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Petite anecdote

jeudi, août 20th, 2009

tantrum

Oui je sais, je vous néglige en ce moment, mais à ma décharge je suis coincée pour mon boulot au fin fond des Carpathes, entre Dracula (pas vu Edward par contre hélas) et une horde d’ours furieux, sans Coq ni Poussin (par contre l’Oeuf lui aime à se rappeler à mon bon souvenir en s’étalant sur ma vessie…). Mais je pense à la basse-cour et je vous transmet au passage cette petite anecdote qui m’a été narrée par une des personnes avec qui je travaille ici.

Cette personne donc, quand elle avait quatre ans, était à la montagne avec ses parents. Ceux-ci voulaient prendre un téléphérique, mais le charmant bambin a fait THE méga-colère-de-la-mort-qui-tue, à tel point que les parents, furieux, ont renoncé à leur petite excursion. Le soir-même, ils ont découvert que la cabine du téléphérique qu’ils voulaient prendre s’était décrochée, faisant quarante morts.

Je ne sais pas vous, mais moi j’essaierai d’y repenser la prochaine fois que le Poussin nous fait reprogrammer une activité ou une excursion…

Les caprices (3)

vendredi, février 27th, 2009

bon_de_colere Et maintenant, après la première et la deuxième partie, le moment que tout le monde attend : c’est bien beau toute cette théorie mais dans la vraie vie on fait quoi ? Il n’y a pas de solution miracle bien sûr, mais comme toujours quelques pistes et idées, à tester (ou pas) selon ses affinités et son intuition du moment.

D’abord même si les crises et colères sont inévitables, on peut quand même essayer d‘en prévenir certaines, c’est toujours ça de pris. Un enfant qui s’énerve est souvent un enfant fatigué (ou qui a faim), ou encore qui s’ennuie. Attention parce que plus il est énervé (et fatigué), plus il peut être difficile à coucher. Quand la marche est bien acquise (ou même avant), prendre l’habitude d’emmener l’enfant se défouler dehors au moins une fois par jour peut faire retomber un peu la pression (même si bien sûr ce n’est pas toujours possible).  On peut aussi repérer quelques situations qui déclenchent l’hystérie à coup sûr, et tenter de les éviter quelque temps. C’est une stratégie très délicate, parce qu’il y a des choses qu’il faudra bien que l’enfant apprenne à gérer un jour. Et pour les situations délicates inévitables et exceptionnelles (comme les voyages par exemple), mettre toutes les chances de son côté (prévoir jeux et occupations, nourriture préférée etc). Il ne faut pas non plus oublier que les petits enfants ne connaissent pas forcément les règles du jeu : un bon briefing au préalable et au calme pour bien détailler ce qu’on attend comme comportement de la part de l’enfant peut faire des merveilles. Autre truc : le faux choix, qui permet à tout le monde de sauver la face. Exemple : c’est la crise pour se brosser les dents. « Tu préfères te brosser les dents avec la brosse à dent rouge ou avec la verte ? » « Tu veux d’abord mettre ton pyjama ou d’abord te brosser les dents ? » Et puis s’observer soi-même : avez-vous remarqué comme les choses s’enveniment plus facilement quand on est soi-même fatigué/énervé/frustré/autre ? Enfin, si l’enfant veut jouer avec vous alors que vous avez autre chose à faire, il est parfois plus simple et productif de prendre tout de suite un peu de temps pour l’enfant et de vaquer à vos occupation seulement après.

Ensuite quand arrive l‘élément déclencheur (par exemple refus de donner quelque chose à l’enfant), on peut toujours tenter une distraction vers quelque chose qui serait acceptable pour les deux et proposer rapidement un substitut. On peut aussi verbaliser immédiatement ce qui se passe « Tu es déçu de ne pas avoir ça « , « ça t’énerve beaucoup quand ça se passe comme ça », éventuellement enchaîner par une proposition d’autre chose, ou tenter de valoriser l’enfant qui essaie de gérer son mécontentement. On peut aussi l’encourager à taper dans un coussin, à crier dans une « boite à colère », à faire une bataille d’oreillers, à aller faire un tour dehors (selon l’âge et la configuration du lieu), bref à extérioriser de façon acceptable pour tous.

Quand l’enfant est en pleine crise, il n’est capable d’entendre ni raisonnement ni réconfort ni menace ni rien. On peut soit le « contenir » physiquement (surtout s’il risque de se faire mal) et accompagner sa colère, soit au contraire s’éloigner (ou l’éloigner) pour le laisser se calmer seul. Je ne pense pas qu’il y ait une méthode supérieure à l’autre, plutôt que chacune est plus ou moins adaptée à chaque situation. Pour accompagner il faut avoir suffisamment de ressources sur le moment, si au contraire on est sur le point de piquer soi-même une colère mieux vaut s’éloigner. Il y a des crises qui sont assez théâtrales et se calment plus vite quand il n’y a pas de public, d’autres au contraire qui emportent tellement l’enfant qu’il a besoin d’être « cadré ». Certains enfants peuvent criser de façon très extrême : se taper/griffer/tirer les cheveux, vomir, avoir des spasmes du sanglot, etc.  On a testé pour vous le tapage de tête : pas facile, et pas de truc infaillible, si ce n’est un mélange de tout ce qui est cité ici (et une mèche de cheveux pour cacher les bleus…).

Les interventions qui humilient ou brutalisent l’enfant (cris, menaces, fessée, douche froide…) peuvent être efficaces sur le coup mais risquent d’être assez dommageables sur le long terme : il est meilleur pour l’enfant d’apprendre à exprimer sa colère de façon acceptable que d’être forcé à la réprimer. Je pense qu’il vaut mieux les éviter et lorsqu’on dérape (tout le monde est humain), s’excuser auprès de l’enfant quand tout le monde s’est calmé. Si on est dans un endroit public, tenter autant que possible de minimiser les dégâts, et essayer de garder la tête haute (et froide). Strollerderby vous propose cinq excuses à donner si quelqu’un s’en mêle (et ce quelqu’un ne saura pas si elles sont vraies ou pas, niek niek) :

  1. Il n’a pas fait sa sieste.
  2. Quelqu’un lui a donné un bonbon (tout le monde sait que le sucre ça rend fou).
  3. Il est malade.
  4. Il a deux ans.
  5. Ce n’est pas le mien, sa maman lui manque.

Bien sûr, accompagner une colère ne veut pas dire céder à la demande à l’origine de la colère. Parfois, la demande n’est d’ailleurs qu’un prétexte et y céder peut aussi déclencher la crise. Dans ce cas les demandes vont s’enchaîner tant que vous y cédiez jusqu’à arriver à la crise, et la stratégie de céder à un petit truc pour avoir la paix foire complètement (mais il y a d’autres cas où ça marche à merveille). On sait aussi qu’une crise peut être une façon de tester le parent, de chercher la limite, dont l’enfant a besoin (et le parent aussi !). C’est donc assez complexe et subtil. Pourquoi a-t-on dit non ? Parce qu’on a eu une sale journée au boulot et qu’on est de mauvaise humeur ? Parce qu’on a peur d’être catalogué comme parent laxiste ? Parce qu’il y avait un danger ? Parce que ce que fait/demande l’enfant n’est pas acceptable pour vous ? Il y a un équilibre très délicat entre rester sensible à la détresse et aux larmes de son enfant et tout faire pour éviter le moindre cri ou pleur. Et puis bien sûr il faut un minimum de cohérence, mais ce n’est pas grave de dire oui une fois et non la suivante : céder une fois sur quelque chose un jour un peu difficile n’empêche pas de refuser le lendemain. Dire « oui » quand on pense « non » et vice versa peut entraîner une grande confusion pour un tout petit, qui est extrêmement sensible à la communication non verbale (par laquelle transparaîtra le fond de votre pensée).

Quelques lectures :

Si vous avez d’autres trucs, n’hésitez pas à les partager !

(Image : http://www.u-p-r.org/ab/index.php?page=article&id=69)

Les caprices (2)

jeudi, février 26th, 2009

pepe Nous avons ouvert hier le chapitre des caprices, ou devrais-je dire des colères et crises (voir la première partie ici). Nous en étions arrivés à la conclusion suivante : les bébés ont des comportements pénibles, ainsi qu’une fâcheuse tendance à produire des décibels en quantité supérieure au seuil de tolérance de l’oreille humaine adulte. Mais de quoi s’agit-il ? Expression de besoins qu’il faut satisfaire ou désirs futiles à ignorer ? Tout cela va notamment dépendre de l’âge de l’enfant, mais il est clair que ne voir que tout l’un ou tout l’autre risque d’avoir des conséquences délétères.

A sa naissance, le nouveau-né n’a que des besoins : besoins physiques (faim, froid, nettoyage…) et psychologiques (réconfort, contact…). Les bras parentaux notamment sont un besoin fondamental, tout autant que le lait. Il n’y a aucun intérêt éducatif à refuser de les satisfaire, ou à vouloir enseigner la frustration : passer d’un état de satisfaction continue (in utero) à la connaissance -même passagère- de tous ces tracas (faim, humidité…) est déjà source d’intense frustration pour le nouveau-né. Bien sûr les parents ne sont qu’humains et leurs tâtonnements involontaires mais inévitables (proposition de lait quand l’enfant avait la couche sale et vice versa, perte de patience, etc) constituent déjà une épreuve largement suffisante de frustration.

Petit à petit, le bébé commence à trouver des ressources qui vont lui permettre de patienter plus ou moins sereinement avant d’obtenir satisfaction du besoin (par exemple jouer dans son transat/tapis/parc pendant que le parent prend sa douche). Cela lui sera d’autant plus facile qu’il aura été préalablement rassuré sur la bonne volonté de ses parents (ou de la personne qui s’en occupe). Et puis arrivent des envies, des désirs, qui ne relèvent pas forcément d’un besoin fondamental : attraper un objet, aller à un endroit auparavant inaccessible, etc. La distinction est d’autant plus subtile que pouvoir satisfaire un certain nombre de ces désirs est un besoin fondamental ainsi qu’un puissant moteur de développement, même si ça ne justifie pas pour autant l’accession à tous et à chacun d’entre eux. En parallèle vont donc arriver des pleurs et des colères que certains qualifieront de caprices.

Et puis vers 18 mois-2 ans arrive ce que nos amis anglo-saxons (encore eux) appellent le « Terrible Two » (les mauvaises langues disent que c’est parce qu’il dure deux ans… AAAARGGGGGGGL !), dont vous trouverez une description assez fidèle chez Papa Oméga (Comment réussir son Terrible Two : guide à l’usage des enfants de deux ans), ou encore chez Camilla Gallapia (18 mois est un âge formidable). En gros, le petit ange devient un petit démon qui n’a plus qu’un seul mot à la bouche : NON ! Et tant qu’il ne parle pas ou peu, la frustration monte d’autant plus vite que les parents offrent une réponse inadéquate puisqu’ils ne comprennent pas bien la demande, ni ne peuvent facilement négocier une solution qui convienne à tout le monde, Gordon-style. Si on en croit le site du magazine Famili, la période 18 mois-2 ans cumule l’âge du non et les grandes colères, pour enchaîner dans la foulée avec la déclaration d’indépendance, les manifestations oedipiennes et même la crise d’ado avant l’heure. Si en prime c’est le moment où la famille s’agrandit, le cocktail est facilement explosif.

Alors pourquoi tant de haine ? D’abord souvenons-nous que les enfants sont juste humains, et qu’en plus étant immatures ils ont moins de capacités d’autorégulation que nous. Rappelez-vous la dernière fois que vous avez eu envie de balancer quelque chose/quelqu’un contre un mur. La dernière fois que vous avez crié ou été franchement désagréable et dont vous avez un peu honte ? La dernière fois que vous avez été déçu ? Non seulement un enfant ressent la même chose que vous, mais il est encore en train d’acquérir la capacité de relativiser en conciliant plusieurs émotions en même temps et en anticipant sur l’avenir. Et nous n’avons pas la même échelle de valeur : un énième tour de manège nous paraît dérisoire, et le fameux vase Ming (qui a encore des vases Ming de nos jours ??) ne vaut pas plus pour lui qu’un bol en pyrex. Donc on ne s’énerve pas sur les mêmes choses (même si au final on finit par s’énerver en choeur…). Ensuite les tout petits, qui abordent à peine le langage, n’ont pas beaucoup de façons de se faire entendre et comprendre. C’est leur façon -certes très pénible- de nous faire savoir que quelque chose ne va pas ou simplement d’attirer notre attention. C’est d’ailleurs pour ça que ces manifestations visent généralement surtout les parents, et beaucoup plus rarement d’autres personnes de l’entourage (nounou, puéricultrices, grands-parents…). De la même façon, cela peut aussi être leur façon d’exprimer un malaise que l’adulte ne s’autorise pas à extérioriser. Il y a aussi des frustrations propres à ce stade de développement psycho-moteur : l’enfant s’individualise et doit renoncer à sa « toute puissance ». Et puis n’oublions pas les circonstances aggravantes : fatigue, faim, petits et grands changements et bien d’autres encore.

En tout cas aussi énervant que cela puisse être, c’est tout à fait normal et ça ne fait pas de vous des parents mauvais ou incompétents.

Pour finir la trilogie, quelques idées plus concrètes vous attendent ici. Et en attendant, quelques lectures : Les caprices côté enfant et pour les anglophones After attachment… What then?

Les caprices (1)

mercredi, février 25th, 2009

tantrum-1 Je n’aime pas beaucoup ce terme de caprice lorsqu’on l’emploie pour les petits enfants.

D’abord un caprice c’est quoi ? Si on en croit le trésor informatisé de la langue française :

Disposition de l’esprit à des enthousiasmes passagers, à des changements brusques dans l’humeur, les résolutions ou les sentiments.

Manifestation irréfléchie de la volonté, généralement soudaine, obstinée et sujette à de brusques revirements.

Caprice d’enfant, de femme, de malade

En particulier, PSYCHOLOGIE, langage courant Exigence obstinée et irréductible souvent accompagnée de colère. Les « caprices » ou « entêtements » de l’enfant (MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 412).

Donc on voit d’une part que les caprices sont supposés être le fait des êtres faibles (et aux facultés intellectuelles inférieures ?) comme les enfants, les femmes et les malades. Déjà ça commence bien. D’autre part, la définition n’est pas la même pour les enfants que pour les adultes : tandis que pour les adultes il s’agit de faire la girouette et de changer tout le temps d’avis, pour l’enfant cela recouvre en fait une obstination à obtenir quelque chose. Effectivement les crises piquées par les petits procèdent plutôt de la deuxième option que de la première. Même si les deux attitudes sont pénibles pour l’entourage, je suis donc surprise de constater qu’on les regroupe sous le même vocable. C’est pourquoi je préfère parler de colère ou de crise plutôt que de caprice, cela me semble mieux refléter la situation d’une part et d’autre part être plus neutre. Les Anglo-saxons eux parlent de « tantrum » (généralement traduit par « crise » ou « colère »), que Wikipedia définit ainsi :

A tantrum is an emotional outburst of ill humor or a fit of bad temper wherein the higher brain functions are unable to stop the emotional expression of the lower (emotional and physical) brain functions. It can be categorized by an irrational fit of crying, screaming, defiance, and a resistance to every attempt at pacification in which even physical control is lost. The person may not stand or sit on their own. Even when the « goal » of the person is met, he or she is not calmed.

Un « tantrum » est une explosion émotionnelle ou une passade de mauvaise humeur lors de laquelle les fonctions cérébrales supérieures sont incapables d’arrêter l’expression émotionnelle des fonctions cérébrales inférieures (émotionnelles et physiques). On peut le catégoriser comme un passage irrationnel de cris, hurlements, défi et de résistance à toute tentation de pacification lors duquel on perd jusqu’à la maîtrise physique. La personne peut en être incapable de rester debout ou de s’asseoir seule. Même lorsque le « but » de la personne est atteint, elle ne se calme pas. [traduction maison à la louche]

Vous allez sans doute me trouver terriblement anglophile, mais je dois dire que je trouve cette définition beaucoup plus juste et intéressante que la nôtre.

Mais revenons à nos moutons. D’abord, à quel âge fait-on des caprices ? Pour certains, c’est à peine sorti du ventre que le nouveau-né tente de mener en bateau ses parents (à quand le fœtus capricieux ?). Heureusement, cette idée tend à disparaître et l’âge minimal du caprice à augmenter. Ceci dit, il reste extrêmement variable selon l’adulte à qui vous poserez la question : voir par exemple cette question Yahoo où les réponses des internautes vont de deux jours à deux ans et demi, voire trois ans, avec toute la gamme des possibilités entre les deux (et je découvre la « meilleure réponse » après avoir écrit le premier paragraphe, comme quoi…). A mon avis, cela dépend de ce qu’on veut dire par caprice. Si caprice = pleur apparemment injustifié (du point de vue de l’adulte), alors c’est clair que ça commencera à peine sorti du ventre. Cela vaut aussi pour la définition du trésor de langue française : un nouveau-né qui a faim fera preuve d’une « exigence obstinée et irréductible souvent accompagnée de colère ». S’il s’agit de se rouler par terre dans une allée de supermarché, cela sous-entend qu’au minimum l’enfant marche (sinon on ne voit pas bien comment il se serait retrouvé là…), alors ce sera aux alentours d’un an (les plus précoces peuvent marcher vers neuf mois). On voit bien que cela dépend de la définition qu’on en donne, et qu’elle est très variable selon les individus.

Ce qui semble par contre largement partagé c’est l’intention associée au caprice : l’enfant-roi, voire l’enfant-tyran, qui veut manipuler et avoir à sa botte ses parents-esclaves. Alors si la question est « à partir de quel âge les enfants tyrannisent-ils leurs parents ? » la réponse est « avant même de venir au monde ». Dès la conception les ennuis commencent : ils viennent quand on n’en voulait pas et ne viennent pas quand on en veut. Après vous êtes enceinte, vous n’avez plus le droit de rien faire, vous vomissez tripes et boyaux, vous êtes épuisée, et si vous êtes un homme vous devez vous cogner une folle hystérique aux mensurations de cétacé à la place de votre chérie habituelle. Enfin je ne vais pas vous faire un dessin : à tout âge un enfant a un côté pénible. Ce qui change juste c’est sa façon de vous rendre chèvre.

Et demain la suite : au programme besoins et envies, et puis surtout comment s’y prendre (sauf que ça ce sera peut-être pour vendredi, suspense !).

(Photo : http://www.babble.com/CS/blogs/strollerderby/2008/08/23-End/Tantrum-1.jpg)