Posts Tagged ‘hormones’

Let’s talk about sex (2)

vendredi, octobre 30th, 2009

sky_difool_funNous avons vu hier comment faire un bébé (ah bon vous saviez déjà ?) et comment accommoder gros ventre et kama sutra (ou pas), continuons sur la lancée. Sans développer ici plus avant, je vous rappelle que l’accouchement en lui-même peut être une expérience orgasmique.

Troisième étape : après l’accouchement. Le post partum immédiat est probablement la période la moins propice à la bagatelle, ne serait-ce que parce qu’avoir mal quand on s’assied et/ou quand on urine fait qu’on ne laisse généralement personne s’approcher de la zone stratégique à moins de 200 mètres. Et puis sur les semaines (mois ?) qui suivent il y a le chamboulement du corps (le ventre vide qui pendouille est généralement moins bien perçu que le beau ventre rond et tendu), la fatigue, le bébé collé au sein 20h/24 (si on allaite) ou tout simplement dans les bras, les lochies, les hormones qui sont contre nous, le baby blues, pas le temps de prendre soin de soi, j’en passe et des meilleures. Le sexe peut sembler trrrrrrrrès loin sur la liste des priorités mais cela peut être un atout pour rééquilibrer et resouder le couple parental, souvent soumis à rude épreuve après la naissance ; là encore, cela ne peut être que bénéfique pour les enfants. Evidemment c’est un équilibre qui sera propre à chaque famille et à chaque situation et le sexe n’est pas non plus le seul ciment du couple.

L’allaitement est bien sûr loin d’être incompatible avec les activités sexuelles mais il n’y est pas toujours propice : éjections de lait impromptues (l’ocytocine est à la fois l’hormone du sexe et de l’éjection du lait), libido plus basse (la prolactine, qui permet la sécrétion de lait, est très mauvaise pour les envies de zigounipiloupilage) , lingerie pas toujours au top du sexy avec coussinets qui dépassent (certains modèles constituent à mon avis une méthode de contraception fiable à 100%), sans compter d’éventuelles difficulté d’ordre psychologique (concilier sein nourricier et sein érotique, pas toujours facile pour la femme comme pour l’homme)… Ceci dit la poitrine de la femme allaitante a aussi ses avantages, ne serait-ce que par sa taille. De la même façon le cododo peut rendre les choses un peu plus compliquées, mais d’une part les enfants ont généralement le sommeil lourd, et d’autre part il n’y a pas que le lit. Ces pratiques sont d’ailleurs souvent accusées par certains psys d’interférer avec la sexualité parentale et décriées pour cela ; il me semble que si un des parents (en général la mère) les utilise pour repousser les avances de l’autre cela ne fait que révéler un problème sous-jacent et n’en est pas pour autant l’origine. Les cas pathologiques ne doivent pas masquer la majorité des familles où allaitement et cododo (y compris prolongés) vont de pair avec une vie sexuelle parentale épanouie.

Le moment de reprendre finit donc par arriver (quelques semaines ? quelques mois ? ne vous mettez pas de date couperet obligatoire…) ; la pénétration peut faire peur à la femme, surtout si l’accouchement a été difficile (épisio, forceps…). Y aller à son rythme, insister sur les câlins et les préliminaires (là encore on peut se faire plaisir sans passer par le coït), si nécessaire utiliser du lubrifiant et/ou des préservatifs, sont autant de moyens de rendre les choses plus agréables. Et puis n’oubliez pas qu’aussi bien équipé que soit votre homme cela n’est pas comparable par rapport à un bébé… Il faut aussi du temps pour se réapproprier son nouveau corps, d’autant que le retour à une situation « normale » n’est généralement pas immédiat (9 mois pour le faire, 9 mois pour le défaire, dit l’adage). Des facteurs tant physiques (si le vagin était un peu « étroit » avant l’accouchement par exemple) que psychologiques (on peut se sentir plus accomplie en tant que femme par la maternité) font qu’avoir eu un bébé peut rendre l’activité sexuelle plus agréable pour la femme qu’avant, même si l’inverse est bien sûr également possible. N’oublions pas la rééducation périnéale qui aide aussi pour retrouver des sensations et se réapproprier son corps, tant physiquement que psychologiquement. Enfin rappelons que si plusieurs semaines après avoir accouché votre cicatrice d’épisio ou de déchirure vous fait toujours mal ou vous gêne, il faut en parler à votre gynéco ou à votre sage-femme, des solutions existent.

Petit détail qui a son importance : contrairement aux deux étapes précédentes, n’oubliez pas la contraception. L’allaitement peut empêcher une grossesse avec un taux d’efficacité proche des méthodes plus habituelles (98%) mais sous certaines conditions bien définies. Rappelons que si on allaite, on n’est pas obligée d‘attendre le retour de couches pour se faire poser un DIU (stérilet), même s’il faut attendre environ 6-8 semaines (le retour de couches sans allaitement en gros ; le non-allaitement restant encore beaucoup la norme dans certains esprits médicaux) que l’utérus ait repris sa taille et sa forme. Et c’est l’ovulation qui déclenche les règles (et non l’inverse), donc on peut ovuler et tomber enceinte avant le retour de couches (certaines femmes qui allaitent longtemps puis enchaînent les bébés peuvent ainsi ne pas avoir de règles du tout entre deux) : n’attendez pas celui-ci pour prendre vos précautions (à moins de souhaiter des enfants très rapprochés bien sûr).

Finalement, je dirais que nous sommes dans une société où le sexe est devenu une valeur à part entière ou presque : pour avoir une vie « réussie » il faut avoir une Rolex une activité sexuelle aussi importante et épanouissante que possible. Bien sûr il est positif que le puritanisme et les tabous sur le plaisir, la masturbation et le sexe en général soient battus en brèche mais le retour de balancier me semble un peu fort. On a le droit de ne pas considérer le sexe comme THE source de plaisir et de bonheur, on peut être un couple solide et équilibré sans faire des galipettes toute la sainte journée, bref je ne crois pas qu’on ait besoin de normes et de chiffres (quelle fréquence ? combien de temps ? combien d’orgasmes ?) dans ce domaine. Chacun a ses besoins, ses envies, qui peuvent varier avec le temps, selon les situations ; bien sûr il faut trouver un équilibre au sein du couple pour concilier les attentes des deux partenaires, donc dialoguer, dédramatiser, et ne pas hésiter à consulter (gynécologue, urologue, sexologue, psychologue…) si des difficultés (physiques et/ou psychologiques) récurrentes en font une source de tensions et de conflits trop importants.

Bonus : si vous ne connaissez pas, filez voir cette BD de Melaka sur le sujet.

(Photo : Vous ne les reconnaissez sans doute pas. Indices : Lovin Fun ; « Ce n’est pas saaaaaale, pense aux fleurs »)

Les miracles de l’ocytocine

mercredi, octobre 8th, 2008

L’alchimie des hormones de la femme enceinte, et en particulier au moment de la naissance, est quelque chose de fascinant (passons discrètement sur les joies nauséeuses du premier trimestre, voire plus si affinités). Grâce à ce blog, je découvre les résultats de cet article, publié dans Science. C’est-à-dire de la vraie science tout ce qu’il y a de plus sérieux (avec sacrifice de rats et tutti quanti). Ainsi, lors de l’accouchement, le pic d’ocytocine maternelle entraîne la « mise en veille » du cerveau du bébé, en rendant un neurotransmetteur appelé GABA inhibiteur plutôt qu’excitateur. On imagine facilement que cela pourrait aider à protéger l’enfant du choc psychologique de la naissance, mais il y a mieux. Les cellules ainsi mises « au repos » sont plus résistantes au manque d’oxygène, qui est la première cause de mort et de dommages cérébraux à la naissance. Voilà donc un nouvel argument pour les partisans des naissances peu ou pas médicalisées, et contre les césariennes à la demande. En cas de césarienne programmée pour raisons médicales, il semble donc plus bénéfique d’attendre que le travail se déclenche spontanément afin de permettre l’exposition du foetus à l’ocytocine maternelle (même s’il y aura toujours des cas où ce n’est pas possible). 

Pour en savoir plus sur l’ocytocine (surnommée « hormone de l’amour »), voir l’article de wikipedia, ainsi que les travaux de Michel Odent (et notamment son livre L’amour scientifié).

Référence : Tyzio et al. (2006) Maternal Oxytocin Triggers a Transient Inhibitory Switch in GABA Signaling in the Fetal Brain During Delivery. Science, Vol. 314. no. 5806, pp. 1788 – 1792

PS : Y a-t-il des journalistes à Libé ? En lisant cet article, on peut se poser la question (50 % de risques de fausse couche avec « l’amniocenthèse » -qui ne prend pas de « h »-, manquerait plus que ça !)…

Je suis prioritaire !

jeudi, mars 20th, 2008

priorité bidon  Aujourd’hui une grande question : la femme enceinte d’un mois mérite-t-elle qu’on lui laisse la priorité (à la caisse, pour s’asseoir dans le métro…) ? Ou est-elle une mythomane qui tente éhontément d’usurper d’intolérables privilèges au détriment des honnêtes citoyens ? Si vous traînez sur ce blog, c’est qu’a priori vous avez été concerné(e) de près, et vous connaissez exactement la réponse. Mais quand je vois certaines des requêtes qui ont mené ici, je vois que le lectorat est varié et me dis qu’il ne serait pas plus mal de remettre les pendules à l’heure.

On croit souvent que ce qui fatigue la femme enceinte c’est d’avoir plusieurs kilos accrochés dans le bide 24 heures sur 24. C’est vrai, c’est fatigant. Mais ça n’est que la partie émergée de l’iceberg. Il y a beaucoup d’autres choses qui sont épuisantes, et cela commence très tôt. Dès que les hormones entrent en jeu les problèmes commencent :

  • sommeil : au premier trimestre surtout, l’afflux de progestérone provoque un début d’hibernation chez petit-bidon-deviendra-grand. On a perpétuellement envie de dormir, on est épuisée.
  • nausées : celui qui a dit « matinales » devait être un homme qui ne savait forcément pas de quoi il parlait. Les nausées commencent effectivement le matin dès que la conscience se rebranche, et durent jusqu’au soir, au moment où on sombre enfin dans les bras de Morphée. Même s’il est 18 heures, prenez garde, la femme qui vous regarde avec des yeux de cocker à la caisse du supermarché va peut-être vomir sur vos chaussures.
  • pipiiiiiii : oui les envies continuelles d’uriner peuvent commencer dès le début de la grossesse

Il y a aussi le léger hic d’avoir un petit parasite branché sur vous. Très rapidement le volume sanguin augmente (jusqu’à 1 litre supplémentaire en fin de grossesse) pour pouvoir satisfaire les besoins du poussin. La fréquence cardiaque augmente pour compenser. Résultat :

  • essoufflement : monter un escalier devient une escalade digne de la face nord du Mont Blanc
  • anémie : avec à la clé petits malaises genre oups je m’écroule

On peut aussi avoir soit de l’hyper- soit de l‘hypotension. J’ai testé la deuxième possibilité, c’est du style je prends ma douche assise parce que debout c’est trop fatigant. Alors 15 minutes de métro debout, pensez-vous, une paille… Il y a aussi l’option hypoglycémie, un peu du même style.

Ajoutons enfin que psychologiquement le premier trimestre est éprouvant : les risques de fausse couche étant les plus importants à ce moment, on n’ose pas trop parler de sa grossesse de peur qu’elle ne tourne court. Et du coup à la moindre tension dans le ventre on se voit déjà perdre son poussin.

Pour les futures pondeuses, rassurez-vous, toutes ces joyeusetés sont en option, vous n’êtes pas obligées de tout cumuler. Certaines restent fraîches comme la rose pendant ce premier trimestre si redouté.

J’ai un poussin qui fait maintenant plus de 9 kilos, et je le porte régulièrement pour me balader. C’est lourd, c’est fatigant. Mais bien moins épuisant qu’être enceinte de deux mois. Je peux vous dire que les premières personnes à céder leur place sont les femmes qui ont des enfants, parce qu’elles savent. Alors si une femme au ventre non proéminent vous demande de la laisser passer, de la laisser s’asseoir, ne la regardez pas comme une hystérique mythomane. Personne n’aime quémander une faveur, quand on en est au point de demander à passer c’est qu’on est vraiment mal. Et personne n’aime qu’on lui vomisse sur les chaussures, donc c’est gagnant-gagnant…

Ce billet a eu l’insigne honneur d’être relu et corrigé par la poule accoucheuse, sage-femme distinguée de son état, que nous espérons revoir bientôt dans cette basse-cour pour faire plus ample connaissance.