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La France contre la fessée ?

lundi, septembre 15th, 2008

D’après le blog de Jean-Pierre Rosenczveig, juge des enfants, président du tribunal pour enfants de Bobigny, et farouche adversaire des châtiments corporels, notre ministre de la famille Nadine Morano a signé au nom de la France l’Appel à en terminer avec les châtiments corporels lancé par le Conseil de l’Europe. De là à ce qu’une loi voie le jour en France, on n’est pas rendu à mon avis, mais c’est déjà une belle avancée, surtout dans le cadre de la présidence française de l’Union européenne. On peut individuellement signer l’appel Levez la main contre la fessée (dont je vous avais parlé  -je vous invite à lire ce billet si vous n’en avez pas eu l’occasion avant de participer à la discussion) ici.

Pour la petite histoire, j’ai eu l’occasion de discuter cet été avec une amie de mes parents. Elle a élevé quatre enfants assez rapprochés (1979, 1980 et des jumeaux en 1983), avec un mari d’abord peu présent puis qui a abandonné sa famille quand les enfants étaient encore petits. Un contexte difficile, et sans la sacro-sainte autorité paternelle. Elle m’a dit ne jamais avoir levé la main sur eux ni les avoir laissés pleurer, et que cette simple idée la rendait malade. Elle a quatre enfants charmants et bien élevés. Je les connais tous depuis longtemps puisque l’amitié entre nos parents remonte à avant la naissance des enfants, et j’ai régulièrement joué avec eux étant enfant (maintenant je les vois encore mais nous ne jouons plus…). Je peux témoigner (ainsi que mes parents par exemple) que ses enfants ont toujours été adorables, pas du tout le genre capricieux qui se croit tout permis ou insolent (évidemment ce sont des enfants humains, ce n’étaient pas les petites filles modèles non plus bien sûr). Tout ça pour dire que oui, c’est possible. Evidemment ça n’a pas été facile tous les jours pour leur mère, mais elle l’a fait et me remplit d’admiration. J’espère que son inspiration m’aidera dans les moments de panique (dont la plupart reste à venir…).

En bref ce billet n’est pas là pour stigmatiser ou condamner (c’est déjà bien assez difficile et culpabilisant d’être parent), mais pour susciter les réflexions sur le sujet, pour montrer qu’on peut faire autrement. Pour au moins essayer. A noter que même Aldo Naouri, le chantre du retour à l’autorité, ne prône pas l’usage des châtiments corporels.

Et pour se détendre les moments où la main vous démange (en anglais et je n’ai pas trouvé de sous-titres, désolée) :

Levez la main contre la fessée

mardi, juin 17th, 2008

A ma modeste échelle, je fais ici la promotion de la campagne menée actuellement par le Conseil de l’Europe contre les châtiments corporels infligés aux enfants, y compris claques, tapes et fessées : Levez la main contre la fessée.

Si on prend le temps d’y réfléchir, il n’y a aucune raison valable de frapper -même légèrement- un enfant. Que dirions-nous d’un mari qui donne une gifle à sa femme ? D’un patron qui tape son employé parce qu’il n’a pas fini à temps ? Non seulement cela nous choquerait, mais c’est prohibé par la loi. Alors pourquoi les enfants ne bénéficieraient-ils pas de la même protection, eux qui sont justement vulnérables et sans défense ?

Et qu’on ne nous sorte pas l’éternel argument « mais moi/mon père/la génération précédente s’est bien pris quelques bonnes fessées bien méritées, et ils sont bien mieux élevés et n’en ont pas été traumatisés pour autant ». D’abord personne ne peut affirmer que ces personnes ne se porteraient pas mieux si elles n’avaient pas subi ces châtiments. D’autre part, « on a toujours fait comme ça » n’est pas une raison valable de défendre une pratique : ça fait des générations que de jeunes Africaines sont excisées et survivent (au point de faire exciser leurs propres filles), faut-il pour autant continuer ? Enfin renoncer à la fessée ne veut pas dire renoncer à l’autorité parentale et laisser les enfants faire tout ce qu’ils veulent. Les enfants ont besoin que les adultes prennent les choses en main et qu’on leur fixe des limites claires. Ce n’est pas une tâche facile, mais la fessée n’est pas la seule solution, et elle n’est même pas très bonne. Mon petit frère était un enfant très difficile, qui faisait régulièrement des crises très spectaculaires, et aussi beaucoup de bêtises. Il se prenait alors des claques par ma mère, et je peux vous dire que ça ne l’a jamais empêché de recommencer. Il y a ici un témoignage que j’ai trouvé très touchant.

Clairement, à part défouler l’adulte, taper un enfant n’a aucune utilité. Je n’arrive plus à remettre la main sur un dessin où on voit une mère donner une tape à son enfant en lui disant « Combien de fois faudra-t-il que je te dise qu’il ne faut pas taper ? » Bonne chance au gamin pour décoder un message pareil…

Avec un poussin d’à peine un an, c’est bien facile de donner des leçons me direz-vous : je ne suis pas encore confrontée au « terrible two », avec ses crises, ses caprices, ses provocations, ses roulages par terre dans les supermarchés et autres pétages de plomb en règle. J’en suis bien consciente, et je n’aurai pas la prétention de jurer ici que jamais je ne lèverai la main sur mes enfants (enfin mon enfant en l’occurrence).

Le but de cet article n’est donc pas de condamner ou de jeter l’opprobre sur quiconque, mais plutôt de susciter la réflexion chez ceux et celles qui passeront par ici. Je vous incite d’ailleurs fortement à lire le document mis au point par le conseil de l’Europe pour promouvoir la prohibition totale de toute forme de châtiment corporel. Il y a notamment à la fin une section sur les idées reçues, avec des réponses argumentées, que j’ai trouvée très bien faite et peut être utile à la fois si on se pose soi-même ces questions et si on veut en débattre avec d’autres personnes. L’association Ni claques ni fessées propose aussi des pistes pour élever ses enfants sans violence.

Encore une fois, il ne s’agit pas de juger ou de culpabiliser : non un enfant ne sera pas traumatisé à vie parce qu’on lui a donné une fessée, ou même parce qu’on lui a hurlé dessus. Nous sommes tous humains, et quelque part ça doit être super flippant pour un gosse d’avoir des parents qui ne craquent jamais et qui lui serinent toute la journée : « J’entends ton mal-être mon petit cœur, mais ta façon de l’exprimer est pénible pour mes oreilles aussi je te serais très reconnaissant de bien vouloir diminuer ton niveau sonore dès que cela te sera possible » . Mais ça devrait rester un craquage, pas devenir un système d’éducation (voir aussi ce témoignage que je trouve bouleversant).