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L’enfant et le couple

mardi, mai 3rd, 2011

D’un point de vue purement biologique, l’enfant est la principale raison d’être du couple. Socialement, c’est également souvent le cas, même si les sociétés occidentales voient l’émergence d’une proportion croissante de couples et d’individus revendiquant le désir d’une vie sans enfant. Sans compter que le schéma familial classique avec le couple parental et les enfants qui en sont issus coexiste maintenant avec d’autres formes de parentalités : familles recomposées, homoparentalité, etc. Sans vouloir ignorer la diversité des situations, je vais me concentrer sur la famille « traditionnelle » mais surtout n’hésitez pas à vous en éloigner dans les commentaires.

Avant même la venue de l’enfant, cela peut déjà être un sujet de discorde : l’un souhaite être parent et pas l’autre, et voilà un beau sujet de friction. Et même si les deux sont d’accord mais que l’enfant ne vient pas… Un désir d’enfant non satisfait est une blessure profonde, qui peut conduire à la rupture. Quant à un bébé surprise, c’est aussi souvent une sacrée zizanie : quand l’un veut le garder et pas l’autre, quelle que soit la décision finale, c’est un sacré coup porté au couple.

Et quand un enfant désiré par ses deux parents s’annonce… Comme déjà expliqué ici, beaucoup d’adultes ne réalisent pas vraiment ce qu’est un bébé et ce qu’il demande. Sans vouloir verser dans les clichés, il est relativement fréquent que la future mère, une fois le deuxième trait apparu sur le bâtonnet, commence à se documenter sur la question. En même temps, plus difficile de faire comme s’il ne se passait rien quand avant même d’avoir atteint le centimètre votre future progéniture vous transforme en marmotte vomissante. Le suivi de la grossesse et les choix faits pour l’accouchement sont des sources de débat : comment choisir quand on n’a pas la même hiérarchie des risques ? D’autant plus qu’autant la mère a évidemment le dernier mot sur ce qui concerne son propre corps, autant le père a un avis légitime sur ce qui a des conséquences pour l’enfant : comment concilier cela (même si légalement c’est l’avis de la mère qui l’emporte) ? Que faire si la mère veut accoucher à la maison (et qu’elle trouve une sage-femme pour l’accompagner…) et que le père trouve cela trop dangereux  ? Ou qu’elle ne veut pas de péridurale alors qu’il ne peut envisager de la voir souffrir ? A l’inverse, c’est le père qui peut être persuadé des bienfaits d’une naissance avec peu d’intervention tandis que la mère désire une césarienne.

Et même dans les cas où personne ne se posait trop de questions, la naissance -toujours pleine d’imprévus- peut être vécue de façon bien différente. Parfois c’est le père qui a vu ce qu’il n’aurait pas voulu voir : sa femme dans une situation peu glamour, sa femme en danger ou encore une équipe en train de s’affairer autour d’elle et du bébé tandis qu’il reste planté là habillé en schtroumpf sans pouvoir rien faire. Il y a des cas où c’est la mère qui vit très mal un accouchement, pourtant décrit par le classique « La mère et le bébé vont bien ». Mais ce n’est pas parce qu’on a un corps qui fonctionne qu’on va bien, même si bien sûr ça aide !

La période du post-partum est particulièrement délicate. La femme, si elle n’est pas Rachida Dati, n’est en général pas au top (et c’est un euphémisme). On oublie à tort l’adage de grand-mère « Neuf mois pour le faire, neuf mois pour le défaire », et on s’imagine qu’à peine le flan démoulé on va revenir instantanément à l’état pré-conceptionnel. Mais rien que pour le ventre, imaginez-vous un peu : l’utérus, qui en temps normal fait à peu près la taille d’une figue fraîche, pèse à terme près d’un kilo, pour une capacité de plusieurs litres. Les abdominaux s’allongent d’environ 20 cm. Et tout cela n’est que la partie émergée de l’iceberg (comme déjà dit ici). Bref, alors que la femme est molle (dans une société qui valorise la fermeté), a la foufoune en chou-fleur (alors qu’elle doit porter des garnitures périodiques ultra-super-plus), les cheveux qui tombent, les poils qui poussent, les seins en obus, les hormones qui font pleurer et j’en passe (notamment certaines difficultés courantes des débuts de l’allaitement), elle doit apprendre à vivre avec un bébé, qui en prime ne ressemble pas du tout à ce qu’elle avait lu dans Laurence Pernoud. Le père, qui a parfois du mal à s’investir dans la grossesse voit d’un seul coup les choses devenir extrêmement concrètes, ce qu’il peut trouver difficile à assimiler. En bref, c’est un moment très délicat pour le couple. Et si vous rajoutez un soupçon de belle-maman qui dit que votre nouveau-né vous manipule déjà et/ou d’un pédiatre un peu psycho-rigide pour qui vous ne faites rien comme il faut, c’est un miracle qu’il n’y ait pas plus de crimes passionnels pendant le post-partum (peut-être les gens sont-ils simplement trop épuisés ?).

Et puis très vite il faut prendre des décisions, faire des choix : sommeil, alimentation, réponse aux pleurs… autant de sources possibles de dissensions voire de franches disputes. C’est vrai : avant de décider de faire un bébé à deux, qui a vraiment vérifié la totale compatibilité de vision de la chose au sein du couple ? Qui s’est posé des questions dont il ignorait jusqu’à l’existence ? D’autant plus qu’à 4 heures du matin, après deux mois de nuits hachées, ce n’est pas vraiment le moment idéal pour débattre de sa conception philosophique de l’éducation. Vous pouvez penser être rodés pour le deuxième (troisième, etc), mais en réalité le problème se repose et de façon différente. Chaque parent a une relation différente avec chaque enfant, et cela change selon les périodes. Et bien sûr chaque enfant pose des problèmes différents.

Alors, après ce tableau quasi-apocalyptique, que peut-on proposer ? Bien sûr, et comme toujours, chacun doit trouver ses propres solutions, adaptées à sa situation, mais voici quelques pistes (rien de bien révolutionnaire hélas).

  • Définir ses priorités éducatives. Qu’est-ce qui n’est vraiment pas négociable pour chacun, et qu’est-ce que chacun fait à sa sauce ? Cela est utile de façon générale, quand on doit confier l’enfant, et pour l’éducation en général : choisir ses combats… Par exemple moi je me fiche bien de la façon dont on donne le bain (du moment que le résultat est à peu près satisfaisant), voire même que les enfants en prennent un, mais je suis intransigeante sur les tapes et fessées : j’en veux zéro.
  • Définir des priorités familiales et individuelles. Avec l’arrivée d’un enfant, il est illusoire de penser qu’on va mener la même vie qu’avant. Cela ne veut pas dire qu’on ne peut plus rien faire mais qu’il faut choisir. Il peut être salutaire de se garder une activité à soi, pour soi, mais c’est maintenant quelque chose à négocier entre parents. Ça peut aussi être l’occasion de (re)discuter du partage des tâches ménagères…
  • Anticiper le pétage de plomb et passer le relai. Les enfants, dès la naissance, savent nous pousser à bout comme personne. Avant de leur hurler dessus, ou pire de les violenter, dire à l’autre qu’on n’en peut plus et aller se défouler plus loin. Et être aussi disponible que possible pour rendre la pareille.
  • Laisser l’autre s’occuper de l’enfant sans l’abreuver de conseils ni le surveiller. Particulièrement important à trois heures du matin : celui qui s’est levé agit et l’autre la boucle, à moins d’être sollicité (ou que l’autre franchisse une ligne rouge -cf premier point- ou craque). Et à mon avis c’est une clé importante pour que chacun construise SA relation avec l’enfant. Certaines femmes disent qu’étant comblées par leur bébé leur couple passe au second plan. Pas un problème en soi, mais à mon avis il faut laisser au père la possibilité d’être lui aussi comblé par bébé.
  • Rester à peu près solidaires en public. Les jeunes parents sont sous le feu de critiques constantes de l’entourage, et c’est vraiment plus facile à supporter à deux. Alors bien sûr on peut se moquer gentiment des petites manies de l’un ou de l’autre, mais quand une des grands-mères suggère que le lait maternel n’est pas assez nourrissant, ou qu’il ne faut pas céder aux caprices d’un petit de 15 jours qui veut toujours les bras, on fait bloc.
  • Prendre sur soi. Le manque de sommeil rend irritable, voire méchant. Chacun doit faire un effort pour ne pas en rajouter, en particulier quand c’est le dixième réveil à deux heures du matin. Remettre les critiques et les griefs à un moment plus serein, et à tête reposée, quand on est plus à même de faire le tri entre ce qui nous tient vraiment à cœur et ce qui n’est pas si grave. Éviter autant que possible de se disputer quand c’est déjà la crise avec bébé (qui hurle depuis une heure/ne veut pas se rendormir/etc). On gère ça d’abord et ensuite on en discute. De façon plus générale, il faut accepter que l’enfant absorbe beaucoup d’énergie et que dans un premier temps au moins le couple se met un peu entre parenthèses. Mais comme disait Chantal Birman dans une vidéo que je ne retrouve plus, il faut que l’enfant consomme équitablement l’énergie des deux parents pour résoudre les problèmes de décalage de libido entre père et mère.
  • Éviter les reproches culpabilisateurs. En matière d’éducation et de puériculture, il y a peu de relations de cause à effet vraiment établies, et surtout ce sont généralement de grandes tendances dont on ne sait pas à quel point elles sont valables pour le bébé qui vous intéresse. Donc inutile de rabâcher quinze fois que c’est parce que Chéri a oublié le bonnet que Junior a attrapé une bronchiolite. Ou que c’est parce qu’il est trop/pas assez porté qu’il pleure dès qu’on le pose. On fait des choix, on les assume, on change si ça ne convient pas/plus, et si bébé ne ressemble pas à un article de Famili c’est peut-être juste parce que c’est un vrai bébé.
  • Se permettre un peu de mauvaise foi de temps en temps. Quand vous voyez d’autres familles, accordez-vous le petit plaisir de constater entre vous à quel point votre enfant est vachement plus mieux et que c’est sans nul doute grâce à vos immenses talents parentaux. Bien sûr, c’est en contradiction complète avec le point précédent (qui vous oblige à rester second degré) mais c’est ça qui est bon. C’est aussi pour cela que cela doit rester entre vous, sous peine de manquement grave à l’étiquette parentale. [NB : à mes amis et famille qui lisent ce blog : le Coq et moi ne faisons jamais ça bien sûr, ayant de base une pleine confiance en nos capacités parentales…]
  • Respecter le timing de l’autre. Un bébé c’est plein de premières fois, certaines qu’il provoque lui-même (première dent, premiers pas…), d’autres que ses parents initient : première fois qu’on le laisse, première fois qu’on le laisse à un autre qu’un parent, première nuit dans son lit (s’il a commencé dans celui des parents)… Il me semble que c’est au parent qui est prêt en premier de ne pas faire violence à l’autre, mais aussi à l’autre d’entendre le désir de son conjoint de passer une étape, même si c’est pour la différer finalement.

Bien sûr, difficile de parler de couple sans parler de sexe, mais on l’a déjà fait ici et . Enfin ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, disent certains : si votre couple survit aux enfants, il n’en sera que plus soudé.

Photo : Le couple du moment. Même s’ils n’ont pas (encore) d’enfant, je suis sûre que ça pourrait les intéresser…

I have a dream

mercredi, décembre 8th, 2010

sagefemme E-zabel témoignait l’autre jour sur son blog de son expérience du baby blues et de la dépression du post-partum. Il est évidemment crucial d’informer les femmes de la possibilité de l’un comme de l’autre afin de les préparer au mieux à les affronter le cas échéant ; un tel billet est un formidable moyen de communiquer sur cela et je ne vais pas ici le décrire. Ce qui m’interroge, c’est la part de responsabilité de l’entourage de la jeune mère dans ces cas. En effet, autant il est important de savoir qu’il y a des processus hormonaux qui peuvent influencer l’humeur et le comportement, de façon parfois très forte, autant je trouve que les hormones ont parfois bon dos. Une jeune femme qui pleure à la maternité ? C’est les hormones, c’est le baby blues ! Êtes-vous sûr que ça n’a rien à voir avec le fait que depuis 6 heures du matin un(e) parfait(e) inconnu(e) entre dans sa chambre toutes les demi-heures environ pour des choses aussi urgentes que la prise de température ou une photographie de son bébé ? Alors que son bébé venait enfin de s’endormir du sommeil du juste vers 5h53 ? Ou encore cette vague impression d’avoir Hiroshima entre les jambes grâce au duo gagnant forceps/épisio ? Le fait qu’il faille rendre des comptes précis sur la quantité de lait ingérée (à la goutte près) et de selles produites (description quantitative et qualitative) sur les dernières 24 heures, qui conduit généralement les mères inexpérimentées à culpabiliser d’avoir oublié si bébé a tété 12 ou 17 minutes le sein gauche à 3h54 du matin et celles qui ont plus de bouteille à mentir ? Qu’on suggère insidieusement qu’elle affame son bébé si elle l’allaite et qu’elle l’empoisonne si elle le biberonne ? Qu’elle rentre chez elle pour trouver un bazar sans nom et ne peut compter que sur elle-même pour assurer un semblant d’ordre au foyer (heureusement ceci est de moins en moins fréquent, n’est-ce pas Messieurs ?) ? Vous devez commencer à voir où je veux en venir ?

Je ne suis pas professionnelle de santé, je ne suis pas psychologue, je ne suis pas dans une association, je n’ai même pas eu de baby blues, ce qui vous donne une idée de ma légitimité sur la question, mais je voudrais partager et discuter ici quelques idées avec vous, pour mieux entourer les femmes autour de la naissance et ainsi limiter et prévenir tant baby blues que dépression du post partum.

A mon avis, une des clés de la prévention c’est la sage-femme. Pas n’importe quelle sage-femme, ma sage-femme, ta sage-femme, leur sage-femme… En clair : une femme, une sage-femme. C’est ce que j’ai eu pour la grossesse, la naissance et les suites de couches de Pouss2 et c’est tellement logique. L’accompagnement global n’implique absolument pas d’accoucher chez soi sur une peau de mouton en brûlant de l’encens et en priant mère Gaïa d’épargner son bébé. On peut avoir une péridurale, une césarienne, passer une semaine à la maternité… tout est possible en fonction des besoins et envies de la femme et de son enfant ! Bien sûr le fait que ce soit cette sage-femme qui soit présente à l’accouchement, pendant toute sa durée, et exclusivement auprès de cette femme, peut poser des problèmes d’organisation (même si les sages-femmes en accompagnement global s’y engagent), qui pourraient être résolus en créant des petites équipes (deux à cinq sages-femmes par exemple dont il y a toujours une de garde ou d’astreinte), de telle façon à ce que la femme en travail et la sage-femme qui l’accompagne se connaissent. Pour moi, bien plus qu’une batterie d’examens, c’est là la vraie sécurité médicale autour de l’accouchement. Ce n’est pas une démédicalisation de la naissance que je souhaite, c’est une autre médicalisation. La sage-femme est compétente pour déceler toute pathologie et y répondre, que ce soit en pratiquant les premiers gestes (réanimation du bébé, délivrance artificielle, prescription de médicaments, etc) ou en passant le relai au médecin. Et ce dernier cas ne veut pas dire que la sage-femme ne peut pas garder sa place auprès des parents, afin d’assurer cette continuité si précieuse, qui lui permettra aussi de déceler les premiers signes d’une pathologie.

Je vais caricaturer*, mais à votre avis qui est plus à même de détecter une dépression du post-partum ? Le gynéco que vous voyez un quart d’heure dont la moitié les jambes en l’air ou la sage-femme qui vous reçoit trois quarts d’heure à parler de votre grossesse et de votre accouchement ? Et lors d’un accouchement, qui voit en premier que quelque chose ne va pas : la sage-femme qui court entre plusieurs femmes en travail en surveillant des monitorings continus (dont l’Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé reconnaît d’ailleurs qu’ils n’ont pas de meilleurs résultats qu’une écoute discontinue tout en entraînant plus d’interventions comme les césariennes) ? ou celle qui est auprès de la parturiente, qu’elle a appris à connaître au cours des derniers mois, et qui verra tout de suite une pâleur, un tremblement ou tout autre signe subtil potentiellement annonciateur d’un problème** et déclenchera immédiatement les tests médicaux ad hoc pour confirmer ou infirmer cette suspicion ? A qui la femme aura-t-elle plus de facilités à dire son ressenti, à confier une intuition que quelque chose ne va pas pendant l’accouchement, à avouer ses faiblesses, son découragement, ses difficultés après la naissance? Quelqu’un qu’elle a vu trois fois entre deux portes ou quelqu’un avec qui elle a noué une vraie relation de confiance ?

Il a été établi à de nombreuses reprises l’importance des processus psychologiques pendant la grossesse (certains hélas poussant le raisonnement un peu trop loin et incriminant la mère pour absolument tout et n’importe quel problème, ce qui en plus de ne pas être basé sur grand chose d’autre que leur pifomètre est hyper culpabilisant pour les femmes qui n’y peuvent pas grand chose). Alors pourquoi ne pas s’appuyer beaucoup plus largement sur les sages-femmes, qui ont la double compétence d’accompagnement humain ET médical ? Pourquoi ne pas leur permettre ainsi d’exercer pleinement leur profession, en respectant les besoins psychologiques de la mère tout en garantissant sa sécurité physique et celle de son bébé ?

En pratique, cela ne veut pas du tout dire que tout le monde doit accoucher de la même façon, mais simplement pouvoir trouver la sage-femme (ou la petite équipe) avec qui vivre sa grossesse, son accouchement et les suites, à la maternité, à la maison ou en maison de naissance, en fonction des souhaits des parents et des impératifs liés à d’éventuelles pathologies. Les sages-femmes hospitalières pourraient voir le mode d’organisation refondé pour travailler en ce sens, quant aux sages-femmes libérales une plus grande place pourrait leur être accordée, tant dans les maternités (avec l’ouverture plus généralisés des plateaux techniques, permettant aux femmes d’accoucher à la maternité mais en n’étant accompagnée que par la sage-femme libérale, comme je l’ai fait pour Pouss2) qu’à domicile et dans les (futures) maisons de naissance. A mon avis cela serait une belle piste pour s’assurer que chaque femme a les soins dont elle a réellement besoin : ni trop, ni trop peu ; un suivi sur mesure plutôt que des protocoles rigides et pas toujours efficaces.

Concrètement, si vous êtes enceinte ou si vous souhaitez une grossesse, je ne peux que vous encouragez à chercher une sage-femme, qui deviendra votre sage-femme. Dans l’état actuel du système français, c’est souvent plus simple de chercher une sage-femme libérale, qui aura généralement plus de temps à accorder en consultation (la mienne prévoyait 40-45 minutes par consultation pré-natale, ce qui se traduisait généralement par une heure !) et qui pourra venir vous voir à la maison après la naissance (et pourquoi pas à la maternité aussi, même si ce n’est pas vraiment dans nos mœurs ?). Malheureusement, elle ne pourra que rarement vous accompagner pendant la naissance, mais si cette possibilité vous intéresse cela vaut vraiment le coup de chercher. Elle peut en tout cas dès le début de la grossesse faire le point avec vous sur ce que vous souhaitez pour votre accouchement et vous aider à choisir une maternité dans votre coin en fonction de cela. Bien sûr, si vous n’accrochez pas, n’hésitez pas à changer, je crois vraiment que le facteur humain est capital dans cette relation. N’hésitez pas à faire cette démarche, même si vous êtes dans un cas particulier (jumeaux par exemple) ou pathologique (menace d’accouchement prématuré, suspicion de malformation, etc). Pour trouver une sage-femme, outre le bouche à oreille, vous pouvez consulter les pages jaunes, l’annuaire de l’ANSFL et celui du site Périnatalité (qui est d’ailleurs plein d’infos intéressantes). Au niveau financier, les consultations sage-femme sont remboursées par la sécurité sociale ; certaines pratiquent des dépassements d’honoraires (remboursables par les mutuelles en fonction de votre couverture) mais pas toutes.

Voici enfin quelques articles du blog autour de ce sujet :

Une femme, sa sage-femme : ce n’est peut-être qu’un rêve, mais je crois qu’il est à notre portée. Et vous ?

*Ces questions un peu provocatrices ne visent pas à remettre en question les personnes et leurs compétences mais plutôt l’organisation de notre système de soins

**Dans Au monde (dont vous trouverez une fiche de lecture ici), Chantal Birman raconte qu’elle a repéré une détresse fœtale qui n’était pas visible par les examens classiques par le rire inhabituel de la mère.

Photo : affiche trouvée sur le site de l’Association Corporative des Etudiants Sages-femmes

There will be blood

samedi, mars 6th, 2010

Eric-true-blood-7701652-864-1296 Attention : billet anti-glamour. On a déjà évoqué ici ou la question des saignements autour de la grossesse mais je me disais qu’un petit récapitulatif sur la question pourrait intéresser les poules de la basse-cour.

Pendant la grossesse, en théorie, on ne saigne pas du tout. On parle d’ailleurs d’aménorrhée (absence de règles), qui est un des principaux signes précoces de la grossesse. Cependant, comme toujours la théorie et la pratique sont deux choses séparées et on peut avoir des « règles anniversaires » en début de grossesse, sans que ce soit inquiétant. Il arrive également que la nidation s’accompagne de petits saignements. Ensuite, un col un peu sensible peut saigner un peu après un examen, voire spontanément en fin de grossesse (notamment lorsqu’il y a des contractions). Tant que cela reste ponctuel, peu abondant et que le sang est frais (bien rouge), sans autre signe d’alerte (pertes vaginales inhabituelles, température etc), ce n’est pas un motif d’inquiétude non plus (bien sûr si vous êtes quand même inquiète il ne faut pas hésiter à consulter). Le bouchon muqueux peut aussi être accompagné d’un peu de sang lorsqu’on le perd.

Au moment de l’accouchement, là encore les contractions peuvent provoquer quelques saignements, mais les choses sérieuses ne doivent normalement commencer qu’après la sortie du bébé. Une surveillance rapprochée s’impose alors afin d’éviter l’hémorragie de la délivrance, qui reste une des principales complications de l’accouchement pour la mère (en France première cause de mortalité maternelle). Une fois que le placenta et les membranes amniotiques sont sortis dans leur intégralité, le risque est fortement diminué. La plupart des maternités ont d’ailleurs un protocole de délivrance dirigée, avec injection d’ocytocine artificielle au passage des épaules du bébé et sortie du placenta par traction contrôlée du cordon, ces pratiques ayant montré qu’elles permettaient de réduire le risque d’hémorragie. A noter qu’une tétée précoce peut également provoquer des contractions (les fameuses tranchées qui n’ont pas grand chose à voir avec les poilus de Verdun) et aider la délivrance. On perd environ 250 à 300 ml de sang (à partir de 500 on parle d’hémorragie).

Le post-partum est marqué par des pertes de sang (les lochies) pendant plusieurs semaines. Elles sont généralement très abondantes dans les jours qui suivent l’accouchement puis diminuent rapidement. Vers 12-15 jours arrive le petit retour de couche, qui correspond à la cicatrisation de la zone d’insertion placentaire. Il passe généralement inaperçu puisqu’il est rare de s’arrêter de saigner avant, et les saignements sont peu abondants. Rappelons qu’à cette période les protections périodiques internes (comme la coupe ou les tampons) ne doivent pas être utilisés pour écarter les risques d’infection.

Le retour de couche marque le retour de la fécondité mais attention, comme c’est l’ovulation qui provoque les règles, lorsqu’il arrive c’est généralement qu’on a déjà ovulé. On peut donc tomber enceinte AVANT le retour de couche. Celui-ci arrive six à huit semaines après l’accouchement si on n’allaite pas, et n’importe quand si on allaite. Si on ne souhaite pas tomber enceinte, il faut donc prendre ses précautions à partir de trois semaines après l’accouchement environ. Contrairement à ce qu’on entend parfois, il est possible de se faire poser un stérilet sans avoir eu son retour de couche (le stérilet aux hormones n’est pas contre-indiqué pour l’allaitement), après la visite post-natale des six semaines. Si on allaite on peut recourir à la MAMA (méthode de l’allaitement maternel et de l’aménorrhée), mais attention les conditions sont restrictives :

  • bébé de moins de six mois
  • tétée exclusive au sein et à la demande (pas de biberon, pas de tétine)
  • pas plus de quatre heures entre les tétées
  • pas de retour de couche

(les mauvaises langues diront que le simple respect de ces conditions suffit à remplir la seule méthode de contraception fiable à 100% : l’abstinence)

Et bien sûr il reste la pilule (ou ses dérivés : patch, anneau, implant…) et les méthodes barrière en local (préservatif, diaphragme, spermicides…), sans compter les méthodes d’observation (comme la méthode sympto-thermique, même si j’ai du mal à trouver des infos sur son application pendant cette période particulière). Je réalise qu’on a un peu dérivé du sujet initial mais je trouve qu’on n’en fait jamais trop sur la contraception (cf ici).

Photo : Comment parler de sang sans rendre hommage à Eric, si injustement oublié ici. Et puis c’est la journée des droits de la femme, non ?

Bien-être et maternité

jeudi, janvier 7th, 2010

bienetre Je continue sur la lignée des livres prêtés par ma prof de yoga prénatal (probablement un des derniers, car comme l’indique l’adjectif « prénatal », je risque de ne plus beaucoup la revoir d’ici très bientôt) avec ce beau pavé du Dr Bernadette de Gasquet. Celle-ci est à la fois médecin et professeur de yoga, et s’est rendue célèbre dans le microcosme de la périnatalité par ses travaux sur la mécanique obstétricale et notamment ses propositions en matière de liberté de position à l’accouchement. Elle a aussi beaucoup travaillé sur les abdos et le périnée.

C’est plutôt un bon livre pour accompagner la grossesse car il ne se contente pas d’énumérer tous les problèmes auxquels on peut être confrontée avec pour seule explication « c’est normal/c’est les hormones/c’est psychosomatique » et pour seule proposition d’amélioration « ce n’est pas grave/ça ne durera pas plus de 9 mois, soyez patiente/prenez du paracétamol/arrêtez de stresser/allez voir un psy ». En effet le livre propose toute une série de postures (inspirées ou directement prises au yoga), d’exercices, de relaxations et de propositions pour aider concrètement les femmes à se sentir bien pendant la grossesse, l’accouchement et le post-partum. Les postures sont bien décrites et illustrées au fil des pages, en accompagnement de la description des troubles qu’elles sont censées apaiser, et il y a des propositions de séances pré et post-natales pour les enchaîner. Evidemment si comme moi vous avez un cours de yoga c’est moins utile, mais si vous avez des difficultés à en trouver un ou une fâcheuse tendance à oublier les postures (SNU quand tu nous tiens), c’est toujours bon à avoir sous le coude. Ce que je trouve bien aussi dans ce livre c’est qu’il n’est pas culpabilisant et qu’il reste très pragmatique, du coup je pense qu’il peut convenir à beaucoup de femmes et pas seulement à celles qui sont vraiment dans une démarche d’accouchement très « nature » et physiologique. Du coup je pense qu’il peut faire un cadeau apprécié à une amie enceinte, même si on n’est pas tout à fait dans la même approche.

Evidemment, ce livre a aussi quelques aspects qui peuvent être irritants. Il est écrit surtout sous forme de dialogue entre la femme et le « professeur » (mais moins particulier que le style Leboyer quand même…), ce qui peut faire bizarre. Il y a quelques suggestions et conseils un peu étranges (du style remplacer son sac à main par une valisette qu’on pourra utiliser comme repose-pied ; je peux vous dire que le premier qui tente de remplacer mon Twenty par une valisette il se prend le Twenty en question et son énorme aimant dans sa face*), mais après tout rien n’empêche de piocher ce qui nous convient et d’ignorer le reste. Le livre date de 1997 (il est à sa septième édition) mais ses photos ont un furieux goût de 80’s-début des 90’s, on se croirait chez Véronique et Davina… Notez qu’il n’est pas obligatoire de revêtir la même tenue ou de se faire un brushing assorti pour que les postures soient efficaces. L’allaitement n’est pas trop mal traité mais ça ne vaut pas un vrai livre sur le sujet comme le grand classique de Marie Thirion, ou mieux encore la possibilité d’avoir une personne référente de confiance (sage-femme, consultante en lactation, animatrice d’association…) dès la naissance du bébé pour aider à résoudre ses problèmes avec des solutions adaptées. Ce n’est pas la même chose de voir une photo d’une position d’allaitement ou d’avoir quelqu’un qui vient chez vous vous montrer comment la réaliser avec vos fauteuils, vos coussins et votre bébé. Enfin il faut avoir un minimum envie d’essayer les postures et les étirements, il semble peu probable qu’une approche donnée puisse convenir à tout le monde.

En conclusion je dirais que dans la myriade des guides de grossesse c’est plutôt un bel investissement, à offrir, se faire offrir, prêter ou emprunter. A mon avis bien plus utile que le Pernoud en tout cas (et moins cher si j’en crois les tarifs Amazon).

*par contre je suis tout à fait ouverte si on cherche à le remplacer par un Birkin par exemple…

Let’s talk about sex (2)

vendredi, octobre 30th, 2009

sky_difool_funNous avons vu hier comment faire un bébé (ah bon vous saviez déjà ?) et comment accommoder gros ventre et kama sutra (ou pas), continuons sur la lancée. Sans développer ici plus avant, je vous rappelle que l’accouchement en lui-même peut être une expérience orgasmique.

Troisième étape : après l’accouchement. Le post partum immédiat est probablement la période la moins propice à la bagatelle, ne serait-ce que parce qu’avoir mal quand on s’assied et/ou quand on urine fait qu’on ne laisse généralement personne s’approcher de la zone stratégique à moins de 200 mètres. Et puis sur les semaines (mois ?) qui suivent il y a le chamboulement du corps (le ventre vide qui pendouille est généralement moins bien perçu que le beau ventre rond et tendu), la fatigue, le bébé collé au sein 20h/24 (si on allaite) ou tout simplement dans les bras, les lochies, les hormones qui sont contre nous, le baby blues, pas le temps de prendre soin de soi, j’en passe et des meilleures. Le sexe peut sembler trrrrrrrrès loin sur la liste des priorités mais cela peut être un atout pour rééquilibrer et resouder le couple parental, souvent soumis à rude épreuve après la naissance ; là encore, cela ne peut être que bénéfique pour les enfants. Evidemment c’est un équilibre qui sera propre à chaque famille et à chaque situation et le sexe n’est pas non plus le seul ciment du couple.

L’allaitement est bien sûr loin d’être incompatible avec les activités sexuelles mais il n’y est pas toujours propice : éjections de lait impromptues (l’ocytocine est à la fois l’hormone du sexe et de l’éjection du lait), libido plus basse (la prolactine, qui permet la sécrétion de lait, est très mauvaise pour les envies de zigounipiloupilage) , lingerie pas toujours au top du sexy avec coussinets qui dépassent (certains modèles constituent à mon avis une méthode de contraception fiable à 100%), sans compter d’éventuelles difficulté d’ordre psychologique (concilier sein nourricier et sein érotique, pas toujours facile pour la femme comme pour l’homme)… Ceci dit la poitrine de la femme allaitante a aussi ses avantages, ne serait-ce que par sa taille. De la même façon le cododo peut rendre les choses un peu plus compliquées, mais d’une part les enfants ont généralement le sommeil lourd, et d’autre part il n’y a pas que le lit. Ces pratiques sont d’ailleurs souvent accusées par certains psys d’interférer avec la sexualité parentale et décriées pour cela ; il me semble que si un des parents (en général la mère) les utilise pour repousser les avances de l’autre cela ne fait que révéler un problème sous-jacent et n’en est pas pour autant l’origine. Les cas pathologiques ne doivent pas masquer la majorité des familles où allaitement et cododo (y compris prolongés) vont de pair avec une vie sexuelle parentale épanouie.

Le moment de reprendre finit donc par arriver (quelques semaines ? quelques mois ? ne vous mettez pas de date couperet obligatoire…) ; la pénétration peut faire peur à la femme, surtout si l’accouchement a été difficile (épisio, forceps…). Y aller à son rythme, insister sur les câlins et les préliminaires (là encore on peut se faire plaisir sans passer par le coït), si nécessaire utiliser du lubrifiant et/ou des préservatifs, sont autant de moyens de rendre les choses plus agréables. Et puis n’oubliez pas qu’aussi bien équipé que soit votre homme cela n’est pas comparable par rapport à un bébé… Il faut aussi du temps pour se réapproprier son nouveau corps, d’autant que le retour à une situation « normale » n’est généralement pas immédiat (9 mois pour le faire, 9 mois pour le défaire, dit l’adage). Des facteurs tant physiques (si le vagin était un peu « étroit » avant l’accouchement par exemple) que psychologiques (on peut se sentir plus accomplie en tant que femme par la maternité) font qu’avoir eu un bébé peut rendre l’activité sexuelle plus agréable pour la femme qu’avant, même si l’inverse est bien sûr également possible. N’oublions pas la rééducation périnéale qui aide aussi pour retrouver des sensations et se réapproprier son corps, tant physiquement que psychologiquement. Enfin rappelons que si plusieurs semaines après avoir accouché votre cicatrice d’épisio ou de déchirure vous fait toujours mal ou vous gêne, il faut en parler à votre gynéco ou à votre sage-femme, des solutions existent.

Petit détail qui a son importance : contrairement aux deux étapes précédentes, n’oubliez pas la contraception. L’allaitement peut empêcher une grossesse avec un taux d’efficacité proche des méthodes plus habituelles (98%) mais sous certaines conditions bien définies. Rappelons que si on allaite, on n’est pas obligée d‘attendre le retour de couches pour se faire poser un DIU (stérilet), même s’il faut attendre environ 6-8 semaines (le retour de couches sans allaitement en gros ; le non-allaitement restant encore beaucoup la norme dans certains esprits médicaux) que l’utérus ait repris sa taille et sa forme. Et c’est l’ovulation qui déclenche les règles (et non l’inverse), donc on peut ovuler et tomber enceinte avant le retour de couches (certaines femmes qui allaitent longtemps puis enchaînent les bébés peuvent ainsi ne pas avoir de règles du tout entre deux) : n’attendez pas celui-ci pour prendre vos précautions (à moins de souhaiter des enfants très rapprochés bien sûr).

Finalement, je dirais que nous sommes dans une société où le sexe est devenu une valeur à part entière ou presque : pour avoir une vie « réussie » il faut avoir une Rolex une activité sexuelle aussi importante et épanouissante que possible. Bien sûr il est positif que le puritanisme et les tabous sur le plaisir, la masturbation et le sexe en général soient battus en brèche mais le retour de balancier me semble un peu fort. On a le droit de ne pas considérer le sexe comme THE source de plaisir et de bonheur, on peut être un couple solide et équilibré sans faire des galipettes toute la sainte journée, bref je ne crois pas qu’on ait besoin de normes et de chiffres (quelle fréquence ? combien de temps ? combien d’orgasmes ?) dans ce domaine. Chacun a ses besoins, ses envies, qui peuvent varier avec le temps, selon les situations ; bien sûr il faut trouver un équilibre au sein du couple pour concilier les attentes des deux partenaires, donc dialoguer, dédramatiser, et ne pas hésiter à consulter (gynécologue, urologue, sexologue, psychologue…) si des difficultés (physiques et/ou psychologiques) récurrentes en font une source de tensions et de conflits trop importants.

Bonus : si vous ne connaissez pas, filez voir cette BD de Melaka sur le sujet.

(Photo : Vous ne les reconnaissez sans doute pas. Indices : Lovin Fun ; « Ce n’est pas saaaaaale, pense aux fleurs »)

Let’s talk about sex (1)

jeudi, octobre 29th, 2009

Salt-N-Pepa Je ne sais pas bien pourquoi exactement je me lance sur ce sujet, qui est bardé de difficultés (ah si, c’est à cause de Ficelle qui m’a tannée avec ça). Chaque femme a une expérience bien particulière, qui pourra varier à chaque grossesse, et pourtant on nous sert les mêmes poncifs éculés à chaque fois. En même temps je n’ai pas très envie de m’étaler sur mon expérience personnelle, d’autant plus que je n’en vois pas forcément l’utilité. Et la moindre recherche google me sort des listes de pages que je n’ai aucune envie de visiter. Au fait le sujet en question c’est « sexe et bébé ». Procédons chronologiquement.

Première étape : Faire le bébé. En général c’est le meilleur moment pour le sexe. D’abord on arrête la contraception, qui si elle est hormonale peut jouer sur la libido. Et puis surtout le désir d’enfant est souvent un puissant moteur de désir sexuel. A ceux (bon c’est surtout « celles ») qui me demandent conseil sur le meilleur timing, je suggère généralement de ne pas se lancer dans des calculs d’apothicaire ou pire des courbes de température, ou en tout cas pas dans un premier temps. D’abord ce n’est ni très romantique ni très excitant, ensuite ça n’est pas toujours très fiable et enfin on ne compte plus les femmes qui sont tombées enceintes seulement après avoir arrêté les calculs. Donc sachant que les spermatozoïdes une fois largués ont une durée de vie d’environ trois jours (selon les sources on trouve deux à cinq, on dira qu’il y a une forte variabilité naturelle), si on fait des travaux pratiques deux à trois fois par semaine (ou plus si affinités et/ou premier enfant…), on est à peu près sûr que l’ovule ne se trouve jamais seul au moment où il se décide à se pointer (voir aussi l’article de Martin Winckler). En général les coqs sont assez partants pour ce type de stratégie.

Deuxième étape : la grossesse. Faisons d’abord le tour des généralités sur le sujet. D’abord le premier trimestre : il n’est traditionnellement pas très favorable à la bagatelle, par son climat hormonal et par les conséquences de celui-ci. Les nausées ne sont pas particulièrement érotisantes et le fort besoin de sommeil souvent ressenti à cette occasion peut conduire la future maman à imiter la poupée Corolle qui ferme les yeux quand on la couche. Et ne parlons pas d’autre symptômes moins courants comme le ptyalisme… Le deuxième trimestre voit théoriquement la femme enceinte se transformer en nymphomane : elle pète le feu et n’est pas encore trop gênée par son ventre, les hormones (ainsi que Vénus dans la troisième maison du Bélier ?) sont favorables à une certaine activité sexuelle. Enfin au troisième trimestre la femme est fatiguée, elle a mal partout, ne sait pas quoi faire de son ventre et ne veut donc plus entendre parler de sexe, sauf lorsque l’accouchement se fait attendre et qu’elle espère un déclenchement à l’italienne.

Evidemment les choses ne sont pas aussi claires et tranchées dans la vraie vie (voir aussi ce document qui est moins neuneu que ce qu’on nous sert d’habitude). D’abord les hormones changent souvent la sensibilité des zones érogènes, cela peut être en bien mais aussi en moins bien, et dépendre des périodes de la grossesse (et pas forcément de la façon écrite dans les livres). Ensuite certains effets secondaires de la grossesse (pensons aux nausées mais aussi aux hémorroïdes et autres mycoses par exemple)  peuvent persister tout au long de celle-ci, et là encore on comprend facilement que ça ne donne pas envie de zigounipiloupiler. N’oublions pas non plus les menaces d’accouchement prématuré qui sont souvent incompatibles avec le sport en chambre. A l’inverse les sensations peuvent être largement améliorées par la grossesse, certaines femmes connaissant même leur premier orgasme à cette occasion (une sur cinq paraît-il), ou simplement des orgasmes plus intenses (pas de panique les contractions orgasmiques n’induisent pas d’accouchement prématuré, à moins d’être déjà dans une situation de menace importante).

Au niveau psychologique, là aussi de nombreux facteurs peuvent interférer avec la libido. L’incompatibilité mère/amante, le dégoût d’un corps qui change, la peur (pourtant infondée) de faire mal au bébé, les consultations médicales répétées qui peuvent conduire à un sentiment de désexualisation, et bien d’autres choses sont susceptibles de bloquer les envies sexuelles des femmes enceintes. D’autres au contraire ressentent leur féminité magnifiée, voire enfin complète, ce qui exacerbe et renforce leur désir. Là encore ça peut être par phases, et pas toujours selon les préconisations des ouvrages de référence.

N’oublions pas que ce genre d’activité se pratique généralement à deux, ce qui complique l’équation (et encore je me cantonnerai au classique papa + maman = bébé). Le futur père peut lui aussi être bloqué ou au contraire être encore plus attiré par sa femme et ses nouvelles formes (ah la poitrine de la femme enceinte…), et ce également par phases. Si celles-ci ne sont pas synchronisées avec celles de Madame, forcément ça n’aide pas.

Quelques considérations pratiques. D’abord, le ventre. Il devient rapidement une troisième présence dont il est difficile de faire totalement abstraction mais vous pouvez quand même adopter des positions où on le sent moins (non je ne vous ferai pas de dessin, je vous laisse expérimenter, sinon faites un tour ici pour quelques idées, sans oublier que le sexe ce n’est pas que le coït…) ; on peut aussi éviter de le caresser pendant les grandes manœuvres. Les bébés comprennent souvent qu’il faut se faire discret dans ces moments-là et évitent de danser la samba (et on pense qu’ils apprécient l’exercice qui les plonge dans un bain d’hormones euphorisantes, certains parlent même d’effet jacuzzi…). Ensuite si on connaît une baisse de désir, on peut aussi tenter de relancer la machine en prenant soin de soi et de son corps (jolis vêtements/lingerie -voir cette vidéo-, épilation, coiffeur, soin esthétique…). C’est toujours ça de pris que de se sentir plus belle, et ça marche aussi pour ranimer la flamme chez Monsieur. Pourquoi pas un petit week-end à l’hôtel (même dans sa propre ville, ça dépayse), avec les éventuels aînés casés pour l’occasion ? Ou même chez soi mais sans les grands ? La fatigue est fatale à la libido, et si un coq veut remotiver sa poule il peut commencer par la décharger des taches ménagères pour qu’elle se recharge ses batteries (et quoi de plus sexy qu’un homme qui fait la vaisselle ? un homme qui passe l’aspirateur peut-être ?). Si le bébé occupe toutes vos pensées, n’oubliez pas que des parents amoureux et soudés sont un atout précieux pour lui. Notez que ces dernières idées sont aussi valables après l’accouchement.

Après l’accouchement justement, on en parlera demain (suspense de la mort qui tue). D’ici-là n’hésitez pas à partager vos expériences (quitte à commenter anonymement, avec perruque et lunettes de soleil…).

La poule pondeuse présente ses excuses

jeudi, mai 1st, 2008

Pardon, Halle ! Et merci pour nous toutes d’assumer ton bidon post-bébé.

Plus d’infos sur Pure People.

Injustice

lundi, avril 28th, 2008

Aujourd’hui, la basse-cour de la poule pondeuse devient un blog politique, engagé, qui se bat contre les injustices et les méchants (qui veulent tuer des gentilles, parce qu’ils sont méchants justement). J’écume le web pour me tenir au courant des dernières causes valant la peine d’être défendues, des dernières turpitudes à dénoncer, et voilà que je tombe sur cette photo :

Halle Berry, six semaines à peine après avoir accouché. Révoltant, non ?

Donc déjà, elle fait une sacrée pub pour l’allaitement. Par contre je me demande comment elle a casé des coussinets d’allaitement dans un décolleté pareil. Peut-être que l’imprimé léopard permet de camoufler astucieusement les fuites de lait (surtout après une soirée sans donner de tétée…) ? Sans compter qu’à mon avis, elle va avoir des sillons de deux centimètres à la place des bretelles. Il faut souffrir pour être belle…

Notons aussi le choix judicieux d’une robe fluide taille empire, au cas où elle n’ait pas encore fait assez d’abdos pour avoir un ventre irréprochable, malgré les efforts de son coach. Ne nous voilons pas la face, pour avoir ce genre d’allure à six semaines de post partum il faut :

  • un coach sportif personnel, qui vous fait suer pendant deux heures tous les jours
  • un cuisinier à plein temps, grâce à qui vous mangez de délicieux plats régime
  • une nounou pour garder bébé pendant les deux heures de sport (et les repas régime)
  • une bonne pour faire le ménage, les courses et les dix-huit lessives quotidiennes (surtout qu’avec tout ce sport ça fait des tenues en plus à laver)

On peut aussi rajouter : le jardinier, le pool boy, le personal shopper, le coiffeur, l’esthéticienne, etc etc.

Une grande star hollywoodienne a les moyens, donc pourquoi se priver ? D’autant plus que son corps est son outil de travail, il faut qu’il soit impeccable en toutes circonstances. C’est son job, et voilà. Le problème, c’est quand on commence à s’imaginer que ce genre de silhouette est la norme. Déjà en temps normal ça n’est pas facile, mais quand on vient d’avoir un bébé, mamma mia ! Surtout à six semaines. Donc pour ceux/celles qui ne le sauraient pas : c’est normal d’avoir le ventre qui pend, d’avoir des vergetures, que tous les kilos ne soient pas partis en même temps que le poussin. C’est normal d’avoir les seins au niveau du nombril. Il y a des bonnes surprises, d’heureuses (et très énervantes) exceptions, mais c’est loin d’être la majorité. Un poussin laisse toujours des traces sur nos pauvres corps. Certes plus ou moins prononcées selon notre âge, le nombre de poussins et les injustices de la nature, mais toujours présentes. Neuf mois pour le faire, neuf mois pour le défaire (voire plus, ahem ahem).

La suite est ici.

La péridurale vue de l’intérieur (3)

mercredi, avril 23rd, 2008

Après quelques généralités sur la péridurale puis ses petits effets secondaires, parlons maintenant de l’accouchement à proprement parler : comment son déroulement est-il affecté ? La péridurale entraîne-t-elle une surenchère d’interventions médicales ?

On entend souvent que la péridurale ralentit le travail : les choses ne sont pas si simples. Il est connu qu’elle a un effet relaxant sur l’utérus, ce qui peut conduire soit à diminuer certaines contractions inefficaces soit à toutes les diminuer. Dans certains cas la détente qu’elle procure à la mère permet au contraire de favoriser la dilatation. Par contre il semble que -surtout si elle est fortement dosée-, elle tende à rallonger la phase d’expulsion. D’une part parce que la mère qui ne sent rien ne pousse pas efficacement, et d’autre part parce que si le bassin est trop « engourdi », il n’aide pas au passage du poussin. Cependant, même si ces effets sont réels, ils ne sont pas systématiques.

Donc pour contrer l’effet utérorelaxant, il n’est pas rare qu’on perce la poche des eaux (si elle ne s’est pas rompue déjà seule) et/ou qu’on ajoute un peu de syntocinon dans la perfusion. Cependant les doses injectées sont extrêmement faibles. Et plus votre travail est avancé lorsqu’on vous pose la péridurale, moins cet effet est important.

Le fait que les poussées soient moins efficaces et que le poussin ne se présente pas toujours bien entraîne plus d’extractions instrumentales (forceps, ventouse), lesquelles s’accompagnent plus souvent d’une épisio.

Quoi qu’il en soit, il n’y a rien d’automatique, et c’est plutôt une question de confiance entre patiente et soignants, qui semble de toute façon essentielle au bon déroulement de l’accouchement, même si il est très regrettable qu’elle fasse parfois défaut. Votre cerveau n’est pas anesthésié, et à moins que certains gestes ne doivent être pratiqués en urgence, vous pouvez tout à fait en discuter avant avec l’équipe. Et au moins votre réflexion n’est pas brouillée par la douleur.

La péridurale limite les positions possibles pour l’expulsion (quatre pattes ou accroupie sont impossibles par exemple -quoi que la poule accoucheuse me signale qu’elle a déjà assisté une femme accroupie sous péridurale pour l’accouchement), mais ne vous cantonne pas pour autant au classique décubitus dorsal (mot savant pour dire « allongé sur le dos »). Si on elle est bien dosée au moment de l’expulsion, vous pouvez très bien sentir les contractions et le passage du bébé sans pour autant avoir mal, je le sais pour l’avoir vécu (et d’ailleurs le poussin est sorti sans forceps ni épisio).

Un petit mot sur le post-partum : beaucoup de femmes qui ont testé avec et sans ont trouvé que les suites de couches étaient plus faciles si elles n’avaient pas eu la péri. Cela dit là encore rien de systématique : personnellement, à part le petit pansement dans le dos qui au bout d’un moment est un peu gênant, je n’ai plus senti aucun effet en sortant de la salle de naissance (heureusement il en restait un peu avant pendant qu’on recousait la déchirure…).

Alors, on la prend ou pas ? Je dirais que c’est un peu comme aller sur l’aiguille du Midi. Vous pouvez monter à pied ou prendre le téléphérique. Certains ne profitent de la vue que s’ils ont pu se dépasser physiquement pour y arriver, d’autres au contraire pensent qu’ils en jouiront mieux s’ils sont bien reposés et voient la montée comme un calvaire à éviter. Comme pour l‘allaitement, c’est donc à chacune de prendre sa décision, en gardant l’esprit ouvert et la possibilité de changer d’avis le jour J.

D’autant plus qu’on a vu que même si on la voulait on ne pouvait pas être sûre de l’avoir. Inversement, si vous ne la voulez pas mais qu’on doit finalement vous injecter de l’ocytocine artificielle (par exemple pour un déclenchement), laissez-vous au moins la possibilité de reconsidérer votre point de vue. Enfin il y a certains accouchements à caractère plus pathologique pour lesquels elle vous sera très fortement recommandée (par exemple si vous avez de l’hypertension). Dans tous les cas, il est donc utile d’être préparée moralement et physiquement à toutes les possibilités : un accouchement est (merveilleusement) imprévisible.

On peut cependant déplorer que les maternités actuellement proposent trop peu d’alternatives à la péridurale pour mieux gérer la douleur : accompagnement plus soutenu par la sage-femme (gérant plusieurs gros bidons à la fois, elle ne peut être au four et au moulin), possibilité d’utiliser divers équipements comme baignoire ou gros ballon, de se suspendre, etc. C’est en général le futur papa qui accompagne sa poulette, et il est rare qu’il soit versé dans cet art subtil : proposer des positions qui soulagent, masser les reins et j’en passe. Ce rôle peut alors être tenu par une doula, même si leur présence dans les maternités reste controversée (mais ceci est un autre débat). On pourrait penser qu’il coûterait moins cher de faire des massages des reins et d’acheter des gros ballons que de mettre en place des anesthésies, mais en fait à partir du moment où les maternités paient un anesthésiste elles préfèrent le rentabiliser, au grand dam des sages-femmes qui aimeraient pouvoir aider plus efficacement les gros bidons qui n’ont pas le petit tube dans le dos.