (« plusieurs » pouvant être supérieur à douze…). A propos de l’endormissement au sein voir l’avis du Dr Jack Newman (point n°9).

D’ailleurs beaucoup de bébés aiment téter. Les premiers mois, c’est d’ailleurs leur principale source de plaisir et de réconfort. Bien sûr ils aiment aussi être dans les bras (et le contact leur est aussi vital que le lait) mais le besoin de succion ne peut pas être comblé par un câlin. Or il n’y a pas trente-six façons de satisfaire ce besoin de succion, d’autant plus qu’il est extrêmement rare qu’un nouveau-né sache téter ses doigts de façon satisfaisante : le sein, le petit doigt d’un des parents ou la tétine. Ainsi, dans le monde 8 bébés sur 10 sucent leur pouce et 50 à 80% des bébés occidentaux entre un et six mois ont une tétine. Donc pour la plupart des bébés cela se traduit par passer beaucoup de temps au sein (rien à voir avec les quinze minutes toutes les trois heures qu’on préconise encore dans certaines maternités) et/ou par avoir une tétine (même si les parents s’étaient jurés -avant la naissance- que cet instrument de Satan n’entrerait pas dans leur foyer). Et ils sont aussi nombreux à avoir besoin de téter pour s’endormir, que ce soit le sein, le pouce, la tétine ou autre chose.

Mais quand on a le nez dans le guidon et qu’on dort par tranches de 2-3 heures depuis des semaines, on oublie que les enfants changent. Vite. Radicalement. Leur échelle de temps n’est pas la même que la nôtre : un mois pour un nouveau-né, c’est énorme. Inutile de paniquer s’il ne fait pas ses siestes dans son lit alors qu’il doit aller chez la nounou dans quelques semaines, il aura tellement changé d’ici-là. Et s’il ne les fait toujours pas le jour J, il s’adaptera (avec l’aide de la nounou, qui est payée pour ça). Pensez que cet adorable boutchou qui s’abandonne au sommeil dans vos bras sera un jour un ado boutonneux aux cheveux gras qui vous ignorera à la sortie du collège. Il est parfois plus simple d’accepter que la situation, bien que difficile, est normale et finira par passer que d’essayer par tous les moyens de la faire évoluer. Et en attendant il y a quand même des trucs pour se faciliter la vie : un bon porte-bébé pour l’enfant qui ne veut pas faire de sieste dans son lit par exemple.

Votre enfant ne fait rien de tout ça ? Alors profitez-en et ne pavoisez pas trop auprès de vos congénères qui ont des cernes jusqu’au menton, vous n’y êtes probablement pas pour grand chose (certains le découvrent quand ils ont ensuite un autre enfant qui correspond plus au profil type…). Et si vous le reconnaissez dans tout ou partie de cette description, dites-vous bien que tout cela n’a rien d’anormal et n’est pas de votre faute. Vous n’avez pas raté un truc, vous n’êtes pas des parents incompétents. Ceux qui vous prétendent le contraire n’ont jamais vécu avec un bébé ou sont sous le coup de la fameuse amnésie parentale. A ma connaissance il n’y a AUCUNE recette miracle pour modifier totalement et durablement ces comportements. Bien sûr chaque famille a sa petite cuisine, ses petits trucs qui facilitent la vie, qui permettent parfois d’accélérer des transitions quand la situation devient trop difficile mais ce ne sont jamais des panacées universelles. Enfin si vous n’avez pas encore d’enfant (ou si vous êtes enceinte), attendez-vous à tout cela et pire encore, et vous ne pourrez avoir qu’une bonne surprise.

Enfin que ceux de mon lectorat pour qui ce billet est un enchaînement de truismes et de lapalissades me pardonnent, mais il me semble que tout ceci n’est pas assez dit. Personnellement j’aurais bien aimé trouver ça dans le Laurence Pernoud que j’ai lu enceinte de Pouss1 . Et vous, il y a d’autres chose que vous auriez aimé qu’on vous dise ?

*pour ma part je considère qu’un enfant fait ses nuits lorsqu’il n’a plus besoin d’intervention extérieure pour se rendormir pendant la nuit.

Photo : en général les bébés ne font pas de roller, mais vous le saviez peut-être ?

zzzZZzzZZZZzzz

mercredi, septembre 17th, 2008

 Aujourd’hui un sujet délicat : le sommeil de nos poussins. Passons sur les incessantes (et horripilantes) questions de l’entourage (« Alors, il fait ses nuits ? » « Comment ça, pas encoooooore ? »), après lesquelles viennent généralement une foule de conseils plus ou moins appropriés (passons aussi sur la tétine au miel ou encore le p’tit coup de gnôle dans le biberon), qui mettent en panique les pauvres parents. C’est d’autant plus énervant que c’est un vrai problème : manquer de sommeil rend fou les parents comme les enfants. Non parce que si vous croyez qu’un enfant qui a besoin de dormir, ben il dort, vous vous fourrez le doigt dans le nez jusqu’à l’oeil. Si vous croyez encore à  cette expression « dormir comme un bébé » (ha ha ha ha ha), ou encore certains auteurs qui affirment sans rigoler qu’un nouveau-né dort 20h sur 24 (y en a peut-être un qui fait ça en France effectivement, mais probablement pas beaucoup plus si on en croit les jeunes parents), c’est que vous n’avez pas d’enfants ou que vous êtes amnésique. C’est un des plus gros problèmes des tout petits : ils ne savent pas s’endormir. A partir de là, chacun a son seuil de tolérance, en termes de kilomètres à marcher pour bercer le petit monstre et de nombre de réveils par nuit. Tant qu’il n’est pas dépassé, tout va bien, mais quand on s’en rapproche, voilà quelques idées. Pas de recette miracle, parce qu’hélas ça n’existe pas. 

D’abord, il ne faut pas sous-estimer d’éventuels problèmes physiques ou psychologiques, notamment si la naissance a été difficile. N’hésitez pas à en parler avec un médecin, une sage-femme, un psy, un ostéopathe (ou autre professionnel de santé) en qui vous ayez confiance, ça peut faire des miracles. A savoir : les otites (et dans une moindre mesure les poussées dentaires) sont plus douloureuses quand on est allongé. Dans ces cas-là (marche également pour le rhume et les régurgitations), surélever légèrement le matelas sous la tête du poussin peut apporter une amélioration significative. En pratique, roulez une serviette sous le matelas ou mettez des livres sous les deux pieds de la tête de lit (ou cédez aux sirènes du marketing).

Sur Babble, un père témoigne qu’après avoir tout essayé, donner de la mélatonine (l’hormone du sommeil) à leur fille de trois ans a révolutionné leurs nuits. A voir avec un médecin. L’emmaillotage revient à la mode, et on développe de nouvelles formes de matelas comme le cocoonababy. Je n’ai rien testé de tout ça, mais pourquoi pas ?

On vous a aussi peut-être dit qu’un bébé dort même s’il y a de la lumière, même s’il y a du bruit. N’empêche que si vous rencontrez quelques problèmes de sommeil, vous pouvez commencer par coucher le poussin dans un endroit très calme et très sombre, ça aide. Un petit truc qui peut marcher (pas du tout chez nous mais j’ai vu des témoignages positifs) : laisser dans le lit/berceau un tissu imprégné de l’odeur de maman (genre le t-shirt que vous portez depuis trois jours).

Ensuite, il faut avoir des objectifs réalistes et en phase avec la maturité du poussin. Tout le monde a entendu parler de bébés qui font leurs nuits à la maternité ou à quinze jours, mais autant vous le dire tout de suite, c’est aussi courant qu’un gothique à un concert de Lorie. On peut se baser sur quelques repères : par exemple une règle plus ou moins vérifiée dit qu’un bébé ne peut pas tenir la nuit sans manger avant d’avoir atteint 5 ou 6 kg, ou encore selon Grandsenne les enfants se règlent tous vers 3 mois. Mais cela reste des repères, c’est aux parents de sentir ce que leur enfant est prêt à faire ou pas. Pour cela, si vous voulez tenter de lui faire franchir une étape, essayez progressivement et si vous voyez que ça ne marche pas du tout, laissez tomber quelque temps : chez un tout petit, les choses peuvent changer d’une semaine à l’autre. Et attendez-vous à des « régressions » passagères à chaque changement important dans la vie de bébé (déménagement, reprise du travail de la mère, acquisition d’une étape majeure comme la marche…).

Dans les premières semaines, tant que l’enfant passe quasiment tout son temps éveillé à manger, tant qu’il n’a pas vraiment pris le rythme jour-nuit, à mon humble avis il ne faut pas se poser trop de questions. Par contre, quand vous commencez à voir émerger une sorte de rythme, notamment au niveau des tétées/biberons, ça peut être un bon moment pour essayer de l’encourager à le suivre, en particulier la nuit. Je m’explique : si une nuit le poussin a tenu 5 heures sans manger, la suivante, s’il se réveille au bout de 3 heures, ne lui proposez pas systématiquement du bon lolo. Essayez d’abord de le rendormir autrement : câlin, bercement, berceuse/boîte à musique, doudou, tototte… Si vous allaitez, envoyez le papa. Et s’il a vraiment faim, vous le saurez très rapidement (puisque les cris augmenteront au lieu de diminuer) et au pire il aura patienté cinq minutes pour avoir son rata, ça ne me semble pas relever du traumatisme majeur. Par contre, il est assez risqué de vouloir manipuler le rythme, par exemple s’il dort depuis 20h et que vous vous couchez vers 23h, de le réveiller pour le nourrir au moment où vous vous couchez en espérant qu’il ne vous réveille pas à 1h. Le plus probable, c’est que n’ayant pas vraiment faim/n’étant pas réveillé, il prenne très peu et vous réveille quand même à 1h. Et le pire cas, il prend l’habitude de manger à 23h et à 1h, au lieu de seulement à 1h. Mais il y en a sûrement pour qui ça a marché, c’est quitte ou double !

En ce qui me concerne, j’ai été plutôt partisane de dissocier sommeil et nourriture dès que ça a été possible. C’est-à-dire d’éviter d’endormir ou de rendormir mon poussin au sein s’il ne le réclamait pas (j’utilisais la tototte quand ce n’était pas de la faim mais un besoin de succion à satisfaire), et de ne pas lui proposer à manger dès qu’il se réveillait (tant qu’il ne réclamait pas bien sûr). Ainsi il a pris l’habitude de ne pas avoir son petit déj à peine il ouvre l’oeil, ce qui aide grandement pour les grasses mat’ du week-end (maintenant on peut facilement dormir jusqu’à 9h30). Bien sûr s’il réclame au réveil on lui donne, ça n’est pas du dressage, mais s’il est calme on patiente en faisant un gros câlin en famille. 

Il faut savoir qu’un enfant dort moins bien avec ses parents que seul dans sa chambre, ou en tout cas qu’il se réveille plus souvent. Donc il faut décider si vous préférez beaucoup de réveils faciles à gérer (sans se lever ou presque) ou peu de réveils mais plus fatigants. Une des conséquences d’avoir le poussin à portée de main, c’est qu’on a tendance à intervenir au moindre gémissement, puisque ça nous réveille plus vite, et qu’on veut que ça s’arrête pour se rendormir. Ceci peut ralentir l’acquisition de la capacité de rendormissement par l’enfant. Et ce d’autant plus que les bébés ont souvent un sommeil assez bruyant, notamment à certaines phases où on peut facilement avoir l’impression qu’il se réveille alors que ce n’est pas le cas. Le problème étant qu’en voulant le rendormir (alors qu’il n’était pas éveillé), on le réveille effectivement : légèrement contre-productif ! Si vous êtes dans la chambre d’à côté, le temps de se réveiller, de comprendre ce qui se passe, et de jouer cinq minutes au jeu préféré des jeunes parents « Je fais semblant de dormir en espérant que l’autre se lève » ou « Cékikivasslever », avec un peu de chance il se sera rendormi tout seul (ou pas réveillé donc). Je précise que je ne suis pas du tout contre le cododo, que j’ai pratiqué avec bonheur. C’est à chacun de sentir ce qui lui convient le mieux à chaque moment.

Je vous ai dit tout le mal que je pensais du « laisser pleurer », cependant il y a des cas où ça me semble inévitable. Un exemple. Lorsque l’enfant commence à se déplacer, il exprime de plus en plus fortement sa volonté et son envie, en plus de ses besoins. Il veut jouer avec le hâchoir, il veut mettre ses doigts dans la prise, etc etc. Et puis il ne veut pas aller se coucher, bien qu’il soit visiblement fatigué. Alors quand vous le mettez au lit et que vous sortez de la chambre, il pleure (voire hurle) pour manifester son désaccord. Mais il est fatigué. Il peut très bien arriver qu’une fois son désaccord exprimé il s’endorme dans les deux minutes qui suivent votre sortie de la chambre. C’est ce que fait le poussin. Quand on le couche, il n’est pas rare qu’il pleure, mais pas plus de deux minutes (parfois à peine trente secondes). Et si on retourne le voir tout de suite, on ne fait que décaler le problème. Sachant qu’il s’endort beaucoup plus vite seul que si on est là (une présence le stimule plus qu’elle ne le calme), ça me semble plus profitable pour tout le monde qu’il râle deux minutes puis dorme paisiblement que de passer trois quarts d’heure autour de son coucher. De la même façon, quand il se réveille la nuit, il n’est pas rare que le temps qu’on émerge (et qu’on joue au Cékikivasslever), il ait retrouvé son doudou, repris son pouce et se soit rendormi tout seul. En allant dormir chez des amis, j’ai découvert qu’il s’était réveillé trois fois dans la nuit et que je n’en avais entendu qu’une (et le temps que j’émerge du coltar il était déjà rendormi, à la grande surprise de nos hôtes).  

Si vous allaitez, ne vous laisser pas pousser vers le sevrage dans l’espoir qu’il fasse ses nuits. Le résultat est loin d’être garanti, et ça risque de vous rester en travers de la gorge. Ceci dit, si vous avez repris le travail, il est possible que le bébé tète la nuit ce qu’il ne peut pas téter le jour.

Pour apprendre l‘endormissement autonome tout en douceur, il y a la méthode Pantley. Je n’ai pas testé, mais ça peut être une bonne solution, même si à mon avis il faut être trèèèèèèèès patient. Un peu plus douloureuse et controversée, la méthode Ferber consiste à laisser pleurer l’enfant 1 minute, revenir pour le rassurer (sans le prendre), le laisser pleurer 2 minutes, revenir, et ainsi de suite sans jamais dépasser 5 minutes. A mon avis, à manier avec prudence et pas chez un nouveau-né (et surtout ne pas s’y accrocher envers et contre tout), mais ça peut donner un cadre pour aider un grand bébé à s’endormir seul. 

Et puis ce qu’on ne vous dit pas (attention la poule pondeuse dénonce un complot mondiaaaaaal), c’est que la plupart des bébés dort mieux sur le ventre. Mon pédiatre l’a avoué sous la torture (vous avez déjà entendu les cris suraigus du poussin ?). Attention, loin de moi l’idée de remettre en question le lien entre position de sommeil et mort subite du nourrisson : il est clair que ces décès ont chuté depuis qu’on couche les poussins sur le dos, et il faut encourager les parents à le faire. Mais… mais si à chaque fois que vous tentez de coucher votre poussin endormi il se réveille, essayez de le mettre un peu sur le ventre (miraculeux pour ceux qui ont un rototo coincé), et puis retournez-le après 10-15 minutes, quand il est profondément endormi. Cela va sans dire, à 4 heures du mat’, après une demi-heure de biberon/tétée, rototo (peut être nécessaire au sein aussi, surtout si on a un bon débit), tour de la maison avec bébé dans le bras, quand ENFIN le monstre a l’air de dormir dans son lit, on rêve d’attendre encore un quart d’heure pour le retourner. Surtout quand on doit se lever à 6h45. Ouiiiiiiii Docteur, bien sûûûûûûr, comptez sur moi. Ha ha ha. 

Et vous, vous avez des trucs ?

(Photo : Flickr)

Le cododo (2)

mercredi, juin 4th, 2008

Si l’aventure du cododo vous tente, voici quelques conseils pratiques pour dormir avec un bébé.

A mon avis, l’accessoire essentiel c’est la veilleuse. Idéal pour éviter d’allumer la lumière alors qu’on n’a aucune envie de se réveiller et pour bien mettre le poussin au sein quand on débute (que celle qui ne s’est jamais fait téter à côté du téton -ouch!- me jette la première boîte de coussinets). On peut aussi vérifier discrètement s’il s’est endormi.

Dans les premiers mois/semaines de l’allaitement (selon les femmes), on a tendance à avoir des fuites de lait, mieux vaut dormir avec soutien-gorge et coussinets pour éviter de se réveiller dans un environnement humide (et poisseux, le lait maternel est très sucré). Au moment où vous dégainez la bête, il peut être utile de mettre une serviette ou un lange entre votre sein et le lit. Vous pouvez aussi laisser un lange sous la tête du poussin s’il a tendance à régurgiter, pour éviter de changer les draps d’un lit double pour un fromage. Idem pour les fesses si vous avez des problèmes d’étanchéité de couches/une épidémie de gastro. 

Tant qu’on y est, on peut aussi prévoir une bouteille d’eau (l’allaitement donne soif) et une petite collation (et ça creuse). Si vous biberonnez, vous pouvez prévoir les biberons d’eau avec les doses de lait correspondantes à proximité (trouver des récipients de stockage qui permettent de verser facilement la poudre sans en mettre partout -et me signaler au passage ce que vous avez trouvé, ça m’intéresse).

On ne va pas écraser le poussin ? Une simple question : « Vous êtes-vous déjà réveillé en pleine nuit sur votre chéri(e) ? (à l’insu de votre plein gré, inutile de faire des sous-entendus salaces) » Même en dormant, on a conscience de la présence de l’autre (et même un nouveau-né ne se laissera pas écraser comme ça). Evidemment, ça ne vaut pas si on a pris des substances licites ou illicites qui affectent notre conscience (alcool, drogues, somnifères…), donc pas de cododo ces nuits-là. Eviter aussi si on fume.

Comment installer le poussin ? Les principaux risques sont à mon avis la chute du lit et l’étouffement par couette/oreiller. Il faut adapter en fonction de l’âge de l’enfant et de la température de la pièce. Pour la chute, il y a un certain nombre de variantes : mettre l’enfant entre les parents, ou entre un parent et le mur, le mettre dans un petit lit à barreaux en « side-car », c’est à dire collé au lit parental, mettre le matelas par terre, etc. Pour la couette, la sécurité totale est de se mettre chacun dans un sac de couchage (et le poussin dans une gigoteuse/nid d’ange). Je comprends que ça ne fasse pas très envie (jamais pratiqué moi-même). Un nouveau-né (qui de toute façon ne bouge pas) peut être placé au niveau de la tête des parents, qui ont quand même peu de chances de se mettre la couette sur le visage. Sinon il faut le mettre sur la couette (avec sa gigoteuse s’il fait froid). Si vous avez des trucs à partager, n’hésitez pas !

J’en profite pour dire que ces histoires de couette et de gigoteuse ne sont pas des inventions des magasins de puéricultures pour nous vendre plus de trucs : un couple qui m’est très proche a perdu un enfant d’un an qui s’est étouffé dans son édredon pendant sa sieste.

Et comment se retrouve-t-on à deux entre adultes consentants, si on a un moins d’1 mètres collé aux basques 24 heures sur 24. Pour les premières semaines, euh, comment dire, ce genre de préoccupation risque fort d’être le cadet de vos soucis. Ensuite, eh bien il n’y a pas que le lit ou la nuit pour réviser son kama sutra… Il paraît même que les mères allaitantes reprennent plus vite une activité sexuelle que les autres ! Incroyable non ?

Enfin vous trouverez plein d’informations et de conseils sur ce petit dépliant de l’UNICEF, ainsi que sur le site du cododo. Et n’hésitez pas à nous faire partager vos trucs !

Le cododo (1)

mardi, juin 3rd, 2008

  C’est le nouveau mot à la mode pour désigner un concept ancestral : partager son lit ou sa chambre avec son (ou ses) enfant(s). Après quelques décennies de « Un bébé doit dormir tout seul dans son lit dans sa chambre », la nouvelle vague rappelle que la grande majorité de l’humanité ne fait pas chambre à part, et que le nouveau-né est bien trop immature pour dormir seul. Une fois n’est pas coutume, je vais vous raconter un peu ma vie.

Quand j’étais enceinte, j’envisageais que le poussin dorme dans notre chambre mais dans son joli berceau. Je n’avais pas vraiment réalisé qu’on pouvait faire autrement. Le poussin est né au petit matin, et me voilà le premier soir, seule dans la chambre à la maternité, dans mon lit d’hôpital observant l’adorable merveille qui dormait dans son petit berceau en plexi, tout contre mon lit. Et là, la puéricultrice du soir (qui venait nous border faisait sa ronde) me dit « Vous allaitez ? Mais prenez-le dans votre lit, vous verrez ce sera bien plus simple. » Je rattrape ma mâchoire qui venait de se décrocher, réfléchis quelques instants et adhère rapidement au bon sens de ses propos. Hop, le poussin dans mon lit. Ah que c’était moins fatigant que de se contorsionner pour le sortir du berceau sans se lever, même en réarrangeant régulièrement le coussin d’allaitement au bord pour faire barrière (le lit était pourvu de barrières, hélas prévues pour retenir la maman mais pas le poussin) à chaque fois qu’on changeait de côté. Le lendemain soir, nouvelle équipe médicale, et rebelote : la puéricultrice était ravie de voir mon installation pour prévenir une chute malencontreuse.

A peine rentrés à la maison, je ne me voyais plus faire autrement. Le coq, qui avait été soigneusement briefé (ne pas contrarier une jeune maman, surtout fraîchement rentrée de la maternité, sous peine de baby blues et torrents de larmes), a accepté de prendre le poussin entre nous. Le premier mois a donc été beaucoup moins fatigant que prévu : le poussin chouinait légèrement, je dégrafais mon soutien-gorge, le mettais au sein et voilà. Il m’est arrivé souvent de me réveiller avec un sein à l’air et le poussin qui dormait béatement juste à côté. Le coq lui ne se réveillait même pas (sauf quand je lui collais un méchant coup de coude pour lui suggérer d’aller changer la couche de son fils, niark niark niark). J’ai l’impression aussi que comme ça il a très vite compris que la nuit il fallait dormir… Et puis aux esprits chagrins qui s’offusquaient de telles pratiques je répondais « C’est ce qu’on m’a conseillé à la maternité (hôpital public de niveau III) », et toc !

Ensuite, vers ses un mois, nous avons mis le poussin dans la nacelle à côté du lit, et après trois mois il est passé dans son lit dans sa chambre, parce que nous avions envie de plus d’intimité. Je n’irai pas jusqu’à dire que tout s’est passé comme sur des roulettes, mais je pense que les nuits agitées étaient le résultat d’un ensemble de choses. Quoi qu’il en soit, vers quatre mois le poussin s’endormait à peu près sans problème pour des nuits de 12 heures, dans son lit dans sa chambre. Je ne dis pas ça pour rendre fous de jalousie les parents qui n’ont pas cette chance, mais pour dire que le cododo ne condamne pas forcément à avoir le poussin dans les pattes (ou plutôt dans le plumard) jusqu’à ses 18 ans. Et maintenant il a plus de difficultés à s’endormir si il est avec quelqu’un que si il est seul (il est du genre hyper actif et curieux, qui ne veut rien rater de ce qui se passe).

Alors à faire ou à éviter ? Comme toujours, c’est à chacun de trouver ses marques. Si une solution vous empêche de fermer l’œil de la nuit (vous vous relevez quinze fois pour aller vérifier qu’il respire ou au contraire les bruits de son sommeil vous rendent insomniaque) alors elle n’est pas pour vous. Et puis combien de temps ? A mon avis jusqu’à ce que quelqu’un en ait marre (parent ou enfant). On n’est pas non plus obligé de choisir définitivement et de se ranger dans un camp. On a tout à fait le droit de commencer la nuit chacun de son côté et de se rejoindre en cours de route, ou de ne dormir ensemble que les jours pairs, bref n’importe quelle solution qui vous convienne. Il y a un joli témoignage sur le sujet ici. Il ne faut pas choisir une solution « parce qu’on m’a dit que c’était le mieux ». Il faut choisir « parce que c’est comme ça qu’on se sent le mieux ». A ce sujet, j’ai aussi bien aimé ce billet.

Demain quelques idées pratiques pour dormir comme des bébés (ben bien sûr)…

Qui dort dîne

mercredi, mai 14th, 2008

Un petit truc à destination des allaitantes (Je parle là pour les cas où tout se passe gentiment : la lactation est suffisante, le poussin tète bien, il grossit bien, etc. Pour les autres il vaut mieux se référer à des professionnels). Vous avez peut-être remarqué que votre poussin (surtout s’il est tout neuf) a une légère tendance à s’endormir au sein. Je ne parle pas de sombrer dans le sommeil après une bonne tétée, l’air d’un junkie qui vient d’avoir sa dose et la goutte de lait sur la commissure des lèvres. Ce que je veux dire, c’est : « je tète 5 minutes, je pionce 10 minutes -sans lâcher le néné-, puis je retète », etc, le tout pouvant durer une éternité. Il faut savoir qu’avoir l’estomac toujours un peu plein peut entraîner un mal de ventre chez le nourrisson, qui voudra le soulager en tétant, et entrera ainsi dans une sorte de cercle vicieux où il ne se décrochera plus du sein -littéralement. Si cette situation vous pèse un peu, voici quelques petits trucs que la sage-femme m’avait donnés. Rien de révolutionnaire, mais ça m’a bien rendu service, alors je fais passer.

  • Lorsque le poussin est au sein, il faut qu’il soit efficace (on n’est pas là pour rigoler, non mais !). Donc il faut vérifier régulièrement qu’il est vraiment en train de manger (vous voyez les muscles de la mâchoire et près de la tempe qui se contractent). On peut dire qu’en 3/4 h maximum l’affaire devrait être pliée.
  • Quand on a chaud, on s’endort plus facilement. Le fait de téter (= effort physique) et d’être tout contre mômman (= chaleur humaine) fait monter la température. Ne pas hésiter à enlever une couche au poussin avant de le mettre au sein, ou d’ouvrir les boutons du pyjama par exemple.
  • Si vous voyez que Junior commence à piquer du nez au bout de cinq minutes, stimulez-le par des petites papouilles, en le massant un peu sur le corps et/ou sur le visage.
  • Si malgré tout il s’endort, décrochez-le doucement du sein (en passant un doigt dans sa bouche pour décoller la ventouse, pas en tirant sur le sein bien sûr). Il n’est pas forcément optimal qu’il prenne l’habitude de faire sa sieste avec un téton dans la bouche. Personnellement j’avais observé qu’il suffisait dans ces cas-là de mettre le poussin endormi dans son joli berceau pour qu’il se réveille dans les deux minutes et finisse sa tétée bien efficace…

N’hésitez pas si vous avez d’autres trucs à les partager dans les commentaires.

Mais tu vas la fermer ta g….

mardi, mai 6th, 2008

  Quiconque a déjà vécu avec un nourrisson n’a pas pu passer à côté de la terrible vérité : un bébé, ça pleure. Même Lao-Tseu l’a remarqué : « Il faut trouver la voie. C’est pourquoi je vais vous couper la tête. » « Le bébé vagit tout le jour sans avoir la gorge enrouée ». C’est ça le pire : ils sont équipés pour pouvoir hurler toute la journée (et toute la nuit). Le bon sens suggère que la première chose à faire pour limiter les hurlements est de respecter autant que possible le rythme du poussin : le nourrir quand il a faim, le changer quand il a fait et le coucher quand il a sommeil. Sauf que le bébé-type semble avoir un léger souci : bien qu’il ait clairement sommeil, il n’a pas l’air d’avoir compris que la solution à son problème était tout simplement de s’endormir, et pas de hurler comme si on tentait de l’éviscérer. Parfois (souvent ?) aussi, il veut juste être dans les bras, va se calmer quand on le prend et se remettre à crier dès qu’on le pose (notamment observé lors de la phase de tentative d’endormissement, le poussin étant livré en série avec un détecteur de matelas ultra-perfectionné). Et puis il y a des moments où on a beau le prendre dans les bras, lui proposer à manger, le changer, le bercer, mais rien n’y fait : il hurle. Il hurle si on le pose, il hurle si on le prend, il hurle si on marche, il hurle si on s’assied. Et il est proche des 130 dB.

D’abord pourquoi tant de haine ? Il faut savoir qu’un tout petit, contrairement à Einstein, n’a aucun sens de la relativité. Il ne peut pas se dire « ça n’est pas si grave », ou « ça va aller mieux bientôt ». C’est physiquement impossible : il n’a pas la maturité neurologique pour le faire. En plus, il ne peut pas faire grand chose pour résoudre lui-même ses problèmes : par exemple s’il a mal au ventre il ne saura pas prendre une position plus confortable ou se faire un petit massage. Enfin, il « sait » au plus profond de lui que si on ne s’occupe pas de lui sa survie est en jeu. Toute son énergie est donc dévouée à se rappeler au bon souvenir des adultes qui en ont la charge. Et pour ça il n’a pas trente-six solutions ; malheureusement le formulaire de réclamation B-7623f en trois exemplaires (rose, jaune et bleu) n’est pas dans ses cordes. Vous savez qu’il ne risque rien bien installé dans son berceau dans sa chambre au calme et qu’un tigre à dent de sabre ne va pas surgir pour en faire son quatre heures. Mais le bébé, lui, n’est pas au courant. Laisser pleurer un nouveau-né est donc pour lui un acte de grande violence. Et c’est bien pour ça que ça nous est vite insupportable.

Alors qu’est-ce qu’on fait ? A mon avis, et quoi qu’on en dise, il n’y a pas vraiment de bonne raison de laisser un bébé pleurer, et surtout pas (en vrac et non exhaustif) : se faire les poumons, lui montrer qui est le chef, ne pas répondre à ses odieux caprices et machiavéliques tentatives de manipulation. Ceci étant dit, nous ne sommes pas des saints et nous ne vivons pas au pays magique des bisounours. Je vois au moins trois situations dans lesquelles laisser un bébé pleurer :

  • On ne peut pas s’en occuper là maintenant tout de suite. Exemples : on est dans la voiture (il vaut mieux qu’il pleure plutôt que de faire la balle de flipper s’il y a un accident), on prend sa douche (oui, on n’est pas une mauvaise mère si on ne sort pas dégoulinante avec les cheveux pleins de shampooing pour aller consoler son poussin sur le champ).
  • On craque. C’est vraiment usant un bébé qui hurle, et il vaut mieux le poser dans son lit et fermer la porte que de lui hurler dessus en retour/le secouer/le balancer par la fenêtre. On a même le droit de lui dire « Je suis désolé(e), j’en peux plus, je reviendrai, mais là, arriverci bye bye » (pour remonter un peu son score de mauvais parent, en profiter pour introduire quelques notions de langues étrangères).
  • Certains enfants pleurent pour trouver le sommeil, et la présence d’un parent parfois les « excite » et ne fait que retarder leur chute salutaire dans les bras de Morphée. On reconnaît généralement cette situation à ce que les pleurs décroissent rapidement d’intensité (s’ils ont besoin de hurler deux heures tous les soirs pour s’endormir, il y a peut-être un problème à creuser). On a aussi le droit de ne plus en pouvoir de se lever la nuit, et de finir par laisser son poussin pleurer en attendant qu’il finisse par se rendormir. Il y en a qui font leurs nuits (ou plutôt celles de leurs parents…) après ça, mais ce n’est pas garanti pour autant.

En pratique, c’est à chacun de trouver ses limites et de sentir ce qui est acceptable pour lui. On ne rend pas service à son enfant si on devient un martyr à sa cause. Et petit à petit, au fur et à mesure que le poussin pousse, il acquière progressivement la capacité de patienter, de jouer tout seul et finalement de relativiser.

En attendant, un bon porte-bébé peut rendre d’inestimables services pour tenter de mener sa vie tout en garantissant la paix auditive. Une visite chez l’ostéo fait aussi parfois des miracles (mais pas toujours, votre dévouée poule s’étant vu facturer 55€ pour qu’après 5 minutes d’examen l’ostéo déclare que le poussin pétait le feu…). Il y a aussi le tour en poussette/en voiture, le lave-linge, le transat vibreur et que sais-je encore (ça peut-être ?), avec comme toujours des résultats très variables selon les individus.

Paradoxalement, il ne faut pas non plus avoir peur de faire parfois pleurer son enfant : par exemple s’il n’a pas envie qu’on l’habille là maintenant tout de suite, ce n’est pas une raison pour le laisser à poil, etc etc. Ce qui est vraiment dommage à mon avis, c’est de laisser pleurer son enfant parce qu' »il faut », ou parce que Mamie/la boulangère/le beau-frère/le pédiatre a dit que c’était mieux, alors que ça nous fend le cœur. Et puis petit à petit, à force de si bien s’en occuper, on vous dira « mais il ne pleure jamais cet enfant ! » (à votre grande surprise). Enfin pas d’inquiétude, tout enfant finit un jour par vouloir quitter les bras de ses géniteurs (au plus tard à l’adolescence…).