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Les seins de Salma

jeudi, novembre 20th, 2008

 Sous ce titre racoleur (tout est bon pour faire de l’audience), je vous propose un billet qui mêlera people, glamour, gros nénés, féminisme, allaitement et réflexion de haut vol (on pourrait peut-être même parler de philosophie). Le seul problème, c’est que ce n’est pas vraiment mon billet mais un vulgaire succédané de celui-ci. Mais comme il est en anglais, je vous offre au moins un résumé-traduction à ma sauce. 

Donc. Tout le monde connaît Salma Hayek, sex symbol et bombe sexuelle (sauf peut-être dans Frida avec son mono-sourcil). Elle a une petite fille de 13 mois, dont le père est le richissime François-Henri Pinault. Le couple devait se marier mais a finalement rompu. Fin du petit rappel pour ceux qui ne sont toujours pas abonnés à Pure people (à défaut de Voici). Or -attention révélation choquante- Salma a avoué que non seulement elle allaitait encore sa fille de 13 mois, mais qu’en plus elle y était accro. Je cite (en traduisant grossièrement) :

« Je suis comme une alcoolique. Je me dis : « Tant pis si je pleure, tant pis si je suis grosse, je continue encore juste une semaine ou juste un mois ». Et puis je vois tout le bien que ça lui fait et je ne peux pas m’arrêter. »

Elle aurait mieux fait de se faire un rail de coke en boîte (suivez mon regard…), personne n’aurait mis en cause ses capacités maternelles. Alors que là… Je vous cite en préambule ce document (p. 68 du fichier), écrit par le Comité nutrition de la Société française de pédiatrie, édité par le Programme National Nutrition Santé (PNNS), et trouvé sur le site du ministère de la Santé :

L’allaitement maternel exclusif permet une croissance normale au moins jusqu’à l’âge de 6 mois Il n’y a donc pas de raison d’introduire d’autres aliments avant cet âge, comme l’OMS le recommande, en insistant sur le fait que l’allaitement maternel peut être poursuivi jusqu’à l’âge de 2 ans ou même davantage, selon les souhaits de la mère, à condition d’être complété par la diversification alimentaire à partir de l’âge de 6 mois.

Nonobstant ces recommandations, les commentateurs plus ou moins qualifiés hurlent au scandale. Pour certains il faut sevrer l’enfant quand il a des dents (sachant que les premières peuvent arriver bien avant 6 mois… voire à la naissance), pour d’autres quand il marche, pour d’autres quand il parle (sinon il ne parlera jamais pensez-vous), pour d’autres quand il peut se servir tout seul… Sans compter les LDP* qui suggèrent qu’elle allaite uniquement pour garder ses obus ou encore que son allaitement est la raison de la rupture de ses fiançailles (ça semble un peu contradictoire : comment un homme peut-il reprocher à sa femme d’avoir de tels obus ? Je pencherais plutôt pour la tenue tyrolienne façon Heidi). 

Concernant l’âge du sevrage, il me semble que c’est une décision intime et personnelle qui ne regarde que la maman et son bébé : on arrête quand l’un des deux n’en a plus envie. Quoi qu’il en soit, aucun fondement médical ne permet de justifier une deadline. Grosso modo, si on rappelle que c’est le biberon qui remplace le sein (et non l’inverse), tant que vous ne trouvez pas choquant de voir un enfant boire au biberon vous ne devriez pas être choqué de le voir au sein. J’avoue que moi-même je ne suis pas toujours à l’aise face aux grands bambins allaités, mais je sais que c’est aussi le résultat de notre culture et donc je me raisonne et passe par dessus mon ressenti. Attention, je ne dis pas que tout le monde doit allaiter jusqu’à deux ans au moins (d’ailleurs je ne le fais pas moi-même…), ni même que tout le monde doit allaiter, non non pas du tout, mais qu’on ne doit pas stigmatiser ou condamner celles qui le font ou souhaitent le faire : il me semble que des encouragements seraient plus appropriés. 

Mais là où l’article dont je vous parle va plus loin, c’est dans ce passage que je vous traduis à la volée :

Ce n’est pas aussi simple que « la société patriarcale veut que les femmes n’allaitent pas » ou « la société patriarcale veut que les femmes allaitent ». Ce que la société patriarcale « veut » (si on veut bien suivre ce raisonnement un tantinet téléologique) est le contrôle de l’allaitement. Parfois cela pourra impliquer de forcer à allaiter (tout en se gardant de donner un vrai soutien), parfois de forcer à ne pas allaiter, parfois l’allaitement sera un outil pour garder les femmes au foyer, parfois la culpabilité de ne pas allaiter sera cultivée pour vendre aux femmes plus de produits. Par dessus tout, les femmes qui allaitent se voient rappeler chaque jour que leurs corps sont une propriété publique, que l’allaitement n’est pas un passeport gratuit pour sortir du groupe des sexués, et que quoi qu’elles fassent, il ne manquera pas de gens pour leur dire qu’elles ne le font pas bien.

Les sociétés australiennes et étatsuniennes ont les taux d’allaitement parmi les plus bas du monde. Nous avons développé un mélange bizarrement pernicieux de :

  • puritanisme semi-laïque
  • Freudisme misogyne mal cuit (OK la traduction de celui-là est pourrie… si quelqu’un propose mieux pour « half-baked woman-hating Freudianism » ?)
  • capitalisme toxique
  • pratiques hostiles aux mères dans le monde du travail (tout à fait d’actualité chez nous)
  • isolation sociale des jeunes mères
  • une peur et une suspicion profondément ancrées de n’importe quelle intimité charnelle qui ne soit pas sexuelle
  • et un immense sentiment d’être propriétaire des seins pour les hommes hétérosexuels

Evidemment la situation aux USA n’est pas tout à fait la même qu’en France, notamment sur le puritanisme et le rapport au corps et au sexe en général (sans parler du « capitalisme toxique » qui ne serait pas forcément le terme que j’aurais choisi…), ceci dit nos sociétés ne sont pas si différentes non plus. Et dans tous les cas je rappelle une vérité qui devrait être évidente pour tout le monde : la légitime propriétaire des seins n’est ni le papa ni le bébé, mais bien la femme qui se les trimballe toute la journée. Et elle fait ce qu’elle veut avec ! 

(attention teaser de la mort) Nous devrions prochainement reparler allaitement, féminisme, instinct maternel et Salma Hayek topless dans ces colonnes, restez dans les parages !

*LDP = langues de pute

(Photo : oui, j’ai même piqué celle de l‘article)

La poule pondeuse présente ses excuses

jeudi, mai 1st, 2008

Pardon, Halle ! Et merci pour nous toutes d’assumer ton bidon post-bébé.

Plus d’infos sur Pure People.

Injustice

lundi, avril 28th, 2008

Aujourd’hui, la basse-cour de la poule pondeuse devient un blog politique, engagé, qui se bat contre les injustices et les méchants (qui veulent tuer des gentilles, parce qu’ils sont méchants justement). J’écume le web pour me tenir au courant des dernières causes valant la peine d’être défendues, des dernières turpitudes à dénoncer, et voilà que je tombe sur cette photo :

Halle Berry, six semaines à peine après avoir accouché. Révoltant, non ?

Donc déjà, elle fait une sacrée pub pour l’allaitement. Par contre je me demande comment elle a casé des coussinets d’allaitement dans un décolleté pareil. Peut-être que l’imprimé léopard permet de camoufler astucieusement les fuites de lait (surtout après une soirée sans donner de tétée…) ? Sans compter qu’à mon avis, elle va avoir des sillons de deux centimètres à la place des bretelles. Il faut souffrir pour être belle…

Notons aussi le choix judicieux d’une robe fluide taille empire, au cas où elle n’ait pas encore fait assez d’abdos pour avoir un ventre irréprochable, malgré les efforts de son coach. Ne nous voilons pas la face, pour avoir ce genre d’allure à six semaines de post partum il faut :

  • un coach sportif personnel, qui vous fait suer pendant deux heures tous les jours
  • un cuisinier à plein temps, grâce à qui vous mangez de délicieux plats régime
  • une nounou pour garder bébé pendant les deux heures de sport (et les repas régime)
  • une bonne pour faire le ménage, les courses et les dix-huit lessives quotidiennes (surtout qu’avec tout ce sport ça fait des tenues en plus à laver)

On peut aussi rajouter : le jardinier, le pool boy, le personal shopper, le coiffeur, l’esthéticienne, etc etc.

Une grande star hollywoodienne a les moyens, donc pourquoi se priver ? D’autant plus que son corps est son outil de travail, il faut qu’il soit impeccable en toutes circonstances. C’est son job, et voilà. Le problème, c’est quand on commence à s’imaginer que ce genre de silhouette est la norme. Déjà en temps normal ça n’est pas facile, mais quand on vient d’avoir un bébé, mamma mia ! Surtout à six semaines. Donc pour ceux/celles qui ne le sauraient pas : c’est normal d’avoir le ventre qui pend, d’avoir des vergetures, que tous les kilos ne soient pas partis en même temps que le poussin. C’est normal d’avoir les seins au niveau du nombril. Il y a des bonnes surprises, d’heureuses (et très énervantes) exceptions, mais c’est loin d’être la majorité. Un poussin laisse toujours des traces sur nos pauvres corps. Certes plus ou moins prononcées selon notre âge, le nombre de poussins et les injustices de la nature, mais toujours présentes. Neuf mois pour le faire, neuf mois pour le défaire (voire plus, ahem ahem).

La suite est ici.