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Une école différente

lundi, octobre 27th, 2008

 Si on s’intéresse à l’éducation non-violente, on finit fatalement par se poser des questions sur l’endroit où on va tôt ou tard envoyer nos enfants passer leurs journées : l’école. Même si les châtiments corporels sont heureusement bannis, l’ambiance à l’Education nationale n’est pas encore à la gordonisation généralisée. Alors que je commençais à réfléchir aux alternatives, je suis tombée sur ce livre : Montessori, Freinet, Steiner… une école différente pour mon enfant ? par Marie-Laure Viaud (docteur en sciences de l’éducation). Il dresse un panorama plus ou moins exhaustif des pédagogies alternatives, avec une description détaillée de chacune aux différents niveaux (de la maternelle au lycée). Il donne aussi une liste de tous les établissements concernés en France, avec de jolies cartes. Donc en (très) gros (je fais un résumé un peu grossier, j’espère que les gens qui s’y connaissent ne m’en voudront pas trop s’ils passent par là) :

  • Montessori
Basée sur les travaux de Maria Montessori au début du XXème siècle, cette pédagogie repose sur deux grands principes. D’une part, l’enfant passe régulièrement par des périodes sensibles pendant lesquelles il pourra apprendre très facilement. D’autre part, chaque enfant progresse à son propre rythme. Les classes Montessori regroupent donc des élèves d’âge différent et mettent à leur disposition un tas de matériel sophistiqué que l’enfant peut manipuler seul. Cette pédagogie insiste beaucoup sur l’apprentissage par le toucher. L’ambiance générale en est très studieuse et calme. Une grande importance y est accordée à la façon de se tenir, au rangement et à la propreté. Par ailleurs, les enfants y ont une grande autonomie. Toutes ces écoles sont privées hors contrat et il faut compter 4000 à 6000 euros de frais de scolarité par an.
En savoir plus : http://www.montessorienfrance.com, http://www.montessori-france.asso.fr
  • Steiner
Les écoles reposant sur les travaux de Rudolf Steiner sont également appelées écoles Waldorf (car développés pour les enfants du personnel de la fabrique de cigarettes Waldorf-Astoria). Cette pédagogie accorde une grande place à la créativité et à l’expression artistique. Il y a aussi beaucoup de chants, de rondes, et surtout une pratique très régulière de l’eurythmie, qui est une sorte de danse. On y insiste beaucoup sur le rythme des saisons, avec un lien quasiment spirituel avec la nature. Il faut savoir enfin que cette pédagogie est basée sur l’anthroposophie, qui est plus ou moins considérée comme une secte, même si bien sûr cette théorie n’est pas enseignée dans les écoles, qui ne sont pas elles-mêmes des mouvements sectaires. Ce sont des écoles privées hors contrat dont le coût varie de 1500 à 3800 euros l’année.
  • Freinet
Cette pédagogie, basée sur les travaux de Célestin Freinet, est appliquée à la fois dans des écoles entières (peu nombreuses), mais aussi dans certaines classes au sein d’écoles « classiques ». Les principes en sont :
– le travail à partir des intérêts des enfants, en menant des projets pour fonder les apprentissages sur des situations « vraies »
– l’importance accordée aux activités artistiques et d’expression libre
– la pratique de la démocratie à l’école, avec un conseil de classe/d’école mis en oeuvre par les élèves
Ces classes et écoles sont généralement publiques donc gratuites. 

 

Il y a d’autres initiatives présentées, comme la Pédagogie institutionnelle, les Calendretas, la méthode Decroly, etc. J’avoue qu’à l’instar de l’auteur je trouve la pédagogie Freinet la plus séduisante (et pas que pour les sous…), tandis que les écoles Steiner m’attirent moins. Manque de pot, en région parisienne il n’y a que deux maternelles Freinet, une à Bobigny (dans le 9-3) et l’autre à Saint-Ouen-l’Aumône (au fin fond du 95), et je me vois mal déménager juste pour ça (imaginez qu’en plus on finisse affectés à une autre école, parce qu’à mon avis ça doit se bousculer au portillon). 

 

Il est bien sûr extrêmement délicat d’estimer l’efficacité de ces méthodes, d’une part car elles ne concernent finalement qu’un petit nombre d’enfants, et d’autre part car les élèves à qui on les applique ne sont pas forcément représentatifs de la population générale (notamment dans les écoles à 6000 euros par an… ou au contraire dans certains lycées Freinet qui sont destinés aux jeunes en grande difficulté). Cependant, l’auteur présente un certain nombre d’études qui montrent globalement que :
– D’une part les élèves des écoles alternatives n’ont pas de moins bons résultats que les autres (voire en ont des meilleurs), mais qu’en parallèle ils sont beaucoup plus autonomes, avec un meilleur esprit critique et/ou artistique (selon la pédagogie).
– D’autre part, lorsque ces élèves rejoignent le système traditionnel, ils peuvent avoir quelques difficultés de transition mais s’adaptent finalement sans trop de problème.

 

La quatrième de couverture promettait de tout nous dire sur « Comment appliquer le meilleur de ces pédagogies à la maison ? », que je me réjouissais de découvrir. Plutôt décevant, en fait c’est un tableau des pratiques généralement associées au maternage (allaitement long, portage…) et des principes d’éducation non violente (à peu de choses près des sites, auteurs et livres que je connaissais déjà et dont j’ai déjà parlé sur ce blog). Non que ce ne soit pas intéressant, mais je n’ai pas appris grand chose et j’attendais des idées pédagogiques beaucoup plus concrètes (idées d’activités, de jeux, etc). Pour ça je n’aurai plus qu’à me retourner vers le grand internet mondial.

 

Il y a enfin quelques pages sur l’école à la maison, mais si l’aventure vous tente ce n’est pas ce bouquin qu’il vous faut. L’auteur mentionne quelques sites qui peuvent être utiles :
http://www.lesenfantsdabord.org/
http://laia.asso.free.fr/
http://www.cise.fr/

 

En conclusion, nous avons encore le temps, puisque le poussin n’ira normalement à l’école qu’en septembre 2010. Cependant, plutôt que de nous mettre bille en tête sur telle ou telle pédagogie, je pense que nous procèderons plutôt en enquêtant sur les écoles des environs, publiques et privées, pour trouver celle qui nous conviendra le mieux (comme le fait remarquer l’auteur, au-delà de la pédagogie théorique, il y a par exemple la personnalité de l’enseignant qui joue énormément). Il y a d’ailleurs dans le livre une liste de questions à poser pour en savoir plus, tant sur les détails très pratiques (nombre d’enfants par classe, organisation du déjeuner…) que sur les grandes questions (mode de résolution des conflits entre enfants, gestion des problèmes de comportement…). Je garderai aussi les idées de Gordon Neufeld dans un coin de ma tête.