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Le portage pour les nuls

dimanche, novembre 28th, 2010

femmeinuit490 Voici un billet dédié aux poules couveuses ou qui viennent de pondre, ainsi qu’à leurs coqs. Le premier point, c’est qu’il vous faut un porte-bébé. Il y a peu d’indispensables en puériculture : on peut se débrouiller sans lit bébé, sans biberon, sans tétine, sans poussette, sans couche, et j’en passe, mais le porte-bébé c’est vraiment incontournable. D’ailleurs c’est il me semble le seul accessoire pour bébé qui soit aussi répandu à travers le monde et les sociétés les plus diverses. Il est en outre intéressant de noter que quelle que soit leur origine, la grande majorité des porte-bébés traditionnels (pagne africain, rebozo mexicain, mei tai chinois, onbuhimo japonais, etc) sont respectueux de la physiologie des petits (gardent le dos courbé et les jambes en grenouille) comme des grands (généralement des portages dos ou sur la hanche, bien collés et hauts). Le porte-bébé est utile pour se promener partout (essayez le métro parisien avec une poussette aux heures de pointe pour voir…) mais aussi parce que la plupart des bébés veulent être portés, souvent et longtemps. Donc grossièrement trois grandes alternatives s’offrent à vous :

  1. poser le bébé quelque part (transat, couffin…) et investir dans un casque anti-bruit
  2. avoir le bébé toujours dans les bras, ce qui est fatigant et peu pratique
  3. prendre le bébé en porte-bébé et vaquer à vos activités habituelles dans la sérénité

Bien sûr c’est un peu caricatural mais avoir un bon porte-bébé facilite énormément la vie avec un poussin. On a déjà pas mal parlé portage dans la basse-cour, donc je vais essayer de ne pas être trop redondante avec les articles précédents. Ce billet s’adresse aux futurs ou jeunes parents qui, convaincus par les arguments énoncés ci-dessus, souhaitent s’acheter un bon porte-bébé mais que ce soit aussi simple que possible. A ces parents je réponds : achetez un porte-bébé préformé physiologique. On a déjà parlé ici de l’Ergobaby carrier, il y a aussi le Manduca et le Beco Baby Carrier (Ficelle et Laurence qui ont testé le Beco en sont très déçues, il ne semble donc pas être du même niveau que les deux autres) qui sont très similaires. Il en existe d’autres comme le Boba ou le Patapum, mais ils ne permettent pas d’aller de la naissance à trois-quatre ans. Ces porte-bébés sont vraiment géniaux, car très faciles à utiliser et pratiques, et super confortables tant pour le poussin que pour le gallinacée porteur. On peut porter devant, dans le dos et sur le côté. Ils sont particulièrement appréciés par les coqs tant pour leur style sobre que pour leur simplicité d’utilisation, avec des clips à la place des nœuds. Rapides à mettre et à enlever, on passe facilement du dos au ventre (et vice versa) et quand le poussin descend pas de pans qui traînent par terre, on peut garder le porte-bébé sur soi. Je ne connais personne qui ait été déçu par l’Ergo ou le Manduca, qui sont les deux plus répandus. Certes c’est un investissement (autour de 100€) mais il peut vous éviter l’achat d’une poussette suréquipée en passant directement à la poussette-canne.

Bien sûr, ils ne sont pas aussi confortables et adaptables qu’une bonne écharpe en sergé, à condition que celle-ci soit parfaitement utilisée, ce qui n’est généralement le cas qu’après au moins un ou deux ateliers de portage et avec une pratique assidue. Ne croyez pas que je n’aime pas l’écharpe, j’utilise régulièrement ma fidèle Storchenwiege mais malgré tout je constate trop souvent que mon nouage n’est pas aussi impeccable que je l’aurais souhaité. Je ne crois donc utile de la recommander qu’à quelqu’un qui a vraiment envie de maîtriser ce système.

Donc à mon avis, si vous ne devez avoir qu’un seul porte-bébé, prenez un préformé : même s’il y a des situations où d’autres types de porte-bébé sont plus adaptés, c’est vraiment le meilleur compromis. Cependant, si vous le pouvez, il peut être agréable d’avoir un deuxième porte-bébé, celui-là entièrement souple, notamment pour les premiers mois, surtout si vous avez un poussin crevette. Un sling est une sorte d’écharpe avec des anneaux, facile à installer et à régler, et qui permet une installation très physiologique de l’enfant (voir ici le témoignage d’une pro du portage). L’inconvénient principal : c’est un portage asymétrique (en bandoulière) qui est donc moins confortable pour le porteur. Mais cela se sent surtout quand le poussin devient plus lourd. C’est le même style que le bébétube, mais il permet des réglages plus fins et donc une meilleure installation, surtout pour mettre un nouveau-né en kangourou (c’est-à-dire vertical, ce qui est plus physiologique qu’en berceau et recommandé notamment pour les reflux). L’autre option est une écharpe extensible, comme la Je porte mon bébé. Un seul nouage (facile) à maîtriser, et on enlève et remet le poussin sans le défaire. Cette écharpe permet aussi de porter dans le dos, mais c’est par contre aussi technique qu’avec une écharpe non extensible en sergé, si ce n’est plus. Donc à mon avis un faux ami à long terme pour notre porteur débutant à la recherche du plus simple, même si très bien pour les premiers mois. Ces deux systèmes sont aussi a priori les plus simples pour allaiter dans le porte-bébé (et ça avec l’Ergo mes rares essais se sont soldés par des échecs complets).

Je ne vous ai pas parlé des mei tai, ou porte-bébés chinois, qui sont pourtant une alternative intéressante à l’écharpe. Je n’en ai pas moi-même, mais j’ai eu l’occasion d’essayer ceux de Ficelle, y compris THE Lana, et je ne suis pas convaincue. D’une part il faut quand même faire des nœuds, et du coup il y a des pans qui traînent quand on l’installe et le désinstalle. Et d’autre part je n’ai pas réussi à trouver d’installation confortable, ça ne me semble pas compatible avec ma morphologie. J’ai donc une réserve à les recommander, même si je sais qu’ils ont aussi leurs fans. Quoi qu’il en soit à mon avis ce n’est pas idéal pour le Candide du portage à qui s’adresse ce billet.

Enfin quelle que soit votre décision (écharpe, porte-bébé préformé etc), pour départager les différents modèles je ne peux que vous recommander le site de la PorteBBthèque, qui présente une large gamme de systèmes de portage avec photos, description et avis. Pour ma part, je conseille d’investir dans une marque réputée, ce qui est d’une part un gage de qualité (je suis impressionnée par la tenue de notre Ergo et de ma Storch, tous deux achetés pour Pouss1 qui a maintenant 3 ans 1/2) et d’autre part l’assurance de pouvoir facilement revendre le produit s’il ne convenait pas. Et si vous avez un budget serré, vous pouvez aussi les acheter d’occasion.

Comme tout le reste de ce blog, ce billet est à vocation non commerciale et n’a été sponsorisé par aucune des marques citées.

Photo : Une femme inuit avec un bébé dans son amauti traditionnel. Je ne sais pas si c’est facile à utiliser mais j’ai flashé sur la photo.

Les cinq étapes du deuil des nuits

mercredi, novembre 3rd, 2010

babysleep Réveil-matin (n.m.) : Invention servant à réveiller des adultes sans bébé.

Elizabeth Kübler-Ross ne le savait peut-être pas, mais sa description des cinq étapes du deuil s’applique parfaitement à une nuit typique d’un jeune parent :

  1. Choc et déni : cette courte phase du deuil survient lorsqu’on apprend la perte (moment où le parent est réveillé par un bruit suspicieux). C’est une période plus ou moins intense où les émotions semblent pratiquement absentes (à deux heures du matin le cerveau est bien trop ralenti pour produire des émotions). C’est en quittant ce court stade du deuil que la réalité de la perte s’installe (comprendre : bébé hurle à pleins poumons et il va bien falloir faire quelque chose si on veut espérer dormir).
  2. Colère : phase caractérisée par un sentiment de colère face à la perte (« Mais tu vas la fermer ta g… ! ») . La culpabilité peut s’installer dans certains cas. Période de questionnements (le parent passe mentalement en revue tous les avis et conseils plus ou moins contradictoires de son entourage et augmente la liste déjà longue des facteurs qui pourraient influencer le sommeil de bébé : alimentation, lumière, habits, literie, conjonction astrale…).
  3. Marchandage : phase faite de négociations, chantages… (à la fois entre parents « si tu te lèves cette fois je me lèverai la prochaine fois/ferai la vaisselle pendant 1 mois/**** (promesse sexuellement explicite ne pouvant être retranscrite sur un blog familial) », ou encore « si c’est moi qui me lève on ne fera pas de 2ème/3ème/4ème etc/tu peux te la mettre derrière l’oreille », mais aussi avec l’enfant, voire avec les puissances supérieures)
  4. Dépression : phase plus ou moins longue du processus de deuil qui est caractérisée par une grande tristesse (doux euphémisme caractérisant l’état du parent quand le bébé qu’il a mis vingt minutes à rendormir s’est réveillé en hurlant dès qu’il a touché le matelas, sur lequel il a pourtant été déposé avec autant de délicatesse que s’il s’agissait d’un paquet de nitroglycérine pure), des remises en question (le parent ne comprend pas pourquoi ce foutu gosse ne fait rien comme écrit dans le bouquin annoncé comme miracle, alors que le parent lui a suivi toutes les instructions à la lettre), de la détresse (le parent envisage l’internement psychiatrique, où au moins on est assuré de dormir dix heures par nuit, voire la prison, mais finit généralement par se rappeler qu’il vaut toujours mieux être réveillé par Léo, 5 mois, 7 kg, que par Jo le Serpent, 30 ans, 90 kg, et qui a pris pour quinze ans). Les endeuillés dans cette phase ont parfois l’impression qu’ils ne termineront jamais leur deuil (ou à défaut que cette chienne de nuit ne finira jamais, car quand on est debout pour la quatrième fois à 2 heures du matin, le temps ne passe pas très vite) car ils ont vécu une grande gamme d’émotions (envie de le jeter par la fenêtre, envie de se jeter par la fenêtre, désappointement quant aux prix généralement pratiqués dans la vente de bébés, etc) et la tristesse est grande.
  5. Acceptation : Dernière étape du deuil où l’endeuillé reprend du mieux. La réalité de la perte est beaucoup plus comprise et acceptée. L’endeuillé peut encore vivre de la tristesse, mais il a retrouvé son plein fonctionnement. Il a aussi réorganisé sa vie en fonction de la perte (comprendre : le parent prend dix-sept cafés par jour pour donner le change au boulot, porte une épaisse couche d’anticerne et attend avec impatience de pouvoir réveiller un ado grincheux à l’aube un lendemain de cuite. Il réalise aussi qu’il est super bien entraîné pour le Vendée Globe. Mais il lui arrive encore de mordre quand il entend que l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt).

Image : Il n’existe hélas pas plus de méthode miracle pour faire dormir les bébés que de méthode magique pour mincir durablement sans effort et sans régime…

La plupart des bébés

mercredi, mai 26th, 2010

evian-bebe-5 Dans un monde où une part grandissante des jeunes parents n’ont jamais vu un bébé de près avant d’avoir le leur, et où la perception du bébé se base surtout sur les pubs, les films et la télé, il me semble utile de faire une petite mise au point sur ce qu’est vraiment un bébé, et en particulier un nouveau-né. Bien sûr il y a une certaine variabilité, ceci ne concerne donc pas « tous les bébés » mais « la plupart des bébés ».

Déjà, la plupart des nouveaux-nés sont moches (sauf les miens bien sûr qui sont magnifiques). Ce n’est pas vraiment qu’ils ne sont pas beaux, mais ils ne ressemblent pas à l’image d’Epinal du bébé. Normal : lorsqu’il y a un accouchement dans un film, le bébé a minimum trois mois (avant cela c’est illégal de les faire travailler). Quant à ceux des pubs (style bébé cadum) ils ont minimum 8-9 mois.

Beaucoup de bébés n’aiment pas les couffins, berceaux, lits, transats et autres indispensables de la puériculture. Ils préfèrent largement être dans les bras de quelqu’un et sont équipés de détecteurs de matelas ultra-sensibles avec alarme à 130 dB. En prime, il faut que ce quelqu’un soit debout et marche, sinon l’alarme se relance. L’image du petit ange qui dort tranquillement dans son petit lit entre deux repas tient plus du phantasme de parent épuisé que d’une représentation crédible du bébé ordinaire.

Et puisqu’on est dans le sommeil, rares sont les bébés qui font leurs nuits à peine rentrés de la maternité, ou à quelques semaines, ou à trois mois, ou à 5 kg, ou …. Et même s’ils les font à un moment donné, profitez du répit car de nombreuses circonstances peuvent changer cet état béni : poussée dentaire, maladie, acquisition d’une étape de développement (comme la marche), changement de l’environnement (déménagement, petit frère, passage de la Lune dans la troisième maison du Bélier…), etc. D’ailleurs tout le monde ne s’accorde pas sur la définition de « faire ses nuits ». Sur le site LLL, on apprend que cela consiste à « dormir jusqu’à cinq heures d’affilée au moins quatre nuits par semaine »*, et que 25 % des enfants d’un an ne remplissent pas ces critères ! Entre cette situation et dormir systématiquement des nuits de douze heures sans interruption, il y a une large palettes de situations où doit se trouver la majorité des bambins (et donc des styles éducatifs très variés).

Quant à l’endormissement seul c’est une compétence qui s’acquiert trèèèès progressivement. Rien que de plus banal qu’un bébé qui ne s’endort qu’au sein/dans les bras/en voiture/en poussette/en porte-bébé (et j’en oublie sûrement) et ce pendant plusieurs mois (« plusieurs » pouvant être supérieur à douze…). A propos de l’endormissement au sein voir l’avis du Dr Jack Newman (point n°9).

D’ailleurs beaucoup de bébés aiment téter. Les premiers mois, c’est d’ailleurs leur principale source de plaisir et de réconfort. Bien sûr ils aiment aussi être dans les bras (et le contact leur est aussi vital que le lait) mais le besoin de succion ne peut pas être comblé par un câlin. Or il n’y a pas trente-six façons de satisfaire ce besoin de succion, d’autant plus qu’il est extrêmement rare qu’un nouveau-né sache téter ses doigts de façon satisfaisante : le sein, le petit doigt d’un des parents ou la tétine. Ainsi, dans le monde 8 bébés sur 10 sucent leur pouce et 50 à 80% des bébés occidentaux entre un et six mois ont une tétine. Donc pour la plupart des bébés cela se traduit par passer beaucoup de temps au sein (rien à voir avec les quinze minutes toutes les trois heures qu’on préconise encore dans certaines maternités) et/ou par avoir une tétine (même si les parents s’étaient jurés -avant la naissance- que cet instrument de Satan n’entrerait pas dans leur foyer). Et ils sont aussi nombreux à avoir besoin de téter pour s’endormir, que ce soit le sein, le pouce, la tétine ou autre chose.

Mais quand on a le nez dans le guidon et qu’on dort par tranches de 2-3 heures depuis des semaines, on oublie que les enfants changent. Vite. Radicalement. Leur échelle de temps n’est pas la même que la nôtre : un mois pour un nouveau-né, c’est énorme. Inutile de paniquer s’il ne fait pas ses siestes dans son lit alors qu’il doit aller chez la nounou dans quelques semaines, il aura tellement changé d’ici-là. Et s’il ne les fait toujours pas le jour J, il s’adaptera (avec l’aide de la nounou, qui est payée pour ça). Pensez que cet adorable boutchou qui s’abandonne au sommeil dans vos bras sera un jour un ado boutonneux aux cheveux gras qui vous ignorera à la sortie du collège. Il est parfois plus simple d’accepter que la situation, bien que difficile, est normale et finira par passer que d’essayer par tous les moyens de la faire évoluer. Et en attendant il y a quand même des trucs pour se faciliter la vie : un bon porte-bébé pour l’enfant qui ne veut pas faire de sieste dans son lit par exemple.

Votre enfant ne fait rien de tout ça ? Alors profitez-en et ne pavoisez pas trop auprès de vos congénères qui ont des cernes jusqu’au menton, vous n’y êtes probablement pas pour grand chose (certains le découvrent quand ils ont ensuite un autre enfant qui correspond plus au profil type…). Et si vous le reconnaissez dans tout ou partie de cette description, dites-vous bien que tout cela n’a rien d’anormal et n’est pas de votre faute. Vous n’avez pas raté un truc, vous n’êtes pas des parents incompétents. Ceux qui vous prétendent le contraire n’ont jamais vécu avec un bébé ou sont sous le coup de la fameuse amnésie parentale. A ma connaissance il n’y a AUCUNE recette miracle pour modifier totalement et durablement ces comportements. Bien sûr chaque famille a sa petite cuisine, ses petits trucs qui facilitent la vie, qui permettent parfois d’accélérer des transitions quand la situation devient trop difficile mais ce ne sont jamais des panacées universelles. Enfin si vous n’avez pas encore d’enfant (ou si vous êtes enceinte), attendez-vous à tout cela et pire encore, et vous ne pourrez avoir qu’une bonne surprise.

Enfin que ceux de mon lectorat pour qui ce billet est un enchaînement de truismes et de lapalissades me pardonnent, mais il me semble que tout ceci n’est pas assez dit. Personnellement j’aurais bien aimé trouver ça dans le Laurence Pernoud que j’ai lu enceinte de Pouss1 . Et vous, il y a d’autres chose que vous auriez aimé qu’on vous dise ?

*pour ma part je considère qu’un enfant fait ses nuits lorsqu’il n’a plus besoin d’intervention extérieure pour se rendormir pendant la nuit.

Photo : en général les bébés ne font pas de roller, mais vous le saviez peut-être ?

Mère indigne ?

mercredi, mars 10th, 2010

bad-parenting Au gré de mes pérégrinations sur le net, je suis tombée sur cette petite annonce :

Bonjour,

Je prépare un reportage pour M6 et l’émission 100% Mag, « je suis peut-être une mère indigne mais je l’assume. »
Je cherche a suivre dans le cadre de ce reportage des femmes de 30 ans environ qui se sentent avant tout femme avant d’être mère.
Ces femmes ne culpabilisent pas de ne pas jouer tous les soirs avec leurs enfants, elles partagnent toutes les taches avec le père, elles sortent, elles ne sont pas coller à leurs enfants en permanence…

Je voulais savoir si vous pouviez m’aider à trouver des femmes qui ont ce profil.
Je suis à votre disposition.
Cordialement

(NB : les fautes d’orthographe ne sont pas de moi)

Ah ? Une femme qui ne joue pas tous les soirs avec ses enfants, qui partage les tâches avec le père, sort et ne reste pas collée à ses enfants en permanence est une mère indigne ? C’est drôle, ce profil me ressemble étrangement ainsi qu’à la grande majorité des mères que je connais. Moi je dirais plutôt que c’est une mère équilibrée qu’une mère indigne mais bon. Nous sommes toutes la mère indigne de quelqu’un (notons cependant que ce sont surtout les mères qui sont indignes, quid des pères ?). Sans compter que ces derniers temps c’est devenu furieusement tendance d’avouer ses petits travers parentaux et de se présenter ainsi comme « indigne ». Evidemment je suis la première à rire comme une baleine en lisant certains récits, mais ne va-t-on pas un peu trop loin dans cette mode du mauvais parent, où le moindre écart à une norme supposée devient une marque d’indignité ? Soyons francs, ces parents qui revendiquent haut et fort leur supposée incompétence ne font rien qui leur vaudrait une visite de la PMI. Et les vrais parents indignes, eux, ne font heureusement rire personne.

Il me semble que le principal problème auquel le parent est confronté est de faire un compromis permanent entre les besoins de toute la famille. Selon le côté vers lequel on fait peser la balance, on sera un parent indigne ou un parent sacrificiel. La vraie question pour moi ce n’est pas ce que l’on fait ou pas, mais pourquoi on le fait. Un petit exemple : en ce moment j’allaite Pouss2 et il dort avec nous. Les uns diront que je suis une mère anti-féministe, qui se laisse mener en bateau par un petit tyran (qui n’a pas 2 mois), les autres penseront que je suis une mère trop fusionnelle et castratrice qui étouffe ce pauvre enfant et l’utilise comme prétexte pour m’éloigner de son père (je caricature à peine). Or quelle est la principale motivation pour cet arrangement nocturne ? La qualité (et la quantité) de mon sommeil. Même si je partageais les levers nocturnes avec le Coq, ça ferait déjà trop pour ma flemme. D’ailleurs comme je gère Pouss2 pour la nuit, c’est lui qui se lève quand Pouss1 fait un cauchemar, hé hé. Voilà comment une même situation peut me faire passer pour une mère indigne ou bouffée par ses gosses. Moi j’ai simplement l’impression d’avoir trouvé un bon compromis qui permet de satisfaire les besoins de tout le monde. Compromis que je n’hésiterai pas à remettre en cause dès que l’un de nous n’en sera plus satisfait (et qu’il fera moins froid la nuit). Alors qui est égoïste : la mère qui allaite parce que c’est pour elle un vrai plaisir ou celle qui donne des biberons pour que son mari se lève la nuit ? la mère qui a arrêté un travail peu valorisant dont le faible salaire suffisait juste à payer les frais de garde ou celle qui s’épanouit dans le poste de ses rêves pendant que ses enfants sont à la crèche ?

Personne ne peut décider à votre place de ce qui vous conviendra ou pas. Et je rejoins tout à fait Elisabeth Badinter quand elle dit que nous ne sommes pas un troupeau. J’ajouterai même que nos enfants et nos hommes non plus. Mais si je peux donner un conseil aux autres parents, c’est justement de surveiller la balance et de ne pas oublier leurs propres besoins (et si vous avez lu Gordon vous savez que ce n’est pas incompatible avec le respect des besoins des autres). Les enfants ont tendance à être ingrats (en particulier à l’âge éponyme) et il ne faut pas s’attendre à ce que devenus adultes ils soient éperdus de reconnaissance pour ce que vous leur avez sacrifié (cela s’applique aussi à votre employeur d’ailleurs). D’ailleurs ils trouveront toujours quelque chose à vous reprocher (y compris d’être si parfait qu’ils ne trouvent rien à vous reprocher, ce qui est extrêmement frustrant). Et pour eux, je pense que ce n’est pas d’avoir tel ou tel lait, telle ou telle couche, ou tel ou tel temps de présence parentale qui est important, mais bien d’avoir du lait, d’être propre et d’avoir des parents qui les aiment. Bien sûr, on a maintenant des données et des arguments qui nous permettent de savoir quelles sont les options les meilleures de façon générale (c’est-à-dire que statistiquement c’est mieux mais au cas par cas pour certains ça ne change pas grand chose alors que pour d’autres c’est une énorme différence), et nous ne pouvons pas les ignorer ou les réfuter juste parce qu’elles ne nous arrangent pas. J’essaie d’ailleurs sur ce blog de partager des informations et des réflexions pour avancer en ce sens, en limitant autant que possible la culpabilisation. Mais faut-il pour autant faire le grand chelem du parent parfait, si c’est au détriment de son équilibre personnel ? Je ne le pense pas. A chacun ses priorités, ses envies, ses besoins, et à chaque famille ses compromis.

Si c’est ça être un parent indigne, alors vive l’indignité !

Photo : mère indigne ou mère stupide ? (on fait de la philosophie par ici, mais oui)

Informer sans culpabiliser : est-ce seulement possible ?

lundi, février 1st, 2010

culpabilite La maternité est un puits sans fond de culpabilité. Il est donc crucial que déjà entre mères nous évitions de nous pousser les unes les autres plus profond alors que nous avons déjà tendance à nous y enfoncer toutes seules. Cependant si nous voulons faire des choix éclairés, il faut aussi que nous bénéficions d’informations sur les différentes alternatives dont nous disposons. Pour avoir fréquenté ‘un certain nombre de mères, j’ai vite réalisé que la ligne entre « ne pas culpabiliser » et « donner des informations objectives » est bien étroite et difficile à tenir. Ne pas donner un conseil non sollicité qui risque de faire plus de mal que de bien ? Nier les vérités qui ne nous arrangent pas ?

En préalable, il faut tout de même rappeler que la plupart des sujets qui nous déchirent sont finalement des problèmes de nantis (les fameux MPR : méga problème de riche) : quand certaines affrontent chaque jour l’angoisse de ne pas pouvoir nourrir leur famille, j’en suis à me demander comment agrémenter le persil tubéreux de mon panier bio pour que les hommes consentent à en manger. Alors que des femmes risquent leur vie pour faire naître leur bébé, je suis en panique car je n’ai toujours pas fini mon sac pour la maternité à 40 SA. J’arrête là, vous voyez le tableau.

Je dois aussi ajouter que personnellement, je suis assez mal placée pour juger quiconque. J’ai donné naissance avec et sans péridurale. J’ai été suivie par une gynéco et par une sage-femme. J’ai utilisé des Pampers et des couches lavables. J’ai allaité et donné des biberons (avec BPA). J’ai des portes-bébé et des poussettes (face à la route en plus). J’ai fait des purées et donné des petits pots (même pas bio). J’ai fait du cododo et j’ai laissé pleurer. J’ai fait de l’écoute active et j’ai crié des insanités. J’ai repris à temps plein après le congé maternité et je m’apprête à prendre 6 mois de congé parental total. Comme tout le monde, j’ai mes doutes et mes regrets, mais globalement je suis en paix avec mes choix. Je les assume. Parce qu’à chaque instant, j’ai essayé, en fonction des informations et connaissances dont je disposais, de trouver la meilleure solution, le meilleur compromis pour ma famille. Et je ne crois pas que chacune de ces options font de moi une bonne ou une mauvaise mère. Un bon parent n’est pas pour moi quelqu’un qui aurait validé toutes les cases d’une improbable check list, mais plutôt une personne qui essaie, qui fait de son mieux, qui n’hésite pas à se remettre en question, à voir ce qui se fait, avec comme but ultime de trouver ce qui convient le mieux à toute sa famille (si tant est qu’on puisse vraiment définir le bon parent). La construction physique et mentale d’un enfant est un processus tellement complexe qu’on ne peut attribuer sa réussite ou son échec (sans compter la difficulté pour définir des critères de réussite ou d’échec) à un seul de de ces facteurs.

Comme je lis et me documente pas mal sur tous ces sujets (sans compter quelques cogitations issues de mon neurone unique -dont j’espère qu’il va retrouver quelques copains maintenant que j’ai pondu…), j’essaie de partager les informations, les théories, les résultats scientifiques qui me semblent intéressants et pertinents avec ceux et celles que ça intéresse (et apparemment il y en a si j’en crois les stats du blog et les commentaires enflammés toujours plus nombreux). J’essaie d’être objective, même si bien sûr la nature même du support -un blog dont je suis la poulocrate unique- implique une grande subjectivité : je traite les sujets dont j’ai envie, comme j’en ai envie, sans demander l’avis de personne. Mon but n’est jamais de culpabiliser, même s’il m’arrive d’être involontairement maladroite, et même si je sais combien certains sujets peuvent être douloureux.

Par exemple, je sais maintenant que si j’écris un billet sur l’allaitement, quelles que soient les précautions que je vais prendre, il est quasiment certain qu’il y aura au moins un commentaire d’une mère qui se sentira blessée par le sujet, ou au moins « obligée » de justifier pourquoi elle-même n’a pas allaité. Faut-il pour autant arrêter de parler d’allaitement ? Je pense au contraire que plus on en parlera, plus les femmes seront informées, et moins il y en aura à qui ça restera en travers de la gorge : les femmes pourront faire leur choix en connaissance de cause et auront plus de chances de mener leur projet à bien, ce qui à mon avis les aidera à mieux l’assumer derrière.

Il y a aussi tout le débat autour des conditions d’accouchement et de leurs répercussions physiques et psychologiques sur la mère et l’enfant, qui peut facilement devenir culpabilisateur (ou être ressenti comme tel, ce qui revient au même). Bien sûr que cela n’est qu’un facteur parmi d’autres, mais faut-il pour autant éviter d’en parler ? Se pose finalement la question de l’intérêt commun vs l’intérêt individuel : globalement il est dans l’intérêt de la société d’être composée de gens équilibrés et en bonne santé (ne serait-ce que parce que c’est elle qui paie pour ceux qui ne vont pas bien). Mais l’histoire a montré de nombreuses fois qu’on ne fait pas le bonheur du peuple malgré lui, et cela ne doit pas se faire aux dépens des libertés individuelles. On se trouve donc face à un certain nombre de questions auxquelles je n’ai bien sûr pas de réponse : Comment faire évoluer notre organisation pour encourager les pratiques qui nous semblent les plus bénéfiques ? A quel prix ? Pour quel bénéfice ? Quelles sont les priorités ? Par exemple, faut-il plutôt encourager la confiance en soi des parents et leur sentiment de compétence, au risque d’entretenir des pratiques néfastes ? Ou faut-il privilégier l’information scientifique la plus en pointe sur les pratiques les plus bénéfiques, alors qu’on a l’impression d’avoir déjà prescrit tout et son contraire au fil des années ?

Je ne crois pas qu’on puisse trouver de réponse simple à ces questions (à dire vrai je trouverais même ça inquiétant) mais je voulais partager avec vous ces réflexions qui touchent finalement à la raison d’être de ce blog.

D’autres réflexions qui peuvent vous intéresser :

C’est le morceau de sucre…

lundi, août 31st, 2009

haddock_2 Enfin (déjà ?) de retour de vacances, il est temps de faire un peu revivre ce pauvre blog laissé trop longtemps à l’abandon. Pour commencer tranquille, un petit truc que j’ai observé cet été. Rien de révolutionnaire, et sans doute l’avez-vous déjà expérimenté de votre côté, mais qui sait, ça pourrait être utile. Il faut savoir que j’avais une vie très dure pendant les vacances, à base de farniente, de siestes, d’apéros (Force 4 power !) et de natation notamment. Le Poussin n’étant pas équipé pour aller nager jusqu’à la bouée (notez que c’est un poussin, pas un dauphin), nous devions passer par des mini-séparations régulièrement pour que je puisse faire mon semblant de sport quotidien. Ce que j’ai constaté à ces occasions, c’est que même si je décidais le timing général du moment, de laisser 10-15 minutes de battement au Poussin pour que lui décide du moment de la séparation la rendait infiniment plus simple et moins bruyante. Pourtant à chaque fois que j’amorçais le départ il s’accrochait de plus belle à mes basques, refusant toute autre personne et sonnant l’alarme à toute tentative d’éloignement. Mais si j’acceptais de rester quelques minutes de plus et de lui laisser l’initiative du départ, dans les 5-10 minutes max il partait de son côté, me gratifiant éventuellement d’un « au revoir » pour me signifier mon congé.

Alors évidemment dans la vraie vie on n’a pas toujours ces 10 minutes (en tant que parent qui travaille j’en sais quelque chose), et puis parfois même ça ne suffit pas à faire passer la pilule, mais quand on a le luxe de pouvoir les prendre, autant en profiter. C’est tellement dur de laisser un enfant qui hurle, s’accroche à vous, vous tend les bras d’un air désespéré, autant éviter quand on en a la possibilité. Ma mère m’a raconté l’anecdote suivante. Mon frère avait dans les trois ans. Lui « C’est vrai Maman, Papa et toi vous vous occuperez de moi tout le week-end ? » Elle « Oui mon chéri, nous avons prévu de te le consacrer. » Lui « Ah super, je vais pouvoir aller jouer chez mon copain alors. » Ce qu’on peut résumer en gros : pour pouvoir se décoller, il faut d’abord être bien collés

Bonus n°1 : pour ceux qui n’auraient pas reconnu le titre :

Bonus n°2 : Vu sur la couverture du dernier Neuf mois : « Crevasses, épisio… comment les prévenir dès la maternité ? » Effectivement pour prévenir l’épisio, il vaut mieux s’y prendre dès la maternité, une fois qu’on est sortie les risques d’en avoir une sont nettement plus faibles… (Renseignement pris, l’article portait sur le traitement des douleurs de la cicatrice de l’épisio, mais évidemment ça ne tient pas sur la couverture)

(Image : j’adore ce gag, même si je n’ai pas trouvé la fameuse scène du « Au revoir, petit sparadrap ! »)

Petit manuel du savoir-vivre

mercredi, juin 17th, 2009

baronnenadinederothschild042 Celui-là n’est pas à l’usage des rustres et des malpolis mais pour ceux qui fréquentent des parents, y compris potentiels. Si vous trainez un peu sur les forums, vous pourrez voir de belles collections de vacheries plus ou moins volontaires balancées autour de la parentalité (voir par exemple ici ou ). La plupart des gens s’abstiennent généralement de vous dire qu’ils trouvent votre tenue immonde ou que votre coupe de cheveux vous rajoute 10 ans. Bizarrement, ce type de tact et de retenue ne semble pas de mise quand on parle d’enfants. Telle la réincarnation de Nadine de Rotschild (sauf que je crains fort qu’elle ne soit pas encore désincarnée), je vous propose quelques conseils pour être une dame/un gentleman en toute circonstance. N’hésitez pas à faire passer à votre belle-mère favorite. De mon côté, j’en profite pour faire passer mes excuses pour toutes les boulettes, gaffes et désagréments que j’ai pu causer (scoop : la Poule n’est pas un être virtuel parfait et idéal).

Situation n°1 : On ne demande pas aux gens quand ils comptent avoir des enfants. D’abord il me semble que c’est quelque chose de très intime (autant demander des détails sur la vie sexuelle directement ?), et ensuite cette simple question peut cacher d’immenses souffrances. Peut-être que votre interlocuteur essaie sans succès depuis deux ans ? Peut-être qu’il/elle souhaite ardemment un enfant mais pas son conjoint ? Peut-être que le couple vient de subir une énième fausse-couche ? Imaginez l’impact d’une phrase comme « Alors les jeunes on a perdu le mode d’emploi ? » dans ce type de contexte… Et si vous voulez vraiment aborder le sujet, il me semble que le plus délicat est de commencer par faire part de vos propres intentions, sans pour autant devenir pressant sur la réciproque. Personnellement quand on me pose la question, même si j’ai arrêté la contraception et que j’ai un test de grossesse dans mon sac, je réponds généralement « Bah on verra, on a le temps » ou un truc bien vague du genre.

Situation n°2 : Ce n’est pas forcément judicieux de dire à une femme que vous avez bien calculé qu’elle était enceinte (sauf si c’est tellement évident qu’il n’y a rien à calculer…). D’abord elle ne l’est peut-être pas. Je rappelle que le ventre met généralement plusieurs mois après la naissance d’un enfant à reprendre sa platitude initiale (s’il la reprend un jour) : inutile de demander à une femme qui a un nouveau-né dans les bras si elle attend déjà le deuxième. On peut également avoir d’autres raisons de ne pas boire d’alcool, et pas forcément envie d’en parler. Et enfin si elle l’est, laissez-lui la joie de faire son annonce selon son timing. Peut-être qu’elle vient d’avoir une mauvaise nouvelle à la première échographie. Peut-être même que sa grossesse est condamnée. Et peut-être qu’elle est un peu superstitieuse, ou qu’elle redoute une nouvelle fausse-couche. Mieux vaut  tenir sa langue et au moment de l’annonce officielle répondre « Je m’en doutais ! »

Situation n°3 : Que répondre à une femme qui vous annonce qu’elle est enceinte ? Il me semble qu’il vaut mieux éviter les commentaires sur la taille du ventre, dire qu’il est trop gros ou trop petit, ça sous-entend déjà qu’il est « trop ». Il y a assez du suivi médical pour ce genre de stress. Et les remarques sur la taille du ventre du style « mais tu es sûre que tu es enceinte ? » ou au contraire « tu es sûre qu’il n’y en a qu’un ? » deviennent vite lassantes. A éviter « Mais c’est une blague ? » (de ma propre mère !). Eviter aussi « C’est un accident ? », « Vous l’avez eu naturellement ? » (répondre : « oui en levrette ») ou encore « C’est pour avoir la fille/le garçon ? ». Je trouve que « félicitations » et « tu es rayonnante » constituent une bonne base de réponse. Il peut être de bon ton de s’enquérir de la forme générale de la future maman (en particulier sur le déroulement du premier trimestre) : soit elle pète le feu et sera ravie de vous l’annoncer, soit au contraire elle sera heureuse de trouver une oreille compatissante.

Situation n°4 : Que dire à des jeunes parents qui viennent d’avoir leur bébé ? D’abord mieux vaut éviter la question des nuits : si par miracle l’enfant les fait les parents seront de toute façon trop fiers pour ne pas le caser dans la conversation. Eviter les avis non sollicités, préférez les encouragements du style « Vous avez vraiment l’air de bien vous en sortir », confirmez que la plupart des comportements du nouveau-né non mentionnés dans le Pernoud (genre téter tout le temps, ne pas vouloir dormir dans son berceau ou s’endormir tout seul, etc) sont tout à fait normaux et finissent par passer. Ne pas hésiter à complimenter la mère sur son teint/sa ligne/sa forme. Si le jeune parent vous décrit une façon de faire qui vous choque vraiment, plutôt que d’attaquer frontalement, mieux vaut y aller subtilement, par exemple en présentant votre façon de voir les choses comme une alternative intéressante et positive mais sans critiquer leur façon de faire (« Ah oui, c’est vrai, mais on peut aussi faire comme ça, et chez nous ça a bien marché. »).

Evidemment c’est très loin d’être exhaustif, et je sens que les commentaires vont être instructifs…

EDIT : Pour savoir tout ce qu’il ne faut PAS dire à des parents adoptants (et à leurs enfants), je vous conseille le lien donné par Miss Ravenne en commentaire : le prix Sergent Garcia sur le blog de l’adoption.

(Photo : trouvée ici, pas vraiment la bogossattitude…)

L’écharpe porte-bébé

mercredi, juin 18th, 2008

Je vous ai déjà pas mal parlé de portage par ici, mais encore jamais vraiment de l’écharpe. J’ai acheté mon écharpe, une immense Storchenwiege (je crois que c’est la 4.60 m), quand j’étais enceinte, à l’occasion d’un atelier de portage. A l’époque je n’étais pas aussi informée que maintenant sur le portage, et pour moi n’existaient que deux possiblités : le porte-bébé kangourou « classique » et l’écharpe. J’avais lu pis que pendre sur le premier et tout de bien sur la seconde, donc mon choix a été vite vu. C’est un peu dommage, car nous aurions peut-être été mieux avec un mei-tai ou un porte-bébé physiologique comme l’ergo.

Contrairement à une idée répandue, l’écharpe porte-bébé ne vient pas d’Afrique mais d’Allemagne, où son utilisation a été initiée par des médecins et ostéopathes qui trouvaient les portes-bébé occidentaux mal adaptés tant au bébé qu’au porteur. Les écharpes les plus réputées (comme Storchenweige et Lana) viennent d’ailleurs de chez nos voisins d’outre-Rhin. Ils n’ont pas tout inventé non plus, puisque les nouages « kangourou » viennent des Andes (et pas d’Australie, ha ha ha). Le choix des tissus et l’art de nouer sont donc le fruit d’études minutieuses.

Ainsi l’écharpe est probablement le mode de portage le plus versatile, et permet une variété de positions et de nouages sans égale, pour un confort optimal du porteur et du porté, de la naissance (même prématurée) à trois ans et plus. Mais pour cela il faut bien savoir faire les noeuds. Et c’est très loin d’être inné ou super intuitif. Il faut donc d’une part bénéficier de conseils éclairés, et d’autre part être motivé pour s’entraîner, car il n’y a qu’avec la pratique qu’on peut s’améliorer (et les premiers essais peuvent être décourageants). A mon avis, si on n’a pas prévu de porter très souvent, l’écharpe n’est pas un bon investissement. Mieux vaut un truc plus simple à installer. Le coq par exemple a fait quelques essais, et il ne veut à peu près plus en entendre parler, au grand dam de mes frêles épaules.

Mais si ça vous motive, il ne faut pas hésiter. D’abord, il faut acheter une bonne écharpe. Je sais bien que dans le reste du monde on ne se pose pas ce genre de question, mais dans le reste du monde on a l’habitude de porter des charges lourdes toute la journée, souvent sur la tête. Moi à part mon sac à main sur l’épaule… Donc si on veut porter régulièrement (et si on ne veut pas l’écharpe n’est pas la meilleure solution à mon sens), il faut une écharpe confortable. Il y a ici une liste de marques et de critères pour choisir. Si on a des moyens limités, il vaut mieux acheter une bonne écharpe d’occasion qu’une moins bonne neuve.

Vient ensuite le problème de la taille. On trouve par exemple ici les différents nouages qu’on peut faire pour chaque longueur d’écharpe. Cela dépend bien sûr de la corpulence du porteur. On a tendance à prendre des écharpes très longues pour être paré à toutes les situations, mais on se retrouve souvent avec des bouts de tissu qui traînent et dont on ne sait pas trop quoi faire. D’autant plus que si on veut faire ou défaire le noeud dans un lieu public (parking, trottoir…) ça augmente les chances que les bouts de l’écharpe traînent par terre. Les nouages kangourou, qui sont les plus confortables et les plus recommandés (mais pas les plus faciles !), nécessitent peu de tissu. Si un seul des deux dans le couple risque de porter, il vaut mieux optimiser la longueur pour celui-là et pas pour les deux (vous comprendrez que je parle d’expérience…). Au pire on peut toujours couper une écharpe trop longue (mais il ne faut pas se louper) ou la revendre pour en acheter une plus courte (et vice versa).

Une fois en possession de l’écharpe, il convient de se familiariser avec l’objet et notamment avec un ou deux nouages pour commencer. Idéalement, la participation à un atelier sous la conduite d’une personne expérimentée est un excellent moyen pour débuter. Sinon l’internet regorge de ressources et notamment de vidéos (voir sur dailymotion par exemple). Il y a aussi des pas à pas en images, comme ici ou . Si c’est la panique, il y a aussi ce forum.

Bon à savoir :

  • Les premiers essais sont souvent fastidieux, et il est possible que le poussin manifeste son désaccord de façon bruyante. Il suffit souvent de faire quelques pas avant de finir le nouage ou juste après l’avoir fini pour qu’il se calme rapidement et voie les avantages de sa nouvelle situation.
  • Pour que ce soit confortable, il faut que le bébé soit aussi haut et aussi serré que possible, et même encore plus que ça. Au début sur un tout petit on ne sent pas trop si l’écharpe est trop lâche, mais je peux vous dire qu’avec 10 kg sur le dos c’est crucial.
  • Le plus confortable est de porter sur le dos, et ça peut être fait avec un tout petit poussin (voir ces photos de Zabou et de sa princesse d’à peine 1 mois). L’inconvénient c’est que ça ne cache pas le ventre post-grossesse… Quoi qu’il en soit il vaut mieux ne pas attendre que le poussin soit trop lourd/agité pour devant pour commencer à tester les nouages dans le dos, car plus il est lourd et remuant, et plus c’est difficile.
  • Il y a souvent des petites variantes autour de chaque nouage, et aussi dans la façon de les faire (il y a plusieurs méthodes pour passer l’enfant sur le dos pour le kangourou par exemple -et j’en utilise encore une différente…). Il ne faut pas hésiter à fouiner sur le net pour les essayer et choisir celle qu’on préfère.
  • Pour les nouages kangourou, il faut faire attention à ce que le tissu reste bien déployé sous les fesses et cuisses du poussin tout au long du nouage, car c’est principalement ça qui le tient. Et dès que le petit fourbe se cambre ou gigote, ça a tendance à remonter dans le dos (pas une fois que tout est attaché, je vous rassure). Un truc possible est de faire un peu remonter le tissu entre ses jambes.
  • Il paraît qu’on peut allaiter dans l’écharpe, mais je n’ai jamais réussi (pas beaucoup essayé non plus). En tout cas il faut en général bien desserrer le noeud pour avoir la tête du schtroumpf à bonne hauteur.
  • La plupart des gens que je vois dans la rue utilisent le nouage dit « croisé simple« , qui a l’avantage d’être très facile à faire (et un des seuls où on peut enlever et remettre le poussin sans le défaire) mais qui est loin d’être le plus confortable. A partir d’un certain poids, il n’est plus gérable sauf pour un portage de courte durée. 

Et puis quand les enfants seront grands vous pourrez toujours recycler votre écharpe… N’hésitez pas à partager vos trucs dans les commentaires.

(photo Storchenwiege.com)

Levez la main contre la fessée

mardi, juin 17th, 2008

A ma modeste échelle, je fais ici la promotion de la campagne menée actuellement par le Conseil de l’Europe contre les châtiments corporels infligés aux enfants, y compris claques, tapes et fessées : Levez la main contre la fessée.

Si on prend le temps d’y réfléchir, il n’y a aucune raison valable de frapper -même légèrement- un enfant. Que dirions-nous d’un mari qui donne une gifle à sa femme ? D’un patron qui tape son employé parce qu’il n’a pas fini à temps ? Non seulement cela nous choquerait, mais c’est prohibé par la loi. Alors pourquoi les enfants ne bénéficieraient-ils pas de la même protection, eux qui sont justement vulnérables et sans défense ?

Et qu’on ne nous sorte pas l’éternel argument « mais moi/mon père/la génération précédente s’est bien pris quelques bonnes fessées bien méritées, et ils sont bien mieux élevés et n’en ont pas été traumatisés pour autant ». D’abord personne ne peut affirmer que ces personnes ne se porteraient pas mieux si elles n’avaient pas subi ces châtiments. D’autre part, « on a toujours fait comme ça » n’est pas une raison valable de défendre une pratique : ça fait des générations que de jeunes Africaines sont excisées et survivent (au point de faire exciser leurs propres filles), faut-il pour autant continuer ? Enfin renoncer à la fessée ne veut pas dire renoncer à l’autorité parentale et laisser les enfants faire tout ce qu’ils veulent. Les enfants ont besoin que les adultes prennent les choses en main et qu’on leur fixe des limites claires. Ce n’est pas une tâche facile, mais la fessée n’est pas la seule solution, et elle n’est même pas très bonne. Mon petit frère était un enfant très difficile, qui faisait régulièrement des crises très spectaculaires, et aussi beaucoup de bêtises. Il se prenait alors des claques par ma mère, et je peux vous dire que ça ne l’a jamais empêché de recommencer. Il y a ici un témoignage que j’ai trouvé très touchant.

Clairement, à part défouler l’adulte, taper un enfant n’a aucune utilité. Je n’arrive plus à remettre la main sur un dessin où on voit une mère donner une tape à son enfant en lui disant « Combien de fois faudra-t-il que je te dise qu’il ne faut pas taper ? » Bonne chance au gamin pour décoder un message pareil…

Avec un poussin d’à peine un an, c’est bien facile de donner des leçons me direz-vous : je ne suis pas encore confrontée au « terrible two », avec ses crises, ses caprices, ses provocations, ses roulages par terre dans les supermarchés et autres pétages de plomb en règle. J’en suis bien consciente, et je n’aurai pas la prétention de jurer ici que jamais je ne lèverai la main sur mes enfants (enfin mon enfant en l’occurrence).

Le but de cet article n’est donc pas de condamner ou de jeter l’opprobre sur quiconque, mais plutôt de susciter la réflexion chez ceux et celles qui passeront par ici. Je vous incite d’ailleurs fortement à lire le document mis au point par le conseil de l’Europe pour promouvoir la prohibition totale de toute forme de châtiment corporel. Il y a notamment à la fin une section sur les idées reçues, avec des réponses argumentées, que j’ai trouvée très bien faite et peut être utile à la fois si on se pose soi-même ces questions et si on veut en débattre avec d’autres personnes. L’association Ni claques ni fessées propose aussi des pistes pour élever ses enfants sans violence.

Encore une fois, il ne s’agit pas de juger ou de culpabiliser : non un enfant ne sera pas traumatisé à vie parce qu’on lui a donné une fessée, ou même parce qu’on lui a hurlé dessus. Nous sommes tous humains, et quelque part ça doit être super flippant pour un gosse d’avoir des parents qui ne craquent jamais et qui lui serinent toute la journée : « J’entends ton mal-être mon petit cœur, mais ta façon de l’exprimer est pénible pour mes oreilles aussi je te serais très reconnaissant de bien vouloir diminuer ton niveau sonore dès que cela te sera possible » . Mais ça devrait rester un craquage, pas devenir un système d’éducation (voir aussi ce témoignage que je trouve bouleversant).

To (ba)by or not to (ba)by

jeudi, mai 15th, 2008

  Quelques signes suggérant que vous avez envie d’un ptit poussin :

  • Vous avez l’impression de voir des femmes enceintes et des poussettes partout où vous allez.
  • Jusque dans vos séries préférées, où toutes les héroïnes sont enceintes.
  • Sans compter qu’elles ont l’air d’avoir des ovaires transgéniques et des utérus bioniques, tout en s’accouplant à des héros qui ont des nageurs style Alain Bernard. Vous en connaissez beaucoup vous des filles qui tombent enceintes alors qu’elle prennent consciencieusement leur pilule/ont mis un préservatif/sont déclarées stériles/ainsi que leur partenaire/n’ont même pas eu de coït ?
  • Vous vous surprenez à penser « grognasse » à chaque fois que vous croisez une femme enceinte.
  • Quand on vous annonce une grossesse, il vous faut faire un effort intellectuel pour vous réjouir.
  • D’ailleurs au fond de vous vous n’êtes pas du tout réjoui(e) du tout. Juste jaloux(se).
  • Vous vous êtes déjà surpris après un oubli de pilule/autre souci de contraception à penser « Yes ! » et dire à votre partenaire « Faisons comme si de rien n’était ».
  • Pire, depuis vous espérez secrètement que cet oubli va se concrétiser.
  • Si vous êtes une femme, vous avez perpétuellement l’impression d’avoir la nausée/les seins tendus/le ventre ballonné, mais bizarrement vos règles reviennent quand même.
  • Ceci dit vous avez lu quelque part qu’on pouvait saigner en début de grossesse, alors…
  • Surtout si on prend la pilule.
  • Au cas où, vous faites un stock de tests de grossesse (mais en allant à des pharmacies différentes pour ne pas passer pour une psychopathe).
  • D’ailleurs au passage vous avez profité de la promo pour prendre quelques tests d’ovulation.
  • Ceci dit, il y a écrit sur la notice qu’il vaut mieux arrêter la pilule avant d’utiliser les tests (c’est pas une bonne excuse ça ? Il faudrait les rentabiliser avant qu’ils soient périmés, vu le prix -même en promo).
  • Vous hésitez à vous faire épiler le maillot à la cire chaude (ou pire, au laser) : une telle élévation de température si proche des ovaires, est-ce bien raisonnable ? Quant à la crème dépilatoire, avec tous ces produits chimiques…
  • Vous traquez les vêtements trop serrés chez l’homme, et commencez à considérer ses têtards d’un autre œil.
  • Quand on vous dit « Si tu savais, j’ai eu des nausées épouvantables pendant 4 mois. Et puis des contractions pendant 72 heures, c’était atroce. Ensuite je n’ai pas pu m’asseoir pendant 15 jours à cause de cette maudite épisio. J’ai eu des crevasses si profondes qu’elles auraient pu engloutir Frison-Roche et toute sa fichue cordée. Et maintenant ça fait 18 mois que je rêve de dormir plus de quatre heures d’affilée. », vous entendez « Etre mère a transformé ma vie, quel bonheur ! » et pensez « Comme son bébé est mignon, je veux le même ».

Alors, qu’est-ce que vous attendez ?