Avant j’avais des principes, maintenant j’ai des enfants


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La poule pondeuse enquête

Par  • Le 25 février 2010 à 16:24 • Catégorie : Allaitement, Faire un bébé

TupperwareParty En ces temps de grand débat autour de l’allaitement (j’ai la flemme de vous faire une collection de 50 liens donc si vous ne voyez pas à quoi je fais allusion tapez « Elisabeth Badinter » dans Google…), et toujours prête à me dévouer pour la basse-cour, j’ai décidé d’en savoir plus sur La Leche League (LLL pour les intimes). Extrémistes et culpabilisateurs, voire nazis du lait maternel pour certains (et un point Godwin, un !), sauveurs d’allaitement pour d’autres, qu’en est-il réellement ?

Je pense qu’il faut déjà faire la part entre les différents rôles et actions de la célèbre association pour mieux comprendre. En effet, ayant pour but la promotion de l’allaitement maternel, c’est un lobby qui de ce fait a un message public général un peu stéréotypé. Je n’utilise pas le terme « lobby » de façon péjorative, ou dans une perspective de théorie du complot, simplement pour désigner une entité qui défend des intérêts particuliers (pas forcément à l’encontre de l’intérêt général) ; pour plus d’infos sur ce terme voir sur wikipédia. Je comprends que ce message puisse heurter certains (la fameuse limite information/culpabilisation) mais cela ne me choque pas qu’un groupe exprime ses idées dans une démocratie, d’autant plus que dans ce cas c’est généralement basé sur des études scientifiques, sans but lucratif et à peu près dans le sens de l’intérêt général.

Passons au cœur de métier de l’association : le soutien direct aux mères souhaitant allaiter. Cela passe par la constitution et la mise à jour d’un important fonds documentaire, que chacun peut consulter sur le site web, et bien sûr par l’intervention des animatrices, par téléphone (il y a une hotline ouverte 7 jours sur 7 !) ou en personne. On peut soit consulter une animatrice pour un problème particulier et pressant, soit se rendre à une réunion. N’ayant pas de problème particulier pressant justifiant de déranger quelqu’un, j’ai choisi d’aller à une réunion, que j’ai sélectionnée selon des critères purement géographiques.

Afin de me fondre parfaitement dans la masse, j’ai mis Pouss2 en couche lavable dans ma belle écharpe allemande au nom imprononçable que j’ai nouée de mon plus beau kangourou, emballé le tout dans mon beau manteau et roule ma poule. Au total, j’ai retrouvé une dizaine de mères dans l’appartement de l’animatrice. Autant vous le dire tout de suite, j’ai été séduite. Beaucoup de tolérance, d’ouverture, et une ambiance très sympathique. L’animatrice a commencé par expliquer que LLL accompagnait tous les projets d’allaitement, quels que soient les envies et les besoins (y compris les sevrages par exemple), et que peut-être certaines pratiques nous paraîtraient étranges mais qu’il fallait prendre ce qui nous convenait et laisser le reste. Le principe de la réunion est simple : chacune se présente et expose ses problèmes et questions. Les autres partagent leur expérience et l’animatrice apporte ses connaissances « techniques » (aide pratique à une mère qui n’arrive pas bien à mettre son bébé au sein, quantités moyennes de lait bues par un bébé selon l’âge, etc). Aucun diktat, aucune solution toute faite n’est imposée ; les femmes qui ont rencontré une situation similaire expliquent comment elles s’en sont sorties (ou pas), et celle qui a posé la question y prend ce qui lui convient. En fait ça ressemblait pas mal à la basse-cour (sauf que je suis beaucoup plus bavarde que l’animatrice).

Au delà des problèmes de bébés qui ne prendraient pas assez de poids (devinez qui est la seule mère indigne dont le poussin n’a pas été pesé depuis la naissance ?), j’ai été frappée de constater que la requête la plus récurrente concernait le tirage et le stockage de lait. La phrase typique : « J’aimerais bien pouvoir sortir plus de deux heures ». Comme quoi l’allaitement n’empêche nullement les femmes de vouloir prendre l’air (et d’y arriver…).

Par contre il n’y avait aucun père (j’ai l’impression qu’ils ne sont pas conviés mais corrigez-moi si je me trompe). D’un côté je pense que cela permet aux femmes de s’exprimer plus librement et aussi très prosaïquement d’être plus à l’aise pour allaiter (parce qu’évidemment il y a toujours au moins un bébé en train de téter). De l’autre c’est dommage de renforcer cette impression que l’allaitement exclut le père. Je peux vous dire que ce n’est pas vrai, et je l’ai vu de mes yeux : un père peut faire mille autres choses que nourrir pour créer un vrai lien avec son enfant, et pas que changer des couches. Bien sûr il y a le bain et les soins variés (cordon, mouchage…), mais il y a aussi le portage, le matelas en peau de papa, donner son petit doigt à téter, faire les cent pas pour aider bébé à s’endormir en lui chantant des chansons. Peut-être faire aussi des réunions pour les pères ? (ceci dit je suis pour ma part certaine que le Coq n’y mettrait jamais les pieds)

Alors bien sûr j’ai vu une seule réunion d’un seul groupe avec une seule animatrice, ce qui est un peu juste pour faire des généralités, mais j’ai trouvé qu’on était bien loin de l’image sulfureuse que l’association traîne ces temps-ci. Il me semble plus que probable qu’il y ait -comme partout- des gens bien et des gens moins bien à LLL, qu’il y a bien sûr une part de chance pour tomber sur quelqu’un avec qui on accroche ou au contraire une personne avec qui ça ne se passe pas bien du tout. Mais il faut tout de même rappeler que les animatrices sont des mères bénévoles dont la motivation principale est d’aider d’autres mères, et qu’a priori si on a affaire à elles c’est qu’on est venu les solliciter parce qu’on a un minimum l’envie d’allaiter. Et si ça se passe mal, rien n’oblige à rappeler ou à y retourner. Dans une société où les préjugés et les idées reçues sur l’allaitement sont monnaie courante, y compris au sein des professionnels de santé, il me semble qu’une association de ce type comble un manque de façon appréciable. Enfin s’il est possible d’adhérer à l’association pour 25€, cela n’est nullement obligatoire pour bénéficier de conseils généralement avisés (et le contenu du site est également en accès libre). On peut aussi acheter des livres, revues et porte-bébés, mais là encore la pression marketing est largement supportable.

Il me semble donc qu’une association de ce type constitue une ressource précieuse pour une femme qui souhaite allaiter (évidemment si ce n’est pas le projet ça a moins d’intérêt), surtout si elle n’en a pas l’expérience et n’a pas dans son entourage de personne susceptible d’être de bon conseil. Globalement ces groupes de parole et de soutien entre parents peuvent être extrêmement bénéfiques. Et n’oublions pas que si LLL est l’association la plus proéminente, il en existe d’autres comme Solidarilait, sans compter les associations locales et celles tournées vers la parentalité en général (et pas seulement l’allaitement) : n’hésitez pas à prospecter autour de chez vous.

(Photo : J’avoue que ça m’a un peu fait penser à une réunion Tupperware…)

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