Avant j’avais des principes, maintenant j’ai des enfants


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Les tests de grossesse

Par  • Le 15 juillet 2009 à 7:57 • Catégorie : Faire un bébé, Grossesse

test_grossesse Dans la panoplie à la disposition de la femme moderne pour maîtriser sa fécondité, le test de grossesse est un atout important. Cela ne fait pas si longtemps qu’on peut savoir de façon fiable et objective si on est enceinte, et ce dès 2 semaines de grossesse. Il est vrai que faire pipi sur une bandelette n’a rien de très excitant, mais c’est toujours plus pratique que le test de la lapine que cette méthode a relégué aux oubliettes. Oui c’est bien ce que vous pensez, on injectait l’urine de la femme potentiellement enceinte à une lapine, et si la lapine mourrait dans d’atroces souffrances (hémorragies etc) alors c’est que la femme était bien enceinte. Ceci dit il semble qu’il y ait une autre méthode avec une grenouille où la mort de l’animal n’est pas requise.

Comment ça marche ? Attention, ceci ressemble fort à un cours de biochimie. La femme enceinte (ou plus exactement l’œuf, puis le placenta) sécrète une hormone spécifique, la beta-HCG, laquelle se retrouve dans le sang et dans les urines. Le test sert à repérer la présence (ou non) de cette hormone. La technique utilisée est appelée immunochromatographie (oui, ça en jette, mais ça ne doit pas trop rapporter au Scrabble). En gros, le test contient des anticorps spécifiques de l’hormone beta-HCG, c’est-à-dire qu’ils ne peuvent se lier qu’à cette molécule. En prime on leur a collé une molécule colorée qui permet de les repérer sur le test. Tout cela migre le long de la bandelette du test avec l’urine. Plus une molécule est lourde, moins elle s’arrête loin. Le test de base a donc deux fenêtres. La plus éloignée de l’endroit où il faut mettre l’urine permet de vérifier la validité du test, elle correspond à l’endroit où s’arrêtent les anticorps seuls, qui n’ont pas trouvé de beta-HCG à qui se lier. La plus proche correspond elle à l’arrêt des couples de molécule anticorps + beta-HCG, fatalement plus lourds que les anticorps seuls. S’il n’y a pas de beta-HCG, alors les anticorps vont tous dans la bande la plus éloignée. Dans tous les cas, la molécule colorée permet de repérer les bandes en question (les autres molécules contenues dans le test et dans l’urine restent invisibles, bien qu’elles se baladent aussi). Pour être sûr que les molécules s’arrêtent bien au bon endroit, il y a les anticorps qui vont bien là où les bandes sont supposées apparaître. Certains tests plus sophistiqués ont un affichage plus chiadé, mais le principe reste le même (les tests électroniques qui indiquent directement « enceinte » ou « pas enceinte » utilisent des marqueurs magnétiques plutôt que colorés). Enfin l’intensité de la coloration de la bande est directement liée au nombre de molécules présentes : plus la bande est foncée et plus la concentration en hormone est importante. Fin du cours de biochimie.

Concrètement, il faut mettre du pipi dessus. Personnellement, je ne vois même pas comment on fait pour viser sur un si petit truc (encore une idée de mec ? ou de femme de pub qui fait pipi bleu, comme ses règles ?). Donc je prends un gobelet en plastique propre (toujours demander un gobelet pour les analyses d’urine d’ailleurs, c’est toujours plus large que les flacons standards), et ensuite je trempe le test. Beaucoup plus simple je trouve, et au moins on n’en a pas sur les doigts. Ensuite on attend une ou deux minutes (c’est écrit sur le mode d’emploi, ça dépend des tests) mais pas beaucoup plus ; en général chaque test a une limite au-delà de laquelle il n’est plus fiable. Chacune a sa technique : fixer intensément la fenêtre positive pour qu’une ligne apparaisse, ou au contraire ignorer le test et faire semblant de rien pour choper la ligne par surprise (ça marche aussi dans l’autre sens pour les femmes qui craignent un accident bien sûr).

Quelle est la fiabilité de ce type de test ? Clairement, la faiblesse de la méthode est plutôt dans les faux négatifs que dans les faux positifs. En effet, les tests ne répondent théoriquement qu’à la beta-HCG, et la beta-HCG n’est normalement présente qu’en cas de grossesse. Ceci dit, certains traitements médicamenteux peuvent semer le trouble (notamment ceux pour les problèmes de fertilité), mais on peut espérer que les médecins qui les prescrivent expliquent la conduite à tenir à leurs patientes. Et bien sûr, il est possible que la grossesse ne soit pas évolutive (œuf clair, grossesse extra-utérine…). Les faux négatifs par contre sont plus courants : il suffit que la concentration en hormones ne soit pas assez élevée pour être visible sur le test (rappelons qu’une ligne, même pâle et ténue, compte). Il faut refaire le test quelques jours plus tard, lorsque le taux d’hormones aura augmenté. Lorsque le test est positif, mon premier réflexe est généralement d’en acheter un autre d’une autre marque pour confirmer le résultat. Cependant, je ne peux pas vous dire si c’est la rigueur scientifique ou la paranoïa qui me pousse, même si je penche plutôt pour la deuxième option…

Justement, quand faut-il faire le test ? Normalement il faut attendre d’avoir un retard de règles, même si certains tests peuvent détecter une grossesse quelques jours plus tôt. Mais plus on fait le test tard, plus il est fiable (je sais, je sais, plus facile à dire qu’à faire). Si vous n’êtes pas sûre de quand doivent tomber vos règles, il faut tabler sur 15 jours après l’ovulation et/ou le rapport supposé fécondant. Bon vous n’êtes probablement pas sûre de ça non plus… le dernier recours c’est de se caler sur le plus long cycle que vous ayez observé (hors interférences hormonales type pilule, implant & co). Mon corps ayant une interprétation très personnelle du fameux cycle de 28 jours avec ovulation à J14, je peux vous dire que je compatis si vous êtes dans le flou. Par ailleurs, la concentration en beta HCG est maximale le matin, mais les tests sont normalement suffisamment sensibles pour marcher toute la journée. La bonne nouvelle c’est que la circulation sanguine entre la mère et le fœtus par le placenta n’est fonctionnelle que vers 3 semaines de grossesse : si vous avez bu ou pris des médicaments avant d’avoir fait le test (j’entends avant d’avoir eu le retard de règles), c’est a priori sans conséquence pour bébé (bon ce n’est pas une raison pour se mettre des mines tous les soirs quand vous lancez un projet bébé, juste qu’on n’est pas obligée de vivre comme une Mormone dès qu’on arrête la contraception). Pour les problèmes infectieux (type listériose ou toxoplasmose) c’est moins clair car cela dépend du timing et de la durée de l’infection. J’avoue que je n’y fais pas gaffe tant que je n’ai pas un test positif mais je ne prétends pas que ce soit la façon de faire la plus intelligente…

Où acheter le test ? Ils sont vendus en pharmacie à prix d’or (8-10€ pièce en moyenne), mais vous pouvez aussi acheter de simples bandelettes sur internet pour moins d’1€ pièce (ce qui coûte cher c’est tout le plastique qu’ils mettent autour pour faire joli). J’ai testé ce site américain, dont les prix défient toute concurrence (on peut aussi acheter des tests d’ovulation pas chers), et je n’ai rien à en redire (si ce n’est que le mode d’emploi est vraiment laconique, il vaut mieux avoir une vague idée de comment ça marche). Il faut prendre les « strips » qui sont des bandelettes, ce sont les moins chers, mais a priori pas faits pour faire directement pipi dessus (à tremper dans un récipient). Dans le même genre j’ai trouvé ce site français mais je n’ai pas testé.

Quand le test est positif, c’est généralement une grande joie mais n’oubliez pas que vous avez fait pipi dessus, et qu’il est donc à mon avis d’un goût douteux de le déposer sur l’oreiller/l’assiette de votre cher et tendre. Et je ne suis pas certaine que le bébé ait vraiment envie de recevoir ça pour ses 18 ans… Bref chez moi c’est direction poubelle ! Et avant de l’annoncer à la Terre entière, il peut être prudent de vérifier que la grossesse est bien évolutive. La prise de sang (qui cherche aussi l’hormone beta HCG, mais dans le sang, et permet d’en mesurer la concentration) peut être une indication mais le plus fiable est l’échographie. Si vous en êtes tout juste au retard de règles c’est un peu tôt mais au cours du deuxième mois (6-7 SA) on peut normalement percevoir les battements cardiaques. Personnellement je ne suis pas pour une médicalisation outrancière de la grossesse mais dans les deux cas j’ai fait une échographie vers 7-8 SA (semaines d’aménorrhée) et je le referai si c’est à refaire.

Pourquoi ? Même si ça n’est pas une garantie que tout va bien se passer à 100%, ça permet déjà d’identifier ou d’éliminer un certain nombre de problèmes : oeuf clair, grossesse extra-utérine (GEU), grossesse non évolutive… En général cela finit naturellement en fausse couche (sauf la GEU, mais d’autres signes peuvent alerter) mais l’arrivée des symptômes peut prendre des semaines, je préfère savoir le plus tôt possible. Parce que me traîner comme une loque pendant des semaines pour une grossesse qu’on sait condamnée, si je peux éviter… D’autre part, j’ai mentionné plus haut mes cycles étranges : si on calcule mon terme avec ma date des dernières règles, je me prends facilement 15 jours d’avance. Parfait pour avoir un congé maternité mal cadré, une première écho officielle au mauvais moment et surtout un déclenchement pour un faux dépassement de terme. La mesure de l’embryon par écho est une des méthodes de datation les plus fiables. Si vous souhaitez faire cette échographie et que votre praticien habituel est réticent (même si maintenant de plus en plus de gynécos ont des appareils à échographie et jettent volontiers un coup d’oeil au passage) vous pouvez toujours prétexter une incertitude dans la datation. Mais bien sûr cela n’a rien d’obligatoire et il me semble que c’est surtout une question de vécu (par ex si on a déjà eu une fausse couche) et de ressenti.

(Photo : Flickr)

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