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Les fausses-couches précoces

mardi, septembre 25th, 2012

 Après le touchant témoignage de Ficelle, et suite à vos nombreux commentaires, il me semble utile de faire un petit bilan autour de ce sujet douloureux.

D’abord un point sur la terminologie

– Une fausse-couche est une interruption spontanée de la grossesse avant le seuil de viabilité du foetus, soit 22 SA ; si elle a lieu avant 12 SA elle est dite précoce (cela représente 80% des fausses couches), après tardive
– Après 22 SA on parle de mort foetale in utero

Ici on s’intéressera uniquement au cas des fausses-couches précoces, mais si bien sûr certain-e-s souhaitent témoigner plus largement en commentaire chacun-e est bienvenu-e.

Selon les statistiques considérées, on considère qu’une grossesse a 10 à 20% de “chances” de s’interrompre spontanément. Comme le risque est le plus grand en début de grossesse et diminue progressivement, plus la grossesse est diagnostiquée précocément (ainsi certains tests permettent d’avoir une réponse avant même le retard de règles) et plus on voit de fausses couches. Certains auteurs qui définissent une grossesse dès la fécondation de l’ovocyte (avant même l’implantation de l’oeuf dans l’utérus) arrivent à des taux de 70% d’interruptions spontanées (dont la plus grande partie passe inaperçue chez les femmes).

Les causes des fausses couches

Elles sont multiples, qu’elles soient temporaires ou permanentes. On peut citer :

anomalies chromosomiques ou génétiques de l’oeuf ou de l’embryon compromettant sa viabilité ; cela peut se traduire par un oeuf clair, c’est-à-dire qu’il y a un sac embryonnaire (visible à l’échographie) mais vide : on ne voit pas d’embryon (cela concerne un tiers des fausses couches avant 8 SA). C’est la cause la plus fréquente (une étude de 8000 fausses-couches a trouvé plus de 40% d’embryons atteints de tels défauts ) qui ne compromet en rien la possibilité d’une nouvelle grossesse
– grossesse extra-utérine (au lieu de s’implanter dans l’utérus, l’embryon se développe ailleurs, généralement une des trompes de Fallope)
défaut de l’utérus (par exemple la muqueuse n’est pas favorable à la nidation) ou du col
– problèmes hormonaux (comme une déficience en progestérone pendant la phase lutéale du cycle -après l’ovulation)
infection génitale (par exemple à chlamydia) ou générale (notamment listériose ou salmonellose)

Certaines pathologies peuvent donc entraîner des fausses-couches à répétition (soit trois ou plus successives) et parfois nécessiter un traitement pour obtenir une grossesse évolutive, cependant ce sont les cas les plus rares.

Quelques facteurs de risque ont été identifiés, comme l’alcool, le tabac ou la caféine (au delà de 200 à 300 mg par jour, soit environ deux tasses de café). On peut également citer l’exposition chronique (c’est-à-dire de faibles doses sur une longue période de temps) à certaines substances toxiques, notamment dans certaines professions, que ce soit pour l’homme ou pour la femme, ou la prise de certains médicaments. Un stress important peut également entraîner une fausse-couche, ainsi que de l’exercice physique intense. Le poids de la mère joue enfin (dans les deux sens), ainsi que son âge. Bien sûr l’exposition à un facteur de risque n’entraîne pas systématiquement de fausse-couche, pas plus qu’on ne peut expliquer toutes les fausses-couches par la présence d’au moins un de ces facteurs. Il s’agit simplement de corrélations statistiques, sans qu’un mécanisme de causalité soit toujours connu.

Quels sont les signes ?

Les symptômes les plus courants sont des saignements vaginaux et des douleurs au ventre (comme des règles, quoique souvent plus intenses). Certaines femmes voient aussi l’arrêt de leurs maux de grossesse (notamment les nausées) ; d’autres ont simplement un pressentiment que quelque chose ne va pas.
Cela doit inviter la femme à consulter afin de confirmer le diagnostic et le cas échéant d’envisager un traitement. Différents examens permettent d’affiner le diagnostic :
prise de sang : alors que l’hormone beta HCG doit voir son taux augmenter rapidement dans le cas d’une grossesse évolutive, on observe une croissance faible voire une décroissance entre deux prélèvements, ou un taux très inférieur à ce qui est habituellement observé à un terme de grossesse donné.
l’échographie : en tout début de grossesse, elle est souvent faite par voie endovaginale, c’est-à-dire que la sonde est introduite dans le vagin. Elle permet notamment de diagnostiquer un oeuf clair ou une grossesse extra-utérine ; après 6 SA l’absence de battement cardiaque est un signe quasi-certain d’arrêt de la grossesse.

Quel traitement ?

Cela doit évidemment faire l’objet d’une discussion avec la personne qui pose le diagnostic (médecin ou sage-femme), afin de déterminer la meilleure façon de faire pour chaque cas. Il est de toute façon nécessaire de consulter afin de s’assurer qu’il s’agit bien d’une fausse-couche et le cas échéant de vérifier que tous les produits de grossesse ont bien été évacués. Voici les grandes alternatives :

observation : la majorité des fausses-couches précoces s’inscrit dans un processus physiologique d’élimination des embryons non viables qui sont donc expulsés naturellement par le corps de la femme. Cependant cela peut prendre jusqu’à six semaines après le diagnostic, et certaines femmes souhaitent hâter le processus (pour pouvoir retomber plus vite enceinte, parce qu’elles subissent encore des effets “secondaires” désagréables comme les nausées, pour maîtriser le moment de l’évacuation qui peut être difficile et douloureux -en vue d’un voyage ou d’une obligation professionnelle par exemple…). Il existe également un risque d’infection. Dans d’autres cas, l’embryon aura déjà été évacué au moment de la consultation.

traitement médical : des médicaments abortifs sont pris par la femme (par voie orale ou vaginale). Ils provoquent des contractions (souvent douloureuses) et in fine l’expulsion de l’embryon. Ce traitement peut être conduit intégralement en ville (sans passer par l’hôpital) et la femme le prend chez elle, généralement sur deux jours. Il peut y avoir des échecs, qui conduisent à la dernière option.

traitement chirurgical : il ne peut être fait qu’en milieu hospitalier, au bloc opératoire, généralement sous anesthésie générale. On procède à une dilatation du col de l’utérus puis à une aspiration qui permet de “vider” intégralement l’utérus (on parle souvent abusivement de curetage mais cette procédure est globalement délaissée au profit de l’aspiration, moins traumatique). Il est notamment indiqué dans les cas où la fausse-couche entraîne des saignements importants à la femme qui compromettent sa santé. La chirurgie est également la principale option en cas de grossesse extra-utérine (mais avec une procédure différente, puisque justement l’embryon n’est pas dans l’utérus).

Très concrètement, cela peut nécessiter de réaménager son emploi du temps des semaines à venir en fonction de l’alternative choisie, avec souvent plusieurs consultations médicales et examens (analyses sanguines, échographies…) à prévoir, ainsi que la possibilité d’un arrêt de travail.

Et après ?

Chaque femme vit l’événement à sa façon : certaines sont plus ou moins affectées, l’une souhaitera retomber enceinte au plus vite alors qu’une autre préfèrera prendre le temps de faire le deuil de cette grossesse. Evidemment le terme auquel la fausse-couche est découverte, la situation personnelle de la femme (parcours d’aide médicale à la procréation, âge, première grossesse ou pas, etc), le fait que la grossesse ait été plannifiée ou pas, et tout simplement sa vision de l’embryon (pour certaines c’est déjà leur bébé, pour d’autres cela ne reste qu’une possibilité d’enfant) sont autant de facteurs qui vont influencer le vécu de l’événement. On ne peut que souhaiter à chaque femme de pouvoir exprimer les émotions que la fausse-couche provoque, sans que sa souffrance ne soit niée (“ce n’était qu’un tas de cellules”) ou qu’au contraire elle ne soit culpabilisée de ne pas manifester un chagrin jugé adéquat par son interlocuteur. Cela peut être fait dans un cadre médical ou de suivi psychologique, mais aussi simplement avec des proches bienveillants (réels ou “virtuels” : certaines communautés en ligne peuvent apporter un soutien plus que chaleureux). La place du père ou du partenaire de la femme qui fait une fausse couche est délicate : pour beaucoup à ce stade la grossesse est encore peu concrète, même si certains peuvent l’avoir déjà investie. Le point commun reste généralement la souffrance de leur femme (psychologique comme physique).

Quoi qu’en disent certains mythes urbains, hors certaines pathologies la prévention des fausses couches précoces reste rudimentaire pour ne pas dire impossible (et si c’est pour finir avec du distilbène…). Même si la tentation de refaire le film à grands coups de “et si” est forte, la culpabilisation n’apportera pas grand chose de constructif.

Enfin il n’y a pas de délai particulier à respecter si on souhaite rapidement une nouvelle grossesse, sauf avis médical contraire. Une contraception peut également être mise en place dans la foulée. La fausse-couche peut aussi avoir des répercussions lors d’une grossesse ultérieure, avec pour certaines une anxiété accrue quant à son bon déroulement. Il ne faut pas hésiter à évoquer ces angoisses avec la personne qui assure le suivi : parfois le seul fait de les exprimer suffit à les calmer, si nécessaire un suivi plus rapproché (échographies plus fréquentes par exemple) peut être envisagé pour rassurer la femme.

Des liens

Beaucoup déplorent le silence qui entoure cet événement pourtant courant ; voici donc quelques témoignages glanés sur le net :

Un site très complet et informatif en anglais (pourquoi on n’a pas de site médical pro de ce niveau en France ?)

Image : ça faisait longtemps qu’il n’y avait pas eu de beau gosse par ici (dont la présence sur ce blog est je le rappelle réglementaire pour les billets médicaux à caractère anxiogène) et pour changer un peu des médecins je vous propose Rabbi Dave (de Weeds), une épaule sur laquelle pleurer… et si vous n’aimez pas Rabbi Dave faites votre choix sur pfffouuu! (cliquez à vos risques et périls)

Boire ou se reproduire, faut-il choisir ?

mardi, novembre 1st, 2011

Un récent dossier de la revue médicale Prescrire relance le débat : peut-on boire (de l’alcool, what else ?) pendant la grossesse  ? Il faut savoir tout d’abord que Prescrire jouit d’un prestige important au sein de la communauté médicale française (plus que Top Santé par exemple…), étant un des rares lieux de débat scientifique médical exempt de l’influence de l’omniprésente industrie pharmaceutique. Ses recommandations sont donc le fruit d’une étude poussée et critique de la littérature internationale. Je n’ai pas accès à l’intégralité du dossier, n’étant pas abonnée, mais le résumé public, s’il rappelle bien sûr les risques liés à la consommation excessive d’alcool, ne recommande pas pour autant l’abstinence totale :

En pratique, il est important d’informer des risques liés à la consommation d’alcool durant la grossesse, mais de manière nuancée, sans culpabiliser d’une éventuelle consommation minime d’alcool. Cette information répétée semble utile pour réduire la consommation des femmes qui ont une consommation à risque. En leur conseillant de ne pas dépasser 4 verres par semaine, et 2 verres en une occasion.

Alors, après avoir appris qu’on se privait de fromages au lait cru pour de mauvaises raisons, va-t-on découvrir qu’on s’abstient en vain d’un bon verre de vin ? Rappelons d’abord que l’alcool ne pose potentiellement problème qu’à partir du moment où la circulation sanguine maternelle se connecte à celle de l’embryon, soit entre deux et trois semaines de grossesse (soit le moment où en théorie vous observez un retard de règles et faites votre test : qui a dit que la nature était mal faite ?).

Par ailleurs, une étude a même montré de meilleurs résultats pour les enfants dont les mères avait bu un peu d’alcool pendant la grossesse (1-2 verres par semaine) par rapport à ceux dont la mère s’était abstenue ; de là à encourager un petit verre aux femmes enceintes…

Mais ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que -contrairement à beaucoup de molécules actuellement médiatisées, comme BPA, parabens etc- la toxicité de l’alcool est tout à fait avérée. Il est notamment reconnu comme « cancérogène pour l’homme » (Groupe 1 du CIRC, soit le plus haut niveau de certitude) et comme tératogène (c’est-à-dire qu’il provoque des malformations congénitales).

Je trouve également intéressant de s’intéresser à ce qu’on sait sur l’impact de l’alcool via le lait maternel. Celui-ci est moins important que lors de la grossesse, puisqu’il y a un effet de dilution (le foetus partage le sang maternel et est donc exposé à la même concentration en alcool, alors que le bébé allaité ingère le lait alcoolisé, celui-ci étant alors dilué dans son sang par l’appareil digestif). En outre, le bébé ne tète pas (toujours) en continu donc il peut éviter le moment où le lait est le plus concentré en alcool, alors que le foetus voit son sang renouvelé en permanence par la circulation maternelle via le placenta. Rappelons enfin que la concentration en alcool du lait est à peu près égale à celle du sang. Ainsi, la Leche league en compilant diverses études montre qu’on n’est pas obligée de complètement renoncer à l’alcool lorsqu’on allaite :

A court terme, l’absorption par la mère d’une dose d’alcool inférieure à 1 g/kg d’alcool pur ne posera généralement aucun problème au bébé allaité.

L’alcootest pour lait maternel Milkscreen se base quant à lui sur une limite de 0.03 % d’alcool dans le lait (notez que chaque rapport utilise une unité différente ce qui ne simplifie pas la comparaison ; mais cela correspondrait à un à deux verres « standard », selon les individus et les circonstances) au-delà de laquelle on observerait un changement des habitudes de sommeil et de tétée des nourrissons, mais ce seuil est également sujet à débat. On voit en tout cas qu’une dose peu importante peut affecter le comportement du bébé : même si cela n’est pas du même ordre qu’une malformation ou qu’un retard de croissance, je trouve que cela incite à la prudence, d’autant plus que comme on l’a vu le bébé allaité est moins exposé que le foetus et qu’il est également plus mature (donc plus résistant, notamment par la mise en place progressive de l’équipement enzymatique permettant de métaboliser l’alcool).

Bref, nous ne sommes pas beaucoup plus avancés. Je pense que tout le monde sera d’accord pour dire qu’un verre de vin pour toute la grossesse n’aura probablement pas d’impact visible sur le bébé, et pour dire qu’une bouteille de vin par jour ce n’est pas une bonne idée. Mais où est la limite entre les deux : c’est bien cela qui fait débat. Il est probable aussi que les variations individuelles soient trop importantes pour pouvoir fixer une limite claire et adéquate pour le plus grand nombre (autre que 0). Et dans le doute, on recommande de ne pas boire du tout. Je comprends la nécessité d’un message simple, surtout dans un pays où l’alcool est hyper banalisé (quoi ? la bière et le cidre ça compte comme de l’alcool ?), mais en même temps je déteste qu’on décide pour moi. Croit-on vraiment que les femmes sont incapables d’appréhender elles-mêmes ce type de problème ? Qu’elles n’ont pas le bien-être et la santé de leur bébé au coeur de leurs préoccupations ? Est-ce qu’on ne peut pas plutôt les laisser décider des risques qu’elles souhaitent prendre ou pas ? Quoi qu’il en soit, j’aime bien l’approche de Prescrire : « informer des risques (…) de manière nuancée, sans culpabiliser ». Et je ne vois pas pourquoi elle ne ferait pas consensus.

Image : « Attention : la consommation d’alcool peut entraîner la grossesse. » Et cet article est dédié à Mère Bordel à qui je pense à chaque fois que je vois une bouteille de vin…

Un bébé en retard

dimanche, mai 16th, 2010

tanguy Toutes les femmes enceintes voient arriver avec soulagement le terme de 37 semaines d’aménorrhée (SA), qui correspond à la fin de la prématurité. Et s’il est bien légitime de craindre la mise au monde d’un bébé prématuré, on pense moins souvent au problème inverse : un bébé qui se fait attendre. C’est un sujet que je connais bien puisque Pouss1 est né le lendemain du terme et Pouss2 une semaine après.

La date prévue d’accouchement (DPA) est calculée de façon différente selon les pays. Ainsi, en France on considère la DPA comme la date avant laquelle on doit avoir accouché (41 SA), alors qu’en Belgique ou en Suisse par exemple on prend une date à laquelle il est probable d’accoucher (40 SA : 79 % des naissances auraient lieu entre 37 et 39 SA). Quoi qu’il en soit, tout le monde s’accorde à parler de terme dépassé ou de grossesse prolongée autour de 42 SA.

L’écueil principal est de déterminer avec précision la date de début de grossesse : on se base souvent sur la date des dernières règles (qui sont plus faciles à repérer que l’ovulation) en supposant que l’ovulation a eu lieu 14 jours après. Ainsi n SA = n SG + 2. Cependant, toutes les femmes n’ovulent pas avec la régularité d’un coucou suisse, sans parler des interférences possibles de la contraception (sous contraception hormonale par exemple les saignements ne sont pas liés à une éventuelle ovulation mais à la privation hormonale lors de la pause entre deux plaquettes) ou encore des femmes qui enchaînent grossesses et allaitements sans passer par le retour de couches (« de quand datent vos dernières règles ? » « d’il y a deux ans »…). Certaines femmes sentent l’ovulation (et peuvent même dire quel est l’ovaire actif !), d’autres utilisent des méthodes d’observation (température, col, glaires…) qui permettent de situer la période fertile mais ce n’est pas le cas de toutes. Rappelons que comme les spermatozoïdes peuvent survivre plusieurs jours à attendre un ovule, la date du rapport n’est pas forcément celle du début de la grossesse ; l’ovule ayant un temps de survie plus faible (environ 24 heures) est un meilleur indicateur. En dehors de certaines procédures d’assistance médicale à la procréation où on sait exactement la date du début de la grossesse, le plus fiable reste une échographie de datation avant 12 semaines d’aménorrhée lors de laquelle la mesure de l’embryon permet de déterminer une date de début de grossesse à plus ou moins trois jours. Le taux de beta-HCG dans le sang maternel est un moins bon indicateur : un taux bas peut indiquer une grossesse toute récente comme une fausse-couche à venir. Pour ma part, j’ai fait une échographie de datation autour de 8 SA pour chacune de mes grossesses, ce qui a dans les deux cas permis de corriger la DPA de quinze jours par rapport à l’estimation selon la date des dernières règles. Cependant l’échographie « officielle » des 12 SA permet normalement d’ajuster le terme, même si plus l’échographie est précoce et plus elle est précise. Notons aussi qu’on compte le terme à neuf mois après la date de début de grossesse ou à 39 semaines après cette même date (ce qui correspond à 41 SA) : c’est supposé être équivalent mais selon les dates 41 semaines font plus ou moins neuf mois. Par exemple pour Pouss1 les deux dates coïncidaient exactement mais pour Pouss2 il y avait deux jours d’écart. Ainsi si on prend le terme de 41 SA il est né à 42 SA +1, alors que si on se base sur neuf mois on est à 41 SA +6. Cela paraît négligeable sur neuf mois de grossesse, mais à partir de 41 SA chaque jour de rab est généralement l’objet d’une âpre négociation.

En effet, le dépassement de terme s’accompagne d’un risque accru de postmaturité : au bout d’un certain temps le placenta cesse de fonctionner correctement, entraînant une baisse du poids du bébé (et parfois une hypotrophie) et pouvant aller jusqu’à sa mort in utero (la mortalité périnatale est multipliée par 3 à 42 SA). Paradoxalement, tant que le placenta fonctionne bien, le bébé continue à grossir et la probabilité d’une macrosomie fœtale augmente. L’approche de la date du terme (41 SA) entraîne donc généralement la mise en place d’une surveillance rapprochée pour dépister d’éventuels signes de postmaturité. Les examens généralement pratiqués sont :

  • le monitoring : il permet de suivre à la fois le rythme cardiaque du bébé et d’éventuelles contractions de la mère (et s’il y a des contractions de voir comment le bébé les supporte)
  • l’échographie : on y vérifie la quantité de liquide amniotique (qui peut diminuer en fin de grossesse : on parle d’oligoamnios), les mouvements du bébé et le bon fonctionnement du placenta (on parle de grade placentaire, allant de 0 à III, III étant le plus avancé)

La surveillance commence autour de 41 SA, tous les deux jours, puis tous les jours.

Vous entendrez peut-être parler des examens suivants mais d’après la poule sage-femme ils ne sont quasiment plus pratiqués :

  • amnioscopie : observation du liquide amniotique afin d’en vérifier la qualité (un liquide teinté est généralement le signe d’une souffrance foetale).
  • test au syntocinon : une perfusion d’ocytocine artificielle (syntocinon) permet de provoquer des contractions et de voir comment le bébé les supporte par monitoring.

L’examen du col de l’utérus n’est pas nécessaire (il ne permet pas de déterminer l’imminence éventuelle de l’accouchement) mais peut être réalisé afin d’évaluer la faisabilité d’un déclenchement.

Bien sûr tout ceci est valable pour une grossesse non pathologique, certains facteurs (grossesse multiple, diabète gestationnel…) peuvent venir compliquer la donne.

A la naissance, quelques signes sont typiques des bébés qui ont fait du rab : pieds et mains fripés (comme s’ils étaient restés trop longtemps dans le bain…), peu ou pas de vernix, peau qui pèle dans les jours qui suivent. Pour ma part j’ai été étonnée de voir à quelle vitesse Pouss2 s’est « déplié » : les nouveaux-nés ont en effet les jambes et les bras en flexion et apprécient généralement d’être « contenus » dans un couffin, par emmaillotage, etc. Mais lui au contraire semblait ravi de s’étaler et n’a jamais voulu dormir dans la nacelle, préférant son transat ou notre lit.

Psychologiquement, la situation est assez inconfortable. Il est difficile de prévoir la date d’un accouchement mais en général tout le monde a pris ses dispositions en pensant que le bébé serait là après cette date. Si vous avez un (ou plusieurs) aînés, la personne qui doit s’en occuper pendant l’accouchement n’est peut-être plus disponible. Vos parents ou beaux-parents ont peut-être prévu de s’installer chez vous pour vous aider après la naissance : vous voilà tous tournant comme des lions en cage sans savoir quand le bébé arrivera. La fin de la grossesse est rarement de tout repos, et on est tiraillée entre l’envie d’en finir et celle de laisser le temps à un bébé qui se fait désirer, surtout si l’équipe médicale qui vous suit vous met la pression pour déclencher (parfois simplement par protocole alors que d’après cet article il n’y a pas de bénéfice prouvé à déclencher sans signe de souffrance fœtale avant 42 SA). Sans compter les appels réguliers des proches pour savoir où on en est (forte tentation de répondre que ça fait quinze jours que le bébé est là mais qu’on n’a pas jugé utile de prévenir), auxquels s’ajoutent tous les trucs censés déclencher l’accouchement : boire du champagne (« allons à ce stade ça ne peut plus faire de mal au bébé ») et/ou de l’huile de ricin (se préparer à passer les six heures qui suivent sur les toilettes), rouler sur des pavés (en Austin mini pour les plus raisonnables, en deux roues pour les plus aventureuses), faire un grand ménage et en particulier les vitres (bonjour la sciatique), faire du trampoline (et rebondir sur sa dignité largement piétinée), faire l’amour (pour celles dont la circonférence permet encore au futur père de s’approcher), se mettre pieds nus sur la terre adossée à un arbre (parfait à Paris au mois de janvier), marcher 17 km (cf la sciatique plus haut) et j’en passe. Ajoutons le recours aux médecines parallèles : ostéopathie, homéopathie, acupuncture, et j’en passe, ainsi que des suggestions formulées avec plus ou moins de tact que vous faites un blocage psychologique qui empêche ce pauvre enfant de sortir, le tout repassé en boucle à une femme qui vient de supporter neuf mois de grossesse et qui a les hormones en folie : je tire mon chapeau à celle qui n’aura pas craqué au moins une fois dans cette situation. Il n’est pas interdit de débrancher son téléphone et d’aller passer l’après-midi au cinéma (ou toute autre activité agréable qui sera difficile à faire après la naissance) pour se changer les idées. Certains disent ainsi qu’il n’y a rien de tel qu’une soirée en amoureux au restaurant pour accoucher dans la nuit : au moins c’est plus sympa que de faire les vitres et meilleur que l’huile de ricin. C’est aussi l’occasion de (re)lire en famille l’excellent Bébé de Fran Manushkin et Ronald Himler.

Image : ça a failli être le quatrième prénom de Pouss2…

Efficace, inutile ou dangereux ?

lundi, janvier 4th, 2010

doug_ross Pour commencer dignement cette année 2010 (que je vous souhaite bien sûr remplie de bonheur, de succès, de joie et d’enfants qui dorment 12 heures par nuit), je vais partager avec vous une bonne résolution.

Comme vous le savez sans doute si vous lisez régulièrement les articles de la Basse-cour, j’essaie d’avoir l’esprit relativement critique sur les traitements médicaux, en particulier pour ce qui ne me semble pas essentiel (si j’ai une pneumonie et qu’on me prescrit des antibios, je ne crois pas que j’irai faire une recherche avant de les prendre…). Au-delà de la confiance qu’on peut avoir en un praticien (et qui est bien sûr essentielle au bon fonctionnement de la thérapie), je m’appuie sur l‘Evidence-based medicine (EBM pour les intimes) ou Médecine factuelle en français (voir ici ou pour plus d’explications). Ce système de pensée a déjà été pas mal intégré dans la médecine allopathique occidentale, même s’il reste encore beaucoup de travail, notamment en obstétrique (voir par exemple la réticence de certains à abandonner des pratiques démontrées nocives et/ou inutiles comme l’épisiotomie ou le monitoring continu systématiques). A côté, les remèdes plus traditionnels et les médecines alternatives restent moins étudiés, et c’est fort dommage. Il ne faudrait pas jeter le bébé avec l’eau du bain, il est clair que notamment les plantes recèlent de molécules actives avec des propriétés thérapeutiques (l‘aspirine vient du saule par exemple, la pénicilline de champignons). Or pour beaucoup de produits de ce type c’est surtout basé sur l’expérience générale d’un praticien, et pas du tout sur des tests standardisés, avec des contrôles, des placebos, des doubles aveugles etc. Scientifiquement je ne trouve pas ça satisfaisant. Et l’argument « c’est naturel donc c’est bien/pas dangereux » n’a à mon sens aucune valeur, je laisse ses tenants le tester par ingestion de ciguë ou d’ammanite phalloïde (garantis bio et sans OGM). S’il y a des molécules actives, il y a forcément des effets indésirables potentiels.

Donc ma résolution pour cette nouvelle année, c’est d’aller voir sur PubMed (THE base de données des articles médicaux) à chaque fois qu’une proposition de traitement me pose question, histoire de voir s’il est utile et quels en sont les risques éventuels. N’ayant accès qu’aux résumés, cela ne donne hélas qu’une vue partielle des études mais je trouve que c’est toujours mieux que rien. Il est révélateur de constater le faible nombre d’études que je trouve à chacune de mes recherches (en général moins de 20).

Voici déjà quelques exemples sur des prescriptions faites au cours de la grossesse. Loin de moi l’idée de vous dire quoi faire ou pas, simplement partager avec vous ce que j’ai trouvé afin que, si cela vous intéresse, cela puisse vous aider à prendre une décision éclairée.

La tisane de feuille de framboisier : à prendre le dernier mois pour préparer l’utérus et les tissus. Je lance donc une recherche sur « raspberry leaf pregnancy ». Bingo, la première entrée est un article « Raspberry leaf -should it be recommended to pregnant women? ». Il s’agit d’une revue de la littérature existante, donc plutôt intéressant puisque permettant de prendre en compte plusieurs études et tests. Le résumé déplore l’absence de recherche sur le sujet ; les quelques données disponibles indiquent un risque possible pour l’enfant à naître et ne permettent pas de mettre en évidence son efficacité. Donc en l’état actuel des connaissances : ça ne sert à rien et c’est potentiellement dangereux. Une autre étude va dans le même sens. On peut tout de même tempérer par une étude randomisée en double aveugle avec contrôle par placebo sur la prise de comprimés de feuille de framboisier à partir de 32 semaines de grossesse. Les auteurs concluent qu’il y a peu de différences significatives entre les deux groupes et qu’il faudrait plus de recherches, notamment sur le dosage. Conclusion : je passe (en plus ça a pas l’air super bon).

Le massage du périnée en fin de grossesse pour éviter épisio et déchirures : résultats de la recherche « antenatal perineal massage ». Une première revue de la littérature ne parle pas de ces massages : sa principale conclusion est que la meilleure protection du périnée passe par la diminution de l’utilisation de l’épisiotomie, pour les autres pratiques on est dans le flou. Une autre quant à elle arrive à la conclusion suivante : les massages du périnée pendant la grossesse diminuent la probabilité d’avoir une épisiotomie, en particulier chez les primipares, et peuvent diminuer les douleurs du périnée du post partum (3 mois après la naissance) chez les femmes ayant déjà accouché par voie basse. Par contre il n’influence pas les déchirures (quel qu’en soit le degré), l’incidence des extractions instrumentales, la satisfaction sexuelle et le risque d’incontinence. Enfin un article dont le résumé ne montre pas très bien sur quoi il se base (revue de la littérature ? essais cliniques ? « on dit » ?) cite le massage du périnée chez les primipares comme moyen de réduire les traumatismes des voies génitales, avec un certain nombre d’autres facteurs (position d’accouchement verticale ou latérale, éviter la poussée de Vasalva*, éviter l’épisiotomie, gérer la sortie de la tête du bébé…). Il y a aussi des études randomisées avec comparaison d’un groupe témoin et d’un groupe faisant des massages (bon on ne peut pas faire ça en double aveugle comme avec un médicament, les femmes ayant tendance à se rendre compte de si elles se massent ou pas…). Les résultats ne sont pas très tranchés (ha ha ha) :

  • Shipman et al (1997) : Le massage du périnée semble avoir certains bénéfices en termes de réduction des déchirures de 2ème et 3ème degré, des épisiotomies et des extractions instrumentales. Ces effets sont plus marqués chez les femmes de 30 ans et plus.
  • Eogan et al (2006) : Le massage permet de limiter la douleur du périnée lors du post partum mais n’influence pas le taux de périnées intacts lors de l’accouchement, pas plus que les lésions du sphincter anal.
  • Meidan et al (2008) : Le massage n’a d’effet ni bénéfique ni délétère sur l’occurrence d’un traumatisme du périnée.

A noter que ces trois études ont été conduites chez des primipares attendant un seul enfant. Par ailleurs, avec les résumés du moins, si on veut se lancer dans le massage, on ne sait pas : quand commencer, à quelle fréquence, combien de temps, faut-il utiliser une huile ou une crème (si oui laquelle ?), avec quelle technique ? J’avoue qu’en ce qui me concerne, n’étant pas très tentée par la chose, je ne trouve pas cela suffisamment convaincant pour lever mes réticences. Mais pour le coup je reconnais que ça ne peut pas faire de mal.

Le massage des tétons en fin de grossesse pour préparer l’allaitement ; après quelques essais infructueux je trouve des articles intéressants avec les mots clés « nipple massage ».

  • Brown et Hurlock (1975) : ils ont demandé à des femmes de préparer un seul sein en se massant les tétons, en appliquant de la crème ou en exprimant du colostrum. Aucune différence n’a été observée entre les seins en termes de sensibilité ou de traumatisme.
  • Whitley (1978) : un sondage a été conduit auprès de jeunes mères et permet de proposer entre autres que le massage des tétons et des seins (avec expression de colostrum) n’est associé ni à un allaitement plus long ni à une prévention des tétons irrités et des engorgements. Cette hypothèse reste à étayer par des études plus poussées.

Je trouve incroyable qu’en ces temps où les pouvoirs publics veulent promouvoir l’allaitement on ne trouve pas plus d’études plus récentes. Ceci dit la Leche league par exemple ne recommande aucune préparation des seins, si ce n’est dans un but de « familiarisation » pour les femmes qui ne sont pas très à l’aise avec l’idée d’allaiter et avec leur corps en général.

Les soins du cordon à la teinture-mère de calendula : je n’ai rien trouvé sur ce sujet sur PubMed, par contre il y a un certain nombre d’articles démontrant l’efficacité du calendula pour d’autres affections. En élargissant ma recherche au grand Google, je suis tombée sur les recommandations de la fédération des sages-femmes suisses sur les soins du cordon. Il ne semble pas très clair qu’il y ait vraiment besoin de traiter le cordon, mais si on le fait le calendula ne semble pas pire qu’autre chose, donc pourquoi pas.

Si vous avez d’autres données sur ces sujets ou sur d’autres pouvant intéresser la basse-cour, n’hésitez pas à les partager.

*qui semble correspondre à notre « inspirez-bloquez-poussez » mais qu’on me corrige si je me trompe.

Photo : après le sondage organisé par Clemys à l’occasion d’un précédent billet, je vous remets George, le grand vainqueur, pour commencer l’année tout en douceur (what else ?).

Se préparer

mercredi, septembre 30th, 2009

whalesbeachEPA_450x300 Dans la série des billets spécial gros bidon, quelques mots sur la préparation à la naissance. Encore un MPR (méga problème de riche) : comment utiliser au mieux les huit séances que nous offre Sainte Sécurité Sociale* (Amen) ? Les initiatives et les méthodes fleurissent, plus ou moins originales et efficaces : comment s’y retrouver ? Vous allez dire que je me répète, mais il n’y a bien sûr pas de méthode supérieure aux autres, il y a ce qui convient à telle femme (et à tel couple) pour telle grossesse et tel projet de naissance.

Déjà, à quoi ça sert de se préparer ? Après tout ça fait des millénaires que les femmes donnent la vie sans se poser de question, et c’est encore le cas de la majorité de celles qui peuplent le globe actuellement. Certes. Ceci dit nos admirables congénères vivent et ont vécu sans téléphone portable, internet, canapé, congélateur, TGV, Mooncup et j’en passe. En ce qui me concerne, je vois plusieurs intérêts aux activités prénatales :

  • accompagner les transformations inévitables du corps et apaiser les (petits ?) maux qui les accompagnent généralement ;
  • s’offrir un temps pour soi et pour le bébé à venir (d’autant plus important si on a déjà de la marmaille) ;
  • avoir un temps de parole plus libre et plus ouvert que les consultations pour exprimer ses angoisses et ses tracas sans craindre de s’aliéner ses derniers amis (où d’autre pourrez-vous vous plaindre de vos hémorroïdes ?), mais aussi obtenir des réponses à ses questions, y compris les plus tabous et les plus bizarres ;
  • pouvoir rencontrer d’autres futurs parents (certaines activités sont mixtes), toujours intéressant dans une société centrée sur la famille nucléaire ;
  • et bien sûr se préparer, mentalement et physiquement, à l’épreuve de l’accouchement, et disposer d’outils pour mieux vivre ce moment exceptionnel à tous points de vue.
  • enfin ce n’est probablement pas le profil type de la basse-cour mais c’est aussi un vecteur d’intégration (ou réintégration) pour les femmes en situation précaire.

Je conseille donc aux futurs parents de prendre en compte ces différents points dans le choix de leur préparation ; d’ailleurs rares sont les méthodes qui permettent de tous les satisfaire, il est tout à fait possible de cumuler plusieurs techniques (tant qu’elles sont compatibles). Par ailleurs l’intervenant et/ou le cadre que vous trouverez près de chez vous font souvent autant que la technique elle-même : il me semble qu’avoir un « animateur » avec lequel on accroche et en qui on a vraiment confiance est un point crucial du choix. Attention également à la crédibilité de celui-ci : comme beaucoup de disciplines para-médicales et/ou à visées psychothérapeutiques on trouve à boire et à manger, y compris au sein de courants reconnus. Faites fonctionner le bouche à oreille, les annuaires professionnels et votre radar personnel. Pour qu’elles aient un intérêt, il faut en effet que vous alliez aux séances avec plaisir et motivation, rien ne sert d’y aller juste parce que il faut/c’est remboursé/ma copine l’a fait. Selon vos affinités, vous pouvez aussi choisir des séances individuelles et/ou en groupe. Notons enfin que certaines méthodes peuvent être poursuivies après l’accouchement pour aider à l’établissement du lien mère (et père) – enfant.

Les techniques de préparation les plus connues et répandues sont :

  • la préparation « classique » : sorte de cours et/ou de session questions-réponses qui permet d’aborder en détail tout ce qui se passe avant, pendant et après l’accouchement. Si possible, suivre ce type de préparation en lien avec le lieu où on accouche apporte une valeur ajoutée, tant sur les gestes préconisés par le protocole (perfusion systématique ? soins au bébé après la naissance ? etc) que sur les possibilités matérielles offertes par l’endroit (baignoires ? chambres seules ? etc), par exemple. L’intérêt d’être en groupe est qu’on peut profiter des questions des autres (auxquelles on n’aurait pas forcément pensé), et éventuellement réaliser qu’on n’est pas la plus larguée du lot (me souviens d’un cours où une femme -proche de la quarantaine quand même- avait annoncé avoir découvert à la télé que le nouveau-né n’était pas exactement rose et frais lorsqu’il sortait du ventre…). Ce type de préparation peut également être couplé à d’autres méthodes plus spécifiques (séances ou parties de séances dédiées).
  • l’haptonomie : d’après un sage-femme spécialiste de cette technique, on ne peut pas vraiment comprendre ce que c’est tant qu’on ne l’a pas fait… et je n’ai pas fait… Discipline fondée par Frans Veldman, elle se définit comme une science de l’affectivité. Si on en croit le site haptonomie.org, l’accompagnement pré et postnatal haptonomique favorise le développement des liens affectifs entre l’enfant, le père et la mère. Il leur permet de vivre une relation de tendresse lorsque l’enfant est encore dans le giron de sa mère. Il favorise également l’accueil du nouveau-né au moment de la naissance et après celle-ci. Très tôt l’enfant acquiert une sécurité de base qui l’invite à l’autonomie, à la communication et à la confiance. Cette méthode accorde une grande place au père. Toujours d’après le site, il s’agit de mettre en oeuvre le contact psychotactile affectivo-confirmant plein de tendresse et d’amour. D’après divers témoignages (et à la lecture du site web), je dirais que l’haptonomie n’est peut-être pas à recommander aux personnes les plus cartésiennes. Enfin il faut savoir que (je cite encore) l’haptonomie est totalement incompatible avec les méthodes qui visent à modifier le tonus musculaire et la respiration, telles que le yoga, la sophrologie, les techniques respiratoires, etc… Celles-ci, par leur caractère d’apprentissage, entraveraient l’effet libérateur de l’expression affective. En outre, toute attention portée sur la respiration ou sur une « représentation imaginaire » de l’enfant fait obstacle au contact affectif avec celui-ci. Cependant, l’haptonomie offre une approche très complète, couvrant toute la grossesse, la naissance et également la période post-natale. Je laisse les commentatrices (hommes aussi s’il y en a !) qui ont testé vous en dire plus.
  • la sophrologie : D’après le site sophrologie-info.com, la sophrologie est une science qui étudie la conscience humaine, un ensemble de techniques et de méthodes à médiation corporelle. Elle vise la conquête ou le renfort de l’équilibre entre nos émotions, nos pensées et nos comportements. Au croisement de la relaxation occidentale et de la méditation orientale adaptées, elle permet à chacun de trouver de nouvelles ressources en lui-même et d’améliorer sa qualité de vie. C’est une des préparations que j’ai choisies pour cette grossesse. Je n’ai pas encore fait beaucoup de séances alors ma vision de la chose reste assez partielle mais en gros il s’agit d’atteindre un état de conscience particulier (la sophronisation), à partir duquel on peut mieux gérer les sensations douloureuses et désagréables et également avoir un meilleur ressenti de son corps (y compris des parties qu’on ressent rarement consciemment comme le col de l’utérus au hasard). Je vous en dirai plus dans un prochain billet, probablement après l’accouchement, pour mieux vous décrire la méthode et vous dire si ça m’a bien aidée ou pas.
  • la préparation en piscine : il s’agit de sessions dédiées aux gros bidons, généralement animées par une sage-femme ou a minima par une personne formée aux spécificités de la femme enceinte. C’est une des préparations les plus physiques, elle sera donc généralement impossible pour les femmes en menace d’accouchement prématuré (contrairement à celles citées auparavant qui peuvent être faites au domicile par une sage-femme libérale par exemple). Je n’ai pas testé de cours spécifique mais j’apprécie beaucoup de nager pendant la grossesse. A mon avis l’inconvénient de ce type de préparation c’est que les éléments sont plus difficiles à mobiliser pour la naissance (à moins d’accoucher en piscine ?), même si les étirements, l’activité, la respiration etc sont toujours bons à prendre.
  • Le yoga prénatal : on en a un peu parlé dans ce billet sur le livre de Leboyer. J’ai testé pour la grossesse du Poussin et je remets le couvert pour celle de l’Oeuf, j’adore. En plus j’ai la chance d’avoir un cours génial à 100 mètres de chez moi. Si vous faites déjà du yoga hors grossesse, vous pouvez continuer à pratiquer en douceur : ce qui est vraiment déconseillé est ce qui fait travailler les abdos. Le reste est à adapter en fonction de votre ressenti et de votre expérience, même si il vaut également mieux éviter les postures qui accentuent le creux lombaire (et au contraire bien basculer le bassin vers l’avant, notamment quand on est sur le dos). Concrètement, je trouve que le yoga apporte énormément pour toutes les petites douleurs articulaires et ligamentaires, notamment dans le dos. On économise quelques séances d’ostéo je trouve ! Par ailleurs je ne suis pas quelqu’un de particulièrement stressé ou angoissé, mais le yoga est connu aussi pour ses effets bénéfiques sur ce type de problème. Enfin cela peut être un atout intéressant pour l’accouchement, tant pour la variété de postures qu’on peut essayer que pour la concentration et pour la respiration. Mon expérience sur ce point est limitée puisque j’ai accouché du Poussin sous péridurale. On verra bien pour l’Oeuf (oui oui je vous raconterai).

D’autres préparations moins connues (mais pas forcément moins bien !) existent aussi :

  • la méthode Bonapace (prononcez à l’italienne Bonapatché) : c’est une technique mise au point par une Québecoise (voir le site officiel) et encore très peu connue en France. Elle se base sur les propriétés physiologiques de transmission du message de douleur et sur les possibilités de le court-circuiter en massant certains points bien identifiés. Elle demande apparemment une forte implication du père. Je n’ai pas pu tester mais cette méthode m’intéresse.
  • le chant prénatal : j’en ai parlé ici, même si mon expérience ne correspond pas à ce qu’on entend habituellement par chant prénatal. Pour en savoir plus, voir le site de l’Association française de chant prénatal.
  • le Pilates : proche du yoga, cette méthode plutôt physique (donc réservée aux grossesses « normales ») peut être adaptée aux femmes enceintes. Voir ici par exemple pour en savoir plus.
  • le gros ballon : il est de plus en plus présent dans les maternités mais présente aussi des avantages certains pendant la grossesse. C’est plutôt un outil « solitaire » même s’il y a probablement des cours quelque part. On peut trouver ces ballons en magasin de sport ou en hypermarché (entre autres), voir aussi l’occasion et les copines qui ont eu des bébés il y a peu. Plus de détails ici.

On peut aussi citer toutes les médecines « alternatives » : acupuncture, shiatsu, ostéopathie, aromathérapie, phytothérapie, réflexothérapie, etc, qui ne sont pas à proprement parler des méthodes de préparation mais qui peuvent également être utiles tant pendant la grossesse que pendant l’accouchement. Il y a des sages-femmes (surtout libérales) qui ont la double casquette.

Enfin je trouve qu’une façon intéressante de se préparer consiste à lire des récits de naissance (de préférence positifs…) pour mieux appréhender l’événement et éventuellement aider à corriger certaines représentations fausses ou biaisées qu’on pourrait traîner et qui risquent de pourrir son accouchement. On en trouve un peu partout sur le net, notamment sur les forums (mais il faut faire le tri !), ou par exemple sur le site Périnatalité (si vous êtes branchée naissance « physiologique », mais même si on ne l’est pas ça me semble intéressant d’en lire quand même !).

Bon je ne prétends pas être exhaustive (argl je ne vous ai pas parlé d’harponomie, scandale !) et je compte sur la basse-cour pour compléter sur les méthodes citées ici et les autres dans les commentaires (quitte à faire évoluer ensuite l’article en cas d’oubli majeur).

Edit : J’ai oublié de vous parler de l’hypnose, je répare en cours de route. On peut avoir soit de l’autohypnose soit être hypnotisé par un praticien (certaines doulas notamment le proposent). Evidemment pas évident d’avoir la personne à côté de soi au moment M, surtout dans les maternités où le personnel n’y est pas formé et où on n’a souvent droit qu’à un seul accompagnant. Le concept semblait fumeux à mon esprit cartésien jusqu’à ce que la poule accoucheuse me raconte avoir vu un couple de médecins, lui anesthésiste (!), qui pratiquait l’hypnose et a eu un accouchement physio super grâce à ça. Qu’un anesthésiste préfère hypnotiser sa femme plutôt que de lui faire une péri, ça m’a laissée sur mon (ample) postérieur. Pour en savoir plus : un article sur l’autohypnose et un autre sur l’hypnonatal.

*Je précise suite à la remarque judicieuse de Sophie Gamelin que quelle que soit la technique choisie, seuls les cours faits par une sage-femme sont remboursés. Voir aussi avec son comité d’entreprise qui peut sponsoriser certaines activités à caractère sportif (genre yoga ou piscine) ou artistique (chant prénatal ?).

(Photo : un cours collectif de préparation à la naissance -méthode non spécifiée)

Mes choix pour cette grossesse (2)

mardi, septembre 8th, 2009

edward-cullen-photo Après vous avoir parlé du cadre général et en particulier du déroulement de l’accouchement dans le billet précédent, voici plus de détails sur le suivi de grossesse en lui-même et ce que nous avons choisi avec la sage-femme. Il faut déjà savoir que ce n’est pas parce qu’un test ou un examen est systématiquement proposé et/ou remboursé qu’il est obligatoire. En fait il n’y a pas grand chose d’obligatoire (il semblerait que les sept consultations prénatales * soient nécessaires pour toucher les allocations familiales et obtenir le 100% de la sécu pour la fin de la grossesse mais il doit y avoir un minimum de souplesse, pour les grossesses découvertes tardivement par exemple). Mais on trouve facilement des phrases, comme ici par exemple (les fautes d’orthographe sont d’origine…), qui montrent qu’il y a encore du chemin à faire :

Si certaines [consultations prénatales] sont obligatoires pour être en règle au niveau administratif, d’autres en revanche sont purement médical et nécessaire au bon déroulement de la grossesse.

Les consultations ne sont pas nécessaires au bon déroulement de la grossesse, elles le vérifient, nuance. Cela peut paraître anecdotique mais c’est à force de présenter les choses comme cela que les femmes perdent confiance en elles.

Pour en revenir à nos moutons, je fais donc mes consultations prénatales avec ma sage-femme. Celles-ci durent quasiment une heure et c’est principalement l’occasion de parler (bon OK je me plains pendant environ 99% du temps). Il y a bien sûr aussi quelques actes médicaux : prise de la tension, écoute du coeur du bébé, analyse d’urine, mesure de la hauteur utérine, pesée (gloups). Le toucher vaginal est facultatif (seulement si signes d’alerte comme des contractions par exemple, donc pour le moment aucun), comme dans d’autres pays européens. Les analyses de sang sont faites dans un labo en ville et les échographies chez ma gynéco.

La sage-femme assure également les séances de préparation à l’accouchement, en l’occurrence pour mon cas des séances de sophrologie individuelle. Je vais suivre un cours de yoga pour femmes enceintes en parallèle (déjà fait pour la grossesse du Poussin et adoré !). Ne voulant pas que la péridurale soit ma seule option (même si je ne suis pas non plus farouchement contre voir ce billet et suivants sur la question), j’ai pensé qu’il serait utile de baliser le terrain en ayant des outils tant physiques que psychologiques pour m’aider le jour J. J’aurais bien fait la méthode Bonapace mais la sage-femme qui la proposait est en congé maternité (rhaaa ces gonzesses qui font rien que tomber enceintes tout le temps…). Pour la grossesse du Poussin j’avais suivi des cours « classiques » en maternité, très bien et très instructifs, mais ce serait un peu redondant cette fois-là.

Au niveau des tests et dépistages, j’ai choisi de faire toutes les échographies (avec une supplémentaire au début du deuxième mois pour s’assurer de la viabilité de la grossesse et du terme, cf ce billet). Par contre j’ai refusé le test des marqueurs sériques HT21, qui entraîne de nombreux faux positifs (et donc de nombreuses amniocentèses inutiles, avec risque de fausse couche accru, sans parler du stress occasionné, plus de détails dans ce billet). La clarté nucale combinée à mon âge a permis de calculer un risque intégré que j’ai trouvé largement satisfaisant. On peut d’ailleurs le calculer online ici.

En outre, la sage-femme m’a dit qu’elle n’était pas pour le dépistage systématique du diabète gestationnel en l’absence de signe d’appel, et cela me va bien. Les recommandations du CNGOF le préconisent pourtant, mais le rapport de la HAS (notez qu’il date de 2005 alors que le papier du CNGOF date de 1996) montre qu’autant le problème est réel et peut entraîner de sérieuses complications, autant le consensus scientifique sur les méthodes de diagnostic reste assez flou, générant pas mal de faux positifs et du coup de gestes inutiles et potentiellement iatrogènes. Je cite notamment une de leurs conclusions :

Les données de la littérature scientifique ne permettent pas de conclure sur les meilleures
stratégies de dépistage et de diagnostic du diabète gestationnel, ni sur leurs modalités de
réalisation. L’ampleur des controverses et des incertitudes conduit à ne pas faire de
recommandations dans l’attente d’études complémentaires.

Je suis par ailleurs immunisée contre la toxoplasmose et de rhésus positif, ce qui m’évite les prises de sang mensuelles. Par contre la maternité où j’ai accouché du Poussin ayant omis de me remettre une carte de groupe sanguin, il va falloir que je refasse une énième détermination (voir ce billet très instructif de JADDO sur le sujet). Le fait que je ne fasse pas ces tests (ou en tout cas pas systématiquement, selon l’évolution de la grossesse je pourrai être amenée à faire le test du diabète par exemple) ne veut pas dire que je les trouve inutiles mais simplement que pour mon cas et pour cette grossesse leurs risques apparaissent supérieurs aux bénéfices à mon avis (pas le risque de la prise de sang bien sûr -quoique quiconque s’est avalé l’infâme solution de glucose du test de O’Sullivan en disconviendra probablement…- mais des conséquences d’un faux positif). Encore une fois il ne s’agit pas de convaincre tout le monde de faire comme moi (j’ai la chance d’avoir une grossesse pour l’instant non pathologique et sans facteur de risque particulier) mais d’amener les lectrices à se poser des questions et à prendre en main leur grossesse. L’idée n’est pas de s’opposer par principe à tout ce que propose le praticien, avec lequel il vaut mieux établir une relation de confiance (quitte à en changer si cela s’avère impossible).

Par contre, étant atteinte d’une légère malformation cardiaque (sans gravité je vous rassure), j’ai passé une échographie supplémentaire consacrée à l’examen du coeur du bébé auprès d’un ponte du genre et je prendrai des antibiotiques au moment de l’accouchement. Tout ça pour vous dire que je ne suis en aucune façon opposée à la médicalisation de la grossesse et de l’accouchement, mais autant que possible adaptée à mon cas particulier (je vous avais prévenus dès le début du premier billet du caractère « Me, myself and I » de ce sujet…).

Il me semble que c’est à chacune de définir ses priorités pour son suivi et son accouchement (on n’est pas non plus obligée de s’exciter sur chaque geste et chaque analyse, par exemple j’aurais sans doute pu me passer du dépistage de la syphillis en début de grossesse mais bon, quitte à faire une prise de sang… tant pis pour la sécu…) et de chercher ensuite un praticien qui permette de trouver une solution acceptable en fonction des circonstances. Bien sûr le corps médical et l’organisation du système de santé portent leur part de responsabilité dans cette systématisation des tests et des examens mais après tout si vous voulez reprendre la main il est plus logique de prendre l’initiative que d’attendre sagement qu’on vous la propose.


Photo : Certes il n’est pas médecin mais on apprend qu’il a fait des études de médecine et à un moment il fait même un accouchement, alors je suis certaine que vous ne lui en tiendrez pas rigueur…

* Je précise que contrairement à ce qui est dit dans le lien, le toucher vaginal ne sert pas à examiner le rythme cardiaque du foetus (qu’on écoute à l’aide d’un doppler ou d’un stéthoscope foetal, selon le terme).

Enceinte à la plage

mercredi, août 12th, 2009

baleine_troenen_20070816-xl Un petit billet de saison pour que vous sachiez que je ne vous oublie pas. Cet été je me prélasse sur les bords de la Méditerranée avec un Poussin de deux ans, un Oeuf de quatre mois et un Coq, et voici donc quelques idées de survie dans cet environnement gravement hostile qui pourraient vous intéresser.

Comme une de mes principales activités consiste à lire la presse féminine, il me semble que la question n° 1 à laquelle répondre est celle de la tenue de plage. Personnellement, malgré le fait que mes mensurations s’approchent du tube (90-90-90), j’ai opté pour mes deux pièces habituels, en espérant que mon petit bidon* ne flingue pas trop les élastiques. Pour le moment comme mes seins n’ont pas bougé ça passe en haut. Autant pour aller à la piscine à Paris je préfère de loin le une pièce (et suis très rétive à l’exhibition de bidon de façon générale), autant à la plage ça ne me choque pas. Ceci dit je ne prétends pas avoir un caractère universel et selon les cas (et selon le terme auquel on est) il peut être difficile d’éviter l’investissement dans un ou plusieurs maillots de grossesse (cf ce billet sur le vêtements de grossesse pour quelques adresses). Il n’y a pas de contre-indication à exposer son gros bidon au soleil (sauf en cas de vergetures toutes fraîches où ça n’est pas recommandé ; je n’ai pas trouvé grand chose concernant la ligne de grossesse par contre), si ce n’est les précautions habituelles pour éviter le mélanome. Ceci dit, c’est l’occasion de faire des stocks de vitamine D (excuse à donner pour se prélasser tranquille au soleil), utile tant pour le bébé que pour la mère. Par contre sur le visage on risque le masque de grossesse, personnellement je ne sors donc pas sans écran total ni chapeau. A noter que le risque n’est pas qu’en cas de forte exposition et qu’il faut faire attention dès les premiers rayons de soleil, y compris en ville.

Puisqu’on est sur les accessoires (je pense à ma splendide capeline, même si apparemment cet été ce serait plutôt le style borsalino, damned !), je ne saurais que vous recommander le Coq, très utile pour creuser des trous, faire des châteaux et proposer toutes sortes d’activités aquatiques où on projette beaucoup d’eau, ce qui vous permettra de buller tranquillement pendant qu’homme et enfant(s) sont occupés à de saines activités. Si le Coq n’est pas disponible, n’hésitez pas à vous rabattre sur un enfant aîné, un oncle, un cousin, ou même les petits voisins qui ont déjà creusé leur petite piscine (prévoir un bon goûter pour les amadouer). A noter qu’on est toujours très chargé quand on se balade avec des enfants (notamment pour la plage, entre les changes, les goûters, les jouets etc) ; cette année nous avons testé les serviettes en microfibre (achetées chez Decathlon mais ils n’ont probablement pas le monopole), elles sont légères, peu encombrantes, sèchent vite et sont finalement à peu près aussi efficaces que les serviettes en éponge, donc je recommande.

Que faire à la plage ? Eh bien ce que vous y faites d’habitude. Pour ce qui comporte un effort physique (natation, promenade, beach volley, course après le vendeur de beignet…), c’est à doser en fonction de votre envie, de votre endurance du moment et des recommandations propres à votre grossesse (problèmes de contractions et de col qui s’ouvre prématurément notamment). Ce n’est certainement pas moi qui vais vous faire la morale qu’il faut faire du sport, bla bla bla, même si je me surprends à parcourir la baie à la nage, très agréable et pas épuisant pour l’hypotendue que je suis. Chaque femme, chaque grossesse sont différentes, le plus important je pense est d’y aller en douceur et d’être bien à l’écoute des signaux qu’envoie le corps (fatigue, vertige, ventre qui tire, douleurs ligamentaires, etc).

Que manger ? Là encore, à part les trucs à risque infectieux (listériose, toxo… mais pas trop de tentations à la plage a priori) et les problèmes spécifiques de diabète gestationnel, ne comptez pas non plus sur moi pour vous recommander de vous cantonner aux fruits de saison (oups ça non plus on n’y a plus droit)  bâtonnets de concombre et à l’eau bien fraîche pour se désaltérer. Evidemment on n’est pas obligée de manger pour deux mais pas non plus de raison de se mettre au régime !

Pour résumer : attention au masque de grossesse, et pour le reste profitez des vacances, écoutez-vous et faites-vous confiance !

Et sur le même sujet, voici quelques anciens billets toujours d’actualité :

Quand la Poule bronze…. son Poussin dort à l’ombre

La famille Pondeuse à la piscine

La poule pondeuse sous les tropiques

*A ce propos je vous rapporte ce court dialogue avec ma petite cousine de 10 ans. Elle, apprenant que je suis enceinte : « Ah je ne le savais pas. » Moi : « Mais tu n’avais pas remarqué ? » (NB : je rappelle que je suis en maillot de bain, ça ne cache pas grand chose) Elle : « Ben… » Moi : « Tu croyais que j’avais juste un gros ventre ? » Elle : « Oui ». Et le lendemain, ma mère m’avoue qu’elle a failli me demander si je ne me sentais pas bien ce matin pour être aussi ballonnée. Je n’ai pas encore fini de ramasser mes dents.

Photo : Toute ressemblance avec une blogueuse existante ou ayant existé serait purement fortuite.

Les nausées

mercredi, juillet 22nd, 2009

luka Un des signes « sympathiques » de la grossesse particulièrement populaires chez les futures mamans (50 à 80% des femmes enceintes) : les nausées. J’ai déjà dit plusieurs fois sur ce blog tout le bien que je pensais de l’abruti qui a osé les qualifier de « matinales », et j’ajouterai juste qu’il mériterait de vivre une version adaptée du supplice de Sisyphe : vivre juste le premier trimestre de la grossesse et puis recommencer, encore et encore, pour l’éternité (*rire machiavélique*). Et même tarif pour l’inventeur du terme « signes sympathiques ». Pour ceux et celles qui ne visualisent pas bien, le premier trimestre est comme une sorte d’interminable gueule de bois, sauf qu’on n’a même pas la joie de la soirée bien arrosée de la veille (souvenez-vous de ce billet).

Personnellement, je milite pour qu’on soit mise en coma artificiel et nourrie par perfusion pendant le premier trimestre, parce que franchement il n’y a pas grand chose d’intéressant ou d’agréable : une fois la bonne surprise du test positif passée, reste à se traîner comme une loque toute la journée tout en tentant désespérément d’avoir l’air normal puisque souvent on ne veut pas encore l’annoncer (surtout au boulot). On a l’air ballonnée mais pas du tout enceinte, d’ailleurs on ne se sent pas enceinte, juste pas très bien. En prime on flippe de faire une fausse couche et on ne peut même pas se rassurer avec les mouvements du bébé (qu’on ne sent généralement pas avant 3-4 mois révolus). Qu’on nous réveille juste pour l’écho des 12 SA et puis après on se rendort jusque vers 3 mois – 3 mois 1/2. Ou au moins juste le 2ème mois, à qui je décerne sans hésitation la palme du mois le plus pourri des neuf. Bon je m’égare là… revenons à nos moutons.

En pratique, je ne pense pas qu’il y ait besoin de faire un dessin mais en gros les nausées de grossesse recouvrent différents symptômes : dégoûts, envie de vomir permanente, hauts-le-cœur, vomissements… Selon les femmes et les grossesses, on peut en ressentir plus ou moins (personnellement des nausées pour les deux grossesses mais très peu de vomissements par exemple). Dans certains cas, les vomissements peuvent être tellement fréquents qu’ils empêchent la femme de s’alimenter : on parle d’hyperemesis gravidarum, qui affecterait 0.3 à 2% des femmes enceintes. Cela conduit alors à une hospitalisation avec alimentation par intraveineuse. Cette pathologie peut être si violente que certaines femmes en arrivent à avorter d’un bébé qu’elles désiraient, en l’absence d’autre traitement. A toutes fins utiles, je signale le livre Beyond Morning Sickness d’Ashli McCall (que je n’ai pas lu…) consacré à cette pathologie, ainsi qu’une compilation de liens (en anglais) sur le sujet. Les nausées commencent généralement vers la fin du premier mois et peuvent s’arrêter brutalement à la fin du premier trimestre mais (moins fréquemment) se poursuivre plus tard voire jusqu’à la fin de la grossesse.

Comment lutter contre les nausées ? Malheureusement, l’approche médicale des « petits » maux de la grossesse en général et des nausées en particulier est encore empreinte de la misogynie paternaliste avec laquelle ils ont été historiquement abordés : encore un truc de bonne femme pour se rendre intéressante, de toute façon c’est psychosomatique (un peu comme les douleurs menstruelles). Si vous ajoutez à ça la crainte d’effets secondaires des médicaments sur le fœtus (d’autant plus que le premier trimestre est le plus sensible)… Le plus généralement, on prescrit des antiémétiques comme Vogalène, Motilium ou Primperan, ce n’est pas très glamour mais il vaut mieux les prendre en suppo (j’ai testé le Vogalène lyoc c’est juste infect). Et l’efficacité n’est pas garantie. Mais n’hésitez pas à réclamer à la personne qui vous suit de tester plusieurs médicaments, si le premier essayé ne marche pas. Dans d’autres pays on prescrit de la succinate de doxylamine (Donormyl en France) en combinaison avec la vitamine B6 (traitement recommandé par Fleur, fidèle de la basse-cour et trois grossesses hyperémétiques au compteur) : pourquoi ne pas en parler à la sage-femme ou au médecin ? Vous pouvez aussi vous en remettre aux médecines dites parallèles : acupuncture, ostéo, shiatsu etc. Attention aux huiles essentielles dont l’usage est fortement déconseillé pendant la grossesse (à voir avec un spécialiste). Enfin on trouve différents petits trucs :

  • manger quelque chose (biscotte, cracker ou autre) dès le réveil, avant même de se lever
  • manger régulièrement par petites quantités, ne pas attendre d’avoir trop faim
  • le gingembre aurait des propriétés antiémétiques : à prendre frais, en infusion, confit ou selon toute modalité qui vous paraît compatible avec votre estomac (pour les plus rétives il existe des capsules) ; le citron également (personnellement j’ai remplacé le thé que je ne supporte plus par une rondelle de citron dans de l’eau chaude avec éventuellement une pincée de gingembre en poudre, ça passe bien)
  • les aliments froids sentent moins fort (à part les fromages dégoulinants mais c’est interdit à cause de la listériose de toute façon) donc sont souvent mieux tolérés
  • le Coca est supposé être antivomitif (personnellement je ne supporte plus les boissons à bulles)
  • si on a du mal à boire (encore moi), privilégier les fruits et légumes très aqueux (ah la pastèque… mais pas évident de trouver un équivalent en hiver)

A mon avis, la meilleure façon de faire c’est de s’écouter : manger ce qui nous fait envie et éviter ce qui nous dégoûte. Même si ce qui nous fait envie est très atypique et traditionnellement écœurant. Et surtout si ça change tous les jours (c’est normal). Ca me rappelle la fois où j’ai supplié mon père de m’emmener manger un canard laqué au début de la grossesse du Poussin ; sa réponse : « Tu as la nausée et tu veux aller manger chinois ? Tu es vraiment enceinte. »

Évidemment, le plus probable est qu’aucun de tous ces trucs ne vous débarrassera vraiment des nausées, il faut donc apprendre à vivre avec (voir aussi l‘article de Maman travaille).

Autant que possible, éviter les situations les plus difficiles (odeurs désagréables, aliments répulsifs etc). Essayez d’avoir toujours sur vous quelques trucs à boire et à manger qui vous conviennent, en cas de petit creux impromptu (ignorer un petit creux en période de nausée se paye… cher…). Esclavagisez sans scrupule votre entourage pour obtenir satisfaction de vos envies : si vous pensez qu’un truc a des chances de ne pas retourner à l’envoyeur, il faut le tenter.

Si vous vomissez beaucoup, il faut anticiper. Lorsqu’un vomissement monte, on ne peut pas l’arrêter, on a donc très peu de temps si on veut conserver un minimum de dignité. Donc où que vous soyez essayez de repérer rapidement l’endroit le plus proche où vous pouvez vomir (toilettes, poubelle, plate-bande…). Pour les cas les plus difficiles, vous pouvez prévoir d’avoir sur vous un sac plastique (ou mieux, un sac à vomi de designer), et je vous recommande aussi un paquet de kleenex (faut-il que je vous raconte la fois où je suis sortie précipitamment d’un wagon de métro pour courir jusqu’à la poubelle sur le quai et où je n’avais sur moi qu’un seul mouchoir, entamé de surcroît ? un TRES grand moment de solitude) et un peu d’eau pour se rincer la bouche, voire des bonbons à la menthe (sauf s’ils vous incommodent, personnellement j’ai beaucoup de mal avec le dentifrice ces temps-ci). Pour info, j’ai constaté que les nausées sont pires quand je suis très fatiguée, en chute de tension ou que je suis malade (ce qui en général me fatigue et fait baisser ma tension, voir points précédents), mais ce n’est probablement pas le cas de tout le monde.

Ne vous inquiétez pas pour le bébé (sauf éventuellement si vous en êtes au point de l’hyperemesis), il est prioritaire sur vous et donc prendra tout ce dont il a besoin dans vos réserves. Si votre alimentation n’est pas très mangerbouger.fr, n’hésitez pas à prendre des compléments alimentaires pour éviter les carences en vitamines, oligo-éléments etc.

Pour info, les recommandations de la Société des obstétriciens et gynécologues canadiens : je suis assez impressionnée par leurs suggestions alimentaires qui s’éloignent largement des recommandations habituelles pour la grossesse (y a même de la limonade et des chips -croustilles en québecois), voilà des gens pragmatiques.

Pour vous remonter le moral :

  • Le fait d’avoir des nausées diminue de 30% le risque de fausse couche.
  • Les enfants dont la mère a eu des nausées lors de la grossesse ont en moyenne un QI plus élevé que les autres.
  • Rien de tel que les nausées pour perdre du poids ; alors qu’on vous bassine en permanence qu’il ne faut pas trop prendre de poids pendant la grossesse, voilà une façon de gérer le problème sans aucun effort de volonté.

Et vous, vous avez des trucs infaillibles ?

(Photo : on se sent mieux déjà, non ?)

Les tests de grossesse

mercredi, juillet 15th, 2009

test_grossesse Dans la panoplie à la disposition de la femme moderne pour maîtriser sa fécondité, le test de grossesse est un atout important. Cela ne fait pas si longtemps qu’on peut savoir de façon fiable et objective si on est enceinte, et ce dès 2 semaines de grossesse. Il est vrai que faire pipi sur une bandelette n’a rien de très excitant, mais c’est toujours plus pratique que le test de la lapine que cette méthode a relégué aux oubliettes. Oui c’est bien ce que vous pensez, on injectait l’urine de la femme potentiellement enceinte à une lapine, et si la lapine mourrait dans d’atroces souffrances (hémorragies etc) alors c’est que la femme était bien enceinte. Ceci dit il semble qu’il y ait une autre méthode avec une grenouille où la mort de l’animal n’est pas requise.

Comment ça marche ? Attention, ceci ressemble fort à un cours de biochimie. La femme enceinte (ou plus exactement l’œuf, puis le placenta) sécrète une hormone spécifique, la beta-HCG, laquelle se retrouve dans le sang et dans les urines. Le test sert à repérer la présence (ou non) de cette hormone. La technique utilisée est appelée immunochromatographie (oui, ça en jette, mais ça ne doit pas trop rapporter au Scrabble). En gros, le test contient des anticorps spécifiques de l’hormone beta-HCG, c’est-à-dire qu’ils ne peuvent se lier qu’à cette molécule. En prime on leur a collé une molécule colorée qui permet de les repérer sur le test. Tout cela migre le long de la bandelette du test avec l’urine. Plus une molécule est lourde, moins elle s’arrête loin. Le test de base a donc deux fenêtres. La plus éloignée de l’endroit où il faut mettre l’urine permet de vérifier la validité du test, elle correspond à l’endroit où s’arrêtent les anticorps seuls, qui n’ont pas trouvé de beta-HCG à qui se lier. La plus proche correspond elle à l’arrêt des couples de molécule anticorps + beta-HCG, fatalement plus lourds que les anticorps seuls. S’il n’y a pas de beta-HCG, alors les anticorps vont tous dans la bande la plus éloignée. Dans tous les cas, la molécule colorée permet de repérer les bandes en question (les autres molécules contenues dans le test et dans l’urine restent invisibles, bien qu’elles se baladent aussi). Pour être sûr que les molécules s’arrêtent bien au bon endroit, il y a les anticorps qui vont bien là où les bandes sont supposées apparaître. Certains tests plus sophistiqués ont un affichage plus chiadé, mais le principe reste le même (les tests électroniques qui indiquent directement « enceinte » ou « pas enceinte » utilisent des marqueurs magnétiques plutôt que colorés). Enfin l’intensité de la coloration de la bande est directement liée au nombre de molécules présentes : plus la bande est foncée et plus la concentration en hormone est importante. Fin du cours de biochimie.

Concrètement, il faut mettre du pipi dessus. Personnellement, je ne vois même pas comment on fait pour viser sur un si petit truc (encore une idée de mec ? ou de femme de pub qui fait pipi bleu, comme ses règles ?). Donc je prends un gobelet en plastique propre (toujours demander un gobelet pour les analyses d’urine d’ailleurs, c’est toujours plus large que les flacons standards), et ensuite je trempe le test. Beaucoup plus simple je trouve, et au moins on n’en a pas sur les doigts. Ensuite on attend une ou deux minutes (c’est écrit sur le mode d’emploi, ça dépend des tests) mais pas beaucoup plus ; en général chaque test a une limite au-delà de laquelle il n’est plus fiable. Chacune a sa technique : fixer intensément la fenêtre positive pour qu’une ligne apparaisse, ou au contraire ignorer le test et faire semblant de rien pour choper la ligne par surprise (ça marche aussi dans l’autre sens pour les femmes qui craignent un accident bien sûr).

Quelle est la fiabilité de ce type de test ? Clairement, la faiblesse de la méthode est plutôt dans les faux négatifs que dans les faux positifs. En effet, les tests ne répondent théoriquement qu’à la beta-HCG, et la beta-HCG n’est normalement présente qu’en cas de grossesse. Ceci dit, certains traitements médicamenteux peuvent semer le trouble (notamment ceux pour les problèmes de fertilité), mais on peut espérer que les médecins qui les prescrivent expliquent la conduite à tenir à leurs patientes. Et bien sûr, il est possible que la grossesse ne soit pas évolutive (œuf clair, grossesse extra-utérine…). Les faux négatifs par contre sont plus courants : il suffit que la concentration en hormones ne soit pas assez élevée pour être visible sur le test (rappelons qu’une ligne, même pâle et ténue, compte). Il faut refaire le test quelques jours plus tard, lorsque le taux d’hormones aura augmenté. Lorsque le test est positif, mon premier réflexe est généralement d’en acheter un autre d’une autre marque pour confirmer le résultat. Cependant, je ne peux pas vous dire si c’est la rigueur scientifique ou la paranoïa qui me pousse, même si je penche plutôt pour la deuxième option…

Justement, quand faut-il faire le test ? Normalement il faut attendre d’avoir un retard de règles, même si certains tests peuvent détecter une grossesse quelques jours plus tôt. Mais plus on fait le test tard, plus il est fiable (je sais, je sais, plus facile à dire qu’à faire). Si vous n’êtes pas sûre de quand doivent tomber vos règles, il faut tabler sur 15 jours après l’ovulation et/ou le rapport supposé fécondant. Bon vous n’êtes probablement pas sûre de ça non plus… le dernier recours c’est de se caler sur le plus long cycle que vous ayez observé (hors interférences hormonales type pilule, implant & co). Mon corps ayant une interprétation très personnelle du fameux cycle de 28 jours avec ovulation à J14, je peux vous dire que je compatis si vous êtes dans le flou. Par ailleurs, la concentration en beta HCG est maximale le matin, mais les tests sont normalement suffisamment sensibles pour marcher toute la journée. La bonne nouvelle c’est que la circulation sanguine entre la mère et le fœtus par le placenta n’est fonctionnelle que vers 3 semaines de grossesse : si vous avez bu ou pris des médicaments avant d’avoir fait le test (j’entends avant d’avoir eu le retard de règles), c’est a priori sans conséquence pour bébé (bon ce n’est pas une raison pour se mettre des mines tous les soirs quand vous lancez un projet bébé, juste qu’on n’est pas obligée de vivre comme une Mormone dès qu’on arrête la contraception). Pour les problèmes infectieux (type listériose ou toxoplasmose) c’est moins clair car cela dépend du timing et de la durée de l’infection. J’avoue que je n’y fais pas gaffe tant que je n’ai pas un test positif mais je ne prétends pas que ce soit la façon de faire la plus intelligente…

Où acheter le test ? Ils sont vendus en pharmacie à prix d’or (8-10€ pièce en moyenne), mais vous pouvez aussi acheter de simples bandelettes sur internet pour moins d’1€ pièce (ce qui coûte cher c’est tout le plastique qu’ils mettent autour pour faire joli). J’ai testé ce site américain, dont les prix défient toute concurrence (on peut aussi acheter des tests d’ovulation pas chers), et je n’ai rien à en redire (si ce n’est que le mode d’emploi est vraiment laconique, il vaut mieux avoir une vague idée de comment ça marche). Il faut prendre les « strips » qui sont des bandelettes, ce sont les moins chers, mais a priori pas faits pour faire directement pipi dessus (à tremper dans un récipient). Dans le même genre j’ai trouvé ce site français mais je n’ai pas testé.

Quand le test est positif, c’est généralement une grande joie mais n’oubliez pas que vous avez fait pipi dessus, et qu’il est donc à mon avis d’un goût douteux de le déposer sur l’oreiller/l’assiette de votre cher et tendre. Et je ne suis pas certaine que le bébé ait vraiment envie de recevoir ça pour ses 18 ans… Bref chez moi c’est direction poubelle ! Et avant de l’annoncer à la Terre entière, il peut être prudent de vérifier que la grossesse est bien évolutive. La prise de sang (qui cherche aussi l’hormone beta HCG, mais dans le sang, et permet d’en mesurer la concentration) peut être une indication mais le plus fiable est l’échographie. Si vous en êtes tout juste au retard de règles c’est un peu tôt mais au cours du deuxième mois (6-7 SA) on peut normalement percevoir les battements cardiaques. Personnellement je ne suis pas pour une médicalisation outrancière de la grossesse mais dans les deux cas j’ai fait une échographie vers 7-8 SA (semaines d’aménorrhée) et je le referai si c’est à refaire.

Pourquoi ? Même si ça n’est pas une garantie que tout va bien se passer à 100%, ça permet déjà d’identifier ou d’éliminer un certain nombre de problèmes : oeuf clair, grossesse extra-utérine (GEU), grossesse non évolutive… En général cela finit naturellement en fausse couche (sauf la GEU, mais d’autres signes peuvent alerter) mais l’arrivée des symptômes peut prendre des semaines, je préfère savoir le plus tôt possible. Parce que me traîner comme une loque pendant des semaines pour une grossesse qu’on sait condamnée, si je peux éviter… D’autre part, j’ai mentionné plus haut mes cycles étranges : si on calcule mon terme avec ma date des dernières règles, je me prends facilement 15 jours d’avance. Parfait pour avoir un congé maternité mal cadré, une première écho officielle au mauvais moment et surtout un déclenchement pour un faux dépassement de terme. La mesure de l’embryon par écho est une des méthodes de datation les plus fiables. Si vous souhaitez faire cette échographie et que votre praticien habituel est réticent (même si maintenant de plus en plus de gynécos ont des appareils à échographie et jettent volontiers un coup d’oeil au passage) vous pouvez toujours prétexter une incertitude dans la datation. Mais bien sûr cela n’a rien d’obligatoire et il me semble que c’est surtout une question de vécu (par ex si on a déjà eu une fausse couche) et de ressenti.

(Photo : Flickr)

S’habiller enceinte

mercredi, juillet 8th, 2009

chapiteau-jc Bon j’avoue, je fais partie des quelques personnes qui aiment bien les vêtements de femmes enceintes. L’offre s’est vraiment améliorée ces dernières années, et le temps où la femme enceinte devait porter de larges robes fleuries dans le style chapiteau est heureusement révolu. Je ne comprends pas vraiment par quel miracle les stylistes du rayon gros bidon ont intégré la différence entre femme et girafe, car ça n’a pas l’air d’être le cas de leurs confrères de chez Zara, Mango (je n’y mets même plus les pieds en temps normal, tout là-bas est conçu pour l’exacte antithèse de mon physique) and co. Et puis quel pied de pouvoir enfin oublier de rentrer son ventre… Bref, je m’égare.

La question que tout jeune ou futur gros bidon se pose est « à partir de quand faut-il porter des vêtements de grossesse ? » Evidemment, il n’y a pas d’obligation dans un sens ou dans l’autre. Moi je trouve que quitte à investir dans des vêtements pour l’occasion, autant les rentabiliser, donc je commence dès le premier trimestre (évidemment il y a aussi l’après accouchement pour rentabiliser…). Pour cette deuxième grossesse, j’ai commencé à avoir du bide à 1 mois (!!) et avec les nausées je ne supportais pas d’être serrée par mes pantalons habituels, j’ai donc ressorti fissa mes habits à taille réglable (je vous rassure après ça s’est calmé et maintenant je fais mon « âge »). Par contre j’étais bien contente d’avoir des tuniques larges « normales » pour planquer tout ça avant de faire mon annonce officielle. Mais je connais d’autres poules qui attendent facilement le deuxième trimestre (voire plus) pour s’y mettre.

Le truc que je trouve vraiment utile pour les pantalons et jupes, c’est la taille élastiquée réglable. C’est-à-dire qu’il y a un élastique coulissant avec plein de boutonnières et deux boutons pour le régler à la dimension voulue. Cela permet au vêtement de suivre l’évolution du ventre de façon pratique et confortable. Ca a l’air tout bête comme ça, mais la première fois que j’ai vu ça il a fallu que la vendeuse m’explique… En tout cas depuis je n’achète plus qu’avec ce système. Notez que ça existe aussi pour les vêtements d’enfant, pratique pour les formats « asperge ».

Concernant les hauts, on peut plus facilement utiliser ses hauts habituels. Cela va dépendre du style, et de si vous voulez souligner ou au contraire planquer votre grossesse. Par contre, quand le ventre atteint une certaine taille (généralement au cours du deuxième trimestre mais c’est variable), ça devient difficile. Il faut penser que les hauts ne doivent pas seulement être amples mais aussi suffisamment longs pour couvrir tout le bidon (d’autant plus que les pantalons et jupes ont souvent une large bande en jersey élastique qui couvre le bide et qui n’est pas super sexy, donc mieux vaut la planquer). Enfin au cours de la grossesse on a souvent les seins qui grossissent et la cage thoracique qui s’élargit un peu donc il faut prévoir un peu de marge.

Par ailleurs, il y a un stade critique où le ventre ne peut plus être caché par un vêtement ample mais où le côté flou donne juste l’air empâté/abus de choucroute. Il me semble qu’il vaut mieux souligner le petit bedon et montrer clairement qu’il s’agit d’une grossesse (et ça aide pour avoir une place assise dans le métro). C’est également une des raisons pour lesquelles le port des vêtements de l’heureux futur papa est fortement déconseillé. Personnellement, j’aime bien les hauts avec un lien à nouer dans le dos pour bien marquer le ventre.

Par ailleurs, pour les hauts et robes, on peut aussi trouver des vêtements qui font grossesse et allaitement, c’est toujours pratique. Notez que pour les hauts avoir un accès allaitement n’est pas indispensable (on positionne le poussin contre son ventre et on soulève le bout de t-shirt qui va bien, le poussin cachant les bourrelets), par contre pour les robes c’est vraiment utile.

Pour la lingerie, on en a déjà parlé ici.

Pour les chaussures, au troisième trimestre il devient très délicat de les attacher, vivent les ballerines et les tongs qui s’enfilent et se retirent toutes seules. Notez qu’il n’est pas impossible de porter des talons, mais vers la fin ça devient vraiment fatigant. Enfin attention aussi à l’éventuelle rétention d’eau (plutôt dans les joyeusetés du troisième trimestre) qui risque de vous empêcher de rentrer dans vos godasses favorites (gaffe aussi aux bagues, qui risquent de finir coupées par le bijoutier).

Enfin pour le manteau vous pouvez soit profiter de la mode paletot avec les manteaux trapèzes, ou encore cape si vous êtes super modeuse (mais est-ce encore in ??), soit acheter un manteau spécial. A noter que la plupart des manteaux de portage sont utilisables pendant la grossesse, mais c’est généralement un investissement important.

Où acheter tout ça ? A mon sens, ce n’est pas très utile d’investir des mille et des cents pour des vêtements de quelques mois (voire moins avec l’alternance des saisons), donc je privilégie les basiques. Dans le genre vraiment pas cher, C&A et Kiabi ont un rayon maternité avec des trucs sympas, et le deuxième permet les achats par internet (ai testé, no problemo). Un poil au dessus, je mettrais La Redoute, les 3 Suisses et Vertbaudet, tous par correspondance et aussi en boutique pour le dernier. J’ai d’ailleurs un faible pour ses jeans, vraiment bien coupés, pas trop chers, et avec deux longueurs de jambe (normal et long, ils évitent l’humiliation de l’étiquette « spécial courte sur pattes »). Je rêve qu’ils en fassent aussi non maternité, mais je n’y crois pas trop… (NB : par contre nous sommes furax de leur mobilier enfant, plein de trucs très jolis mais service catastrophique et articles de mauvaise qualité)

Si vous voulez rester fidèle à vos marques habituelles, H&M, Zara, et Gap proposent des vêtements femme enceinte, mais seulement dans certaines boutiques, donc renseignez-vous avant de partir en expédition. Il y a également Cyrillus, dans le style basique chic (et c’est portable hors d’Auteuil Neuilly Passy) mais la collection maternité n’est plus disponible online (auraient-ils arrêté ?). On peut aussi citer Petit Bateau qui s’est mis il y a peu sur le créneau (au moins online).

Le cran au dessus, c’est MammaFashion (grossesse et allaitement, et il y a quelques trucs pas trop chers), MamaNana, qu’on connaît bien par ici (bonjour Ségolène !) et qui propose des vêtements grossesse et allaitement, Envie de fraises (avec toute une boutique de puériculture), 1 et 1 font 3 ou encore Véronique Delachaux (qu’on trouve dans les magasins Jacadi, avec des prix en rapport). Enfin on peut aussi citer des marques spécialisées dans le bio/équitable (d’ailleurs certaines des marques pré-citées en proposent aussi), même si leurs collections sont souvent moins fournies, surtout pour les bas, et que les prix sont à l’avenant : voir par exemple chez Lunabulle ou chez Natiloo. Et pour finir une marque un peu particulière destinée aux futures mamans qui gardent la ligne et n’ont pas peur de s’habiller comme Catwoman (sans la queue, je vous rassure) : Oef.

Evidemment je ne suis rémunérée par aucune de ces marques et le but n’est pas de leur faire de la pub gratuite mais d’éviter une raison de déprime (genre « j’ai rien à me mettre je suis difforme ») à d’autres gros bidons. N’hésitez pas à partager vos bonnes adresses en commentaire, la liste est loin d’être exhaustive.

(Illustration : tenue traditionnelle de la femme enceinte dans les années 1970)