Ce livre d’Anne Boulay m’a été offert par le Coq pendant la grossesse du Poussin. A l’époque, bienheureuse primipare, je l’avais lu d’une traite dans mon bain du samedi matin (maintenant impossible de prendre un bain tranquille avec l’autre zouave). J’ai rapidement été prise de sueurs froides. Je l’ai relu pendant cette grossesse, c’est beaucoup plus drôle. Surfant sur la mode actuelle de la mère pas vraiment parfaite, le livre aligne un par un tous les pires aspects de la maternité, de la grossesse jusqu’aux premiers mois du bébé. Partant du principe que les côtés positifs ont été surreprésentés ailleurs, ils ne le sont à peu près pas du tout dans le livre. C’est un peu le côté obscur de Laurence Pernoud. Mais avec un style beaucoup plus savoureux et quelques comparaisons assez bien trouvées. Une de mes préférées :
Endroit improbable servant de décor à une scène primordiale de l’intrigue, la salle de travail est un compromis historique entre l’usine d’emballage de poulets de Loué, la boîte de nuit du littoral varois et la cérémonie de remise des Hots d’or. Ce qui donne à cette salle en carrelage blanc un aspect filière avicole c’est l’uniforme : tout le monde porte des sabots de décontamination, une grande blouse et un bonnet de douche en non-tissé. […] Abstraction faite du cadre, c’est le son de la salle de travail qui frappe : on est à deux doigts de la 205 GTI pneus 16 pouces customisée tuning tellement le sound system crache du BPM. La salle d’accouchement est-elle un terrain idéal pour un futur Teknival ? Presque, tant les deux appareils de mesure qui enregistrent le cœur du bébé et son taux d’oxygénation émettent des « boum boum » tout à fait technoïdes. […]
La rencontre entre la grippe aviaire et le milieu de la night n’aurait aucun sens s’il n’y avait pas une histoire de poule au beau milieu. Et quelle poule : l’accouchement est une sorte de trip exhibitionniste assez interminable où un nouvel inconnu portant un bonnet de douche vient toutes les cinq minutes compter le nombre de doigts qu’il arrive à introduire. Cette longue séance de jambes écartées débouche parfois sur une jolie consécration : certaines parturientes sont alors déclarées « césarisables ».
Vous l’aurez compris : malgré le « mode d’emploi » du titre, ce livre n’est PAS un guide de recommandations pratiques autour de la grossesse, de l’accouchement et du nouveau-né. C’est plutôt une franche partie de rigolade, même si je le recommanderais plutôt à la multipare qui en a vu d’autres qu’à la primipare angoissée (ne pas offrir à une tokophobe…).