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L’annonce faite à l’aîné

mercredi, juillet 29th, 2009

Sandro_Botticelli_080 Voilà un billet qui ne concerne qu’une petite partie de la basse-cour (mais probablement amenée à s’agrandir) : comment annoncer sa grossesse au futur aîné ?

Heureusement, le temps où on ne disait rien aux enfants jusqu’au moment où leur mère disparaissait une semaine pour revenir avec un nouveau-né est révolu. Ce qui nous amène à la première question : quand faut-il l’annoncer ? Vous trouverez probablement pléthore d’experts pour vous donner une série de dates (toutes différentes selon l’expert) avant lesquelles il ne faut rien dire ou au contraire après lesquelles il faut à tout prix avoir craché le morceau. En fait c’est très simple : vous additionnez les chiffres de la date de vos dernières règles, vous multipliez par le logarithme (népérien of course) de votre tour de poitrine (exprimé en pouces), à quoi vous ajoutez le cosinus de l’angle formé avec votre cher et tendre au moment crucial, lui-même divisé par l’âge du capitaine. Le chiffre obtenu vous donnera la date adéquate en jour julien (spéciale dédicace pour Blandine) ; sinon je fais des consultations spéciales sur rendez-vous et en cash uniquement. Bref. Voilà plutôt quelques questions à vous poser pour vous aider à vous décider si oui ou non c’est le moment de passer aux aveux.

Comment êtes-vous affectée par la grossesse ? Si vous êtes une grosse loque qui se traîne avec difficulté du canapé aux toilettes (toute ressemblance… blabla… purement fortuite… tout ça tout ça…), il peut être utile de fournir un minimum d’explications au poussin avant qu’il ne se fasse sa propre idée sur la question. Lorsqu’en prime on travaille, on doit déjà en général faire comme si de rien n’était toute la journée, c’est encore plus dur de faire ça le soir en rentrant. Si vous restez relativement fidèle à vous-même, il sera plus facile de différer.

Quelle est votre politique de dissémination de la nouvelle ? On ne peut pas exclure de gaffe dans un sens comme dans l’autre : un parent qui s’empresse d’en parler au poussin ou le poussin qui est ravi de partager la nouvelle avec la terre entière. Pour la discrétion du poussin, cela dépendra grandement de son âge : évidemment s’il ne parle pas ça limite les risques, ceci dit dans un commentaire sur un autre article, Amé nous signale que sa fille de 2 ans l’imitait en train de vomir… A vous de voir si vous pensez qu’il peut tenir sa langue.

Et si ça finit mal ? J’ai la chance de ne pas avoir (encore) été confrontée à ce cas de figure, mais il me semble impossible qu’un enfant, quel que soit son âge, puisse ne pas percevoir d’une façon ou d’une autre la douleur de ses parents dans cette situation. Il me semble que des explications simples mais honnêtes sont préférables à un mensonge ou à une absence totale de communication, mais je veux pas préjuger de situations complexes et terriblement éprouvantes.

Il faut enfin savoir que certains tout petits ont des facultés quasi extra-lucides pour repérer la grossesse et peuvent vous annoncer que vous êtes enceinte avant que vous ne le sachiez vous-même. Dans ce cas la question ne se pose plus trop… Et si vous allaitez encore l’aîné, la grossesse entraîne souvent un changement dans la composition et la quantité du lait, qui peut lui mettre la puce à l’oreille.

En bref il me semble que le choix de l’annoncer doit être fait en fonction de votre ressenti et de votre relation avec l’aîné, sans oublier ce que lui-même peut ressentir ou les doutes qu’il peut avoir (il est quand même préférable d’éviter de le laisser spéculer trop longtemps, les enfants sont prompts à prendre le blâme des problèmes de leurs parents).

Une fois la décision prise, comment amener le problème ? « Chéri, il faut qu’on parle… » Évidemment l’âge de l’enfant est un facteur clé du choix de la façon de procéder. A mon avis, mieux vaut rester simple et factuel, et répondre aux éventuelles questions plutôt que risquer de donner à l’enfant des informations qu’il n’est pas prêt à recevoir. Éviter de faire des promesses qu’on ne peut pas tenir (« Tout restera comme avant », « Tu vas avoir un super copain de jeu », « Le bébé t’aime déjà » etc) et rester honnête (le mensonge par omission est autorisé, voire recommandé dans certains cas : faut-il vraiment expliquer immédiatement à un enfant de 18 mois comment le bébé est arrivé là et comment il va en sortir ?). Le bébé est issu d’un désir et d’une décision du couple, les autres enfants n’ont pas à en porter les conséquences ou à en assumer le choix, même s’il est clair que cela va entraîner des changements importants dans leur vie.

Le concept du bébé dans le ventre de maman peut paraître assez abstrait à un tout petit, surtout tant que le ventre de maman ne paraît pas si différent de celui qu’elle a après un repas gastronomique. Il y a plein de livres pour enfants sur le sujet, personnellement j’en ai testé trois (dont deux recommandés par Fleur) :

  • Et dedans, il y a de Jeanne Ashbé : tout à fait charmant, pas gnangnan, plutôt drôle, et abordable par les plus jeunes (avec des petits rabats à soulever) ; permet de montrer ce qu’il y a dans le ventre de maman.
  • Et après, il y aura, toujours de Jeanne Ashbé : dans la même veine que le précédent, mais pour expliquer ce que va impliquer la venue du bébé (une fois sorti).
  • Il y a une maison dans ma maman, de Giles Andreae : celui-là je l’ai acheté parce qu’Amazon me le proposait avec les deux autres (comme quoi il y a des techniques marketing plus efficaces que d’autres sur moi… et ne parlons pas du club des créateurs de beauté ou je vais de voir fonder « CCB-oliques anonymes »…) ; je n’ai pas regretté du tout il est tout aussi charmant et un peu second degré (il y a une page où la maman s’endort toute habillée sur le canapé, une autre où elle dévalise le frigo, toute ressemblance… blabla… purement fortuite…). Il accorde aussi une place importante au père qui apparaît quasiment partout. Le Poussin l’adore, je ne sais pas pourquoi exactement mais pour le moment c’est son préféré des trois.

Pour celles qui y sont sensibles, je précise qu’aucun de ces livres ne fait de référence au mode d’alimentation du nouveau-né (en clair sein ou biberon) ou à son lieu de naissance (maternité ou maison).

Pour un aîné plus grand, certains livres peuvent aussi être très utile pour aborder les détails pratiques de comment le bébé est arrivé là et par où il va en sortir. Ici nous n’avons pas eu l’occasion de tester mais vous trouverez des idées sur le site de Fleur (et elle en aura sûrement à donner en commentaires).

Je ne connais pas de support vidéo intéressant mais n’hésitez pas à nous faire part de vos idées dans les commentaires.

Et pour finir voici une pub (comme quoi je ne suis définitivement pas insensible au marketing… pourtant c’est pour des couches jetables et j’utilise des lavables…) qui vous aidera à comprendre comment l’aîné perçoit l’arrivée du petit nouveau.

(Image : L’annonce à Marie de Sandro Boticelli, attention c’est culturé la basse-cour)

Maternage, écologie et féminisme

mardi, décembre 2nd, 2008

L’article de Marianne a jeté un pavé dans la mare : et si le maternage et l’écologie étaient anti-féministes ? La question est intéressante, mais hélas tellement mal traitée qu’on ne peut pas en ressortir grand chose. Caricatural, l’article est entièrement à charge et aligne les contre-vérités et les approximations, sans nuance ni conscience de la complexité de la situation. J’ai beaucoup de respect pour Elisabeth Badinter, mais là elle est franchement à côté de la plaque. Au-delà de la méthode déplorable (dans la flopée de commentaires sur le site du magazine, une des femmes interviewées se plaint que la « journaliste » ait déformé ses propos), le problème sous-jacent à mon avis est d‘opposer a priori le bien-être de l’enfant à celui de la mère. Ou la femme se sacrifie pour sa progéniture, ou au contraire elle la sacrifie à l’autel de son égoïsme. Et selon les époques, le balancier passe de l’un à l’autre, mais c’est toujours plus ou moins l’un OU l’autre. Eh bien moi je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas optimiser les deux à la fois. Ne dit-on pas que l’enfant a besoin d’une mère épanouie pour s’épanouir ? Et à l’inverse, croit-on vraiment qu’une mère sera heureuse si ses enfants sont malheureux ?

Regardons un peu plus au Nord : les pays scandinaves sont réputés à la fois pour leur avancée en matière de droits des femmes (les Parlements les plus féminisés du monde en 1999 sont ceux de la Suède avec 42% de femmes, du Danemark, de la Finlande et de la Norvège, la France n’étant que 52ème avec 10,9 %) et des droits de l’enfant (pionniers dans les lois d’abolition de la fessée, plus de 90% d’allaitement maternel). Et en plus ils sont écolos. Si vous ajoutez à cela que les gens y seraient heureux (alors que l’hiver là-bas doit être encore plus déprimant qu’ici), que leur modèle socio-économique fait baver le reste de la planète, et qu’ils ont inventé Ikea, on finit par se dire qu’il faudrait peut-être tenter de s’en inspirer, non ? Alors certes tout n’est pas directement transposable chez nous, notamment pour l’écologie et le modèle socio-économique, mais concernant la périnatalité ? Les taux de natalité par exemple sont comparables, aux alentours de 2 enfants par femme si on en croit cette carte (même si moins élevés qu’en France qui est vice championne d’Europe). Et cette étude nous indique que la France comme les pays scandinaves est un des rares endroits d’Europe où les femmes sont à la fois très présentes dans le monde du travail et (relativement) très fécondes.

Une autre hypothèse sous-jacente qui me pose problème, c’est qu’on suppose que les clés du bonheur sont universelles. Il y a évidemment un socle commun (genre mieux vaut être riche et en bonne santé que pauvre et malade…), mais le paradis des uns peut tout à fait être l’enfer des autres. A toute mère (ou future mère) qui se pose la question de travailler ou de se consacrer à ses enfants, je suggère de lire cet article publié sur le blog des (Z)imparfaites. C’est une histoire de tripes : on le sent ou on le sent pas. Dans les deux cas, il ne faut pas se forcer. Le problème étant que même si nous vivons dans un pays où notre liberté individuelle est à peu près garantie, le choix n’est pas toujours vraiment possible. Comment retourner au travail si vous ne trouvez pas de façon satisfaisante de faire garder vos enfants ? Et comment s’y consacrer exclusivement si ça implique des fins de mois difficiles ?

Ce qui aliène les femmes, ce n’est pas d’allaiter ou de donner le biberon, ce n’est pas de rester avec leurs enfants ou de faire son trou dans un monde du travail fait par et pour les hommes.  C’est qu’on leur dise d’emblée quoi faire ou ne pas faire, qu’on les prive de faire elles-mêmes des choix mûrement réfléchis (ou du fond de leurs tripes, ça marche aussi), soit parce qu’elles n’ont pas toutes les informations, soit parce que certaines options leur sont en pratique interdites.

Et surtout, surtout : où sont les pères dans ces débats ? Voilà ce qui me gêne dans le terme de maternage : ça n’implique que la mère. Les Anglo-saxons parlent d’attachment parenting, nous devrions plutôt parler de parentage (mais c’est assez moche). OK, ce sont les femmes qui ont les utérus et les seins, mais il n’y a pas que ça ! Qu’une mère allaite n’empêche pas le père de prendre le bébé en peau à peau, de le porter, de dormir avec lui, de le laver, de lui changer ses couches (et de les laver…), de lui faire des purées, de le consoler, de le câliner et encore bien d’autres choses ! Tant qu’ils ne sont pas conflictuels, les liens d’attachement peuvent tout à fait se cumuler : un enfant peut être attaché à sa mère, à son père, à sa nounou, à ses grands-parents… Au risque de passer en mode bisounours : l’amour se multiplie, il ne se divise pas.

Les pères ont une grande responsabilité, car certains aménagements du monde du travail (temps partiel, congé parental, etc) ne deviendront vraiment acceptables et acceptés que quand ils ne seront plus que des histoires de bonnes femmes, mais quand les hommes s’y mettront aussi. Pour cela, il faut aussi que nous (les femmes) leur laissions prendre leur place, qu’on accepte qu’ils ne sont pas nos clones mais que même s’ils font les choses à leur façon, au moins ils les font !

Finalement je vois que je n’ai pas beaucoup parlé d’écologie, mais en fait je ne vois pas bien le rapport. Il est clair que beaucoup de femmes, et de couples, connaissent une vraie prise de conscience à l’arrivée de leur premier enfant, et tant mieux ! Je ne suis pas une militante acharnée, loin de là, mais travaillant pour l’Etat dans le domaine de l’environnement je peux vous confirmer que oui, l’écologie est un vrai problème, et que non, le changement climatique n’est pas un mythe (et qu’on peut encore tenter d’en limiter l’ampleur). Et à mon humble avis, une fois que le coût réel d’un certain nombre de produits sera intégré (c’est-à-dire la compensation pour les dommages causés à l’environnement tout au long du cylce de vie des produits), nous reverrons en profondeur notre façon de faire. On peut se planter la tête dans le sable et attendre de se prendre le changement de plein fouet, ou s’y préparer progressivement, en tentant de modifier en douceur quelques habitudes. Je ne dis pas ça pour vous faire la morale et vous culpabiliser (d’ailleurs moi-même je suis très loin d’être Ste Ecolo), mais parce que c’est inéluctable. Et nous faisons tous les jours l’expérience que ce n’est absolument pas incompatible avec une vie professionnelle.

Demain je vous ferai part de quelques idées pour améliorer la vie des femmes ET des enfants à la fois.

Bonnes surprises

mardi, novembre 18th, 2008
  • Après le carton rouge à Votre Bébé, je salue le magazine Parents du mois de décembre qui fait un chouette article pour défendre Dolto, et reprend une à une les idées reçues sur cette grande dame (on peut voir déjà l’édito ici). Et puis je ne sais pas bien quel est le rapport avec Françoise, mais l’article est illustré par des photos d’enfants en couches lavables (je dois devenir une experte du sujet car j’ai tout de suite repéré qu’elles venaient de La P’tite prairie…), sans parler de fin du féminisme ni de retour à l’âge de pierre. En fait on n’en parle même pas du tout, si on n’a pas l’habitude on doit probablement penser qu’ils portent de drôles de culottes. Dans un grand élan de bonté je vous ai scanné la chose et vous pouvez la télécharger ici : dolto_parents_dec08
  • A la Halle aux chaussures, j’ai trouvé une paire de petites baskets à la semelle à peu près souple et sans voûte plantaire pour 18€. Et puis ce n’est pas là que vous serez emmerdés par des vendeuses qui veulent absolument mettre des chaussures orthopédiques aux enfants. Je suis toujours adepte des Preschoolians mais pour une raison que je ne m’explique pas le Poussin est dans une faille spatio-temporelle où il commence à être serré dans le 20 mais nage complètement dans le 21. Ayant lu des trucs horribles sur les chaussures trop petites qui déforment les petits pieds souples et malléables de nos chérubins dans d’atroces souffrances il a bien fallu trouver une solution. Et puis je ne pouvais pas décemment laisser passer une bonne excuse de racheter des chaussures, même si ce n’est pas pour moi.

Hold on to your kids (2)

mardi, septembre 9th, 2008

 

Pour ceux qui l’auraient ratée, la première partie est ici.

Alors en pratique que faire ? Si on est convaincu par cette théorie, il devient évident que les modes de garde et de scolarisation de notre société sont organisés en dépit du bon sens, même s’il y a une prise de conscience réelle de ces enjeux par les professionnels. La faute en est notamment à l’importance grandissante accordée à l’indépendance, l’autonomie et la socialisation des enfants. Il faut accepter que les enfants sont des êtres dépendants, au moins jusqu’à l’adolescence (incluse). La question est : de qui veut-on qu’ils dépendent ? de leurs parents qui en assument la responsabilité ? ou d’enfants de 8 ans ? D’autre part, le concept de « socialisation » n’a pas de fondement tant que les enfants sont immatures. Ils doivent d’abord construire leur propre personnalité pour pouvoir se frotter aux autres sans perdre leur identité. Ils ne peuvent donc être ensemble que sous la supervision active d’un adulte, avec lequel ils ont au préalable établi un lien d’attachement (pas forcément aussi fort qu’avec leurs parents bien sûr). Petit à petit, ils acquièrent la capacité d’accueillir simultanément des sentiments contradictoires, et donc de se mettre à la place de l’autre. Ainsi seulement peuvent-ils montrer de vraies capacités de socialisation.

Les auteurs soulignent ainsi que les enfants qui sont orientés vers leurs pairs sont très à l’aise quand ils commencent l’école, ce qui à première vue provoque la joie des parents et des enseignants, tandis que ceux orientés vers les adultes y viennent d’abord avec réticence. Cependant cette facilité apparente cache un vrai problème : ces enfants aiment aller à l’école pour y retrouver leurs camarades, pas pour apprendre. Sans compter que les retards psychologiques causés par cette orientation contre nature ne vont pas aider leurs capacités d’apprentissage.

Cela ne veut pas dire qu’il faille bannir les crèches, garderies et écoles, mais plutôt les réorganiser pour donner une part plus importante au rôle de l’adulte, et diminuer celle dévolue aux interactions entre les enfants (cette fameuse « socialisation »). Il faut que l’enfant sente que ses parents passent une sorte de relais d’attachement à l’adulte référent (maîtresse, puéricultrice), et que celui-ci s’en saisisse.

Les conseils pratiques (que je n’ai pas trouvé très bien organisés dans le livre et vous retranscris tant bien que mal) pour cultiver l’attachement avec ses enfants (ou ceux dont on s’occupe)  :

  • Ne jamais oublier que c’est à l’adulte de prendre l’initiative et c’est à lui qu’incombe la responsabilité de maintenir le lien. Si la relation se délite, il ne peut en vouloir qu’à lui-même.
  • Interagir très fréquemment avec l’enfant et chercher son contact, au moins visuel, pour réactiver l’attachement : de la même façon que devant un nouveau-né on va tout faire pour attirer son attention et obtenir un sourire, il faut répéter ce rituel avec les enfants (évidemment de plus en plus subtilement au fur et à mesure qu’ils grandissent) aussi régulièrement que possible, et surtout avant toute autre interaction (notamment pour tout acte d’autorité).
  • Offrir aux enfants l’occasion de s’accrocher (psychologiquement) à nous et inviter leur dépendance : d’une façon ou d’une autre, il faut que l’enfant se sente bienvenu, qu’on lui donne envie de s’attacher. Il ne faut pas hésiter à donner de l’attention à l’enfant même quand il n’en réclame pas : celui-ci doit sentir que l’amour et l’attention du parent ne dépendent pas (entièrement…) de son comportement et de ses réalisations. Contrairement aux oisillons, les enfants n’ont pas besoin qu’on les pousse hors du nid : au contraire, plus on les pousse, plus ils s’accrochent (même si ce n’est plus forcément à nous).
  • Faire la boussole : guider l’enfant dans toute situation inconnue et prendre l’initiative à base de « Voici ce que nous allons faire », « Tu peux t’asseoir ici » etc. C’est pourquoi certains programmes envoient les enfants/ados difficiles passer une semaine dans un environnement naturel hostile, où ils n’ont pas d’autre choix que de se tourner vers l’adulte pour survivre.
  • Ne pas hésiter à réorienter l’attachement vers soi : cependant il faut être conscient que plus l’enfant est orienté vers les autres enfants, et plus c’est une tâche difficile qui demandera une patience et une motivation quasi-infinies. De plus il faut être bien prêt à en assumer la responsabilité : briser un attachement est une violence psychologique extrême qui ne doit pas être entreprise à la légère. Garder toujours à l’esprit que c’est la relation qui compte, et pas le comportement. Ce dernier ne pourra être réglé qu’une fois la relation restaurée.
  • Ne pas combler systématiquement l’ennui en invitant un copain : selon les auteurs, l’ennui provient d’un attachement déficient qui prévient l’émergence de la personnalité de l’enfant. Il faut donc au contraire renforcer cet attachement afin d’aider cette émergence. Un enfant qui s’ennuie souvent n’est en fait pas assez mature pour avoir de vraies interactions avec d’autres.
  • Privilégier les amitiés de l’enfant avec des enfants orientés vers les adultes : idéalement il faudrait avoir un minimum de lien avec leurs parents (frères et soeurs, cousins-cousines, enfants de vos amis etc).
  • Cultiver des petits rituels familiaux : dîner ensemble, faire une balade le dimanche… Il ne faut pas hésiter à les imposer aux enfants.
  • Eviter de prendre toutes ses vacances sans les enfants (ou de les laisser au Mickey club toute la journée) : moins on passe de temps avec, plus le lien d’attachement s’affaiblit, plus les enfants sont difficiles à gérer, et plus on veut passer ses vacances sans.
  • Etre très vigilant sur ces notions d’attachement lorsqu’on confie ses enfants : il faut que l’enfant comprenne qu’il est pris en charge par le nouvel adulte et ce avec la bénédiction de ses parents. Ne pas hésiter à laisser un petit souvenir (doudou, photo, tissu avec son parfum, etc). Et surtout s’assurer qu’un lien se crée bien entre l’enfant et l’adulte qui le garde. L’absence d’attachement crée en effet un vide immense que l’enfant remplira avec la première personne voulant remplir cet office, tel une oie de Lorenz.
Autre question qui doit maintenant vous tarauder : comment maintenir un semblant de discipline dans son foyer sans mettre en péril notre précieux lien d’attachement ? Car encore une fois, à nul moment les auteurs ne prônent la permissivité : au contraire, il est capital de mettre des limites à l’enfant et de ne pas douter de la « hiérarchie » naturelle. Les parents ont la responsabilité donc ce sont eux qui prennent les décisions : combler tous les besoins ne veut pas dire répondre à toutes les envies. La discipline exposée dans le livre tend à unir plutôt qu’à diviser, et a l’air du genre qui porte ses fruits à long terme, plus qu’en 15 jours. Personnellement, c’est trop tôt pour tester alors je vous laisse juger par vous-mêmes.
  • Pour rappeler un enfant à l’ordre, mieux vaut utiliser la connexion que la séparation (style « au coin pour 5 minutes »). La séparation peut être efficace à court terme justement car elle est basée sur le besoin de proximité provoqué par l’attachement, mais risque de dommager la relation à long terme. Lorsqu’un enfant a un comportement inadéquat, il faut commencer par activer le lien, en ramenant l’enfant vers soi, tant psychologiquement que physiquement : « Hé hé, tu as l’air de bien t’amuser. Viens voir par ici qu’on discute deux minutes ». Et ça plutôt que « File dans ta chambre, on en reparlera quand tu seras calmé ». Ensuite on peut donner des indications très claires de ce qu’on attend avec beaucoup plus de chances qu’elles soient reçues.
  • Mettre l’accent sur la relation, pas sur le comportement. De façon intéressante, les auteurs expliquent que le principe de réaction immédiate marche bien sur les animaux mais pas vraiment sur les enfants. Un gamin en pleine crise ne peut pas assimiler ce qu’on lui dit, autant pisser dans un violon. Surtout il ne faut pas laisser entendre qu’on ne peut pas gérer l’enfant, mais au contraire garder le contrôle de soi (à défaut de contrôler la situation). Il est plus profitable de « refaire le film » au calme après coup.
  • Aider l’enfant à s’adapter face à la frustration : d’abord rester très ferme sur l’objet de la frustration (typiquement « non on ne fera pas ça ») sans négocier ou tergiverser, puis ensuite amener l’enfant à verser les « larmes de la résignation » en le réconfortant (« tu espérais vraiment que ce serait différent », « c’est vrai que c’est difficile pour toi »), pour l’aider à accepter ce qu’il ne peut changer. Ce serait la meilleure conduite avec un bambin en crise d’opposition.
  • Solliciter une bonne intention plutôt qu’exiger un bon comportement. Ainsi l’enfant sent que l’accent est mis sur sa volonté (« crois-tu que tu pourrais mettre tes chaussures avant de partir ? ») plutôt que sur celle de l’adulte (« je veux que tu mettes tes chaussures »). Lorsque l’enfant malgré tout n’a pas le comportement attendu, ne pas hésiter à dire « je sais bien que tu ne l’as pas fait exprès » ou ce genre de phrase.
  • Essayer de tempérer un comportement impulsif plutôt que de l’arrêter. Du style « je sais bien que tu aimes ta petite soeur, tu ne voudrais pas lui faire de mal » plutôt que « Arrête de taper ta soeur ». Cela marche d’autant mieux quand les émotions ne sont pas encore trop intenses (ou après coup). Cependant cela demande de la part de l’enfant une maturité suffisante pour pouvoir ressentir des sentiments contradictoires simultanément. Dans ce cas, il faut essayer de séparer son comportement de sa personne : « tu as vraiment été emporté par ta colère/l’envie de taper ta soeur » pour l’aider à accomplir la maturation nécessaire.
  • Lorsque l’enfant est trop immature pour produire de lui-même le comportement requis, il faut le guider : « maintenant c’est au tour de ton frère » « ici il faut parler tout doucement » etc. La difficulté est de donner des instructions compréhensibles immédiatement par l’enfant.
  • Une autre piste lorsqu’un enfant est trop immature est de lui éviter de se retrouver dans une situation qui déclenche une crise. Tout le monde sera d’accord qu’on ne peut pas demander à un enfant de deux ans de rester parfaitement calme pendant 1h30 de concert classique. De la même façon, il faut essayer d’identifier les situations « à risque » en fonction de la maturité de l’enfant. Cependant il est inévitable et indispensable qu’il apprenne tôt ou tard à gérer la frustration, c’est donc un équilibre délicat à gérer.
Ah ça a l’air bien joli tout ça (surtout avec mon résumé à la hâche), mais évidemment pas toujours très réaliste (il y a notamment une description d’un petit village de Provence idyllique plein de gens parfaitement attachés, pourtant je ne crois pas qu’il y ait beaucoup de personnes qui pratiquent ce type de discipline, là ou ailleurs). Cependant ce sont des pistes intéressantes à explorer, et à mon avis des concepts essentiels à connaître.
Et rappelons-nous ceci : la priorité est la relation d’attachement. Tant qu’elle n’est pas bien établie, le reste ne marchera pas : on ne peut attendre ni comportement adapté, ni maturation psychologique. Elle doit rester notre priorité, même si c’est loin d’être facile tous les jours.

Hold on to your kids (1)

lundi, septembre 8th, 2008

Parmi mes lectures estivales (Voici, Glamour…) s’est glissé ce livre : Retrouver son rôle de parent (ou en VO Hold on to your kids), de Gordon Neufeld et Gabor Maté. Les auteurs sont Canadiens, le premier est psychologue et le second médecin. Je dois dire qu’à première vue, un livre qui annonce que les temps ont changé, que les enfants et ados sont plus difficiles et plus mal élevés qu’avant, qu’y a plus de saison ma brave Simone et qu’à notre époque les enfants se tenaient bien (et la fermaient), ça ne me fait pas très envie. Mais la personne qui me l’a prêté a insisté que c’était ‘achement intéressant alors j’ai passé outre, et bien m’en a pris. Je crois que c’est probablement le livre le plus intéressant qu’il m’ait été donné de lire sur la parentalité. Il intéressera aussi beaucoup les professionnels de l’enfance (éducateurs, profs, puéricultrices, nounous, etc). Comme je suis vraiment très sympa, je vais vous raconter un peu (enfin vous allez voir la tartine) mais si ça vous parle, je vous recommande vraiment de mettre la main dessus.

La plus grande partie du livre nous explique le concept psychologique d’attachement. Développée chez l’homme par John Bowlby en 1969, cette théorie décrit le lien si particulier qui se met normalement en place entre l’enfant et le(s) parent(s) qui l’élève(nt). Il a également été observé chez les animaux pour lesquels au moins un des parents s’investit dans l’éducation des jeunes (typiquement oiseaux et mammifères). En gros, dès sa naissance, l’enfant a un besoin émotionnel fort d’attachement, qui est normalement comblé par ses parents, à la fois par une satisfaction de ses besoins physiques (faim, froid etc) et de ses besoins psychologiques (amour, réconfort…). Un lien très particulier se crée alors, l’enfant se tournant vers l’adulte dès qu’il a un besoin à satisfaire tandis que l’adulte est prêt à faire pour l’enfant toutes sortes de choses qu’il ne ferait pour personne d’autre (mettre les mains dans le caca, se lever 15 fois la nuit, vous voyez ce que je veux dire). Ce lien fera également que l’enfant suivra volontiers les directives données par l’adulte qui devient en quelque sorte sa boussole, son point de repère. Un bon lien d’attachement entre l’enfant et ses parents rend la parentalité facile, puisqu’il pousse les parents à se « sacrifier » pour leurs enfants (ou en tout cas rend les sacrifices plus doux) et pousse les enfants à obéir aux parents et à tout faire pour leur être agréable (mais si, mais si). Si vous voulez en savoir plus, vous avez l’article wikipedia (en anglais, le français est assez vide), et si vous voulez en savoir beaucoup plus, il y a ce livre : L’attachement. Concepts et applications, par Nicole et Antoine Guedeney (par contre j’avoue je ne l’ai pas lu).

Une bonne relation d’attachement est indispensable à la maturation psychologique d’un enfant : tant qu’il ne ressent pas de sécurité à ce niveau-là et craint de perdre l’objet de son attachement, toute son énergie sera dévouée à obtenir cette sécurité. Il est donc capital qu’il sente que ses parents l’aimeront et s’en occuperont quoi qu’il fasse, quoi qu’il soit. C’est de sentir cet amour inconditionnel qui va lui permettre d’exprimer sa vulnérabilité, elle-même indispensable à son développement psychologique. Tant qu’il ne peut pas transformer la frustration en tristesse (qui est une forme de vulnérabilité), il ne pourra pas la gérer. C’est aussi ce qui lui permettra de laisser s’exprimer des sentiments contradictoires (« j’ai très envie de jouer avec cette porcelaine Ming » et « je n’ai pas envie qu’on me gronde ») et ainsi de s’intégrer harmonieusement dans la société.

L’apport des auteurs à cette théorie -au demeurant relativement bien établie- est le suivant. Dans les sociétés occidentales modernes, les enfants ne s’attachent plus à leurs parents, mais à d’autres enfants. C’est notamment criant à l’école. Voyez un enfant qui tout à coup ne veut plus travailler, veut avoir les mêmes chaussettes Spiderman/le même ensemble jean slim-string que les copains/copines, devient insupportable et agressif avec ses parents/profs, passe toute sa soirée sur MSN/à envoyer des textos/sur Facebook avec ses copains et semble devenu imperméable à tout, carotte comme bâton (son langage se réduisant à « bof » et « j’m’en fous »). Ce sont les principaux symptômes de l’attachement à ses pairs (aux autres enfants). On dirait le portrait d’un ado mais en fait ça peut très bien commencer plus tôt, et même à l’adolescence, quand ce type de comportement s’exacerbe, il n’est pas vraiment normal.

En quoi est-ce gênant ? D’une part, l’attachement est bipolaire. C’est-à-dire qu’on ne peut avoir plusieurs figures d’attachement que si elles sont compatibles. Par exemple, la baby sitter ou les grands-parents sont compatibles avec les parents. Mais les parents ne sont pas compatibles avec Mattéo et Léa. Donc plus l’enfant s’attache à d’autres enfants, et plus il rejette les adultes en général et ses parents en particulier. Il devient agressif et n’a plus aucune intention de suivre une quelconque indication ou ordre venant de leur part. Déjà un premier problème pour les parents ainsi que pour les adultes encadrant l’enfant (profs, éducateurs…).

D’autre part, on a vu que l’enfant attendait de la figure d’attachement un amour inconditionnel pour pouvoir accomplir harmonieusement son développement psychologique. Ses copains sont totalement incapables de lui offrir cela. L’enfant alloue donc en vain toute son énergie à tenter de combler ce vide, énergie qu’il ne peut alors plus consacrer à sa maturation. De plus pour garder ces attachements éphémères, l’enfant doit se blinder contre sa vulnérabilité et ne jamais la laisser paraître. Il doit éteindre sa compasssion, sa tristesse, sa curiosité mais aussi sa joie. Il doit juste avoir l’air cool. Tout le temps. Pour être accepté il tente de ressembler aux autres et étouffe sa propre personnalité. Il ne peut donc pas connaître de maturation psychologique. Cela a également un retentissement important sur son comportement : tout le monde est d’accord pour dire qu’il est plus facile d’obtenir un comportement « acceptable » d’un enfant de 6 ans que d’un enfant de 2 ans. S’il reste bloqué à un stade de développement précoce, ses possibilités comportementales le sont aussi.

Pour les auteurs, un grand nombre des problèmes rencontrés par les parents actuellement vient de là. On se focalise sur le comportement des enfants alors qu’il faudrait commencer par réparer le lien d’attachement. Tant que ce lien n’est pas orienté vers un adulte (qui doit être prêt à en assumer l’immense responsabilité), celui-ci aura les plus grandes difficultés à orienter le comportement de l’enfant. Et toute l’autorité et les claques du monde n’y changeront pas grand chose (à moins vraiment de terroriser l’enfant mais qui voudrait cela ?). Les systèmes disciplinaires « classiques » (carotte et bâton en gros) ne marchent que dans le cadre d’un lien d’attachement fonctionnel.

Une bonne illustration de ce phénomène est à mon avis le problème des jeunes de banlieue (bon permettez-moi deux minutes de faire des grosses généralités pour vous faire passer l’idée, même si je suis tout à fait consciente que la réalité est plus complexe et nuancée). Lorsque les deux parents travaillent beaucoup et que les enfants vont de crèche en école en passant par la garderie dans des structures avec peu de moyens (et donc moins de personnel, qui plus est fréquemment renouvelé), où ils sont toute la journée avec d’autres enfants dans le même cas, la situation est très favorable à un attachement entre pairs. Ainsi cela entraîne la formation de bandes apparemment imperméables à la raison et la perte de l’autorité des parents. Le problème n’est donc pas l’interdiction faite aux parents de coller une bonne rouste (comme on peut l’entendre) mais le rétablissement d’un attachement vers les adultes.

Alors en pratique que faire ?

(à suivre… ici)

Le cododo (2)

mercredi, juin 4th, 2008

Si l’aventure du cododo vous tente, voici quelques conseils pratiques pour dormir avec un bébé.

A mon avis, l’accessoire essentiel c’est la veilleuse. Idéal pour éviter d’allumer la lumière alors qu’on n’a aucune envie de se réveiller et pour bien mettre le poussin au sein quand on débute (que celle qui ne s’est jamais fait téter à côté du téton -ouch!- me jette la première boîte de coussinets). On peut aussi vérifier discrètement s’il s’est endormi.

Dans les premiers mois/semaines de l’allaitement (selon les femmes), on a tendance à avoir des fuites de lait, mieux vaut dormir avec soutien-gorge et coussinets pour éviter de se réveiller dans un environnement humide (et poisseux, le lait maternel est très sucré). Au moment où vous dégainez la bête, il peut être utile de mettre une serviette ou un lange entre votre sein et le lit. Vous pouvez aussi laisser un lange sous la tête du poussin s’il a tendance à régurgiter, pour éviter de changer les draps d’un lit double pour un fromage. Idem pour les fesses si vous avez des problèmes d’étanchéité de couches/une épidémie de gastro. 

Tant qu’on y est, on peut aussi prévoir une bouteille d’eau (l’allaitement donne soif) et une petite collation (et ça creuse). Si vous biberonnez, vous pouvez prévoir les biberons d’eau avec les doses de lait correspondantes à proximité (trouver des récipients de stockage qui permettent de verser facilement la poudre sans en mettre partout -et me signaler au passage ce que vous avez trouvé, ça m’intéresse).

On ne va pas écraser le poussin ? Une simple question : « Vous êtes-vous déjà réveillé en pleine nuit sur votre chéri(e) ? (à l’insu de votre plein gré, inutile de faire des sous-entendus salaces) » Même en dormant, on a conscience de la présence de l’autre (et même un nouveau-né ne se laissera pas écraser comme ça). Evidemment, ça ne vaut pas si on a pris des substances licites ou illicites qui affectent notre conscience (alcool, drogues, somnifères…), donc pas de cododo ces nuits-là. Eviter aussi si on fume.

Comment installer le poussin ? Les principaux risques sont à mon avis la chute du lit et l’étouffement par couette/oreiller. Il faut adapter en fonction de l’âge de l’enfant et de la température de la pièce. Pour la chute, il y a un certain nombre de variantes : mettre l’enfant entre les parents, ou entre un parent et le mur, le mettre dans un petit lit à barreaux en « side-car », c’est à dire collé au lit parental, mettre le matelas par terre, etc. Pour la couette, la sécurité totale est de se mettre chacun dans un sac de couchage (et le poussin dans une gigoteuse/nid d’ange). Je comprends que ça ne fasse pas très envie (jamais pratiqué moi-même). Un nouveau-né (qui de toute façon ne bouge pas) peut être placé au niveau de la tête des parents, qui ont quand même peu de chances de se mettre la couette sur le visage. Sinon il faut le mettre sur la couette (avec sa gigoteuse s’il fait froid). Si vous avez des trucs à partager, n’hésitez pas !

J’en profite pour dire que ces histoires de couette et de gigoteuse ne sont pas des inventions des magasins de puéricultures pour nous vendre plus de trucs : un couple qui m’est très proche a perdu un enfant d’un an qui s’est étouffé dans son édredon pendant sa sieste.

Et comment se retrouve-t-on à deux entre adultes consentants, si on a un moins d’1 mètres collé aux basques 24 heures sur 24. Pour les premières semaines, euh, comment dire, ce genre de préoccupation risque fort d’être le cadet de vos soucis. Ensuite, eh bien il n’y a pas que le lit ou la nuit pour réviser son kama sutra… Il paraît même que les mères allaitantes reprennent plus vite une activité sexuelle que les autres ! Incroyable non ?

Enfin vous trouverez plein d’informations et de conseils sur ce petit dépliant de l’UNICEF, ainsi que sur le site du cododo. Et n’hésitez pas à nous faire partager vos trucs !

Le cododo (1)

mardi, juin 3rd, 2008

  C’est le nouveau mot à la mode pour désigner un concept ancestral : partager son lit ou sa chambre avec son (ou ses) enfant(s). Après quelques décennies de « Un bébé doit dormir tout seul dans son lit dans sa chambre », la nouvelle vague rappelle que la grande majorité de l’humanité ne fait pas chambre à part, et que le nouveau-né est bien trop immature pour dormir seul. Une fois n’est pas coutume, je vais vous raconter un peu ma vie.

Quand j’étais enceinte, j’envisageais que le poussin dorme dans notre chambre mais dans son joli berceau. Je n’avais pas vraiment réalisé qu’on pouvait faire autrement. Le poussin est né au petit matin, et me voilà le premier soir, seule dans la chambre à la maternité, dans mon lit d’hôpital observant l’adorable merveille qui dormait dans son petit berceau en plexi, tout contre mon lit. Et là, la puéricultrice du soir (qui venait nous border faisait sa ronde) me dit « Vous allaitez ? Mais prenez-le dans votre lit, vous verrez ce sera bien plus simple. » Je rattrape ma mâchoire qui venait de se décrocher, réfléchis quelques instants et adhère rapidement au bon sens de ses propos. Hop, le poussin dans mon lit. Ah que c’était moins fatigant que de se contorsionner pour le sortir du berceau sans se lever, même en réarrangeant régulièrement le coussin d’allaitement au bord pour faire barrière (le lit était pourvu de barrières, hélas prévues pour retenir la maman mais pas le poussin) à chaque fois qu’on changeait de côté. Le lendemain soir, nouvelle équipe médicale, et rebelote : la puéricultrice était ravie de voir mon installation pour prévenir une chute malencontreuse.

A peine rentrés à la maison, je ne me voyais plus faire autrement. Le coq, qui avait été soigneusement briefé (ne pas contrarier une jeune maman, surtout fraîchement rentrée de la maternité, sous peine de baby blues et torrents de larmes), a accepté de prendre le poussin entre nous. Le premier mois a donc été beaucoup moins fatigant que prévu : le poussin chouinait légèrement, je dégrafais mon soutien-gorge, le mettais au sein et voilà. Il m’est arrivé souvent de me réveiller avec un sein à l’air et le poussin qui dormait béatement juste à côté. Le coq lui ne se réveillait même pas (sauf quand je lui collais un méchant coup de coude pour lui suggérer d’aller changer la couche de son fils, niark niark niark). J’ai l’impression aussi que comme ça il a très vite compris que la nuit il fallait dormir… Et puis aux esprits chagrins qui s’offusquaient de telles pratiques je répondais « C’est ce qu’on m’a conseillé à la maternité (hôpital public de niveau III) », et toc !

Ensuite, vers ses un mois, nous avons mis le poussin dans la nacelle à côté du lit, et après trois mois il est passé dans son lit dans sa chambre, parce que nous avions envie de plus d’intimité. Je n’irai pas jusqu’à dire que tout s’est passé comme sur des roulettes, mais je pense que les nuits agitées étaient le résultat d’un ensemble de choses. Quoi qu’il en soit, vers quatre mois le poussin s’endormait à peu près sans problème pour des nuits de 12 heures, dans son lit dans sa chambre. Je ne dis pas ça pour rendre fous de jalousie les parents qui n’ont pas cette chance, mais pour dire que le cododo ne condamne pas forcément à avoir le poussin dans les pattes (ou plutôt dans le plumard) jusqu’à ses 18 ans. Et maintenant il a plus de difficultés à s’endormir si il est avec quelqu’un que si il est seul (il est du genre hyper actif et curieux, qui ne veut rien rater de ce qui se passe).

Alors à faire ou à éviter ? Comme toujours, c’est à chacun de trouver ses marques. Si une solution vous empêche de fermer l’œil de la nuit (vous vous relevez quinze fois pour aller vérifier qu’il respire ou au contraire les bruits de son sommeil vous rendent insomniaque) alors elle n’est pas pour vous. Et puis combien de temps ? A mon avis jusqu’à ce que quelqu’un en ait marre (parent ou enfant). On n’est pas non plus obligé de choisir définitivement et de se ranger dans un camp. On a tout à fait le droit de commencer la nuit chacun de son côté et de se rejoindre en cours de route, ou de ne dormir ensemble que les jours pairs, bref n’importe quelle solution qui vous convienne. Il y a un joli témoignage sur le sujet ici. Il ne faut pas choisir une solution « parce qu’on m’a dit que c’était le mieux ». Il faut choisir « parce que c’est comme ça qu’on se sent le mieux ». A ce sujet, j’ai aussi bien aimé ce billet.

Demain quelques idées pratiques pour dormir comme des bébés (ben bien sûr)…

France vs. USA

jeudi, avril 17th, 2008

J’ai vu hier sur Babble (souvenez-vous) un article intitulé C’est bon ? An expat fact-checks France’s rep as a parenting paradise (c’est-à-dire Une expat vérifie la réputation de la France comme paradis des parents). Donc apparemment pour les Américains (ou plutôt les Etatsuniens devrais-je dire) la France est un paradis pour les femmes enceintes et les jeunes parents (un peu comme les Pays-bas en matière de naissance pour nous…). Notre réputation là-bas est telle que si on en croit l’auteur, les livres sur la maternité ne devraient contenir qu’une seule ligne : « Epousez un Français ». J’ai trouvé très intéressant de nous voir par le bout US de la lorgnette.

Voici les principaux avantages que nous aurions et que nos amies outre-Atlantique nous envient :

  • Vin et fromage enceinte : Officiellement, ni le vin (ou aucune autre forme d’alcool d’ailleurs) ni le fromage au lait cru ne sont recommandés pendant la grossesse. Mais autant il y en a certaines (comme moi) qui suivent scrupuleusement les recommandations sanitaires (m’en fous j’aime pas le fromage), autant l’ambiance générale reste encore assez cool sur le sujet, ou au moins plus cool qu’aux US. Apparemment là-bas prendre un coca light enceinte revient à s’exposer à la vindicte publique, à cause de… la caféine ! Donc nous sommes probablement juste un peu moins parano sur le sujet. Et je passe sur la pression insupportable qu’on met sur les femmes enceintes pour qu’elles aient la silhouette de Kate Moss pendant et après la grossesse (ça mérite un billet à part !).
  • Crèche gratuite : Là l’auteur n’a pas d’autre choix que de reconnaître une vaste part de mythe sur ce douloureux sujet. Les places en crèche ne sont pas nombreuses, et on se précipite sur n’importe laquelle parce que de toute façon il n’y en a pas d’autre, alors qu’apparemment les US moms visitent un certain nombre de lieux pour choisir celui qui leur semblera digne d’accueillir leur progéniture. Par contre il est clair que la maternelle -gratuite tant que vous allez dans le public- a peu d’équivalents dans le monde (et aucun aux US). A cette occasion, on découvre qu’aux Etats-Unis on commence le pot vers 3-4 ans plutôt que 2 ans – 2 ans 1/2 comme chez nous (d’ailleurs je crois qu’à l’inverse la grossesse dure 40 semaines contre 41 chez nous, comme quoi…).
  • Enfants bienvenus : Apparemment en France les enfants sont bien accueillis dans les restaurants et mariages, et il est de bon ton d’aller partout avec eux. Pour les mariages, je suis tout à fait d’accord (au passage, petit débat pour les commentaires : est-il acceptable de donner le sein à l’église ?), pour le reste il me semble que la réalité est plus nuancée. Et je ne pense pas que l’auteur ait jamais essayé de prendre le métro avec une poussette… En plus, si on en croit cette expat au Texas (mais depuis de retour à Paris), aller au ciné avec 3 enfants dont un bébé aux US : peace of cake !

Je rajouterai qu’apparemment aux Etats-Unis il y a une vraie controverse sur l’allaitement en public, un peu/beaucoup hypocrite, du genre « Couvrez ce sein que je ne saurez voir ». Diverses solutions allant de ridicules à franchement pénibles ont été proposées pour calmer les puritains : allaiter aux toilettes ou dans un local prévu à cet effet (en général un grand placard…), porter une sorte de couverture/tente/burqa pour étouffer gentiment l’enfant qui tète, ou encore se promener avec des biberons de lait maternel tiré (tellement pratique !). Une mère a même été virée d’un avion car elle refusait d’allaiter dans les toilettes. Autant vous dire que l’affiche de J’ai toujours rêvé d’être un gangster n’aurait probablement pas fini dans tous les couloirs de métro/abribus là-bas.

Et ne parlons pas des coûts médicaux : là encore, après avoir lu notre (ex)Texane, vous trouverez très raisonnables les dépassements d’honoraire de votre toubib… 

Hum je réalise que mon billet risque de passer pour de l’anti-américanisme primaire, ce qui n’était pas vraiment mon intention ! J’aimais beaucoup d’ailleurs le blog de la Desperate housewife du Texas, qui donnait une vision très nuancée de ce pays (malheureusement elle ne publie plus beaucoup depuis qu’elle est rentrée à Paris), et je vous invite à faire un petit tour dans les archives. Et puis c’est eux qui ont fait Babble, après tout. 

Que sont-ils devenus ?

vendredi, avril 11th, 2008

Aujourd’hui un billet pour vous donner quelques infos et liens supplémentaires en rapport avec de précédents articles.

Allaitement (voir ici et ici) : suite au refus d’une crèche de donner du lait maternel après 6 mois, une pétition est lancée pour qu’une loi soit faite pour que ça n’arrive plus. On peut la signer ici.

Chaussons en cuir souple : Pour ceux qui habitent dans des contrées polaires, ou chez qui il y a du carrelage très très froid, et qui trouvent que les chaussons c’est un peu léger, je vous ai trouvé un lien aux petits oignons : des petits chaussons fourrés fabriqués à la main au TIbet, pour seulement 19.95 $ la paire (port compris). Il y a aussi des petites bottines à peine plus chères. Certes ça n’est plus trop la saison, mais vue la météo ça fait une bonne excuse pour dégainer la CB (je suis forte, je résiste, je suis forte, je résiste…). Et si le dollar venait à remonter, il vaut mieux profiter du cours avantageux maintenant (je suis forte, je résiste, je suis forte, je résiste…).

Aldo Naouri : Grâce au blog Faisons avancer les choses, je vous suggère d’aller voir l’article de Elle où Alix Girod de l’Ain (alias le Dr AGA pour celles qui lisent Elle) teste la méthode Naouri. Ecrit avec son humour habituel, et criant de vérité.

La technique magique du bain : Pas de lien en particulier, plutôt quelques observations (en conditions contrôlées) sur l’évolution de la technique avec l’âge du poussin. Et ce surtout si vous avez pris l’option « explorateur/Dr Livingstone » sur votre poussin (ou pas d’ailleurs, ce qui peut mener à certaines tensions dans le couple, pour savoir qui a coché cette foutue option). Bref. Une fois donc que le poussin commence à maîtriser sa position et à savoir en changer tout seul, vous pouvez le mettre directement assis dans le bain. Il y a aussi des chances qu’il ne veuille plus aller sur le dos (alors que c’est quand même la position la plus pratique pour lui laver les cheveux). L’avantage, c’est que quand il commence à se mettre debout, c’est carrément plus pratique pour le savonner (façon fouille au corps à la douane…). Moins pour le rincer cependant. L’inconvénient, c’est que la baignoire, ça glisse, alors je vous raconte pas les gamelles. Le dernier truc du poussin : on laisse couler l’eau pendant qu’il est dans le bain (arrêter l’eau avant qu’on ne voie plus la tête…). Gros gros succès : essayer de boire l’eau (en s’en mettant plein la figure), passer sa main dedans (en s’en mettant plein la figure), s’approcher (en s’en mettant plein la figure), éclabousser partout (en s’en mettant plein la figure). Bref l’éclate totale. 

Je vous donnerai bientôt des nouvelles de mon expérience des couches lavables, que nous utilisons à plein temps depuis 2-3 semaines, mais j’attends d’avoir un peu plus de recul pour vous en parler.

Dépôt vente

jeudi, avril 10th, 2008

livre_massin Aujourd’hui un livre qui s’adresse à tous les parents et futurs parents : Vous qui donnez la vie, un autre regard sur la grossesse de Christophe Massin. Dans cet ouvrage, pas de recommandations sur le nombre de carrés de chocolat autorisés à la femme enceinte, la quantité de vêtements taille 1 mois à acheter ou encore à quel âge commencer les navets. Il s’agit plutôt de comprendre les processus psychiques et psychologiques à l’œuvre chez les parents et futurs parents depuis la conception jusqu’aux premiers jours de l’enfant. Rassurez-vous ça n’est pas le style : 

– « Docteur, je ne me reconnais plus, j’ai envoyé une assiette à la figure de mon chéri/pleuré devant une pub. »

– « Allons allons ma brave dame, c’est les hormones ». 

Pas non plus le genre « faites ci, faites ça, comme ça, et pas comme ça », mais plutôt des pistes, des idées à explorer et à s’approprier (ou pas) si elles vous parlent.

A partir de son expérience de psychiatre-psychothérapeute et de nombreux témoignages de parents, l’auteur aborde des sujets aussi variés que le désir d’enfant, l’interruption de grossesse (volontaire ou médicale), le rôle de l’équipe médicale pendant la grossesse puis à la naissance, ou encore la place du père. Le livre s’articule ainsi en trois grandes parties : Le choix de la vie, La vie entre les mains de la science, et Père, mère et enfant. Il est à recommander à tous ceux qui veulent prendre un peu de recul sur leur rôle de parent et faire la part des choses dans les émotions fortes et parfois contradictoires qui accompagnent ces moments. Je pense que sa lecture peut aussi aider les personnes qui d’une façon ou d’une autre ont mal vécu certaines choses autour de la grossesse, surtout si elles leur restent encore en travers de la gorge.

Vous êtes conquis ? Mauvaise nouvelle, ce livre a été retiré par l’éditeur. On en trouve encore chez Fnac et Amazon. Et je connais bien l’auteur à qui il en reste un stock. Vous pouvez donc par l’intermédiaire de ce site l’acheter au prix de 20 € (port compris pour la France métropolitaine). Et si vous avez l’esprit midinette, vous pouvez avoir pour le même prix une dédicace de l’auteur. Pour plus de détails, m’envoyer un mail : lapoulepondeuse @ gmail.com (il faut enlever les espaces bien sûr)