Avant j’avais des principes, maintenant j’ai des enfants


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Le melon à deux pattes

Par  • Le 9 mars 2009 à 7:31 • Catégorie : Faire un bébé, Naissance

Ou : pourquoi l’accouchement humain est-il si particulier ? Ces derniers temps, dans la plupart des pays occidentaux (dont la France) tendent à s’affronter deux positions opposées sur la naissance : c’est un moment dangereux qui doit être bien contrôlé médicalement (les plus extrêmes préférant passer d’office par la césarienne de convenance) vs. c’est parfaitement naturel et la plupart du temps il n’y a rien à faire (les plus extrêmes accouchant volontairement sans aucune assistance médicale). Personnellement je n’aime pas les extrêmes, ni dans ce domaine ni dans un autre (à part peut-être les hommes extrêmement beaux ? ou la bouffe extrêmement bonne ?). J’ajouterai aussi que ce débat a un petit côté « méga problème de riche » (MPR, (c) Alix Girod de l’Ain), puisque l’OMS nous informe que la mortalité périnatale fauche chaque jour 1500 femmes et 10 000 bébés par jour faute de soins appropriés. Ceci étant dit, ça ne doit pas nous empêcher de faire de notre mieux chez nous.

Mais revenons à nos moutons : pourquoi est-ce si compliqué pour une femme d’accoucher, par rapport à une chatte ou une brebis justement ? Deux raisons principales :

  • L’être humain est bipède, ce qui fait que d’une part il a un bassin tout bizarre et que d’autre part la femme a la gravité contre elle pour garder le bébé au chaud pendant neuf mois, ce qui implique d’avoir un col de l’utérus super tonique (et donc plus difficile à ouvrir au moment M).
  • L’être humain est très très intelligent et a donc un gros crâne pour caser toute cette intelligence (voir ici une page web très moche mais qui permet de comparer la taille du cerveau par rapport à la taille totale chez différents animaux).

Cette double contrainte est parfaitement illustrée par la figure suivante, tirée du livre de Sarah Blaffer Hrdy Les instincts maternels (dont nous avons déjà parlé ici) :

crane_naissance

Le rond noir représente la tête du bébé, et le cercle (l’ellipse devrais-je dire) vide le bassin maternel. On aurait presque envie d’être réincarnée en gorille en voyant ça, et la légende de la figure nous apprend d’ailleurs que le travail dure en moyenne 20 minutes chez ces guenons (je ne révèlerai pas ici la durée de mon propre travail de peur d’entraîner une chute de la natalité chez les lectrices, mais on parle ici de 8 à 14 heures pour un premier accouchement).

L’accouchement humain nécessite donc d’une part une première phase de dilatation du col durant généralement plusieurs heures, pendant lesquelles il faut un certain nombre de contractions efficaces (c’est le mot officiel pour « douloureuses », donc souvent fatigantes), et d’autre part que le bébé se fraie un chemin à travers le bassin de sa mère en se mettant pile dans l’axe adéquat (qui n’est pas le même selon les étapes). A la préparation à l’accouchement que j’ai suivie, la sage-femme nous avait fait une démo avec un poupon et un squelette de bassin, c’était assez impressionnant. Vous pouvez voir ici quelques explications (en anglais avec photos de maquettes).

Bien sûr, et nous sommes ici pour en témoigner, des millions de femmes ont donné naissance sans problème (et sans assistance) avant nous. En outre, nous n’avons aucun contrôle conscient sur ces étapes (de la même façon qu’on ne peut pas arrêter son coeur ou sa digestion, on ne contrôle pas ses contractions utérines ou l’ouverture de son col) et il semble que mettre en veilleuse notre intellect aide à obtenir une progression favorable. Rappelons aussi que la naissance peut être un moment de plaisir pour la mère. Mais il me semble tout simplement erronné de dire qu’il suffit de faire comme les autres mammifères qui n’ont ni obstétricien ni péridurale pour accoucher.

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