Avant j’avais des principes, maintenant j’ai des enfants


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Les caprices (1)

Par  • Le 25 février 2009 à 8:54 • Catégorie : Education, Eduquer

tantrum-1 Je n’aime pas beaucoup ce terme de caprice lorsqu’on l’emploie pour les petits enfants.

D’abord un caprice c’est quoi ? Si on en croit le trésor informatisé de la langue française :

Disposition de l’esprit à des enthousiasmes passagers, à des changements brusques dans l’humeur, les résolutions ou les sentiments.

Manifestation irréfléchie de la volonté, généralement soudaine, obstinée et sujette à de brusques revirements.

Caprice d’enfant, de femme, de malade

En particulier, PSYCHOLOGIE, langage courant Exigence obstinée et irréductible souvent accompagnée de colère. Les « caprices » ou « entêtements » de l’enfant (MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 412).

Donc on voit d’une part que les caprices sont supposés être le fait des êtres faibles (et aux facultés intellectuelles inférieures ?) comme les enfants, les femmes et les malades. Déjà ça commence bien. D’autre part, la définition n’est pas la même pour les enfants que pour les adultes : tandis que pour les adultes il s’agit de faire la girouette et de changer tout le temps d’avis, pour l’enfant cela recouvre en fait une obstination à obtenir quelque chose. Effectivement les crises piquées par les petits procèdent plutôt de la deuxième option que de la première. Même si les deux attitudes sont pénibles pour l’entourage, je suis donc surprise de constater qu’on les regroupe sous le même vocable. C’est pourquoi je préfère parler de colère ou de crise plutôt que de caprice, cela me semble mieux refléter la situation d’une part et d’autre part être plus neutre. Les Anglo-saxons eux parlent de « tantrum » (généralement traduit par « crise » ou « colère »), que Wikipedia définit ainsi :

A tantrum is an emotional outburst of ill humor or a fit of bad temper wherein the higher brain functions are unable to stop the emotional expression of the lower (emotional and physical) brain functions. It can be categorized by an irrational fit of crying, screaming, defiance, and a resistance to every attempt at pacification in which even physical control is lost. The person may not stand or sit on their own. Even when the « goal » of the person is met, he or she is not calmed.

Un « tantrum » est une explosion émotionnelle ou une passade de mauvaise humeur lors de laquelle les fonctions cérébrales supérieures sont incapables d’arrêter l’expression émotionnelle des fonctions cérébrales inférieures (émotionnelles et physiques). On peut le catégoriser comme un passage irrationnel de cris, hurlements, défi et de résistance à toute tentation de pacification lors duquel on perd jusqu’à la maîtrise physique. La personne peut en être incapable de rester debout ou de s’asseoir seule. Même lorsque le « but » de la personne est atteint, elle ne se calme pas. [traduction maison à la louche]

Vous allez sans doute me trouver terriblement anglophile, mais je dois dire que je trouve cette définition beaucoup plus juste et intéressante que la nôtre.

Mais revenons à nos moutons. D’abord, à quel âge fait-on des caprices ? Pour certains, c’est à peine sorti du ventre que le nouveau-né tente de mener en bateau ses parents (à quand le fœtus capricieux ?). Heureusement, cette idée tend à disparaître et l’âge minimal du caprice à augmenter. Ceci dit, il reste extrêmement variable selon l’adulte à qui vous poserez la question : voir par exemple cette question Yahoo où les réponses des internautes vont de deux jours à deux ans et demi, voire trois ans, avec toute la gamme des possibilités entre les deux (et je découvre la « meilleure réponse » après avoir écrit le premier paragraphe, comme quoi…). A mon avis, cela dépend de ce qu’on veut dire par caprice. Si caprice = pleur apparemment injustifié (du point de vue de l’adulte), alors c’est clair que ça commencera à peine sorti du ventre. Cela vaut aussi pour la définition du trésor de langue française : un nouveau-né qui a faim fera preuve d’une « exigence obstinée et irréductible souvent accompagnée de colère ». S’il s’agit de se rouler par terre dans une allée de supermarché, cela sous-entend qu’au minimum l’enfant marche (sinon on ne voit pas bien comment il se serait retrouvé là…), alors ce sera aux alentours d’un an (les plus précoces peuvent marcher vers neuf mois). On voit bien que cela dépend de la définition qu’on en donne, et qu’elle est très variable selon les individus.

Ce qui semble par contre largement partagé c’est l’intention associée au caprice : l’enfant-roi, voire l’enfant-tyran, qui veut manipuler et avoir à sa botte ses parents-esclaves. Alors si la question est « à partir de quel âge les enfants tyrannisent-ils leurs parents ? » la réponse est « avant même de venir au monde ». Dès la conception les ennuis commencent : ils viennent quand on n’en voulait pas et ne viennent pas quand on en veut. Après vous êtes enceinte, vous n’avez plus le droit de rien faire, vous vomissez tripes et boyaux, vous êtes épuisée, et si vous êtes un homme vous devez vous cogner une folle hystérique aux mensurations de cétacé à la place de votre chérie habituelle. Enfin je ne vais pas vous faire un dessin : à tout âge un enfant a un côté pénible. Ce qui change juste c’est sa façon de vous rendre chèvre.

Et demain la suite : au programme besoins et envies, et puis surtout comment s’y prendre (sauf que ça ce sera peut-être pour vendredi, suspense !).

(Photo : http://www.babble.com/CS/blogs/strollerderby/2008/08/23-End/Tantrum-1.jpg)

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